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actes, à laquelle Anaïs Aubert, selon Quérard (la France littéraire), aurait apporté une très-active collaboration. Lue au comité par cette actrice, reçue avec empressement, soutenue, vantée, protégée par de hautes influences, par des célébrités littéraires qui en suivaient avec complaisance les répétitions, par Victor Hugo, par Casimir Delavigne, l’École du monde n’obtint pas grâce devant le parterre ; jamais cependant plus brillante assemblée ne s’était réunie pour entendre une œuvre de l’esprit humain. • Voilà donc, s’écriait Th. Gautier dans iu Presse du 14 janvier, la pièce d’un homme du monde I Assurément aucun de nous ne l’aurait faite plus mauvaise ; il est plus aisé d’avoir de beaux chevaux, des équipages splendides, des toilettes somptueuses, d’être un lion qu’un auteur comique. Cela n’est pas donné au meilleur gentilhomme d’être poète quand il veut ; un poëte deviendrait plutôt gentilhomme au besoin... Et puis, s’il faut vous le dire, illustres gentilshommes, lions à tous crins, très-précieux fushionables, il vous manque une chose pour être poètes... Pour être des poètes, il faut avoir beaucoup souffert, et vous n’avez pas souffert. Le mal passe sous vos pieds et ne vous atteint pas ; il n’y a d’autre malheur pour vous que de mourir, de recevoir un coup de fleuret dans la figure ou de faire une comédie en cinq actes et en prose ! > Cet échantillon de la critique de 1840 ne saurait donuer qu’une faible idée des attaques dont fut l’objet cette École du monde, que le grand monde parisien avait proclamée à l’avance On chef-d’œuvre. Le feuilleton de Jules Janin fut très-spirituel, très-méchant et trës-remarqué. Nestor Roqueplan s’écria : « On n’a pas écouté mes avis ; j’avais recommandé k l’auteur d’inonder le second acte de traits d’esprit. « Une polémique ardente, où les horions ne furent pas ménagés, s’éleva pour prouver que la critique et les journaux avaient eu le plus grand tort de méconnaître l’œuvre d’un homme du monde, d’un gentilhomme, lequel était journalis te cependant. Quoi qu’il en Soit, les comédiens en furent pour leurs frais d’étude ; le public s’obstina a ne rien comprendre aux personnages qui s’agitaient et parlaient sur la scène ; il ne voulut pas croire que ce monde qu’on lui représentait était réellement celui qui existe, et l’ouvrage tomba. L’auteur, qui avait gardé l’anonyme, répondit aux sifflets par une préface a sa pièce. Il y ajouta même une dédicace à Victor Hugo, qu’il signa bravement. Attristé, mais non pas découragé par l’insuccès de VÉcole du monde, il voulut aborder le théâtre une seconde fois avec les Dandys. De petites intrigues, auxquelles il n’était pas indifférent, agitaient alors la maison de Molière. La muse comique et la muse tragique, Anaïs et Rachel, se disputaient le cœur du jeune écrivain homme du monde. Scribe, un bon juge, étant consulté sur ces Dandys, proposa de prendre sa part dans la pièce k la condition qu’elle n’aurait que trois actes, qu’elle serait donnée au Gymnase et lUe lui, Scribe, en écrirait le dialogue, • Ainsi aite, dit le jeune comte Walewski, ma comédie ne serait plus mienne, elle serait vôtre. Elle aurait un grand succès, j’en conviens ; mais je n’oserais pas, cette fois moins que jamais, me départir démon incognito. » Plus tard, Scribe, ayant gardé bon souvenir des Dandys, les voulut revoir ; il soumit à Wulewski, tout-puissant personnage alors, un nouveau projet dans lequel il lui laissait une plus grande, part de collaboration ; mais dans l’intervalle étaient survenues les grandes affaires ; le doux loisir des choses littéraires avait gagné le pays des songes. L’auteur des Dandys remit cependant sa pièce à Scribe. On a retrouvé le manuscrit sur la table du célèbre écrivain dramatique, et ce fut Mm° Scribe elle-même qui le renvoya au comte Walewski après la mort de son mari. La même année 1840, Walewski entra dans la carrière diplomatique, où la réussite est plus facile que dans les lettres pour un jeune élégant, ami du luxe et de la richesse. M. 1 niera, devenu président du cabinet du l«r mars, acheta le Messager des Chambres et donna à son rédacteur une mission en Égypte. Il s’agissait de Se rendre auprès du pacha Méhémet - Ali pour conjurer l’effet produit par un grave événement, le traité de Londres. Sous le ministère Guizot, plusieurs autres missions lui furent encore confiées. Il était attaché à la légation de Buenos-Ayres, lorsque la révolution de février 1848 éclata. Après l’élection de Louis-Napoléon à la présidence de la trop confiante République, Walewski vint grossir le nombre de ceux qui étaient décidés per fas et nefas à greffer leur fortune politique sur le rameau impérial. D’anciennes relations avec quelques-uns des intimes de l’Élysée lui valurent d’être enrégimenté parmi les hauts employés sur qui l’on pourrait compter le moment venu. Dès 1849, le prince-président, comme on disait a cette époque, nomma Walewski ministre plénipotentiaire à Florence, puis ambassadeur à Naples, Madrid, et enfin à Londres. Ses relations personnelles avec lord Palmerstou l’avaient fait désigner par Louis-Napoléon pour ce poste important. Il s’agissait de préparer l’Angleterre à reconnaître le gouvernement nouveau aussitôt après le coup d’État, de façon à amener les autres cabinets européens au même acte dil

