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— Hortic. Toise truçoir, Instrument qui permet de tracer en même temps trois, quatre ou cinq lignes parallèles.

— Encycl. La toise était, dans les anciennes mesures, l’unité principale de longueur ; elle se subdivisait en 6 pieds, en 72 pouces, en 864 lignes et en 10,368 points. Les opérations géodésiques ont donné 5,130,740 toises pour la longueur du quart du méridien terrestre, ce qui fait pour la longueur du mètre 04,5130740 ou 443 !,296. Des calculs plus récents ayant donné 5,131,876 toise* pour la longueur du quart du méridien terrestre, il s’ensuit que sa dix - millionième partie,

. Ot,5131276 ou 1431,342, est un peu supérieure au mètre légal, mais seulement de o !,046 ; la lieue terrestre de 25 au degré con . tenait 2,280’,3288S ; la lieue marine de 20 au degré 2,850^,1111 ; la lieue de poste 2,000 toites et le mille 1,000 toises. Pour les mesures de surface, on employait la toise carrée, qui valait 36 pieds carrés ; pour les mesures de volume, on se servait de la toise cube, qui valait 216 pieds cubes. Comparées aux mesures nouvelles, ces mesures anciennes valent : la toise, 1«>,94904 ; la toise carrée, 3mq,7987 ; la toise cube, 7mo,1039,

TOISÉ, ÉB (toi-zé) part, passé du v. Toiser. Mesuré avec la toise : Mur toisé.

— Fig. Terminé, décidé, réglé : C’est une affaire toisée, h Jugé, connu, apprécié à sa juste valeur : C’est un homme toise, h Vieux dans les deux sens.

— s. in. Mesurage à la toise : Votre toisé n’est pas exact. Il Art de mesurer les surfaces et les solides, et d’exprimer leur étendue ou leur volume en parties de certaines unités convenues, il Vieux en ce sens, la toise étant hors d’usage.

— Hist. Edit du toisé, Edit de 1644, qui frappait d’une amende tous les propriétaires de Paris dont les immeubles dépassaient les limites lixées par l’ordonnance de 1548.

TOISER v. a. ou tr. (toi-zé — rad. toise). Mesmer à la toise : Toiser un bâtiment, un terrain, une pièce de bois, des pierres de taiite.

— Mesurer avec la toise la taille de : Toiser un conscrit.

— Fig. Regarder avec attention ou avec dédain, en parlant d’une personne : Quand , ’e le toisai avec ce regard gui pénètre jusqu’à la moelle des os’, je vis qu’il était d’un tempérament lymphatique. (Brill.-Sav.) Elle jeta sur sa rivale un regard rapide et curieux, la toisa des pieds à ta tête, puis se retourna et disparut. (A. de Musset.) Je defle [rien.

Quand j’ai toisé mes gens, qu’on m’en impose en

Gresbet. Il Examiner avec attention, sonder : Son esprit régulier toisait tout ce qui se disait dans ta conversation. (Montesq.) Vous verrez des hommes mal élevés, mal appris, ou incapables de toiser l’avenir. (Balz.)

Se toiser v. pr. Être toisé : Ces travaux se toisent à la toise courante.

— S’examiner mutuellement avec attention ou bravade : Les deux adversaires se toisèrent du regard, en attendant le signal.

TOISEUR s. m. (toi-zeur — rad. toiser). Celui qui toise, dont la profession est de toiser les travaux pour les vérifier : Toisbur en bâtiments. Ils examinent voire maison comme des toiskurs. (Balz.) u Vieux mot ; on dit aujourd’hui MÉTREUR,

TOISON s. f. (toi-zon — du lat. tonsio, action de tondre). Laine d’un animal : Une blanche et épaisse toison. La toison des brebis. La toison d’une vigogne. Heureux qui vit en paix du lait de ses brebis, Et qui de leur toison voit Hier ses habits.

Kacine. ... Pour se couvrir pendant l’âpre saison, U fallut aux brebis dérober leur toison.

BûlLEiU.

— Mythol. gr. Toison d’or. Toison du bélier sur lequel PhryxusetHellé passèrent la mer.

— Hist. Ordre de la Toison d’or, Ordre de chevalerie institué par Philippe le Bon, duc de Bourgogne.

