Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 3, Sois-Suj.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée
SOUR SOUR SOUR SOUR 947

tueuse pour les pêcheurs de profession ; on donne à ceux-ci, dans quelques localités, lenom de coquetiers (pêcheurs de coques). La chair de ce mollusque n’est pas sans analogie avec celle de l’huître ; mais elle est moins délicate et surtout moins tendre. On la mange quelquefois crue, mais le plus souvent cuite et assaisonnée comme celle des moules. Dans la baie du Mont-Saint-Michel, on met sur les tables un fourneau recouvert d’une plaque de fer brûlante sur laquelle on fait cuire les sourdons. On apporte aujourd’hui ce coquillage sur les marchés de Paris comme il est abondant et d’un prix peu élevé, il présente une ressource pour les classes pauvres. Sa chair est aussi employée comme appât pour prendre certains poissons.

SOURDRE v. n. ou intr. (sour-dre du latin surgere, s’élever, jaillir, dont nous ignorons l’origine, à moins qu’il ne faille rapporter le verbe latin à la racine sanscrite çru, jaillir, répandre ; mais cela nous parait bien conjecturé. Surgere existe aussi dans notre langue sous une autre forme, celle de surgir. Il sourd, il sourdait ; il sourdit ; il sourdra ; il sourdrait ; qu’il sourde ; qu’il sourdît. Ne s’emploie guère qu’à l’infin. prés., à la 3e pers. du sing. et du plur. des temps que nous venons d’indiquer et au part. prés., sourdant). Sortir de terre, en parlant des eaux : C’est un pays fort aquatique, l’eau y SOURD partout. (Acad.) On voit l’eau SOURDRE de tous côtés. (Acad.) SOURDAIT une eau qui avait la propriété de rajeunir c’est ce qu’on appelé encore aujourd’hui la fontaine de Jouvence. (La Font.)

— Fig. Sortir, résulter : C’est une affaire, une entreprise dont on a vu SOURDRE mille malheurs, mille inconvénients. (Acad.) || Se produire, se faire jour, naître : A côté de l’idée de puissance commence à SOURDRE l’idée de justice. (Th. Gaut.)

Entre Le Clerc et son ami Coras,
Deux grands auteurs, rimant de compagnie,
N’a pas longtemps sourdirent grands débats
Sur le propos de leur Iphigénie.

Racine.

— Mar. S’est dit d’un nuage s’élevant à l’horizon. || Sourdre bien au vent, Se dit d’un navire qui marche au plus près du vent.

SOURE (dom Juan da Costa, comte de), général portugais, né en Portugal en 1610, mort à Lisbonne en 1664. Il servit dans l’armée à l’époque de la domination espagnole, participa au soulèvement du Portugal contre l’Espagne, fut nommé mestre de camp parle nouveau roi de Portugal, Jean IV, et remporta de grands succès sur les Espagnols. En 1652, il reçut le titre de comte de Soure. En 1659, il fut envoyé à Paris pour demander le secours de la France contre l’Espagne ; il ne put rien obtenir de Richelieu et eut le regret de voir conclure, entre la France et l’Espagne, une paix dont les conditions étaient délavorables au Portugal. De retour à Lisbonne, il fut nommé l’un des gentilshommes de la chambre de l’infant, frère du roi (dom Pedro, plus tard Pierre II). Il fut ensuite disgracié et exilé à Loulé, et il mourut peu de temps après.

SOURGOUT, ville de la Russie d’Asie, dans la Sibérie, gouvernement et à 650 kilom. N.-E. de Tobolsk, sur la rive droite de l’Obi, près du confluent de l’Ayan, par 610 45’ de latit. N. et 700 25’ de longit. E. ; 1,175 hab. Résidence d’un commissaire russe, qui perçoit le tribut des Ostiaks.

SOURIANT, ANTE adj. (sou-ri-an, an-te) — rad. sourire). Qui sourit : Figure souriante. Elle était toute souriante.

SOURICEAU s. m. (sou-ri-so — rad. souris). Mamm. Nom vulgaire des jeunes souris : On a pris la souris avec ses souriceaux.

Un souriceau tout jeune, et qui n’avait rien vu,
Fut presque pris au dépourvu.

La Fontaine.

Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence ;
Jadis l’erreur du souriceau
Me servit a prouver le discours que j’avance.

La Fontaine.