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plomatique, complicité presque indispensable a un ordre de choses qui veut s’établir par la violence et l’illégalité. Lord Palmerston fut averti amicalement par le comte Walewski des préparatifs faits par le futur empereur pour dissoudre l’Assemblée nationale et proclamer la dictature du président. Tout fut préparé au Foreign Office dans le but de hâter les lenteurs bien connues des chancelleries. Et lorsque le télégraphe apporta a l’ambassadeur la nouvelle de l’attentat du 2 décembre, il en informa sur-le-champ, d’une façon officielle, le chef du cabinet de . Saint-James, qui, sans retard et sans même consulter ses collègues, donna son approbation au coup d’État. Cet acte extraparlamentuire amena une crise ministérielle ; il y avait violation des traditions britanniques ; lord Palmerston perdit son portefeuille, mais il n’en resta pas moins l’ami fidèle du comte Walewski, qu’il a précédé dans la tombe. Cet acte de compérage resta inconnu en France, ce qui a permis plus tard à certains panégyristes de faire honneur au comte Walewski de n’avoir point pris part au coup d’État. Il est vrai qu’étant absent de Puris, loin du lieu d’exécution, il n’a pas, comme les Morny, les Maupas, les Saint-Arnaud, les Canrobert et d’autres personnages dont l’histoire se souviendra pour les flétrir, imprimé à son nom la tache ineffaçable du sang répandu. Il n’a pas contre-signe la trahison, le guetapens, l’état de siège ; il n’a pas décrété la fusillade, la proscription, l’exil. Son parafe n’existe pas au bas de ces ordres froidement impitoyables qui semèrent la ruine, la terreur et la mort, qui glacèrent les veines de la patrie, qui coupèrent, dans le pur élan de sa sève nouvelle, le fier, libre et joyeux esprit national ; qui Jirent de la France de Voltaire la terre du silence, de la peur et du découragement. Grâce à son éloign^ment de Paris au 2 décembre, il apparaît plutôt comme un homme d’État frotté de libéralisme, honnête et loyal dans son bonapartisme naturalisé polonais, incapable au demeurant de tous ces mensonges politiques dont les soutiens du trône nous ont donné de si curieux spécimens. Le mépris et la haine voués à tous les premiers sujets de la douloureuse tragédie de décembre laissent quelque place à la bienveillance pour les comparses, les doublures et les utilités dont les noms ne figurèrent pas sur l’affiche. Mais si l’on doit la vérité aux morts et s’il est vrai que la justice, un instant obscurcie, reprenne tôt ou tard inévitablement ses droits, que pensera l’avenir de ce diplomate qui, soutenu à grands frais par la République, a servi, dans l’ombre des chancelleries, une entreprise ayant pour but de renverser cette même République, à laquelle il avait promis fidélité ? A quel mobile obéissait-il ? Son devoir n’était-il pas de démasquer la trahison, ou tout au moins de se refuser à cette complicité dont il lui faut aujourd’hui rendre compte devant l’histoire ? Cette complicité, ignorée du plus grand nombre, lui fut toujours légère à porter. Il n’eut jamais à se justifier de l’œuvre de décembre, circonstance qui lui permettait une action plus libre, qui lui ouvrait un champ plus large dans la politique.

