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ensuite appliqué à la ville do Spremberg, près Francfort-sur-1’Oder et prolongé d’un an pour LeipE’g ; des expulsions de socialistes suivirent de près ; enfin, car on ne saurait énumérer ici toutes les mesures répressives prises par le gouvernement, le tribunal de Freyoerg (Saxe) condamna a l’emprisonnement Bebel, de Vollmar, Viereck, Frobme, etc., socialistes accusés d’avoir organisé une société secrète ayant pour but d’empêcher le fonctionnement de l’administration et l’exécution des lois. Une première fuis, les inculpés avaient comparu devant le tribunal de Chemnitz, qui les avait acquittés, mais le jugement avait été cassé par la cour suprême de Leipzig et ils avaient été renvoyés devant I le tribunal de Freyberg, Les députés socialistes prirent dès Lors au Reiehstag une attitude militante et se livrèrent à des manœuvres obstructionnistes pour prolonger leur séjour à Berlin, où il ne leur est permis de résider qu’en vertu d’un sauf-conduit pendant la session.

lio Fin du Culturkampf. En même temps que se débattaient toutes ces questions, les négociations entre la cour de Berlin et la curie romaine pour le rétablissement de la paix religieuse se poursuivaient avec succès. L’interminable question de l’archevêché de Posen, ouverte depuis près de douze ans, avait reçu une solution par le choix, fait d’accord avec le pape, de l’ecclésiatique allemand chargé de remplacer le

cardinal Ledochowski : le successeur de ce prélat n’appartenait même pas à la nationalité polonaise, ce qui était un succès sérieux pour la politique du chancelier. La contrepartie de cette concession de Léon XIII ne se fit pas attendre, car peu de jours après (15 février 1886), un projet de loi politicoecclésiastique fut présenté à la Chambre des

seigneurs prussienne, aux termes duquel les ecclésiastiques ne seraient plus obligés de se soumettre au point de vue de l’instruction à l’examen de 1 État ; le tribunal ecclésiastique était supprimé, et l’on ne pourrait interjeter appel devant l’État que lorsqu’il s’agirait de décisions des autorités ecclésiastiques prononçant soit une destitution, soit une supÏiression ou une diminution de traitement ; la oi du 11 mai 1872 sur l’inspection des écoles était substituée à la législation spécialement appliquée aux séminaires. On voit que le principe des lois de mai n’existait plus, puisque le gouvernement rendait au pouvoir spirituel la plupart des franchises qu’il n’avait cessé de revendiquer depuis l’origine du Culturkampf ; en commission, M. Kopp, nommé depuis peu évêque de Fulda et représentant autorisé du pape, obtint encore

des concessions favorables à la liberté catholique, mais la majorité ne voulut pas céder sur la question de VAnzeigepflicht, c’est-à-dire de la communication à l’autorité civile par l’autorité ecclésiastique des nominations aux cures et bénéfices vacants ; en séance, conservateurs, membres du centre, progressistes se trouvèrent d’accord ; seuls, ou presque seuls, les nationaux-libéraux manifestèrent leur opposition, car ils ne voyaient pas sans dépit disparaître morceau par morceau cette législation de mai qui était leur œuvre (10 mai 18S6). Dès le 1er juin, le saint-siège reconnaissant lit savoir au ministre d’Allemagne près le Vatican qu’il acceptait le principe de Vanzeigepflicàt, et que, par conséquent, les évêques prussiens allaient être chargés par le pape de notifier désormais au gouvernement prussien les noms des ecclésiastiques désignés pour les cures vacantes. Le 10 août, pour la première fois depuis la lin du Culturkampf, les prélats de la Prusse tinrent à Fuluaune conférence et adoptèrent à l’unanimité le programme suivant : l" liberté et indépendance de l’Église ; 2» droit de nomination aux emplois ecclésiastiques ; 3° droit pour l’Église de donner à ses serviteurs l’éducation qui lui convient sous cette seule condition, que cette éducation soit conforme aux lois ; 40 conservation aux écoles populaires de leur caractère confessionnel et protection contre l’exclusion de professeurs appartenant à une confrérie ; 50 libre exercice du culte, spécialement en ce qui concerne l’ordre des jésuites ; 6° droit de ne considérer comme faisant partie de la communauté ecclésiastique que les membres qui confessent le dogme catholique dans toute son intégrité. De leur côté, les catholiques allemands, réunis en assemblée générale ùBre.-lau (31 août), acceptèrent une résolution tendant au rappel des ordres religieux expulsés par M. de Bismarck qui, voulant à tout prix la paix religieuse, reprenait peu après les négociations avec le Vatican en vue d’abolir le peu oui restait encore des lois de mai. Cet abandon absolu de toutes les positions où le chancelier avait si fièrement planté le drapeau de l’État moderne et du protestantisme résultait évidemment de la situation difficile que le parti du centre avait créée à M. de Bismarck dans le Parlement. Pour lui, le centre représentait l’Église catholique au service du parlementarisme, avec toutes les eiitravesijnpusées par l’agitation électorale, et il avait négocié directement avec 1« pape pour sa mettre au-dessus de M. Windthorst et de ses amis ; s’il ne s’arrêtait plus dans la voie des concessions, c’est qu’il voulait, en laissant les prélats régulièrement exercer leur autorité spirituelle, annihiler l’influence parletaentaire d’un groupe aussi démocratique que