SOURICIÈRE s. f. (sou-ri-siè-re — rad. souris). Petit appareil pour prendre les souris : Tendre une souricière. Amorcer une souricière avec du lard, avec des noix. J’ai trouvé ce matin deux souris dans la souricière. D’ambitieux conspirateurs se jettent dans les pièges que leur fend le machiavélisme avec plus de précipitation que les souris dans les souricières bien amorcées. (Boiste.)

Les planches qu’on suspend sur un léger appui, La mort aux rats, les souricières N’étaient que jeux au prix de lui.

La Fontaine.

— À Paris, Endroit public mal famé, qui reste ouvert pendant la nuit, et que la police tolère afin d’y surveiller, d’y saisir les gens suspects qui viennent y chercher un asile. Il I’iége que tend la police aux malfaiteurs, et qui consiste à établir secrètement dans un endroit où l’on sait qu’ils viendront des agents qui s’en emparent à mesure qu’ils se présentent, il À la préfecture de police, Lieu où l’on dépose provisoirement les personnes arrêtées.

— Loc. fam. Se mettre, se jeter dans ta souricière, dans une souricière, Donner dans un piège, se mettre dans l’embarras.

— Art milit. Petit appareil avec lequel on

SOUR

j mettait autrefois le feu aux mines, il On disait quelquefois souris.

— Encycl. Les souricières ordinaires sont des pièges trop connus pour qu’il soit utile de les décrire ici ; il n’en est pas de même de la souricière automate, due à M. Pullinger. Celle-ci se distingue de toutes les autres par une combinaison de bascule qui fait que, lorsqu’une souris est prise, elle retend elle-même l’appareil. Cette souricière se compose d’une boite rectangulaire couverte en zinc, dans laquelle se trouvent toutes les bascules, ainsi que l’appât, composé de grains et de lard. En apercevant le grain, ta souris entre dans la boite ; mais, comme elle ne peut l’atteindre, elle essaye d’arriver à l’appât, qui consiste en un morceau de lard renfermé dans un tambour de toile métallique. Pour y parvenir, elle monte sur l’extrémité d’une planche articulée en un point de sa longueur ; celle-ci bascule et son autre extrémité vient buter contre un levier à crochet qui fait trébucher une autre planche à bascule et ferme ainsi le piège. Comme la souris ne peut s’échapper de ce côté, elle saute sur la deuxième planche à bascule dont il vient d’être question, et elle est attirée vers son extrémité par une plaque de zinc à jour placée au sommet de la boîte. Son poids fait alors basculer celte planche dans laquelle s’engage la crochet du levier qui l’avait fait trébueher lors de l’entrée de la souris ; pendant ce temps, l’autre extrémité soulève la tringle de la trappe d’entrée, et le piège est de nouveau tendu ; l’animal trouvant fermée l’ouverture par laquelle il est arrivé sur cette planche à bascule, poursuit sa route jusqu’à une chambre où il pénètre par une porte à jour, qui retombe lorsqu’il est passé ; il est alors prisonnier. Cette souricière automate permet de prendre un grand nombre de souris sans qu’il soit nécessaire de véritier son fonctionnement ; on cite comme exemple des résultats qu’elle donne un fermier qui, avec un seul appareil, a pris 48 souris en vingt-quatre heures et 837 dans l’espace de neuf mois.

SODRIfîUIÈRES (Jean-Marie), littérateur français, né près de Bordeaux en 1767, mort à Paris en 1857. Venu à Paris pour débuter dans les lettres, il se fit appeler Souriguières de Saint-Marc et prit des façons de gentilhomme. Dès l’aurore de la Révolution, il se métamorphosa en patriote. Après avoir présenté successivement plusieurs pièces à différents théâtres, il réussit à faire jouer une tragédie sur la scène du Marais, Elle avait été d’abord annoncée sous le titre : Artémidore ou la /(évolution de Syracuse ; mais on changea le sous-titre en celui de : Moi citoyen. Bien qu’Artémidoré fût une tragédie des plus révolutionnaires, elle réussit peu. Une particularité digne de remarque, c’est que, parmi les acteurs qui y remplirent les rôles principaux, figuraient deux hommes parvenus depuis à la célébrité : le maréchal Gouvion Saint-Cyr et le duc Decazes, qui préludaient ainsi aux râles qu’ils devaient jouer plus tard sur un autre théâtre. Souriguières était à peu près oublié lorsque, huit mois après le 9 thermidor, il se Ht tout ù coup une réputation retentissante comme fougueux contre-ré volutionnaire, par un chant qui avait pour titre le Réoeil du peuple. Ce chant, mis en musique par Gaveaux (germinal an III), fut adopté par ce qu’on appelait la jeunesse dorée, c’est-à-dire par les muscadins du temps, porteurs de cadenettes et d’énormes gourdins, organisateurs du bal des victimes, etc.

