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Jaune). L’ambassadeur voulut remonter la rivière Blanche (Peï-ho), mais les navires ne purent franchir la barre. Deux mandarins, l’un civil, l’autre militaire, vinrent de Pékin pour le recevoir. L’un des vaisseaux remonta la rivière, et Macartney prescrivit aux outres navires de l’attendre au Japon. A Ta-cou, le vice-roi de la province lui rendit visite et lui apprit que l’empereur Kian-loung était en Tartarie, à Zhé-hol. L’ambassadeur, se résignant, se mit en route pour la Mandchourie, traversant Tien-sing, Tong-chou-fou, Pékin. Arrivé à Zhé-hol, l’ambassadeur éleva des difficultés au sujet du keou-teou, prosternation dégradante aux yeux de tout Européen. Reçu eu audience, il soumit des demandes importantes à la signature des ministres ; mais ces vues furent jugées trop ambitieuses. L’ambassade reçut, le 5 octobre 1793, un ordre subit de départ, qui lui accordait quarante-huit heures au plus. Elle opéra son retour par Canton, Macao, Java, le Cap et Sainte-Hélène. Elle débarqua à Portsmouth le 26 septembre 1794. L’ouvrage de Staunton fut lu avec empressement ; il jouit en Angleterre d’un grand crédit.

L’auteur a mis à profit, outre ses propres notes, les papiers de l’ambassadeur et les journaux ou les observations des divers membres de l’ambassade. On peut lui reprocher une certaine emphase, un ton par trop officiel. Sa relation offre de nombreux renseignements sur l’empire et le peuple chinois, sur les mœurs, sur la cour de l’empereur, sur la configuration du sol, les côtes et les diverses mers, enfin sur les relations des Chinois avec les Européens. L’esprit critique n’a pas toujours présidé à la rédaction de l’ouvrage ; par exemple, l’auteur assigne un chiffre invraisemblable à la population de la Chine. Des cartes exactes et très-précises, ainsi que des gravures bien exécutées accompagnent l’ouvrage. Il a été traduit par Castéra (1804, 5 vol. in-8).

Voyage de découverte au nord de l’océan Pacifique, par Vancouver (1798, 3vol. in-4o, avec atlas).

Compagnon de Cook dans son deuxième et son troisième voyage, le capitaine Vancouver reçut en 1791 le commandement de la Découverte, navire de 340 tonneaux, que devait seconder le brick Chatham, bâtiment de 135 tonneaux. Il était chargé de résoudre la question fort controversée : s’il existait une mer intérieure ou des canaux de communication entre l’Atlantique et le Pacifique, du 30e au 60e degré de latitude. Partant de Falmouth la 1er avril 1791, les deux navires relâchèrent à Ténériffe et au Cap de Bonne-Espérance, et arrivèrent le 26 septembre en vue de la côte sud de la Nouvelle-Hollande. Par 35° 3’S. et 116° 35’E. de Greenvich, Vancouver découvrit la terre de Chatham, et, après avoir longé la côte sur un parcours de plusieurs milles, il découvrit le port George. Le 2 novembre, l’expédition mouilla à Dusky-Bay, à la Nouvelle-Zélande. Séparés par un coup de vent, les deux navires se retrouvèrent à Taïti, après avoir reconnu les écueils Snares, l’île d’Opero et la petite île Chatham. Quittant Taïti le 24 janvier 1792, Vancouver fit route au nord ; il arrivait à Owyhee, le 1er mars, et à la Nouvelle-Albion le 16. De là, il alla explorer les côtes américaines depuis le cap Meridocino jusqu’au port de Conclusion, par 56° 14’N. et 225° 37’E. ; il sonda et examina tous ces parages. Le 12 septembre 1794, il mouillait à Nootka. Après une relâche à Valparaiso, il doublait le cap Horn, passait à Sainte-Hélène et rentrait en Angleterre le 13 septembre 1795. Vancouver a reconnu et relevé 32 degrés de la côte N.-O. de l’Amérique d’une manière si détaillée et si complète, qu’à cet égard il est au-dessus de tous les navigateurs, sans en excepter le célèbre Cook, son maître. Durant les trois années qu’il a passées sur cette côte extraordinaire pour sa forme et ses découpures, il a eu le temps le plus favorable. Non-seulement il a eu la hardiesse de conduire ses vaisseaux dans des détroits qui ne paraissaient accessibles qu’à de petits navires, mais, ce qui paraît à peine croyable, lorsqu’il ne pouvait plus avancer sur ses gros bâtiments, ses détachements ont fait sans accident, sur des embarcations ouvertes, une route de 8 à 9 lieues, et il a pénétré ainsi jusqu’à la dernière extrémité des innombrables canaux libres ou semés d’écueils qui vont aboutir à l’immense chaîne des montagnes par lesquelles les eaux de l’Océan sont arrêtées. Vancouver a tout découvert et tout déterminé en fait d’hydrographie. Il présente d’ailleurs le tableau des tribus sans nombre qu’il a rencontrées ; il décrit les établissements russes, les postes militaires, les missions fondées par les Espagnols sur la côte de la Californie. Ses cartes et son journal, monuments merveilleux de l’industrie humaine dans un si court espace de temps, ne laissent rien à désirer, ni sous le rapport de la navigation, ni sous ceux du commerce et de la politique, et ce travail embrasse 800 lieues en ligne droite de la côte N.-O. de l’Amérique, dont la majeure partie était absolument inconnue. Vancouver, en outre, a relevé et décrit une longue étendue de la côte S.-O. de la Nouvelle-Hollande, qu’aucun navigateur n’avait longée. Il a complété la reconnaissance des îles Sandwich et recueilli des détails très-intéressants sur les mœurs des habitants. La relation de Vancou-

