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SOÛLER v. a. ou tr. (sou-lé — rad. soûl. On écrivait autrefois saouler). Rassasier avec excès, gorger : // aime le gibier, le poisson ; on l’en a soûlé. (Acad.)

Nous y trouvons en abondance

De quoi soûler nos appétits.

La Fontaine.

— Enivrer : Ils se sont fait un plaisir de le soûler. Il est tellement usé, qu’il ne faut plus que deux verres de vin pour le soûler.

— Par ext. Satisfaire jusqu’à satiété : Au lieu de pousser les peuples dans la voie des fédérations, on les soûle d’utopies gigantesques. (lJroudh.)

— Absol. :

Même beauté*, tant soit exquise, Rassasie et soûle à la fin.

La Fontaine.

Se soûler v. pr. Se rassasier, se gorger : Sk soûler de viande, de poisson, de pâtisserie. La belette se plait à répandre le sang, dont elle se soûlk. (Buff.)

— S’enivrer : C’est un misérable qui se boule au lieu de travailler. Cette femme se soûlk tous les jours.

— Se gorger, en parlant de certaines satisfactions : Se soûler de plaisirs, de voluptés.

SOULERIE s, f. (sou-le-rî — rad. soûler). Partie de plaisir où l’on s’enivre à force de boire.

SOCLES (François), littérateur français, né à Boulogne-sur-Mer en 1748, mort à Paris en 1809. Ses études terminées, il passa en Angleterre, où il vécut douze ans pour se familiariser avec la langue et la littérature du pays, puis revint s’établir à Paris et écrivit des traductions qui le tirent connalire assez avantageusement. Bien qu’il fût sympathique à la Révolution, il ne se mêla nullement aux luttes de la politique. Il menait sans doute une existence assez précaire, car il reçut de la Convention un secours de 1,500 livres (avril 1195). Ses principaux ouvrages sont : A JVeio Grammar of tbe frencà language (Londres, 1784, in-8°) ; Histoire des trouâtes de l’Amérique anglaise (Paris, 1787, i vol. in-8°, avec carte*) ; l’Indépendant, nouvelle (Paris, 178S, in-8<>) ; Adonia ou les Dangers du sentiment (Paris, 1801, 4 vol. in-12, fig.). Parmi ses traductions, on cite : Exposition des intérêts des Anglais dans l’Inde (1787, in-8<>), de Fullarton ; les Droits de l’homme (1791, in-8»), de Thomas Payne ; Voyage en France (1793-1794, 3 vol. in-8°), de Young ; Voyage en Afrique par Hornemann (1802, in-8°). Soulès a participé à !a traduction de Gibbon et eoUaboré à la géographie de Guthrie.

SOULEUR f. m. (sou-leur — corrupt. de douleur). Frayeur subite, saisissement ; Vous lui avez cause bien des souleurs. (Acad.) il Vieux et peu usité.

SOULEVANT, ANTE adj. (sou-le-van, ante

— rad. soulever). Qui soulève, qui aide à soulever : La force soulevants.

Pompe aspirante soulevante, Celle où l’eau aspirée dans le corps de pompe passe uu-dessus du piston qui la soulève.

SOULEVÉ, ÉE (sou-le-vé) part, passé du v. Soulever. Élevé à une petite hauteur : Meuble SOULBVB avec peine. Il Agité violemment : La mer, soulevée par te vent, grossissait à chaque instant. (3. de St-P.)

— Par ext. En état d’insurrection, de révolte : Les Gaulois mêmes, soulevés contre lui par la violation de leurs temples, accouraient de toutes parts et réparaient les pertes des Cimbres. (Anquet.) La terre soulevée pouvait-elle lui paraître une barrière contre une ambition qu’il croyait inspirée par le ciel et gravée par te destin ? (De Ségur.)

— Fig. Excité, exaspéré : Quand l’orgueil de l’homme est soulevé, il devient impitoyable. (Chateaub-) Mobespierre et Saint-Just ont assumé sur leurs têtes toutes les haines soulevées par la ’l’erreur. (Taxile Delord.)

SOULÈVEMENT s. m. (sou-lè-ve-manrad. soulever). Action par laquelle une chose se soulevé ; état d’une chose soulevée : Le

SOULEVEMENT des flOtS,

— Par ext. Mouvement d’indignation ; Ces paroles causèrent dans l’assemblée un soulèvement général contre lui. (Acad.)

