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est l’objet des premiers livres. Creuzer expose et étudie successivement les religions de l’Inde, de l’Égypte, des Médo-Perses, celles de l’Asie occidentale et de l’Asie Mineure ; il montre que ces contrées furent le berceau de toute la mythologie et arrive à cette conclusion singulière que, dans leurs origines, les doctrines fondamentales durent être révélées à l’bomiiie. Passant de l’Orient à la Grèce, il en expose les premières institutions religieuses, d’après Orphée, Homère et Hésiode ; il les suit dans leurs développements, fait l’histoire de chaque divinité, des (lieux, demi-dieux, héros et démons ; élucide la doctrine des fameux mystères d’Eleusis et démontre que les Grecs, loin d’être les fondateurs d’une mythologie particulière, se sont assimilé tout un monde antérieur de poésie, de théologie et de philosophie. En suivant pas à pas, avec Creuzer, l’origine et les développements de l’idée religieuse, on acquiert la certitude que les mythes ne sont pas des fables plus ou moins ingénieuses, qu’ils sont la philosophie elle-même rendue sensible par des images, et quelquefois aussi tout simplement l’expression des phénomènes naturels ; rigoureusement exacte chez les Indous, cette expression s’affaiblit et se dénature chez les Hellènes, à qui l’ont transmise les Pélasges. A mesure que les anciennes races s’éteignent, les traditions mythiques s’effacent ; Hésiode et Homère eux-mêmes semblent par moment les avoir oubliées ; pour les poètes latins, le sens théocratique est entièrement perdu.

L’aspect extraordinaire des conceptions orientales, dont l’ampleur nous étonne, est dû sans doute a ce qu’alors l’huniiinité était je»ne et plus sensible aux choses de la nature. « Il semble, dit Creuzer, qu’on ait affaire, non pas à des hommes comme nous, mais à des esprits élémentaires, doués d’une vue merveilleuse de la nature même des choses, d’un pouvoir de tout sentir et de tout comprendre en quelque sorte magnétique. » M. Renan, qui a fait de l’œuvre de Creuzer une étude brillante, ne croit d’ailleurs pas que les conceptions religieuses de cet âge reculé soient susceptibles d’une interprétation fort précise... o C’est vouloir, dit-il, expliquer le son des cloches ou chercher des figures dans les nuées, que de poursuivre un sens précis dans ces rêves de l’âge d’or. L’homme primitif voyait la nature avec les yeux de 1 enfant. L’enfant projette sur toute chose le merveilleux qu’il trouve en lui-même ; il ne voit le inonde qu’à travers une vapeur doucement colorée ; jetant sur toute chose un curieux et joyeux regard, il sourit à tout et tout lui sourit. Désabusés pur l’expérience, nous n’attendons plus rien de bien extraordinaire de l’infinie combinaison des choses ; mais l’enfant ne sait pas ce qui va sortir du coup de dés qui se joue devant lui ; il croit plus au possible parce qu’il connaît moins le réel. De là ses joies et ses terreurs ; il se fait un monde fantastique qui l’enchante et qui l’effraye tour à tour ; il affirme ses rêves ; il n’a pas cette àpreté d’analyse qui, dans l’âge de la réflexion, nous pose en froids observateurs

vis-a-vis de ta réalité. Tel était l’homme primitif ; à peine séparé de la nature, il causait avec elle, il lui parlait et entendait sa voix. Cette grande mère, à laquelle il tenait encore par ses artères, lui apparaissait comme vivante et animée. À la vue des phénomènes du monde physique, il éprouvait des impressions diverses qui, recevant un corps de son imagination, devenaient ses dieux. Il adorait ses sensations, ou pour mieux dire l’objet vague et inconnu de ses sensations, car, ne séparant pas encore l’objet du sujet, le monde était lui-même et lui-même était le monde. ■

