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proposition fut très-applaudie, et aussitôt Danton, Camille Desmoulins et Fabre d’Églantine furent chargés de rédiger une adresse dans ce sens aux quatre-vingt-trois départements. Néanmoins, le club passa à l’ordre du jour sur la demande faite par l’héroïne d’être admise aux séances avec voix consultative. Peu après, le Châtelet de Paris lança contre elle un décret de prise de corps, à raison du rôle qu’elle avait joué les 5 et 6 octobre 1789. Elle passa dans les Pays-Bas et habita quelque temps Liège. Les émigrés français, alors en grand nombre dans ce pays, lui firent toutes sortes d’avanies et signalèrent sa présence aux autorités autrichiennes. Arrêtée dans les premiers jours de 1791, sous la fausse accusation d’avoir voulu attenter à la vie de Marie-Antoinette, elle fut emprisonnée dans la forteresse de Kuffstein (Tyrol), puis conduite à Vienne. L’empereur Léopold voulut voir la célèbre agitatrice et, à la suite d’un entretien qu’il eut avec elle, il lui fit rendre la liberté. Théroigne de Méricourt revint à Paris en 1792 avec l’intention d’y publier des mémoires sur les persécutions dont elle venait d’être victime. En attendant, elle alla, le 1er février, en faire le récit sommaire aux. Jacobins. « Vous venez d’entendre, dit Manuel, une des premières amazones de la liberté, je demande que, présidente de son sexe, assise aujourd’hui à côté de notre président, elle jouisse des honneurs de la séance. » La société n’admit pas cette proposition. En ce moment, sa popularité atteignit son apogée. Au mois d’avril, elle prit, avec Louis David, l’initiative de la fête qui fut donnée aux Suisses du régiment de Châteauvieux. Le 20 mai suivant, elle se mit à la tête d’une des armées des faubourgs qui marchèrent sur les Tuileries ; elle prit également part à la journée du 10 août. Ce jour-là, on lui montra Suleau qui venait d’être arrêté avec une troupe de royalistes. Ce journaliste, dans les Actes des apôtres, l’avait criblée de sarcasmes et traitée comme une prostituée. Il avait, en outre, dans le Tocsin des rois, aidé a la ruine de la révolution de Liège. À sa vue, Théroigno de Méricourt ne put contenir sa colère. Elle se précipita sur lui, le saisit au collet, et bientôt après la foule se ruait sur Suleau, qui fut tué à coups de sabre. On a prétendu, mais à tort, que la belle Liégeoise avait pris part aux massacres de septembre. Non-seulement elle y resta étrangère, mais encore, à partir de ce moment, elle abandonna le parti avancé pour prendre le parti des girondins. Le 31 mai 1793, elle prit la défense de Brissot dans les groupes formés autour de la Convention. Peu d’instants après, elle se promenait sur la terrasse des Feuillants, dans le jardin des Tuileries, lorsque des femmes du peuple, attachées au parti de la Montagne, l’entourèrent, lui levèrent les jupes et la fouettèrent publiquement. Théroigne poussa des cris, des hurlements de désespoir. Lorsqu’on la lâcha, elle était folle. On la conduisit dans une maison de santé du faubourg Saint-Marceau, puis à la Salpêtrière (1800) ; quelques mois plus tard, on la transféra aux Petites-Maisons ; enfin, en 1801, on l’envoya de nouveau à la Salpêtrière, où elle termina sa vie après avoir recouvré la raison. Le médecin Esquirol, qui la traita et qui fit mettre le portrait de Théroigne dans son livre des Maladies mentales, rapporte qu’elle était en proie à une manie aiguë. Longtemps folle furieuse, elle hurlait comme au premier jour, et en plein hiver, nue, il lui arrivait de répandre sur elle un seau d’eau glacée sans s’en apercevoir.


THÉRON, tyran d’Agrigente, né en Béotie, mort vers 470 avant notre ère. Il était gendre de Gélon, et Pindare a célébré ses succès aux jeux Olympiques, où il fut proclamé plusieurs fois vainqueur,


THÉROSAURE s. m. (té-ro-sô-re — du gr. thêr, bête sauvage ; sauros, lézard). Erpét. Syu. d’iGUANODON, genre de reptiles sauriens.