— Commencement de révolte : Le soulèvement d’une province, d’une ville. Apaiser, réprimer un soulèvement. Les soulèvements sont aussi impunis que les erreurs, dans les États où ta multitude gouverne. (Mass.) Je promets le soulèvement à telle ou telle heure donnée. (Nép. Lemercier.) Dans l’ordre politique, les maux physiques causent les soulèvements, et les souffrances morales font les révolutions. (Chateaub.) Mirabeau parle, et tout le génie du soulèvement populaire anime ses paroles. (Villem.) L’Autriche, effrayée du soulèvement général qui venait fomenter la révolte jusque dans ses entrailles, fit entendre des paroles de paix. (oe Bazancourt.)

—Soulèvement de cœur, Mii d’estomac causé par le dégoût, la satiété ; nausées.

— Géol. Action qui a soulevé les montagnes, exhaussé les plaines, modifié le niveau des couches du sol formées par dépôts et alluvions.

— Métall. Opération de l’affinage du fer, uui consiste k soulever avec le ringard la

XIV.

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masse ferreuse au - dessus du niveau de la tuyère, pour en exposer les différentes parties à l’action décarburanle du vent.

— Syû. Soulèvement, émeute, insurrection, etc. V. ÉMEUTE.

— Encycl. Géol. Soulèvement des montagnes. Ce phénomène, qui a été le sujet de nombreuses discussions entre les géologues, est lié intimement, d’après Élie de Beauinont, aux mêmes causes que les tremblements de terre. Cette explication n’est pas adoptée par tous les savants, mais elle fait comprendre une quantité de faits qui sans elle resteraient encore inexpliqués. L’un de ces faits est la présence de coquillages marins suc le sommet des plus hautes montagnes. Cette présence est une preuve non équivoque de celle de la mer. Et comment croire que la mer ait couvert des montagnes de 3,000 à 4,000 mètres de hauteur ? Quelle masse d’eau n’aurait-il pas fallu pour que toute la terre en fût entourée et couverte jusqu’à une pareille élévation ? N’est-il pas certain, au contraire, que jamais la masse d’eau nécessaire à l’engloutissement du sommet de ces montagnes n’a

existé sur la terre ? La présence des coquillages sur le sommet des montagnes resterait donc inexplicable, si l’on n’admettait-que le sol des montagnes, au lieu d’être primitivement plus élevé que la mer, était autrefois plus bas et qu’il s’est soulevé depuis avec les débris d’animaux qui s’y trouvaient déposés.

Un autre phénomène qui n’a pas moins exercé la sagacité des géologues est la disposition diverse des couches dont se composent les terrains stratifiés. Toutes ces couches, ayant été formées par voie de dépôt au milieu des eaux, devraient offrir une disposition horizontale, et cependantcellesquiavoisinent les montagnes suivent l’inclinaison de leurs flancs et s’y dressent quelquefois jusqu’à prendre une direction presque verticale. Ce phénomène s’explique encore avec une grande facilité si l’on suppose que les montagnes sont sorties de terre après la formation de ces couches et les ont soulevées avec elles. Or, c’est la conséquence presque nécessaire de la théorie des volcans que, lorsque la vapeur d’eau et les gaz formés sous la croûte solide du globe ne sont pas assez forts pour la déchirer, ils doivent se borner à la soulever k la manière d’une ampoule, et cette conséquence est vérifiée par tous les soulèvements de terrain qui ont été observés dans les temps modernes. « Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1759, dit deHumboldt, à qui nous empruntons cette relation, un terrain de 3 à 4 milles carrés, situé dans l’intendance de Yalladolid, au Mexique, se souleva en forme de vessie. On reconnaît encore aujourd’hui, par les couches fracturées, les limites du soulèvement. Sur ces limites, l’élévation du terrain sur son niveau primitif n’est que de 12 mètres ; mais, vers le centre de l’espace soulevé, l’exhaussement total n’était pas moindre de 160 mètres. Ce phénomène avait été précédé de tremblements de terre qui durèrent plus de deux mois ; et quand la catastrophe arriva, elle fut annoncée par un horrible fracas souterrain, qui eut lieu au moment où le sol se souleva. Des milliers de petits cônes brûlants de 2 à 3 mètres, que les indigènes nomment fours, sortirent Sur tous les points- Enfin, le long d’une crevasse dirigée du N.-N.-E. au S.-S.-O., il se forma subitement de grandes buttes hautes de 400 à 500 mètres, et dont une est un véritable volcan, noimné le Jorullo. >