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ver a été traduite en français en 1799 (3vol. in-4o) et en 1802 (6 vol. in-8o).

Voyages dans l’intérieur de l’Afrique, par Mungo-Park (1799 et 1815, 2 vol. in-4o).

Cet explorateur du continent africain, voulait étendre les connaissances en géographie, étudier des mœurs inconnues, ouvrir enfin de nouveaux débouchés au commerce. Il s’était proposé pour but déterminé de se rendre des bords de la Gambie à ceux du Niger, de reconnaître la source de ce fleuve, de suivre son cours et d’indiquer son embouchure. On croyait alors que le Niger était le père du. Nil. Il s’agissait de traverser toute l’Afrique occidentale jusqu’en Abyssinie, pour suivre le Niger, et de retourner ensuite vers le nord, pour le côtoyer, alors qu’il avait pris le nom de Nil. Le 21 juin 1795, Mungo-Park arrive à l’embouchure de la Gambie ; il remonte le fleuve jusqu’à Pisania, le dernier comptoir anglais. Suivi de deux domestiques nègres, qui parlent différentes langues de ces contrées, et muni d’un bagage modeste, un sextant de poche, une boussole, un thermomètre, deux fusils de chasse, deux paires de pistolets, etc., il part de Pisania le 2 décembre. Prenant sa route à l’est, puis au nord, il reçoit des indigènes un accueil amical, mais intéressé, en sorte qu’il se voit bientôt dépouillé à moitié de ses effets. La guerre ayant éclaté dans le haut pays, le roi de Kaarta dissuade le voyageur d’aller à l’est par le Bambara, pour arriver au Niger. Il se dirige vers Ludamar, pays habité par les Maures, alliés du roi de Bambara. Ali, souverain du pays, lui permet de traverser son royaume. Mandé au camp d’Ali, le voyageur tombe dans le piège que lui a tendu ce chef d’une race perfide. Accablé de mauvais traitements, entièrement dépouillé, laissé sans domestiques, il s’échappe ; on l’arrête de nouveau, enfin on l’abandonne. Il s’éloigne dans l’est, emmenant son cheval, excédé de fatigue comme son maître. La soif les oppresse. Par bonheur, Park fait rencontre de quelques nègres fugitifs, qui acceptent, en payement des provisions vendues par eux, les boutons de cuivre détachés de l’habit du voyageur. Le 20 juillet 1796, Park découvre le Niger, aussi large que la Tamise à Westminster, coulant à l’est avec une majestueuse lenteur. Arrivé à Sego, capitale du Bambara, il reçoit ordre du roi de s’éloigner au plus vite. Ce chef méfiant le gratifie néanmoins d’un sac de cauris (25 francs). Un guide le conduit le long du Niger jusqu’à Sansanding. Il poursuit sa route à l’est, jusqu’à Silla, ville considérable et située à milles de l’embouchure de la Gambie. Malade, à demi nu, les pluies l’arrêtent. Il retourne du côté de l’ouest et retrouve son cheval qu’il avait abandonné. Apprenant que, le roi de Bambara, cédant aux conseils des Maures, a ordonné de l’arrêter, il fait un détour pour éviter Sego ; il revient vers le Niger, traverse un grand nombre de villages et de villes et quitte les bords du fleuve le 23 août, sur les frontières du pays mandingue. Dépouillé de tout, à plus de 500 milles de l’établissement européen le plus proche, Park continue sa route et rentre en possession de son cheval et de ses effets. Le 16 septembre, il atteint la ville de Kamalia, où un marchand d’esclaves lui donne l’hospitalité. La famille de ce traitant lui prodigue les soins les plus utiles, et il échappe à la mort. Le 19 avril 1797, il quitte Kamalia, avec son hôte et une nombreuse caravane d’esclaves, après avoir eu le temps de prendre beaucoup de renseignements sur l’intérieur du pays. Le 12 juin, il rentre au comptoir anglais ; le 17, il part à bord d’un navire américain qui va aux Antilles, et le 2 septembre il est de retour en Angleterre. Dans cette exploration, Park s’était avancé près de 500 lieues vers l’est ; il avait recueilli les notions les plus précieuses sur les sources jusque-là incertaines du Sénégal et de la Gambie, sur la source et le cours tant disputé du Niger, sur la situation et les rapports politiques des Maures et des nègres, le caractère, les mœurs, les coutumes de ces peuples, l’existence de nombre d’Etats divers, celle de villes grandes et populeuses. Park est un observateur judicieux et exact. Son récit intéresse autant qu’il instruit ; on prend part aux anxiétés et aux espérances du voyageur. La deuxième exploration de Park devait avoir un dénoûment moins heureux. Arrivé à Gorée le mars 1805, il part du littoral, ayant pour guide un Mandingue, prêtre et marchand, et accompagné d’une escorte d’Européens. Le avril, il retrouve le Niger, à Bammakou. Il s’arrête là, dans un triste état. Onze Européens seulement sont encore en vie ; les quatre chefs de l’expédition sont malades ; tous les ânes sont morts. Le 21, Park s’embarque sur le Niger, s’arrête à Marrabou et atteint Sansanding, au delà de Sego, le 27. L’officier et les trois derniers soldats survivants, dont un fou, font avec Park une grande barque des planches de deux vieilles pirogues. Park termine son journal le 16 novembre et le remet au marchand mandingue pour le résident du comptoir anglais. En descendant le cours du Niger, il passe dans une gorge resserrée, où des nègres lui ont tendu une embuscade. Ne pouvant échapper à la mort, il se précipite dans le fleuve. D’après une autre version, plus douteuse que la précédente, parce qu’elle a été donnée par