Nommé au Sénat le 26 avril 1855, le comte Walewski fut, le 7 mai de la même année, appelé k remplacer aux affaires étrangères le ministre Drouin de Lhuys, qui venait da donner sa démission. Il fut, eu cette qualité, chargé de régler toutes nos relations avec les différentes puissances européennes, pendant la dernière période de la guerre d’Orient, présida, comme plénipotentiaire de la France, les conférences du congrès de Paris et signa le traité du 30 avril 1856. Il présida aussi les nombreuses conférences qui eurent lieu de nouveau à Paris, pour régler les détails de l’application du traité en juillet 1858. Au mois de janvier 18C0, il fut remplacé au ministère par M. Thouvenei, entra au conseil privé, et, le 24 novembre suivant, reçut le portefeuille de ministre d’État, avec la direction des beaux-arts. Il a contre-signé, comme ministre d’État, le décret remaniant, dans un sens un peu moins étroit, l’organisation du Corps législatif. Son administration, dans ce nouveau poste, fut signalée par l’élaboration et la présentation de la loi sur la propriété littéraire et artistique. Le 3 mars 1856, il avait été nommé grand-croix de la Légion d’honneur.

En juin 1863, le comte Walewski résigna ses fonctions ministérielles ; en 1865, il quitta le Sénat pour se présenter, comme candidat officiel à la députation dans le département des Landes. Dans la pensée du gouvernement, il devait remplacer M. de Morny à la présidence du Corps législatif. On en répandit le bruit à dessein avant l’élection et il fut nommé. Aussitôt et avant même que ses pouvoirs eussent été vérifiés et validés par la Chambre, un décret l’appela au fauteuil, et il occupa tout de suite le palais de la présidence. Une question de légalité constitutionnelle fut, à ce propos, soulevée par les journaux. La cordialité conciliante qui étiiit le fond de son caractère privé, Walewski l’apporta dans ses nouvelles fonctions ; mais il n’avait pas l’habileté, le savoir-faire, l’audace sans scrupule de son prédécesseur de Morny, ni la bourgeoise médiocrité de son successeur Schneider. La Chambre n’était pas sous sa main ; cela ne pouvait plaire en

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haut lieu et on gourmanda sa longanimité envers les orateurs qui se permettaient de n’être pas les claqueurs du régime impérial. La majorité intrigua sourdement ; un complot s’organisa contre lui. D’ailleurs l’opinion publique lui attribuait l’inspiration des lois sur la presse et sur le droit de réunion, et c’était la un crime que ne pouvaient lui pardonner les muets du sérail de M. Rouher. Fit-on naître l’occasion qui devait le faire succomber ? Lui tendit-on un piège ? On serait tenté de le croire : ■ Les rôles étaient trop bien distribués, a dit un journaliste, pour que la pièce n’eût pas été répétée d’avance. » Un tumulte de discussion provoqué par une imprudence ou une adresse du gouvernement éclata ; le président refusa de rappeler k l’ordre M, Thiers, et la question de cabinet fut posée, dit-on, par le ministre Rouher. Walewski se crut obligé de descendre du fauteuil ; il se retira volontairement, mais blessé dans sa dignité et presque honni par une droite servile et inepte. La gauche entière se leva pour le saluer et l’accompagner jusqu’aux appartements présidentiels, qu’il quittait une heure après. Ceci se passait en 1S67.