On voit que les phénomènes volcaniques les mieux caractérisés ont accompagné le soulèvement du Jorullo ; mais ils en ont amoindri 1 effet, car, si toutes les ouvertures qui agissaient comme soupapes de sûreté ne se fussent pas formées, si le terrain eût mieux résisté, la plaine de Jorullo, au lieu d’atteindre une hauteur de 160 mètres, se serait peut-être élevée à la hauteur des Cordillères. On pourrail citer beaucoup d’autres exemples de soulèvements de la croûte solide du globe ; mais nous nous bornerons au fait suivant, qui montre directement que le fond de la mer peut s’élever au-dessus de l’eau, en soulevant avec lui les coquillages et les couches qui le composent.

Le 18 et le 22 mai 1707, de légères secousses de tremblement de terre eurent lieu à Santorin, l’une des lies de l’archipel grec. Le

23, au lever du soleil, on aperçoit, à une certaine distance sur l’eau, un objet que l’on prend pour un vaisseau naufragé ; on se rend sur les lieux et on trouve qu’un rocher est sorti de l’eau. La mer-avait auparavant à cet endroit de 80 à 100 brasses de profondeur, l.e

24, beaucoup de personnes visitèrent l’île nouvelle et ramassèrent des huîtres qui n’avaient pas cessé d’y adhérer. L’Ile montait à vue d’œi). Du 24 mai au 13 ou 14 juin, l’île augmenta graduellement- en étendue et en élévation, sans secousse et sans bruit ; mais le 15 juin, l’eau qui l’entourait était presque bouillante, et le 16, le 17 et le 18, des rochers noirs sortirent de la mer. Le 17, ces rochers acquirent une hauteur considérable et le 18, il s’en éleva de la fumée et l’on entendit de torts mugissements souterrains ; le 19, toutes les roches noires formèrent une île continue distincte de la première qui avait paru, et pendant plus d’un an il en sortit des flammes, des colonnes de cendres et des pierres incandescentes. À cette époque, l’île Noire avait acquis 5 milles de tour et plus de 60 mètres d’é SOUL

lévation. On voit par cet exemple, qui s’est presque renouvelé il y a quelques années par l’apparition éphémère d’une île entre Malte et la Sicile, que le fond de la mer peut être soulevé et peut former des montagnes dont les coquillages attestent l’origine sous-marine. Mais Klie de Beaumont est allé plus loin ; car, tenant^ompte des couches de terrain relevées par les montagnes qui les ont traversées, et de celles qui plus tard s’y sont déposées horizontalement, il est parvenu à établir l’âge relatif d’un assez grand nombre de chaînes de montagnes.

Par exemple, en examinant les terrains qui avoisinent les montagnes de la Saxe et celles de la Côte-d’Qr et du Forez en France, on trouve que les terrains tertiaires, la craie et le grès vert, qui forment les dernières couches des terrains secondaires, se prolongent en lignes horizontales jusqu’aux flânes des collines, mais que le calcaire jurassique et toutes les formations autérieures sont relevées, l.a conséquence inévitable de cette observation, c’est que J’Erzgeliirge de Saxe, la Côte-d’Or et le mont Pila du Forez sont sortis de terre après la formation du calcaire jurassique et avant cette du grès vert et de la craie. Pareillement, sur les pentes des Pyrénées et des Apennins, outre le calcaire jurassique, le grès vert et la craie se trouvent relevés, tandis que les terrains tertiaires et le terrain d’alluvion ont conservé leur horizontalité primit.ve. Il faut en conclure que la montagne des Pyrénées et les Apennins sont plus modernes que le calcaire du Jura, et que le grès vert et la craie qu’ils ont relevés sont plus anciens que les terrains tertiaires et d’alluvion.

Les Alpes occidentales, qui comprennent le mont Blanc, ont soulevé, do même que les Pyrénées, le calcaire du Jura et le grès vert, et de plus ie terrain tertiaire. Le seul terrain de transport et d’alluvion est horizontal dans le voisinage de ces montagnes. D’après cela, la date de la sortie du mont Blanc doit être placée entre l’époque de la formation du terrain tertiaire et de celui d’alluvion.

