Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 3, Sois-Suj.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

?.

SPIR

tiers que ce quelque chose est, sous beaucoup de rapports, très-différent de la matière ordinaire. Mais ils veulent que cela occupe une place, et ils prétendent savoir que cette place est dans l’intérieur même du corps. Beaucoup d’entre eux croient que l’âme n’est autre chose que le cerveau ; mais ce n’est là qu’une supposition. Il se pourraitque l’âme fût composée de molécules subtiles circulant a travers les fibres du cerveau et peut-être à travers d’autres fibres encore ; il se pourrait aussi qu’elle se composât de simples traces empreintes sur la matière du cerveau, et il est permis de faire beaucoup d’autres suppositions : mais ce qu’il y a de certain, selon eux, c est que l’âme est quelque part dans l’intérieur de l’homme, parce que, si elle n’était nulle part, elle n’existerait pas. En prenant le mot spirituel dans le sens de chose très-subtile, comme l’entendaient généralement les anciens, les matérialistes pourraient, eux aussi, dire que l’âme est spirituelle. Seulement, comme elle occupe une place pendant la vie présente, il faut, s’il y a une vie future, qu’elle en occupe une autre. Dès lors, cette vie future ne peut avoir de réalité que s’il existe un lieu précis, un séjour fixé pour les âmes après la mort, et la difficulté d’imaginer un tel séjour avec quelque apparence de vérité rend l’immortalité fort douteuse. Quand on croyait à l’existence d’un paradis situé au-dessus des nuages, les choses allaient de soi, et si l’on ignorait la manière dont les âmes pouvaient se transporter dans l’espace à des distances incommensurables, on savait au moins quelle direction elles devaient suivre et vers quel but elles tendaient. Aujourd’hui, la question est plus embarrassante. Les spiritualistes la suppriment en disant que les

âmes n’ont pas de lieu ; mais ils n’ont jamais prouvé qu’une chose puisse exister sans être juelque part, et ce sera toujours là le point aible de leur doctrine. Ils peuvent répondre, il est vrai, que leurs adversaires ne prouvent pas non plus la réalité de l’espace, sans laquelle les mois place et lieu n’ont pas de sens. Cela est vrai, comme il est vrai que l’homme sera toujours forcé, quand il veut raisonner, de commencer par admettre un certain nombre de notions sans définition et sans preuve. Le début entre les deux doctrines se ramène donc, en dernier résultat, à cette alternative : admettre sans preuve la réalité de l’espace, ou admettre sans preuve l’existence d’un être qui n’a pas de lieu, qui n’existe nulle part. Si, après examen, on se dit à soi-même que la croyance gratuite à la réalité de l’espace répugne moins que la croyance gratuite à la réalité d’un être qui n’existe nulle part, on se déclare, par la même, contre le spi’riiualisme.

Spiritualisme dans l’art (LE), par M. Ch. Lévêque (1864, in-iS). Le livre dont nous voulons pailer, le Spiritualisme dans l’art, est la réunion de quelques études sur l’art, dans lesquelles M. <Jh. Lévêque s’était lancé dans des digressions ingénieuses et abondantes qui n’étaient ni sans valeur ni sans charme.

o Les Grecs, dit-il, grâce à leur tempérament, à leur religion et à leur éducation, ont eu le bonheur de faire.des œuvres de sculpture d’une beauté parfaite. Ce n’est pas en copiant la nature qu’ils sont arrivés à ce résultat ; ce n’est pas seulement eu reproduisant la réalité sensible, mais en s’inspiraut du sentiment de l’idéal qu’ils.avaient en eux à un haut degré et qu’ils cultivaient sans cesse. Les modernes pourront-ils jamais égaler les Grecs ? Leur religion, leur tempérament, leur éducation ne les poussent-ils pas à sacrifier lu forme à l’expression ?» il. Lévêque répond affirmativement et pose ce dilemme : « Lu sculpture est placée dans cette alternative, ou de se faire tout à fait moderne à son détriment certain, ou de marcher dans la voie suivie par les maîtres grecs, sans aucun espoir d’aller ni plus loin qu’eux, ni même aussi loin qu’eux, du moins en ce qui touche la beauté visible. » Il conseille aux artistes de mêler à l’esthétique grecque le sentiment moderne. « Le marbre et le bronze, dit-il, n’auront de valeur esthétique aux yeux des générations nouvelles que si l’âme humaine et surtout l’âme moderne y palpite. *

