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rium ; «Ce n’est pus au peuple qu’appartient !a souveraineté. » Néanmoins, l’écrivain ultracatholique fait quelques concessions qui tranchent avec son absolutisme et son exclusivisme habituels. Son argumentation peut se condenser ainsi : Le peuple est souverain, diton ; et de qui ? De lui-même apparemment. Le peuple est donc aussi sujet. Il y a sûrement ici quelque équivoque, s’il n’y a pas une erreur, car le peuple qui commande n est pas le peuple qui obéit. Il suffit donc, suivant le comte de Maistre, d’énoncer la proposition générale : « Le peuple est souverain, » pour sentir qu’elle a besoin d’un commentaire. « Ce commentaire, le voici : dans le système français, le peuple exerce sa souveraineté nu moyen de ses représentants. Le peuple est donc un seuverain qui ne peut exercer sa souveraineté ; seulement, chaque individu mâle de ce peuple a le droit de commander a son. tour pendant un certain temps ; par exemple, si l’on suppose 25 millions d hommes en France et 700 députés éligibles tous les deux ans, on comprend que, si ces 25 millions d’hommes étaient immortels et que les députés fussent nommés par tour, chaque Français se trouverait rûi périodiquement chaque trois ni, lie cinq cents ans environ. M ; iis, comme dans cet espace de temps on ne laisse pas que de mourir de temps en temps, et que d’ailleurs les électeurs sont maîtres de choisir comme il leur plaît, l’imagination est effrayée du nombre épouvantable de rois condamnés à mourir Sans avoir régné. »

Après cette boutade, l’auteur parle plus sérieusement et pose la. question qui, d’après lui, n’a jamais été posée convenablement. On a discuté avec chaleur pour savoir si la souveraineté venait de Dieu ou des hommes, et l’on a eu tort, car les deux opinions sont vraies jusqu’à un certain point. 11 est très-vrai, « dans un sens inférieur et grossier, » que la souveraineté est fondée sur le consentement humain ; car si un peuple quelconque s’entendait tout à coup pour ne pas obéir, la souveraineté disparaîtrait, et il est impossible d’imaginer l’établissement d’une souveraineté sans imaginer un peuple qui cotisent à obéir. Si donc les adversaires de l’origine divine de la souveraineté ne veulent dire que cela, ils ont raison. Dieu n’ayant pas jugé à propos d’employer des instruments surnaturels pour l’établissement des empire*, il est sûr que tout a dû se faite par des hommes. Mais dire que la souveraineté ne vient pas de Dieu parce qu’il se sert des hommes pour l’établir, c’est dire qu’il n’est pas le créateur de l’homme parce que nous avons lous’un père et une inère. Tous les théistes de L’univers conviendront sans doute que celui qui viole les lois s’oppose à la volonté divine et se rend coupable devant Dieu, quoiqu’il ne viole que des ordonnances humaines, car c’est Dieu qui a créé l’homme sociable, et, puisqu’il a voulu la société, il a voulu aussi la souveraineté et les lois, sans lesquelles il n’y a point de société. Les lois viennent donc de Dieu, dans le sens qu’il veut qu’il y ait des lois et qu’on leur obéisse, et cependant ces lois viennent aussi des hommes, puisqu’elles sont faiies par des hommes. De même, la souveraineté vient de Dieu, puisqu’il est l’auteur de tout, excepté du mal, et qu’il est en particulier l’auteur de la société, qui ne peut subsister sans la souveraineté. Et cependant, cette même souveraineté vient aussi des hommes dans un certain sens, c’est-à-dire en tant que tel ou tel mode de gouvernement est établi et déclaré par le consentement humain.

Les partisans de l’autorité divine ne peuvent donc nier que la volonté humaine ne joue un rôle quelconque dans l’établissement des gouvernements, et les partisans du système contraire ne peuvent nier à leur tour que Dieu ne soit par excellence et d’une manière évidente l’auteur de ces mêmes gouvernements. Il paraît donc que ces deux propositions, à La souveraineté vient de Dieu « et « La souveraineté vient des hommes » ne se contredisent pas absolument, pas plus que ces deux autres : ■ Les lois viennent des hommes » et « Les lois viennent de Dieu. » Il s’agit donc uniquement de faire la lumière et de rechercher de bonne foi ce qu’il y a de divin et ce qu’il y a d’humain dans la souveraineté.