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catholique et qui fournissait un appoint sérieux a l’opposition systématique du libéralisme progressiste.

120 Le Septennat militaire. On sait que le gouvernement impérial voit en quelque sorte l’affaiblissement de l’armée dans le retour périodique des discussions et des votes budgétaires qui ont trait aux besoins de la défense nationale : son idéal en cette matière est d’obtenir de la représentation nationale les crédits nécessaires aux dépenses de l’armée, non annuellement, mais pour un délai très long. Dès le printemps de 1880, le Reicbstag avait renouvelé pour une période égaie le septennat militaire établi en 1874 et expirant le 31 décembre 1881. Le gouvernement devait donc consulter le Parlement en 1888, mais comme la Chambre actuelle arrivait à l’expiration de son mandat en 1887, il parut prudent au chancelier de se prémunir contre toute éventualité, de soustraire l’armée aux fluctuations de la politique et à l’ingérence des députés. Aussi, dès la mois de novembre 18S6, soumit-il au Reiehstag un projet tendant au renouvellement du septennat militaire. ■ L’armée, disait l’empereur dans le discours du trône, est la garantie de la protection permanente des biens que procura la paix et, quoique la politique de l’empire allemand ne cesse pas d être pacifique, l’Allemagne ne peut pas, vu le développement des institutions militaires des

