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ils ont surtout fait prospérer la culture de la vigne.

SOUDAIN, AINE adj. (sou-dain, è-ne — du latin subilanus, pour subitaneus, venu lui-même de subilus, subit. On écrivait autrefois soubdain). Prompt, subit : Départ soudain. Mort soudaine. Emporté d’un coup 'soudais, il meurt comme Judas Macchabée. (Boss.) Ne vous figures pas ces élévations soudaines que produit quelquefois dans les États l’heureuse ambition des sujets ou l’aveugle faveur des princes. (Fléch.) La sagacité n’est point une pénétration progressive, mais soudaine, gui franchit le milieu des idées et touche au but dès le premier pas. (Marmont.) Plus un homme a contracté l’habitude de la réflexion et de la dialectique, moins il est capable de prendre une résolution soudaine. (Proudhon.) La seule impression des rayons dévorants du soleil peut déterminer une mort soudaine. (A. Maury.)

Chez nous tout est soudain, c’est notre caractère.

Voltaire.

— Adverbialcm. Dans le même instant, aussitôt après : // reçut l’ordre, et soudain il partit. (Acad.) Soudain, à l’horreur du tu-

. mnlte succédait l’horreur du silence. (Marchangy.)

De grands cris ont soudain attiré mes regards.

Racine.

Il ouvre un cei1. mourant qu’il referme soudain.

Kacihe.

Le cuisant souvenir d’une action méchnnte, Soudain, au moindre mot, nous donne l’épouvante.

TH. CORNEtf>LE.

Il regarde, et soudain, dans un éclat céleste, À ses yeux enchantés Vénus se manifeste.

DBLILLE.

Quand je vois uds ailette, Soudain mon cœur fait tic-tac.

DÉSAUOIERS.

— Syn. Soudain, subit. Soudain marque la nature même des choses, subit marque simplement le fait. Ce qui est soudain ne pouvait pas être prévu, ce qui est subit ne l’était pas. On est toujours étonné par un événement subit, on ne l’est pas toujours par un événement soudain.- quand une balle vient frapper au cœur un soldat sur le champ de bataillé, sa mort est soudaine, mais elle n’étonne pas ; la mort subite d’un homme frappé d’apoplexie cause toujours une grande impression sur ceux qui en sont témoins.

SOUDAINEMENT adv. (sou-dè-ne-manrad. soudain). D’une manière soudaine, subitement : Partir, mourir soudainement. Le soleil, couché ou non, avait entièrement disparu dans un de ces brouillards qui enveloppent soudainement son déclin ou son apparition dans les jours d’hiver.’(G. Sand.) On crut faire immédiatement des citoyens en leur donnant des droits, et transformer soudainement par des lois une vieille monarchie absolue en une pure démocratie. (Mignet.)

SOUDAINETÉ S. f. (sou-dè-ne-té — rad. soudain). Qualité de ce qui est soudain : La soudaineté de cette irruption les effraya. Les beautés de La Fontaine paraissent quelquefois une heureuse rencontre et possèdent, pour me servir d’un mot qu’il aimait, la grâce de la soudaineté. (Chamf.) Il faut assortir toutes ces choses à la Révolution et sauver la soudaineté de passage. (Mirab.)

SOUDAN s. m. (sou-dan — autre forme du mot sultan, que nous avons empruntée aux langues du Midi : italien soldano, espagnol soldan, provençal Soudan). Hist. Nom donné d’abord, dans l’Orient, à des chefs militaires, puis à quelques princes mahométans, surtout en parlant des souverains d’Égypte. Il On dit aussi souDiCH.

SOUDAN, dénomination par laquelle on désigne toute la région centrale de l’Afrique, depuis les contrées voisines de l’Atlantique jusqu’à l’Abyssinie, région nommée aussi par les Européens Nigritie et Belad-el-Takrour (pays des convertis) par les Arabes. Compris entre 17° de latit. N. et 10° de latit. S. et entre 20» de longit. 0. et 24° de longit. E., le Soudan a pour limites assez vagues au N. le grand désert du Sahara, à l’O. ie Sénégal, la Gambie et une partie de la Guinée supérieure, au S. les pays incomplètement explorés qui forment la partie septentrionale de la Cafrerie, et à l’E. l’Abyssinie. Ainsi délimité, le Soudan se divise conventionnellement en deux parties : le Soudan