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les gens du pays (royaume de Haoutta), Park se serait mépris sur les intentions des indigènes, qui lui auraient indiqué par leurs cris et leurs gestes l’existence des écueils dont la passe est semée ; voulant se sauver à la nage, il se serait noyé. La relation de ce second voyage n’est que le canevas d’un récit. Les latitudes sont en partie erronées, Park ayant tracé inexactement sa route depuis Pisania. Erreur bizarre : il donne 31 jours au mois d’avril qui n’en a que trente. Les Voyages de cet explorateur du continent africain ont été traduits en français par Castéra.

Voyages en Egypte, en Grèce et en Turquie, par Sonnini (1799, 3 vol. in-8o ; 1801, 2 vol. in-8o, avec atlas).

Avant d’exécuter ces voyages, Sonnini avait traversé toute la Guyane jusqu’au Pérou, et, de plus, il avait fait une expédition sur la côte occidentale d’Afrique. Attaché, sur sa demande, à l’expédition du fameux baron de Tott, il s’embarqua le 26 avril 1777 et trouva à Alexandrie des ordres particuliers de Louis XVI pour voyager en Egypte. Son intention était de traverser l’Afrique entière dans son milieu, depuis le golfe de la Sidra jusqu’au Cap de Bonne-Espérance ; mais le gouvernement n’approuva pas ce projet gigantesque. Dès lors, Sonnini se borna à parcourir l’Egypte.dans tous les sens, en l’étudiant de préférence sous le rapport des productions naturelles. Il visita d’abord les côtes ; l’atterrissage d’Alexandrie, ses monuments, ses ruines, ses citernes, ses catacombes ; le Delta, le jardin de l’Egypte ; Raschid (Rosette), entourée de délicieux vergers ; Aboukir. Puis il alla au Caire et il traça les portraits d’Ali-Bey et de Mourad-Bey, les intrépides adversaires du général Bonaparte. Il fit une excursion dans la Libye, aux lacs de natron. Les Arabes le dépouillèrent de tout, mais finirent par lui rendre son bien ; plus d’une fois, il ne dut son salut qu’à son titre de médecin. Ses courses l’amenèrent dans le Saïd. Il voulut voyager en Nubie, mais son interprète syrien complota sa mort avec le chef de la caravane. Obligé de renoncer au voyage d’Abyssinie et à celui de la mer Rouge, il se rabattit sur Denderah, dont il décrit les temples. Sonnini constate la fertilité du sol d’Egypte. Ce sol, qui produit le blé, le riz, le dattier, cette providence de l’Afrique, peut devenir la pépinière des fruits et des cultures des deux mondes. Sonnini reconnaît l’utilité de l’expédition d’Egypte, où la France aurait pu fonder une colonie d’un immense avenir. Il étudie les animaux, les végétaux, l’air, la terre et l’eau du pays. Il décrit les caractères, les habitations, les mœurs, les maladies de la population. Il nous apprend que le mariage est un acte purement civil, et que la prétendue circoncision des femmes se réduit à l’excision d’une excroissance naturelle, apanage du beau sexe en ce pays. La relation de Sonnini n’a pas l’aridité d’un itinéraire, et elle n’est pas la répétition des autres voyages. Des observations neuves, des développements intéressants, des considérations générales, une manière facile, souvent gracieuse, élégante, adaptée au sujet, en rendent la lecture attrayante et utile. Sonnini a moins bien traité l’histoire naturelle qu’Hasselquist, disciple de Linné. Mais il a bien vu les hommes, les choses, les mœurs ; il joint l’exactitude et la justesse des obserservations à l’exactitude et à la justesse d’expression. Sa relation est un digne et nécessaire supplément à l’ouvrage de Volney. Le deuxième voyage de Sonnini, qui, eut pour théâtre la Grèce et la Turquie, est une suite de courses dans les différentes îles de