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aussitôt maréchal de camp, puis lieutenant général. Dans la campagne suivante, il se distingua à Warburg où, avec 10,000 hommes, il tint tête pendant cinq heures à tout un corps d’armée et parvint à se dégager ; à Clostercamp, il fut haché de coups de sabre, laissé pour mort sur le champ de bataille et fait prisonnier. Revenu en France, il fut nommé gouverneur de la Franche-Comté, maréchal de France, puis ministre de la guerre (1781). C’était un bon administrateur et il opéra quelques réformes ; ses ordonnances sur le.iégime des casernes et sur celui des hôpitaux militaires réalisèrent de notables progrès ; mais le maréchal de Ségur' est aussi l’auteur de la fameuse ordonnance qui attribue à la noblesse seule les emplois d’officiers, mesure désastreuse, qui, à la veille de la Révolution, souleva dans l’année les plus justes mécontentements. Il quitta leportefeiiille de la guerre à l’entrée du cardinal de Loméiiie au ministère et acheva ses jours dans la retraite, au château de Châtenay, l’ancienne résidence de Voltaire.

SÉGUR (le comte Louis-Philippe de), fils aîné du précédent, né à Paris en 1753, mort dans la même ville en octobre 1830. « Le hasard, dit-il dans Ses Mémoires, a voulu que je fusse successivement colonel, officier général, voyageur, navigateur, courtisan, fils de ministre, ambassadeur, négociateur, prisonnier, cultivateur, soldat, électeur, poete.auteur dramatique, collaborateur de journaux, publiciste, historien, iiépiué, conseiller d’État, sénateur, académicien et pair de France, a

Après avoir fait de brillantes études, il entra dans la carrière militaire à dix-huit ans et parvint en peu de temps au grade de colonel en second du régiment de cavalerie Orléans-dragons.

Malgré son âge et les mœurs du jour", à son entrée dans le monde, ce n’étaient pas les galanteries et les amusements d’une jeunesse frivole qui occupaient le plus le jeune et brillant officier ; il cherchait avidement la société des savauts et des hommes de lettres les plus distingués ; il allait souvent chez Mma Geoffrin et chez Mm« Du Deffunt ; il lisait les ouvrages d’Helvétius, de Voltaire, de Rousseau, de Duclos, de Murmontel. Le comte de Ségur garda un souvenir très-vif des visites de Voltaire à sa mère, et il a raconté avec beaucoup d’émotion ces dernières relations de sa mère mourante avec l’homme illustre qui lui-même n’avait plus alors que quelques mois à vivre.

Il suivit en Amérique le corps de volontaires emmené par Rochambeau, y conquit le grade de colonel et, de retour en Fiance, eut le commandement d’un régiment de dragons. Une importante mission qui lui fut conliée lui fournit bientôt l’occa.-ion de déployer un vrai talent diplomatique. Les cours de Saint-Pétersbourg et de Versailles étaient depuis trente ans dans un état de froideur et de mésintelligence que la France se décida enfin à. faire cesser. Le ministère français jeta les yeux sur le comte de Ségur, qui, quoique bien jeune encore, avait donné des marques de maturité, et le nomma amba sadeur de France et ministre plénipotentiaire en Russie.

Le nouvel ambassadeur accrédité près de Catherine II, dont il sut d’abord gagner les bonne» grâces pur son esprit, débuta par un traité île commerce dont la négociation fut adroitement improvisée avec Potemkin durant le célèbre voyage que l’impératrice lit eu grande compagnie et eu grande pompe dans sa nouvelle conquête, la Crimée.

Ségur raconte très-bien ce magique voyage de Crimée, où les villes, les hameaux et les habitants étaient improvisés, et où les décorations théâtrales dressées chaque jour, presque sous les yeux de Catherine, par la flatterie de Potemkin, servaient à lui persuader qu’elle avait ajoute à son empire une province riche, puissante et peuplée, taudis qu’elle n’avait conquis qu’un vaste désert habité par quelques Tartares.

Pendant son séjour en Russie, Ségur contribuaauxainuseuienlsde la Cour somptueuse

de Catherine, qu’il charma pur aeà vers. 1J Jit jouer quelques pièce», entre autres une tragédie de Coriolan, sur le théâtre de l’Erinitage, ou l’impératrice avait t’ait représeiuer quelquefois des pièces, assez médiocres, de sa propre composition. Il venait de faire accepter à Catherine la médiation de la France pour l’arrangement de ses différends avec la Porte, lorsqu’il tut rappelé à Paris par les premiers événements de la Révolution.