— Blas. F eau de mouton garnie de sa laine, et quelquefois le mouton tout entier : Lordonnet d’Esparron : De gueules, à ta toison d’or, au chef cousu d’azur, chargé de trois étoiles du second émail.

— P. et chauss. V. toisb.

— Techn. Peau pliée en toison, Peau pliée régulièrement, de façon à former un carré peu étendu.

— Alchim. Toison d’or, Matière employée à l’œuvre philosophais.

— Syn. Talion, laine. V. LAINB.

— Encycl. Mythol. La toison d’or, conquise par Jason et les Argonautes, est un des mythes les plus célèbres et les plus poétiques de l’antiquité ; elle constitue a elle seule un cycle dont les épopées ont raconté l’ensemble et la tragédie les épisodes., Jason et Médée sont des héros tragiques incomparables, chantés par tous les poètes, depuis Apollonius de Rhodes, Ovide et Vaterius Flaccus jusqu’à Pierre Corneille et M. Legouvé.

Cette toison, qui a inspiré tant d’alexandrins, était la dépouille du bélier qui, sui TOIS

vant la Fable, transporta Phryxus et Hellé dans la Colehide. Phryxus, fils d’Adamas, un des Eolides, voué à la mort par Ino, sa marâtre, allait être immolé en sacrifice sur le bord de la mer, près d’Orchomène (Béotie), afin de faire cesser une disette, lorsque Néphélé, sa mère, déesse particulièrement aimée de Junon, obtint de le sauver. Ce fut Mercure qui se chargea de ce soin au nioyen d’un bélier merveilleux, dont la toison était toute d’or. Ce bélier était le fruit des amours de Neptune lui-même, transformé en bélier, avec la nymphe Thèophane, métamorphosée en brebis, et Neptune l’avait mis au service de Mercure. Phryxus monta sur cet animal merveilleux avec.sa sœur, qui voulut le suivre dans sa fuite. Le bélier les transporta par mer dans la direction du Pont-Euxin et de la Colehide ; mais, pendant qu’ils traversaient le détroit qui sépare la Thrace de la Troade, Hellé tomba dans le goulfre ; ce détroit s’appela désormais la mer d’Hellé ou Hellespout. Phryxus, accablé par un tel malheur, refusait de continuer son voyage. Le bélier se mit à le consoler et lui fit prendre courage, et finit par le déposer sain et sauf sur le rivage de la Colehide.

En Colehide régnait alors Eétès, fils du Soleil et frère de l’enchanteresse Circé. Eétès reçut Phryxus avec bonté et lui donna sa fille Cfmleiope en mariage. Phryxus sacrifia à Jupiter Phyxien le bélier à la toison d’or et suspendit la toison dans le bois sacré de Mars.

Le désir de posséder cette toison devint si vif parmi les Grecs, que, lorsque Pélias, inquiet de la présence de Jason à Iolcos, voulut l’éloigner et ie perdre s’il était possible par une entreprise lointaine, il ne lui fut pas difficile de déterminer ce jeune prince à partir pour la conquête de ce trésor de la Colehide. Les plus illustres héros de la Grèce se disputèrent l’honneur de participer à cette glorieuse entreprise. V. Argonautes.

La toison d’or était gardée par un dragon féroce ; en outre, Eétès, àqui les Argonautes la demandèrent, se disant envoyés par les dieux, exigea d’eux une épreuve qui semblait impraticable. Vulcain lui avait donné deux taureaux indomptables, aux pieds d’airain, qui soufflaient la flamme de leurs naseaux. Eétès voulut que Jason, pour fournir une preuve de sa divine origine et de la sanction donnée par les dieux à son entreprise, soumit ces animaux au joug, afin de labourer un vaste champ et d y semer des dents de dragon. Quelque périlleuse que fût la condition posée par Eétès, chacun des héros s’offrit pour tenter l’aventure. Idmon, particulièrement, encouragea Jason à entreprendre l’affaire, et les déesses Junon et Vénus le favorisèrent en inspirant à Médée, l’une des filles d’Eétès, un violent amour poulie héros grec. Grâce au secours de Médée, qui avait reçu d’Hécate des pouvoirs magiques, Jason put soumettre les taureaux au joug et laboura le champ. Quand il eut semé les dents du dragon, des hommes armés sortirent des sillons et se mirent à se battre entre eux jusqu’à ce qu’ils se fussent entretués.

