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dorre, sénéchal de Rouergue pour le roi de France. Un siècle après, les Anglais étant expulsés définitivement du royaume, Charles Vil vint visiter la cité fidèle (1443). En 1460, une peste terrible la décima. Le fiVau reparut un siècle plus tard, et cette fois exerça de si terribles ravages, que Villefranche fut abandonnée jusqu’en 1561. Les progrès du calvinisme contribuèrent à la repeupler. Les réformés ne tardèrent pas à composer une majorité redoutable, qui voulut imposer ses idées au reste de la population. Le clergé, ayant refusé d’y adhérer, se retrancha dans la grosse tour du clocher et, assiégé, dut entrer en composition. Les calvinistes signalèrent leur victoire par des désordres et des sacrilèges qui, bientôt connus du célèbre Montluc, « le bourreau des huguenots, » l’attirèrent à Villefranche. Il y fit son entrée le 30 mars 1562 et y marqua sa présence par de sanglantes représailles. Trouvant que l’instruction de la procédure contre les cinq chefs calvinistes mis en jugement ne marchait pas assez vite, ’il les lit saisir et pendre aux fenêtres de la maison de ville. Montluc ne quitta Villefranche qu’en y laissant pour gouverneur un homme à lui, nommé Valsergues, qui y commit les plus terribles excès. Valsergues fit périr 26 bourgeois, livra les femmes et les filles des protestants à la brutalité de la soldatesque et arrêta pour longtemps le développement de la Réforme. La population se souvint plus tard des maux qu’elle avait dus aux catholiques, en expulsant en 1591 le sénéchal et les officiers du prôsidial, qui tenaient pour les ligueurs, et en reconnaissant Henri IV. Eu 1628,1a peste reparut plus terrible que jamais et sévit pendant cinq mois entiers. Le fléau mit en lumière l’admirable dévouement des trois proconsuls Alury. Segui et Gardes. Les deux derniers y trouvèrent la mort. L’avocat Delcros, les médecins Laval et Bruyères, le vieux Rivière qui, cloué sur un fauteuil par ses infirmités, se faisait porter à bras dans les maisons pestiférées ; enfin, le lieutenant criminel, Jean de Poinairol, s’illustrèrent dans, la même épidémie par leur conduite héroïque. Quand le fléau eut cesse, on grava l’inscription suivante sur une pierre du mur du couvent de Sainte-Claire : « Ici reposent les corps d’environ huit mille habitants de Villefranche, qui ont péri de la peste en 1628, .de mai jusqu’à la fin de septembre. Leurs restes sont contenus dans l’enceinte de ces murs. » En outre, pour récompenser et immortaliser le dévouement de Poinairol, la

municipalité décida que le portrait du modeste héros serait placé dans la principale salle de l’hôtel de ville et décoré d’un phénix renaissant de ses cendres et d’une inscription qu’on peut lire encore et qui cousacre ce grand souvenir. En 1643, c’est de Villefranche que partit le signal de la révolte des croquants. On sait que le seul crime de ces malheureux était d’avoir osé s’élever contre les tailles et impôts exorbitants qui les écrasaient. Ils se reliraient, après avoir contraint l’intendant de la province à signer le dégrèvement, quand ils furent surpris par les nobles, que commandaient le duc de Noailles et l’évêque de Rodez, accablés et mis en déroute. La révolte finit par des exécutions d’une cruauté inouïe. Avant la Révolution, l’action administrative s’était peu à peu centralisée à Villefranche au préjudice de Rodez. En 1651, les états du

Rouergue s’y réunirent pour la dernière l’ois, et en 1779 nous voyous s’y tenir l’assemblée provinciale, qui s’y fixa définitivement. Cette assemblée ne s’effaça qu’en 1789, devant les états généraux. La Révolution s’accomplit sans désordres à Villefranche, qui fournit a la République de nombreux volontaires. Elle devint alors le chef-lieu d’un arrondissement. Depuis lors, aucun événement digne de remarque n’est venu signaler Bon histoire.