Quant à la peinture, elle est exclusivement du domaine des nations modernes, et sa destinée est d’être, surtout chez nous, d’après M. Lévêque, absolument spirituuliste. «Il faut en prendre son parti, dit-il ; quiconque parle éloqueinment ou spirituellement des Français est populaire en France ; mais quiconque nous entretient a ce chaleur et conviction de l’homme en général, de l’humanité, est plus populaire encore. A tort ou à raison, nous nous croyons faits pour être écoutés ou entendus du inonde entier... Notre peinture est française, à coup sûr ; mais, à coup sûr aussi, elle est plus générale, plus humaine que nulle autre en Europe. »

Spiritualisme «I l’idéal drius l’art et la poésie des Grec» (le), par M. A. Chassang (1868, iu-80). Ce livre est divisé en six études qui, quoique traitant de sujets différents, se rattachent intimement les unes aux autres. Au moment où la lutte est engagée le plus vivement entre le spiritualisme et le matérialisme, où le matérialisme invoque pour lui la science, et le spiritualisme les sentiments éternels du cœur humain, Jl. Chassang s’est senti incliner vers les recherches sur les croyances de l’an SPIR

tiquité ; il a voulu voir si les anciens étaient matérialistes ou spiritualistes ; il est allé en Grèce, il en a étudié la littérature et la philosophie. Ce livre est le résultat de ses travaux.

La première étude est une esquisse largement tracée de l’art et de ses tendances au siècie de Périclès. M. Chassang y montre que les poètes et les artistes grecs, dominés par l’amour de l’idéal, ont toujours cherché leurs inspirations dans des doctrines spiritualistes plus ou moins arrêtées. La seconde, intitulée Du spiritualisme populaire, expose les croyances des anciens sur les destinées des âmes après leur mort. M. Chassang rapproche l’Enfer des Latins, décrit par Virgile, du Tartare décrit dans les mythes de Platon et étudie le Songe de Scipion. La troisième est intitulée Hélène dans la poésie et dans l’art  ; du culte et du respect de la beauté chez les Grecs, C’est un sujet que M. Saint-Marc Girardin avait déjà traité dans son Cours de littérature dramatique, mais que M. Chassang n’en a pas moins heureusement repris. La Caricature et le grotesque, tel est le titre de la quatrième étude ; le laid banni de la plastique et des arts du dessin, le grotesque admis à peine sur le second plan, telle est la conclusion de M. Chassang. La cinquième traite de la mise en scène dans le théâtre grec : tous les arts concourent au succès de 1 art dramatique, la poésie, la musique, la danse, l’architecture, la peinture de décors, les riches costumes, la mécanique. La dernière étude enfin est consacrée tout entière à Pindare.

Dans tout ce livre respire un amour sincère de l’antiquité. On sent un esprit qui est familier avec l’art ancien et qui le vénère ; on désirerait seulement un peu plus d’élévation dans le style. Ce n’en est pas moins un travail sérieux et bien fait. M. Chassang s’est souvenu de cette parole de Pindare, qu’il cite et’qui explique la vie et l’art grecs : « Puissent les dieux me donner l’amour des belles choses 1 »

SPIRITUALISTE s. (spi-ri-tu-a-li-sterad. spiritualisme). l’artisan du spiritualisme : l’ous les jours on prouve à un spiritualiste qu’il est matérialiste sans le savoir. (S. de Sacy.) Le Spiritualiste représente le corps comme un instrument momentanément placé au service d’une force incorporelle. (E. Sche- ■ ter.)

— adj. Qui appartient, qui a rapport au spiritualisme eu aux spiritualistes : Doctrine SPIRITUALISTE. École SPIRITUALISTE. Il ne faut

pas se faire illusion : la philosophie spiritualiste est passée à l’état a’honorable curiosité. (H. Bersot.)

SPIRITUALITÉ s. f. (spi-ri-tu-a-li-térad. spirituel). Nature spirituelle, qualité de ce qui est esprit ; La spiritualité de l’âme.

— Théologie mystique, qui a pour objet la vie spirituelle : Livre de spiritualité. Toute âme chrétienne fait de la spiritualité, dans le sens rigoureux du mot ; très-peu d’âmes s’élèvent à l’ascétisme. (Michon.)