occidental, depuis la Sênégurnbie jusqu’au lac Tchad ; le Soudan oriental, depuis le même lac jusqu’à la limite occidentale de l’Abyssinie. Cette vaste contrée, dont l’exploration a fait depuis le commencement do ce siècle tant de victimes parmi les hardis voyageurs qui ont tenté de la faire connaître à l’Europe, est encore bien incomplètement connue. Mungo-Park, à la fin du siècle dernier, le docteur Barth, M. Tremeaux et le docteur Cuny, dans ces dernières années", sont les explorateurs les plus célèbres et les plus autorisés dont les relations ont soulevé un coin du voile qui couvre encore ce mystérieux pays. C’est en prenant pour guides ces pionniers de la science que nous allons tracer à grands traits une esquisse de cette vaste contrée.

La superficie du Soudan est évaluée à 355,000 niyriamètres currés et sa population à 40 millions d’habitants. Une chaîne de montagnes, connue des anciens sous le nom de

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monts de la Lune, et qui traverse toute l’Afrique de l’E, à l’O., forme, selon quelques géographes, la limite du Soudan au S. ; Ptolémée plaçait ces hauteurs vers 12° de latit. S. ; mais des explorations récentes ont donné lieu de croire qu’elles se rapprochent beaucoup plus de l’équateur et qu elles s’étendent vers 6° ou 6° de latit. S. Ces montagnes, en s’étendant vers l’O., dépassent même la ligne équatoriale et paraissent se rattacher aux monts Kong, dans la Guinée, et ne former qu’un seul système avec cette dernière chaîne. La chaîne des monts de la Lune parait aussi envoyer au N. plusieurs ramifications dans le pays des Zeg-Zeg et dans le Mandura. Parmi les nombreux cours d’eau auxquels ces montagnes donnent naissance, il faut citer le Niger ou Kouara, qui se grossit de l’Otrlaba, de la Coubbie, du Quarrama et de la Ninqua ; le Sénégal et la Gambie prennent aussi leur source dans le Soudan occidental ; cette partie appartient au bassin de l’Atlantique. Le Soudan oriental ou égyptien déverse toutes ses eaux dans la Méditerranée par le Nil ; tout le cours supérieur, depuis le lac Nyanza, reçoit un grand nombre de tributaires, tels que le Saubat, le Faf et le Bibar. Les autres cours d’eau qu on rencontre dans la partie centrale du Soudan, entre autres le Chary et l’Yeon, se déchargent dans une espèce de mer intérieure qui porte le nom de lac Tchad. Dans cette partie de l’Afrique on rencontre encore plusieurs autres lacs d’une vaste étendue, tels que le Kendsi, le Fittri, et de nombreux étangs, surtout dans le Baguermi. Dans la partie centrale du Soudan, les cours d’eau, alimentés annuellement par les pluies tropicales et coulant sur un sol dont le relief est indécis, se changent pendant la saison sèche en marécages, déposent alors le limon que leurs eaux charrient, exhaussant ainsi leur lit, de sorte qu’à la saison suivante ces rivières sont forcées de se tracer un cours nouveau et se déplacent sans cesse. Le climat du Soudan est très-chaud par suite de la position de ce pays entre les tropiques ; l’ardeur des rayons du soleil produit dans les contrées marécageuses dont nous venons de parler des exhalaisons pestilentielles qui répandent des fièvres pernicieuses dont sont victimes lès populations voisines. Cependant sur plusieurs points la chaleur est tempérée par les forêts immenses du pays, par le voisinage des montagnes couvertes de neiges et par les pluies périodiques.

