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rait l’attribuer, et il est envahi par de vagues pressentiments.

À la soirée, il rencontre une de ses connaissances, le baron de Feroë, un Suédois,

compatriote de Svedenborg et comme lui penché sur l’abîme du mysticisme, pour le moins aussi occupé de l’autre monde que de celui-ci. À la suite de quelques mots échangés sur les femmes : « Ne vous engagez dans aucun lien terrestre, lui dit le baron. Restez libre pour l’amour, qui peut-être va vous visiter. Les esprits ont l’œil sur vous, et vous

fourriez vous repentir éternellement dans extra-monde d’une faute commise dans ceïui-ei. b De retour chez lui, Malivert pense au baron en se déshabillant : « Que diable

Ï>ouvait-il vouloir dire avec ses énigmes soennelles débitées d’un ton de mystagogueîi Il se couche, mais le sommeil ne lui vient pas. « Maigre lui, il écoutait les imperceptibles bruits qui se dégagent encore du plus complet silence, La détente de la sonnerie de sa pendule avant de sonner l’heure ou la demie, un pétillement d’étincelles sous les cendres, le craquement do la boiserie contractée par la chaleur, le son de la goutte d’huile tombant dans la lampe, le souffle de l’air attiré par le foyer et sifflant tout bas en dépit des bourrelets, la chute inopinée d’un journal de son lit à terre le faisaient tressaillir, tellement ses nerfs étaient tendus, comme aurait pu le faire la brusque détonation d’une arme à feu... Mais, parmi tous ces murmures confus, il ne put démêler rien qui ressemblât à un soupir. » Le lendemain, quand, après déjeuner, il se présente devant la porte de M»« d’Yinbercourt, il entend ces mots murmurés distinctement k son oreille : « N’entrez pas. » Il se retourne vivement et ne voit personne.

Rentré chez lui le soir, après avoir eu au club une conversation avec le baron de Péroô, qui lui a expliqué la projection de volonté nécessaire pour amener les esprits du monde invisible sur les limites de notre monde, Malivert rassemble toutes les puissances de son être et formule intérieurement le désir d’entrer en communication plus directe avec l’agent mystérieux qu’il pressent autour de lui. Insensiblement ses yeux, comme sollicités par un avertissement intérieur, se dirigent vers un miroir de Venise suspendu à la tapisserie. « Il crut démêler comme une vague blancheur laiteuse, comme une sorte de lueur lointaine et tremblotante qui semblait se rapprocher. Il se retourna pour voir quel objet dans la chambre pouvait projeter ce reflet ; il ne vit rien... La tache lumineuse du miroir commençait à se dessiner d’une façon plus distincte et k se teindre de couleurs légères, immatérielles pour ainsi dire, et qui auraient fait paraître terreux les tons de la plus fraîche palette. C’était plutôt l’idée d’une couleur que la couleur elle-même, une vapeur traversée de lumière et si délicatement nuancée que tous les mots humains ne sauraient la rendre. Guy regardait toujours, en proie à l’émotion la plus anxieusement nerveuse. L’image se condensait de plus en plus sans atteindre pourtant la précision grossière de la réalité, et Guy de Malivert put enfin voir, délimitée par la bordure de la glace comme un portrait par son cadre, une tête de jeune femme, ou plutôt de jeune tille, d’une beauté dont la beauté mortelle n’est que l’ombre. Une pâleur légèrement rosée colorait cette tête où les ombres et les lumières étaient à peine sensibles, et qui n’avait pas besoin, comme les figures terrestres, de ce contracte pour se modeler, n’étant pas soumise au jour qui nous éclaire. Ses cheveux, d’une teinta d’auréole, estompaient comme une fumée d’or le contour de son front. Dans ses yeux à demi baissés nageaient des prunelles d’un bleu nocturne, d’une douceur infinie, et rappelant ces places du ciel qu’au crépuscule envahissent les violettes du soir. Sun nez lin et miuca était d’une idéale délicatesse ; un sourire à la Léonard de Vinci, avec plus de tendresse et moins d’ironie, faisait prendre aux lèvres des sinuosités adorables ; le cou flexible, un peu ployé sur la tête, s’inclinait en avant et se perdait dans une demi-teinte argeutée qui eût pu servir de lumière k une autre figure. » Guy, plongé dans un ravissement mettable, essaye vainement de rattacher à cette figure quelque souvenir terrestre ; elle était pour lui entièrement nouvelle, et cependant il lui semblait la reconnaître. No sachant comment se la désigner k lui-même, il donne à cette apparition le nom de Spirite. À partir de ce moment, toutes les femmes sortent de sa mémoire ; l’amour terrestre est oublié.

