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publique de Florence, né vers 1450, mort vers 1513. Bien qu’il eût été nommé gonfalonier perpétuel et revêtu de pouvoirs étendus, il n’abusa point de l’autorité, protégea les arts et montra un grand attachement pour la France. Son seul fait d’armes fut la soumission de Pise en 1509. La restauration des Médicis le précipita du pouvoir et il alla finir ses jours dans l’exil. Machiavel, qui avait été secrétaire de la république pendant sa dictature, fait mention de lui dans une épigramme où il lui reproche sa faiblesse.

SODERINI (Giovan-Vittorio), agronome italien, de la même famille que le précédent, né à Florence en 1526, mort en 1596. Il venait de terminer ses études de droit à Bologne lorsqu’il se trouva impliqué dans un complot contre les Médicis et fut condamné à mort. Cependant Ferdinand Ier commua sa peine en un exil perpétuel. On lui doit : Trattato della cultivazione delle viti e del frutto que se ne puo cavare (Florence, 1600, in-4o).

SODERINI (Jean-Antoine), voyageur italien, né à Venise en 1640, mort en 1691. Il s’embarqua pour l’Orient en 1671 avec son compatriote Bembo, fit un long séjour à Chypre ? visita ensuite la Palestine, l’Égypte, la Barbarie, la Syrie, l’Anatolie et la Turquie d’Europe. Un grand nombre des objets qu’il avait recueillis pendant ces voyages, embarqués à Alexandrie, furent pris par un corsaire tripolitain. Soderini ne réussit à rapporter en Europe qu’une importante collection de médailles rares. Il fut nommé gouverneur de Zara en 1674, revint en 1676 dans sa ville natale et ne s’occupa plus dès lors que de numismatique.

SODI (Pierre), danseur et chorégraphe français d’origine italienne, né à Rome au commencement du xviii siècle. Il vint à Paris en 1743 et fut engagé à l’Académie royale de musique comme danseur et compositeur de ballets. Il était doué d’une imagination féconde, s’il faut en juger par le nombre de ses ouvrages, parmi lesquels on remarqua surtout les Mandolines, opéra-ballet qu’il composa dans le but de faire briller le talent de son frère, Charles Sodi, qui jouait de la mandoline avec un art merveilleux et recevait tous les jours les applaudissements du public en paraissant parmi les acteurs pour exécuter sur son instrument des solos très-difficiles. On cite encore de Pierre Sodi : la Cornemuse, les Jardiniers, les Fous, les Bouquets, etc., etc.

SODICO, préfixe formé du latin fictif sodicus, sodique, et qui indique la présence d’un sel sodique dans un sel double : Sel sodico-ammonique. Sel sodico-argentique.

SODIO s. m. (so-di-o). Bot. Syn. de rhapis, genre de palmiers.

SODIQUE adj. (so-di-ke — du lat. fictif sodicus, formé de soda, soude). Chim. Qui a rapport à la soude ou à ses composés : Sel sodique.

SODIUM s. m. (so-di-omm — rad. sodn). C biin. Métal dont la soude est l’oxyde.

— Encycl. Chim, Le sodium (Na) est un métal qui a été découvert en 1807 par Davy, qui l’a obtenu en décomposant la soude ou oxyde de sodium par la pile. Ce métal est plus léger que l’euu ; sa densité est de 0, 972 ; il fond à + 90° et bout à la chaleur rouge, lise présente sous l’aspect d’une masse molle comme de la cire, possède un éclat métallique qui rappelle celui du plomb, mais se ternit rapidement à l’air, par suite de la facilité avec laquelle il s’oxyde.

Le sodium fait partie du petit groupe de métaux qui décomposent l’eau à la température ordinaire. Toutefois, la réaction chimique qui se produit lorsqu’on projette sur ce liquide un morceau de sodium ne développe pas autant de chaleur que celle qui a lieu si le métal est du potassium ; car, tandis que, dans ce dernier cas, l’hydrogène de l’eau s’enflamme spontanément et enveloppe le métal d’une flamme assez éclairante, dans le premier l’hydrogène est simplement mis en liberté.