Nous ne suivrons pas l’auteur dans ses raisonnements ; nous dirons simplement sa conclusion. La souveraineté appartient à Dieu, et le peuple n’en dispose que par une délégation bénévole de la divinité. Ses bienfaits viennent de Dieu, ses excès et ses fautes des hommes. De là le principe de droit divin découle tout naturellement, et, si l’on se reporte aux années où cet ouvrage fut composé, il est évident que c’était une dénégation des droits de la Révolution de L789 que l’auteur avait surtout en vue. Ce qui le prouve encore c’est que, chemin faisant, Joseph de Maistre essaye de réfuter les principaux articles du Contrat social, ce manuel des novateurs politiques de 17S9.

Joseph de Maistre déploie beaucoup de force et de talent pour soutenir sa thèse ; mais il est obligé de forcer la logique et de violer l’histoire pour arriver à ses tins. Le chrétien étouffe la voix du philosophe.

Souveraineté du peuple (DE LA) OU ËBHni mr l’esprit de la Révolution, par Paul du

Flotte, représentant du peuple (185V, iii-8°).

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Ce livre fut accueilli avec une grande faveur par tout le parti démocratique, et il donna à réfléchir aux adversaires de ce parti, car il portait hardiment le flambeau de la philosophie et de la raison au sein des passions de toutes sortes qui agitaient alors les esprits. Il est divisé en deux parties, l’une consacrée à la souveraineté du peuple, l’autre à la révolution sociale. Nous allons exposer sommairement les idées les plus saillantes que l’auteur développe dans le cours de son œuvre, en nous abstenant de les commenter.

Toute révolution, dit Paul de Flotte, présente toujours ce double caractère de nier des vérités acceptées et d’affirmer une vérité nouvelle, ce qui répond à deux phases, l’une critique des théories du passé, l’autre organique, cherchant un principe de construction pour l’avenir.

On ne peut fonder des sociétés sans une doctrine qui constitue le contrat social.

Les révolutionnaires conservent rarement la direction des affaires publiques ; autre chose est d’attaquer et de détruire, autre chose de conserver ce qu’on si conquis. Dans leur lutte sans merci ni repos, ils sont soutenus par un puissant amour de l’idéal, par une grande énergie de volonté. Il y a parmi eux les enthousiastes, épris de l’avenir, et les révoltés, ennemis du passé et du présent, c’est-à-dire les utopistes et les hommes d’action ; quelques-uns unissent ce double caractère, ils sont l’expression même de la révolution.

La France désire l’ordre, mais elle aime la Révolution ; elle veut accomplir la grande transformation sociale dont elle a pris l’initiative avec les moindres fatigues et les moindres douleurs possibles. L’ordre et la révolution sont deux faces d’une même réalité.

La révolution n’est que la recherche d’un ordre plus parfait ; le but de l’ordre est de réaliser les formes et les institutions que l’idée révolutionnaire a pensées.

La souveraineté du peuple doit être complète et directe ; il deviendra législateur et juge, il ne déléguera plus ses pouvoirs ; la loi vivante sera substituée à la loi écrite ; la souveraineté vraie, c’est le droit de codifier et de juger. La conscience est juge du droit, la raison du fait. L’arbitrage ou jugement en équité n’est pas autre ciiose que cette souveraineté restreinte ; sa généralisation, c’est le peuple souverain créant et appliquant la loi vivante.

Le jury, élément de progrès et véritable gage pour la liberté, juge en équité ; mais sa souveraineté est restreinte, car la loi écrite et le magistrat déterminent la peine ; il doit tendre à "compté ter sa souveraineté. L’application de la loi vivante doit être remise à tous les citoyens.

La société, considérée comme de droit divin, s’imposait à toutes les consciences et à toutes les raisons ; désormais, elle leur sera soumise, car la société est d’origine humaine ; telle est la formule fondamentale de la révolution moderne.

