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l’empire persan. On y trouve des portraits de personnages historiques, des observations neuves, des discussions géographiques et une carte très-exacte des pays compris entre Constantinople et Téhéran. En 1818, le manufacturier Ternaux et le duc de Richelieu chargèrent Jaubert d’aller chercher en Orient un troupeau de chèvres du Thibet. Il arriva à Astrakhan par Odessa et Tiflis. Le général Yermoloff lui proposa de prendre sa route par Khiva, Taehkend et Kaschgar. Jaubert n’eut pas à traverser la Boukharie, contrée inhospitalière ; il trouva dans l’Oural un troupeau de race thibétaine. Il acheta treize cents chèvres et en ramena environ quatre cents à Marseille. La relation de ce dernier voyage fut publiée dans la Revue encyclopédique.

Voyages de Scoresby (Edimbourg, 1823, in-8o).

Scoresby avait fait depuis 1791 trente campagnes dans les mers polaires comme capitaine baleinier ; accompagné de son fils dans ses derniers voyages, il avait eu des succès sans exemple ; il ne prit pas moins de cinq cent trente-trois baleines. Navigateur distingué, il est le marin qui s’est approché le plus du pôle, par 81° 12’ou 30’. Parry a pénétré plus loin, mais en traîneau. Aussi nul n’a mieux connu les régions, de glace et nul ne les a mieux décrites. Il a laissé deux ouvrages. Dans le premier (Description des régions arctiques, 2 vol.), on trouve des détails curieux sur l’histoire naturelle du Spilzberg et des îles adjacentes, des observations historiques et des scènes de la pêche des baleines, un tableau général des mers du Groenland et des recherches particulières sur les glaces polaires. Dans le second (Voyage au Nord), il donne le journal de cinq mois de navigation le long des côtes du Groenland, qu’il explora dans une étendue de 700 à 800 milles géographiques. Dans les instants de loisir que lui laissa l’objet principal de son voyage, la pêche de la baleine, il recueillit de nombreuses observations sur cette terre peu connue. Il s’occupa d’abord de tracer une carte du pays plus exacte que celles que l’on avait jusqu’à présent ; mais il n’a pu terminer cet utile travail ; quelques parties de la côte seulement furent mesurées par lui et sont indiquées sur la carte jointe à son ouvrage, qui a une grande valeur.

Voyage en Asie Mineure, par le colonel W.-M. Leake (Londres, 1824).

Cet ouvrage a une forme presque didactique ; il se divise en six chapitres. Le premier est la relation du voyage de l’auteur, de Constantinople à Konièh ; le deuxième donne des éclaircissements sur la géographie ancienne de la partie centrale de l’Asie Mineure ; le troisième contient la suite du voyage de Konièh à l’île de Chypre ; le quatrième renferme des remarques sur la géographie comparative des pays qui avoisinent la route d’Adalia à Shughut ; le cinquième est un mémoire sur les villes anciennes de la côte méridionale de l’Asie Mineure ; le sixième est consacré à des remarques sur la géographie comparative des parties occidentales et septentrionales de l’Asie Mineure. L’ouvrage, complété par des notes, se termine par un parallèle entre les proportions relatives des principaux temples e l’Asie Mineure et quatre des plus célèbres temples de la Grèce européenne. L’auteur, en arrivant en Anatolie, avait constaté que, pour les routes, les cinq sixièmes de Asie Mineure en sont encore dépourvus. La côte occidentale, la partie la plus célèbre, était aussi la partie la plus explorée. C’est pourquoi le voyageur anglais a commencé ses recherches par le nord, en se dirigeant vers le centre. Il s’attache principalement aux questions d’antiquité et de géographie, qu’il traite avec beaucoup d’érudition et de sagacité. Il recueille des faits curieux sur la topographje, recherche l’emplacement des villes anciennes, discute sur leur identité, rectifie des données scientifiques, relève et déchiffre des inscriptions, explique les découvertes qu’il a faites, celle, par exemple, d’un grand nombre de rochers creusés en chambres sépulcrales (à seize heures au sud d’Eski-Sher) et celle d’un monument fort curieux à Doganlu. Il sauve l’aridité des discussions géographiques et des minuties archéologiques en y mêlant de temps en temps des aperçus neufs ou des indications intéressantes pour l’art ou l’architecture. Telles sont les observations sur l’introduction de l’architecture et du dialecte dorique dans la Carie.

Voyage dans le Brésil, par Martius et Spix (Munich, 1824-1832, 3 vol.).