Les choses avaient bien changé pendant son absence, et il a fait dans ses Mémoires un tableau piquant de Paris et de la société française, tels qu’ils les avait laissés à sou départ et tels qu’il les retrouvait en 1789. La noblesse puristeune l’élut suppléant aux états généraux, et la mort du ti uluire, le comte de Ructieuhouart, en 1791, l’eleva au rang de députe, il dunna presque aussitôt sa démission. Le roi venait de le nommer maréchal >ie cuinp et ambassadeur de Fiance près la cour de Rome. Il parut pour sou poste ; mais telles étaient dès lors les prétentions de ceite cour, que Pie VI refusa de le recevoir. Oblige de retourner k Paris, il n’accepta point le ministère des affaires étrangères, qu’on lui offrait, et préféra les fonctions d’ambassadeur à Berlin. L’objet de sa mission était d’empêcher la déclaration de guerre iuintf SÉGU

nente entre les deux nations. Il y parvint, malgré de nombreux obstacles, et il revint à Paris jouir de quelque repos. Les événements se précipitaient cependant. Ségur se tint éloigné des affaires ; il n’émigra point, et, livré tout entier aux travaux littéraires, il traversa la Révolution sans être inquiété. Arrêté un moment le 10 août 179S, il fut rendu, après une courte détention, à la liberté et continua dans la retraite à s’occuper de littérature et d’histoire.

C’est durant cette période de repos qu’il composa la plus grande partie de ses œuvres : Pensées politiques (1795, in-8°) ; Théâtre de l’Ermitage (1799, Z vol. in-8»), recueil de pièces dont plusieurs seulement ont été jouées à Saint-Pétersbourg ; Histoire des principaux événements du règne de Guillaume II, roi de Prusse, ou Tableau historique et politique de l’Europe de 1786 <i 1796 (1801, 3 vol. in-8°) ; Politique de tous les cabinets de l’Europe pendant les règnes de Louis XV'et de Louis X VJ (1801, 3 vol. in-8°) ; Conteï, fables, chansons et vers (1801, in-8<>). Beaucoup d’autres de ses ouvrages, composés à cette époque ou pendant 1 Empire, ne virent le jour que sous la Restauration, le comte de Ségur, en parfait courtisan, n’ayant pas cru devoir heurter la volonté de Napoléon, qui voyait, comme on sait, la littérature d’un mauvais œil. Un jour, Napoléon ayant demandé avec quelque dédain si le Ségur, homme politique, était bien le purent du Ségur faiseur de livres, quoiqu’il sût parfaitement que c’était le même homme, Ségur se le tint pour dit et ne fut plus un écrivain que dans le silence du cabinet. Il avait fait représenter, de 1795 à 1799, d’assez nombreux vaudevilles qui ont été publiés et où le nom du citoyen Ségur aîné figure assez souvent à côté de ceux des citoyens Barré et Desfontaines. Mais il se lança de nouveau dans le monde politique lorsque le gouvernement consulaire eut ramené les formes et presque l’extérieur de la monarchie. Il avait perdu dans les troubles sa fortune, tant en France qu’à Saint-Domingue ; il truuva moyen de reconquérir, par des travaux littéraires, une existence honorable. Le sénat l’appela comme député au Corps législatif et Bonaparte le nomma peu après conseiller d’État.

Lorsque Napoléon se fut fait proclamer empereur, de Ségur parvint aux plus hautes fonctions ; il obtint la charge de grand maître des cérémonies et devint comte de l’Empire, grand-aigle de la Légion d’honneur, grand officier civil de la couronne, puis sénateur le 5 avril 1813. Il possédait l’art dp plaire au souverain par des flatteries quelquefois délicates, mais le plus souvent hyperboliques. Ainsi il s’écriait en 1809, dans un morceau de prose officielle : « Quelle louange donner à un tel monarque, lorsque le simple récit des faits est au-dessus de tout éloge, lorsque sa rapidité est telle que la renommée a peine à le suivre. > Une autre fois qu’il avait fait attendre le maître et que celui-ci lui reprochait avec aigreur de lui avoir fait perdre quelques minutes : « Sire, repondit-il, j’ai un million d’excuses sans doute à présenter à Votre Majesté ; mais aujourd’hui ou n’est pas toujours maître de circuler dans les rues. Je viens d’avoir le malheur de donner dans un embarras de rois dont je n’ai pu sortir plus tôt ; sire, voilà la cause de ma négligence. ■ Chacun sourie en se rappelant que six rois étaient en ce moment à Paris, entre autres les rois de Bavière, de Saxe et de Wurtemberg, venus pour faire leur couru Napoléon.

