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ZENN

ZENGHV(Emad-3ddyn), prince de Sindjard, pettt-tils’, du préué Jent et gendre de Nour-Kddyn, mort en 1197 Bien qu’il fût la fils aîné de Cothb-Eddyn Maudoud, il se vit dépouillé in royaume de Messoul, à la mort de ce dernier (11S8), par son frèreSeïf-Eddyn Ghazy II, et se vit contraint de se contenter de la principauté de Sindjard. Par la suite, il céda cette principauté L. son frère Azz-Eddyn pour devenir sultan d’Alep ; mais, en 1182, il livra lâchement cette LUe au célèbre Saladin et alla gouverner de nouveau Sindjard. C’était un prince avare ; t sans courage, mais qui aimait à s’entoure.- de savants.

ZENGIÀNl(Azz-Eddyn), grammairieû arabe. V. Zkndjani.

ZÉNIC s. m. (zé-.iik). Alchira. Mercure phi’ iosophal.

— Zooph. Syn. t" : e xbnib.

ZÉNIK s. m. (zénik). Maram. Nom donné ft un mammifère Carnivore, qui paraît être le même que le siu-icute.

ZÉNINiEN, IENNE (zè-ni-ni-ain, iè-ne). Zooph. Syn. de xÈsimm, ibnus.

ZÉNITH s. m. Cé-iiitt — mot corrompu de l’arabe séeint, chemin, route que l’on tient, droit chemin. Pou ? désigner le zénith, les Arabes disent semtubras, c’est-à-dire lieu du sommet. Nous uuiions donc non-seulement corrompu, mais encore tronqué l’expression arabe. L’expression al semt nous a fourni aussi le mot azimut), Astron. Point du ciel situé au-dessus de la tête de l’observateur, dans le prolongement du rayon terrestre mené par ses pieds ; Da-is tous les points compris entre les deux tropiques, le soleil passe deux fois par an au zéni’.'h, (Fr. Pillon.)

— Fig. Point culminant, perfection :

Il semble...

’ Qu’ils ont seuls ici-bas trouvé la pie au nid. Et que des hauts esj rits le leur est le zénith,

RÉOMIBR.

ZÉNITHAL, ALEailj. (zé-ni-tal, a-le — rad. zénith). Astron. Qui appartient au zénith : Point zénithal. La lutitude d’un lieu terrestre est égale à la distance zénithalk de l’équateur céleste. (L. Figuier.}

— Encycl. Pour un point quelconque du globe, le zénith est le point où la verticale du lieu rencontre lu sphère céleste au-dessus de l’horizon ; à proprement parler, c’est le point situé à l’infini sur a normale au sphéroïde terrestre passant sur l’observateur. On a adopté comme système de coordonnées célestes des angles disfinis et rapportés a trois axes qui sont la verticale, ia méridienne et la perpendiculaire au méridien passant par le point considéré, L’un des angles est le dièdre formé avec le méridien par le plan vertical contenant.’astre, l’autre angle est celui que forme aec la verticale le rayon visuel de l’étoile. L angle dièdre est l’azimut ; un le compte de oo k 3600 à partir du raériiien ; l’angle plan ; st la distance zénithale ; on la compte de û«.i 180» sur le demi-grand cercle fictif de la sj-hère céleste.

Les coordonnées zénithales sont très-faciles & mesurer ; la direction de la méridienne ayant été obtenue une fois pour toutes pour ua point fixe cential d’où l’on fait la série des observations, la verticale étant la direction la plus simplement connue, les plans azinmtaux sont parfaitement définis et l’azimut s’en déduit simplement. Le théodolite est l’instrument qui sert à mesurer les coordonnées. Les formules il’Eulerqui permettent de déterminer les coordonnées d un point par rapport à trois axes rectangulaires, connaissant celles qu’il u p r rapport a trois autres axes de même origins, rendent facile la transformation des coordt nuées zénithales ou coordonnées géographie ues ou monographiques.

En géodésie, la recherche de Ta distance zénithale et de l’a.iimut prend un intérêt particulier a cause des corrections délicates qu’il convient ici de faire subir aux mesures et qui n’avaient aucune importance dans les mesures célestes, c’est-à-dire les réductions des coordonnées au sommet du signal.

ZÉNITHlCûLE s. m. (zé-ni-ti-ko-le — de zénith, et du lai. coto, je cherche). Eutom. Genre d’insectes coléoptères, de la famille des malacouermes, tribu des clairones.