En 1817, les gouvernements de Bavière et d’Autriche confièrent à quelques savants l’exploration du Brésil. M. de Martius, chargé des travaux botaniques de l’expédition, s’occupa aussi d’ethnographie, de statistique, de géographie, etc. Au moment où MM. de Martius et Spix mettaient le pied sur le sol brésilien, un autre Allemand, naturaliste comme eux, le prince Max. de Neuwied, achevait l’exploration qu’il avait entreprise à ses frais. Pendant trois années, de 1817 à 1820, ils parcoururent une des plus belles et des plus vastes régions du globe. M. de Martius écrivit la relation de ce voyage, et pour rendre plus saisissantes ses descriptions, il eut recours au crayon. Il ne s’est pas borné à faire une relation de voyage ; il a rapporté de son exploration les matériaux de

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trois autres ouvrages, publiés dans un intervalle de quarante ans, et qui complètent l’historique de ses excursions : 1° Genera et species planturum (1823-1845, 3 vol. gr. in fol., avec atlas), œuvre classique sur les palmiers de l’Amérique australe ; 2° Flora Brasiliensis (1840-1857, 10 vol. in-fol.), l’un des plus beaux monuments de la botanique moderne, ouvrage magnifique, encore inachevé ; 3° Essai sur l’ethnographie et sur les langues américaines (1867, 2 vol. in-8o). Dans ce précieux travail sont concentrés les résultats ethnographiques du voyage ; on y trouve une moisson abondante de faits et d’études. L’auteur y considère le présent et l’avenir de la race américaine ; il y examine l’organisation des tribus aborigènes du Brésil ; il en décrit les hordes rangées par familles et selon leur habitat géographique ; enfin il donne un vocabulaire des langues brésiliennes et un spécimen de leurs dialectes. M. de Martius a plus d’un trait de ressemblance avec l’illustre Humboldt, à qui les Allemands le comparent, toute proportion gardée. Un talent supérieur, une science profonde, un style coloré font de ses descriptions des tableaux vivants.

Voyages de Laing, dans l’Afrique occidentale (Londres, 1825, in-8o).

En 1822, sir Charles Maccarthy, gouverneur de Sierra-Leone, chargea Laing de reconnaître exactement la Gambie et les pays africains du voisinage. Quittant Sierra-Leone le 3 février 1822, Laing suivit la rive gauche de la Rokelle, put obtenir un guide qui le conduisit à la source de la Rokelle et établit avec le roi des Foullahs, de Foutta-Yallou à Tombouctou, capitale de ce pays, des relations qui s’étendirent de plus en plus par la suite. La guerre des Achantis, dans laquelle Maccarthy périt en 1824, le rappela à Sierra-Leone ; il rentra, dans la colonie anglaise le 26 octobre. Ce voyage procura aux Européens les premiers renseignements un peu exacts que l’on ait obtenus sur la contrée qui s’étend depuis Tombouctou jusqu’à la source du Niger. Laing avait visité quatre peuplades différentes : les Mandingues, établis au bord du Kissi, au N.-N.-E. de Sierra-Leone, lesquels sont musulmans, pasteurs et agriculteurs ; les Timannis, à l’est de Sierra-Leone et au sud des Mandingues, organisés sur une base presque démocratique, pauvres, ivrognes, débauchés, fripons et superstitieux, et dominés par une société secrète, le Pourrah, analogue à la Camorra napolitaine ; les Kourankis, peuple agriculteur, industrieux, actif, fabriquant des toiles excellentes, et les Soulimas, population idolâtre, robuste, belliqueuse et hospitalière. Laing tenta une nouvelle exploration en partant de Tripoli, en juillet 1826, avec une caravane qui se rendait à Tombouctou. De Ghadamès, où il s’arrêta deux mois, il arriva à El-Salah (Ayn-El-Salah), oasis du grand désert, dont il recule à l’occident la longitude. Au sortir de l’Ouady-Touac, il fut attaqué et blessé par des brigands. Les Maures de la caravane le rappelèrent à la vie, et le chef de la tribu des Kountas le conduisit en sept jours à Tombouctou. Il observa que le grand désert du Sahara’est divisé entre les tribus qui le parcourent, comme le serait un territoire cultivé. Dans une excursion qu’il entreprit avec une troupe de cavaliers tombouctains à Sansanding sur le Dialiba, il fut arrêté par une bande de Zouats, vagabonds pillards, dont le chef voulut le contraindre à embrasser l’islamisme ; Laing refusa et fut étranglé ou décapité. La relation de ce voyageur est écrite avec élégance et simplicité. Elle a été traduite en français par La Renaudière et Èyriès (1826, in-8o).

