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soit, Zainer alla se fixer à Augsbourg en M68 et fut le premier imprimeur qui s’établit dans cette ville. C’est la qui ; fit paraître Méditation ?* vit s domini nostri Jesu-Christi de saint Uonuveuture (1468, in-fol.) ; la Summa de J. Auerbach (U69) ; Joannis de Balbis de Janua Summa qvs vocatur Catholicon (U69), célèbre ouvrage imprimé avec plus d’élégance que l’édition du même traité donnée par Gutenberg ; la première édition de l’Imitation (U7Û-1472) ; les Etymologiz d’Isidore (147Î) et un assez grand nombre d’autres livres remarquables par la beauté de l’exécution, et dont le dernier est la Summa de San-Concordio (1175). À l’exemple des Italiens, il introduisit en Allemagne, où l’on ne se servait encore que des caractères gothiques, le caractère romain, beaucoup plus élégant. Dans un ouvrage sorti de ses presses, uulden Spiel ou Jeu doré (1472), il est fait pour la première fois mention de l’origine des cartes à jouer qui, d’après l’auteur du livre, furent introduites en Allemagne dès l’an 1300.

ZA1NE11 (Jean), imprimeur allemand, vraisemblablement frère du précédent, mort en 1500. Il alla, en 1473, fonder une imprimerie à Ulm et y publia un grand nombre d’ouvrages qui attestent des progrès remarquables dans les procédés de la typographie. Le premier fut VOpus de ministerio missss d’Albert le Grand (U73) ; puis il imprima.la traduction allemande du De Claris mulieribus de Boccace (1473), édition de luxe, dans laquelle les lettres initiales et les vignettes ne sont pas exécutées à la main après coup, mais obtenues au moyen de la xylographie. Cette innovation de Zainer porta le premier coup à l’art des enlumineurs. Il eut pour nini et pour protecteur un médecin de la ville d’Ulm, Henri Steinhœveî, dont il publia, en 14*3, les ouvrages intirulés : Un rëyime utile, Régime à suivre pendant la marche de la peste et Chronique allemande depuis le commence-w ment du monde jusqu’à l’empereur Frédéric' Ces livres sont au nombre des premiers qui aient été imprimés en langue allemande. Malgré ses nombreuses et importantes entreprises typographiques, Zainer ne réussit pas a faire fortune, et le malheur semble l’avoir poursuivi à partir de 1483. Expulsé d’Ulm, à cause de ses dettos, il y revint plus tard et y étublit une nouvelle imprimerie ; mais il y fut, jusqu’à sa mort, l’objet des poursuites do ses créanciers etdesattuquesdesenvieux.

ZAÏNO s. m. (, <sa-i-no). Mamm. Un des noms du pécari, en Amérique.

ZAÏONCZEK (Joseph), général polonais, né à Kaminiee-PodoUki en 175g, mort à Varsovie en 1826. Dès l’âge de seize ans il entra dans l’apnée polonaise, devint aide de camp de Branicki, sous lequel il combattit contre les confédérés de Bar, fut nommé capitaine de dragons en 1774, colonel en 1786 et alla siéger aux diètes de 1786 et de 1788-1792, où il se fit remarquer par son indépendance et par la justesse de ses vues. Lorsque la guerre éclata entre la Pologne et la Russie, Zaïonczek servit comme général sous les ordres de Kosciusko, se distingua aux batailles de Zielenea et de Dubienka(t792), fut alors promu lieutenant général, dut s’expatrier lorsque le faible Stanislas-Auguste eut conclu avec Catherine une suspension d’armes, mais revint bientôt sonder secrètement les dispositions de ses concitoyens et préparer la nouvelle insurrection qui éclata en mars 1794. Le brigadier "Madalinski ayant levé l’étendard de l’indépendance, toute la Pologne fut en un instant sous les armes. Zaïonczek devint encore une fois un des principaux lieutenants de ’Kosciusko, qui venait d’accourir à Varsovie, organisa des levées dans le palatinat de Chelm, fut nommé président de la commission chargée de frapper les Polonais qui s’étaient vendus k la cour de Saint-Pétersbourg, reçut le commandement général de Varsovie, défendit avec plus d’intrépidité que de talent le faubourg de Praga contre l’attaque vigoureuse de Sou■varow et fut grièvement blessé pendant l’action. Jugeant impossible de résister aux forces supérieures du général russe, i ! proposa de battre en retraite. Le général Iasinski, qui était d’un avis opposé, l’accusa de lâcheté et lui tira un coup de pistolet qui ■ le blessa légèrement. Couvert de blessures, il arriva sur les frontières de la Silésie, mais fut arrêté au moment où il demandait un asile aux généraux autrichiens, conduit à la forteresse de Josephstadt, en Moravie, et ne recouvra la liberté qu’après l’avènement du •czar Paul en 179G. Zaïonczek se rendit alors à Paris, où il demanda au Directoire d’être admis dans l’armée d’Italie. Il y passa, en effet, au commencement de 1797, comme général de brigade, lit la campagne du Tyrol, prit part ensuite à l’expédition d’Égypte, se distingua particulièrement à la bataille d’Héliopolis et reçut le grade de général de division (1801), Dans le conseil de guerre que réunit le général Menou pour y délibérer au sujet de la capitulation de l’année et de l’évacuation de l’Égypte, Zaïonczek se prononça contre ce parti avec Delzons et Desiaing. De retour eu France, il devint un agent aveugle des volontés de Napoléon, commanda au camp de Boulogne une division, avec laquelle il rejoignit l’armée d’Allemagne, assista à la bataille d’Austerlitz, fit ensuite la campagne de Prusse, coopéra, après la création du