Le lendemain, pour se soustraire à l’excitation nerveuse qui le dominait, Guy va faire au bois de Boulogne une promenade en traîneau. Une foule considérable se pressait aux abords du lac. • Ou voyait à demi couchées dans le berceau des calèches à huit ressorts, sous une vaste peau d’ours blanc denticulée d’écarlate, les véritables femmes du monde, pressant contre leurs manteaux desaiin doublés de fourrure leurs chauds manchons de martre zibeline. Sur les sièges à grosses passementeries, des cochers de bonne maison

majestueusement assis, les épaules garanties par une paluline de renard, regardaient d’un œil non moins dédaigneux que celui de Leurs maitresses passer les petites dames conduisant elles-mêmes des poneys attelés k quelque véhicule extravagant et prétentieux...

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Le lac était couvert de patineurs... Ils niaient comme l’éclair, changeaient brusquement de route, évitaient les chocs, s’arrêtaient soudain en faisant mordre le talon de la lame, décrivaient des courbes, des spirales, des huit, dessinaient des lettres, comme ces cavaliers arabes qui, avec la pointe de l’éperon, écrivent k rebrousse-poil le nom d’Allah sur le flanc de leur monture. D’autres poussaient dans de légers traîneaux, fantasquement ornés, de belles dames emmaillottées de fourrures, qui se renversaient et leur souriaient, ivres de rapidité et de froid. 1 Guy s’en retournait, lorsqu’il rencontra la calèche de Mme d’Yinbercourt. Au moment où il causait avec elle, il voit passer un magnifique traîneau dans lequel il reconnaît ou croit reconnaître la figure de Spirite. Jetant à la hâte quelques mots d’excuse à M™e d’Yinbercourt, il se met à suivre le traîneau, qui accélère son allure. Il ne peut l’atteindre ; mais à l’extrémité d’une allée il se convainc qu’il voyait bien le visage de Spirite, dont le vent avait soulevé le voile. Alors le traîneau qui la portait s’élance avec une impétuosité terrible. « Guy poussa un cri d’épouvante, car au même moment une grande berline traversait le chemin, et, oubliant que Spirite était un être immatériel k l’abri de tous les accidents terrestres, il crut à un choc épouvantable ; niais le cheval, le cocher et le traîneau passèrent à travers la voiture comme k travers un brouillard, et bientôt Malivert les perdit de vue. •

Comme il songeait, rentré chez lui, il voit, parmi les papiers qui couvraient sa- table, se dessiner une inain diaphane, dont les doigts s’allongeaient sur une des feuilles de papier à lettres et simulaient les mouvements de l’écriture. Quand la page fut entièrement parcourue, Guy se saisit de la feuille, croyant y trouver des phrases écrites, des signes inconnus ou connus. Le papier était tout blanc. Cependant la main continuait le même travail sur une autre feuille, mais sans donner aucun résultat apparent. Malivert se rappelle alors l’impulsion qu’il avait subie dans la soirée où il avait écrit le billet à Mme d’Yinbercourt et pense que Spirite, par un influx nerveux, parviendrait peut-être à lui dicter intérieurement ce qu’elle voulait dire. Au bout de quelques minutes, il lui semble que le sentiment de sa personnalité l’abandonne et qu’une autre volonté se substitue k la sienne. Les nerfs de ses doigts tressaillaient et commençaient k exécuter des mouvements dont il n’avait pas conscience ; le bec de la plume se met k courir sur le papier, traçant des signes rapides avec l’écriture de Guy légèrement modifiée par une impulsion étrangère. Ce que Guy écrivit ainsi, c’était la confession de Spirite : « La première fois que je vous vis, lui disait-elle, c’était au parloir du couvent des Oiseaux, où vous alliez visiter votre sœur qui était là en pension ainsi que moi." Elle ajoutait que, l’ayant aimé dès ce moment sans qu’il s en doutât, elle s’était faite religieuse lorsqu’elle avait appris qu’il allait se marier, puis elle était morte. Alors, échangeant une passion terrestre pour la soif des amours célestes et éternelles, elle s’était révélée à son cœur, à son esprit, k ses yeux mêmes. À la suite de cette révélation, de cette dictée de Spirite, l’existence de Malivert se scinde en deux portions distinctes, l’une réelle, l’autre fantastique. Rien, en apparence, n’est changé chez lui ; il va au club et dans le monde ; on le voit au bois de Boulogne et sur le boulevard ; il assiste aux premières représentations ; il voyage ; mais, en réalité, il ne vit qu’avec le fantôme idéal de Spirite. Elle est 1 objet de toutes ses pensées. Il n’aspire plus qu’a mourir pour lui donner le premier baiser d’amour, et sa vie sur la terre n’est qu’un mauvais rêve. Enfin, il meurt, et Spirite l’emporte au ciel. Il y a là, en trois ou quatre pages, une idéale description du paradis, tel que ne l’ont jamais rêvé les croyants.