Monuments. Villefranche possède deux édifices d’un grand intérêt historique et archéologique. Ce sont l’église Notre-Dame et

l’ancienne Chartreuse. L’église Notre-Dame, ancienne collégiale de Villefranche et l’un des plus beaux monuments du département, appâtaient au style ogival. Le portail, d’un genre grave et sévère, est remarquable par un beau porche, dont la voûte encadre la porta d’entrée, que surmonte une fenêtre, construction du xvo siècle. Il sert de base à une grosse tour carrée, soutenue par le mur de la façade et par deux hautes piles. Cette tour, iuuchevée, et qui était primitivement destinée à servir de forteresse, offre plusieurs étages de fenêtres et de balustrades fort riches, et les quatre gros contreforts qui la soutiennent peuvent eux-mêmes passer pour des tours. Elle est ornée dans ses quant» angles d’aiguilles et de clochetons qui se font remarquer par la richesse de leurs détails. D’après un plan du xvju siècle, qui est parvenu jusqu’à nous, elle devait encore recevoir un étage octogonal et un dôme. Entre l’abside latérale du nord et la grande abside s’élève une tourelle hexagone, couronnée d’une balustrade et d’une Jlèche. À l’intérieur, les absides à pans coupés sont éclairées par de longues fenêtres. Celle du centre présente deux belles roses latérales, l’une à droite, du xivo siècle, l’autre a. gauche, du xve siècle. De simples et longues colonnes eu faisceau, ramifiées à

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leur sommet, s’élancent en nervures délicates jusqu’à la voûte. La chaire en pierre (xvo siècle), les riches boiseries du chœur, de la même époque, et plusieurs tapisseries du siècle suivant méritent aussi une mention. Cette église, commencée en 1260, ne fut terminée qu’en 1581, par suite du manque de ressources aussi bien que des continuelles querelles religieuses qui occupèrent si longtemps le midi de la France. L’ancienne Chartreuse, située sur la rive gauche de l’Aveyron et aujourd’hui convertie en hospice, a "conservé quelques remarquables bâtiments du xva et du xvi6 siècle, classés récemment au nombre des monuments historiques. L’église, sans bas-côtés, se termine par un chevet à sept pans et possède des boiseries du xve siècle. Le grand cloître forme quatre galeries à nombreuses arcades et à ouvertures simples, séparées par des contre-forts. De belles portes eu accolade, dont quelquesunes subsistent encore, mettaient les cellules en communication aveu les couloirs. Le petit cloître, qui reste le morceau cupital de l’édifice actuel, forme un carré parfait, dont chaque côté est percé de quatre arcades subdivisées par des meneaux. Une des galeries, d’une dimension double de celle des autres, est divisée en deux nefs par de légères colonnes. Telle qu’elle est, la Chartreuse présente toutes les qualités du style ogival de la dernière période, sans aucun de ses défauts. « La Chartreuse, dit M. Guirondet dans un savant Mémoire archéologique, est un de nos plus beaux édifices, soit qu’on la considère comme monument religieux ou comme monument public. La tour s’anime aux regards dé l’antiquaire j tout rappelle les souvenirs du xve siècle ; tout se revêt de ses couleurs : ces cloîtres, soutenus par ces arcades ; ces arceaux do la clef, desquels se détachent tantôt des feuilles d’acanthe, tau tôt des arabesques ; les entrées des cellules, surmontées de pampres et de grappes de raisin d’une extrême délicatesse ; ia colonne du petit cloître, la mosaïque et la chaire du réfectoire découpée en feuillage... ; le portique de l’église, les belles pièces de marqueterie qui embellissent sou enceinte, cette coupole élégante, ces ligues harmonieuses qui se dessinent sous les voûtes sacrées ; enfin ces vitraux-peints qui, malgré la poussière des siècles et les dégradations de toutgenre, conservent encore leur coloris et leur fraîcheur primitive. • La Chartreuse de Villefranche, construite de 1451 à 1458, devint à la Révolution ia propriété de la ville et reçut la destination qu’elle a conservée jusqu’à nous. On remarque encore à l’intérieur du clolire une fontaine ornée de bas-reliefs, une chaire pratiquée dans l’épaisseur du mur et quelques cheminées de marbre sculptées provenant d’une ancienne maison de la ville.

Célébrités. Villefranche a vu naître : D’Audiguier, auteur du Vray et ancien usage des duels, qui vivait vers 1017 ; le maréchal de Belle-Isle, mort en 1761, et de nos jours le médecin Dubruel et le célèbre physiologiste Alibert. Laromiguière, l’illustre professeur de philosophie, est né en 1756 aux environs de la même ville.

VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE, ville de

France (Rhône), ch.-l. d’mrond. et de canton, à 27 kilom. N.-O. de Lyon, sur le Morgon, et à 3 kiloin. de la. rive droite de la ibaôue ; pop. aggl., 11,270 hab. — pop. tôt., 12,170 hab. L’arrondissement comprend 9 cantons, 129 communes et 175,847 hab. Tribunaux de lE« instance et de commerce ; école normale d’instituteurs primaires, école de commerce ; bibliothèque publique. Industrie active ; fabrication de gros tissus de coton, futaines, molletons, couvertures, étoffes, indiennes ; filatures ; tanneries. Commerce de vins du Beaujolais, chanvre, fil, toile, mercerie, bestiaux, céréales. Cette ville, qui s’étend sur les deux penchants d’une colline peu élevée, est bien bâtie. On y remarque quelques beaux édifices, entre autres l’église Notre-Dame-des-Marais, commencée au XIv« siècle et terminée au xvio ; elle se compose d’une nef et de bas-côtés flanqués de chapelles. Eu 1566, un incendie détruisit la flècùede la tour qui surmontait cette église ; il est question de la rétablir. Citons encore l’hôtel de ville et l’Hôtel-Dieu construit en 1666.

On fait remonter la fondation de cette ville jusqu’au milieu du xie siècle, sous flumbert 111, seigneur de Beaujeu. Primitivement, elle porta le nom de Lunna et ne dut sou nom actuel qu’aux franchises qu’elle obtint dans la suite de la part des sires de Beaujeu. Au nombre de ces franchisas, il est curieux de signaler celle qui autorisait les maris à battre leurs femmes jusqu’à effusion de sang, pourvu que la mort ne s’ensuivit pas. Villefranche, sous la protection de ses seigneurs, prit un assez rapide développement, lut entourée de remparts et devint la capitale du Beaujolais ; elle eut même une académie célèbre, fondée en 1695.

V1LLEFROY (Guillaume de), orientaliste, "né à Paris en 1690, mort eu 1777. Après avoir terminé ses études au séminaire de Besançon, où il s’était principalement appliqué à la connaissance des langues sémitiques, il entra dans les ordres et devint secrétaire du duc d’Orléans, fils du Régent, qui lui conféra l’abbaye de Blasiinont. Plein de zèle pour la propagation des idiomes qu’il avait

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approfondis, il onvrit chez lui des cours particuliers et fonda en 1744, dans le couvent de la rue Saint-Honoré, une société connue sons le nom de Capucins hébraisants. Puis il fut, en 1752, nommé professeur d’hébreu au collège de France. On a de lui ; Lettre au rév. P... (Paris, 1735, in-4o) ; Lettres de l’abbé de *** à ses élèves {1750, î vol. in-12). Il a, en outre, fourni des Notices des livres arméniens manuscrits de la Bibliothèque royale à la Bibliotheca bibliothecarwn de Montfaucon ainsi qu’au Compeiidio di memorie concernanti la nazione armena.

VILLEGAGNON ouVILLEGAIGNON (Nicolas

Durand de), amiral français, né à Provins vers l’an 1510, mort h Beauvais, près de NeiJKiurs, en 1571. I) était neveu du fameux Villîers de l’Isle-Adam, grand maître de l’ordre de Malte. Il fit de bonnes études, sans négliger toutefois les exercices du corps, dans lesquels il acquit une force remarquable. Reçu chevalier de Malte en 1521, il alla faire ses premières armes sur les galères de l’ordre, et là il trouva l’occasion do se signaler. À la suite de Charles-Quint, dans l’expédition d’Afrique, il déploya un courage allant jusqu’à !a témérité. Un jour, devant Alger, s’étant séparé de ses frens, il fut blessé pur-un Maure ; mais aussitôt, sélançant sur le cheval de son adversaire, il le saisit au corps et le renversa d’un coup de poignard. Venu à Rome après la guerre pour soigner ses blessures, il mit a profit ces jours de repos pour écrire la relation de la campagne à laquelle il avait participé. Villegagnon fut un des chevaliers qui allèrent nu secours de Marie Smart, dont les États étaient menacés par les’Anglais, et il commandait le bâtiment qui amena cette princesse en France en 1548. Ayant appris par la suite que les Turcs voulaient faire le siège de Malte, il en donna avis au grand maître et défendit avec courage, mais sans succès, le fort de Tripoli. De retour en France, il écrivit la relatiun de ce siège et démontra que la perte de Tripoli incombait à la seule négligence de d’Oinedès, grand maître de l’ordre. Nommé vice-amiral de Bretagne par Henri II, il sollicita, à la suite de dissentiments avec le gouverneur de Brest, l’autorisation d’aller fonder une colonie en Amérique, dans le but de conquérir à la France les établissements coloniaux de l’Espagne dans le nouveau monde. En même temps, il s’assura l’appui de l’amiral de Coligny, auquel il avait communiqué son dessein d ouvrir aux protestants un lieu de refuge contre les persécutions. Il obtint 10,000 livres pour les premiers besoins des colons, 2 navires abondamment pourvus, sur lesquels il embarqua une compagnie d’artillerie, des soldats et de nobles aventuriers, et prit la nier au Havre le 12 juillet 1555 ; mais le temps devint très-mauvais ; le navire monté par Villegagnon subit une grave avarie et il dut aller relâcher à Dieppe, où il fut abandonné par une partie de ses troupes. Cette défection fut une des causes principales de l’insuccès de l’entreprise. Le 10 novembre, il débarqua à l’embouchure du Ganabara (aujourd’hui le rio de Janeiro). Villegagnon songea à s’établir sur un rocher escarpe, formant île au milieu du détroit, à l’embouchure du fleuve ; mais il dut renoncer à ce projet, car le rocher était envahi par’ l’eau à la marée haute. Plus loin, il trouva une île, où il s’établit et qu’il fortifia. Il entra alors en-relations aimcales avec les tribus sauvages du littoral, ennemies des envahisseurs portugais, et écrivit à Coligny

