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NE PAS CORRIGER

SOIS

grâce les vers rais dans la bouche de Charles IX :

Serais-tu pas marrie,

Marie, ,

Tantôt de ne pouvoir

Me voir ?

En résumé, ce livre est un des meilleurs en ce genre qui soient sortis de la plume féconde de 1 auteur. On le lit sans désemparer dès qu’on le tient, la curiosité est sans cesse excitée ; le style est souple, bien que très-travaillé, et ce que l’on ne saurait trop louer dans cette œuvre, c’est l’originalité, à laquelle, il est vrai, on sent que l’auteur a visé, mais qu’il a pleinement réussi à atteindre.

Soirée* do Jonathan (LES), parX.-B. Saintine (1837). Sous la forme d’une fiction, l’auteur développe une idée juste, sinon nouvelle, le

In medio stai virtus

d’Horace, ce qui, dans la traduction de M. Prudhomme, signifie : « Le bon sens ne se trouve jamais dans les extrêmes. ■ Jonathan est un brave homme de savant, auquel la science a tourné la tête et qui croit encore à la métempsycose. Tour à tour Aristote et le comte de Saint-Germain, du moins en idée, le bonhomme est fort amusant lorsqu’il verse des larmes, par exemple sur Epaminondas, qu’il a vu expirer au sein de son triomphe. « Jonathan possède, dit-il, un secret pour vivre toujours, secret qu’il ne révèle qu’en expirant, ce qui n’en prouveraitguèrel’excellence : c’est de se souvenir. » Heureusement que l’intelligence du lecteur comprend aisément que l’auteur entend dire par là que la science fait vivre dix vies en une seule.

Quoi qu’il en soit de ses théories philosophiques, Jonathan a une conversation pleine de charme et d’enseignement. Comme les soirées que l’auteur suppose avoir passées avec lui ne sont pas longues, le livre de M. Saintine se compose d une vingtaine de petites histoires qu on pourrait appeler la Morale en action de la modération. Bonne humeur, finesse, bon sens, esprit, telles sont les qualités qui recommandent ce3 petits récits artistement ciselés. Une légère pointe d’indépendance et d’ironie en relève encore la saveur. Ainsij’dans le récit intitulé les Contradictions, dont un vieux marin formule en ces termes la moralité : « La science de la vie consiste à mener sa barque en louvoyant à travers les écueils, » après avoir établi que tout en ce monde n’est que contradiction, à commencer par les choses qui devraient, par leur nature même, être le moins sujettes à ce défaut, comme nos mœurs et nos lois, l’auteur s’amuse k donner quelques exemples frappants des contradictions humaines. On en jugera par les deux citations suivantes :

« Employé. L’employé simple est un homme qui travaille depuis la huitième heure du jour jusqu’à la quatrième de relevée ; parfois même son bureau le rappelle le soir à l’ouvrage ; aussi ses appointements sont-ils fort médiocres. Le chef de bureau est soumis à moins d’exactitude ; il peut s’affranchir des corvées du soir et allier agréablement le plaisir et les affaires ; aussi cette place est-elle fort bien payée. Devenu chef de division, il jouit d’un traitement considérable ; aussi ne fait-il plus rien. »

o Noblesse. Un homme fait une action d’éclat, sauve son pays, verse son sang pour lui ou s’illustre par ses ouvrages ; il lui est concédé sur parchemin le droit de procréer des gentilshommes. L’est-il lui-même ? Non ! Il ne peut le devenir : il n’est tout simplement qu’un intrus, qu un parvenu, métis de la roture et de la noblesse. Mais ses fils seront gentilshommes, il leur donnera ce qu’il n’a pas ; le gland produira un chêne ; le fleuve se purifiera en s’éloignaut de sa source. Tout cela n’est pas clair, aussi tout cela est-il universellement adopté. >

SOIRON (Alexandre von), avocat et homme politique allemand, né à Manheim en 1805, mort à Heidelberg en 1855. Il étudia à Heidelberg et à Bonn et, à partir de 1832, exerça la profession d’avocat à Heidelberg, puis à Manheim. Elu en 1815 député à la Chambre badoise, il y fit partie de l’opposition libérale. En 1848, il siégea dans l’Assemblée nationale badoise, dont il fut pendant quelque temps le vice-président, et fut le chef du parti de l’empire héréditaire. Il fit ensuite partie du parlement d’Erfurt et de la Chambre badoise. En 1851, il fut nommé membre suppléant du tribunal suprême de Manheim.