Ce livre est un des plus remarquables de l’œuvre de Th. Gautier. L’auteur a.adapté avec une rare justesse au vague des formes, aux nuances vaporeuses de sentiments que réclamait le mysticisme du sujet son merveilleux talent descriptif, cette netteté de dessin, cette vivacité de coloris qui donnent à ses peintures l’air d’être faites au crayon et au pinceau plutôt qu’à la plume.

SP1B1T1 (Salvatore, marquis), littérateur italien, né à Cosenza en L712, mort à Naples en 1776. Entré dans la magistrature, il devint successivement secrétaire du tribunal suprême de commerce (1757), conseiller, juge de la cour de la Vicaiia (1762), et en dernier lieu conseiller de lachumbro royale de Sainte-Claire (1775). De très-bonne heure il s’adonna k la poésie et consacra ses loisirs aux lettres. Il a publié, entre autres écrits : Rlemorie degli scritlori Cosenfini (Naples, 1750, in-4°) ; De machina electrica (1760, in-8<>J ; Dûilogo de morti, poème (1770, in-8«) ; Alamachina perclri vuol divertirsi (1770, in-8»), en vers et en prose, etc.

SPIRITISME s. in. (spi-ri-ti-sme. — rad. spirite), Doctrine des spirites.

— Encycl. Le spiritisme est fondé sur l’existence prétendue des esprits et sur la réalité des manifestations à l’aide desquelles ils su feraient connaître uux vivants. Apprenons d’abord, de la bouche même du grand prêtre des spirites, Allan lutidée, ce que sont les esnrits.

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« On a su par eux-mêmes, dit-il, que ce ne sont point des êtres k part dans la création, mais les propres âmes de ceux qui ont vécu sur la terre ; que ces âmes, après avoir dépouillé leur enveloppe corporelle, peuplent et parcourent l’espace... Il y a en l’homme trois choses essentielles : l° l’âme ou esprit, principe intelligent, en qui résident la pensée, la volonté et le sens moral ; 2« le corps, enveloppe matérielle, lourde et grossière, qui met l’esprit en rapport avec le monde extérieur ; 3° le périsprit, enveloppe fluidique, légère, servant d’intermédiaire entre l’esprit et le corps. Lorsque l’enveloppe extérieure est usée et ne peut plus fonctionner, elle tombe, et l’esprit s en détache comme ie fruit se dépouille de sa coque, l’arbre de son écorce ; en un mot, comme on quitte un vieil habit hors de service. C’est ce qu’on appelle la mort. Le corps seul meurt ; l’esprit ne meurt pas ; la mort du corps le débarrasse de se* liens ; il s’en dégage et recouvre sa liberté comme le papillon en sortant de sa chrysalide. Mais il ne quitte que le corps matériel ; il conserve le périsprit, qui constitue pour lui une sorte de corps éthèré, vaporeux, impondérable pour nous et de forme humaine, qui paraît être la forme type. Dans son état normal, le périsprit est invisible, mais l’esprit peut lui taire subir certaines modifications qui le rendent momentanément accessible k la vue et même au toucher, comme cela a lieu pour la vapeur condensée ; c’est ainsi qu’il peut quelquefois se montrer à nous dans las apparitions. C’est k l’aide du périsprit que l’esprit ajiit sur la matière inerte et produit les divers phénomènes de bruit, de mouvements, d’écriture, etc. »

