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des hommes qui ont étt’ ses adversaires les jilus acharnés, le satirique Gilbert, a commencé sa carrière, en 1770, par la publication d’un de ces contes persans qui étaient si fort à la mode au siècle dernier. Ce farouche ennemi de la philosophie a débuté, en effet, par : les Familles de Darius et d’Eridaure ou Staiira et Ameslris (La Haye et Paris).

Nous bornerons là ces détails et nous terminerons en disant que le livre de Barbier obtint, dès son apparition, un grand succès, qu’aujourd’hui encore tous ceux qui s’occupent de critique ou d’histoire littéraire le consultent souvent et y trouvent des renseignements précieux.

ANONYMOS a. m. (a-no-ni-moss). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des eupatoriées, confondu aujourd’hui avec le genre liatris, et comprenant les espèces à ovaires adhérents et étamines périgynes.

ANOPLIS s. m. (a-no-pliss — du’gr. an, préf. priv. ; opté, ongle). Entom. Genre de coléoptères, de la famille des sternoxes, tribu des buprestides, détaché du genre bupreste.

ANOPLOTHÉRIOÏDE adj. (a-no-plo-tè-rio-i-de

— de anoplolhérium, et du gr. eidos, aspect). Mamm. Qui ressemble à l’anoptothériutn.

— s. f. pi. Tribu de pachydermes fossiles, ayant pour type le genre anoplothérium.

  • ANOR, bourg de France (Nord), cant. et à

9 kilom. de Trélon, trrond. d’Avesnes, dans une situation pittoresque, lires d’étangs alimentés par un affluent de 1 Oise ; pop. aggl., 763 hab. — pop. toc, 3,637 hab. Vestiges d’une voie romaine.

ANOSCII-BEN-CHE1K, grand pontife des humains, d’après les traditions mythiques des Arabes, qui le font vivre neuf cent soixante-cinq ans. Ce fut lui qui établit le premier des tribunaux, institua des aumônes pour les pauvres et introduisit la culture du palmier en Arabie. On a supposé que les Orientaux ont voulu désigner par ce nom Enos, fils de Seth et petit-fils d’Adam.

ANOSIA (impie, cruelle), surnom de Vénus, donné h cette déesse par la même cause qui lui fit attribuer celui d Androphoue. V. ce dernier mot, dans ce Supplément,

  • ANOST, village de France (Saône-et-Loire),

canton et à 13 kilom. de Lucenay-l’Evêque ; pop. &ggl’, 287 bab. — pop. tôt., 3,660 hab.

« ANOT DE MA1Z1ÈRES (Cyprien). — Il remplissait les fonctions d’inspecteur d’académie dans le département de Seine-et-Oise lorsqu’il fut révoqut, après le coup d’État du s décembre 1851, pour ses opinions légitimistes. M. Anot de Maizières continua à

  • écrire dans le jourr.al l’union, dont il était

devenu un actif collaborateur. Nous citerons, parmi ses écrits : Discours sur le maintien de la charte constitutionielle (1819, in-8°) ; Elégies rémoises, suivies de Fragments dramatiques et d’un Essai sur les nouvelles théories littéraires (1825, in-8°) ; Lettres sur l’état actuel des choses (1828-1834, in-8°), qui parurent sous le nom d’Ieilius et qui furent très-remarquées ; Coo’e sacré ou Exposé comparatif de toutes le. ; religions de la terre (1836, in-ibl.), son ouviage le plus important ; Traité du pathétique ou Étude littéraire du cœur humain (1842, 2 vol. in-12) ; Cours gradué de narrations françaises (1848, in-12) ; Cromwell, protecteur de ta république, tragédie en cinq actes (1860, in-8°), etc.

ANOTÉE s. f. (a-to-té). Bot. Sous-genre des pavonies (malva :ées), comprenant les espèces à corolle d’aiparence tubuleuse, par la convolution des pétales, à organes sexuels très-saillams, à péricarpe ayant des coques mutiques.

ANOD, un des fils d’Yavâti, roi de Pratichthâna. Il est considéré comme le père des Mletchas.

ANOULD, ville de France (Vosges), cant. et à 6 kilom. de Fraizî, arroncl. de Saint-Dié,

Eres de la Meurthe ; 2,771 hab. Commerce de ois et de bétail. Anould est dominé par la colline de la Hardalle, où se dressent deux rochers d’une grande hauteur.

