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abondante chevelure grisonnante et crépue, où ia tonsure blanche produisait l’effet d une lune vue dans les nuages, enveloppait, pour ainsi parler, cette belle tête sculpturale, dont le ton d’ivoire jauni rappelait les beaux portraits d’ascètes que nous a légués le sombre génie des maîtres espagnols. »

Voila l’homme au physique ; au moral, instincts dominateurs, tempérament violent et colérique, qui n’exclut en rien une surprenante habileté a parvenir au gouvernement des choses de ce monde. Capdepont, né dans le petit village d’Harros, sur la frontière d’Espagne, est un montagnard d’une énergie sauvage, un ambitieux féroce ; il fut autrefois gardeur de pourceaux, et, lorsqu’il devint prêtre, il était hanté par le souvenir de Sixte-Quint. Il nous le ditlui-même, en nous apprenant ce qui l’a le plus frappé dans l’histoire de l’Église : • Les papes, rois effectifs de l’univers, donnant l’investiture des royaumes ; les papes pétrissant en quelque sorte l’Europe et tirant du type divin du gouvernement de l’Eglise toutes les monarchies terrestres. Puis quel rêve ! Dire que jusqu’à ce trône de la papauté, le plus haut de tous et le plus’éclatant, Sixte-Quint, un simple gardeurde pourceaux, avait pu s’élever un jour I •

Donc l’abbé Tigrane voit très loin et très haut. Il est devenu supérieur du grand séminaire de Lormières ; mais qu’est-ce que cela ? Il faut commencer par être évêque I M. Fabre peint magistralement l’humeur sombre de ce dominateur en soutane, ses rages, ses désespoirs, ses bonds de bête, lorsque, confiné entre les murs de son séminaire comme un loup dans une cage, il guette de l'œil, du croc et de la griffe, Ta crosse, la mitre et l’anneau que l’Église est trop lente à lui jeter. Il va sans dire que l’abbé Tigrane renversera tous les obstacles qui se rencontreront sur son passage ; fragiles obstacles d’ailleurs ; quels sont, en effet, les adversaires que l’auteur dresse en face de ce lutteur redoutable î un évêque débonnaire, Mgr de Roquebrun ; l’abbé Ternisien, l’abbé Lavernède, deux prêtres humbles et doux comme l’évêque lui-même, enfin un vieux gentilhomme, M. de Castagnerte. Contre ces faibles ennemis, l’abbé Tigrane marche tantôt seul, tantôt avec l’appui de personnages officiels dont ilasu se faire des alliés, tantôt sous l’égide de MmeThévenot, femme d’un pair de France, qui s’est attachée à lui avec les élancements et les ardeurs d’un cœur de dévote, et qui n’est à ses yeux qu’un escabeau indigne de ses pieds, tcabellum pedum tuorum. Dans une scène violente, il insulte son malheureux évêque, qui est frappé d’une attaque d’apoplexie. Le prélat n’en meurt pas cependant, et aussitôt rétabli part pour Paris, où il va ; dénoncer Rufin Capdepont. Celui-ci l’a prévenu ; non seulement il ne sera pas disgracié, mais on ne parle que de lui comme successeur possible à Mgr de Roquebrun. L’évêque n’y résiste pas, il a une nouvelle attaque, et cette fois il tombe foudroyé. On ramène son corps à Lormières ; l’abbé Capdepont va le recevoir, parce qu’il ne peut faire autrement ; mais il refuse de le laisser exposer dans la cathédrale ; le cercueil s’arrêtera à la porte, sur le gravier, sous l’inclémence du ciel. Prêtant avec impudence ses propres sentiments au défunt, il s’écrie : «Un évêque doit prêcher même après sa mort, a dit saint Grégoire le Grand ; or, je vous le demande, que pourraient prêcher au peuple les traits bouleversés dal évêque Roquebrun, sinon la violence, la colère, toutes les mauvaises passions dont son âme était remplie T