ZENKÉRIË s. f. Cain-ké-rî — de Zenlcer, savant uliem.). Bot. Genre d’arbres, de la famille des lègummtuses, tribu des uésalpittiées, dont l’espèce.ype croit au Brésil.

ZENLIE s. in. (zonn-lt — mot indigène). Munira. Nom vulgait e du chacal, au Cap de Bonne-Espérance.

ZENNAR s. m. (ainu-uar). Bande d’étoffe rouge, en coton ou en soie, qui se place entre deux pièces noires, pour former un malayah. ou voila a t’us iga des femmes fellahs de l’Égypte.

ZENNE& (Godefi’i)i), philologue et jurisconsulte allemand, né à Altenbourg en 1659> mort à Leipzig en L7Ï1.11 lit d’abord l’éducation de jeunes seigneurs avec qui il voyagea en Allemagne, lit ensuite auditeur près de quelques régiments de Saxe-Uobourg, devint eu 1700 secrétaire du cabinet et des archives à Anhalt, occjpa lougteinps ce poste, et, après avoir habitu pendant quelque temps la Hollande et le Hanovre, se retira à Leipzig, où il mourut. On a de lui un certain nombre d’écrits dans lesquels on trouve des vues

ZENO

originales et ingénieuses. Nous citerons : Avis pour la science du monde, la géographie et l’histoire ; Lettres interceptées ; Lettres secrètes ; VEurope bouleversée à la mort du roi Guillaume ; la Nouvelle Europe ou l’Ancien monde dans le Nouveau ; Nouvelles mensuelles du monde savant (1692-1697) ; Parnasse du printemps, d’été, d’automne, d’hiver (1693-1696).

ZENNETt (Albert), théologien allemand, né à Cosûitz, mort dans la même ville en 1670, se livra à l’enseignement du droit canon. Ses principaux ouvrages sont : Metàodus impugnandi et propugnandi philosopkiam tkomisticam ; Armamentarium evanuetico-tkomisiieum ; Manuale compendium véritatum, etc.

ZENO (Raniero), doge de Venise, mort en 1268. Il avait été podestat de Fermo lorsqu’il succéda, en 1252, à Marino Morosini. Ce fut pendant son passage au pouvoir que commença, à propos de la possession d’une église à Saint-Jean-d’Acre, vers 1256, une guerre acharnée entre Venise et Gênes, guerre dont le véritable motif était une question de suprématie commerciale. Les Génois s’allièrent avec l’empereur grec Michel Paléologue, firent chasser de Constantinople les Vénitiens qui s’y étaient établis, ravagèrent les comptoirs de la Syrie et détruisirent La Canée. Les Véniliens remportèrent sur les flottes génoises, dans l’Archipel et l’Adriatique, plusieurs victoires chèrementachetées ; l’empereur grec abandonna alors Gênes et signa la paix avec Venise ; mais les Génois n’en continuèrent pas moins une guerre de corsaires. Sur les entrefaites mourut Zeno, qui fut remplacé par le doga Tiepolo, et l’année suivante, en 1269, une trêve bientôt rompue fut signée entre les deux républiques.