THÉROUANNE (Taruenna), village de France (Pas-de-Calais), cant. d’Aire, arrond. et k 12 kilom. de Saint-Omer, sur la Lys ; «35 hab. C’était autrefois une ville florissante. Son fondateur, le préteur Licinius Tarvanus ou Tarvanicus, lui donna son nom k l’époque de la conquête romaine et en fit la capitale de la Moriuie. Elle était entourée d’une enceinte flanquée de grosses tours ; six grandes voies y aboutissaient. Thérouanne fut, sous Néron, le centre d’une révolte de la Belgique, révolte qui fut bientôt réprimée. Le premier évoque de Thérouanne, Antimon, éleva sur les ruines du temple renversé du dieu Mars la cathédrale de Saint-Martin. Childéric fit de Thérouanne son séjour de prédilection. Les Huns et les Normands vinrent tour à tour dévaster Thérouanne dans le cours du ixe siècle. En 936, Arnoult le Grand, comte de Flandre, rétablit son enceinte et la réunit k son domaine ; mais elle ne fut complètement restaurée que vers 998 par Robert 1", roi de France. Elle ne tarda pas à reprendre son importance ; car, au Xir» siècle, lorsque saint Bernard, la visita, elle s’étendait sur les deux rives de la Lys. Les réparations et l’agrandissement de la cathédrale datent aussi de cette époque, En 1303, les Flamands, vainqueurs à Ûourtray, investirent Thérouanne, y pénétrèrent, après un assaut de douze heures, et y mirent tout k feu et k sang. En 1339, Robert d’Artois essaya, mais en vain, de s’en faire

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reconnaître seigneur. Après la bataille de. Crécy, les Anglais s’emparèrent de la ville, I puis la rendirent aux Flamands. L’évêque de Thérouanne, Louis de Luxembourg, s’attacha définitivement, lors de la défaite d’Azincourt, au parti anglo-bourguignon, et l’on voit le nom de ce prélat figurer parmi ceux des juges qui condamnèrent Jeanne Darc. En 1-479, Thérouanne fut assiégée par l’archiduc Maximilien, mais l’archiduc ne parvint k y entrer que sept ans plus tard, et encore en fut-il bientôt chassé. La grande ligue conclue entre le pape, l’Empereur et les rois d’Angleterre et d’Aragon contre la France fit revenir les mauvais jours. Les Anglais vinrent de nouveau, en 1513, assiéger Thérouanne ; Maximilien accourut à leur aide et la diversion essayée par les troupes françaises du côté de Guinegatte n’aboutit qu’k la captivité de Bayard et du duc de Longueville. Maîtres de la ville, les Anglais en comblèrent les fossés et en renversèrent les murailles. François Ier les releva et fit de Thérouanne Sa principale forteresse contre les Pays-Bas. Surprise par les Impériaux en 1553, Thérouanne se trouvait dépourvue de presque toute ressource. Défendus par François de Montmorency et par d’Essé, les assiégés, dit un vieil historien (André Duchesne), « y soutinrent k trois reprises un des plus rudes assauts qu’il est possible, où de part et d’autre il y eut grande perte. Du costé des Français y furent tuez les sieurs d’Essé, de Vienne, de Beaudisné, de La Roche Posé, de Blandy, et le capitaine Ferrières, avec plusieurs gentilshommes et soldats. Depuis, les assiégeants firent tant de grands efforts k miner et k saper, tant qu’enfin par une sape promptement faite ils comblèrent le fossé. Ce que voyant, le sieur de Montmorency, par advis de tous les capitaines, demanda composition ; mais tandis qu’on parlementoit, les Allemands et les Bourguignons entrèrent par divers endroits et se prindrent k tuer tout ce qu’ils rencontrèrent. Les Espagnols, amis d argent, garantirent plusieurs gentilshommes et soldats françois. Le sieur d’Ouarti, pour sauver la vie au sieur de Montmorency, son général, fut griefvement blessé, dont il mourut tost après. Les nouvelles de cette prinse resjouyrent fort l’Empereur, lequel fit raser Thérouanne jusques aux fondements. » Le traité de Cateau-Cambrésis rendit Thérouanne à la France, mais la ville anéantie par Charles-Quint ne se releva jamais. Les villes voisines se disputèrent les dépouilles de Thérouanne. Son horloge échut à Cussel, le grand portail de la basilique à Saint-Omer, etc. Rebâtie en partie après le traité de Cateau-Cambrésis, Thérouanne fut ravagée par les Français en 1628. Un siècle plus tard, la plupart de ses maisons furent renversées par une tempête et un incendie la détruisit complètement en 1799. Relevée encore une fois, Thérouanne était en 1801 l’un des chefs-lieux de canton da l’arrondissement de Saint-Omer. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un chétif village, triste exemple des désastres qui peuvent accabler une ville dans le cours de quelques siècles. « L’archéologue, dit l’auteur de la France monumentale, ne doit point parcourir ces lieux désolés avec l’espoir dy rencontrer quelques restes de monument qui puissent lui rappeler la riche et puissante Thérouanne. En s’élevant sur un monticule qui formait jadis un calvaire, il verra seulement une enceinte parallélogrammatique bordée de larges et profonds fossés jonchés de ruines. Au lieu de six voies romaines qui aboutissaient k la cathédrale des marins, il n’apercevra plus qu’une étroite chaussée au pied de la butte, et formant le seul vestige restant des travaux romains. Il semble que la malédiction haineuse que Charles-Quint a jetée sur la pauvre et fidèle Thérouanne en faisant semer ^u sel sur son emplacement se soit étendue jusque sur l’esprit des habitants de la triste bourgade k laquelle on a donné son nom ; car le souvenir de l’antiquité glorieuse et de la splendeur de la ville détruite parait effacé de leur mémoire, comme la ville a été effacée de dessus la terre. •