— Vous mentez, monsieur, vous mentez ■ ! s’écrie l’abbé Ternisien révolté ; et, se baissant avec vivacité, il repousse les crochets qui fermaient le cercueil, fait glisser le couvercle de la bière, et la noble figure de Mgr de Roquebrun apparaît dans la sereine majesté de la mort. L’abbé Tigrane lui-même est forcé de reculer. Mais qu’importe, en vérité, cet échec secondaire ? L’essentiel pour lui c’est de devenir évêque à son tour ; il le sera, il l’est, quelqu’un lui télégraphie de Paris la nouvelle officielle. Et alors on assiste à une métamorphose apparente ou réelle, qui s’opère chez le fougueux lutteur ; l’élévation lui procure l’apaisement, l’homme d’opposition, comme cela se voit chez d’autres que des prêtres, devient soudainement un homme de gouvernement, prudent et sage, presque un diplomate. Le clergé du diocèse ignore encore sa nomination signée la veille aux Tuileries ; l’aumônier des prisons, qui ne voit toujours en lui qu’un directeur de séminaire, lui tance d’injurieux sarcasmes : lui se tient immobile et demeure silencieux.

î Quelle lutte, si le montagnard de Harros, un moment pacifié par le sentiment de son ambition satisfaite, en arrivait à ne pouvoir plus tenir en bride ses passions, qui s’élanceraient pareilles à des bêtes féroces, gueule béante et griffes déployées.

î II était manifeste qu’à cet instant même Rufin Capdepont livrait à ses instincts en révolte la plus acharnée bataille de sa vie. Ses genoux, si assurés, avaient maintenant, sous la soutane, de petits mouvements convulsifs. Ses deux mains s’étaient fondues par une étreinte nerveuse en un poing unique, quelque chose de formidable comme une massue. Sa tête, cette tête ti Ûère, retombait sur sa poitrine.

«... Enfin, il releva son beau front et laissa

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voir, à l’étonnement de tous, un visage tranquille, presque souriant : < Que vous ai-je « fait pour ma persécuter ainsi T ■ demanda-t-i). •

L’abbé Ternisien, scandalisé, désespéré, part pour Rome : c’est au pape lui-même qu’il s’adressera et qu’il montrera le nouvel évêque sous son véritable jour. Poverot il se

Ïierd là-bas dans les intrigues du Gesù, carabbé Tigrane a des alliés partout, et son voyage n’aboutit à rien.

Pendant ce temps Mgr Capdepont courbe sous son bâton pastoral un clergé dont la majorité d’ailleurs se range promptement du côté de la force, de la robustesse, pour employer une expression de M. Fabre. Il peut bientôt dire ce que le cardinal archevêque de Rouen disait un jour dans le Sénat de l’empire : ■ Mon clergé est un régiment : il doit marcher.et il marche.» Le redoutable montagnard ne s en tient pas à ce premier succès : il monte toujours, il devient archevêque, il touche au cardinalat ; mais ce n’est pas assez encore pour cet homme, qui rajeunit le quo non ascendant de Fouquet, et, dans un accès de délire ambitieux, il lève les yeux jusqu’à la tiare : l’ancien porcher rêve de glisser à son doigt noueux l’anneau d’or du Pêcheur... comme Sixte-Quint 1 II faut bien se garder de croire que M. Fabre ait fait de l’abbé Tigrane un mauvais prêtre ; l’auteur, au contraire, par un trait de profonde habileté, nou3le montre toujours bon prêtre, prêtre croyant, prêtre se sentant élu de Dieu... en l’ayant, il est vrai, singulièrement aidé dans l’élection. Parfois il parle au Seigneur t avec une lueur de bon sens et une profonde humilité : Moi, né dans une hutte au hameau de Harros, je pourrais gravir les marches du trône pontifical 1... moi, pécheur 1... (tu le sais, je péchai souvent en ta présence, malum cOram te feci, comme dit le roi David...), > etc. N’importe 1 nous laissons Rufin Capdepont cardinal à un moment où il se recueille, où il se rassemble, comme on dit d’une bête qui va bondir : c’est la tiare que Tigrane couve de ses yeux ardents. Qui saitî...