Les richesses minérales, botaniques et zoologiques du Soudan sont encore moins bien connues que sa topographie. Toutefois, par les objets de fabrication grossière en or et en fer des Soudaniens, on voit que ces deux métaux existent dans ces contrées. Il est probable que l’or s’y trouve dans les cours d’eau à l’état de paillettes. Quant aux minéraux recelés dans les flancs des montagnes, ils n’ont pas dû être exploités. Dans le Soudan, les parties entièrement arides sont rares ; le sol est partout couvert d’une herbe souvent vigoureuse qui nourrit d’innombrables troupeaux à l’état sauvage, et le paysage est semé d’arbres de grande taille et d’essences variées, qui fréquemment se groupent en bouquets assez étendus pour mériter le nom de bois ou même de véritables forêts. La flore du Soudan varie suivant la latitude et l’altitude. Le dattier est commun dans ie Kanem, au N. du lac do Tchad ; il se montre de même au N. de Wara et dans le Kordafan. Le baobab se montre presque partout dans le Kordafan, le Datfour et le Bournou ; mais on n’en trouve pas dans le Baguermi, dans le Kanem et aux environs du lac Fittri. Les mimosas, le taleb, le tamarinier et lo sycomore sont communs à tout le Soudan septentrional. Ces arbres y forment de vastes forêts, dont les clairières seules ont été fréquentées, et dont les profondeurs n’ont pu être sondées par les courageux explorateurs de l’Afrique. Ces forêts mystérieuses, asiles des bêtes féroces, n’ont pas l’aspect majestueux des forêts vierges de l’Amérique ; elles sont rabougries, soit qu’elles aient épuisé le sol, soit que les vents ou toute autre cause inconnue en arrêtent le développement. Parmi les plantes connues qui forment la fond de la culture des habitants, iffaut placer en première ligne le riz, le inillet, le maïs, la patate, 1 igname, la banane, le dourha ou holcus sorgho, les fèves de diverses espèces et le cotonnier. C’est près des grands lacs, des étangs, des cours d’eau que se groupe la vie animale dans le Soudan. L’hippopotame et le crocodile habitent le chenal profond des grands fleuves et le bassin des lacs. Non loin des bords des lacs et des rivières se rencontrent l’éléphant, la girafe, lo buffle sauvage, l’antilope, la panthère, le lion, le chameau, le chacal, l’hyène et les singes. Parmi les insectes innombrables du Soudan, il faut citer les sauterelles, les fourmis, qui sont d’une grosseur prodigieuse, les scorpions et les abeilles, dont le miel est une des principales richesses des Soudaniens. Des serpents d’une grosseur prodigieuse se cachent sous les herbes et des oiseaux d’un plumage éclatant et varié peuplent les arbres de ce pays trop peu connu.

Le Soudan est peuplé par trois races différentes : 10 les Touaregs, sur les frontières du Sahara, restes, comme les Kabyles et les Berbères, de l’ancienne race indigène de l’Afrique septentrionale, les Ethiopiens ou Chami SOUD

tes ; 2° les Arabes, issus, les uns desKoreischites qui se réfugièrent dans l’Afrique centrale pour échapper aux persécutions des premiers musulmans, les autres des tribus venues d’Égypte et du Maroc pour imposer l’islamisme aux Nègres et aux premiers Arabes ; 3° les Nègres, qui forment la majorité de la population, et qui, bien que convertis à l’islamisme, ont conservé la plupart des pratiques superstitieuses, la croyance aux sorciers, aux amulettes, aux talismans. Quelques tribus nègres sont encore complètement idolâtres et professent Je plus grossier fétichisme. En 1868, un voyageur a même rencontré un petit État dont les habitants n’avaient aucune croyance religieuse. Un trait malheureusement certain, général et déplorable du caractère des populations nègres du Soudan, c’est la férocité qu’ils déploient dans leurs guerres continuelles. L’habitude du vol est généralement répandue chez eux, et c’est toujours le riche qui pille et vole le pauvre. L’industrie des Soudaniens, quoique peu avancée, est oxercée par eux avec activité et habileté ; ils fabriquent une assez grande quantité d’étoffas de coton, des nattes, dont on fait un grand usage soit pour se coucher, soit pou..- s’asseoir, quelques bijoux en or, des lances, des javelots, des haches, des épées et quelques ustensiles en fer. L’intérieur de l’Afrique est le centre d’un commerce fort important ; il se fait généralement par caravanes ; celles qui traversent le désert se servent de chameaux ; dans les part es montueuses, l’âne est la bête de somme la plus généralement usitée ; mais, dans les grandes plaines fertiles du Haoussa et du Yarriba, la bête de somme que l’on emplo e de préférence, c’est la femme. Le marchand africain n’a ni comptoir ni magasin ; il accompagne lui-même ses marchandises à travers les plus grandes distances et se voit souvent forcé de défendre son bien les armes à la main. Les principaux objets du commerce d’exportation Sont les dents d’éléphants, la poudre d’or et les gommes ; l’importation consiste surtout en draps grossiers de couleurs éclatantes, papier à écrire, anneaux, bracelets en argent, verre, corail, ambre, armes blanches et armes à feu, Le nombre des États it dépendants ou tributaires qu’on rencontre dans le Soudan est très-considérable ; nous nous contenterons de nommer les plus importants ; ce sont, dans le Soudan occidental : ceux des Mandingues, de Bambara, de Tombouctou. des Fellatahs, de Haoussa ; le Bornou et le Kanem, aux environs du lac Tchad ; le Baghermi ou Baguermi, le Waday, le Darfour et le Kordafan dans le Soudan oriental. Tous ces États ont des gouvernements complètement despotiques. Les souverains africains ne se distinguent pas en général par la pompe et la magnificence de leur deme jre ; leur costume est des plus simples et ne diffère pas généralement beaucoup de celui de leurs sujets. Tout leur luxe consiste dans la multitude de leurs femmes. Leurs armées se composent d’une milice turbulente, qui prend les armes quand elle en reçoit l’ordre et qui ne vit qu’en mettant au pillage les pays qu’elle traverse. Leurs armes sont en gé léral une pique et un bouclier ; les armes à feu ne sont guère qu’entre les mains des Arabes, qui décident presque toujours du soit le la bataille. Somme toute, le Soudan est en ; ore de nos jours un pays complètement sauvage ; l’islamisme n’a pu encore le pénétrer de sa civilisation grossière, et il est à présumer que plusieurs siècles s’écouleront avait que la civilisation européenne, qui a entamé l’Afrique sur tous les points de sa périphérie, ait fait briller ses premières lueurs sur la partie centrale du continent africain.