SPIRITUEL, ELLE adj. (spi-ri-tu-èl, è-le

— lat. spiritualis ; île spiritus, esprit). Qui est esprit, qui est de la nature des esprits : Les anges sont des substances spirituelles. (Acad.) L’ennuyeuse chose que d’être si peu spirituelle, que de ne pouvoir faire un pas sans corps.’ (Mu« de Sév.) Nous savons que l’âme est spirituelle, mais nous ne savons point du tout ce que c’est qu’un esprit. (Volt.)

— Qui a de l’esprit, qui sait donner aux choses une tournure vive et ingénieuse : Un spirituel causeur. Une femme plus spirituelle que jolie. Que les hommes soient spirituels sans prétention, et les femmes aimables sans être trop coquettes. (Brill.-Sav.) L’homme spirituel dénué de jugement se croit le premier des hommes ; il n’en est que le plus dangereux. (Boïste.) il Qui est dit ou tait avec espri t : Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que parce qu’il nous présente une idée que nous n’avions pas conçue. (Mme Guizot.)

Il Qui marque, qui indiqua, qui dénote l’esprit : Physionomie spirituelle. Les yeux de l’éléphant sont brillants et spirituels. (Buif.)

— Qui est borné, limité au domaine de l’esprit, des intelligences : L’art fait naître entre ceux qui le pratiquent une sorte de parenté spirituelle. I) Qui regarde l’âme, la conscience, le salut : L’amour spirituel d’un confesseur pour sa pénitente.

— Qui regarde la religion, l’Église ; Le pouvoir spirituel. Les biens spirituels. Le royaume de Jésus-Christ est purement spirituel. (Fleury.) Le curé est l’administrateur spirituel des sacrements de soit Église. (Lamart.)

— B.-arts- Touche spirituelle, Touche, en peinture ou en gravure, qui a quelque chose de piquant et d’imprévu.

— Philol. Sens spirituel, Sens figuré, dans l’interprétation des Écritures.

— Mystic. Se dit des personnes livrées aux pratiques d’une dévotion mystique. Il Vie spirituelle, Vie de l’âme dévote, pratique habituelle de la méditation des choses du salut et de l’union à Dieu, il Exercices spirituels, Pratiques de dévotion tendre. Il Communion spiritueâe, Communion d’intention ; effort d’intention par lequel on s’unit à ceux qui communient réellement, on prend part en esprit à l’acte qu’ils accomplissent, il Lecture spirituelle, Lecture suc un sujet mystique, il Bouquet spi-

SPIR

rituel, Pensée dévote que l’on entretient dans son esprit, qu’on se rappelle de temps en temps pour satisfaire sa dévotion, comme on garde un bouquet sur soi pour le respirer de temps àautre. Il âlédecinou Directeur spirituel, Confesseur, directeur des âmes.

— Mus. Concert spirituel, Concert où l’on exécute exclusivement de la musique religieuse.

— s. in. Pouvoir spirituel : Comme la puissance temporelle ne doit pas touchera l’autel, le spirituel ne doit pas toucher au trône. (Pléch.)

— Hist. relig. Membre d’une section de l’ordre des frères mineurs de Saint-François, qui se sépara de l’institut au xm6 siècle.

SPIRITUELLEMENT adv. (spi-ri-tu-è- !eman

— rad. spirituel). En esprit : Quelque spirituellement qu’on médite, chacunmédile en sa langue, (Fonten.) Avec esprit, d’une manière ingénieuse et piquante : Répondre spirituellement. Les arbres, dans ce paysage, sont touchés spirituellement. (Acad.) Nul 'n’a plus spirituellement que La Fontaine réfuté Descartes et les cartésiens sur l’âme des bètes. (Ste-Beuve.)

— Mystic. En esprit, en pensée, en imagination : Communier spirituellement avec le prêtre. (Acad.) h Vivre spirituellement, Vivre de la vie spirituelle : On ne peut vivre spirituellement qulnutant qu’on se nourrit par la communion. (Pén.)

SPIRITUEUX, EUSE adj. (spi-ri-tu-eu, euze

— du lat. spiritus, esprit). Qui contient en notable quantité de l’esprit-de-vin ou alcool : Ce vin est fort spiritueux. L’usage des liqueurs spjritubuses est dangereux. (Acad.)

— Fig. Qui est d’un esprit vif, pétulant : Il y a des gens qui, au moyen d’une grande vivacité d’esprit, paraissent avoir plus d’esprit qu’ils n’en ont en effet ; ils sont spiritueux, si cela peut se dire, plutôt une spirituels. (Trublet.)