Cette jeunesse dorée, qui s’était rendue un moment redoutable aux. approches du 31 vendémiaire, à la faveur des circonstances, poursuivait souvent les terroristes ou prétendus tels, et même les thermidoriens, au théâtre et dans les promenades publiques, en chantant le Réveil du peuple, dont voici la première strophe :

Peuple français, peuple de frères, Peux-tu voir, sans frémir d’horreur, Le crime arboïer les bannières Du carnage et da !a terreur î Tu souffres qu’une horde atroce Et d’assassins et de brigands Souille de son souffle féroce Le territoire des vivants.

Dans les strophes suivantes, l’auteur provoque franchement au meurtre ; il crie au peuple, en l’appelant d’ailleurs souverain, de se hâter de tuer les républicains, qu’il qualifie de cannibales.

Sous le bénéfice de ce chant qui eut un moment la vogue, Souriguières n’eut pas de peine à faire recevoir à divers théâtres ses élucubrations dramatiques. Il donna à la fois, en 1796, au théâtre Feydeau, une tragédie en trois actes et en vers, M ;/rrfia, et une codie, Cétiane, en un acte et en prose. Ces deux pièces ne purent tenir la scène et ne furent pas même imprimées. Cécile ou la Reconnaissance, comédie en un acte et eu vers (théâtre Louvois, 1797), eut un peu. plus de succès. Dans le même temps, Souriguières collaborait avec Beaulieu, autre fougueux réactionnaire, au Miroir petit journal royaliste et satirique d’une rare insolence, rédigé sur le modèle des Actes des apôtres de Rivaroi, et qui cessa de paraître au 18 fructidor. Toute la rédaction du Miroir fut condamnée à la déportation, mais Beaulieu et Souriguières parvinrent à se soustraire aux re SOUR

cherches. Souriguières resta alors quelque temps sans rien produire ; il ne reparut qu en 1800, par une tragédie en cinq actes et en vers, Octavie, jouée au Théâtre-Français, qui fut impitoyablement sifflée, quoique supérieurement interprétée par Saint-Pris, Lafont, Mlles Georges et Duchesnois, la fleur des acteurs tragiques d’alors. Les rires, les calembours, les clameurs du parterre interrompirent les représentations et forcèrent même les acteurs à se retirer avant la fin. Jamais chute de tragédie n’eut lieu au milieu de plus de rires et de plus de lazzi. I/auteur fit imprimer la pièce accompagnée d’une préface, où il accuse de sa déconvenue la cabale et parla de la rage et du nombre de ses ennemis du ton d’un général qui a perdu une bataille. Il fut plus heureux en 1807 au théâtre Feydeau, où il fit représenter avec succès un opéra-comique en deux actes, écrit, il est vrai, avec la collaboration de Désaugiers, et intitulé : Auis au public, ou la Physionomiste en défaut. Une nouvelle tragédie, Vitellie, jouée au Théâtre-Français en 1809, tomba plus à plat encore que n’était tombée Octavie. Cependant Souriguières se croyait toujours un très-grand talent dramatique, et il se décernait naïvement dans ses préfaces les plus pompeux éloges, ce qui lui valut ce jeu de mots épigrammatique : Tu souris a tes vers, mon pauvre Souriguières, Mais quand tu leur souris, on ne leur sourit guêres.

Il eut cependant un vrai succès en 1811, mais encore avec l’aide d’un autre ; son Enfant prodigue, comédie en trois actes et en vers, composée en collaboration avec Riboutté, eut un grand nombre de représentations et fut a la fois pour Souriguières une bonne affaire au théâtre et à la ville. Ce Riboutté était un homme original, qui cultivait tout ensemble les lettres et les affaires. Ancien muscadin à cadenettes, sous le Directoire, il s’était fait agent de change et était devenu millionnaire. On disait de lui : Riboutté, dans ce monde, a plus d’une ressource, 11 spécule au théâtre et compose à la Bourse.