En janvier 18U, il fut envoyé, eu qualité de commissaire extraordinaire, dans la isc division militaire, pour y prendre des mesures de salut public et il adressa aux habitants de Troyes une proclamation destinée à enflammer tous les esprits. Du peu plus tard, lorsque, par suite ues désastres de l’invasion et des mauvaises combinaisons de sa politique, Napoléon fut forcé de descendre du trône, Ségur n’en adhéra pas moins, comme les autres membres du Sénat, à sa déchéance, à la formation du gouvernement

provisoire et, par suite, à la réiustailation des liourbons sur le trône. Le 4 jum, il entra a la Chambre des pairs, établie par la charte, et dans laquelle Luuis XV111, par une assez sage politique, tenait à donner le plus de places possible aux sénateurs du l’Empire. Napoléon, à son retour dél’îie d’Elbe, trouva son ancien maître des cérémonies prêt à reprendre son poste ; il le lui redonna et le nomma membre de la Chambre des pairs qu’il venait d’instituer. Eulin, lorsque le sceptre tomba pour toujours des mains de Bonaparte, le comte de Ségur se trouva dans une situation équivoque : il voulut un moment attacher ses destinées à celles de l’empereur proscrit et demanda par écrit la faveur d’aller partager son exil à Sainte-Hélène ; mais le nombre des élus fut très-reStreint, et le comte de Segur resta en France, où la seconde Restauration l’élimina de la Chambre des pairs, tout eu manteiiaiit son nomsuries registres de l’Académie française, où il avait été appelé en 1803. Sa disgrâce politique ne fui, un reste, pas de longue durée ; Louis XVIII lui rendu en 1819 sou titre de pair de France. Dans les dix années qu’il vécut encure, il prit une part modeste aux travaux de la Chambre, où il vota constamment pour les mesures les moins illibèrale^, et il consacra ses loisirs à composer de nombreux ouvrages et à publier ceux qu’il gar >

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dait depuis longtemps en manuscrit. I imprimer sous la Restauration sa Galeriu raie et politique (Paris, 1817, 3 vol. in un Abrégé de l’histoire universelle (1817* années suiv., 44 vol. in-is) ; les Qnat ; e âges de la vie (1819, in-8°) ; Romances et chansons (1819, in-8°) ; Histoire de France (1824-1830, 9 vol. in-8») ; Mémoires ou Souvenirs et anecdotes (1824, 3 vol. in-8<>), son plus curieux ouvrage, le seul qui soit lu aujourd’hui, avec son Histoire de Frédéric II. On lui doit encore un Recueil de famille (1826, in-8<>), composé de diverses pièces de théâtre, et il a aussi collaboré à un grand nombre de journaux ou revues : les Nouvelles politiques, l’Historien, le Publiciste, la Bibliothèque française, le Mercure, les Nouvelles littéraires, etc. Ses œuvres complètes (Paris, 1824 et années suiv.) forment un ensemble de 34 vol. in-8°.