— s. m. Liqueur spiritueuse : Si le soldat anglais manque de viande et de spiritueux, le cœur et les jambes s’abattent. (E. Wey.)

— Encycl. Depuis deux siècles, les sptrilueux sont devenus une des sources de l’alimentation publique, et le développement de la consommation qu’on en fait commence à alarmer les hommes d’État autant que les moralistes. L’alcool et ses dérivés sont des substances saines de leur nature, car ils contiennent un principe nutritif, le carbone, et possèdent des propriétés toniques pour lesquelles on les recherche souvent en médecine. User d’alcool n’a donc en soi rien de mauvais ; dans l’abus seul est le péril. « On comprend sans peine, dit le docteur Virey, que moins on abuse des excitants, plus on économise son excitabilité, et qu’un enfant, un homme sobre seront bien plus vigoureusement émus par un léger stimulant que ne le serait un vieillard épuisé ou tel individu blasé à force d’impressions vives. Il s’établit donc un rapport nécessaire entre l’excitabilité et l’excitation. Trop de stimulants physiques ou moraux sur un organisme jeune et neuf le fatigue, -l’ètonne, l’irrite, puis finit par l’épuiser ; trop peu de stimulants pour le vieillard insensible le laisse inerte ou languissant. «

Bref, il y a un milieu à garder. Ce qui distingue les spiritueux des autres excitants et menace de leur donner une si grande importance sur l’économie entière de la civilisation est que leur action s’exerce particulièrement sur le cerveau. Ils exaltent momentanément les facultés intellectuelles et l’imagination, qui retombent bientôt au-dessous de la situation moyenne, dans la proportion même du degré d’excitation obtenu.

L’origine des spiritueux ne remonte pas au delà du moyen âge. L’eau-de-vie, « élixir de longue vie des alchimistes, » n’a été employée jusqu’au xviu* siècle qu’en qualité de médicament, et ne se trouvait que dans les pharmacies. Son usage comme boisson contemporaine date de l’introduction du café dans l’alimentation publique. Cet usage grandit chaque jour, et les économistes voient venir le moment ou il aura détruit une partie notable de l’espèce humaine. Il s’agirait d’avoir là-dessus une opinion fondée, à Je suis fermement convaincu, dit le docteur Meyrstein, que les boissons fortes, sous quelque dénomination que l’on en fasse usage, sont nuisibles au corps de l’homme et produisent des résultats funestes ; qu’elles sont la cause d’un grand nombre de maladies et généralement abrègent la vie. Je suis convaincu que, loin d’en avoir aucunement besoin, nous faisons une chose salutaire en nous en sevrant absolument. Une croyance malheureusement trop répandue, c’est qu’elles restaurent celui qui se livre à des travaux pénibles et fatigants. C’est là une erreur évidente, puisqu’elles produisent un effet absolument contraire. Elles raniment, il est vrai, pendantJes premiers moments, mais elles affaiblissent, épuisent ensuite doublement. Je considère les boissons fortes comme l’ennemi le plus destructeur de l’espèce humaine, plus dangereux et plus effrayant que cet ennemi dont les armes, en soumettant un pays jusqu’alors paisible, indique son passage par la destruction et l’incendie... J’ai la triste certitude qu’une infinité de personnes riches, douées de qualités, ayant cédé insensiblement à la séduction des spiritueux, rnt été précipitées dans la débauche et conduites au crime. » ’IV it o ■- jHiit. s’appliquer à iVb-i.i,

SPIR

1021

, mais l’asage modéré D’à pas de si tristes conséquences et n’est que très-salutaire, surtout

en certains pays.

Le spectacle des maux qui résultent de l’abus des spiritueux a provoqué en plusieurs pays, l’établissement de sociétés de tempérance, dont l’office se borne à protester assez inutilement. C’est à l’hygiène, et non à la morale, qu’il faut s’adresser pour conjurer les effets des spiritueux. On dit des ivrognes de profession qu’ils ont le corps trop affaibli, le moral trop dégradé pour être encore susceptibles d’une forte excitation ; ils siint également insensibles à l’honneur et à la honte. Sans doute ; mais il resterait à démontrer que la misère n est point la cause de l’état où ils se trouvent. Ou rencontre-t-on d’ordinaire des ivrognes ? Parmi ceux que la misère poursuit. On se console par l’ivresse de la vie précaire à laquelle on est condamné. Durant une heure ou deux, on se dérobe à sa condition et ou a l’esprit libre du joug sous le poids duquel on marche si péniblement. D’autre part, les travaux absorbants auxquels la civilisation soumet un si grand nombre de ceux qui la servent appauvrissent le tempérament et surtout le système nerveux, abrutissent en un mot. Beaucoup de médecins et de moralistes pensent que l’usage des spiritueux secoue les muscles appesantis et rend momentanément au système nerveux son activité

