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500

SEL

so*

OH’

dicaux qui se sont postérieurement combinés au chlore.

La réaction que le perchlorure de phosphore exerce sur les sels amphides démontre donc que ces corps renferment toujours au moins deux radicaux simples ou composés unis par l’intermédiaire de l’oxygène ou l’un de ses congénères. Celui de ces radicaux qui ne jouit pas de propriétés métalliques prend le nom de radical acide. Ces radicaux reçoivent ordinairement des noms qui se forment en mettant la désinance yle à la place de la terminaison des noms génériques des sels dont ils font partie. Ainsi, le radical acide C2H’0 qui fonctionne dans les acétates a reçu le uom à’acétyle.

Les résidus halogéniques des acides ne sont que les radicaux de ces mêmes acides, plus 1 oxygène qui est destiné à relier ces radicaux aux métaux. Ils reçoivent dans chaque cas un nom particulier que l’on fait en plaçant le préfixe oxy avant le nom du radical que le résidu halogénique renferme. Le radical C*1130 des acétates, par exemple, forme en s’unissant à O le résidu halogénique de l’acide acétique C*H*0*. Ce dernier résidu se nomme oxyacétyle ou, par élision, oxacétyle.

— III. Sels neutres, sels acides, sels basiques, sels doublbs. Lorsque le radical d’un acide est monoatomique, un seul atome d’hydrogène peut lui être relié par l’intermédiaire dé l’oxygène. L’acide qui dérive de ce radical renferme alors une seule molécule d’oxhydryle ; il est dit monoatomique. Lorsque, au contraire, un radical d’acide est polyatomique, chacun de ses centres d’attraction libres est saturé par l’oxhydryle OH. L’acide renferme alors un nombre d’oxhydryles égal à celui qu’indique l’atomicité au radical ; il est dit polyatomique, et le degré de son atomicité est déterminé par le nombre d’oxhydryles qu’il renferme.

Par exemple, lacide acétique CâHSO, OH est monoatomique, l’acide sulfurique

SOî(OH)* est diatomique et l’acide phosphorique

PO(OH)3 est triatomique.

Il en est de même pour les bases. Si un métal est monoatomique, il ne peut fixer qu’un seul oxhydryle ; s il est diatomique, il en fixera deux ; s il est triatomique, il en fixera trois. Les bases formées seront monoatomiques dans le premier cas et polyatomiques dans les autres. Ici encore, le degré de leur atomicité sera déterminé par le nombre d’oxhydryles qu’elles renferment. Ainsi, l’hydrate de potassium K, OH est monoatomique, l’hydrate de baryum Ba"(OH)s est diatomique et l’hydrate ferrique (Fe*)vl(OH)6 est bexatomique.

Ces dénominations sont évidemment mauvaises, puisque les mots monoatomique, diatomique, etc., prennent une tout autre signification lorsqu’ils s’appliquent aux radicaux. Hais, comme il est encore moins nuisible, au point de vue de l’étude, de conserver un nom impropre, en le délinissant bien, que d’embrouiller l’esprit en créant des noms nouveaux, nous avons conservé ces dénominations, quelque imparfaites qu’elles soient. . Dans un acide, l’hydrogène de l’oxhydryle, autremeut dit hydrogène typique, peut être remplacé, en totalité ou en partie, par un radical positif. Quand l’hydrogène est remplacé en totalité, les sels formés sont dits neutres, parce qu’ils ne possèdent plus aucune des propriétés qui caractérisent les acides.

Lorsque l’hydrogène typique n’est remplacé que partiellement, les sels qui se forment conservent encore des propriétés acides, et on les nomme, à cause de cela, sels acides.

Ainsi, dans l’acide sulfurique

iOH

SEL Dans l’hydrate de baryum

Ba JOH’ par exemple, on peut remplacer les 2 atomes d’hydrogène par le radical de l’acide acétique, l’acétyle CïH’O ; le composé ■ OC21130

on peut substituer un atome de métal a un atome d’hydrogène ou 2 atomes de métal à 2 atomes d’hydrogène. Le sel que l’on obtient dans le premier cas, si le métal est le potassium, a pour formule

c’est un sel acide ; celui qu’on obtient dans le second cas a pour formule

c’est un sel neutre.

Quel que soit le nombre d’atomes d’hydrogèue typique que contient un acide, cet acide ne peut jamais donner avec un même métal qu’un seul sel neutre ; au contraire, le nombre de sels acides qu’il peut former est égal au nombre qui exprime son atomicité diminuée d’une unité.