ZENO (Charles), grand amiral de Venise, de la famille du précédent, né vers 1334, mort à Venise en 1418. Tout enfant, il reçut du pape une prébende à Patras, puis se rendit à Padoue pour y faire ses études. S’étant lié avec de jeunes libertins, il perdit son argent au jeu, se jeta alors dans la carrière des armes et servit pendant cinq ans divers princes italiens. Zeno passa ensuite en Grèce pour prendre possession da sa prébende de Patras et combattre contre les Turcs. Mais, à la suite d’un duel, il renonça à la carrière ecclésiastique, se maria, passa à Constantinople et s’adonna k des spéculations commerciales. À cette époque, il entra en relations avec l’empereur Jean VI Paléologue, captif à Anemour et lui proposa de tenter de le délivrer, à ta condition qu’il céderait aux Vénitiens l’Ile de Ténédos (1376). Après avoir vainement essayé de rendre la liberté à l’empereur, il prit, cette même année, possession de l’Ile qui lui avait été concédée. En 1377, Andronic, empereur de Constantinople, voulut lui enlever cette possession ; mais Zeno le força à se rembarquer. Sur les entrefaites éclata la guerre de Chiozza entre les Hongrois, les Génois et les Pa-r douaus d’un côté et les Vénitiens de l’autre. Zeno fut alors chargé par le doge de défendre Trévise contre les Hongrois. En 1379, il reçut le commandement de huit galères, après la bataille navale de Pola, croisa dans I les parages de la Sicile, prit ou brûla de nombreux vaisseaux génois, ravagea les côtes de la Ligurie, alla chercher à Béryte un convoi considérable de marchandises, que les Vénitiens n’osaient faire venir en Europe, apprit à Chypre que Venise était bloquée par les Génois et défendue à grand’ peina par l’amiral Pisani, fit force de voiles et sauva la république. La paix ayant été conclue avec Gênes en 1331, Zeno se rendit en Loinbardie sur la demande de Galéas Viscouti, fut nommé gouverneur de Milan, représenta ce prince comme ambassadeur eu France et eu Angleterre et revint au bout de cinq ans à Venise, où il devint avogador du commerce et procurateur de Saint-Marc. Chargé, en UÛ3, de surveiller le maréchal Boucicaut, qui commandait une Hotte française sur les côtes de la Morée, il le rencontra près de Modon et le battit complètement. L’année suivante il passa à l’armée de terre et prit le commandement des troupes envoyées contre François de Carrare, seigneur de Padoue, à qui il enleva sa souveraineté et qui perdit bientôt après la vie. Lors du pillage du palais de ce prince, on trouva sur les registres de sa chancellerie qu’il avait payé 400 ducats à Zeno. La position de Zeno qui était alors le personnage le plus considérable de la république, l’intégrité dont il avait constamment fait preuve auraient dû le mettre à l’abri de tout soupçon. Il n’en fut point ainsi. Dénoncé au conseil des Dix comme s’étant laissé corrompre, vainement il déclara que ces 400 ducats n’étaient que la restitution d’une somme jadis prêtée par lui h François de Carrare lorsqu’il était prisonnier, il fut dépouillé de toutes ses dignités et condamné à deux ans d’emprisonnement (1406). Eu sortant de prison, il se rendit en Palestine, fut appelé en 1410 au secours des Lusignan de Chypre qu’il délivra des Génois, puis retourna à Venise, où il employa à la culture des lettres ses dernières années, tourmentées par toutes sortes d’infirmités, la goutte, la pierre et la cécité. Ce grand ■homme avait quatre-vingt-quatre ans lorsqu’il mourut.

ZENO (Nicolas et Antoine), frères du pré ZENO

cèdent, célèbres par leurs explorations et leurs aventures dans les lies du Nord. Ils étaient nés à Venise entre 1326 et 1340 et moururent, le premier vers 1395, le second après 1405. Le nom de Nicolas apparaît fréquemment dans l’histoire de Venise, de 1365 à 1388. En 1365, il prit une part active à l’élection du doge Cornaro, fut, en 1367, l’un des députés envoyés par le sénat de Venise à Marseille pour ramener le pape à Rome, commanda, en 1379, une galère pendant la guerre de Chio^zia, et, en 1388, fut chargé avec deux autres nobles d’aller recevoir du seigneur de Padoue la cession da la ville de Trévise. Il disparaît ensuite de l’histoire de Venise et le reste de sa vie n’est connu que par un ouvrage, qu’un de ses descendants publia en 155S. D’après cet ouvrage, Nicolas Zeno s’étant embarqué sur un bâtiment qui lui appartenait, dans le but de se rendre en Angleterre et dans les Flandres, fut jeté hors de sa route par une tempête et fit naufrage sur les côtes de l’île de Prisland. Là, il fut recueilli, ainsi que ses compagnons, par un prince nommé Zichmni, seigneur de Portland, au service duquel il entra en qualité de pilote. Au bout de deux ans, ayant été appelé à de hautes dignités en récompense de ses services, il écrivit h son frère Antoine de venir le rejoindre, ce que ce dernier fit aussitôt. Antoine arriva dans l’Ile, selon toute probabilité, vers 1391 et y demeura pendant quatorze ans au service du prince Zichmni. Son frère était mort deux ans après son arrivée. La relation des voyages des frères Zeno, qui, ainsi que nous l’avons dit, ne fut publiée qu’en 1558, mentionne encore, outre les Iles de Prisland et Portland, celles de Grislond, Engroneland, Bress, etc. On a supposé que ces dénominations s’appliquaient à celles que nous appelons aujourd’hui FeroB, le Groenland méridional, le Labrador, Terre-Neuve, etc. Mais les vives discussions auxquelles les géographes se sont livrés à ce sujet n’ont pu rien éclaircir, faute de dates et de désignations suffisantes, et il est même certains auteurs qui regardent les voyages des frères Zeno comme une invention due à l’imagination de leur descendant. Cette opinion est très-plausible.