normale. L’ivresse elle-même, si elle n’est pas fréquente, ne leur répugne qu’à moitié chez certains sujets exposés plus que d’autres à l’effet désastreux du travail manuel continu, attendu qu’il rend l’âme esclave de la chair et des besoins de l’estomac. Ils considèrent même l’ivresse, venant à de longs intervalles, comme un coup de fouet qui produit sur. l’organisme une impression salutaire. Pour quelques instants, suivant eux, des gens qui n’ont plus d’humain que la forme remontent à la dignité d’homme, et c’est quelque chose assurément.

L’abus des spiritueux produit des effets plus désastreux chez ceux qui n’en font pas un usage habituel que chez les ivrognes de profession. Ces derniers, avinés-on débilités, s’enivrent sans danger pour eux-mêmes ni pour autrui. Les autres, en proie à une surexcitation d’autant plus viojente qu’elle est rare, perdent conscience de leurs actes. Toutes les passions qui végétaient en eux prennent tout à coup un violent essor. La haine, la vengeance, le goût de la débauche se traduisent alors par des accidents terribles.

En 1873, on a cru devoir, en France, combattre l’abus des spiritueux par une loi qui punit l’ivresse publique.

En définitive, les spiritueux constituent dans l’économie de la société moderne un agent inconnu des anciens et d’une puissance encore mal définie. Que leur abus soit à redouter, personne ne le contestera ; mais qu’ils soient en eux-mêmes un mal, il n’y a pas lieu de le croire. C’est un élément à ajouter à ceux que l’homme a conquis sur la nature, élément destiné à le fortifier, à augmenter son action extérieure et la vitalité de son système nerveux. Le temps, du reste, en réglera l’emploi. Dès aujourd’hui, cette force des choses qui donne à chaque objet son importance relative limite l’usage des Spiritueux. Sous 1 équateur, il y a peine de mort prononcée par la nature contre ceux qui font un usage considérable des spiritueux. Dans les pays méridionaux, mais déjà tempérés, la chaleur du climat empêche d’avoir recours à ce moyen d’augmenter la chaleur du sang. Au contraire, plus ou descend vers le Nord, plus se généralise l’usage des spiritueux. On s’en sert contre le froid, et les plus violents ennemis de l’alcool ne peuvent iiier qu’il ne soit en beaucoup de cas un remède efricaee. Sans l’immense consommation qu’on en fait aux États-Unis, air Canada, en Angleterre, en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Russie, bref dans toutes les contrées où la température descend très-bas, le travail et la . santé de tous subiraient une réduction notable. Sans l’alcool, notre état industriel n’existerait pas, et l’immense développement matériel dont le XIXe siècle est l’artisan et restera le témoin devant l’histoire s’arrêterait court. L’alcool n’est d’ailleurs, sous sa forme liquide, que le principe alimentaire qu’on retrouve à l’analyse comme 1 essence nutritive de tout ce qui sert à taire vivre les animaux terrestres. Au fond, il est bien inutile de lui déclarer la guerre ; il est de taille à résister à toute entreprise collective ou individuelle qu’on pourrait tenter contre lui. Essayez donc do proscrire l’habitude de manger élu pain I

Quant aux méfaits qu’on lui reproche, ils sont réels ; son usage est une question de mesure, dépend des circonstances, de la latitude, du climat ou des saisons, pour être légitime ou nuisible. Qu’on laisse agir la nature, et il se réglera de lui-même.

— Bibliogr. A consulter, parmi une grande quantité de documents sur cette matière, Huydercoper, De l’abolition des boissons fortes, traduitdu hollandais en français parBouquié-Lefebvre (Bruxelles, 1847, 1 vol. in-8").

SPIRITUOSITÉ s. f. (spi-ri-tu-o-zi-térad. spiritueux). Chim. Qualité d’un liquide spiritueux ; degré d’alcoolisation : La sfirituosité du vin. Il est parvenu à obtenir par une seule chauffe tous les degrés de spirituqsité. (Chaptal.)