ANOURÂDHÂ s. f. (a-nou-ra-da). Nom de la dix-septième itmuiiou lunaire, dans l’astronomie indoue.

ANSA, ancien port situé au fond de la mer Adriatique et bâti da : is un-lieu où Auguste avait établi un camp. Il est célèbre par la défaite do Constantin le Jeune, qui perdit la vie dans un combat eue lui livra son frère Consent (340).

ANSALDI (le Père Cisto-Innocente), érudit et antiquaire italien, r, é à Plaisance en 1710, mort en 1779. Ilfitvœud’eutrerdans les ordres un joui’ qu’il se trouva t.u milieu d’un péril pressant, et, en 1726, il prit l’habitde Saint-Dominique. Iloblintdeserencre à Milan, puis à Bologne et à Rome pour y étudier la théologie. Dans cette dernière ville, il fut pris en amitié par le Père Orsi, plus tard cardinal, qui lui.facilitu l’accès de lu bibliothèque Casunate, En 1757, Ansaldi fut nommé professeur extraordinaire de théologie à l’université de Naples ; mais un ordre émanant de ses supérieurs le rappela à Bologne. Craignant quelque piège,

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il refusa de se rendre à cette invitation, quitta Naples furtivement et se tint caché pendant plusieurs années. Le cardinal Quirini parvint enfin à le faire rentrer en grâce, et il fut nommé professeur de théologie dans un couvent de son ordre à Brescia. Il remplit également la même fonction à Ferrare, puis à Milan et enfin à Turin, où il mourut. On lui doit : Patriarche Josephi, Égyptii olim proregis, religio a criminibus Basnagii vindicata (Naples, 1758, in-8<>) ; De principiorum tegis naturatis traditione, libri très (Milan, 1742, in-4<>) ; De romana intelarium deorum in oppugnationibus urbium évocations liber (Brescia, 1745, in-S°), etc.

ANSALOM (Vincent), peintre bolonais du xvue siècle. Il avait adopté la manière de Louis Carrache et il peignit quelques tableaux remarquables, dont deux sont cités avec éloge par Lanzi : Saint Sébastien, dans l’église de Saint-Étienne, à Bologne, et une Vierge, dans l’église des Célestins de la même ville.

ANSARI (Abn-el-Kasini), écrivain persan, mort en 1040. Il fut placé par le roi de Perse à la tête de la censure littéraire, ce qui lui donna l’occasion de protéger le grand poète du pays, Firdousi, qui devint son ami. Ansari est auteur d’un poëme en l’honneur dé Mahmoud le Ghizni, son souverain et son protecteur, et d’une traduction de l’histoire de Rustam et Sohrab.

ANSART (Félix-Charles), professeur et écrivain français, né à Arras en 1795, mort à Paris en 1849. Il s’adonna à l’enseignement de l’histoire et devint inspecteur général de l’Université. M. Ansart s’est fait connaître par un assez grand nombre d’ouvrages d’histoire et de géographie destinés aux pensions et aux collèges. Il était membre de la commission ceptrala de la Société de géo’ graphie et rédacteur du bulletin de cette Société. Nous citerons de lui : Atlas historique et géographique, divisé en cinq parties ; Petit atlas historique et géographique ; Atlas élémentaire de géographie moderne ; Cours d’/tistoire et de géographie (5 vol. in-12), avec Rendu. Ce cours comprend : Histoire et géographie historique anciennes, deux parties ; Histoire et géographie historique romaines ; Histoire et géographie historique de la France pendant le moyen âge ; Histoire et géographie historique de la France pendant les temps modernes. On lui doit, en outre : Petite histoire sainte ; Petite histoire de France ; Précis de géographie ancienne et moderne ; Petite géographie moderne ; Nouvelles (ablettes chronologiques de l’histoire ancienne et moderne ; Vie de N.-S. Jésus-Christ, etc. La plupart de ces ouvrages ont eu un grand nombre d’éditions.