Ajoutons toutefois qu’il suffit d’enflammer cet hydrogène pour qu’il continue à brûler autour du métal tant que le dégagement de gaz continue.

Après ce que nous venons de dire, on comprendra qu’il convient, si l’on veut conserver le sodium, de le mettre à l’abri de l’air ; pour arriver à ce but, on a longtemps employé exclusivement l’huile de naphte ; mais on n’a point tardé à s’apercevoir que cette huile contenait, si bien préparée qu’elle fût, une E élite quantité d’acide sulfurique, qui se désydratait au détriment du métal et en oxydait au moins la surface. On a donc substitué a ce premier liquide les huiles lourdes de pétrole qui conservent mieux le sodium.

On emploie beaucoup aujourd’hui le procédé suivant : on trempe les lingots dans une huile très-dense de schiste, qui recouvre le métal d’un vernis impénétrable à l’air, puis on les enferme dans des vases en zinc, clos par une fermeture hydraulique garnie d’huile.

Jusqu’à l’époque où M. Sainte-Claire Deville a fait ses remarquables travaux sur l’aluminium, le sodium était exclusivement réservé aux usages des laboratoires et, par suite, ne se fabriquait pas industriellement. Aujourd’hui, la fabrication de ce métal se


fait en grand et par des procédés économiques qui ont permis de livrer à 15 francs le kilogramme un métal qui coûtait, il y » trente ans encore, plus de 2, 000 francs le kilogramme.

On l’obtient aujourd’hui en réduisant, au moyen du charbon, le carbonate de soude. Les matières qui constituent le mélange sont :

Carbonate de soude… 40 kilogr. Houille 18 Craie 7 —

Cette dernière substance maintient le mélange à l’état pâteux et en même temps facilite, par le dégagement de son acide carbonique, la sortie des vapeurs de sodium. La réduction est opérée dans des cylindres eu tôle rivés avec soin et fermés à leurs deux extrémités par des bouchons de fonte. L’un des bouchons est percé d’un trou, auquel on adapte un tube court en fer étiré, qui sert de raccord avec le récipient. Cet appareil se compose de deux plaques de tôle épaisse ou de fonte, dont l’une est pourvue de deux rebords dans le sens de la longueur, de telle sorte qu’en appliquant ces deux plaques l’une sur l’autre elles laissent entre elles un intervalle de om, 004 à 0™, 005. L’une des extrémités de cette sorte de boîte plate reste ouverte. À l’autre extrémité, les deux plaques se resserrent en s’allongeant de manière a former une tubulure qui vient s’emboîter sur le petit tube de fer implanté dans le bouchon du cylindre. Les deux plaques sont maintenues l’une contre l’autre au moyen de brides en fer mobiles. On place le récipient dans un plan vertical, mais un peu incliné en avant ; au-dessous de ce récipient, on met un vase plein d’huile de schiste, dans lequel le métal tombe à mesure qu’il se condense ; la température de cette huile ne tarde pas à s’élever, et le sodium, qui fond à + 900, s’y maintient i l’état liquide. Le métal ainsi obtenu subit une seconde refonte dans une casserole en fer battu, dans laquelle on a pris soin de mettre quelque peu d’huile de schiste. Quand il est fondu, on l’écume pour lui enlever les impuretés qui auraient pu passer durant la distillation, puis on le coule dans de petites lingotières. Cette opération rapidement exécutée, on le met en vase clos, comme il a été dit plus haut.

SODIUM-SALICINE s. f. Chim. Composé qui dérive de la salicine par la substitution d’un atome de métal alcalin à l’atome d’hydrogène typique que ce glucoside renferme.

V. Salicine.

SODOMA (il), peintre italien. V. Razzi.