Soulèvement de l’Espagne (HISTOIRE Du) (Historia det levamiento, yuerra y revolucion de Espana], par le comte de Toreno. C’est l’histoire de cette fameuse guerre d’Espagne (1807-1814), qui fut le premier revers de Nupoléon, écrite par un des hommes d’État les plus considérables de la Péninsule, D.Gueypo de Llano, comte de Toreno. C’est un des plus beaux monuments historiques de l’Espagne contemporaine. On conçoit aisément que les récits de cette époque, douloureuse pour nous, fassent tressaillir violemment, de l’autre côté des Pyrénées, les fibres patriotiques ; aussi l’œuvre du comte de Toreno eut-elle un grand et légitime succès. Nous ne devons pas nous attendre à beaucoup de ménagements de la part d’un écrivain qui avait vu sa patrie envahie par les années impériales, déchirée, livrée au pillage par les soldats de celui qui tenait la France sou3 un joug despotique. Jeune encore (l’historien avait trente ans en 1807), il avait pu suivre toutes les phases de cette lutte terrible, mais il fait rarement appel à ses souvenirs personnels. Ses vues sont plus élevées, son cadre plus large. C’est l’ensemble tout entier de cette grande guerre qu’il envisage, dans sa profusion infinie de détails ; car à peine Napoléon avait-il établi à Madrid une ombre de gouvernement central que chaque province, chaque ville, chaque hameau se soulève et qu’il faut suivre, outre les phases changeantes de ce précaire gouvernement, les mouvements et les manœuvres de quatre corps d’armée disséminés dans un pays qui partout se soulève. Les faits importants, les grandes lignes de l’histoire se trouvent ainsi comme noyés dans la multitude des faits partiels. C’était la grande difficulté qu’offrait ce récit k l’écrivain, et te comte de Toreno l’a résolue avec bonheur. Les mouvements des corps d’armée, les changements politiques et territor.aux, les remaniements continuels d’administration dans ce pays où rien ne marchait au gré de Napoléon, sont suivis avec une rare exactitude. Et cependant l’œil ne se perd pas dans le fourmillement des détails ; l’intérêt ne s’amoindiit pas à quitter les camps, les sièges, lesopérationsmilitaires pour assister aux délibérations des cortè-S aux résolutions des juntes, aux trahisons, aux lâchetés, aux intriguesde toutes sortes. Cette histoire est loin d’être une œuvre de parti, une reuvre passionnée ; cependant il est certain que bien des faits ont besoin d’être contrôlés. L’auteur est impartial autant qu’il le peut, mais cette guerre était si odieuse ! Les plus belles pagessont consacrées aux deux sièges de Saragosse qui, au rapport de Toreno, coûtèrent la vie k 53,000 hommes, et à la bataille de Baylen, suivie de cette fameuse capitulation qtii fut pour nou3 une humiliation si grande, mais si méritée.

Un critique espagnol, M. de Cueto, apprécie en ces termes cette Histoire du soulèvement et les mérites littéraires de son auteur : « Le comte de Toreno, dit-il, appartenait à ce petit nombre d’écrivains qui savent contenir leur imagination dans les limites de l’exactitude, lui subordonnant la forme et le coloris. Parfais et particulièrement dans les peintures et les descriptions, il élève le ton jusqu’à la poésie, mais il le fait toujours avec sobriété et jamais au mépris de la vérité historique. L’œuvre qui nous occupe se distingue surtout

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par l’ordre et la clarté, mérites qui, après l’exactitude, sont les points essentiels de l’histoire. En cela personne ne surpasse Toreno. Non-seulement il se place au rang des plus exercés b. vérifier les faits, mais il les dispose et les enchaîne d’une manière supérieure. Tout éloge serait inférieur au mérite que suppose la persévérante constance qu’il a déployée dans l’investigation de tant de faits de détail, dans la régularité et la cohésion qu’il a su donner à tant d’affaires partielles, militaires et politiques, suscitées simultanément dans les différentes provinces de l’Espagne. » Le comte de Toreno excelle dans les descriptions rapides et les portraits. On a de lui en ce genre des pages excellentes. On lui reproche seulement, au point de vue de la langue, d’aimer trop l’archaïsme, le vieux mot ; mais c’est à peine un défaut en Espagne, où la vieille langue, si riche et si colorée, est bien supérieure à l’idiome moderne rajeuni. De3 appendices fort curieux renferment toutes les notes diplomatiques, les conventions, les traités, outre des lettres et des rapports des

fènèraux français. Les plus singuliers de ces oenments sont les états d’objets enlevés où pillés dans les palais et dans les églises, ou offerts en cadeau aux généraux français par les villes reconnaissantes ; les diamants, les joyaux des reines et des madones, les tableaux de prix passent entre nos mains après chaque siège, chaque reddition de ville, en même femps que les archives politiques de Simancas. Il est juste d’ajouter que le plus grand nombre des objets de valeur a été rendu à l’Espagne en 1814.