États voisins, renoncer plus longtemps à augmenter ses forces militaires et, en particulier, l’effectif de paix fixé jusqu’à présent pour son armée, » L’exposé des motifs justifiait l’anticipation du septennat et l’augmentation de l’effectif dès 1887, en faisant ressortir que l’effectif et le budget de l’armée française et de l’armée russe sont beaucoup plus considérables que ceux de l’armée allemande. L’effectif serait porté, à partir du Ier avril, de 427.274 à 468.409 hommes, c’est-à-dire qu’il représenterait exactement 1 pour 100 de la population de l’empire d’après le recensement de 1882. En 1874, en 1880, le gouvernement était assuré de la majorité ; il avait pour lui les conservateurs et les nalionaux-Libéraux, qui formaient alors ensemble plus de la moitié du Reiehstag : aujourd’hui, il disposait en tout de 159 voix, et le centre catholique (107 voix) était maître de la situation, puisque les progressistes, socialistes, polonais et alsaciens (131 voix) étaient tous hostiles au projet. La discussion en première lecture s’ouvrit le 3 décembre par un discours du ministre de la guerre, général Bronsart de Schellendorff. ■ Il faut, déclara-t-il, que nous jetions un coup d’ceil au delà des frontières de notre pays. Il ne s’agit pas, il est vrai, d’un danger de guerre imminent, mais nous sommes à une époque difficile. Dans ces conditions, nous devons d’abord comparer nos forces militaires avec celles de la France. Ce pays, qui a une population moindre que celle de l’Allemagne, a malgré cela un effectif de paix plus considérable que le nôtre. Faudra-t-il que nous nous laissions surpasser au point de vue militaire par une nation voisine chez laquelle la grande masse de la population ne montre pas le degré de réserve et les sentiments pacifiques qui sont nécessaires pour pouvoir vivre heureusement en paix ? »M. Richter demanda le service de deux ans, le septennat excédant la durée de la législature et se trouvant ainsi en contradiction avec le programme des progressistes. Le leader du centre combattit le projet avec une grande vigueur ; pour lui l’augmentation demandée était parfaitement inutile, l’alliance avec l’Autriche permettant à l’Allemagne de faire aisément face à la Russie et à la France coalisées, à plus forte raison a la France seule. • On ne saurait faire, ajouta-t-il, une comparaison entre nos forces militaires et celles de la France. Il faut considérer que l’ordre, un principe moral et une discipline rigoureuse régnent en Allemagne, tandis que la France est dans le gâchis politique et a de plus une partie de ses troupes dans les colonies. » À quoi le maréchal de Moltke répondit que, tous les voisins de l’Allemagne étant en plein armement, cela « constituait une situation qu’un pays riche ne pourrait lui - même supporter à la longue et de nature à amener promptement une solution... L’exposé des motifs du projet montre jusqu’à quel point nous sommes inférieurs aux autres États en ce qui concerne l’effectif de l’armée et les charges de la nation, et prouve que la France paye le double de ce que nous payons. Une alliance avec la France, alliance qui serait certainement propre à assurer la paix de l’Europe, sera impossible tant que l’opinion publique continuera en France à demander avec véhémence la reddition de deux provinces que nous sommes fermement résolus à ne jamais rendre. L’alliance avec l’Autriche a beaucoup de valeur, mais un grand État doit compter sur ses propres forces. • Le vieil homme de guerre eut beau rendre d’avance le3 mauvais allemands responsables des malheurs que déchaînerait une invasion ennemie, le projet, loin d’être adopté séance tenante, fut renvoyé à une commission spéciale de 28 membres, dont 6 libéraux-allemands ou progressistes, 8 membres du centre catholique, 4 nationaux-libéraux, 8 conservateurs, 2 socialistes et 1 Polonais. (Remarquons en passant quo les commissions du Reiehstag ne sont pas élues d’après l’opinion qui triomphe dans les bureaux,

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mais que chaque groupe nomme un nombre de délégués proportionnel à sa force numérique, ce qui entraîne la représentation des minorités au sein des commissions). La commission militaire, réduction mathématique du Reiehstag, eut donc à examiner le fond même de la question, et c’est devant elle que le ministre de la guerre eut à fournir les explications les plus étendues.

Les débats de la commission ne durèrent pas moins de huit jours, et cette longue discussion ne fut qu un dialogue ininterrompu entre le général Bronsart de Schellendorf et M. Eugène Richter. D’une part, le ministre de la guerre défendit le projet de loi avec une telle chaleur qu’il se laissa aller à commettre des erreurs volontaires et à accumuler les exagérations. D’autre part, le chef de l’opposition attaqua l’œuvre du ministre avec un talent assez considérable pour étonner, en matière militaire, le vieux maréchal de Moltke et pour mériter de la part du général Bronsart la qualification de Gegenkriegs minister (contre-ministre rie la guerre) ; il n’eut pas de peine à démontrer que les armées française et allemande étaient de même force, que la situation extérieure n’y avait pas empiré, et que, par conséquent, il n’y avait pas lieu d’imposer de nouvelles charges au pays. Finalement, les explications du gouvernement ne parurent pas convaincantes, et par 16 voix contre 12 la commission décida que l’effectif de paix serait fixé à 450.000 hommes pour trois ans seulement, que le gouvernement serait autorisé à lever les 18.000 restants pendant un an et que le nouveau septennat ne commenceraitqu’à l’expiration de l’ancien, soit en 1888. Ces résolutions rirent l’objet d’une sorte discussion générale au Reiehstag, le 18 décembre, à l’occasion de la fixation de l’ordre du jour.

Le gouvernement et ses amis demandaient que la Chambre commençât immédiatement le débat sur le projet de loi militaire tel qu’il avait été élaboré par la commission ; le centre et les progressistes réclamaient au contraire un temps de réflexion et un supplément d’information. Les députés de ces partis d’opposition firent ressortir à cette occasion qu’ils avaient accordé au gouvernement toutes ses demandes essentielles, et qu’il importait peu que la durée pour laquelle elles seraient votées fût d’un an et de trois, au lieu de sept. Quanta l’époque à laquelle commencerait le nouveau régime militaire, il suffirait d’en décider au mois de janvier, pour que la nouvelle organisation de l’armée pût entrer en vigueur le Ié avril 1887. Le représentant du gouvernement, M. de Bœtticher, protesta contre ces assertions, mais la Chambre s’ajourna cependant au mois de janvier.

