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mander, en parlant d’un jeune colonel sans naissance : « Qui diable connaît son père ?-Et, dites-moi, qui connaît le vôtre ? • répondit lady Esther. Cette réplique pouvait circuler dans le monde. « Écoutez, chère créature, dit Bi’umniel en se penchant avec grâce à la portière de sa voiture, personne, il est vrai, ne connaît mon père, et personne ne me connaîtrait moi-même sans le rôle que j’ai su prendre. Ce rôle, vous le savez tout comme moi, ne réussit que par son absurdité. Que je cesse pendant huit jours de regarder les marquis du haut en bas, et de traiter les princes du sang comme autant de nigauds, il n’en faudra pas davantage pour me condamner à l’oubli le plus complet. Le inonde est bête, et j’use largement de sa bêtise. Nous nous comprenons à merveille. » Cette spirituelle franchise lui obtint la complicité muette de cette femme excentrique. Lady Stanhope énonce des jugements toujours caractéristiques sur les hommes célèbres du

temps et sur les membres de la famille royale. Elle qualifie le prince de Galles (George IV) « d’ignoble individu. » Sur le compte de lord Wellington, elle s’exprime ainsi : «...Sa capacité, il ne la doit qu’à lui-même, car sa jeunesse s’est passée dans une dissipation qui excluait toute étude sérieuse... Depuis lors, son étoile a tout fait pour lui ; car, à vrai dire, ce n’est point un grand général. Les connaissances du tacticien lui manquent absolument, et il n’a aucune de ces grandes qualités qui font les César, les Pompée, voire les Buonaparte. Pour ce qui est de Waterloo, Anglais et Français se sont toujours accordés à me dire qu’un hasard heureux lui a fait gagner cette bataille, sans qu’il puisse en revendiquer autrement la gloire., Je ne vois pas qu’a Paris il ait beaucoup mieux fait, et je sais pertinemment qu’il n’a pas l’affection du soldat. » Nous laissons à l’auteur la responsabilité de cette opinion et nous n’avons tenu à la mettre sous les yeux du lecteur que pour lui permettre de se faire une idée du ton sur lequel lady Stanhope traite ses compatriotes.

La valeur de ces mémoires est en somme assez mince, et la vogue qu’ils ont eue un moment n’avait pour cause que la singularité du personnage.

STANHOPE (Philippe-Henry, comte), homme d’État anglais, frère de la précédente, né près de Londres en 1781, mort en 1855. Il puolia à Dresde, à peine âgé de vingt ans, un ouvrage ascétique, sous ce titre : Livre de prières à l’usage des croyants et des incrédules, des chrétiens et des antichrétiens. En politique, lord Stanhope, qui s’appelait d’abord lord Mahon, du second titre de sa famille, se montra aussi réactionnaire que son père était libéral et suivit la même ligne que son oncle le fameux Pitt. En 1816, à la mort de son père, il porta au Parlement ses convictions antilibérales, Son esprit étroit et sa baine contre la France. Le comte Stanhope prononça, en 1818, un discours fameux dans lequel il demandait simplement le partage de la France, dans le but, disait-il, d’assurer la paix universelle. Il resta tory, dans toute l’acception du mot, jusqu’à la fin de sa vie, et fut l’adversaire déclaré des réformes de Robert Peel. On connaît l’histoire du malheureux Gaspard Hauser ; lord Stanhope s’intéressa tellement au sort de cet infortuné, qu’il voulut un moment l’adopter et publia un écrit intitulé Matériaux pour servir à l’histoire de Gaspard Hauser (Heidelberg, 1835, in-8»). Mais il se lassa rapidement de son protégé et rit paraître contre Hauser une brochure injurieuse.

STANHOPE (Philippe-Henry, comte), historien anglais, fils du précédent, né à’Walmer-Castle en 1805. Sous le nom de lord