pour lui demander des renforts et quelques bons théologiens de Genève. Cependant, l’Ile manquait d’eau potable, le biscuit était en petite quantité, et il fallait vivre des seuls produits locaux, ce qui causa un vif mécontentement aux émigraiits. > Villegagnon, dit Weiss, avait permis les mariages des Français avec les Indiennes, en défendant, sous des peines sévères, tout commerce illicite. Un mauvais sujet, Normand, qui lui servait d’interprète, refusa positivement d’épouser une Indienne, avec laquellle il cohabitait, et il refusa en même temps de s’en séparer. Villegagnon le menaça ne Jui infliger un châtiment. Celui-ci prit la fuite et forma un complot, dans lequel il eut l’adresse de faire entrer un grand nombre d’Indiens, en les trompant sur les intentions de ses compatriotes. La colonie était menacée des plus grands malheurs, si Villegagnon n’eût déjoué par sa sagesse le plau des conspirateurs. Le calme venait d’être rétabli, lorsque les renforts et les provisionsqu’il avait demandés à Coligny arrivèrent sur 3 navires expédiés aux frais de la courojine (10 mars 1557 ;. Us portaient 290 hommes, 6 enfants destinés à apprendre la langue des naturels et cinq jeunes femmes avec une matrone, qui excitèrent surtout l’admiration des Tupinambas. Bois-le-Comte, neveu de Villegagnon, commandait ces navires, à bord desquels Calvin avait fait embarquer Pierre Ricbier et Guillaume Chartier, ministres protestants, accompagnés de Jean de Léry, à qui l’ou doit une excellente relation de cette expédition, et de plusieurs nobles aventuriers. • Les rivalités d’ambition, les disputes théologiques, les disseriations firent enfin avorter la colonisation, etVillegagnon revinten France. Après de longues et stériles controverses avec Calvin, il représenta en 1568 l’ordre de Malte à la cour de France et, quelque temps après,

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fut emporté par les infirmités qu’il avait contractées dans le cours de sa vie aventureuse. On a de lui : Caroli V imperatoris expeditio in Africam ad Arginam (Paris, 1542, in-8<>) ; Ad articulas Calviniatix de sacramento eucharisties traditionis responsiones (Paris, 1560, in-4o). Enfin, il a laissé quelques écrits de controverse qui ne peuvent plus offrir aucun intérêt et dont on trouve les litres dans les Mémoires de Niceron (xxn, 322-325).»

V1LLEGARDELLE (François), publicisto français, né à Miremout en 1810. D’abord

f(artisan du fouriérisme et collaborateur de a Phalange, organe de cette école socialiste, il ne tarda pas h tomber en désaccord avec les phahmstériens sur la question delà distribution de la propriété, se sépaYa d’eux et devint le défenseur des doctrines communistes. Nous citerons, parmi ses écrits : Besoins des communes (1835, in-8o) ; Accord des intérêts dans l’ussociQtion (1844), où l’auteur expose une théorie analogue à celle qui fut plus tard mise en pratique dans les ateliers nationaux par M. Louis Blanc ; Histoire des idées sociales avaut la dévolution on les Socialistes modernes devancés et dépassés par ( les anciens philosophes (1846) ; Pourquoi n’a- ' vons-nous pas ta république ? (1851), etc. On doit, en outre, à M. Villegardelle une édition du Code de la nature, de Morelli (1840), et. une traduction de la Cité du soleil, de Cumpanella (1840).