ANSART (Edmond), professeur et écrivain, fils du précédent, né k Paris en 1827. Comme son père, il s’est adonné à l’enseignement de l’histoire, et il a collaboré à divers recueils, entre autres à la Revue française. On lui doit, en collaboration avec M. Ambroise Rendu, un Cours complet d’histoire et de géographie d’après tes nouveaux programmes arrêtés par le ministre de l’instruction publique le 12 août 1857, à l’usage des lycées (1857-1858, 6 vol. in-12). Ce cours, qui a été plusieurs fois réédité, comprend : Histoire ancienne, Histoire grecque, Histoire romaine, Histoire de France et Histoire du moyen âge du ve au xive siècle, Histoire de France et Histoire du moyen âge et des temps modernes du xive siècle au milieu du xvjiû, Histoire de France et Histoire moderne depuis l’avénement de Louis XIV jusqu’à 1815. On lui doit, en outre : Cours d’histoire et de géographie rédigé pour l’usage des écoles normales primaires (3 vol. in-12) ; Petite histoire de France (1870, in-18) ; Petite géographie moderne (1871, in-32).

ANSART-DEUZY (Auguste-Léonard), marin et savant français, né en 1823. Admis à l’Ecole navale en 1839, il fut nommé enseigne en 1845, lieutenant de vaisseau en 1852 et capitaine de frégate le 13 août 1864. M. Ansart a été attaché comme professeur de mathématiques à l’École navale de Brest. On

lui doit les ouvrages suivants : Études sur les causes perturbatrices de la marche des chronomètres (1858, in-8°) ; Navigation pratique (1859, in-8°), avec M. Doitard ; Études sur les voies et moyens de la politique française en Cockinchine (1866, in-8") ; Petit catéchisme du citoyen chrétien ou Exposition élémentaire des principes fondamentaux de la société chrétienne (1872, in-18) ; Essai sur la mécanique des vents et des courants (1874, in-8") ; Théorie rationnelle des ouragans{l&15, in-8°).

ANSBERT (saint), évêque de Rouen, né à Chaussy, village du Vexiu, dans la première moitié du vue siècle, mort en 698. Il vivait à la cour de Clotaite IIIV lorsqu’il la quitta brusquement pour entrer a l’abbaye de Fontenelle. Il en devint abbé, puis obtint l’évêché de Rouen, dont Pépin d’Heristal le dépouilla. Il fut, par ordre de ce maire du palais, enfermé dans le monastère de Haumont, en Hainaut, et y mourut. L’Église catholique en a fait un saint.

ANSBERT, chroniqueur allemand, qui vivait dans le xne siècle. Il était prêtre, et, ayant accompagné en Orient l’empereur Frédéric Barberousse, il entreprit de faire le

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récit de la croisade a laquelle il avait assisté. Son manuscrit, longtemps perdu, n’a été retrouvé qu’en 1824 et il fut imprimé à Prague en 1827. C’est un ouvrage écrit sans art, mais qui contient des renseignements intéressants.

  • ANSCBOTZ (Henri). — L’acteur Anschùtz

est mort à’Vienne en 18Q5.

ANSDELL (Richard), peintre anglais, né vers 1830. Il s’est fait connaître en France par une grande toile intitulée : le Tueur de loups, qui a paru à l’Exposition universelle de 1855. Th. Gautier en a fait une description très-élogieuse, à laquelle nous empruntons les lignes suivantes : « Le Tueur de loups (un homme demi-nu, d’une force athlétique, luttant avec une hache contre une bande de loups) doit être considéré comme un tableau d’histoire, bien qu’il ne reproduise aucun fait historique ; la dimension du cadre, la tournure héroïque de la composition, la vigueur du dessin et l’énergie du pinceau ne peuvent laisser de doute sur le rang à lui assigner... L’emmanchement du cou avec le crâne épais et bas du belluaire, l’entrelacement des nerfs, les, saillies des omoplates. et des deltoïdes témoignent d’une science d’anatomiequeles p»intres anglais n’ont pas l’habitude de déployer ; le mouvement général de la figure est d’une violence furieuse qui va bien au sujet. Quant aux animaux, ils sont superbes ; M. Ansdell, sans s’écarter de la vérité, a su leur donner du style, u C’est surtout, en effet, comme peintre d’animaux que M. Ansdeli "a sa place marquée dans l’école anglaise ; il n’a pas les qualités poétiques et la finesse pénétrante de Landseer ; il vise à la grandeur, à la force, au style, et il y atteint souvent ; toutefois, il exagère un peu, à notre avis, les proportions de ses tableaux ; les sujets qu’il traite ne comportent pas une pareille ampleur. C’est ainsi qu’une de ses meilleures compositions, le Berger perdu au milieu des neiges, eût gagné, croyons-nous, k être réduite aux dimensions ordinaires des tableaux de genre. Cette œuvre, bien composée d’ailleurs, bien dessinée et très-émouvante, a figuré à l’Exposition universelle de Londres en 1862, avec deux autres toiles intitulées : la Chasse aux esclaves et la Roule de Séville. En 1855, outre le Tueur de loups, M. Ansdell avait envoyé à Paris deux tableaux de moindre dimension : Chiens de berger dirigeant des moutons et Bergers rassemblant leurs moutons dans la vallée de Sligicham (île de Skye). L’Exposition universelle de 1867 n’a eu de lui qu’un tableau : Chevaux foulant le blé, dans l’Alhambra, scène intéressante et bien dessinée, mais dont l’exécution manque de chaleur et de légèreté. M. F. Stacpoole a gravé, à la manière noire, une jolie composition de M. Ansdell, intitulée : Buy a dog, Ma’ am ? (Voulez-vous acheter un chien, madame ?). Un autre tableau, peint par M. Ansdell en collaboration avec M. Creswick, a été gravé par J.-T. Willmore sous ce titre : le Chemin le plus court en été.