THÉROULDE, nom de l’auteur présumé de la Chanson de Roland. Sur quoi s’est-on appuyé pour émettre cette proposition que Théroulde était celui qui avait imaginé notre grande épopée nationale ? Sur un seul vers souligné par M. Génin, dans son édition :

Ci fait la geste que Turoldus décline. Mais d’abord que signifia le mot décliner ? Selon toute apparence, il est pris dans le sens de notre mot, français achever. Seulement, même en admettant cette supposition, l’incertitude ne diminue pas. Théroulde achèvet-il de « trouver» son poème, ou achève-t-il de le chanter ? Les deux sens sont parfaitement valables ; nul ne peut nous répondre là-dessus. Le plus grand nombre des épopées carloviugiennes sont des ouvrages anonymes et, si Ton peut k l’aide de certaines indications déterminer leur date, on ne peut guère, k moins de renseignements très-sûrs, préciser les noms de leurs auteurs. La question de savoir si Homère a jamais existé est encore débattue ; k plus forte raison peut-on avoir quelques doutes sur le génie de Théroulde, que personne ne connaissait avant M. Génin. Nous n’avons d’ailleurs aucun document sur ce poëte, dont le nom même est peut-être purement imaginaire.

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THERRIN (André-Charles), littérateur, né k Paris en 1746, mort dans la même ville en 1815. Il professa les humanités au collège de Nancy de 1768 à 1776, se fixa dans cette ville et y nt paraître, de 1778 k 1787, le Journal littéraire (24 vol.), feuille périodique dans laquelle il publia un grand nombre d’articles. À l’époque de la Révolution, il fit partie de la rédaction des Actes des apôtres, journal qui défendait les idées royalistes avec beaucoup de verve et d’esprit. Craignant d’être accusé d’incivisme, il accepta la place de secrétaire greffier du district. Il n’eu fut pas moins porté sur la liste des suspects, se réfugia dans un village près de Paris, et obtint, après la chute de Robespierre, par l’intermédiaire de son ami Coste, l’emploi de

fscrétaire de l’inspection générale du service e santé, qu’il garda jusqu’k sa mort,

THEHSANDRE, fils de Polynice et d’Argie. Il devint roi de Thèbes et.épousa la fille d’Araphiaraus Démonax, dont il eut un fils appelé Tisamène. Lors du siège de Troie, il marcha contre cette ville avec des Thébains, se signala par sa valeur, fit partie des guerriers qui se cachèrent dans le cheval de bois et fut tué par Télèphe en Mysie. Les Grecs lui élevèrent un monument k Elée, sur le bord du Calque. Son fils Tisamène lui succéda.