Manon, qu’il porta jusqu’à la mort de Son père (1855), il lit ses études à Oxford, où il prit, en 1834, le diplôme de docteur’eu droit. Envoyé, en 1830, à la Chambre des communes par le bourg de Wooton-Basset, il vota avec les tories et quitta son siège lorsque le bill de réforme eut passé, maigre sa violente opposition. Mais il fut réélu en 1835 par le bourg d’Hertford, qu’il représenta jusqu’en 1852. Après avoir été sous-secrétaire dÉtat des affaires extérieures de 1834 à 1835, il devint, en 1845, secrétaire du bureau des Indes, sous le ministère Peel, avec lequel il vota l’abolition des corn-laws. En 1852, lord Mahon ne fut pas réélu député à la Chambre des communes ; mais trois ans plus tard, à la mort de son père, il hérita, avec son titre, de son siège à la Chambre des lords, où il a continué à faire partie du parti conservateur. Lord Stanhope doit sa réputation à ses travaux historiques, dans lesquels il a fait preuve d une remarquable érudition, d’une sérieuse étude des sources, d’un style simple et sobre, mais où, entraîné par l’esprit ne parti, il porte fréquemment sur les événements et sur les hommes des jugements qui donnent une large prise à la critique. Lotd Stanhope a été nuimné recteur de l université d’Aberdeon, président de la Société des antiquaires d’Angieterre (1846) et membre correspondant, puis, le 10 mai 1872, associé de l’Académie des sciences morales et politiques de Paris.

Nous citerons, parmi ses ouvrages les plus importants : Histoire de la succession d’Espagne (1834, in-8«), pour laquelle il a consulté les mémoires manuscrits laissés par son grand STAN

père ; Histoire de l’Angleterre depuis la paix d’Utrecht jusqu’à la paix de Versailles (1836-1854, 7 vol.) ; En quarante-cinq, histoire partielle de l’insurrection jacobite de 1745 (1851) ; la Vie du grand Condé (1840) ; Correspondance du grand comte de Chesterfield (1845, ’ 4 vol.) ; Vie de Bélisaire (1848) ; Essais historiques (1848), recueil d’articles insérés dans la Quarterly Éeview. Lord Stanhope a publié les Mémoires de sir Robert Peel (1856 et suiv.), en collaboration avec M, Caidwell.

STANHOPE (Philippe Dormer), comte de

CHESTERFirjLD. V. ChESTERFIELU.

STANHOPÉEs. f. (sta-no-pé — deSlanhope, lord. angl.). Bot. Génie de plantes, de la famille des orchidées, tribu des vandôes, comprenant plusieurs espèces épiphytes, qui croissent dans l’Amérique tropicale.

STANIGRADE s. m. pi. (sta-ni-gra-de). Groupe d’insectes hémiptères, de la famille des réduviens, Correspondant aux hydrométrites.

STANISLAS (saint), patron de la Pologne, évêque de Cracovie, né à Szczopanow, village près de Cracovie, en 1030, tué par le roi de Pologne Boieslas II en 1079. Il étudia à Gnesen et compléta son instruction à Paris. De retour en Pologne, il fut sacré évêque en 1071 ou 1072. Déjà depuis longtemps la cour de Rome songeait, dit M. Forsier, à ressaisir son ancienne influence sur le royaume et elle avait en cela un auxiliaire zélé dans tout le clergé étranger, privé par Boieslas des prélatures polonaises, jusqu’alors si fructueuses pour lui. Ils mirent donc leurs ressentiments en commun et l’on n’attendit plus qu’une occasion favorable pour punir le téméraire. L’évêque de Cracovie, Stanislas, dévoué au saint-siége, sut la faire naître. Oubliant sa mission toute de paix, il souleva l’esprit du peuple en admonestant publiquement devant l’autel le roi, qu’il menaça d’excommunication s’il ne changeait de conduite. L’audacieux prélat, qui comptait à bon droit sur l’appui du Vatican, exécuta ensuite cette menace, et lança l’interdit suv toutes les églises de Cracovie. Boieslas envoya des soldats à l’église de Skalka (près de la ville), où l’évêque célébrait la messe, avec ordre de la tuer ; mais, à son aspect, ces émissaires n’eurent pas la force de remplir leurs instructions. Alors, de plus en plus irrité, le roi se rendit lui-même au temple et tua de sa propre main l’ambitieux qui, sous un habit saint, cachait une âme dévouée à l’intrigue et h la rébellion.

Les historiens, induits en erreur par les moines chroniqueurs, se sont déchaînés contre Boieslas, en représentant le meurtre de Stanislas comme un acte de vengeance privée. Seul, Gallus, le plus ancien chroniqueur, et qui écrivait de llio à 1135, — donne la preuve que l’évêque Stanislas, canonisé par le pape et patron de la Pologne, non-seulement ne fut pas martyr de son patriotisme, mais que sa mort fut une suite de la trahison qu’il méditait, sou projet étant de rendre le pays tributaire de la Bohème. Les copistes des xme, xive et xv» siècles ont rejeté tout ce que Gallus rapportait sur la forfaiture de Stanislas et falsifié toutes ses éditions, en substituant à son témoignage les paroles de la bulle papale. Mais Czaeki découvrit un manuscrit original de cet historien, et le savant Bandkie le publia à Varsovie en 1824. « Le crime de haute trahison d’État, dit positivement Gallus, fut puni de mort par Boieslas. «Saint Stanislas a été canonisé en 1253.