Lorsque Jason fut sorti triomphant des épreuves, Eétès ne voulut pas se déclarer satisfait, et ie héros grec dut s’enfuir avec la toison d’or, que Médée enleva en endormant, a l’aide d’une boisson magique, le dragon qui la gardait.

La critique a depuis longtemps, même chez les anciens, récusé le caractère historique de cette légende, k cause des invraisemblances sans nombre qu’onyrencontre. Il est, par exemple, impossible de faire participer a l’expédition la plupart des personnages qui y sont dénommés par la raison qu’ils ne vécurent point à la même époque.

Selon quelques auteurs, le prétendu bélier de Phryxus n’était autre qu un homme du nom de Crios, nom qui en grec signifie bélier. D’autres y virent un vaisseau ayant à la proue une tête de bélier. Il n’y aurait donc eu qu’un rapport imaginaire entre le bélier et la célèbre toison. Diudore de Sicile considérait la toison d’or comme étant simplement la peau d’un mouton que Pliryxus avait immolé ; on gardait cette peau très-soigneusement parce qu’un oracle avait prédit que le roi serait tué par celui qui en deviendrait possesseur. Strabon et Justin pensaient que la fable de la toison d’or était fondée sur l’existence dans la Colehide de torrents roulant sur un sable d’or ; ce sable était ramassé sur des peaux de mouton, ce qui se pratique •encore aujourd’hui en quelques pays ; les toisons employées à cet usage devenaient donc réellement, lorsqu’elles étaient pleines de poudre d’or, des toisons d’or.

Varron et Pline prétendent que cette fable tire son origine des belles filles qu’on trouvait en Colehide, et que des voyages faits anciennement par des marchands grecs qui s’y rendaient pour en acheter avaient donné lieu à la fiction.

Paléphate a imaginé, on ne sait sur quei fondement, que sous l’emblème de la {oison d’or on avait voulu parler d’une belle statue d’or que la mère de Pélops avait fait faire et que Phryxus avait emportée avec lui dans la Colehide. Suidas, le lexicographe, a écrit que cette toison était un livre en parchemin qui contenait le secret de faire de l’or, objet de la cupidité, non-seulement des Grecs, mais de toute la terre, et les alchimistes du

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moyen âge et de la Renaissance n’ont pasmanqué d’adopter cette opinion.

Parmi les modernes, Bochart a proposé une explication très-singulière : Médée, dit-il, que Jason avait promis d’épouser et d’emmener dans la Grèce, aida son amant à voler les trésors de son père, ce qui n’a rien que de très-vulgaire. Cette histoire était écrite longtemps avant l’existence des poëtes grecs qui nous l’ont racontée, mais elle était écrite en plusieurs langues que ces poôtes comprenaient fort mal ou même ne comprenaient pas. Dès lors le récit fut défiguré par nombre d’équivoques. En effet, le phénicien gaza signifie également un trésor et une toison ; sam, qui veut dire une-muraille, signifie aussi un taureau, et on exprime dans cette langue de l’airain, du fer et un dragon par le même mot nachas. C’est par la confusion qui naissait aisément de ces diversités de sens que s’est formée, suivant Bochart, la fable que l’on connaît : au lieu de dire que Jason avait enlevé un trésor que le roi de Colehide tenait dans un lieu bien fermé et qu’il faisait garder soigneusement, on a dit que, pour enlever une toison d’or, il avait fallu dompter des taureaux, tuer un dragon, etc. Bochart interprète dans son système ces expressions de la légende : « Jason vit naître des dents de serpent une armée de soldats armés cinq à cinq, » par la transcription suivante : «lason assembla une armée de soldats armés de piques d’airain prêts k combattre. ■

À côté de cette explication qui, sous une > apparence fantaisiste, approche peut-être de la vérité, nous devons signaler deux sortes d’interprétations d’un caractère plus scientifique auxquelles ont été soumises la plupart des fables de l’antiquité, et notamment celle de la conquête de la toisoti d’or. La première consiste à observer la relation des noms des personnages mis en scène avec les noms des lieux où la scène est placée par la légende. Dans ce système, les héros ne sont inventés que pour personnifier les lieux, et les fables qui les relient ont été imaginées après coup et ne sont que l’application des caractères qu’on prête aux héros.