Séeur (MÉMOIRES OU SOUVENIRS ET ANECDO-TES, par le comte de) [1824,3 vol. iu-80]. Ce livre, écrit avec la netteté qui distingue la langue du xvme siècle, est rempli de considérations élevées, de Unes observations, de portraits habilement touchés et d’anecdotes agréables, « Ma position, dit l’auteur, ma naissance, mes liaisons d’amitié et de parenté avec toutes les personnes marquantes de la cour de Louis XV et de Louis XVI, le ministère de mon pèie, mes voyages en Amérique, mes négociations en Russie, l’avantage d’avoir connu, sous des rapports d’affaires et de société, Catherine II, Frédéric le Grand, Potemkin, J-oseph II, Gustave III, Washington, Kosciusko, La Fayette, Nassau, Mirabeau, Napoléon, ainsi que les chefs des partis aristocratiques et les plus illustres écrivains de mon temps ; tout ce que j’ai vu, fait, éprouvé et souffert pendant la Révolution ; ces alternatives bizarres de bonheur et de malheur, de crédit et de disgrâce, de jouissances et de proscriptions, d’opulence ou de pauvreté ; tous les états différents que le sort m’a forcé de remplir m’ont persuadé que cette esquisse de ma vie pourrait être piquante et intéressante. • Un des grands mérites de ces Mémoires, c’est de reproduire avec une fidélité parfaite les impressions, les idées, les aspirations, le mouvement de la société française après la mort de Louis XV. On voit arriver la Révolution ; ceux mêmes qui la combattront plus tard ne lui sont pas hostiles au début. La jeune noblesse est libérale et philosophique ; les idées nouvelles la passionnent, l’égalité la ravit. Les uns acceptent la philosophie plébéienne par générosité, beaucoup par imprévoyance et par entraînement. Ou trouve du plaisir à descendre parce qu’on croit pouvoir remonter dès qu’on le voudra. Tous les cœurs battent en France pour la noble cause de l’indépendance américaine. M. de Ségur va rejoindre Rochambeau combattant avec Washington. Cette partie des Mémoires est très-intéressante. Colonel d’un régiment de dragons, il n’assiste qu’à un combat naval. Rentré eu France, il est désigné par M. de Vergennes pour le poste d’ambassadeur en Russie. Un ami de sa famille, le comte d’Arauda, ambassadeur d’Espagne à la cour de France, l’initie en un quart U heure aux secrets de la diplomatie. « Regardez cette carte, lui dit l’ambassadeur espagnol ; vous y voyez tous les États européens, grands et petits, n’impurte leur étendue, leurs limites. Examinez bien ; vous verrez qu’aucun de ces pays ne nous présente une enceinte bien régulière, un cane complet, un parallélogramme régulier, un cercle partait. On y remarque toujours quelques saillies, quelques renfoncements, quelques brèches, quelques échaucrures... Vous sentez bien à présent que toutes ces puissances veulent conserver leurs saillies, remplir leurs échaucrures et s’arrondir enfin selon l’occasion, lih bienl mou cher, une leçon suffit ; car voilà toute la politique. • Le nouveau diplomate se met eu route et s’arrête à Berlin. Dans une conversation familière, Frédéric rend hommage à la nation française, mais l’accuse ensuite de légèreté et d’inconstance. ■ Sire, répond M. de Segur, nul n’est exempt d’imperfection, pas même les plus grands hommes. Si Voue. Majesté me permet de le dire, n’avons-nous pus eu quelquefois nous-mêmes à nous plaindre de son inconstance lorsque nous étions ses allies ? > Arrivé à Saint-i’étersbourg, M. de Ségur, sur lequel l’impératrice cause une trëa-vive impression, gagne sa confiance et son amitié par la loyauté de son caractère et aussi par la grâce de sou esprit. Il a tracé de Catlierine 11 un portrait plus exact que les médaillons complaisants donnés par les philosophes du xvnie siè’de. • Le génie de Catherine était vaste, sou esprit fin ; on voyait en elle un mélange étonnant des qualités qu’où trouve le plus rarement réunies. Trop sensible aux plaisirs, et cependant assidue un travail, elle était naturelle dans sa vie privée, dissimulée dans sa politique ; son ambition ne connaissait point de bornes, mais elle la dirigeait avec prudence. Coustaute, non dans ses passions, mais dans ses amitiés, elle t/émit fait en administration des principes fixes ; jamais elle n’abandonna ni un ami ui un projet. Majestueuse en public, bonue et familière en société, sa gravité conservait de l’enjouement, su gaieté de la décence. Avec une âme élevée, elle ne montrait qu’une imagination médiocre ; sa conversation même paraissait peu biillante, hors les cas très-rures où, elle se

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^laissait aller à parler d’histoire et de politique ; alors son caractère donnait de l’éclat à se3 paroles ; c’était une reine imposante et une particulière aimable... Philosophe par opinion, elle se montrait religieuse par politique ; jamais personne ne sut avec une aussi inconcevable facilité passer des plaisirs aux affaires ; jamais on ne la vit entraînée par les uns au delà de sa volonté ou de ses intérêts, ni absorbée par les autres au point d’en paraître moins aimable. Dictant elle-même à ses ministres les dépêches les plus importantes, ils ne furent réellement que ses secrétaires, et son conseil n’était éclairé et dirigé que par elle, »

On trouve des faits bien curieux dans ces intéressants Mémoires, notamment une relation impartiale de l’affaire de La Chalotais. Quelques lignes de ce morceau sont à citer : ■ Dans ce temps, la lutte contre les jésuites commençait ; la cour soutenait et les parlements accusaient cet ordre trop célèbre, cette milice tiltramontaine qui, toujours combattant pour l’autorité temporelle du saint-siège contre celle de la royauté, sut toujours, en flattant, en menaçant, en effrayant, en punissant même les rois, les intéresser à sa cause ; ordre redoutable qui s’est constamment relevé de tous ses revers, que les philosophes, les ministres, les parlements, le clergé, Rome même ont cru tuer, et qui, triomphant du monde entier, pourrait, par sa résurrection inconcevable, affirmer sans folie qu’il a le don des miracles. » On pourrait encore citer une foule de traits et d’anecdotes piquantes.