Passons maintenant du domaine de l’histoire à celui de la légende théologique. L’Encyclopédie de Varsovie déclare que l’histoire de saint Stanislas, telle que nous venons de la rapporter d’après Forster et Podezaszynski, est 1 œuvre « de scribes ignoti nominis, de princes et de pharisiens de notre siècle, » et il parait qu’en la publiant on ■ fait subir à saint Stanislas un second martyre. » Au reste, ceux qui doutent de l’innocence de saint Stanislas peuvent lire pour leur édification sa réhabilitation par l’évêque de Plock, Prazmowski. D’après les traditions catholiques, l’évêque de Cracovie faisait des miracles et s’il attira sur lui la colère du roi Boieslas, c’est uniquement parce que le roi était un tyran et que Stanislas, homme pieux et dévoué aux intérêts populaires, tachait de le ramener sur le sentier de la vertu. Ainsi, entre autres miracles hors ligne, Stanislas serait allé un beau jour réveiller dans son tombeau un certain Piotro-win, qui était mort depuis trois ans. Le témoignage de Piotro-Win était nécessaire à l’évêque pour un procès qu’il soutenait contre les neveux dudit Piotrowin. Ressuscité par l’évêque, le défunt le suivit à travers la villa, traversa miraculeusement la Vistule et fit une déposition favorable à Stanislas ; seulement, malgré les prières des assistants, il refusa de donner aucun renseignement sur le monde extraterrestre, et parut très-pressé de mourir une seconde fois. Stanislas, disent encore les écrivains orthodoxes, était scandalisé de ce que le roi menait une vie peu exemplaire et opprimait ses sujets. Les évêques n’ont guère l’habitude de se montrer si zélés pour la liberté des peuples. Mais Stanislas crut devoir faire des observations au roi, et comme celui-ci faisait la sourde oreiile, il le retrancha de la communion des fidèles. Le roi, furieux de la mesure prise à son égard par l’é STAN

vêque, le tua de sa propre main, et lui procura ainsi les palmes du martyre, que lui décernèrent tous les écrivains catholiques. Mais il ne suffisait pas à saint Stanislas d’avoir fait des miracles pendant sa vie, il en fit après sa mort. Son corps avait été coupé en morceaux par les soldats de Boieslas. Des aigles veillèrent sur ces restes, et, les chanoines les ayant rassemblés, ils se recollèrent spontanément, y compris un doigt qui, dit 1 Encyclopédie de Varsovie, avait été avalé par un poisson. Saint Stanislas fit encore bien d’autres miracles : après sa mort, il ressuscita un mort dans 1 église des franciscains d’Assise, etc. Sa vie a été écrite en latin par le célèbre historien polonais Dlugosz, et traduite en 1496 en polonais. Cette traduction a été publiée en dernier lieu à Cracovie en 1865. André-Stanislas Kostka a également publié une vie de saint Stanislas, en polonais (Cracovie, 1753). Il a paru à Rome, en 1753 et 1766, un ouvrage sur saint Stanislas, intitulé : Compendio délia vita, virlute, miracoli di S. Stanislao vescova di Cracoùa.

Stanislas (ordre de Saint-), fondé par le roi de Pologne, Stanislas-Auguste Poniatowski, le 7 mai 1765, en l’honneur du patron de la Pologne et dans le but de se faire des partisans parmi la noblesse. À sa création, le nombre des chevaliers fut fixé à cent, non compris les chevaliers de l’Aigle blanc, qui le recevaient de droit, et les étrangers, qui pouvaient en être décorés. Chaque chevalier devait payer 4 ducats par an à l’hôpital de l’Enfant-Jésus de Varsovie. À l’époque du partage de la Pologne, l’ordre fut prodigué ; il tomba en désuétude et ne put se relever qu’en 1807, après la création du duché de Varsovie. L’émpèreur Alexandre Ier le reconnut solennellement le 1er décembre 1815, et le distribua en quatre classes. À la suite des nombreuses insurrections de la Pologne, il fut incorporé par l’empereur Nicolas aux ordres russes, mais garda sa dénomination particulière. Par un ukase de 1839, les membres furent réduits à trois classes et l’ordre fut destiné aux personnes qui ont contribué au bien général de la Russie et de la Pologne. La décoration consiste en une croix émaillée rouge, pommetée d’or, anglée d’aigles à deux têtes couronnées ; elle a quatre branches et huit pointes. Le médaillon du centre est entouré d’une couronne de laurier, et porte sur fond blanc l’effigie de saint Stanislas ; sur le revers les initiales du fondateur. Le ruban, liséré rouge, a deux raies blanches et le centre rouge. La première classe le met en écharpe, avec une plaque sur le côté gauche de la poitrine ; la deuxième classe le porte en sautoir et la troisième à la boutonnière. Les chevaliers de l’ordre de l’Aigle blanc portent de droit la décoration de la troisième classe.