La commission, réunie dès le 5 janvier 1887, délibéra de nouveau, mais rejeta toutes les propositions qui furent formulées et chargea M. de Huene de faire connaître le résultat négatif de ses délibérations au Reiehstag, convoqué pour le 11. Dés le début de la séance, le maréchal de Moltke fit appel au patriotisme des députés, leur demandant d’assurer à l’Allemagne les bienfaits de la paix en augmentant ses ressources pour la défendre. M. de Bismarck, sans s’arrêter aux précautions oratoires, déclara que ce qui forçait le ministère de la guerre à demander une augmentation d’effectifs, c’était exclusivement le péril qui menaçait l’Allemagne du côté de l’Ouest, c’est-à-dire la France qui ne se résigne a abandonner ni l’Alsace ni la Lorraine, pas plus que l’Allemagne ne voudrait consentir à les rétrocéder. « Nous n’avons, dit-il, aucune raison d’appréhender une guerre avec la France, nous n’avons non plus aucune raison de la redouter. Enfin, il ne peut être question pour nous d’attaquer la France, mais nous devons pourtant nous mettre en garde contre les attaques... Il est aussi de notre devoir de nous préparer pour une pareille éventualité. Il faut donc que nous soyons prêts pour le cas où le gouvernement de la France se déciderait à la guerre parce qu’il ne pourrait plus se maintenir autrement à l’intérieur. » La discussion se prolongea pendant trois jours (11, 12 et 13 janvier) et ne fut à vrai dire qu’une magnifique joute oratoire entre M. de Bismarck et M. Windthorst. Finalement, le Reiehstag repoussa indirectement le projet gouvernemental par l’adoption des deux premiers articles de la contre-proposition Stauffenberg qui furent votés, et fixaient à trois au lieu de sept le nombre des années pour lesquelles l’augmentation de l’effectif de paix et les crédits nécessaires seraient adoptés. Dès que le résultat du scrutin fut connu, M. de Bismarck monta à la tribune et lut un décret de dissolution. Les élections au nouveau Reiehstag furent fixées au 21 février. Ce qui leur donnait une physionomie particulière, c’est qu’elles constituaient un véritable plébiscite et qu’une seule question se posait : septennat ou triennat. La lutte, fut on ne peut plus vive entre les nationaux-libéraux, les conservateurs de diverses nuances et le parti

de l’empire d’une part, et de l’autre les catholiques, guelfes, libéraux, socialistes, alsaciens-lorrains, polonais et danois. Le pape,

désireux de faire disparaître les dernières traces de la législation de mai, intervint publiquement dans les élections pour demander au centre de voter le projet militaire, tandis que le chancelier ne craignait pas de troubler la paix de l’Europe en faisant courir te

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bruit d’une rupture imminente entre les cabinets de Paris et de Berlin. Comme on devait s’y attendre, la pression officielle joua au delà, du Rhin un râle de premier ordre et la police traqua de son mieux les socialistes ou étouffa la liberté de réunion ; jamais moyens plus énergiques, jamais procédés plus divers, plus ingénieux ou plus rigoureux ne furent mis en œuvre pour déplacer la majorité d’une Assemblée récalcitrante, pour exciter jusqu’à la fièvre le sentiment national, pour montrer au peuple allemand la France animée de passions belliqueuses qu’elle était loin de ressentir, pour laisser croire que la paix et la guerre dépendaient du résultat du scrutin. Dans ces conditions, le gouvernement devait sortir victorieux de la campagne électorale, et c’est en effet ce qui eut lieu. Après avoir agité l’Europe entière pendant deux mois, le septennat fut voté par cette majorité soumise que M. de Bismarck souhaiterait trouver devant lui chaque fois qu’il sent le besoin de présenter quelque projet de réforme économique ou de répression sociale. V. Alsace-Lorraine.