L’addition la plus considérable qui ait été faite à la Symbolique par le traducteur français, M. Guigniaut, est relative aux religions de l’Inde. Sur ce sujet, il a substitué au travail à peine ébauché de Creuzer une étude étendue et développée, qui, soumise au savant professeur, a reçu sa pleine et entière approbation. M. Guigniaut a rendu compte lui-même du degré de liberté dont il a usé envers l’original. • La nature singulière de cette traduction, dit-il, les modifications que nous avons fait subir au plan et k la forme de l’ouvrage, les développements et les éclaircissements que nous y avons ajoutés et qui

en doublent l’étendue réelle sans eu grossir beaucoup le volume, nous ont semblé répandre par eux-mêmes une certaine lumière. Sans altérer jamais la pensée de l’écrivain ni la couleur propre et locale de son style, sans omettre ni un fait ni une idée de quelque valeur, eu transportant dans notre langue sa grande composition, nous nous sommes donné pleine carrière pour en resserrer le tissu beaucoup trop tâche, pour en concentrer l’expression souvent diffuse. > M. Alfred Maury, qui a aidé M. Guigniaut dans sa traduction, a ajouté au tome IV un chapitre important sur les religions de l’antiquité considérées dans leurs rapports avec l’art. Un volume de planches, plus nombreuses aussi que celles de l’original, complète ce grand ouvrage.

La Symbolique de Creuzer a reçu également dans les éditions allemandes des additions considérables, outre celles mêmes de l’auteur. L’édition de 1823 contient deux volumes de supplément, dus à M. Jos. Mone et traitant du Paganisme dans le nord de l’Europe ; Celle de 1836-1842, des appendices de M. Abegg et du docteur Ullmann.

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Les contradicteurs, même les plus violents, . n’ont pas manqué à Creuzer. Hermann, Mul-, 1er, Gerhard, Voss surtout, l’attaquèrent successivement ; mais si les premiers le firent,

avec mesure et convenance, "Voss ne sut garder aucune modération. Ennemi juré de tout ce qui tenait au mysticisme, il fut d’autant plus violent et mêla d’autant plus de personnalités à ses répliques qu’il craignait pour son pays l’exemple contagieux du comte de Stolberg, son ancien ami, qui, entraîné par les idées mystiques de l’époque, avait changé de religion. Dans son Antisymbolique (Stuttgard, 1824-1826, in-8°), Voss ne trouva que des injures à la place d’arguments, tandis que Hermann, dans ses Lettres sur Homère et Hésiode, fit les objections les plus sérieuses au système de Creuzer. Ceiui-ci lui répondit ; mais dans sa préface il déclara n’avoir jamais lu f Antisymbolique de Voss ; aussi se dispensa-t-il de la réfuter.

Symbolique du droit (ESSAI SUR LA.), par M. Chassan. V. droit, tome VI, page 1284.

SYMBOLISATION s. f. (sain-bo-li-za-si-on

— rad. symboliser). Action de symboliser, de représenter par des symboles.

— Ane. prosod. Action de faire rimer ensemble plusieurs vers de suite ou plusieurs parties du même vers.

SYMBOLISER v. a. ou tr. (sain-bo-H-zérad. symbole). Exprimer symboliquement : Pour symboliser la fraternité, l’artiste a entouré son Christ d’enfants et de jeunes mères. (Th. Gaut.) il Être le symbole de : L’aspic qui se mord la queue symbolise l’éternité. (Toussenel.)

— v. n. ou intr. Avoir du rapport, de la conformité : Les alchimistes disaient que les planètes symbolisaient avec les métaux, que le soleil symbolisait avec l’or, que la tune symbolisait avec l’argent. (Acad.) Que votre parler symbolise avec vos personnes, et vos personnes avec votre parler. (N. Pasq.) Il Vieux en ce sens.

SYMBOLISME s. m. (sain-bo-li-smerad. sy})}bole). Philos. État particulier de la science philosophique, dans lequel toutes les affirmations scientifiques sont exprimées par des symboles,

— Système de symboles destinés à rappeler des faits ou à exprimer des croyances : Le symbolisme thèologique est une émanation de la pensée guerrière. (Proudh.) La réfutation du docteur Strauss fit beaucoup de bruit ; c’était une protestation éloquente en faveur de la personnalité humaine contre le symbolisme exagéré du docteur allemand. (T. Delord.) La philosophie grecque substitua son vocabulaire abstrait’au symbolisme antique. (V. Hugo.) Le symbolisme effrayant et monstrueux de VEQypte se traduit en édifices indestructibles qui offrent encore au monde leur énigme à deviner, (T. Gaut.) La forme obligée de toute religion est le symbolisme, (Renan.)

— Système historique qui interprète comme des symboles les faits racontés par certains historiens ou certains mythologues anciens.