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grand-duché de Varsovie (1807), a l’organisation de plusieurs légions polonaises et reçut le commandement d’une des trois divisions qui formèrent l’armée du grand-duché. En 1809, il contribua à repousser les Autrichiens qui, sous les ordres de l’archiduc Ferdinand, envahirent le territoire polonais. Trois ans plus tard, il commanda une division polonaise pendant la campagne de Russie, fut grièvement blessé au passage de la Bérézina, subit l’amputation d’une jambe à Wilna et tomba entre les mains des Russes. Après le traité de Paris, Zuïonczek entra, comme général d’infanterie, dans l’armée polonaise réorganisée et, lorsque l’empereur Alexandre eut érigé en royaume la partie de la Pologne qui était en son pouvoir, lorsqu’il lui eut donné une constitution (1815), il songea à s’attacher le compagnon d’armes de Kosciusko, lui donna le titre de prince et le nomma son lieutenant général en Pologne. À partir de ce moment, Zaïonczek se montra entièrement dévoué aux ordres et aux intérêts de la Russie. « Né allier, hautain, il devint alors courtisan, dit un écrivain polonais ; de républicain qu’il avait été si longtemps, il se fit l’instrument des volontés les plus despotiques. Il alla au-devant de toutes les mesures et sembla craindre de ne pas vivre assez longtemps, de ne pouvoir assez faire pour témoigner sa vive reconnaissance. La liberté de la presse fut anéantie ; des arrestations arbitraires furent exécutées, enfin la guerre fut déclarée a toutes les institutions libérales de la Pologne. » Comblé d’honneurs et de biens par le czar, il se vit pendant les huit dernières années de sa vie méprisé et renié par ses anciens amis et ses compagnons d’armes, qui avaient eu trop fréquemment k se plaindre de sa servile complaisance envers les oppresseurs de sa patrie. On a de lui : Histoire de ta révolution de Pologne par un témoin oculaire (Paris, 1797, in-8°), ouvrage écrit en français.-Son frère, Ignace ZaJonczek, prit une part active aux événements de Pologne en 1792 et 1794 et ne cessa d’être un chaud patriote.

ZAIRAGIAH s. m. (zè-ra-ji-a). Divination que les Arabes pratiquent au moyen de plusieurs roues marquées de lettres, qui leur fournissent par leur rencontre de prétendus indices.

ZAÏRE s. f. (za-i-re — nom de femme). Entom. Genre d’insectes diptères, de la famille des athéricères, tribu des muscides.