Cet échec bouleversa Walewski. Il avait dignement quitté un poste où il n’était pas libre, il ne lui restait plus qu’à aller s’asseoir à son banc de député. Mais il manquait de fermeté ; il se laissa réintégrer au Sénat, et au lieu de jouer ouvertement la partie libérale qu’il s’était déterminé à tenter, il la joua comme conseiller intime. • 11 parait avoir été le seul confident et presque l’inspirateur de la lettre du 19 janvier, dit M. J. Richard ; il est certain qu’il avait hérité de M. de Morny d’une certaine prédilection pour M. Emile Ollivier ; on pense même que certains projets manuscrits, rédigés en 1862 par M. de Morny, étaient arrivés entre ses mains, et que le nom de M. Emile Ollivier y était relaté avec des appréciations favorables. M. Walewski le présenta à l’empereur, qui l’accueillit avec bienveillance. M. Ollivier, non-seulement parce qu’il était M. Ollivier, mais aussi parce qu’il était amené par M. Walewski, ne trouva que morgue et défiance chez les ministres. La fusion, qui eût peut-être réussi, menée par M. de Morny, échoua sous la direction de M. Walewski. ■ La vérité est qu’il n’était pas de ces habiles, de ces retors, de ces statégistes froids et égoïstes qui savent se maintenir n’importe par quel moyen pendant quinze ou vingt ans au pouvoir. Il na guère fait qu’y passer ; mais y a toujours passé avec assez d’k-propos. En septembre 1868, le comte Walewski voyageait en Allemagne avec sa femme et sa fille. S’il faut en croire certaines rumeurs accréditées, il reprenait à toute vapeur le chemin de Paris pour y recevoir de nouveau le portefeuille de3 affaires étrangères lorsque, revenant de Munich, il mourut subitement à Strasbourg, dans l’hôtel où il venait de descendre.

« Dans l’heureux temps où nous vivons, disait à cette époque M. Hervé dans le Journal de Paris, il suffit d’une dose moyenne d’intelligence et de jugement, d’une certaine

habitude des affaires et d’un peu de modération et d’honnêteté, pour mettre un homme fort au-dessus du commun. Ces qualités, M. Walewski les possédait. Il lui manquait, il est vrai, d’autres qualités qui lui auraient été peut-être plus utiles encore dans sa carrière politique. Il n’avait ni cet heureux détachement de toutes les opinions, qui permet de plaider tour à tour le pour et le contre avec une égale chaleur, et de défendre à trois heures, dans la Chambre, les mesures que l’on a combattues à midi dans le cabinet ; ni ce mélange d’étourderie et de pédantisme par lequel on se donne si facilement des airs de réformateur, en se bornant le plus souvent à remplacer : Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour, par : Belle marquise, mourir me font d’amour vos yeux beaux. Aussi n’a-t-il pas fait une de ces fortunes politiques devant lesquelles les badauds restent confondus. » On vanta beaucoup, dans certains journaux, la probité politique et le désintéressement du comte Walewski. On écrivit

qu’il était mort pauvre : Aristides mortuus est paupert et une forte pension fut accordée à sa veuve. Ceux que cette situation si invraisemblable chez un homme d’État du second Empire avait touchés furent bien vite rassurés. L’empereur, pour reconnaître son zèle à le servir, avait l’ait don au comte Walewski d’un domaine considérable dans les environs de Bordeaux, les marais d’Orx. Cette propriété, d’une étendue immense, et valant environ 3 millions, comprenait un magnifique château et trente-deux fermes, qui, lorsque le donataire en prit possession, étaient toutes munies de chevaux, de troupeaux et d’instruments de travail. Ajoutons que les travaux exécutés dans ce domaine l’avaient toujours été aux frais de la cjissette impériale, ou pour mieux dire, uux frais de l’État, avant comme après la donation. Le comte Walewski s’était de plus fait construire un petit hôtel avenue Montaigne à Paris, et il possédait des propriétés d’agrément : une villa k Saint-Germain et un chalet sur les bords du lac de Genève, près d’Evian. On sait d’ailleurs que les anciens ministres de l’Empire, aussi bien ceux qui. sont morts avant la chute du régime impérial que ceux qui ont survécu k la

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puissance de leur maître, sont tous plus ou moins millionnaires. Ce fait ne peut surprendre personne ; car il faut bien que les milliards gaspillés sous l’Empire aient laissé trace quelque part. Le comte Walewski était non-seulement un personnage politique, mais aussi un poëte, comme nous l’avons vu, et si la scandaleuse fortune de la plupart des complices de décembre lui a manqué, Vaarea medioeritas du poëte fut loin de lui faire défaut. Il éfait devenu, en 1867, membre libre de l’Académie des beaux-arts.