Les bases peuvent aussi, dans les doubles décompositions, subir le remplacement d’une partie ou de la totalité de leur hydrogène typique par des radicaux acides. Les sels qui en résultent sont dits neutres lorsque tout leur hydrogène typique a été remplacé. Lorsque, au contraire, la substitution n’a porté que sur une partie de cet élément, les sels formés conservent des propriétés basiques et sont, par cette raison, appelés sels basiques.

Ba"

OCWO

qui résulte de cette réaction est un sel neutre. Mais on peut aussi ne remplacer par l’acétyle qu’un seul atome d’hydrogène, et l’on a alors un sel basique

OC*1130

OH

Ba"

Lorsque les divers atomes d’hydrogène typique des acides ou des bases sont remplacés par des radicaux différents, les sels qui proviennent de ces substitutions portent le nom de sels doubles. Le sulfate de potassium et de sodium OK ONa

SOS

est un sel double. Il en serait de même du corps qui aurait pour formule

OAzO*

OOSIW

Ph"

acéto-azotate de plomb.

Certains sels acides ou basiques soumis à l’influence de la chaleur perdent de l’eau et donnent naissance k de nouveaux sels que l’on nommait autrefois sels acides anhydres ou anhydrosels. Ainsi, le sulfate acide de sodium

8n, S ONa

502 } OH

perd de l’eau lorsqu’on le chauffe et donne le sel

SOS i 0Na O.

SoaÎ0Na

Ces composés, comme cela ressort très-nettement des découvertes faites en chimie organiques par M. Wûrtz et par M. Lourenço, sont, en réalité, des sels neutres dérivés de bases ou d’acides particuliers différents de ceux qui avaient donné naissance aux sels primitifs. Le composé

503 ! 0Na

0 ■

S02ÎONa

par exemple, dérive de l’acide S02J

SO*

0211 O. 02 H

Certains acides ont cette propriété remarquable que tous leurs atomes d’hydrogène typique ne peuvent pas être remplacés par des métaux positifs. On dit alors que leur basicité est inférieure à leur atomicité, et le nombre qui exprime leur basicité est celui de leur hydrogène remplaçable.

L’acide lactique

(CWO)" j gg

renferme 2 atomes d’hydrogène typique ; il est donc diatomique. Mais un seul de ses atomes d’hydrogène est remplaçable par un métal positif. Cet acide est donc monobasique.

Lorsque, au contraire, la totalité de l’hydrogène typiqued’un acide peut être échangea contre des métaux positifs par double décomposition au moyen des bases, on dit que sa basicité égale son atomicité.

Lois de Berthollet. Lorsqu’on fait réagir deux sels l’un sur l’autre (et par sels nous entendons désigner également les acides et les bases) par le moyen d’un dissolvant, si, par une double décomposition, il peut se produire un sel nouveau moins soluble que ceux qu’on a mélangés, ce sel se forme.

Lorsqu’on chauffe ensemble deux sels par voie sèche, si, par une double décomposition, il peut se produire xnsel nouveau plus volatil que les sels précédemment mélangés, ce sel se forme.

Exemple : Méle-t-on une solution de chlorure de baryum

Ba"|C}

avec une solution de sulfate de zinc

Zn" j ’ comme une double décomposition entre ces corps peut produire du sulfate de baryum et du sulfate de zinc, selon l’équation

Cl, SOV | j Cl SOt" i

Ba j Cl + Zn" j ~ /n j Cl + Ba" J • Chlorure Sulfate Chlorure Sulfata

de baryum, de zinc. do zinc. de baryum.

et comme, de plus, le sulfate de baryum est insoluble, la double décomposition a lieu.

De même, si l’on chauffait du sulfate d’ammoniaque avec du chlorure de baryum, il se produirait du sulfate de baryum et du chlorure d’ammonium, à cause de la volatilité de ce dernier set et suivant l’équation

S08

S02

OAzH* OAzH* Sulfate d’ammonium.

O O

Sulfaté de baryum

+ Ba"

Ba + 2

ClCl Chlorure de baryum.

(AzHcîi>

Chlorure

d’ammonium.

SEL

Voici comment s’expliquent ces lois. Toutes les fois que deux sels sont mis en

firésence, et quelle que soit ieur solubilité ou eur volatilité, une double décomposition a lieu et il se fait un partage entre les radicaux positifs et les radicaux négatifs. Ainsi, fait-on réagir du sulfate de sodium

S02

ONa ONa

sur du chlorure de potassium

Ki Cl (•

il se produit un mélange de ces deux sels et de deux sels nouveaux engendrés par leur action réciproque, le sulfate de potassium

S0Î j OK et le chlorure de sodium Na

Cl

"M8iS) + ’(â|)-«>.|gS

Sulfate de sodium. Chlorure de Sulfate de potassium. potassium.