La révolution ayant une double mission présente un double aspect, le radicalisme et le socialisme ; la première mission est^-e détruire l’ordre ancien, la deuxième c’esi, de construire l’ordre nouveau. On veut détruire pour mieux construire et non pour aboutir au néant social.

Le pouvoir ne peut être désormais qu’un fidèle serviteur ou qu’un ennemi ; il ne peut plus être un guide.

L’autorité n’est plus que dans les consciences et dans les raisons ; c’est ce qu’on traduit par les mots : opinion publique.

Ce qui constitue la dictature, ce n’est pas exclusivement le gouvernement d’un seul homme ; elle peut exister dans des comités, dans des conseils de ministres. Ces oligarchies sont plus violentes et plus oppressives que la volonté d’un seul homme.

En dehors du suffrage universel et du respect de l’opinion, il n’y a place que pour des gouvernements violents et passagers ; là seulement est un pouvoir unitaire et fort.

L’autorité de l’opinion exige absolument la liberté de réunion et la liberté de la presse.

Toute société qui reconnaît la liberté de conscience et le droit d’examen et ne combat pas, sans trêve ni repos, l’ignorance, la misère et la prostitution, est folle, insensée et indigne de se conserver.

La révolution politique et la révolution sociale ont la même cause, la même activité, le même objet, les mêmes caractères ; les distinguer ou les opposer est une idée fausse.

La famille n’est pas la seule base sociale ; l’amour, l’amitié, l’ambition en sont également des bases.

La grande transformation morale et religieuse qui s’accomplit aujourd’hui repose sur le droit d’obéir aux lois nécessaires qui dominent l’âme humaine, et sur le devoir de rendre l’action des lois inférieures conforme à celle des lois nécessaires.

L’esprit moderne, étant la liberté de conscience, est la négation de la société actuelle ; il annonce une révolution radicale et sociale ; entre le mouvement scientifique et l’idée religieuse, toute conciliation est impossible.

Toutes les décadences ont le même élément de désorganisation, mais il se présente sous deux formes : l’une est la négation d’un ordre social avec l’affirmation d’un principe social nouveau ; l’autre est l’éclectisme ou la volonté d’union : l’esprit ancien et l’esprit moderne. La Grèce voulut unir le matéria SOUV

lisme et la sentimentalité, ce fut la cause de sa décadence. La chrétienté souffre et se corrompt, parce qu’elle veut à la fois le spiritualisme et la sensualité.

L’affirmation chrétienne appuya sa morale sur la philosophie, son dogme sur la Bible ; science, habileté, dévouement, elle eut, suivant l’auteur, tout pour elle.

Tant que le christianisme répondît aux besoins sociaux et qu’il nia l’autorité de la raison, il fut invulnérable ; mais il portait en lui-même, dans sa morale, le germe de conciliation avec cette autorité qui devait vaincre le dogme incompatible avec le développement de l’esprit humain ; c’est ainsi que la morale du christianisme, se trouvant isolée, perdit avec son prestige, sa force et sa dignité, le gouvernement des sociétés qu’il avait conduites pendant des siècles.

La société est pleine d’hommes qui, tout en se proclamant chrétiens, nient le dogme et affirment la morale ; or, sans le dogme, toute morale religieuse se dissout.

La décadence religieuse tient à ce que les représentants de l’Église ont laissé prendre k l ; i morale une prédominance sur le dogme. L’opposition entre le cœur et l’esprit, entre la morale et le dogme se montra dès les premiers jours de l’Église ; elle était inhérente à l’idée religieuse.

Le jésuitisme s’est plié à toutes les péripéties, à toutes les circonstances avec une infatigable souplesse ; sous son influence, le christianisme s’est transformé en une sorte d’anthropomorphisme philosophiquement insoutenable, dogmatiquement absurde ; une sorte de sensualisme idéal a remplacé l’esprit harmonieux et sévère des anciens jours ; le culte de la Vierge et celui du Sacré-Cœur sont entourés de formes énervantes ; religion et société se séparent.désormais et ne peuvent plus vivre ensemble.