Telle est, rapidement analysée, cette oeuvre magnifique ; nous n’y trouverions à critiquer que des détails insignifiants, comme l’intervention malheureuse de la lune dans le portrait de l’abbé Capdepont que nous avons cité, la facilité invraisemblable avec laquelle l’abbé Ternisien ouvre un cercueil qui a été fermé pour un long voyage, etc. L’éloge est plus facile : profondeur et sincérité de conception, étonnante vigueur d’exécution, concentration et lumière à la fois, tout ce qui constitue un roman très bien fait se rencontre dans celui-là ; M. F. Fabre a produit là une œuvre de maître, presque un chef-d'œuvre.

ABBEMA (Louise), femme peintre française, née à Etampes en 1855. Elle descend de Louise Contât, la célèbre actrice de la Comédie-Française, et du comte Louis de Narbonne-Lara, qui passait pour être un des bâtards de Louis XV et qui fut ministre de la guerre en 1791. MUe Louise Abbema habita avec sa famille l’Italie de 1862 à 1867, et montra de bonne heure un goût très vif pour les arts. Elle eut pour premier maître Dève deux ; puis elle prit successivement des leçons de Chaplin, de Henner et de Carolus Duran. Mlle Abbema débuta au Salon de 1874 par le portrait de sa mère, et elle ne tarda

fias à attirer sur elle l’attention par son taent original et vigoureux. Elle a exposé successivement : la Duchesse Josiane (1875) ; le portrait en pied de Sarah Bernhardt, d’une exécution très résolue et très libre, aux étoffes peintes d’une main souple et virile (1876) ; Déjeuner dans la serre, d’une couleur un peu crue, mais dénotant un véritable tempérament artistique (1877) ; le Liias blanc, le portrait de M""1 Doche (1878) ; les portraits de ilfll» Jeanne Samary et de Jfme *** (1879) ; l’Amazone et le portrait de ilfile Baretta, de la Comédie-Française, au coloris harmonieux, au modelé plein de finesse (1880): l’ffeure de l’étude, le portrait de Afn" F. Martin (1881) ; les Saisons, suite de panneaux destinés au Théâtre-Français et représentant quatre actrices de ce théâtre (1882) ; un très vivant portrait d’Auguste Vitu et le portrait de AflU Granier (1883) ; Ferdinand de Lesseps (1884) ; Chanson d’après-midi, le portrait du Comte de S. (1885) ; Comédie, Tragédie (1886). On doit encore à MU* Louise Abbema le rideau du théâtre de la Porte-Saint-Martin, exécuté sous la direction de MU* Sarah Bernhardt ; un médaillon en bronze de Sarah Bernhardt, exposé en 1878 ; des eaux-fortes, des aquarelles exécutées d’une touche virile, etc.

ABBENRODE, village de Prusse, province de Saxe, district de Magdebourg, à 45 kilom. O. de Halberstadt, sur les rives de l’Ocker, affluent de l’Aller, par 51« 58' de lat. N. et 80 15' de long. O. ; 1.450 hab. Forges, huileries, papeteries.

ABBÈS (AÏT-), tribu kabyle de la province de Oonstantine, à l’E. du Oued-Meklou ; elle occupe une quarantaine de villages, dont le plus important est Kela’a, situé à 80 kilom. environ au S.-O. de Bougie. Elle fut longtemps à redouter ; car, nombreuse et guerrière, elle pouvait lever 1.500 cavaliers et environ le double de fantassins. En 1871, alliée aux tribus kabyles des bords de 1 Oued-Sahel, elle prit part au siège de Bougie, qui fut victorieusement défendue parla garnison française. Ses forces sont aujourd’hui réduites de


moitié. D’aileurs, soumise à la France depuis 1847, la trjburenonça peu à peu à ses habitudes bellîqumses d’autrefois et se livre aujourd’hui à l'^plication sur cuir ou sur étoffes de broderfes d’or, d’argent ou de soie.