Voyage de Calcutta à Bombay par les provinces supérieures de l’Inde, par R. Heber Londres, 1827, 1 vol. in-4o ; 1828, 3 vol. in-8o).

Evêque anglican de Calcutta, Heber voulut faire la visite pastorale de son diocèse, lequel embrassait tout l’Indoustan et l’île de Ceylan. Quittant l’opulente cité de Calcutta le 15 juin 1824, Heber remonta en canot le Hougly, bras du Gange, et arriva à la branche principale. A Patna, des porteurs ramenèrent à Bénarès, où il reprit la voie fluviale jusqu’à Allahabad. Là, suivant une caravane d’Anglais et d’Indous, et passant par Cânpour, il se rendit à Lucknow, capitale de l’Oude ; se séparant de son escorte, il s’avança jusqu’au pied de l’Himalaya, à 900 toises d’altitude au-dessus du niveau de la mer ; reprenant son voyage vers le sud, il repassa le Gange, puis la Djemnah ; à Delhi, où il s’arrêta, il reçut d’Akbar II des marques d’honneur. Sur toute la route jusqu’à Agra, et dans le pays des Radjepoutes, les petits princes se montrèrent empressés à lui donner une large hospitalité. S’embarquant à Surate, il arriva à Bombay le 19 avril 1825. Il visita les temples souterrains d’Eléphanta et de Kennery, ainsi que le sanctuaire souterrain de Carli, après avoir gravi les Ghattes de l’ouest. De retour à Bombay, il se dirigea vers Ceylan et parcourut une grande partie de cette île. Une seconde fois, le prélat partit de Calcutta le 30 janvier 1826. Débarquant à Madras, il visita les villes de Méliapour, Mahvalipouram, Sadras, Goudelour et Tanjinour, tenant des conférences et s’acquittant de ses fonctions épiscopales. Le 4 avril, on le trouva noyé dans son bain. La relation 4e son voyage s’arrête

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à son départ de Madras (15 mars 1826). Ce récit est complété par les lettres écrites à sa femme par Heber. Lettres et récit abondent en précieux détails, dont quelques-uns jettent beaucoup de lumière sur des événements même qui semblaient imprévus, comme la sanglante insurrection de 1856. Cet ouvrage intéresse comme témoignage historique, et comme tableau pittoresque de la nature et des mœurs de l’Indoustan. Sa relation a été traduite en français par Prieur de La Combe vol. in-8o).

Voyages de Parker King, Fitzroy et C. Darwin (1828, 1839).

Australien de naissance, King fut chargé de relever toute la côte australienne ; sur l’ordre de l’amirauté britannique, il quitta Port-Jackson le 21 décembre et fit une campagne hydrographique de plus de quatre années ; son travail s’étendit sur toute la côte australienne, depuis l’extrémité occidentale de la terre de Nuytz jusqu’à la pointe N.-B. du continent. La relation de ce voyage (1828, 2 vol. in-8o), l’un des meilleurs livres et des plus exacts en matière d’art nautique, présente une description détaillée des côtes S.-O., N.-O. et N.-E. de l’Australie, et renferme, outre des détails géographiques, des renseignements ethnologiques pleins d’intérêt. Un appendice sur la botanique des terres australes est dû au naturaliste Cunninghain. La partie hydrographique, c’est-à-dire la carte des mers des deux, tiers du continent, a été publiée par l’amirauté britannique. En 1826, King et Fitzroy eurent ordre d’aller relever les côtes de l’Amérique méridionale, depuis l’embouchure de la Plata jusqu’aux îles Chiloë. Le sloop l’Adventure et la conserve le Beagle firent l’examen hydrographique de toute la Terre de Feu, du cap Horn et du détroit de Lemaire. King suspendit ses recherches pour des motifs personnels, mais Fitzroy les continua jusqu’en 1836. Cette exploration a illustré ses auteurs. Fitzroy écrivit la relation du voyage (1839, 4 vol. in-8o) ; la partie géologique, traitée par Darwin, a une grande valeur. Darwin, devenu célèbre par son livre sur l’Origine des espèces, avait suivi Fitzroy en qualité de naturaliste ; il rapporta de cette longue campagne les matériaux de plusieurs ouvrages.