Ce n’est qu’à la philosophie et à la science qu’on peut demander l’idéal d’un Dieu nouveau ; l’époque critique et radicale s’achève, l’époque organique et sociale commence.

L’institution du mariage, absolument nécessaire à l’ordre social actuel, repose sur l’idée religieuse chrétienne ; c’est elle seule qui maintient la famille légale.

On substitue l’État, dont les bases sont variables, à la loi religieuse immuable ; la dignité de la femme est profondément offensée ; l’homme n’est plus pour elle qu’un maître. En l’absence d’un idéal supérieur à la vie, le mariage est un contrat d’esclavage et de prostitution pour la vie ; contrat inutile si 1 amour existe, infâme si l’amour a cessé.

Il faut choisir entre ces trois, formes logiques de société :

La première avec l’asservissement de la femme, le mariage civil et l’esclavage du prolétaire ; c’est la société romaine se justifiant par l’utilité sociale et l’autorité de la raison d’État.

La seconde avec le mariage religieux et la propriété individuelle ; c’est la société catholique ; elle se justifie par la foi religieuse et l’autorité de la révélation.

La troisième sans contrats personnels et sans rente ; c’est la société de l’avenir. Elle se justifie par la liberté morale et l’autorité ^e la conscience. Toute conciliation est irapv^sible entre ces trois formes sociales.

L législateur ne protège qu’avec répugnant.

  • les contrats personnels ; il ne les justifie

que par la nécessité.

Le contrat personnel n’a pour but que de lier l’individu contre sa volonté, contre les décisions actuelles de sa conscience et de sa raison.

La liberté de conscience et d’examen fait de la conscience individuelle le seul Dieu de l’humanité, le seul juge de ses actes. Si les axiomes fondamentaux de la conscience, si les règles de la raison sont identiques dans tous les individus, alors les axiomes, les règles suffiront à remplacer les dogmes et les lois ; si cette identité existe, ce qu’on ne peut nier, elle est la constitution universelle ; si cette identité n’existe pas, le mot générique homme » est un non-sens, l’ordre social est un miracle, la souveraineté du peuple et la liberté individuelle sont de vains fantômes.

Le mariage, outre son importance morale, règle la constitution de la famille ; en basant exclusivement l’union de l’homme et de la femme sur le sentiment familial, on réduit la fonction de l’amour à néant.

En effet, le mariage de convenance et de raison est devenu l’idéal. Mais voici le dilemme : ou l’amour se retirera du monde ou l’on aimera sans souci de l’ordre ni des lois. L’œuvre de l’Église était plus sage ; quand elle unissait les sens, elle unissait les cœurs.

La révolution chrétienne fit passer à la société le droit de magistrature et de justice que possédait le père de famille et ne lui laissa que le droit de tutelle sur la femme et sur l’enfant. L’Église se réserva le droit de surveiller l’éducation morale de l’enfant, d’enseigner l’idée religieuse ; ce fut un immense progrès dans la voie de la liberté. Aujourd’hui, l’idée de l’éducation de l’enfant par la commune et par l’État a conquis une grande influence politique ; c’est une conséquence de la croyance à la solidarité humaine.

L’institution du mariage, contrat indissoluble par lequel la femme échange contre la protection de l’époux une partie de sa liberté, tend à devenir un devoir de moins en moins sacré ; sa justification par la raison d’État

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lui enlève tout caractère de grandeur et de moralité.

Chez les Romains, l’État déterminait les droits et les devoirs de l’homme par rapport à la femme ; suivant certaines règles légales, il faisait de l’époux le magistrat, le juge de l’épouse.

Ce fut un progrès quand ta femme, de sujette de l’État, devint citoyenne de l’Église et sujette de Dieu ; l’époux reçut par une investiture religieuse la délégation des droits et des devoirs qu’avait déterminés la révélation ; ce fut à Dieu que la femme eu appela des abus du pouvoir marital. :

Le mariage religieux confère encore seul aux yeux de la grande majorité des citoyens le caractère sérieux et le respect qui s’attachent au titre d’épouse... C’est l’Église qui consacre les épouses ; hors de l’Église et dan : l’amour, il n’est que des amantes ; hors de l’Église et de l’amour, il n’est que des concubines... Il est hors de doute quele mariage est encore justifié et sanctionné par les mœurs, protégé par un grand nombre de besoins, d’intérêts et de sentiments.