SOISSONNAIS, AISE s. et adj. (soi-so-nè, è-ze). Géogr. Habitant de Soissons ; qui appartient à cette ville ou k ses habitants : Les Soissonnais. La population soissonnaisij.

SOISSONNAIS, en latin Suessonum Ager,

{>etit pays de l’ancienne France, comp/is dans a ci-devant province de l’Ile-de-France, Sur les limites de la Picardie et de la Champagne. 11 comprenait le territoire de Soissous, qui en était la capitale, et il fait actuellement partie du département de l’Aisne.

SOISSONS s. m. {soi-son — de Soissons, nom de ville). Variété de haricot qui se cultive surtout aux. environs de Soissons : Une salade de soissons. Il On dit aussi haricot de Soissons.

SOISSONS, autrefois Noviodunum, puis


Suessio et Suessonum Civitas, ville de France (Aisne), ch.-l. d’arr. et de cant, à 32 kilom. S.-O. de Laon ; pop. aggl., 8,119 hab. — pop, tôt, 10,404 hab. L arrondissement comprend 6 cantons, 166 communes et 69,023 hab. Evêché suffragant de Reims, grand et petit séminaire, collège communal ; bibliothèque, tribunaux de ire instance et de commerce, justice de paix ; chambre consultative d’agriculture, comice agricole, société archéologique ; fabrication de poteries, chandelles, chocolats, instruments aratoires ; tanneries, corderies, brasseries, distillerie, fonderie de fer. Commerce important de grains, farines, bétail, laines, bois et charbon, fin et chanvre.

Place de guerre de ire classe, la ville de Soissons est située dans un vallon agréable et fertile sur la rive gauche de l’Aisne. Une enceinte bastionnée avec fossés et remparts plantés d’arbres, de près de 4 kilom. de circonférence, entoure la ville, qui renferme

beaucoup de jardins et d’espaces vides, et à laquelle on arrive par le faubourg Saint-Vaast au N.-E. et par ceux de Saint-Crépin à l’E., de Crise au S. et de Saint-Christophe à l’O. Elle est généralement bien bâtie ; sans être larges, ses rues, récemment régularisées, sont bien percées et bordées de maisons propres et commodes. Elle renferme plusieurs édifices remarquables, parmi lesquels la cathédrale de Soissons, dédiée à saint Gervais, peut être placée au rang des belles églises de France. Fondée vers le milieu du xne siècle, elle ne fut achevée que dans le cours du siècle suivant. L’édifice, qui s’élève sur l’emplacement d’une église antérieure construite au me siècle, est d’une forme régulière et de proportions vastes. Bâti à l’époque de la transition du roman à l’ogive, son style se ressent des deux styles, avec une tendance prédominante du côté de l’ogive. « Rien de plus grandiose, dit M. Hocquart, de plus noble, de plus gracieux- que 1 intérieur de cette antique cathédrale. Les arcades présentent dans leur ensemble un effet riche et pittoresque ; les ornements qui les accompagnent sont en harmonie avec le reste de 1 édifice. Les voûtes et les fenêtres sont des modèles de construction ogivale. • La nef transversale de Saint-Gervais, par une exception assez rare, au lieu de se terminer carrément, prend une forme semi-circulaire à son extrémité. On remarque du reste cette disposition dans quelques édifices romans. L’extérieur de la cathédrale de Soissons n’est pas moins remarquable que l’intérieur. Elle domine la ville et présente un aspect à la fois grandiose et symétrique. Les dimensions de l’édifice sont les suivantes : longueur totale 100 mètres ; largeur, 26 mètres ; hauteur sous clef de voûte, 33™,27.

L’abbaye de Saint-Médard fut fondée par Clotaire Ier dans l’enceinte même du palais de Crouy, près de Soissons, sur la rive droite de l’Aisne. On y voit encore un véritable cachot de 2 mètres et demi k 3 mètres de longueur, 1 de largeur, dans lequel fut enfermé, dit-on, Louis le Débonnaire, après sa dégradation humiliante. Ce cachot était précédé d’une vaste salle où se tenaient les gardiens de l’infortuné monarque. Sur les murs du cachot, on lit ces lignes tracées évidemment par un autre prisonnier k une époque de beaucoup postérieure :

Hélas ! que je suis pria» de douleur.
Mourir mieulx me vauldroit
Que souffrir telles empreintes...