Ainsi, dans la légende qui nous occupe, on remarque que la Colehide est un pays célèbre dans l’antiquité par les exhalaisons pestilentielles que produisaient ses marécages. Or, les anciens peignaient les contrées malsaines sous les emblèmes de serpents et d’autres animaux venimeux, qu’en effet elles produisent en grand nombre. Ce sont là des circonstances qu’il ne faut pas perdre de vue dans les légendes que la Fable place en Colehide. À l’orient de la Colehide était la Médie et la Perse. Plus près, et vers l’orient septentrional, était la Circassie, arrosée par le Phase, qui se jetait dans le Porit-Euxin. Dans les temps anciens, ce territoire, qui faisait partie de la Colehide, était aussi couvert de marais. À l’embouchure du Phase était une lie nommée /Eu, dont la ville principale n’était pas sans importance. Un peu filus bas et au midi du Phase, se jetait dans e Pont-Euxin le fleuve Absarus ou Absyrtus, dont le cours était très-rapide.

Ces pays, où la Fable fait aborder les Argonautes, furent personnifiés selon l’usage des anciens. La Circassie fut Circé, la ville d’^Ea fut le roi Eétès (jËœtes) ; la Perse, Perséis et Perséus ; la Média, Âlé’lée ; l’Absyrtus, Absyite, frère de Médée ; la Colehide, Colchus ; le Phase fut le roi Phasis ; l’Ile d’^Ea fut jÉa, sa fille. Les qualités physiques de chaque lieu devinrent nécessairement, dans ce langage, les qualités morales des personnages qui les figuraient ; ainsi Médée fut une magicienne, et Circé une empoisonneuse. Enfin, en raison de leur voisinage, ces pays et les fleuves devinrent parents les uns des autres, tour à tour pères, mères, frères ou fils sans aucun ordre de filiation réelle, d’où résulte clairement le caractère allégorique de la légende.

L’autre système d’interprétation consiste t. voir dans les fables antiques des allégories astronomiques ou météorologiques. «Les Argonautes, dit Kubaud de Saint-Étienne, se plaçant au point de vue de l’allégorie astronomique, sont les personnages du firmament qui courent après le bélier jusqu’au temps où il remonte sur l’horizon : le pays où sont le bélier, le serpent, les taureaux, le fleuve, la coupe et le navire, est celui où se trouvent le Serpentaire, le Bouvier, la Vierge, le Centaure, et où soufflent les quatre vents qui font naviguer le vaisseau, et ce pays, c’est le ciel.»

Dupuis fait remarquer que, dans la fable de Jason, ce génie solaire ne venait k bout de conquérir la toison d’or ou le Bélier céleste qu’après avoir triomphé d’un Taureau qui vomissait des feux, c’est-à-dire qu’à l’instant où les étoiles du Bélier céleste se dégageaient des rayons solaires et commençaient à se lever helis-quement vers le jour de l’équinoxe, le soleil étant déjà nécessairement lui-même dans le Taureau.

Cette dernière interprétation est probablement la meilleure ; mais il faut tenir compte aussi des éléments épars dans les autres et de la fantaisie des poëtes, qui, sans se soucier de la première origine, ont emprunté çà et là, tantôt à la mythologie, tantôt à la géographie, des traits caractéristiques. La légende de la toison d’or a du naître d’un mythe solaire emprunté à l’Orient ; ce mythe, accepté par des populations qui ne l’enten TOIS

dirent plus au bout d’un certain nombre d’années, revêtit assez rapidement, selon la tendance du génie grec, un aspect anthropoinorphique ; ces pérégrinations sidérales devinrent des pérégrinations humaines, le but de la recherche supposée se précba, et la toison d’or, placée aux limites du monde, symbolisa en même temps le goût naissant des grands voyages, la terreur qu’inspirait l’Océan aux peuples primitifs et le désir qui toujours pousse l’homme vers l’inconnu. La combinaison de ce thème, essentiellement humain, avec les éléments mythologiques déjà célèbres, donna naissance à la fable telle que nous la connaissons.