Au point de vue matériel, il y a trois classes : la classe riche, la classe moyenne et la classe pauvre ; au point de vue moral, il y en a également trois : la classe savante, la classe moyenne et la classe ignorante.

Les savants jouissent de la conception de l’ordre et de la vie sociale dans 1 avenir. Ceux qui appartiennent h la classe moyenne ont la conception de la vie sociale actuelle. Les ignorants sont réduits à la conception routinière du passé.

Les classes moyennes sont les seules donl les sympathies et les intérêts soient favorables aux institutions établies.

Le gouvernement de ces hommes est devenu impossible, parce qu’ils ne peuvent ni justifier le pouvoir par une cause finale, ni l’imposer par la force ; ils n’ont pour eux ni l’idéal, ni le nombre, ni l’intelligence des aristocraties, ni les intérêts de la démocratie. Leur pouvoir est privé de justification théorique et pratique ; il ne peut être utile et durable, car il est incapable de produire le progrès politique ou moral.

La recherche de la conciliation de la liberté individuelle et de la protection de l’État es» une utopie folle et dangereuse.

Notre grande Révolution a proclamé ains la charte de l’avenir : plus de tutelle et plu.» de hiérarchie, plus de fidélité, plus de solli citude, pins de protection et plus d’obéis sance ; telle est la signification de son immor telle devise :

Liberté, égalité, fraternité.

Si la liberté de conscience n’est pas un mensonge, le droit absolu de chacun est d’obéir à sa conscience ; chacun a également le même devoir absolu, .. Ainsi s’affirme l’égalité des droits et des devoirs ; ils sont identiques ; tous les devoirs deviennent des droits, tous les droits deviennent des devoirs ; le droit de souveraineté est un-devoir ; le devoir du travail devient le droit au travail.

La formule du lien social de l’avenir devient l’assurance et la mutualité dans la li berté.

L’identification des idées de droit et ded« voir est le point de départ de toutes les for mules rationnelles du socialisme moderne ; là est la révolution tout entière, la destruction des formes du passé, l’édification des idées de l’avenir.

L’ordre physique résulte des lois invariables que proclame la science ; l’ordre moral résulte de la conscience et de la liberté.

Tels sont les traits principaux du vaste système que Paul de Flotte expose dans ce livre où l’on rencontre bien îles thèses insoutenables, bien des erreurs historiques sur le rôle du christianisme, mais où l’on sent vibrer une âme ardente et pleine d’amour pour l’humanité, pour la vérité et pour la justice.

Souveraineté pontificale «clou le droit catholique et selon le droit européen (f<A), par

M. Dupanloup, évêque d’Orléans (1860). Cet ouvrage est a la fois un livre de circonstance et un livre de fond, dans lequel l’auteur a réuni et accumulé toutes les raisons, tous les principes, toutes les preuves, tous les faits qui concourent à soutenir sa thèse en faveur de la souveraineté temporelle du pape. IL renferme trois parties distinctes : la première doctrinale, où l’auteur a exposé les principes de la question, les raisons providentielles et la nécessité religieuse et politique de la souveraineté pontificale ; la seconde historique, dans laquelle il a cherché à confirmer ces principes par des faits recueillis dans l’histoire de dix-neuf siècles ; la troisième, enfin, polémique et actuelle, où il suit ou plutôt poursuit dans toutes ses phases la politique révolutionnaire contemporaine et essaye de démontrer, au double point de vue du droit catholique et européen, les conséquences, funestes selon lui, du démembrement des États du pape.

Impossible de se montrer logicien plus serré et plus habile dans des déductions dont les principes sont faux. La conclusion du livre est une utopie, qui a ceci de particulier que, si on offrait cette solution au pape, il la repousserait des deux mains. M. Dupanloup déclare qu’il veut une papauté placée sous la commune garantie de toutes les puissances européennes, confiée à l’amour des oatholiques et à la loyauté des schématiques eux-