— Encycl. Relig. La mythologie, qui ne nous paraît guère aujourd’hui qu’une série d’inventions poétiques, bonnes a amuser notre imagination, est un symbolisme ; et l’on peut même dire qu’elle est le symbolisme par excellence. En effet, on y trouve les lois, les forces de l’univers et les différentes combinaisons de ces forces et de ces lois figurées dans des légendes symboliques qui, sous une forme poétique, les rendent sensibles. Aussi est-ce avec raison qu’Hérodote a dit qu’au commencement les Grecs ont désigné les dieux sous le nom de lois, signification primitive du mot theoi. Le symbolisme a subi différentes phases, et ses représentations ont souvent varié. Il fut d’abord naturaliste, c’est-à-dire qu’il emprunta ses formes aux objets mêmes de la nature ; puis il devint anchropomorphique, ce qui signifie, selon l’étymologie même du mot, qu’il emprunta ses formes à l’organisation humaine. L’anthropomorphisme est le dernier progrès du symbolisme ; c’est celui que lui a fait faire la religion gréco-romaine. Les vastes dieux confus de l’Orient sont, comme l’esprit même des peuples qui les ont créés, encore à moitié confondus dans le grand chaos du panthéisme. Ils sont un mélange, une sorte de syncrétisme de toutes les formes, tant naturelles qu’humaines. En Égypte, le symbolisme commence à se dégrossir, et, à mesure que la conscience et l’intelligence humaines progressent, les dieux se précisent de plus en plus et s’incarnent de plus en plus dans la forme humaine. La mythologie est la première période de l’histoire, de même que l’histoire est le dernier développement de la mythologie. Aux premiers temps, tout est confondu dans le symbolisme ; plus tard, la poésie et les arts, qui en sont sortis, réagissent sur les dieux et leur donnent une forme définitive. C’est cette période qui est si magnifiquement représentée par la Grèce. La

philologie et la mythographie modernes ont trouvé, dans tous les peuples de la race indoaryenne, les mêmes symboles et le même fond religieux, qui se sont, à travers les temps, développés différemment selon les différents climats, sans rien perdre cependant de leur caractère primitif. C’est ainsi que les plantes exotiques, transportées dans nos climats, y subissent des modifications qui les altèrent