SOUDANIEN, IENNE s. et adj. (sou-da-niain, iè-ne — rad. Soudan). Qui a rapport au Soudan : Un Soudunien. Une Soudanienne. Le climat soudanien,

SOUDARD s. m. (sou-dar. — Ce mot que l’on n’emploie aujourd’hui que très-rarement, était fort usité au xve et au xvie siècle. Dans les siècles précédents en disait plutôt soldeier, soldier, soudoiei, soudeer, etc., en basse latinité, soldarius. Quant à la forme soldat, elle est de la dernière moitié du xvie siècle et provient de l’italien soldato, ainsi qu’en témoigne Henri Estienne dans son Dialogue du nouveau langage français italianisé). Vieux mot qui signifiait soldat : C’est par cette porte que l’armée de soudards du connétable de Bourbon se rua sur Dôme, qu’elle saccagea durant pi meurs jours.(Mm-vL. Colet.)

— Se dit encore, mais avec une intention de dénigrement, en parlant d’un ancien militaire qui a conservé des habitudes soldatesques : C’est un vieux soudard.

SOUDAY, bourg de Frt.nce (Loir-et-Chefr), arrond. de Vendôme ; 1,347 hab. Souday n’offre guère de remarquable que son église, reconstruite au xvie siècle, en partie aux frais de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans don) ; dépendait le prieuré qui était joint à cette église, en partie par les soins de Nicolas de Marescot, seigneur de Souday. On parvient au chœur de l’église de Souday, élevé de 3 mètres au-dessus de ta nef, à l’aide do deux escaliers de seize marches, formant fer à cheval, et entre lesquels s’ouvre une arcade qui donne accès dans une chapelle

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souterraine. Cette chapelle renfermait jadis une statue de la Vierge, but d’un pèlerinage très-fréquenté. L’église de Souday, dont un incendie avait détruit le clocher en 1833, a subi depuis quelques années d’importantes restaurations. On remarque encore six beaux vitraux où sont représentés le seigneur de Souday, fondateur de l’église, sa femme Alix de Mésange, et deux religieux de Saint-Vincent, dont l’un passe pour Rabelais aux yeux de quelques archéologues.