ZENO (Jacques), littérateur italien, petit-fils de l’amiral Charles, né à Florence en 1417, mort en 1481. Après avoir pris le grade de docteur à Padoue, il revint dans sa ville natale pendant le concile tenu dans cette ville en 1439, entra au service du pape, qui le nomma référendaire apostolique, se signala bientôt comme un des premiers orateurs de son temps et devint successivement vicaire apostolique, évêque de Bellune et de Feltre (1447), enfin évêque de Padoue (1459), où il termina sa vie. On a de lui : De vit a, moribus, rebusque gestis Caroli Zeni, biographie de son aïeul qui fut publiée pour la première fois en italien dans la collection des historiens de Muratori et dont une traduction latine avait été précédemment publiée par Querini (Venise, 1544) ; VittB summorum pontificum, ouvrage dont le manuscrit se trouve à la bibliothèque Arabrosienne et dans lequel les bollandistes ont beaucoup puisé ; enfin des discours, des thèses, des dissertations, qui n’ont point été édités.

ZENO (Caterino), voyageur et diplomate vénitien, petit-fils d’Antoine Zeno, mort vers la fin du xve siècle. Son père, Pierre Zeno, dit il Dragone, était mort à Damas après avoir visité l’Arabie et la Perse. En 1472, Caterino, qui avait épousé Violante Crespo, parente de David Comnène et alliée d’Ouzoun-Haçan-Beg, roi de Perse, fut envoyé par

la république de Venise comme ambassadeur auprès de ce souverain. Il se rendit en conséquence à Tauris, où it reçut d’Ouzoun-Haçan l’accueil le plus flatteur et jouit a la cour de ce prince d’une plus grande liberté qu’aucun des Européens qui l’y avaient précédé. Il en profita pour recueillir des renseifnements intéressants sur les mœurs des

abitants de cette contrée et sur les événements qui s’étaient passées depuis l’avénement d’Ouzôun, puis visita une partie de l’Arabie. Au bout de quelques années, après avoir rempli sa mission, il revint à Venise et y publia la relation de ce qu’il avait vu. Plus tard il retourna en Orient où il mourut, on ne sait en quelle année. Le livre qu’il avait fait paraître sur son voyage en Perse était devenu si rare, un demi-siècle seulement après sa mort, que ni Ramusio ni son neveu Nicolas Zeno ne purent s’en procurer an exemplaire. Ce dernier chercha à combler cette lacune en écrivant une relation des aventures de son oncle d’après les lettres qu’il avait écrites à ses amis pendant son absence. U la publia sous le titre de Dei commentari del viaggio di Persia. di Caterino Zeno (Venise, 1558, in-8<>) et y joignit l’histoire des voyages de Nicolas et d’Antoine Zeno. — Le neveu de Caterino, Nicolas Zeno dont nous venons de parler, né en 1515, mort en 1575, fut renommé de son temps pour’ son éloquence et pour ses connaissances étendues en mathématiques et en cosmographie. On a da lui un traité Dell’ origine di Venezia ed antiquissima memoria de' Barbari. — Un autre Antoine Zeno, parent et contemporain des précédents, fut un des philologues distingués de son temps. Il pu Zeno

blia, entre autres écrits : Commentarius in conctouem Perïclis et Lepidi ex Thucydide et Sallustio (Venise, 1560, in-4o).

ZENO (Pierre-Catherine), écrivain italien, clerc régulier de la congrégation des somasques, né à Venise en 1666, mort dans la même ville en 1732. Il entra dans l’ordre des somasques, reçut la prêtrise, professa la rhétorique et la philosophie et succéda, en 1718, à son frère Apostolo, lorsqu’il se rendit à Vienne, comme rédacteur du Giomale de' Utterati, fondé en 1710. L’ardeur avec laquelle il se mit à ce travail affaiblit sa santé et il dut renoncer, au bout de dix ans, à en poursuivre la publication. Pierre Zeno connaissait à fond le latin et l’italien qu’il écrivait avec autant d’élégance que de facilité. Il devint membre de "Académie des Arcades sous le nom de Caunio Straziano et de l’Académie des Assorditi d’Urbin. C’était un savant aussi laborieux que modeste, qui remplissait ses devoirs religieux avec une extrême ponctualité. Indépendamment du Journal de la littérature, qui comprend îo volumes, on lui doit des remarques anonymes sur les poésies de Jean délia Casa, des remarques en latin sur deux histoires de la vie d’André Morosini ; des traductions de la Logique d’Arnauld, de quelques Sermons de Bourdaloue, etc.