Il lit faire à son ami d’heureuses opérations financières qui lui procurèrent une assez belle fortune. Souriguières était donc plus que dans l’aisance, lorsque arriva la chute de l’Empire, qu’il avait quelquefois chanté dans la personne de Napoléon, et il composa le Second réveil du peuple (18W, in-8o de 8 pages), véritable platitude de circonstance, qui parait avoir épuisé toute sa verve, car U ne fit plus rien depuis, pendant les vingt-trois ans qu’il lui fut donné de vivre encore.

SOURIQUOIS, OISE adj. (sou-ri-koi, oi-ze — rad. souris). Qui appartient à la souris, qui tient de la souris. Il Mot créé par La Fontaine :

Aussi l’hôtesse, cette fois, Maudit le peuple souriquois.

Baillt. Autre procès nouveau : le peuple souriqitois En pâtit. Maint vieux chat An, subtil et narquois, Et d’ailleurs en voulant à toute cette race, Les guetta, les prit, lit main basse.

La Fo.ntaine.

SOURIRE v. n. ou intr. (sou-ri-re — du lat. subridere, qui est lui-même formé de sti6, préfixe, et du v. ridere, rire, et qui signifie proprement faire un certain mouvement des lèvres moindre que celui qui est produit en riant. Je souris, tu souris, il sourit, nous sourions, vous souriez, ils sourient, je souriais ; nous souriions ; je souris, nous sourimes ; je sourirai, nous sourirons ; je sourirais, nous souririons ; souris, sourions, souriez ; que je sourie, que nous souriions ; que je sourisse, que nous sourissions ; souriant ; souri). Rire sans éclater, par un léger mouvement de la bouche et des yeux : SOURIRE obligeamment. Sourire malicieusement. Sourire dédaigneusement. Il se mita sourire. La reine se mit à sourire d’une sorte de sourire ambigu. (C11 de Retz.) Il y a de jolies femmes qui savent rire, mais qui ne savent pas sourire. (Fontenelle.) Les yeux pleurent plus souvent que la bouche ne sourit. (Chateaub.) Biensouvent /ai souri de pitié sur moi-même en voyant avec quelle force une idée s’empare de nous, comme elle nous fait sa dupe et combien il faut de temps pour l’user. (Alfred de Vigny.) Il souriait aux bribes de latin que détachait Aramis et qu’avait l’air de comprendre Portkos. (Alex. Dum.) Les femmes sourient volontiers quand elles ont les dents belles. (Th. Gaut.) Il faut être sérieux avec les hommes ; il faut souRtiîE avec les femmes. (Pétiet.)

La bouche sourit mal quand le cœur est blessé.

Barthélémy. On ne rit plus, on sourit aujourd’hui, Et nos plaisirs sont voisins de l’ennui.

Bernis.

— Faire entendre par un sourire qu’on a pénétré la pensée, l’intention d’une personne :

Tu souris Y [pris-Adieu, compère, adieu, tu comprends ? — J’ai com C. Delavigne. Il Manifester son incrédulité par un sourire : Tu souris, lu as l’air de ne pas croire un mot de ce que je dis.

— Montrer un visage riant, satisfait : Souris même a l’envie amere et discordante.

V. Huoo.

— Par ext. Présenter un aspect agréable :

SOUR

947

Ce lien me sourit. Ce projet, cette affaire lui SOURIT. Il est pour les dominations une époque de jeunesse où le ciel leur sourit, oïl les hommes leur applaudissent. (Guizot.) Ah ! vous venez dans une belle saison, à une époque de plaisir où tout sourit à la jeunesse. (P. do Musset.) La nature rajeunie SOURIAIT et invitait à la joie. (J. Sandeau.)

— Favoriser : La fortune lui sourit. Si le ciel me sourit, je viendrai à bout de mon entreprise. (Acad.) Mes amis, la fortune nous sourit, le premier pas est fait ; nous n’avons plus qu’à nous élancer dans la carrière. (Scribe.)

Un dieu toujours sourit à l’homme hospitalier.

Laprade. Est-il bien certain,

Que la fortune encor vous sourira demain ?

Colmet.

Sourire à quelqu’un, Marquer sa bonne intelligence avec quelqu’un, lui témoigner de l’affection, de la bienveillance, par un sourire : Cette dame ne me répondit rien, mais elle ME SOURIT.