M. Riehard Ansdell est membre de l’Académie des beaux-arts de Londres.

  • ANSE s. f. — Encycl. Anse de panier.

Une erreur de composition rend inintelligible la partie de cet article qui vient après la figure, et qui se trouve au haut de la page 418. Le passage en question doit être

rectifié de la luimière suivante : Sur

laquelle il s’.igit d’établir une anse de panier ; divisons cette droite en trois parties égales, AC, CD, DB ; puis abaissons du point O, milieu de cette ligne, une perpendiculaire ; du point C, menons sur cette perpendiculaire une ligne égale k CA, ce qui déterminera le point I ; tirons ICM, 1DN ; des points C et D comme centres, avec CA et DB pour rayons, décrivons les arcs AE. BF, qui coupent ICM, IDN aux points E et F ; enfin, du point I comme centre, ayeo un rayon égal k IE ou à IF, décrivons l’arc BF. La courbe AEFB sera X’anse demandée. Les arcs qui composent une anse de panier, quel qu’en soit le nomhre, jouissent de cette propriété remarquable que la somma de leurs degrés est toujours égale à 180°, expression d’une demicirconférence. ANSE, ville de France (Rhône), sur l’Azergues, ch.-l. de cant., arroud. et à 4 kilom. de Villefranche ; pop. aggl., 1,294 hab.pop. tôt., 2,036hab. • Anse, dit M. Adolphe Joanne, est une ancienne station romaine. On y voit encore, au milieu des habitations modernes, des pans de murs romains très-considérables. Auguste y avait fait élever

un palais dont les derniers débris servirent il la construction d’une chapelle, transformée actuellement en magasin. A l kiloin. au S.-O. des murailles, on a découvert, en 1844 et 1S45, les restes d’une vaste et splendide habitation appartenant à l’époque gallo-romaine, plusieurs mosaïques, etc... Les fouilles d’Anse ont été classées parmi les monuments historiques. » Au xie et au xii» siècle, il s’y tint cinq conciles. Cinq fontaines fournissent de l’eau à la ville ; parmi elles, il en est une qui tarit durant les «nuées pluvieuses et est plus abondante dans les temps de sécheresse.

ANSÉGISE, prélat français, mort vers la fin du xe siècle. Il fut sacré en 912 évêque de Troyes et devint chancelier du roi Raoul. Il prit part à une expédition contre les Normands en Bourgogne et y fut blessé (925).

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Ayant eu un différend avec Robert, comte de Troyes, il sortit de sa villa épiscopale et revint en faire le siège avec des troupes que lui avait fournies l’empereur Othon (939). Abandonné par ses auxiliaires, il se réconcilia avec Robert et fut rétabli sur son siège (930).

Auielmo de Cantorbéry (saint), étude historique, pur M. Charles de Rénmsat (1853, 1 vol. in-8°). Dans cet archevêque il y a deux personnages bien distincts, l’homme politique et le philosophe ; aussi l’auteur a-t-il envisagé saint Anselme sous ces deux aspects. C’était un livre difficile à faire, à cause de la sévérité et même de la tristesse du sujet. Né dans le xie siècle, dans cet âge agité par la querelle du sacerdoce et de l’empire ; élevé contre son désir sur le siège de Cantorbéry, mêlé à des querelles qu’il n’aimait pus et regrettant toujours la paix de son monastère du Bec, saint Anselme, comme archevêque et comme homme politique, n’a joué qu’un rôle assez médiocre. On ne trouve en lui ni le génie ardent de l’un de ses successeurs, le célébra Thomas Becket, ni l’éloquence populaire de saint Bernard. Dans le temps où il était presque nécessaire d’être un homme politique ou un tribun pour être un bon évêque, comme on l’entendait alors, c’est-à-dire propre à seconder les projets des papes et leurs vastes plans de monarchie universelle, saint Anselme ne fut jamais au fond qu’un inoine et un penseur pacifique, tranchons le mot, un philosophe du xie siècle.