STANISLAS KOSTKA (saint), jésuite polonais, né à Kostkow en 1550, mort à Rome en 1568. A l’âge de quatorze ans, il fut envoyé à Vienne avec son frère Jean pour y faire ses études dans le collège des jésuites. Il ne faisait que prier et jeûner et il compromit sa santé par ce régime. Il eut des hallucinations ou, pour parler le langage théologique, des visions. Un jour qu’il se croyait près de mourir, il prétendit que sainte Barbe entra dans sa chambre avec deux anges, portant le saint sacrement, et que, dans une autre circonstance, la sainte Vierge dui fit diverses caresses en l’assurant que Dieu le voulait dans la compagnie de Jésus. • Stanislas voulait satisfaire à ces exigences divines en se faisant jésuite. Sa famille s’y étant opposée, il s’enfuit K Augsbourg, puis à Dillingen, où il fut accueilli par le Père Canisius, et enfin se rendit à Rome, où il fut admis dans la société de Jésus, le 28 octobre 1567, au plus grand chagrin de son père, impuissant à exercer sur lui sa légitime autorité. Stanislas continua à Rome à martyriser son corps par un ascétisme estagéré et poussa si loin cette folle dévotion qu’il en tomba malade et mourut à l’âge de dix-huit ans. Il a été béatifié en 1604 et canonisé en 1714. L’Église catholique célèbre sa mémoire le 13 novembre. Il y a une biographie espagnole de Kostka par Joseph Cassani, Vida, virtutesy milagros de S. Stunislao Kostka (Madrid, 1715), et un sermon sur saint Stanislas Kostka (Séville, 1727, en espagnol ; deux biographies en polonais, Relacya albo Krotkie opisunie cudow, etc., bl. Slanislawa Kuslki (Cracovie, 1630) et Lilia nicba i ziemi wdzieczna, to jest zywot S. Stainsiuwa Koslki, par Ig. Raczynski (Cracovie, 1673) ; une biographie italienne par Cepari, traduite en français par Calpin, enfin une biographie allemande par Fr. Sacchino (Ingolstadt, 1611 ; traduction italienne, Rome, 1620).

STANISLAS 1er LESCZYMSKI ou LEC-ZINSKI, roi de Pologne, né à Léopol le

20 octobre 1677, mort à Lunéville le 23 février 1766. Il appartenait à une famille originaire de Bohême, qui s’était fixée en Pologne vers le xe siècle et dont plusieurs membres s’étaient fait remarquer dans les fastes de ce pays. Son père, Raphaël, grand trésorier de Pologne, dirigea d’iibord son éducation, s’attacha à développer à la fois son intelligence et son corps quelque peu débile, et parvint, par des exercices corporels, à fortifier le tempérament du jeune homme, pendant qu’il lui faisait étudier les sciences, les arts et les langues étrangères.