Ces mots toison d’or sont devenus dans toutes les langues le synonyme de trésor, de chose précieuse apportée de contrées lointaines et pour la possession de laquelle on a bravé mille dangers, de toute chose enfin d’un prix inestimable :

« Vivre par l’art ou mourir par lui I je n’avais pas d’autre alternative. D’ailleurs, j’aimais le théâtre avec passion. J’ai réussi, c’est vrai ; mais croyez-moi, si vous saviez au prix de quelles luttes et souvent de Quelles douleurs secrètes ! Mais Marie réussira-telle ? je vous le répète encore. Est-ce votre fantaisie ou sa vocation qui la pousse à la poursuite de cette toison d’or, où tant d’Argonautes périssent pour quelques-uns qui arrivent à la conquête ? a

Roger de Beauvoir.

M™e d’Aunet a fait le voyuge du Spitzberg sans aucune arrière-pensée scientifique et sans la moindre espérance de trouver le passage nord-ouest. Elle a entrepris une course plus longue et plus hasardeuse que celle des Argonautes sans avoir la plus petite toison d’or à conquérir. >

Edmond About.

■ Ces forêts renfermaient des toisons qui, pour le marchand perspicace, devaient être, comme celles de la Colehide pour les Argonautes, des toisons d’or. Dès les commencements de notre colonie, le commerce des fourrures fut organisé dans le Canada. ■ Xavier Marmier.

« Pas une de ces frégates dont le conseil d’amirauté traçait l’itinéraire n’est revenue au port sans y ramener sa toison d’or, ses cahiers remplis de curieuses remarques, ses collections d’objets d’art et de productions exotiques enlevées sur toutes les plages d’une lointaine Colehide. »

Xavier Marmier. « Notre honime nous conduisit dans une petite boutique de bric-à-brac ou plutôt dans une échoppe. Le maître de ce taudis était accoutré de telle façon qu’on lui aurait fait l’aumône dans la rue. Il nous examina d’un air qui voulait dire : Si vous n’avez pas la toison d’or dans vos poches, ma marchandise n’est pas pour vous. »

About.

« M. Maxime du Camp aime sincèrement la littérature ; il ne veut pas qu’elle se désiste, s’étiole ou s’avilisse ; il fait un noble appel à la famille littéraire. Grands et petits, jeunes et vieux, il nous invite tous k nous unir, à faire cause commune, à marcher ensemble et sous le même drapeau à la conquête de ces mystérieux trésors de l’avenir, idéale toison d’or qui attend ses Argonautes. ■

A. DB PONTMARTIN.

— Hist. et art herald. L’ordre de la Toison d’or, un des plus célèbres de la chrétienté, fut créé à Bruges, le 10 février 1429, par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, sous l’invocation de la Vierge Marie et de saint André ; mais la galanterie beaucoup plus que la religion semble avoir inspiré ce prince. Diverses versions ont été mises en avant relativement à l’origine de l’institution ; quelques auteurs, prenant au sérieux la devise du prince le plus inconstant «aultre n’avray », devise qu’il prit à l’occasion de son muriage avec Isabelle de Portugal, ont cru qu’il avait voulu symboliser sa propre ténacité en amour, comparable à celle des Argonautes dans leur expédition. Comme il ne fut jamais fidèle, ni à ses femmes ni à ses maîtresses, cette supposition est chimérique. D’autres ont cru qu’il rappelait par cette toison d’or ses gains énormes sur les laines ; cette explication n’est pas mieux fondée. L’anecdote concernant ses vingt-quatre maîtresses le paraît davantage et mérite d’être rapportée. Philippe, dit-on, avait fait des cheveux de ces vingt-quatre belles filles un lacs d’amour au milieu duquel les mèches dorées de l’une d’elles attiraient les regards. Les courtisans se moquèrent de cette nuance trop blonde, et le prince, un peu vexé, assura que. tel qui riait de cette toison la tiendrait bientôt en grand honneur. Cette belle maîtresse aux cheveux d’or se nommait Marie de Rumbrugge. Philippe, par un singulier raffinement, choisit l’époque des fêtes de son mariage avec la princesse de Portugal pour instituer son ordre de cheva-