+ S02

ONa ONa Sulfate de potassium.

+ 2

(5|) +■(■& !>

Ba"

Chlorure de Chlorure potassium. de sodium.

Si alors tous les sels sont solnbles, les uns et les autres restent en dissolution, et, à moins que las produits nouveaux n’aient des couleurs différentes des produits primitifs, l’opérateur ne s’aperçoit de rien. Il en est de méine si l’on opère par voie sèche et que les sels soient fixes. Mais, si l’un des sels est insoluble ou volatil, il se dépose ou s’évapore, et l’équilibre se trouve rompu, puisqu’un des termes qui devaient servir à le constituer fait défaut. Un second partage s’opère alors entre les éléments qui restent. La nouvelle quantité du sel insoluble ou volatil s’élimine à son tour ; un troisième partage succède au second, et les choses se continuent ainsi jusqu’à ce que la totalité des radicaux, qui, par leur union, pouvaient former un sel insoluble ou volatil, soit éliminée.

D’après M. Malaguti, lorsqu’il se fait ainsi un partage entre les sels divers, il ne se forme point des quantités équivalentes de chaque produit. Les quantités des sets qu’il se forme paraissent être directem. nt proportionnelles à l’énergie avec laquelle lturs éléments sont capables d’entrer en combinaison.

Si l’on a, par exemple, deux sels dont l’un soit formé par l’union du radical électro-positif A avec le radical électro-négatif B et l’autre par la combinaison du même radical électro-négatif B avec un autre radical électro-positif A’, l’énergie avec laquelle le radical A est susceptible de s’unir au radical B étant a celle du radical A’ comme 3 :2, les quantités de A + B et de A’ + B qui prendront naissance seront également entre elles comme 3 :2.

Supposons maintenant que l’on mêle 100 molécules d’acétate de baryum

„ l 0(J2fl30 |0C2HS0

et 100 molécules d’azotate neutre de plomb

ru 1 OAzOï’ on verra par l’expérience qu’une double décomposition s’effectue entre 77 molécules de chacun de ces sels, tandis que les 23 autres molécules restent intactes. Ce nombre 77, qui exprime la quantité moléculaire des deux sets qui se décomposent réciproquement, se nomme coefficient de décomposition du couple salin.

Si l’on renverse l’opération, précédente, c’est-à-dire si l’on mélange 100 molécules d’azotate de baryum

Ba„ I OAzO* (OAzO* et 100 molécules d’acétate de plomb

p, „) OC21130

ru |OC21130’ 23 molécules de chaque espèce subiront seulement la double décomposition. Ce chiffre 23 sera le coefficient de décomposition du nouveau couple salin. Comme, ajouté au précédent, il donne 100, on en conclut que, quel que soit le couple mis en réaction, le mélange contient les proportions invariables des sets qui proviennent de l’échange réciproque des radicaux. On exprime ce fait en disant que : les coefficients représentant les quantités de sels décomposés dans deux couples salins contenant les mêmes radicaux groupés en ordre inverse sont complémentaires.

— IV. Action de l’électricité sur les sels. Lorsqu’un courant électrique est assez puissant pour décomposer un sel, l’élément électro-positif se rend au pôle négatif et le groupe négatif se rend au pôle positif.

Soumet-on à l’action d’un courant le sulfatede cuivre SO* Cu, le cuivre métallique se dépose au pôle négatif et le groupe SO* se rend au pôle positif. Là, ce dernier groupe décompose l’eau, s’empare de son hydrogène pour régénérer l’acide sulfurique SO*Hs, tandis que l’oxygène devenu libre se dégage.

Dans le cas des sels de potassium ou de sodium, le fait est plus difficile k constater ; le métal, en effet, décompose l’eau en don SEL

nant de l’hydrate de potassium KHO et da l’hydrogène libre. Aussi, lorsqu’on décompose le sulfate de potassium SO*K*, on trouve bien encore au pôle positif de l’oxygène et de l’acide sulfurique comme dans la cas précédent ; mais au pôle négatif on recueille, au lieu de métal, de l’hydrate de potassium et de l’hydrogène.

Les anciens chimistes attribuaient l’oxygène et l’hydrogène dégagés dans cette réaction à la décomposition de l’eau. Quant au sel, ils le supposaient décomposé par laa pile en anhydride sulfurique SO3 et oxyde de potassium K^O, corps qui, en s’unissant à l’eau, auraient ensuite fourni l’acide sulfurique hydraté et l’hydrate de potassium.