ZENO (Apostolo), poète, littérateur et critique italien, frère du précédent, né a, Venise en 1668, mort dans la même ville en 1750. Orphelin dès son enfance, il fut élevé par les soins de son oncle Zeno, évêque de Capc-d’Istvia, qui le plaça dans un collège de somasques, où il fit de rapides progrès. Dès l’âge de dix-huit ans, il composa de petits poèmes italiens : l’Incendie de Venise, la. Reddition de Modon, la Conquête de Navarin, écrits avec facilité, mais entachés du mauvais goût du temps. Le jeune poôte ne tarda point toutefois à être frappé de ce qu’il y avait de puéril dans les concetti et le clinquant littéraire alors k la mode et résolut, après avoir lu les classiques latins, Dante et Pétrarque^ de faire une guerre acharnée au mauvais goût, de ramener les belles-lettres aux véritables conditions de l’art. C’est dans ce, but que, de concert avec quelques amis, Salvini, feedi, Magliabeccbi, it fouda ’a Venise, en 1691, l’Académie degli Animosi (des courageux), puis entreprit, en 1710, la publication du Giornale dé liiierati dont il fit paraître 20 volumes dans l’espace de huit ans, afin de propager les notions de la saine critique. À cette époque, les libretti d’opéras n’étaient que des bouffonneries sans plan ni style. Zeno entreprit de commencer par là sa réforme. Sa première pièce, Gli lnganni felici, représentée à Venise en 1695, obtint un succès bien fait pour l’encourager, et son Temistocle (1696), que suivit Lucio vero (1700), étendit sa réputation non-seulement en Italie, mais encore en Allemagne. À partir de ce moment, de tous côtés on lui demanda des drames et il dut s’adjoindre comme collaborateur Petro Pariati, qui l’aidait à versifier les sujets dont il avait fait le plan. Mais comme il vivait de sa plume, comme les œuvres littéraires étaient à cette époque d’un très-médiocre revenu, connue ses libretti et son Giornale de littérati ne lui procuraient que de médiocres ressources, il demanda et obtint pour vivre une plaça de prieur dans le vieux lazaret (1711), puis celle de gouverneur de la douane de mer (1716). Ce dernier emploi, prenant trop de temps pour qu’il put se livrera ses goûts littéraires, il s’en démit l’année suivante et sollicita, mais en vain, lesj fonctions de bibliothécaire de Saint-Marc. S’étant vu préférer un homme d’un mérite douteux, Zeno accepta les offres brillantes que lui avait faites, l’empereur Charles VI (1718). Pendant son voyage à Vienne, il fit une chute de voiture, se brisa la jambe et demeura boiteux. Arrivé dans la capitale de l’Autriche, le poète italien y reçut le plus brillant accueil, fut nommé poeta csesareo, historiographe impérial et obtint une pension considérable, qui le mit pour toujours à l’abri du besoin. Pendant les onze années qu’il passa à Vienne, Apostolo Zeno composa dix-neuf pièces sur des sujets profanes et dix-sept sur des sujets sacrés, qui pour la plupart furent mises en musique par Caldora. En 1729, las du grand monde, désireux de repos, le célèbre poëte reprit la route d’Italie et se fixa définitivement, en 1731, à Venise, où il coula des jours tranquilles, partageant son temps entre ses études favorites et ses amis. Il forma une belle bibliothèque qu’il légua aux dominicains dette Zattere, près de Venise. Zeno entretint une correspondance active avec ua grand nombre de savants et de lettrés italiens et étrangers. « Grand connaisseur en fait d’antiquités, dit Noël, bon critique, il joignait aux talentsde l’esprit les qualités du cœur. Sa candeur, sa franchise, son affabilité, la douceur de son commerce lui avaient concilié tous les cœurs, et les anecdotes littéraires dont sa mémoire était ornée rendaient sa conversation aussi piquante qu’instructive. > Zeuo joignit au sentiment de

l’art dramatique et au talent de l’invention une fécondité rare, mais son style se ressent souvent de la rapidité de son travail et les intrigues de ses pièces sont souvent lentes, compliquées et embarrassées. Zeno fut regardé comme le plus grand poëte lyrique de HItalie, jusqu’au jour où Métastase vint ba-