Au surplus l’abbaye de Saint-Médard ne présente plus que quelques débris avec une crypte dévastée. Il en est de même de l’abbaye Notre-Dame, qui couvrait autrefois la huitième partie de la ville et dont il ne reste plus aujourd’hui que quelques pans de murs, deux baies encore admirables pour la richesse de leur architecture romane, et une forte gothique, autrefois entrée principale de abbaye. De 1 abbaye de Saint-Jean-des-Vignes, fondée dans le milieu du XIe siècle par Hugues, seigneur de Château-Thierry, il ne reste qu’un bâtiment converti en habitation particulière, la porte de l’église, l’ancien réfectoire et deux tours élevées vers 1520. Mentionnons encore l’église Saint-Léger, devenue la chapelle du séminaire ; le collège, construction du xive siècle ; l’Hôtel-Dieu, fondé en 1247, et le musée, qui s’enrichit tous les jours d’antiquités gallo-romaines, découvertes dans les fouilles exécutées pour la reconstruction de plusieurs rues de la ville. Aux environs de Soissons, on voit des vestiges de voies romaines désignées sous le nom de chaussées des Romains, chemin Romeret et chaussée de Brunehaut. On a trouvé dans le jardin du grand séminaire les substructions d’un théâtre romain.

Histoire. Les origines de Soissons sont obscures. Les Celtes paraissent en avoir été les premiers fondateurs, puis vint l’invasion des Belges qui peupla à son tour le nord de la Gaule (328 av. J.-C.). Soissous, ou plutôt Noviodunum, devint bientôt, dans la tribu des Suessones, le centre de onze bourgades et la cité prépondérante de la nation belge. La ville, fortifiée à la manière gauloise, arrêta, dit-on, longtemps l’invasion des Cimbro-Teutons (113 av. J.-C). Après cette invasion, on voit un de ses chefs, nommé Divitiac, se jeter dans 1 île d’Albion et y fonder plusieurs colonies. Enfin les Suessones, commandés par Galba, furent les adversaires les plus dangereux de César lors de son arrivée dans les Gaules