Abbesse de Jouarre (L'), drame en cinq actes, pur M.Ernest Renan (1886, in-8°). Comme Calibat, comme l’Eau de Jouvence et comme le Prétr- deNémi, cette nouvelle œuvre dramatique le l’auteur de la Vie de Jésus n’est guère qu’ine suite de scènes dialoguées. Les déviJoppements philosophiques l’empêcheraient lertdineraeDt de plaire au théâtre, où l’acUoidoit dominer ; elle offre cependant des situatons pleines d’intérêt. C’est dans le collège di Plessis, annexe de la vieille Sorbonne et’ransformé en prison durant la l’erreur, qui s’ouvre le drame. • Je cherche souvent, diM. Renan dans sa préface, à me représener les discours qu’ont dû entendre ces celWes, éventrées par les démolisseurs, ces prfeux dont les derniers arbres viennent d’étreabattus. Je me figure les conversations qui oit été tenues dans ces

grandes salles du r«.de-chaussée, aux eures qui précédaient 'appel, et j’ai conçu une série de dialogues oie j’intitulerais, si je les faisais, Dialogues o> ia dernière nuit... Ce qui doit revêtir à l’hiure de la mort un caractère de sincérité abolue, c’est l’amour. Je m’imagine souvent que si l’humanité acquérait la certitude que e monde dût finir dans deux ou trois jours, hniour éclaterait de toutes parts avec une s«rte de frénésie ; car ce qui retient l’amour, te sont les conditions absolument nécessares que la conservation morale de la socété humaine a imposées. Quand on se verrat en face d’une mort subite et certaine, la ntture seule parlerait ; le plus puissant de seainstinots, sans cesse bridé et contrarié, reprendrait ses droits ; un cri s’échapperait le toutes les poitrines, quand on saurait qu^n peut s’approcher avec une entière légitimté de l’arbre entouré de tant d’anathèmes. Citte sécurité de conscience, fondée sur l’asbrance que l’amour n’aurait aucun lenderaùn, amènerait des sentiments qui mettraient l’infini en quelques heures, des sensations vuxquet les on s’abandonnerait sans craindre 4e voir la source de la vie se tarir. Le mondeboirait à pleine coupe et sans arrière-pensée in aphrodisiaque puissant qui le ferait ramrir de plaisir. Le dernier soupir serait conme un baiser de sympathie adressé à l’univers et peut-être à quelque chose d’au delà, t’est ce qui arrivait aux martyrs de la prmitive église chrétienne ; la dernière nuit qu’ig passaient ensemble dans la prison donnât lieu à des scènes que les rigoristes désapjrouvaient ; ces funèbres embrassements éhient la conséquence d’une situation tragiqu» et du bonheur qu’éprouvent des hommes etdes femmes réunis à mourir ensemble pour me même cause. »