WALFERDIN (François-Hippolyte), physicien français, né à Langres (Haute-Marne) en 1795. Il appartenait depuis sa jeunesse à. l’administration des douanes et y occupait un poste élevé lorsque, en 1848, il donna sa démission pour siéger a la Constituante, où l’avait envoyé son département. Il y vota avec les républicains modérés, fit une vivo . opposition k la politique réactionnaire de Louis Bonaparte et ne fut pas réélu à l’Assemblée législative. M. Wafferdin a consacré tous ses loisirs à des recherches scientifiques, dont quelques-unes du reste se rapportaient aux services dont il était chargé. Ami d’Arago et de Babinet, il a pris part à plusieurs da leurs travuux. Il a contribué notamment au succès du forage du puits do Grenelle, dont l’achèvement fut dû en grands partie à la persistance mise par Arago à soutenir la confiance de l’administration municipale. Les recherches de M. Wafferdin se rapportent à la thermométrie, à la météorologie et k la géologie. On lui doit des thermomètres à maxima et minima, un hypsothermomètre destiné à faire "connaître les

hauteurs des montagnes, enfin un hydro-baroinètre servant à indiquer les profondeurs sous-marines. Les principes sur lesquels sont construits ces divers instruments sont trop simples pour que nous ayons à les exposer ici. M. Wafferdin fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1844. Oii lui doit une édition des Œuvres de Diderot.

WALHALLA (le), séjour des héros du Nord morts dans les combats, sorte de champs Élyséens Scandinaves, célèbre dans les Eddas et les Niebelungen, Le Walhalla est un immense palais situé dans les contrées hyperboréennes, où les forêts ont des feuillages d’or, où le marbre, l’agate et le porphyre sa dressent et se profilent d’eux-mêmes en aiguilles et en colonnades. Le fronton est si haut qu’on peut k peine le distinguer ; les portes, au nombre de cinq cent quarante, sont si larges, pour recevoir k la fois les morts des batailles, que huit cents hommes y passent de front. Les salles, pavées de mosaïque, ont pour revêtements de leurs murs de marbre les trophées pris k l’ennemi, des boucliers suspendus par leurs courroies, des faisceaux de lances et d’épées ruisselantes de sang. Là, les héros morts sont reçus par les Walkyries, qui leur versent la cervoise, dans les hanaps ciselés. Odin lui-même préside aux banquets.

Mais les héros ne s’abandonnent pas longtemps aux molles délices ; le Wallutlla n’est pas le paradis de Mahomet, les Walkyries, franches guerrières qui teignent de lueurs sanglantes la crinière de leurs chevaux, n’ont rien de commun avec les houris aux ongles teints de henné. Dès le matin, reprenant leurs belliqueuses habitudes, et pour ne pas laisser s’affaiblir leurs bras, les héros se livrent entre eux d’épouvantables combats, ils se blessent, se meurtrissent et se déchirent, comme s’ils étaient toujours sur terre. Ce n’est là qu’un simulacre ; à midi les morts su relèvent, les blessures se ferment et tous prennent place à table, autour d’Odin, qu’accompagnent toujours ses deux loups familiers, Geri et Ireki. La cervoise alors coule a flots.

Ainsi tous les peuples enfants oit rêvé des paradis mythologiques en rapport avec leurs goûts, leurs mœurs et leur climat. Le sage Grec rêve d’éternels jardins où l’on se promena avec des hommes vertueux, en dissertant de la nature des choses ; le chrétien, de chants mélodieux auxquels se mêlent les voix des anges et des élus ; l’Arabe, de délicieux ombrages habités par des filles voluptueuses ; l’Indien, d’immenses savanes où l’on puisse chasser sans fin le cerf et l’élan ; l’homme du Nord, d’immenses palais de marbre, reflets des glaces et des neiges.de sa froide contrée, où 1 on puisse se donner de grands coups d’êpée et boire de la bière éternellement.

Wulballa (la), panthéon germanique, tem pie dédié aux grands hommes de i’Allema gne, à Donaustauf (Bavière) près de Ratisbonne. C’est le roi Louis I« de Bavière qui a fait construire, sur les plans de L. de Kleuze, élève de Percier, ce temple magnifique, dont la lecture de l’historien Jean da Muller lui avait donné l’idée. Il fut inauguré en grande pompe le 18 octobre 1842 ; la première pierre en avait été posés douze ans auparavant.

Le panthéon germanique est un temple d’ordre dorique, bâti sur le modèle du Pafthénon, ayant huit colonnes cannelées sur ses deux façades et dix-sept sur ses deux côtés. La hauteur de tout le monument est de 66 mètres ; le temple même, en y comprenant la marche de la base, a 77 mètres do longueur, 36 mètres de largeur et 21 mètres de hauteur jusqu’au faîte, dont la toiture est en métal ; ses murailles, percées seulement