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sans les changer radicalement. M. Louis Ménard a fort bien dit k ce sujet : «Tous les développements ultérieurs de la pensée religieuse étaient contenus en germe dans la révélation primitive. Ces développements furent l’œuvre de la poésie. L’œuvre théoiogique des poètes consista, au témoignage d’Hérodote, a distinguer, d’après leurs fonctions, les principes actifs de l’univers, a déterminer leurs rôles respectifs, à les classer et à les nommer. Ainsi, conformément à la marche générale de l’esprit humain, les vérités générales se confirmaient par t’analyse, les détails se classaient dans l’ensemble, et une vue plus claire et plus distincte des lois éternelles complétait, sans l’ébranler, la vague intuition des premiers jours. » Tel était le fond du symbolisme grec ; chaque loi représentée par un dieu agissait dans l’ensemble des choses, mais tous les dieux étaient soumis au Destin, qui agissait au-dessus d’eux. Pour quiconque s est donné la peine d’approfondir le symbolisme antique et surtout le polythéisme hellénique, qui en est l’apogée, le côté rationnel de cette religion apparaît avec une évidence incontestable. Et, sil’on veutlajuger au point de vue adopté aujourd’hui parla science, on ne peut que sourire de l’indignation manifestée par quelques-uns contre ce symbolisme si clair et si intelligible. Il paraît alors vraiment puéril de s’irriter contre Jupiter, qui a pour épouse sa sœur Héra ou qui féconde les filles des hommes, quand on sait que Jupiter désigne l’air supérieur, et Ses innombrables amours les relations naturelles de l’air avec les choses. Un poète du commencement de ce siècle, Népomuccne Lemereier, frappé de la haute rationalité du symbolisme antique, a essayé de symboliser, d’après le même procédé, les nouvelles lois et les nouvelles forces découvertes par la science. De cette idée, il a fait un poëine singulier, intitulé VAtlanliade, où l’on voit ces forces et ces lois, personnifiées et divinisées, concourir à la destruction de Cette Ile Atlantide, déjà décrite par Platon. Cette tentative poétique, remarquable à beaucoups d’égards, ne pouvait être oubliée dans un article sur le symbolisme. Mais, si nous quittons le monde antique et le polythéisme gréco-romain, et si nous abordons le christianisme et les temps modernes, nous voyons que le symbolisme n’y a pus perdu ses droits. Le christianisme est aussi on symbolisme anthropomorphique. U est bien entendu que nous en parlons ici au point de vue de la science, et que nous ne pouvons nous inquiéter des scrupules des dévots et des fidèles, quelque respectables qu’ils soient. Après les travaux des Paulus, des Schleiermacher, des Strauss et des Feuerbach et de toute l’école hégélienne, il n’est plus permis de se laisser entraver, dans la recherche de la vérité, par les préventions de certains esprits qui redoutent l’examen. Or, ces récents travaux ont prouvé que le christianisme, bien qu’il se soit opposé tout d’abord au symbolisme antique, était né de lui et s’était développé en lui ; si bien que M. Quineta pu dire avec raison, dans la préface de son poème de ProméJ/iée, que le chiistianismeexistaitavant le Christ. En effet, on voit, dès deux ou trois siècles avant Jésus-Christ, quelque chose d’analogue à l’esprit chrétien apparaître et troubler l’ancien monde. L’institution des mystères et des orgies sacrées signale une nouvelle période de la religion antique, période qui arrivera à son complet développement avec fe christianisme. On a retrouvé eu effet, sous tous les symboles chrétiens, un emprunt du symbolisme de l’ancienne religion ; seulement, la révolution qui s’accomplit avec le christianisme peut être résumée en ces mots : il a fait prédominer le sens moral et mystique sur le sens naturaliste qui avait prédominé dans l’antiquité. Alors, les anciens symboles, sans changer leurs formes essentielles, ont cependant pris une physionomie nouvelle, due à l’esprit nouveau qui s’est glissé eu eux. Un exemple suffira pour faire comprendre le sens de cette révolution : la Grèce avait les trois Grâces, qui représentaient pour elle les trois formes suprêmes de la beauté ineffable. Le christianisme a pris les trois Grâces et en a fait les trois vertus théologales ; et remarquons, en passant, qu’il n’a même pas change leurs noms, car les trois Grâces en grec se nommaient Charités, d’où, est venu le nom de la charité. La même méthode de transformation u été appliquée dans toutes les parties du culte et même dans les légendes des saints. Tel mythe païen, conservé par l’imagination populaire, s’est christianisé ; et la science moderne reconnaît facilement le fond et la forme du paganisme sous les surcharges et les déplacements que leur fait subir cette nouvelle interprétation. On Sait, par exemple, que la

légende de saint Denis portant sa tête est uu reliquat du cuite de Bacchus, qui s’appelait en grec Ijionysos. Il y avait à Constantinople un autel dédié à Aghiu JSophia (la sainte Sagesse) ; les chrétiens, en convertissant ce temple à leur usage, ont laissé subsister la dédicace, et la sainte Sagesse est devenue sainte Sophie. Ainsi de beaucoup d’exemples, qui témoignent que, au lieu d’écrire son fameux pamphlet Comment les dogmes finissent, Joufi’roy aurait mieux fait d’écrire Comment les dogmes se transforment. Rien ne s’improvise dans l’histoire, non plus que dans la nature ; l’adage de Linné : Natura non facit sallum, s’applique aussi exactement à l’his SYMB