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Stanislas compléta cette forte éducation par des voyages, s’arrêta pendant quelque temps en France, et à son retour en Pologne, bien qu’il n’eût que dix-neuf ans, il fut nommé staroste de Odolunow. Cette même année (1696), le grand Sobieski étant mort, Stanislas fut délégué par sa province à la diète préparatoire pour l’élection d’un roi, puis à la diète d’élection. Comme son père, il désirait voir monter sur le trône de Pologne Jacques Sobieski, fils du dernier roi ; toutefois, il repoussa avec indignation l’accusation portée contre lui par Grudzinski d’être le partisan aveugle de ce prétendant, prononça à ce sujet un éloquent discours, et força son accusateur à se rétracter. Outre Jacques Sobieski, de nombreux compétiteurs étaient sur les rangs, notamment l’électeur de Saxe, Frédéric-Auguste, et le prince de Conti. Ce fut ce dernier qui obtint ta grande majorité des suffrages et qui fut proclamé ; mais ce prince étant alors en France, l’électeur Auguste profita de cette circonstance pour se livrer à des intrigues qui finalement déplacèrent la majorité, et il prit possession du trône sous le nom d’Auguste II. Stanislas se rallia alors à ce prince, qui le nomma grand échanson de ta couronne, puis palatin do Posnanie (1703). Auguste II ayant eu l’imprudence de s’allier, sans consulter la diète, à la Russie pour combattre le roi de Suède Charles XII, ce dernier pénétra avec une armée en Pologne, mit en fuite les troupes d’Auguste et s’établit à Heilsberg. Les nobles polonais se réunirent alors en confédération a Varsovie, proclamèrent la déchéance.du roi (15 février 1704) et chargèrent Stanislas Lesczynski de se rendre auprès de Charles XII pour traiter de ta paix. L ambassadeur s’attira les bonnes grâces du vainqueur et obtint les conditions les plus avantageuses. La diète de Varsovie, enchantée de son négociateur, lui vota des remercîments et- lorsque, le 12 juillet 1704, la diète, chargée d’élire un nouveau roi, se réunit k Wola, ce fut Stanislas qui fut proclamé à une énorme majorité. L’influence du roi de Suède avait, du reste, beaucoup contribué à ce choix, et Charles XII manifesta sa satisfaction en faisant complimenter le nouveau roi et en lui promettant son appui. Cependant Auguste II ne restait pas inactif. Par une marche hardie, il essaya d’enlever Stanislas, qui était à Varsovie, et il s’en fallut de peu qu’il ne réussît. Ce dernier alla rejoindre Charles XII à Léopol, puis ils marchèrent contre les Saxons et les partisans d’Auguste, et forcèrent ce dernier à abandonner la Pologne et k se retirer en Saxe. Débarrassé de son rival, Stanislas se fit couronner en grande pompe à Varsovie avec sa femme, Catherine Opalinska, et s’attacha à réparer par une bienfaisante administration les maux de son pays. Mais Auguste II était loin d’avoir renoncé à ses prétentions. Il se rendit auprès de Pierre le Grand, signa av, ec lui un nouveau traité, et la guerre recommença. Charles XII accourut aussitôt, battit les Russes, envahit la Saxe et contraignit Auguste à signer le traité d’Alt-Ranstadt, par lequel ce dernier s’obligeait à reconnaître Stanislas comme roi de Pologne (24 septembre 1706). Celui-ci espérait pouvoir enfin gouverner paisiblement, lorsque le czar Pierre envahit à son tour la Pologne, déclara qu’Auguste et Stanislas étaient également déchus du trône, et imposa aux Polonais une résolution dans le même sens. Stanislas résista et parvint, grâce à l’appui des Suédois, à contraindre les Russes à évacuer le pays pour aller défendre leurs frontières (1708) ; mais la défaite que Charles XII essuya à Pultava (4 juillet 1709) porta un coup terrible au roi de Pologne, qui se trouva entraîné dans le désastre de son protecteur. Après avoir vainement lutté contre les Russes et l’électeur de Saxe, qui annonça qu’il allait reprendre possession du trône de Pologne, il se réfugia en Suède, où il attendit le résultat des événements. Le czar ayant imposé aux Polonais pour première condition de paix l’abdication de Stanislas, celui-ci partit pour la Turquie, où se trouvait alors Charles XII, afin de lui demander son acquiescement à son abdication. • Mais, en traversant la Moldavie, il fut arrêté (février 1713) ot envoyé prisonnier à Bender. Grâce k d’habiles négociations, le comte Poniatowskiparvint à persuader au sultan qu’il

avait tout intérêt à prendre en main la cause de Stanislas contre Pierre le Grand ; et il fut décidé que Stanislas rejoindrait l’armée turque réunie à Choczim et que cette armée opérerait contre les Russes de concert avec Charles XII. Le roi de Pologne venait de partir pour Choczim, lorsque les ministres du sultan, gagnés par l’or du czar, firent changer subitement le sultan de résolution. Stanislas continua à être retenu prisonnier jusqu’au 23 mai 1714. Dépourvu d’ambition, il refusa de prendre part aux nouvelles entreprises du roi de Suède et se borna à aller prendre possession de la petite principauté de Deux-Ponts, que Charles XII lui avait donnée. Ce fut là qu’il passa paisiblement quatre années, que vint seul troubler un complot avorté, dirigé contre sa vie. Trois des conjurés furent arrêtés (15 août 1716) au moment où ils venaient de tirer sur une voiture qu’ils croyaient être la sienne. Ils allaient être massacrés lorsque Stanislas leur fit grâce et ordonna de les relâcher, en leur recommandant de devenir meilleurs. Après la mort do