13° Politique extérieure. Nous devons maintenant dire quelques mots de la politique extérieure de l’empire allemand. • En ouvrant au retour de France, le 21 mars 1871, la première session du Parlement fédéral, l’empereur, dit M. Édouard Simon, affirma solennellement que la nation allemande résisterait al» tentative d’abuser de la force qu’elle venait d’acquérir en fondant son unité et que l’Allemagne nouvelle serait un garant solide delà paix de l’Europe. Il y eut alors beaucoup d’esprits incrédules qui se refusaient à ajouter foi aux assurances de l’empereur Guillaume. Le souverain que les victoires allemandes venaient de détrôner n’avait-il pas lui aussi, vingt ans auparavant, affirmé la même promesse en termes non moins énergiques : t L’empire, c’est la paix » î Cependant, durant les dix-huit années de son règne, l’Europe avait assisté à trois grandes guerres et à plusieurs expéditions lointaines dont l’initiative revenait à l’empire, sans compter les autres conflits qui avaient été la conséquence plus ou moins directe de la politique impériale. Le rapprochement des fait3 et des événements s’imposait tout naturellement et de grandes inquiétudes obsédaient les esprits. D’ailleurs, si l’Allemagne avait abattu son adversaire, elle ne se 1 était pas concilié, loin de là. Elle lui avait fait des conditions dures, ainsi qu’elle le reconnaissait elle-même. N’avait-on pas à craindre que le vaincu s’appliquât dès le lendemain à rassembler ce qui lui restait de forces et à rechercher l’alliance de tous les ennemis de l’Allemagne en vue de tenter de nouveau la sort des armes dans l’espoir qu’il lui serait cette fois plus favorable ? • Après la conclusion de la paix, l’Allemagne ne poursuivit qu’un but, l’isolement de Ta France vaincue. M. de Bismarck, persuadé avec raison qu’un gouvernement républicain n’aurait les sympathies d’aucun monarque, s’appliqua secrètement a soutenir Cette république, que Guillaume voyait subsister d’un œil chagrin, mais qui, aux yeux du chancelier, plongerait notre pays dans des dissensions intestines susceptibles d’arrêter son relèvement’, il témoigna, au contraire, aux partis monarchiques une froideur qui les étonna. Pour nous isoler, il résolut de grouper autour de lui les grandes puissances continentales, et il fit faire tout d’abord des ouvertures à l’Autriche par l’intermédiaire du prince Luitpold de Bavière.

Le cabinet de Vienne reçut ces ouvertures sans enthousiasme ; mais, à la suite de l’insurrection de la Commune, des pourparlers eurent lieu entre les empereurs d’Allemagne et d’Autriche à Ischl, à Salzbourg et à Gastein. Là, on décida d’un commun accord qu’on n’interviendrait point dans la politique intérieure de la France, que la Prusse viendrait au secours de l’Autriche dans le cas où celle-ci serait envahie par la Russie, et qu’à Vienne comme à Berlin des mesures seraient prises contre les socialistes. Guillaume, en ouvrant le Reiehstag, lo 12 octobre 1871, put donc dire dans le discours du trône.- « Le peuple allemand sera sincèrement satisfait de voir ses rapports avec l’Autriche débarrassés de toute perturbation par le souvenir de luttes qui avaient été l’héritage fâcheux d’un passé de mille siècles ». En outre, il importait, pour s’assurer définitivement l’amitié de l’Autriche, de lui donner une compensation de ce qu elle avait jadis perdu en Allemagne : cette compensation territoriale, François-Joseph devait la trouver dans la presqu’île des Balkans, et ce fut là, à n’en pas douter, le point de départ de l’entente qui s’effectua en 1871 à Ischl, et qui fut scellée l’année suivante à Berlin ; l’entrevue qui eut lieu dans la capitale du nouvel empire entre Guillaume, François-Joseph et Alexandre II eut pour résultat de rapprocher Vienne et Petersbourg sous les auspices de la Prusse. Le chancelier, considérant les princes d’Orléans comme l’incarnation de la politique de revanche, prit ombrage de l’avènement à la présidence de la République du maréchal de Mac-Mahon, soupçonné de vouloir favoriser une restauration. Sa fureur et son désir de ruiner tout à fait la France ne connurent plus de bornes lorsqu’il la vit réorganiser son armée et se mettre en état

de défense. Il fit donc adresser des représentations à notre gouvernement, sous pré-