Zaïre, tragédie en cinq actes et en vers, de Voltaire (Théâtre-Français, 1732). Cette tragédie est le chef-d’œuvre dramatique de son auteur. « C’est là, dit M. de Barante, que Voltaire a imprimé le caractère de son

—talent tragique. Ce n’est point la perfection des vers de Racine, ni leur mélodieuse douceur ; ce n’est pas ce soin, ce scrupule dans la contexture de l’intrigue, ces gradations infinies du sentiment ; ce n’est pas non plus la haute imagination et la simplicité de Corneille. Et pourtant il est en Voltaire quelque chose qui ne se trouve pas dans les autres, et qu’on y pourrait Iregretter. Il a une certaine chaleur rapide de la passion, un abandon entier, une verve de sentiment qui entraîne et qui émeut, une grâce qui charme et qui subjugue. On voit que des vers tels que les siens ont dùétre produits par l’homme de l’imagination la plus ardente ; si quelque chose peut donner Vidée d’un auteur en proie à tout l’enivrement de la passion et de la poésie, c’est un ouvrage tel que Zaïre. Il est impossible, même en l’examinant avec réflexion, de ne pas être frappé de ce caractère de force, de facilité et de grâce qui distingue ta muse tragique de Voltaire. »

Il y a de l’exagération dans cette appréciation, et Zaïre a bien plus vieilli que Polyeucte et Phèdre, pièces auxquelles Voltaire, qui manquait de modestie, comparait un peu trop imprudemment la sienne. Elle est également bien au-dessous d’Othello, quoique Voltaire ait cru pouvoir rivaliser avec Shakspeare, en lui empruntant, pour l’améliorer selon le goût français, son jaloux énergique et féroce ; Orosmane n’est qu’une pâle contrefaçon du More de Venise. Cette tragédie n’en est pas moins digne d’étude.

Zaïre, tille de Lusignan et captive des Turcs, est sur le point d’épouser Orosmane, prince musulman, lorsqu’elle est reconnue

« par son père et son frère Nèrestan, qui veulent l’arracher à cette union sacrilège. Orosmane surprend Zaïre, pendant la nuit, à un rendez-vous que lui a demandé Nèrestan et il la poignarde, égaré par la jalousie. Lorsqu’il apprend que Nèrestan est le frère de Zaïre, il se poignarde à son tour sur le corps de sa victime. Tel est en quelques lignes le fond de la pièce ; nous allons examiner en détail quels effets dramatiques Voltaire a su tirer de cette donnée romanesque.

Le.poète commence par mettre sous nos yeux un couple heureux, Zaïréet Orosmane, le sultan et sa captive, qui s’aiment et veulent s’unir par le mariage. Un chevalier français, Nèrestan, a promis de venir payer la rançon de Zaïre ; mais depuis deux ans on n’a nulle nouvelle de lui, et Orosmane vient demander sa main à Zaïre ; il ne veut la devoir qu’à l’amour, et Zaïre lui avoue que sou amour est partagé. Les choses ’en sont là lorsqu’on annonce Nèrestan. Il vient racheter les captifs chrétiens. Le sultan les rend sans rançon, mais il garde Lusignan, dont la

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liberté lui porterait ombrage, et Zaïre qu’il

adore :

Elle n’est pas d’un prix qui soit en ta puissance,

dit-il à Nèrestan ; celui-ci se retire, mais Orosmane a remarqué que ses yeux se sont tournés vers Zaïre : Je ne buis point jaloux... ; si je l’étais jamais !...

Ce mot contient le germe de tout le rôle de l’Othello musulman.

Pour remercier Nèrestan de l’intérêt qu’il lui a témoigné, Zaïre implore et obtient d’Orosmane la liberté de Lusignan ; elle va lui annoncer cette heureuse nouvelle, tandis qu’Orosmane est au conseil. C’est au cours de cet entretien que Lusignan reconnaît en elle et en Nèrestan deux enfants qui lui ont été ravis lors du sac de Césarée, une des plus belles reconnaissances qui soient au théâtre.

Après les premiers épanchements de l’amour paternel, le chrétien reparaît dans le pieux Lusignan :

Mon Dieu, qui me la rends, me la rends-tu chrétienne ?

Zaïre rougit, baisse les yeux, pleure ; elle avoue la vérité fatale :

Sous les lois d’Orosmane... Punissez votre fille... Elle était musulmane.

I.USIONAN.