===Voyages d’Alexandre Burnes eu Asie (Londres, 1834 et 1842, 3 vol.).

Humboldt a appelé Burnes « le premier des voyageurs qui ont parcouru l’intérieur du continent asiatique. » Officier d’etat-major distingué, Burnes avait pris part en 1825 à une expédition militaire dans le Catch ; il avait vu les bouches de l’Indus, et il voulut remonter le fleuve jusqu’à Khiva. En 1828, il proposa au gouvernement anglais un plan d’exploration qui devait faire reconnaître la frontière du nord-ouest de l’Inde, très-imparfaitement connue. En 1830, le roi d’Angleterre envoya au roi de Lahore un présent de chevaux et de voitures, présent choisi à dessein pour pouvoir procurer à son agent ou émissaire un prétexte plausible et un libre passage sur les rivières ; le gouverneur général de l’Inde remit la mission à Burnes, et celui-ci l’accepta dans un but scientifique. Il arriva par le Sind et par l’Indus à Lahore le 18 juillet il trouva à la cour du maharajah, Rundjit-Singh, le général Allard et Victor Jacquemont. En 1832, il entreprit son grand voyage de reconnaissance à travers l’Asie centrale, au milieu des pays barbares de Balkh, Koundouz et Boukhara, et il ne revint qu’en 1833, par la Perse. Dans cette longue course, Burnes visita la Bactriane, la Transoxiane, la Scythie et la Parthie, le Kharasm, le Khorassun et l’Iran. Il fit la plus grande partie de la route suivie par les Macédoniens, parcourut les royaumes de Porus et de Taxile, vogua sur l’Hydaspe, traversa le Caucase indien et résida dans la fameuse ville de Balkh. Il vit le théâtre des guerres d’Alexandre, des irruptions dévastatrices de Gengis-Khan et de Timour, des campagnes et des hauts faits chevaleresques de Baber. Dans son voyage vers les côtes, il parcourut la route par laquelle Alexandre avait poursuivi Darius, tandis qu’en s’avançant vers l’Inde il suivait la côte de Mekran, qu’avait longée son amiral Nearque. En 1835, le gouvernement anglais, travaillant à s’assurer le cours de l’Indus, choisit encore Burnes pour remplir auprès des émirs et des princes de l’Afghanistan une mission géographique et commerciale, et plus tard politique. En 1838, cette mission n’était pas encore terminée, que, par un revirement inexplicable, l’Angleterre résolut de renverser le khan de Kaboul, Dost-Mohammed, prince usurpateur du trône de l’Afghanistan. Burnes rejoignit aussitôt l’armée d’invasion, et finalement il fut massacré à Kaboul le 2 septembre 1842, dans l’insurrection qui coûta la vie à 4, 000 Anglais ; il avait prévu les fautes politiques et militaires dont ce grand désastre fut la conséquence. Burnes avait des connaissances variées, une science pratique, les vues profondes d’une politique élevée, et enfin un remarquable talent d’écrivain, qui ont placé au premier rang la relation de son grand voyage, œuvre traduite dans presque toutes les langues. La traduction française (1835, 3vol. in-8o) est d’Eyriès.

Voyage de Victor Jacquemont dans l’Inde (JOURNAL DU) (1834-1843, 6 vol. in-4o).