Une autre difficulté pour écrire la vie d’un saint du xie siècle, c’est le cortège de récits pieux et de miracles qu’on y rencontre à chaque pas, et les empiétements de la légende qui veut envahir l’histoire. M. de Rémusat a trouvé le moyen de louvoyer en évitant les écueils. La légende n’est pour lui qu’un document de plus, dont il tire de gracieux récits et de naïves peintures. Il suit les vieux chroniqueurs sans les copier ; il prend de leur couleur tout juste ce qu’il en faut pour peindre ces vieux temps et pour en faire ressortir l’esprit. Chaque siècle contribue à ses tableaux : le nôtre pour cette connaissance de la vie et du cœur qui est le fruit de notre expérience et de nos désillusions, les siècles passés pour la vivacité et la candeur de leurs impressions. Avec quel charme M. de Rémusat ne décrit-il pas les premiers élans de la piété dans l’âme du jeune Anselme, sa fuite de la maison paternelle pour aller chercher dans un monastère la retraite et la science du salut ; sa vie d’étude, de recueillement et de modestie auprès du vieil

abbé Herluin, loin du tumulte et des passions du monde, sous l’abri révéré du couvent I Là s’écoulèrent les meilleures et les plus belles années d’Anselme. Abbé lui-même, il devint à son tour le maître et Je modèle des moines qui l’adoraient. Toute sa vie se passait à prier et à méditer doucement ; il ne devait connaître les amertumes et les douleurs de la vie que sur ce siège épiscopal, dont l’élévation n’était pas faite pour son âme tranquille et modeste. Il lui fallut alors, pour la première fois, lutter contre des rois et contre le plus grand nombre de ses collègues dans l’épiscopat d’Angleterre ; aller jusqu’à Rome et affronter à plusieurs reprises la fatigue et les embûches d’un long voyage, apprendre à ses dépens ce que c%st que la tyrannie et la cupidité dans l’âme des princes, la bassesse et l’envie de plaire dans l’âme des courtisans, l’indifférence et l’égoîsme dans les politiques. Toute cette partie agitée de la vie de saint Anselme est parfaitement dépeinte par M. de Rémusat ; il y trouve l’occasion de dérouler sous les yeux du lecteur un tableau complet des accidents de la vie au moyen âge. Le moine, le seigneur, l’abbé revivent dans son ouvrage. Toutes les questions qui agitaient la société à cette époque se présentent sous la plume de l’auteur, et ces questions sont nombreuses et importantes. Les luttes sont com- ’ plexes ; ce sont des guerres d’opinions et d’idées, sans préjudice, bien entendu, des passions. En vain M. de Rémusat aurait-il voulu échapper à la controverse ; elle le domine bon gré, mal gré, comme elle dominait ceux dont il retrace l’histoire, comme elle venait assaillir saint Anselme sur son siège de Cantorbéry.

Après la première partie du livre, tout historique, dans la seconde M. da Rémusat ne s’occupe que de saint Anselme philosophe. Le pieux archevêque a laissé un grand nombre d’écrits, presque tous empreints d’un caractère remarquable de philosophie chrétienne, entre autres, le Monologion et lf Proslogion. C’est dans ce dernier que se trouve la célèbre démonstration de l’existence de Dieu prise dans l’idée même que nous nous formons de ce grand être. Le biographe nous montre saint Anselme aimant la sagesse et recherchant avec ardeur la vérité. Sur le siège de Cantorbéry, comme dans son couvent, proscrit et exilé ou ramené en triomphe, seul, dans ce siècle d’agitation barbare, il se consolait par l’exercice de la méditation, il appliquait la force de son esprit k essayer de se démontrer les doctrines et les vérités de la foi. Au lit de mort, sa dernière pensée était un regret de n’avoir pu mettre la dernière main à un ouvrage de métaphysique.

La Vie de saint Anselme se recommande