L’expérience a condamné cette interprétation et a montré que les faits se passent comme nous l’avons indiqué d’abord.

On place une dissolution concentrée de sulfaie de potassium sur du mercure et l’on fait traverser le liquide par un fort courant, en ayant soin que le fil négatif plonge dans le mercure. Le potassium, devenu libre, se combine alors à ce dernier métal, et l’amalgame formé étant plus difficilement attaquable par l’eau que le potassium pur, on peut, après quelque temps, recueillir une certaine quantité de ce corps en évaporant le mercure.

Le phénomène est donc le même qu’avec le sulfate de cuivre, et la différence apparente du résultat tient uniquement à l’action secondaire que le métal alcalin exerce sur l’eau.

Avec les sels d’acides organiques, les phénomènes sont encore les mêmes ; mais, si l’on opère en solution alcaline, le résidu électronégatif, subit une décomposition ultérieure et fournit des corps nouveaux au lieu de régénérer l’acide.

On sait que tous les acides organiques renferment le groupe carboxyle COJH autant de fois qu’ils ont d’atomicités basiques. Lorsque ces acides sont électrolysés, eux ou leurs sels, leur hydrogène typique ou le métal qui le remplace s’élimine et se rend au pôle négatif, tandis que le résidu halogénique se rend au pôle positif. Ce résidu renferme naturellement autant de fois le groupe CO* que l’acide renfermait de carboxyles. Or, ce groupe C02, n’étant autre que l’anhydride carbonique (se fixe sur l’alcali que le liquide ambiant renferme. Si la liqueur est fortement alcafine, il se dégage de l’oxygène provenant de la décomposition de l’alcali, et cet oxygène brûle plus ou moins complètement le produit organique de la décomposition précédente. Ainsi, soit l’acide lactique

OH* IgO^

soumis à l’action du courant, ce corps se dédouble en H*, qui vu au pôle négatif et en

C*H*

CO*

qui va au pôle positif. Ce résidu halogénique, si la solution est alcaline, abandonne son groupe CO* à l’alcali pour former un carbonate, et il reste de l’aldéhyde C2H*0. Si la liqueur est très-alcaline, loxygène provenant dél’électrolyse de l’alcali brûle l’aldéhyde lui-même, et, au lieu de ce corps, on n’obtient plus que de l’acide carbonique et de l’eau.

— Econ. domest., industr. et agric. Du »«l

cooiiniiu oh eblorure do sodium. I. HISTOIRE

du sel. L’usage du sel remonte k la plus haute antiquité. Il en est très-souvent question dans la Bible. Toute victime, chez les Juifs, devait être consacrée par le sel, et ceux qui juraient fidélité au roi devaient manger en sa présence du sel consacré. Ils retiraient sans peine de grandes quantités de sel de la mer Morte. C’est encore de là que les Arabes le recueillent actuellement pour le transporter ensuite dans la Syrie tout entière, où il représente une branche de commerce assez importante. Chez les Hébreux, le set était, comme chez les Arabes, le symbole de l’amitié, et deux personnes qui en avaient mangé ensemble étaient considérées comme unies par le plus sacré des liens. Lorsqu’une ville avait été détruite et rasée, on ensemençait de set l’emplacement, parce qu’on croyait que cette opération rendait le sol à tout jamais stérile ; aussi le mot salé (melèha/i) est-il souvent en hébreu le synonyme d’infécond. Les nouveau-nés avaient à leur naissance le corps frotté de sel. Les Grecs et les Romains employaient le sel comme leur plus ordinaire condiment, et, en outre, le regardant comme une des offrandes les plus agréables aux dieux, en faisaient un usage constant dans les sacrifices. Pour donner à leurs repas un caractère sacré, ils plaçaient le sel au milieu de la table. Homère l’appelle divin ; en vantant la frugalité des héros rassemblés devant Troie, il ajoute que la viande ne leur était jamais servie sans sel, et donne à entendre qu’ils ne se seraient pas volontiers privés de cet assaisonnement. De son temps déjà on ne pouvait donc omettre le sel dans les plus simples repas. Il parle cependant de peuples qui ne s’en servaient point ; mais c’est une chose qui l’étonné et lui parait des plus étranges. Bien des siècles après Homère, nous voyons Plutarque écrire que le sel est le condiment par excellence ; qu’il faut la mêlera la plupart des aliments et que le pain même en acquiert une saveur plus agréable.