Que la foudre en éclats ne tombe que sur moi ! Ah ! mon fils ! ù ces mots j’eusse expiré sans toi. Mon Dieu, j’ai combattu soixante ans pour ta gloire, J’ai vu tomber ton temple et périr ta mémoire ; Dans un cachot affreux abandonné vingt ans, Mes larmes t’imploraient pour mes tristes enfants ; Et lorsque ma famille est par loi réunie, Quand je trouve une allé, elle est ton ennemie 1

Les pleurs et l’éloquence de son père agissent sur le cœur de Zaïre, qui s’écrie : Ah ! mon père,

Cher auteur de mes jours ! parlez, que dois-je faire ?

LUSIGNAN.

M’oter par un seul mot ma honte et mes ennuis, Dire : Je suis chrétienne.

ZAÏRE.

Oui..., seigneur..., je le suis.

À cette réponse, un ordre du Soudan vient séparer les chrétiens.

L’amour et la religion se disputent le cœur de Zaïre. Nèrestan reparaît pour lui annoncer que, succombant à tant d’émotions, leur père est sur le point d’expirer. Emporterat-il la consolation de savoir sa fille chrétienne ? Zaïre s’étonne et s’afflige qu’on puisse douter de sa fidélité ; mais Nèrestan, qui soupçonne une partie de la vérité, lui fait entendre qu’elle est loin de soupçonner tous les devoirs de sa religion. Toujours franche, l’infortunée demande quel serait son châtiment si elle s’unissait à Orosmane. Son frère se récrie avec indignation :

O ciel ! Que dites-vous ! Ah ! la mort la plus prompte Devrait...

zaIre.

C’en estasses, frappe et préviens ta honte.

NÉBBSTAN.

Qui ? vous ? ma sœur ?

ZAÏRE.

C’est moi que je viens d’accuser, Orosmane m’adore...., et j’allais l’épouser.

KÉttESTAN.

L’épouser ! est-il vrai, ma sœur, est-ce vous-même ? Vous, la 011e des rois !

zaIre.

Frappe, dis-je, je l’aime. Nèrestan s’indigne, mais il ne frappera pas sa sœur :

... Je vais donc apprendre a, Lusignan trahi Qu’un Tartare est le Dieu que sa fil te a choisi ; Dans ce moment affreux, hélas ! ton père expire En demandant à Dieu le salut de Zaïre.

L’innocente Zaïre pleure ses illusions perdues :

... Et ta sœur en ce jour Meurt de son repentir plus que de son amour... Pardonnez-moi, chrétiens ; qui ne l’aurait aimé ?

C’est là le cri du cœur. L’infortunée se laisse arracher la promesse de ne point se lier avant d’avoir consulté un prêtre. Orosmane se présente : Paraissez, tout est prêt.

Tout est prêt : commencez le bonheur de ma vie,

Zaïre lui demande encore quelques heures. Orosmane les accorde ; mais, sur les insinuations de son confident Corasmin, le lago de la pièce, le soupçon se glisse dans son esprit ; son amour et son orgueil blessés l’amènent devant Zaïre pour lui annoncer qu’il va choisir une autre épouse, puisqu’elle ne l’aime pas. Les larmes s’échappent des yeux de la jeune fille au désespoir. Orosmane les voit :

... Zaïre, vous pleurez I

Ce mot abat ce qui reste de résolution dans l’âme de Zaïre, qui, voyant son amant k ses genoux, s’écrie d’un ton déchirant :

Me punisse à jamais ce ciel qui me condamne, Si je regrette rien que la cœur d’Orosmane 1

OI’.OSilANÏ.

Zaïre, vous m’aimea

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ZAlRE.

Dieu 1 »1 je l’aime, hélas !

Et l’amant rassuré consent à laisser Zaïre maîtresse d’elle-même encore une journée» Tandis qu’il triomphe de se savoir aimé, Corasmin lui apporte un billet saisi sur un chrétien qui a voulu s’introduire dans le palais :

... « Chère Zaïre, il est temps de nous voir. Il est vers la mosquée une secrète issue, OU vous pouvez sans bruit et sans être aperçue Tromper vos surveillants et remplir notre espoir. Il faut tout hasarder ; vous connaissez mon zèle : Je vous attends ; je meurs, si vous n’êtes fidèle. ■

OROSMANE.