Souris-moi donc un peu,

V. HUGO.

Je reçus et je vois le jour que je respire Sans que père ni mère ait daigné me sourire.

Racine. Il S’applique quelquefois aux choses : Chacun a son dada ; car il y a toujours une idée, un projet que l’on caresse, auxquels on sourit avec amour. (Oury.) Le seul printemps sourit au monde à son aurore.

Dei.ii.le.

Quand pour les vieux chagrins l’on n’a point de co-On doit à ses beaux jours sourire doucement, [1ère,

H. Cantel. SOURIRE s. m. {sou-ri-re — substantif verbal de sourire). Rire léger et silencieux : Sourire agréable, gracieux. Sourire fin, spirituel. Sourire malicieux, moqueur, narquois. Sourire impertinent. Faire un sourire, un léger sourire. Quel sourire enchanteur/ Le sourire serait désagréable dans la nature, s’il était perpétuel. (Grimm.) Plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau. (Chateaub.) L’enfant mangue de la plus belle des grâces, le sourire ; il rit et ne sourit pas. (Chateaub.) La sérénité des traits et le sourire sont les effets d’un bon cœur. (De Bonald.) Le sourire est l’apanage de la maternité. (Balz.) On sourire légèrement sardonique relevait les coins de sa bouc/te. (Lamart.) Le sourire d’une femme qu’on aime a une clarté qu’on voit la nuit. (V. Hugo.) D’où vient que, le premier jour qu’il parut ici, il traversa la foule pour uous regarder, et qu’aussitôt vous échangeâtes avec lui un triste sourire ? (G. Sand.) De ma place, j’admirais ce don du sourire que Dieu accorde aux monarques et qui leur est si nécessaire. (L.Reybattd,) Boileau avait une retenue dans sa moquerie, une sobriété dans son sourire qui lui interdisait les débauches d’esprit de ses devanciers. (Ste-Beuve.) Quel souvenir !... un affreux sourire carré, bridé, accroché, plus triste cent fois que le sérieux le plus glacial. (Mme E. de Gir.) Vous me fâchez, dit-elle, en faisant une petite moue plus gracieuse que le plus charmant sourire. (Th. Gaut.) L’homme n’a pas de marque plus décisive de sa noblesse qu’un certain sourire fin, silencieux, impliquant au fond la plus haute philosophie. (Renan.) Ne crois pas au sou-RrRE des lèvres que n’accompagne pas le sourirb des yeux. (A. d’Houdetot.) Le rire n’est autre chose que l’évolution complète du sourire. (A. Fée.) On ne peut paraître dans le monde qu’avec le sourire sur les lèures. (Latena.) Le sourire réside sur les lèvres, mais le rire a son siège et sa bonne grâce sur les dents. (J. Joubert.) Le sourire est un don de bien-venue que l’on doit à tous les hommes. (E. Souvestre.) La vie morale de l’enfant commence avec le premier sourire. (P. Zanet.) La grâce du sourire est la mesure de la bonté du cœur et de la noblesse des sentiments. (Descure t.)

Oh ’, de ton doux sourire embellis-moi la vie !

V. Huoo. Il s’est fait pour le monde un sourire éternel. C. Délavions. Un doux penser l’agite en ce moment, Et sur sa lèvre a placé le sourire.

IJIBEET.

N’avons-nous pas souvent, bouffons involontaires, Le sourire à la bouche et des larmes au cœur ? Lacuambeauoie.

— AllUS. Uttér. Sourire mouillé de larmes,

Allusion à l’un des plus grucieux et des plus touchants passages de VIliade, Vie chant. Hector, sur le point de livrer aux Grecs un de ces combats qui ont fait du héros troyen le rival d’Achille, fait ses adieux à Andromaque et à son fils. « Le magnanime Hector s’approche de son fils et lui tend les mains ; mais l’enfant, à l’aspect de son père, se jette dans îe sein de sa nourrice en poussant un cri, effrayé de voir l’éclat de l’airain et l’aigrette menaçante qui flottait au sommet du casque ; son père chéri et sa mère vénérable sourient de son effroi. Aussitôt le héros découvre sa tête et pose à terre le casque étincelant ; il embrasse son fils bien-aimé, le balance dans ses bras, puis, implorant Jupiter et les autres dieux : « Jupiter, dit-il, et vous tous, dieux immortels, faites que mon fils soit, ainsi que moi, le plus illustre parmi les