Des esprits, revêtus de leur périsprit, étaient apparus aux vivants bien avant l’époque contemporaine, puisque c’est sur cette croyance populaire que sont fondés tous les récits où il est question de revenants, de fantômes, de spectres ;, >cette superstition est vieille comme le monde. Mais les spirites ne tiennent aucun compte de ces manifestations antérieures des esprits ; pour eux, elles ne comptent pas. Le spiritisme date seulement de 1848. À cette époque, l’attention fut appelée aux États-Unis sur divers phénomènes étranges en apparence, tels que bruits, coups frappés, mouvements d’objets, etc., que l’on ne pouvait, disaient les adeptes, rapporter k aucune cause connue. Bientôt on remarqua, disaient-ils encore, que ces phénomènes se produisaient de préférence sous l’influence de certaines personnes, auxquelles on donna le nom de médiums, mais»sans leur intervention active. C’est alors qu’on fit tourner des tables (v. tables tournantes) et que l’on crut remarquer dans ce mouvement des tables non-seulement la spontanéité, mais encore l’intelligence. En effet, disent les spirites, les tables se dirigent à droite ou k gauche vers une personne désignée, se dressent k un commandement sur un ou deux pieds, frappent le nombre de coups demandés, battent la mesure, etc.

C’est pour expliquer ces effets intelligents que les spirites ont imaginé des causes intelligentes. On pensa d’abord k placer ces causes dans un reflet de l’intelligence des assistants ; mais comme on obtenait avec les tables des effets complètement étrangers- à la pensée des personnes présentes, il fallut avoir recours k des êtres invisibles. Et l’argument invoqué, c’est que ces êtres invisibles ont manifesté leur existence d’une manière non équivoque. De l’Amérique, ce phénomène passa en France et dans le reste de l’Europe, où il occupa beaucoup les esprits frivoles. La doctrine du spiritisme fut alors constituée et divulguée, en même temps que les Américains habilesqui l’avaient importée en tiraient un profit sérieux. Allan Kaidec, le premier, lui donna la forme claire et précise que nous avons exposée plus haut. On a vu que cette doctrine est complète, que rien n’y manque, sauf que pour l’admettre il est nécessaire d’avoir la foi, puisque l’auteur considère de prime abord comme prouvés les phénomènes qui, précisément, sont en question et qu’il les explique par une hypothèse à laquelle il faut croire, sans autre examen. Voici quel fut le fait initial du spiritisme aux États-Unis :

À la fin de mars 1848, une famille Fox, qui occupait une petite maison du village d’Hydesville, dans le comté de Wayne (État de New-York), entendit k la tombée de la nuit des bruits insolites dans les chambres du haut ; des coups étaient frappés au plancher, des chaises remuées et déplacées. On visita les chambres, il n’y avait personne. Le lendemain les mêmes bruits se reproduisirent, et une des filles de M. Fox eut l’idée de dire k l’agent invisible qui les produisait : • Faites comme moi, comptez : un, deux, trois, quatre... ■ L’invisible frappa un, deux, trois, quatre coups. La jeune tille s’évanouit. A lu suite de ces faits tout le village fut en rumeur. Pour comble, un précédent locataire de la maison Fox vint déposer d’un fait bien grave, dont ces phénomènes surnaturels le faisaient souvenir. Un soir, par une obscurité profonde, il-avait entendu distinctement frapper deux coups à sa porte ; il était allé ouvrir... Personnel 11 n’eu fallut pas davantage pour porter la terreur à son paroxysme. La maison Fox continuait k être toutes les nuits hantée par le frappeur mystérieux, qui répondait parfaitement k toutes les questions. On lui demanda l’âge des enfants Fox ; il

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frappa autant de coups que l’enfant désigné avait d’années ; on lui demanda s’il était un être vivant : silence complet ; s’il était un esprit : un coup, signifiant oui ; s’il avait reçu quelque offense : deux coups très-forts, affirmant catégoriquement sa plainte. Enfin, on eut l’idée de se servir de l’alphabet ; on lui dit de frapper un coup pour chaque lettre composant son nom, à mesure qu’on promenait la pointe d’un stylot air toutes les lettres successivement. On apprit ainsi que l’esprit frappeur s’appelait Charles Rayn, qu’il avait été assassiné dans cette maison et demandait des prières.