Cours chez elle a l’instant, va, vole, Corasmin ; Montre lui cet écrit, qu’elle tremble.., et soudain De cent coups de poignard que l’infidèle meure ! Mais uvant de frapper... Ah ! cher ami, demeure ; Demeure, il n’est pas temps... Je veux que ce chrétien Devant elle amené... Non je ne veux plus rien. Je mo meurs, je succombe a l’excès de ma rage.

Le voilà donc connu ce secret plein d’horreur !

Corasmin conseille à son maître de faire tenir le billet à Zaïre, pour voir jusqu’à quel point elle osera pousser la perfidie. Orosmane y consent et soudain Zaïre se présente. Orosmane dissimule et l’interroge adroitement ; jamais Zaïre ne s’est montrée plus tendre ; aussi doute-t-il de nouveau et dit-il à son confident : Corasmin, je l’adore encor plus que jamais.

Et il attend la réponse de Zaïre au billet

de Zaïre disant à sa suivante :

C’est ici le chemin ; viens, soutiens mon courage.

Il va venir.

OSOSMANB.

Ce mot me rend toute ma rage.

Il marcha vers Zaïre, qui, trompée par l’obscurité, croit tendre lesbras à son frère : Est-ce vous, Nèrestan, que j’ai tant attendu ?

Au nom de Nèrestan, Orosmane plonge son poignard dans le sein de sa victime ; la punition est prompte et terrible. À l’instant, on amène Nèrestan enchaîné : » C’est toi qui m’arraches Zaïre, s’écrie Orosmane, que ton supplice commence avec le sien. »

MÈRES TAN. A.b.1 que vols-je ? ahl ma sœur... Barbare ! Qu’as £tu fait 7

À ce mot de sœur, Orosmane connaît son erreur, il comprend le bonheur qu’il a perdu :

.., ...., Sa sœur !...

Zaïre !... elle m’almaitî Est-il bien vrai, Fatîme ? Sa sœur 1... J’étais aimé !...

Ce mot si simple, et après lequel il ne reste plus à Orosmane qu’à se poignarder sur le corps de Zaïre, fait beaucoup d’effet à la scène.

« La beauté unique du caractère d’Orosmane, dit Laharpe, l’art de l’intrigue, la progression de l’intérêt soutenue jusqu’au dernier vers, la réunion de tout ce que la nature et les passions ont de plus puissant pour émouvoir, de tout ce que le malheur extrême peut inspirer de pitié ; le degré d’intérêt proportionnellement ménagé dans tous les personnages, la vérité des sentiments, le charme continuel du style, malgré quelques négligences ; le prodigieux eftet qui résulte de cet ensemble et qui est le même sur tous les ordres de spectateurs, tout me fait voir dans Zaïre l’ouvrage le plus éminemment tragique que l’on ait jamais conçu. Ella fait pleurer le peuple comme les gens instruits, et, quand les ressorts et l’exécution sont admirés des connaisseurs, si l’effet peut aller jusqu’à devenir pour ainsi dire popufaire, c est sans contredit le plus grand triomphe d’un art qui a pour but principal d’émouvoir les hommes rassemblés. »

Zaïre (Zaïra), opéra italien, livret de Romani, musique de Bellini ; représenté à Parme le 10 mai 1829. Le poôme n’était pas heureusement conçu pour la musique. Le compositeur fut inférieur à lui-même, et la partition éprouva un échec complet. Les rôles de Zaïra furent chantés par Lublache, Inchindi, le ténor Trezzini, M™cs Méric-Lalande et Cecconi. Bellini prétendit à cette occasion que le public parmesan était prévenu contre son œuvre : • Un publico ama~ ramente inclinato a sprezsare quell’ opéra. • Quoi qu’il en soit, cet ouvrage ne fut jamais repris.

Zaïro (Zaïra), opéra italien, musique de Mercadante ; représenté k Naples en 1S31. C’est un des meilleurs ouvrages du compositeur. Il a obtenu un beau et durable succès, prolongé encore par l’exécution dans les concerts de plusieurs morceaux excellents. Nous citerons la cavatine pour baryton : Ahl se questo di mia vita ; le duo pour soprano et ténor : Segui, deh l segui, et un autre duo pour soprano et basse : D’immenso amore.

Zaïre, opéra en trois actes, musique du duc de Saxe-Cobourg-Gotha, Ernest II ; représenté sur le théâtre de la cour de Gotha le îlïévrier 1843. Le sujet est emprunté à la

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