Jacquemont a pris rang parmi les premiers voya-

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geurs de notre époque. Quelques excursions en Europe et en Amérique l’avaient préparé au rôle d’explorateur de l’Inde septentrionale. A vingt-sept ans, au mois d’août 1828, il quitte la France avec la mission d’aller étudier la constitution physique et les productions naturelles de l’Indoustan supérieur. Il voyage pour l’administration du jardin des Plantes. Muni de lettres de recommandation qu’on lui a remises à Londres, il s’embarque à Brest sur la Zélée, touche successivement à Sainte-Croix-de-Ténériffe, à Rio-de-Janeiro, au Cap de Bonne-Espérance, où il fait connaissance avec Dumont d’Urville, relâche à Bourbon, puis à Pondichéry, et arrive à Calcutta le 5 mai 1829. Les autorités anglaises font un accueil cordial au jeune naturaliste. Reconnaissant qu’une subvention de 6, 000 francs est insuffisante dans un pays où tout capitaine reçoit un traitement de 30, 000 francs par an, il demande au gouvernement français une allocation supplémentaire, qu’il attend sept mois durant. Ce séjour est mis à profit ; Jacquemont apprend l’indoustani et recueille tous les renseignements nécessaires à l’exécution de son plan ; puis, se mettant en marche, il visite les villes les plus célèbres de l’Inde, Sasseram, Mirzapour, Agra, Callinger, Paniput, Bénarès. Il entre le 3l décembre à Bénarès, la cité sainte. Traversant tout le désert de sable brûlant qui s’étend depuis Syra jusqu’à Delhi, il se rend aux mines de diamants de Panna, ensuite à Delhi (10 mars 1830), où il est présenté au Grand Mogol, le vieux schah Mohammed-Akhber-Rhazi ; le descendant de Tamerlan tient tout exprès une cour solennelle. A Delhi, Jacquemont reçoit la nouvelle de la révolution de juillet 1830. Reprenant sa marche vers l’Himalaya, il en gravit les différents gradins et pénètre aux sources de la Djemma. Armé du bambou et du marteau, il escalade ou descend chaque jour environ 1, 500 mètres, sans compter les distances. Il franchit ainsi une chaîne de montagnes ayant 5, 500 mètres d’élévation. Le 25 mai, il est entouré de sommets couverts de neiges perpétuelles ; il pénètre dans les âpres vallées à travers lesquelles le Setledj descend de la région rnontueuse qui confine au Thibet occidental ; il arrive jusqu’à Beker, première ville de la Tartarie chinoise. L’hostilité des officiers du Céleste Empire l’oblige à rebrousser chemin. De retour dans le Pendjab en octobre 1830, Jacquemont reçoit une lettre du général Ailard, commandant en chef des armées du célèbre Hundjit-Singh, souverain des Sikhs, indépendant des Anglais, alors à l’apogée de sa gloire et de sa puissance. Cette lettre invitait le voyageur à se rendre à Lahore et lui promettait aide et protection pour une excursion au nord du Setledj. Jacquemont, muni d’une lettre de recommandation de lord William Bentinck, gouverneur général des Indes, part pour Lahore ; son voyage et son séjour sont « une véritable féerie, un rêve des Mille et une nuits. » A chaque étape, de nombreux et utiles présents l’attendent. Il traversa dans toute leur longueur les Etats du monarque sikh, et il arrive le 8 mai 1831 auprès de lui à Cachemire. Le général Ailard l’installe dans un petit palais de plaisance et Rundjit-Singh lui donne diverses preuves d’affection. Après cinq mois de séjour dans sa poétique résidence, Jacquemont, brisé par l’excessive chaleur, va ranimer son énergie dans les montagnes froides qui séparent le Cachemire du Thibet. Riche d’observations de toute nature, il revient à Lahore le 19 septembre il refuse la vice-royauté du Cachemire, que Rundjit-Singh lui offre, sans doute pour l’éprouver. Apres cette fructueuse pérégrination à travers les parties les moins étudiées jusqu’alors de l’Inde supérieure et de la région de l’Himalaya, Jacquemont retourne à Delhi. Le 14 février 1832, il se remet en route pour Bombay, en traversant la Radjputna ; au mois de juin, à Poonah, il résiste à une attaque de choléra ; épuisé de fatigue, il arrive le 9 octobre à Bombay et il y meurt le 7 décembre 1832, au moment d’aller visiter la presqu’île, cisgangétique. Lord Bentinck lui fit faire des obsèques splendides, et le consul français expédia à Paris ses collections. Le voyage du jeune naturaliste a duré trois ans et demi. Ses dessins, fort nombreux, ont été tracés par lui-même ; ses croquis et ses papiers présentent des lacunes qu’une mort prématurée explique assez. Mais ces notes rapides représentent une masse immense de matériaux ; ce journal, écrit sans une seule rature, est un des livres les plus précieux qui aient été publiés sur l’Indoustan ; la géographie, l’ethnographie, la géologie, la botanique, la science morale et politique peuvent y puiser une foule de faits et d’observations.. Le Journal de V. Jacquemont, comme sa Correspondance, qui le complète, est un modèle de bon goût et de pureté de langage. Ces écrits révèlent un esprit original, sagace, frondeur, gai, sceptique, une âme aimante et bonne.

Voyage fait à la recherche d’un passage au nord-ouest (RELATION DU), par le capitaine sir John Ross.

Après les malheureuses tentatives du capitaine Parry, sir John Ross, qui déjà, en 1818, avait fait un voyage au pôle nord, voulut en essayer un second dirigé vers le nord-ouest, mais ce ne fut qu’en qu’il put mettre à exécution ce projet,