Ce sujet était digne de tenter un psyclologue comme M. Ernest Renan ; il en a tite, moins une explosion d’amour sensuel, comité on aurait pu s y attendre, qu’une émouvante analysa de sentiments. Dans ce vieux col lège du Plessis, où l’on n’entrait, en nfl3, qu’en venant du tribunal révolutionnaire et d’où l’on ne sortait que pour l’échafaud, se trouve un chevaleresque gentilhomme, le marquis d’Arcy, qui doit mourir le lendemain et qui envisage la mort avec calme ; il y rencontre l’abbesse de Jouarre, la seule femme qu’il ait véritablement aimée avant qu’elle ne renonçât au monde et quand elle était la marquise de Saint-Florent. Elle le supplie de faire comme s’il ne la reconnaissait pas et de lui laisser passer en repos les quelques heures qu’elle a encore à vivre, car elle aussi doit être guillotinée le lendemain. Au moment où, dans sa cellule, elle s’applaudit de son courage et de la discrétion du comte, celui-ci, qui agagné un geôlier, se présente. C’est la scène capitale de l’ouvrage. L’abbesse crie à la trahison et se défend d’abord, tout en avouant à son amant qu’elle pensait à lui ; mais il lui remontre que si jamais il n’aurait eu l’idée, autrefois, de la détourner de ses devoirs, s’il aurait cru alors commettre un sacrilège, quoiqu’au fond il n’ait pas grande religion, à l’heure présente, quand demain le couteau tranchera leur vie, ils n’ont plus, ni l’un ni l’autre, de scrupules à avoir. « Les hommes n’existent plus pour nous, lui dit-il ; nous sommes seuls au monde, dans la situation où seraient deux naufragés sur une épave, assurés de mourir dans quel' ques heures. Pourquoi la nature a-t-elle posé des freins mystérieux à l’attrait le plus brûlant qu’elle ait mis en nousf parce que l’avenir de l’humanité est à ce prix. Notre amour, chère Julie, sera sans avenir. Le frémissement tendre que nous ressentirons, jusqu’à ce que la hache nous saisisse, en sera toute la suite... Un moment de bonheur, un moment d’oubli ne nous est-il pas bien dû ? Ma chère, ma chère, les heures passent ; déjà l’aube de notre dernier jour commence à poindre ; laissez-moi prendre un baiser sur vos lèvres.* L’abbesse, qui résistait par vertu et, par orgueil, se laisse amollir, et finit par s’abandonner. Bientôt on frappe à la porte, les geôliers viennent chercher leurs victimes.

  • Ah I s’écrie Julie, la mort va m’êire douce ;

une heure avant de mourir tu m’as révélé la vie. Les hommes ne sauront rien de notre amour, et la nature, qui l’a voulu, nous ab ABBO

sout ! • Mais le comte d’Arcy monte seul à l’échafaud ; Julie est sauvée par un noble qui s’est enrôlé dans les armées de la République, et qui, l’ayant vue, au tribunal révolutionnaire, se défendre avec tant de courage et de ma jesté, a obtenu de faire rayer son nom sur la liste funèbre. Julie, qui n a cédé à l’amour que parce qu’elle comptait mourir, ne veut pas de sa grâce, elle repousse La Fresnais et cherche à se tuer ; on la secourt, et un prêtre, qui l’entend en confession, lui ordonne de vivre. La Fresnais est retourné au camp et ne la retrouve qu’un un après, dans le jardin du Luxembourg ; elle est pauvre et vend des gâteaux pour vivre, pour élever aussi une petite fille, née de la suprême étreinte de d’Arcy. Sept ans se passent sans qu’elle veuille écouter La Fresnais, qui ne sait que penser de son refus, et surtout de l’enfant qu’elle a toujours auprès d’elle. Enfin, au Consulat, les portes sont rouvertes aux émigrés et le frère de Julie rentre en France ; il presse sa sœur d’épouser La Fresnais, mais l’idée d’avoir à lui révéler ce qui s’est passé dans cette funèbre nuit de la l’erreur suffit pour glacer la (1ère jeune femme. « D’Arcy a été votre époux dans la mort, lui dit son frère ; ce fut un sacrement, et le plus auguste de tous, que le mystère de cette nuit où vous acceptâtes son amour une heure avant de mourir. La Fresnais sait tout. ■ L’officier républicain épouse donc l’abbesse ■le Jouarre, non comme une coupable à qui il pardonnerait, mais comme une jeune veuve qui n’aurait rien à se reprocher, et certainement il n’a pas tort de s élever ainsi au-dessus des scrupules vulgaires. Pourtant M. Renan, qui jamais n’émet une thèse sans présenter sa contradictoire et laisser le lecteur juge entre les deux, n’abandonne, même pas dans ce cas spécial, son procédé favori. C est le confesseur de l’abbesse, dans la prison,

3u’il a chargé de formuler la thèse contraictoire : • Vous avez eu tort de transiger avec le devoir, dit le prêtre ; l’aspiration transcendante est mauvaise en tout.»