La Historia del levamiento de Espana a été réimprimée à Paris par Baudry (1842, 3 vol. in-8°), avec une judicieuse étude de M. Augustin de Cueto.

SOULEVER v. a. ou tr. (sou-le-vé — du lat. sublevare, qui est lui-même formé du préfixe sub et du verbe levare, lever, et qui signifie proprement relever, exhausser, puis soutenir, consoler, relever au inoral. Le sens figure du verbe français exciter, faire surgir, n’appartenait pas encore au primitif latin ; d’un autre côté, l’acception métaphorique de soutenir, consoler est passée à la forme subleviare, d’où soulager. L’e muet du radical sa change en è ouvert toutes les fois que la terminaison commence par un e muet : Je soulève ; je soulèverai ; je soulèverais, etc.). Lever quelque chose à une petite hauteur ; Soélever un fardeau. Soulever un malade dans son lit. SoulevisZ-/uï la tête. (Acad.). L’imaginaiion de quelques hommes est comme un levier avec lequel ils voudraient soulever te monde. (M"".- de Staël.) 77 faut toujours proportionner le moyen à la chose et ne pas prendre un levier pour soulever une paille. (Chateaub.)

Il soulevait encor sa main appesantie.

Racine.

— Agiter, chasser, faire voler : La tempête soulève les vagues. Lèvent soulève la poussière. Neptune souleva les flots jusqu’au ciel. (Fén.)

— Lever une chose qui en cache une autre : Soulever le voile qui couvre la figure d’une femme. Soulever le rideau tiré sur un tableau. De temps en temps, il soulevait la tapisserie. (Alex. Dumas.) Le squelette de la Mort soulève une pierre sépulcrale et se uionlre armé de la faux traditionnelle. (Th. Gaut.) Il Relever, découvrir : Elle souleva sa paupière appesantie. Il souleva un œil très-vif, quoique fatigué par des rides nombreuses. (G. Sand.)

— Par ext. Inciter, pousser à la rébellion, à la révolte : Soulever un peuple. Soulever un pays, une province. Nous soulèverions

.demain le peuple si nous voulions. (Cal de Retz.) Depuis trois quarts de siècle, deux mots puissants, liberté, égalité, sont le ferment qui soulève et fait bouillonner notre société française, je pourrais dire toute la société européenne. (Guizot.) Ce n’est pas avec une idée qu’on soulève les hommes, c’est avec un sentiment. (H. Taine.)..

— Fig. Percer, pénétrer, déchirer : Comment soulever le voile qui nous cache l’avenir ? (Acad.) Le silence est le linceul du passe ; il est quelquefois impie, souvent dangereux de le soulever. (Lamurt.) H est des mystères qui ne soulèvent pas en un jour tous leurs voiles. (IL Rigault.)

— Élever : L’homme que rien ne soulève au dessus de lui-même est serf par nature. (Lunienn.)

— Provoquer, exciter : On n’iq>aise pas les passions comme on tes soulève (Chateaub.) Il est rare qu’une œuvre d’art soulève quelque animosité sans exciter d’autre part quelque sympathie. (G. Sand.) Aucun principe nouveau n apparaît dans le monde sans soulever de nombreuses récriminations. (IL Castille.) Autant la musique est propre à soulever les passions, autant elle l’est peu à éveiller les idées. (Vacherot).

Modérez les transports qui soulèvent vos sens. Nép. Lkjlikrcier.

Je conçois que les vers soulèvent vos mépris.

V. lluoo.

— Provoquer la colère, l’indignation de : Son discours souleva l’assemblée. Son orgueil avait soulevé tout le monde contre lui. La Profession de foi du vicaire savoyard avait effrayé et soulevé tout le cleraé chrétien,

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