toire. Tout progrès s’opère pur transformations successives. Ces considérations, quelque succinctes et pressées qu’elles soient, suffiront, nous l’espérons, a faire comprendre au lecteur le sens profond donné par la science moderne à ce mot symbolis ?ne. Cependant, nous ne pouvons passer sous silence une autre partie du symbolisme qui a son importance. En effet, nous n’avons traité que du symbolisme religieux ; mais il y a un autre symbolisme dont l’objet est de rendre palpable sous une forme matérielle un axiome moral ; et enfin un symbolisme très-touffu, employé par les sciences occultes pour cacher aux profanes les vérités qu’elles prétendaient révéler. Ce dernier symbolisme, d’ailleurs, n’a rien d’original par lui-même ; c’est un confus syncrétisme de toutes les formes symboliques des anciennes religions ; la magie leur a emprunté, en effet, non-seulement les vérités qu’elle prétend posséder en propre, mais les formes mêmes sous lesquelles elles étaient représentées. Il faut remarquer, cependant, que le symbolisme magique provient principalement des religions orientales ou de celui qui était employé par les sectes mystiques qui se multiplièrent avec une telle variété à l’époque de la décadence du monde antique ; tandis que c’est l’élément hébraïque qui prévaut dans l’occultisme, sa langue sacrée est la langue hébraïque. Mais, laissant de côté toute cette partie du symbolisme qui en forme une branche particulière, occupons-nous du symbolisme que nous avour appelé moral. Les fables de Lockman et celles d’Ésope, autant que la légende dorée, appartiennent à ce genre, Lockman a quelquefois été confondu avec le roi Salomon. Ce roi, en effet, avait composé un grand nombre de fables ou récits symboliques, qui ont dû se conserver dans la tradition orientale. À la suite du livre des Proverbes, attribué à Salomon, on trouve un recueil de sentences intitulé ; Paroles d’Agur, fils de Jakeh. Or, selon un écrivain muge, le nom d’Agur se trouve être précisément le nom égyptien qui fut donné h Joseph et qui signifie celui qui rassemble, celui qui fait des provisions ; l’étymologie a cet avantage ou plutôt cet intérêt d expliquer la formation et la raison essentielle de l’histoire de Joseph, parvenu en Égypte au ministère des provisions. Mais, pour qu’une fable soit un symbole, il ne suffit point qu’elle renferme un sens moral ; il est nécessaire qu’ulle- renferme plusieurs sens, comme l’indique l’étymologie même du mot (suit ballà, js mets ensemble). Les fa’jlos d’Esope, de Lockman, de Salomon sont des symboles ; celles de La Fontaine et de Florian ne sont que des fables, c’est-à-dire des allégories ou subsiste seul le sens moral.

Le moyen âge a connu le symbolisme. On peut dire de Notre-Dame en particulier et de l’architecture goth.que en général qu’elles sont un symbolisme de pierre, comme les hiéroglyphes de l’Égypte. Sans parler des épopées mystiques, de l’épopée d’Arthur, de l’épopée carlovingienne, la littérature populaire offre dans eIloman de In Iit, se et autres productions de cette espèce un véritable symbolisme, qui, bientôt dénaturé ou incompris par l’esprit mesquin de la bourgeoisie, descendit à l’allégorie grossière et prosaïque ou à un système d’allusions très-spirituelles, mais peu poétiques. Nous avons classé la légende dorée parmi les symbolismes ; c’est que, en i-ffet. il fuut bien se garder de prendre à ’.a lettre les récits de la légende. Beaucoup sont des transformations des légendes du symbolisme antique, et d’autres ne sont que des faits psychologiques et intellectuels figurés d’une manière sensible. Les récits des Évangiles apocryphes et des livres talmudiques sont dans lo même cas ; parfois, il peut y avoir à ces récits un fond historique et réel ; mais, eu ce Cas même, ce fait historique ou réel n’est qu’un noyau autour duquel s’est formée la légende, et il est arrivé ainsi à perdre sa qualité de fuit réel et à n’être plus que Lu figuration des sentiments populaires dont ce fait aura été l’ûrcasion. Nous finirons par cetto observation, que l’on se trompe souvent en prenant U la lettre telle maxime des écoles de philosophie occulte. Ainsi, lorsque Pythagore dit à ses disciples : Ne mangez pas de fèves, il n’a peut-être d’autre intention que de leur dire de nd pas exploiter leurs droits d’électeurs et de ne pas spéculer sur leurs suffrages, car on sait que c’était avec les fèves qu’on votait dans les assemblées publiques. Nous croyons que ces observations suffiront pour rendre intelligibles, non-seulement la nature même et la formation du symbolisme, mais encore les différentes formes qu’il a affectées selon le sens moral ou mystique qu’il devait révéler.

Symbolisme dans l’art égyptien. Cet au nous offre le type du véritable symbole. La conception qui sert de base à l’art égyptien est la distinction de l’âme et du corps et le dogme de l’immortalité. Celte conception se traduit sous une foule de formes symboliques. Ainsi, de même qu’il y a deux mondes, la monde des vivants et le moiûe des morts, il y a aussi deux architectures, l’une à la surface du sol, l’autre souterraine : les labyrinthes, les tombeaux et les pyramides. La pyramide est comme une enveloppe qui cacne un objet, un être invisible ; elle a son côté extérieur et son côté intérieur ; elle est un véritable symbole. De même, l’écriture hiè-