V1LLEGAS (Fernand-Ruiz de), poëte espagnol, né à Burgos. Il vivait au xvio siècle et eut pour maître le savant Louis Vives. Sa famille le destinait à l’état ecclésiastique, mais il résigna un bénéfice dont on l’avait déjà pourvu pour épouser une jeune fille qu’il aimait. L’ayant perdue après quelques mois d’une heureuse union, Villegas chercha une diversion à sa douleur dans les travaux littéraires et dans les voyages. Il vint à cette époque à Paris, où il se lia avec Guillaume Budé. De retour dans sa patrie, il y fut nommé gouverneur de Burgos ; mais, à la suite d’une intrigue, il perdit cette charge. À dater de cette époque, il vécut dans une complète obscurité. Au commencement du xvme siècle, Eman Marti, doyen d’Alicunte, trouva une copie de ses œuvres dans la bibliothèque du comte Caselvi, à Alicante, ei, frappé de l’élégance et de la pureté du style de Villegas, il résolut de les publier ; mais les ressources nécessaires lui manquèrent, et ce ne fut que plus de trente ans après qu’André Luma les fit paraître sous ce titre : Ferdinandi Jtttizii Viitegatis Bnrgensis qiw exstant opéra (Venise, 1743, in-4o). Parmi les pièces que ce volume renferme, nous citerons : six Èglognes ; un poème épique, intitulé De nuptiis Philippi et lsabell» ; des Fables, traduites d’Ésope ; deux poBmes didactiques, intitulés l’un Sphmra mundi, et l’autre Cybdelomastix ; des épîtres, des épigramines, des épitaphes, etc. Toutes ces compositions sont remarquables ; les églogues, par leur grâce et leur fialcheur, rappellent celles de Virgile ; les épîtres ne sont pas indignes de figurer auprès de celles d’Horace, et, dans le poème sur le mariage de Philippe, l’auteur s’est véritablement élevé à la hauteur de l’épopée.

VILLEGAS (Esteban-Manuel de), poëte espagnol, DéaNaxera (Vieille-Castiile) en 1595, mort eu 1669. Il fit ses études à Madrid et ?à Salamunque. Son talent poétique fut des plus précoces, et à l’âge de quinze ans il avait déjà traduit en vers espagnols les œuvres d’Anacréon et quelques odes d’Horace. A l’âge de vingt-trois ans, il publia, sous le titre d’Amatorias ou àJEroticas (Naxera, 1617, in-4a), un premier recueil de ses poésies, qu’il avait dédiées au roi Philippe III, Il espérait que cet ouvrage lui ferait obtenir à Madrid, où il s’était rendu, un emploi lucratif ; mais, trompé dans son attente, il dut se contenter de la modeste place /le receveur des rentes dans sa ville natale, où il vécut dès lors obscurément. À sa mort, il laissa un grand

nombre de manuscrits, dont un seul a été publié ; c’est une traduction du Traité de la consolation de Boôce, que l’on trouve dans l’édition des poésies de Villegas, qui a paru en 1774 à Madrid (2 vol. in-8"). Deux satires du même auteur, également inédites, ont été insérées dans le tome IX du Parnasse espagnol. Parmi les écrits de Villegas, c’est sans contredit à sa traduction d’Anacréon que revient le premier rang. Jusqu’à ce jour, la littérature espagnole n’a rien produit en ce genre qui puisse être placé sur la même ligne.

VILLÉGIATURE s. f. (vil-lê-ji-a-tu-reital. villeggiatura, substantif du verbe villeggiare, séjourner à lu campagne ; de villa, maison de campagne. V. ville). Néol. Séjour que l’on fait à la campagne pour s’y récréer : La villégiature est passée dans les mœurs. (Rigault.)


VILLEGOMBLAIN (François Racine, seigneur DE), historien français, né à Blois. Il vivait à la fin du Xvio siècle, suivit la carrière militaire, assista à la bataille de Coutras et fut député pur la noblesse aux états généraux de 1614. Ou a de lui des Mémoires des troubles arrivés en France sous tes régnes des rois Charles IX, Henri 111 et. Henri I V, qui furent publics par sou neveu, Rivuudas de Villegomblain (Paris, 1667-1668, 8 vol. in-12). Ces Mémoires, embrassant une période