THERSITE, le plus lâche et le plus vil des guerriers du siège de Troie, suivant Homère. L’auteur de l’Iliade trace ainsi son portrait dans le lie chant de ce poème : < Bavard sans mesure, c’était un homme k débiter toutes sortes d’injures, déblatérant contre les rois k l’étourdie et sans vergogne, uniquement soucieux de faire rire les Grecs ; d’ailleurs le plus laid de ceux qui étaient venus devant Troie. Il était boiteux, il avait les épaules voûtées et ramassées sur la poitrine, la tête pointue au sommet, et sur laquelle voltigeaient quelques rares cheveux. » On a reproché k Homère ce hideux portrait, en disant qu’il ne l’eût pas traité si mal s’il eût tenu le sceptre, et que sa colère ne dégradait ainsi que les faibles. On a pensé aussi que ce personnage était un portrait contemporain et que le poëte exerçait une vengeance. Quoi qu’il en soit, cet homme aussi vil qu’audacieux, « qui outrageait les rois afin d’exciter le rire de la multitude, » adresse k Agamemnon des reproches aussi justes que piquants. Achille le tua d’un coup de poing pour le punir de ses sarcasmes au sujet des larmes que versait le héros après la mort de l’amazone Penthésilée. Son nom est employé, par antonomase, pour personnifier l’insolence et surtout la lâcheté. En voici quelques exemples :

« L’ancienne civilité voulait qu’on se servit du mouchoir k la dérobée, sans bruit, avec uno adroite dissimulation. Que ce soit plus ou moins toilette, il serait convenable de ne pas arborer le mouchoir inutilement. On n’élude pas ce précepte en ornant le mouchoir de dentelles et de broderies. Un pot de nuit en porcelaine de Saxe n’en est pas moins un pot de nuit. Tiiersité se fût affublé du manteau d’Agamemnon qu’il n’en eût pas moins été Thersité. »

Alph. Kai : r.

« L’esprit du dévouement le plus complet, du sacrifice le plus absolu, se saisit k certains moments de toute une armée. Alors la vie militaire présente la plus haute expression de la noblesse de l’homme comme de sa force. Le "sentiment du sacrifice grandissant tous ceux qui le portent en eux, tel qui, hors de lk, serait pris pour un Thersité, devient alors le pareil d Achille. »

Michel Chevalier.

« Ce qui est certain, c’est que tu n’étais pas (Hébert) avec nous en 1789 dans le cheval de bois ; c’est qu’on ne t’a point vu parmi les guerriers des premières campagnes de la Révolution ; c’est que, comme les goujats, tu ne t’es fait remarquer qu’après la victoire, où tu t’es signalé en dénigrant les vainqueurs, comme Thersité, en emportant la plus forte part du butin et en faisant chauffer ta cuisine et tes fourneaux de calomnies avec les 120,000 francs et la braise de Bouchotte. » Camille Desmoulins.

Et puis j’aurais fouetté d’ardentes philippiquoa Les Thersités fuyardB de nos combats épiques ; Spectateurs nonchalants qui, de leur balcon d’or, Applaudissaient Paris comme un toréador ; Qui, le drame achevé, tombèrent de leur loge Pour s’inscrire vivants sur un martyrologe, S’enivrer au banquet dressé pour les vainqueurs. Et rougir de cordons leurs poitrines sans cœurs. HÉa, Moreau.

THEBSO, bourg et paroisse d’Écosse (Caithness), au fond d’une baie, k l’embouchure de la rivière du même nom, où se trouve l’un des ports les meilleurs et les plus fréquentés de la Grande-Bretagne, k 36 kilom. N.-O. de "Wick ; 5,00.0 hab. Ella est irrégulièrement bâtie, mais possède quelques

belles maisons et une jolie église. On y remarque en outre un vieux château, la tour d’Harold et les ruines de l’ancien château des évêques de Caithness. « La baie semicirculaire au fond de laquelle elle est bâtie

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et qui porte son nom, comme la rivière qui s’y jette, est bornée, dit M. A. Esquiros, k l’O. par Holburn Head et le rocher détaché du Clett, et au N.-E. par Dunnet Head. Entre ce promontoire, de plus de 100 mètres de hauteur, et par-dessus lequel jaillit l’écume des vagues pendant les gros temps, on aperçoit les rochers deHoy et les autres Orcades. C’est sur le promontoire de Holburn que nous conseillons d’aller contempler l’Océan pendant une tempête, si l’on aime les grands spectacles de la nature. »