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et figurèrent au premier rang de la ligue belge. Leur soumission eut lieu cependant 54 ans av. J.-C. ; ils avaient envoyé auparavant, comme dernier effort et comme protestation suprême, 5,000 des leurs au secours de Vercingétorix. L’ancien Noviodunum prit, sous la domination romaine, le nom à’Augusta Suessonum et continua d’être le chef-lieu du Pagus Suessonensis, avec quelques changements dans la circonscription du canton. La ville fut fortifiée à la romaine, des palais s’élevèrent au centre et Soissons posséda bientôt en outre un arsenal, un château impérial, auquel la tradition conserva longtemps le nom de château d’Albastre (6«listaria), un temple d’Isis, un amphithéâtre, enfin trois voies romaines se croisant sur son territoire. Lors de l’introduction du christianisme, la ville eut pour premiers apôtres saint Crépin et saint Crépinien, qui succombèrent pendant la persécution de Dioclétien (296-297). En 451, Soissons, préservé des fureurs d’Attila, devient le dernier refuge de la civilisation antique et le retranchement de la Gaule romaine. Puis vint la chute finale. Siagrius, comte de Soissons, tenta vainement une défense désespérée. Vaincu par Clovis sous les murs de la ville, il l’abandonna enfin au pillage des barbares, puis se livra aux mains d’Alaric, roi des Wisigoths. Sous la première race, Soissons reprit son rang de grande métropole ; Clovis fixa sa résidence ordinaire aux environs. Après la mort de Clovis, Soissons devint la capitale du royaume de Clotaire, à qui il dut !a fondation du célèbre monastère de Saint-Médard (55S). Sous Chilpéric, la ville vit s’accomplir la plupart des événements tragiques qui remplirent ce règne et dont Frédégonde et Brunehaut furent les personnages principaux. Trois fois Soissons. tomba au pouvoir de Sigebert, et Chilpéric ne dut la victoire qu’à 1 assassinat de son rival (575). Après la mort de Chilpéric (584), jusqu’au moment où la monarchie franque passa tout entière sous la forte main de son fils Clotaire, la ville, déchirée par les partis, fut tantôt austrasienne, tantôt neustrienne. Clotaire lui rendit enfin le repos et la prospérité. Sous la puissante administration de Charlemagne, Soissons participa à la prospérité du gigantesque empire. Louis le Débonnaire, trahi par son fils, se rendit dans la vieille abbaye de Saint-Médard et y accepta la honteuse confession qu’on lui avait dictée. Bientôt Soissons, compris dans le partage de Charles le Chauve, tomba au pouvoir de Lolhaire, mais pour peu de durée. Charles, vainqueur, y fit sacrer Hermintrude, sa femme, dans un conéile des Gaules, convoqué par le pape en 866. Lorsque les Normands commencèrent leurs incursions, Soissons dut d’abord k ses fortes murailles d’être épargné ; mais bientôt les Normands, rappelés par la lâcheté de Charles le Gros, chassèrent de Saint-Médard le méprisable empereur et livrèrent l’abbaye à l’incendie et au pillage. Cependant la ville ne fut pas attaquée et les faubourgs seuls eurent k souffrir de la férocité des vainqueurs. La famille de Vermahdois vit plus tard son influence croître rapidement dans le Soissonnais. Après la défaite, près de Soissons, de Charles le Simple par Hugues le Grand et Rodolphe, duc de Bourgogne (923), Héribert II acquit une puissance prépondérante, due en partie à la captivité de Charles le Simple, auquel il arracha la cession du comté de Laon. Mais Charles, abandonné par ses leudes, mourut bientôt, et le roi Raoul déclara à son adversaire une guerre acharnée. Au bout de cinq ans (930-935), Héribert perdit toutes ses conquêtes et notamment le Soissonnais, sauf Saint-Crépin. L’évêque de Soissons, Gui, s’étant rangé du parti de Louis d’Outre-mer, Hugues, duo de France, mit le siège devant la ville, qui résista et fut en partie livrée aux flammes. Pendant l’invasion d’Othon II, le Soissonnais fut livré au pillage. De 1057 k 1141, Soissons appartint à la maison d’Eu et de Normandie. Les principaux événements qui marquent cette période sont la comparution d’Abailard devant le concile de Soissons, qui lui donna pour prison l’abbaye de Saint-Médard, et le don à la ville d’une charte de commune qui servit bientôt de modèle à beaucoup d’autres. «Cette charte, dit M. Lassène, fut signée sans trouble et sans qu’il fût besoin de recourir k la violence, par les tuteurs du jeune Rainauld III (lue k 1126) et par le roi Louis le Gros, qui en garantit l’exécution, et plaça la bourgeoisie sous la protection d’un maire, de douze jurés et deux procureurs, et créa une nouvelle juridiction dans cette ville, où déjà tant de juridictions se disputaient la prééminence... 11 faut noter d’ailleurs que la charte de Soissons ne restreignit pas dans la même mesure le pouvoir du comte et celui de l’évêque, et que, plus défavorable au premier, elle assura désormais la prépondérance du second. » Sous le gouvernement de la maison de Nesle, Soissons prospéra au point de regagner une importance presque égale à celle qu’il avait eue sous la première race (1141-1306). Pendant la guerre de Cent ans, Soissons paya une partie de la rançon du roi Jean. Enguerrand de Coucy, gendre du roi d’Angleterre, protégea Soissons contre toute invasion ennemie. Il laissa deux héritiers auxquels le duc d’Orléans disputa leurs biens ; le duc finit par obtenir de Marie, fille d’Énguerrand, la donation du comté de Soissons,