l’Archipel et dans quelques parties de l’Asie Mineure, de la Macédoine et de la Morée. L’ouvrage commence par un parallèle du Cophte et du Grec moderne, et le Cophte n’a pas l’avantage. Toujours observateur de la nature, Sonnini considère les choses sous leurs rapports scientifiques, et au besoin il les décrit d’une façon agréable. Son âme ardente se peint dans ses écrits. En décrivant les amours de la tourterelle à collier du Sénégal, qu’il retrouve dans l’île de Rhodes, il esquisse un petit tableau plein de fine observation et de tendre sympathie. Ce voyage se termina en octobre 1780. Il existe deux traductions anglaises de ses relations.

Voyages en Afrique, en Egypte et en Syrie, par Browne (1799, in-4o ; trad. franc., 1800, 2 vol. in-8o).

Pendant que Mungo-Park parcourait l’ouest de l’Afrique, Bro\vne, marchant à l’est, s’acquérait des titres non moins sérieux. Débarqué à Alexandrie le 10 janvier 1792, il pénétra jusqu’à l’oasis de Syouah et reconnut les ruines du temple de Jupiter Ammon. Il s’avança vers le sud-ouest, mais dut rebrousser chemin. Après avoir visité Rosette et Damiette, puis les lacs de natron à l’ouest du Nil, il fit un séjour de quelques mois au Caire, afin d’y étudier la langue arabe et les usages orientaux. Le 10 septembre, il s’embarqua sur le Nil pour se rendre en Abyssinie ; mais la guerre que se faisaient les tribus sur les confins de l’Egypte l’arrêta à Assouan. Obligé de redescendre le Nil jusqu’à Kéné, il traversa le désert jusqu’à Cosséir, sur la mer Rouge, en reconnaissant sur sa route les carrières de pierre des anciens Egyptiens. De retour au Caire au mois de décembre, Browne fit une excusion au lac Mœris et aux pyramides, puis au mont Sinaï et à Suez. Le 2 avril 1793, se joignant à la

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caravane du Darfour, il s’embarqua sur le Nil et, à Siout, il prit des chameaux. Arrivé, le 23 juillet, à l’ouadi Masrouk, la première source qui se présente au voyageur dans le Darfour, il reçut du sultan une lettre qui lui prescrivait de se rendre à Cobbé, la capitale. Un homme qui avait accompagné Browne depuis le Caire l’avait secrètement desservi auprès du sultan. Le Darfour était encore un pays inconnu aux Européens. Inquiet de plus en plus et ne pouvant pressentir les dispositions d’esprit du prince africain, Browne entra à Cobbé le 7 août. Retenu comme prisonnier pendant trois ans, dépouillé en partit de ses effets, il n’obtint la permission de quitter le pays qu’en 1796. Pour se distraire dans la demi-captivité qu’il avait à subir, il avait acheté deux lions dans le but de les apprivoiser. Enfin, il reparut au Caire avec la connaissance exacte du Darfour et de plusieurs Etats voisins. Son retour en Angleterre s’opéra par la Palestine, la Syrie, le Liban, le Taurus, Kaisarieh, Angora, Constantinople, Vienne et Hambourg (1798). Browne avait pris l’habitude de penser en arabe et presque perdu l’usage de l’anglais ; aussi sa relation est-elle écrite sans talent littéraire ; la clarté et la concision sont les seules qualités de son style. Observateur judicieux et fidèle, l’auteur a recueilli, sur un pays à peine connu de nom, des matériaux précieux pour la géographie et l’ethnographie. Browne a fait encore d’autres voyages : de 1801 à 1804, il visita Trieste, Athènes, Smyrne, Constantinople, Antioche, Chypre, le Caire, la Maaèdoine, le mont Athos, l’Albanie, les îles Ioniennes, Venise, la Sicile, les îles Lipari ; en 1812 et 1813, il traversa l’Anatolie, l’Arménie jusqu’à Erzeroum et la Perse jusqu’à 40 lieues de Téhéran ; il fut assassiné par des brigands sur les rives du Kizil-Ozoun.