Nous n’avons esquissé que les situations principales, mais l’auteur n’a pas seulement exalté l’amour ; les entretiens où, mettant en présence l’ancien régime et la Révolution, il fait saluer à d’Arcy l’aurore de ces temps nouveaux, dont il est la victime, et absoudre la l’erreur, si elle a pour résultat la victoire, ont un grand souffle patriotique. Les scènes familières de la prison du Plessis et du jardin du Luxembourg sont traitées avec un enjouement délicat.

ABBEVILLE, ville des États-Unis, État de la Caroline du Sud (Amérique du Nord), ch.-l. du comté du mêmefnom, a 160 kilom. àl’O. de Colombia, par 34» 12* de lat. N. et 84» 3 !' de long. O. ; 2.580 hab.

* ABBIATEGRASSO, ville d’Italie, province de Milan, à 24 kilom. au S.-O. de Milan, sur le bord droit du Naviglio Grande, canal qui relie le canton du Tessin-Suisse à Milan, par 450 ss' de lat. N. et 6» 32' de long. E. ; 10.481 hab. La ville possède de belles églises.

ABBITIBI, lacs du Canada, territoire du Nord-Ouest (Amérique du Nord). Les lacs d’Abbitibi sont formés par la rivière de même nom, à 130kilom.au N.du lacTémiscamingue. Ils sont situés dans des plaines immenses dont les légères ondulations marquent la ligne de partage des eaux des versants de la baie d’Hudson et du bassin du Saint-Laurent. Ils sont entourés de vastes forêts de peupliers, de bouleaux, de pins et le cèdres. Leur superficie est évaluée à ..200 kilom. carrés environ.

ABBITIBI, poste de la Compagnie de la biie d’Hudson, dans le Canada, territoire du N»rd-Ouest (Amérique du Nord) sur le bord du lac Abbitibi supérieur, par 49° 10' de lat N. et 81» 30' de long. O. Il est désigné sou ! le nom de t Abbitibi-Lake-House ».

ABBITIBI, rivière du Canada, territoire du Norc-Ouest (Amérique du Nord). L’Abbitibi prenl ses sources sur les pentes septentrionales des ondulations qui séparent son bassin de celui de l’Ottawa. Elle traverse les lacs d’Abbitibi, qu’elle réunit entre eux par un chenal désigné sous le nom de • détroit de Saint-Germain ». La rivière coule d’abord vers l’O., et sur s»s bords vit la tribu indienne des Abbitibi. S«n cours accidenté, formant des lacs, des rapides et des cascades, tourne ensuite au N. pour se jeter dans l’embouchure du fleuve Moose, qui débouche dans la baie de James, partie S.-E. de la grande baie d’Hudson.

ABBOTABAD, ville nouvelle de l’Inde anglaise, dan» le Pendjâb.N.-O. de l’Hindoustan, sur un des affluents de la rive gauche du Sindh, à 291 kilom. au N.-O. de Lahore, par 36» de lat. N. et 71° de long. E. ; 4.483 hab. Commerce florissant.

ABBOTS BROMLEY ou PAGET'S BROMLEY, villuge d’Angleterre, comté de Stafford, à 407 kilom. N.-O. de Londres et à 16 kilom. K de Stafford, par 52050'de lat. N. et 40 13' de long. O. ; 1.815 hab. Important marché de bestiaux.

ABBOTSBURY, bourg d’Angleterre, dans le Dorsetehire, à 13 kilom. S.-O. de la ville de Dorchesier, sur les bords de la Manche, par 50» 40' de lat. N. et 4» 55' de long. O. ; t.0£5 hab. On y remarque un camp romain, les restes d’une abbaye fondée en 1044 et des cromlechs. Pêche du maquereau.