Les inventeurs’de cette petite drôlerie ne s’étaient pas mis en grands frais d’imagination, car toute cette aventure de l’homme assassiné qui demande la sépulture se trouve dans une des lettres de Pline le Jeune. Les craquements de meubles, les coups frappés au platond étaient produits tout simplement, comme on l’a su plus tard, par une des filles rie M. Fox, encore tout enfant et déjà ventriloque, qui s’amusa a mystifier sa famillo et les voisins en répondant aux battements de mains de sa sœur et même aux siens propre ?, car elle interrogeait aussi. On a vu bien plus fort que cela chez M. Comte 011 chez Robert Houtlin ; l’homme k la poupée du café des Aveugles en faisait entendre de bien plus drôles. Quant k l’esprit invisible qui avait frappé deux coups à la porte du précédent locataire de la maison, il parait que c’était un gamin, uriné d’une balle de plomb attachée k 1 une ficelle, farce usitée dans les villages pour jouir de l’ahurissement de l’homme qui paraît sur son huis en bonnet de coton et la chandelle k la main.

Au lieu de se donner de ces phénomènes bien peu extraordinaires l’explication naturelle qui leur convenait, la crédulité popufaire s en empara et la famille Fox, toujours dupe de la jeune ventriloque ou peut-être bien sa complice, acquit une rapide célébrité. Après avoir fait semblant de chercher dans la cave le cadavre de Charles Rayn, elle partit d’Hydesville et vint à Rochener, où l’ombre du frappeur irrité ia suivit. Les manifestations recommencèrent sur ce nouveau

théâtre plus vaste que l’ancien et plus propice k une bonne petite spéctlation américaine. Il y eut des séances publiques ; des commissions scientifiques furent nommées pour rechercher la cause des phénomènes surnaturels dont tout le monde aarluit. Pui3, c’était chose si simple que de produire des manifestations spirites, qu’il y t-n eut bientôt partout, à Auburn, à New-Ycrk, k Boston, à Cincinnati, à Saint-Louis, à fcufialo, à Philadelphie. Dans cette derniers ville, trois cents cercles ou réunions se mirent en relation avec les esprits, les évoquèrent et conversèrent avec eux, chacun d’eux par le

moyen d’un médium particulier. En 1832, on comptait aux États-Unis environ trente mille médiums, et soixante mille en 183J.

Ce fut le moment où le spiritisme pénétra en France ; c’est sur ces scènes grotesques que s’appuie Allan Kardec pour dire qu’on a su, par les esprits eux-mêmes, ce qu’ils étaient, quelle était leur nature. Rendons-lui la parole pour apprendre de lui les perfectionnements que subit, en se répandant, la pratique du spiritisme.

« Les coups et les mouvements sont, pour les esprits, des moyeus d’attester leur présence et d’appeler sur eux l’attention, absolument comme lorsqu’une personne frappe pour avertir qu’il y a quelqu’un. Il en est qui ne sa bornent pas a des bruits modères, mais qui vont jusqu’à faire un vacarme pareil k celui de la vaisselle qui se brise, de portes qui s’ouvrent et se ferment, ou de meubles que l’on renverse. À l’aide des coups et des mouvements de convention, ils ont pu exprimer leurs pensées, mais l’écriture leur oifra le moyen le plus complet, le plus rapide et la plus commode ; aussi est-ce celui qu’ils préfèrent. Par la même raison qu’ils peuvent faire former des caractères, ils peuvent guider la main pour faire tracer des dessins, écrire de la musique, exécuter un morceau sur un instrument ; en un mot, k défaut de leur propre corps qu’ils n’ont plus, ils se servent de celui du médium pour su manifester uux hommes d’une manière sensible.

Les esprits peuvent encore se manifester de plusieurs manières, entre autres par la vue et par l’audition. Certaines personnes, dites médiums auditifs, ont la faculté de les entendre et peuvent aussi converser avec eux ; d’autres les voient : ce sont les médiums voyants. Les esprits qui se manifestent k la vue se présentent généralement sous une forme analogue k celle qu’ils avaient de leur vivant, mais vaporeuse ; d’autres fuis, cette forme a toutes les apparences d’un éti-s vivant, au point de faire complètement illusion, et on les a quelquefois pris pour des personnes en chair et en os, avec lesquelles on a pu causer et échanger des poignées de mains, sans se douter qu’on avait ult’aire k des esprits, autrement que par leur disparilion subite.

La vue permanente et générale des esprits est fort rare, mais les apparitions individuelles sont assez fréquentes, surtout au moment de la mort ; l’esprit dégage semble se hâter d’aller revoir ses p iront» et ses amis, comme pour les avertir qu’il vient do quitter la terre et leur dire qu’il vit toujours.

Que chacun recueille ses souvenirs, tst