Voyages dans l’Amérique septentrionale, par Alex. Mackensie (Londres, 1801, in-4o ; vol. in-8o).

Agent d’une compagnie qui faisait le trafic des pelleteries, Mackensie avait acquis la connaissance du pays et des habitants de l’extrémité septentrionale de l’Amérique ; pendant huit ans, il avait résidé au fort Chippewyan, situé par 58° 40’de latit. N. et par 110° 30’de longit. O. de Greenwich, sur le lac Athabasca et dans une contrée déserte à l’O. de la baie d’Hudson. Ayant fait adopter le plan d’un voyage de découverte vers les régions voisines de la mer Glaciale, il se mit en route le 3 juin 1789, accompagné de-quatre Canadiens, d’un Allemand, de trois Indiens et de quatre femmes. Toute la troupe, embarquée sur quatre pirogues, se dirigea vers le N.-O. ; elle descendit la rivière de l’Esclave, atteignit le lac du même nom, et rencontra vers l’extrémité occidentale une autre rivière qu’on suivit (29 juin). La descente de ce fleuve ne se fit pas sans périls ni obstacles à surmonter. Maekensie arriva à l’océan Glacial le 15 juillet ; il donna son nom à la rivière découverte par lui ; en avant de l’embouchure est une île, située par 69° de latit. et 135° de longit. Dès le lendemain, il remonta la même rivière, et il ne rentra au fort Chippewyan (le 12 septembre) qu’après cent deux jours d’absence, durant lesquels le mécontentement de sa petite troupe, ou fatiguée ou inquiète, doubla pour lui les difficultés de la route. Se proposant de se frayer un chemin vers l’O., dans la direction de l’océan Pacifique, Mackensie repartit le 10 octobre 1792 du fort Chippewyan, avec deux pirogues chargées de marchandises. Après avoir remonté l’Unjigah ou rivière de la Paix, il hiverna pendant six mois dans un poste situé vers le 56e degré de latit. S’étant rembarqué avec six Canadiens, le 9 mai 1793, il fit avec la plus grande peine et au péril de sa vie la traversée des montagnes Rocheuses ; on dut transporter la pirogue de forêt en forêt et de rocher en rocher. Suivant enfin le cours du Tacoutché-Tessé (rivière qui n’est pas la même que la Colombia, plus méridionale, comme l’a cru Mackensie), il s’arrêta, le 23 juillet, à la côte de l’océan Pacifique, près de la pointe Menzies, par 52° 21’de latit. et 128° 21’de longit. Cette fois encore le retour fut pénible. Mackensie rentra au fort Chippewyan en septembre 1793. Ses découvertes n’ont été utiles qu’à la géographie et au commerce ; l’histoire naturelle lui était étrangère en tant que science. Sa relation manque de méthode et de clarté. Mais il ne donne modestement son voyage que pour le journal de sa route, quelquefois interrompu par l’esquisse d’une scène de la nature ou des mœurs des sauvages. En déclarant, dans la narration de son premier voyage, qu’il n’avait pas pu trouver de passage au N.-O., Mackensie paraît persuadé que ce passage tant de fois cherché n’existe réellement pas. C’est pourquoi, dans son second voyage, il s’est attaché à chercher une communication commerciale entre les deux mers par les fleuves et par les lacs ; la possibilité de cette communication lui paraît aussi démontrée que les grands avantages qu’on en tirerait pour le commerce des pelleteries dans le Canada. Un tableau historique de ce commerce et de ses progrès sert d’introduction à son voyage. L’ouvrage de Mackensie a été traduit en français par Castéra (1802, 3 vol. in-8o).

Voyage de Denon dans la basse et haute