THÉRY (Augustin-François), administrateur et littérateur, né k Paris en 1796. Lorsqu’il eut achevé ses études k Versailles, il entra, le premier, k l’École normale supérieure (1816), se fit ensuite recevoir docteur es lettres, licencié en droit, puis fut successivement, au collège de Versailles, professeur de seconde, de rhétorique, censeur des études (1826) et proviseur (1831). En 1844, M. Théry devint recteur k Montpellier, qu’il quitta pour aller remplir les mêmes fonctions k Rennes, à Caen et à Clermont. Mis k la retraite en 1868, il a été nommé inspecteur général honoraire, et a reçu, en 1866,1a croix de commandeur de la Légion d’honneur. M. Théry a débuté, comme littérateur, en remportant en 1821 le prix d’éloquence k l’Académie française, par un morceau en prose intitulé le bénie poétique. L’année suivante, une pièce de lui en vers, la Renaissance, obtint l’accessit unique au concours do poésie k la même Académie. Depuis, il a publié une traduction en vers des Satires do Perse ; les Origines du collège de Versailles ; Conseils aux mères, qui ont ’obtenu le prix Montyon en 1839 et ont trouvé place dans le Cours d’éducation des jeunes filles édité par Hachette ; Précis d’histoire d’Angleterre ; Choix d’oraisons funèbres ; Histoire des opinions littéraires (1844, 2 vol. in-8°), un de ses meilleurs ouvrages ; Modèles de discours (1845-1856) ; Lettres sur la profession d’instituteur, qui ont valu à l’auteur une médaille de la Société d’instruction élémentaire en 1854 ; Histoire de l’éducation en France depuis le vo siècle (1858, 2 vol.) ; le Génie philosophique et littéraire de saint Augustin (1861, in-8°). Citons encore de M. Théry des livres classiques estimés : Exercices de mémoire et de lecture (1844) ; Conciones français (1846), etc.

THÉSAURISATION s. f. (té-zo-ri-za-st-on

— nid. thésauriser). Action de thésauriser : L’esprit de thésaurisation est nuisible. (Neeker.)

— Fig. Accumulation de richesses intellectuelles : Le progrès qui se manifeste dans les sciences et l’industrie est l’effet de notre thésaurisation historique. (Proudh.)

THÉSAURISER v. n. ou intr. (té-zô-ri-zé

— lat. thesaurisare ; de thésaurus, trésor). Amasser de l’argent, des espèces métalliques ou des valeurs ; se former un trésor ; Il thésaurise, il aime à thésauriser. Le roi ne thésaurise pas, — s’il thésaurisait, il y perdrait lui et l’État. (Volt.)

L’avare rarement finit ses jours sans pleurs : 11 a le moins de part au trésor qu’il enserre, Thésaurisant pour les voleurs, Pour ses parents ou peusr la terre.

La Fontaine.

— Fig. Accumuler des biens intellectuels ou moraux : Vous ne devez plus thésauriser que pour le ciel. (Mass.)

THÉSAURISEUR, EUSE s. té-zô-ri-zeur, eu-za — rad. thésauriser). Personne qui thésaurise : Avancer un liard au jeu de mouche pour risquer d’en avoir cinq, de coup en coup, constituait pour la vieille thésauriseuse une opération financière. (Balz.)

Tiienaurui grtoci» liiijii», par Henri Estienne. V. Trésor de la langue grecque.

THÈSE s. f. (tè-ze — lat. thesis, gr. thesis, position, action de poser ; de theô, tithêmi, poser, placer, mettre). Proposition que l’on avance, que l’on soutient : Défendre sa thèse. C’est une thèse généralement reçue dans la vieille école, que te chatdéen est plus ancien que l’hébreu. (Renan.)

— Proposition ou ensemble de propositions que l’on soutient publiquement dans les universités, dans les écoles publiques : Thèse de médecine. Thèse de droit. Thèse de théologie. Il Discussion publique de ces propositions : Présider, assister à une thèse.

— Feuille de papier ou de satin sur laquelle on imprimait autrefois les thèses qu’on se proposait de soutenir publiquement : Peindrai-je son jupon bigarré de latin, Qu’ensemble composaient trois thèses de satin ?

BOILEAU.

Il Brochure imprimée qui sert aujourd’hui au même usage : Envoyer, distribuer des exemplaires de sa thèse.

En thèse générale, D’une façon générale, en réduisant la question k ses termes généraux : En thèse générale, la.justice vaut mieux que la bonté.

Changer de thèse, Passer k un autre sujet, déplacer la question : La douairière, voyant sa peine perdue, changea de thèse. (A, de Musset.) Il Changer la thèse, Modifier la question, l’état des choses :

Diable ! allons doucement, ceci ckanye ta thèse.

Li Chaussée,