SOUDDHODANA ou ÇOuDDIIODANÀ, le

saint Joseph de la religion bouddhique. Il épousa Maha-Maya (c’est-à-dire la grande illusion), qui, quoique vierge, conçut par l’influence céleste un divin enfant qui fut Bouddha. Souddhodana appartenait à la famille des Çakyas ou Chakyas et 0 la dynastie des Gotamides ou Gautamides. Il était roi de Magadha ; suivant d’autres, il régnait à Kapilavas, capitale d’un petit royaume au nord du Gange, L’époque à laquelle vivait Souddhodana est aussi incertaine que celle de la naissance de Bouddha, qui eut lieu, suivant les uns au va, suivant d autres au vno ou au xe siècle av. J.-C. «

SOUDE s. f. (sou-de. — On dérivo généralement ce mot du lat. solida, féminin de solidus, solide ; mais cette origine est fort douteuse). Bot. Genre de plantes, de la famille des chénopodées, type de la tribu des salsolées, comprenant une quarantaine d’espèces, qui croissent dans les lieux maritimes des régions tempérées du globe : Ily aparmi les soudes des espèces annuelles et vivaces. (Bosc.) Depuis longtemps on recommande de préférence la culture de la soude barile. (T. de Berneaud.) On pourrait cultiver la plupart des terrains stériles qui se trouvent sur tes côtes maritimes, au moyen des différentes espèces de soudes. (V. de Bomare.)

■—Chim. Sel qu’on retire des cendres de la soude et de quelques autres, et qu’on trouve aussi dans la nature combiné avec d’autres substances : Soudk du commerce. Soude d’Espagne. Soude de Nnrbonne, de Normandie. j Soudk caustique. Il Soude naturelle, Soude 1 obtenue directement des varechs et des sou-I des. Il Soude artificielle, Soude préparée par | des procédés chimiques.

I — Encycl. Bot, Les soudes sont des plantes herbacées ou des sous-arbrisseaux, à feuilles alternes ou opposées, charnues et* presque cylindriques ; à fleurs verdâtres, herbacées et peu apparentes. Les espèces assez nombreuses de ce genré sont répandues dans les climats tempérés, où elles croissent de préférence sur le littoral des mers et dans les terrains salés. Quelques espèces ont, ou plutôt ont eu une certaine importance industrielle. Telles sont notamment les soudes barile, kali, vulgaire, épineuse, etc. Toutes ces espèces croissent au pourtour du bassin méditerranéen, et quelques-unes sont encore cultivées aux environs d’Alicante ou dans d’autres localités du midi de l’Europe. On les sème quelquefois en mélange avec le blé, et, quand cette céréale ne réussit pas, par suite de la sécheresse, on en I est dédommagé, au moins en partie, par la j récolte de la soude ; cette dernière plante sert d’ailleurs à utiliser des terrains tout à fait perdus.

La soude est d’une culture facile ; après avoir donné au sol plusieurs labours et au besoin une fumure, on sème en octobre ou en novembre, le plus souvent sans recouvrir la ’graine ; mais alors on a soin de choisir pour le semis un temps pluvieux. Au printemps, dès que la plante a quelques centimètres de hauteur, on donne un sarclage, et on réitère cette opération aussi souvent qu’il est nécessaire pour détruire les mauvaises herbes. Vers la fin d’août, on peut procéder à la récolte ; mais on laisse ordinairement sur pied pendant un mois encore les sujets destinés à servir de porte-graines ; on réserve ceux-ci sur les bords, afin de pouvoir labourer le centre et le préparer a recevoir dublé. L’arrachage est très-facile, car la plante rx’est attachée au sol que par une racine fort mince ; les ouvriers n’emploient pour cela qu’une petite faucille. On met les plantes en tas peu compactes, afin de les faire sécher jusqu’au moment où on doit les brûler.

Du reste, les procédés de culture sont susceptibles de varier. À Alicante, on sème

quelquefois de la soude en janvier pour la récolter en juin. On a remarqué aussi quo cette plante a la propriété de dessaler lu terre et de la rendre apte à recevoir d’autres végétaux. 0 En Caroline, dit Bosc, où chaque année on digua une portion des immenses marais salés qui sont le long do la côte, on connaît bien cette influence de la soude et des autres plantes véritablement marines pour accélérer la mise en culture de ces marais, lorsque l’eau de la mer n’y afflue plus ; aussi a-t-on soin d’empêcher qu’elles ne soient coupées ou mangées avant la maturité de leurs graines, afin que ces graines fournissent de nouvelles plantes pour l’année suivante. Au moyen de ces seules précautions, on cultive en rîz ou en maïs, la troisième ou la quatrième année, des localités qu’on ne pourrait cultiver autrement que la dixième ou la douzième, car les eaux des pluies sont très-lentes à entraîner le sel marin qui se trouve déposé à quelques pouces de profondeur. 1