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moyennant 400,000 livres. Maïs, peu de temps après cette convention, Marie mourait subitement, et le duc d’Orléans entrait sans bourse délier en possession du comté (1404). On sait la mort tragique du duc. Robert de Bar en profita pour revendiquer l’héritage de son aïeul, et, en 1412, il obtint de Charles d’Orléans une transaction en vertu de laquelle les deux prétendants partagèrent les droits et revenus du comté, Soissons et ses environs devinrent le principal théâtre de la guerre civile, et la capitale du Soissonnais expia cruellement son attachement au duc de Bourgogne. En 1414, l’armée royale de Charles VI et du duc d’Orléans assiégea et prit par trahison la place de Soissons, qui fut "alors livrée au pillage. Le Soissonnais perdit ses deux comtes à la bataille d’Azincourt ; Robert de Bar y fut tué et le duc d’Orléans pris ; mais Jeanne de Bar, fille de Robert, fut réintégrée dans son comté par Jean de Luxembourg, qui, après avoir pris possession de Soissons au nom des Anglais, maria l’héritière k son neveu, le comte de Saint-Pol (1435). Mais Lahire ne tarda pas k reprendre la place et à la rendre à Charles VII (1437). Ce dernier monarque retira aux comtes l’administration du Soissonnais et la confia à des gouverneurs royaux. Après la fin tragique du connétable de Saint - Pol, Louis XI donna ses biens à Pierre de Rohan, maréchal de Gié, mais rendit bientôt la part de la famille de Bar à Marie de Luxembourg, fille de Pierre, mariée en secondes noces k François de Bourbon, comte de Vendôme. L’autre moitié passa au duc d’Orléans (1487) et entra ducs le domaine de la couronne lorsque ce prince devint roi de France sous le nom de Louis XII (1498). Un instant cependant, la part du comté de Soissons appartenant k Louis XII, érigée de nouveau en pairie, passa avec Claude, fille du roi, entre les mains du duc d’Angoulême pour retourner au domaine de la couronne k l’avénement de François Ier. En 1521, la place ouvrit ses portes aux diables, compagnies d’aventuriers qui montrèrent leur reconnaissance d’un pareil accueil en la ravageant. François Ier mit Soissons en état complet de défense, mais les importants travaux dont il le dota ne l’empêchèrent pas de se livrer sans coup férir k Charles-Quint, dont les forces considérables avaient jeté l’épouvante dans ses murs. Rentré en possession de la ville, Henri II la fit de nouveau fortifier. La Réforme fit à Soissons des progrès rapides ; en 1561, les huguenots en devinrent les maîtres. Chassés une seconde fois, après le massacre de Vassy, ils rentrent dans Soissons dans la nuit du 26 au 27 septembre 1567 et, le lendemain, ils livrent la ville au plus affreux pillage. Le désastre alla si loin que les habitants s’enfuirent, ruinés et désespérés. Lorsque, le 29 mars 1568, les huguenots rendirent Soissons, il ne restait plus dans la ville, suivant l’expression d’un témoin oculaire, « que des pierres et un peu de bois. « Ce fut avec enthousiasme que la ville, k la voix du prédicateur Matthieu de Launay, se jeta dans le parti de la Ligue. C’est à Soissons que le duc de Guise tenait ses conférences les plus importantes ; c’est cette ville qui devait servir de prison à Henri III, si l’on parvenait k se rendre maître de sa personne. C’est à Soissons enfin que devaient être tenus les états de la Ligue. La guerre des princes y fut le signal de nouveaux troubles ; Mayenne livra la place par surprise aux mécontents (1614), et à chaque nouvelle guerre elle devint le quartier général de la révolte, quoiqu’elle protestât sans cesse de son dévouement à l’autorité royale.

La mort du maréchal d’Ancre mit fin à ces troubles, et Mayenne s’empressaalorsde porter au roi les clefs de la ville, qui n’eut plus qu’à réparer ses désastres (1619). Dès ce jour, en effet, Soissons demeura fidèle au pouvoir royal. Il refusa d’ouvrir ses portes à Louis de Bourbon, révolté contre Richelieu (1636), et la fermeté du gouverneur et des officiers municipaux l’empêcha de se jeter dans les bras des frondeurs. Depuis cette époque, on ne peut guère signaler dans l’histoire de Soissons que la fondation de son Académie (1653), qui fut supprimée pendant la Révolution. La Révolution trouva k Soissons un accueil aussi ardent qu’enthousiaste. Eile s’y accomplit presque sans effusion de sang. En 1814, le 13 février, les Russes se présentaient sous ses murs, pendant qu’aux environs Napoléon essayait de rassembler les débris de son armée. « La ville, dit M. Lassène, était dans un mauvais état de défense, et elle résistait cependant sous le commandement du général Rusca, qui rejeta les sommations du général Czernichef. Le lendemain, le général Rusca était mort, les Russes tournèrent le faubourg et la place fut obligée de se rendre. Le vainqueur arrêta le pillage en recevant la soumission qui lui fut portée par ta brave garde champêtre Charpentier, au péril de sa vie et au milieu de la fusillade. Le 15, la ville fut menacée et bientôt mise en état de défense par le duc de Trévise, qui y laissa le général Moreau. Peu de jours après, elle fut attaquée une seconde fois et se rendit de nouveau. On sait que de Soissons dépendait peut-être alors le destin de l’Empire, et que cette trop prompte reddition fit échouer les combinaisons de Napoléon. Le chef de bataillon Gérard résista mieux à une troisième attaque, qui fut livrée