SÉGUIt (Joseph-Alexandre, vicomte de), frère cadet de Louis-Philippe de Ségur, militaire et auteur dramatique, né à Paris en 1756, mort k Bagnères en 1805. Après avoir rapidement parcouru la carrière militaire comme colonel des régiments de Noaiiles, de Royal-Lorraine et des dragons de Ségur, et comme maréchal de camp, il prit sa retraite eu 1790 et se consacra dès lors aux lettres. Il publia successivement : Correspondance secrète entre Ninon de Lenclos, le marquis de Villarceaux et jj/wu de M... (1790, iu-12), roman épistoiaire, où l’on remarque de la finesse et beaucoup d’intelligence du cœur des femmes ; mais les lettres données comme écrites par Ninon étaient celles d’une femme galante, connue de l’auteur ; la Femme jutouse 11791, in-12), imitation des Liuisbns dangereuses. Il donna ensuite à divers théâtres : la Création du monde, à l’Opéra, traduction du livret allemand du chef-d'œuvre de Haydn ; Rosaline et Floricourl, le Fou par amour, le Retour du mari (Théâtre-Français) ; l’Amant arbitre, Edmond et Verseuil (Odéon) ; Roméo, la Dame voilée, les Vieux fous, le Cabriolet jaune (Opéra-Comique).

Le vicomte de Ségur, passionné pour le théâtre, ne l’était pas moins pour la poésie chantante. Homme du monde, spirituel, beau causeur, il brillait dans la grandi', société par ses bous mots. Convive assidu des dîners du Vaudeville, il y paya sa contribution poétique par des chansons qui sont spirituelles et faciles, mais qui manquent de vraie gaieté. Celle de l’Amour et le Temps a donné lieu à nombre de dessins et de gravures. Sa dernière production : les Femmes (1802, 3 vol. iu-12), a été souvent réimprimée, notamment en 1819, 1820, 1821, 1828, 1829, 1834. On a augmente les dernières éditions d’un travail intitulé ; De l’influence des femmes sous l’Empire, par Ch. N"*' (Charles Nodier), et de notes dues à MM. Barginet, Ratier et Horace Raissou. Le vicomte de Segur fut aussi (éditeur des Mémoires du baron de Beseiwal, qui firent scandale ; mais on l’a pleinement justifié des reproches qui lui furent adresses à ce sujet. Ses Œuvres diverses, précédées d’une nonce par Fayolle, ont été publiées en 1819, iu-8°, à Paris.

SÉGUR (Octave-Henri-Gabriel, comte de), fils aîue du comte Louis-Philippe de Ségur, militaire et écrivain français, né à Paris en 1779, mort dans latneine ville en J818. Sa courte carrière fut singulièrement accidentée. Sorti de l’École polytechnique en 1803, il fut envoyé comme soua-prefet à Soissous et parut se consacrer d’abord à l’administration, à la littérature et a la science. Il publia des Lettres eicmentaires sur lu chante (1803, vol. in-12) ; lu Flore des jeunes personnes ou Lettres familières sur ta botanique (1804, in-12) et diverses traductions de’romans anglais. Tout d’un coup, en 1805, il disparut, et Fouche, ministre de la police, lit insérer dans les journaux une note d’après laquelle on devait supposer qu’il s’était noyé volontairement. Ou sut plus tard qu’à la suite de chagrins domestiques il avait quitte la France et s’était engagé, sous un faux nom, dans l’année d’Italie, où il conquit le grade de capitaine. Il fut fait prisonnier et interné en Hongrie. Il passa de lu eu lispayne et devint aide de camp de Masséua, rentra eu France, lit la campagne de Russie et s’illustra, à Wilna, par une mugn.lique charge de cavalerie ; il avait alors le graue de chef d’escadron. Fait prisonnier une seconde fuis, il resta à Saratotf jusqu’à la chute de l’Empire et revint eu France eu 1816. Deux ans après, toujours tourmente des mêmes chagrins mystérieux qui lui avaient fait quitter Soissous, il se jeta dans la Seine, du haut du pont Royal, et se noya.

SÉGU» (Philippe-Paul, comte de), général