SODOME, ville qui aurait existé, selon la Genèse, et aurait disparu, ainsi que Gomorrhe, à la suite de quelque bouleversement du sol, poétisé par la légende. Mentionnons d’abord le récit que nous fait des mœurs de cette ville et de sa destruction la légende hébraïque.

Une dispute ayant éclaté entre les gardiens des troupeaux d’Abraham et de Loth, son neveu, qui, jusqu’à ce jour, avaient vécu en bon accord, Abraham décida de se séparer de Loth et lui donna k choisir les régions où il voulait s’établir. « Et Loth vit toute la plaine du Jourdain qui, avant que l’Eternel eût détruit Sodome et Gomorrhe, était arrosée partout comme le jardin de l’Eternel et comme le pays d’Égypte. Et Loth choisit pour lui toute la plaine du Jourdain et alla du côté d’Orient… et demeura dans les villes de la plaine et fixa ses tentes jusqu’à Sodome. Or, les habitants de Sodome étaient méchants et grands pécheurs contre l’Eternel. » Il est bon de remarquer que, tout en nous montrant la plaine où se trouvaient Sodome et Gomorrhe arrosée aussi bien que l’Égypte, l’auteur de la Genèse dit néanmoins qu’elle était « pleine de puits de bitume » (xiv, 10), ce qui n’empêche pas plusieurs auteurs ecclésiastiques de représenter la mer Morte et ses flots bitumineux comme des résultats de la destruction de Sodome. Ce passage prouve, au contraire, que le sol de cette région était sujet à de fréquentes commotions, à des éruptions volcaniques dans le genre de celles que l’on voit dans l’Archipel, en Italie, en Sicile, en Islande et dans le voisinage des volcans, fumerolles, solfatares, etc. La Genèse nous raconte ensuite une guerre que se faisaient les rois des villes de la vallée, guerre dans laquelle Loth et tous les siens furent faits prisonniers ; ils furent ensuite délivrés par Abraham, qui rendit au roi de Sodome les biens et les terres que les vainqueurs lui avaient pris. Le chapitre xviii nous montre Abraham recevant trois hommes envoyés de Dieu, qui se dirigeaient vers Sodome. Dans quel but ? L’auteur va nous l’apprendre dans un dialogue entre ce même dieu et Abraham. Et l’Eternel dit : Parce que la cri de Sodome et de Gomorrhe est augmenté, et que leur péché est fort aggravé, je descendrai maintenant et je verrai. » Les trois hommes partant de là allaient vers Sodome, mais Abraham se tint encore devant l’Eternel, et Abraham s’approcha et dit : Feras-tu périr le juste même avec le méchant ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ; les feras-tu périr aussi ? Ne pardonneras-tu point à la ville à cause de ces cinquante justes qui y seront ? Non, il n’arrivera pas que tu fasses mourir le juste avec le méchant et que le juste soit traité comme le méchant ! Non, tu ne le feras point. Celui qui juge toute la terre


ne fera-t-il point justice ? Et l’Eternel dit : Si je trouve en Sodome cinquante justes, je pardonnerai à toute la contrée pour l’amour d’eux. Et Abraham répondit en disant : Voici, j’ai pris maintenant la hardiesse de parler au Seigneur, quoique je ne sois que poudre et que cendre. Peut-être en manquera-t-il cinq des cinquante justes ; détruiras-tu toute la ville pour ces cinq-là ? Et il lui répondit : Je ne la détruirai point si j’y en trouve quarante-cinq. Et Abraham continua de parler en disant : Peut-être s’y en trouvera-t-il quarante. Et il dit : Je ne la détruirai point pour l’amour des quarante. Et Abraham dit : Je prie le Seigneur de ne s’irriter pas si je parle encore. Peut-être s’en trouvera-t-il trente. Et il dit : Je ne la détruirai point si j’y en trouve trente. Et Abraham dit : Voici maintenant, j’ai pris la hardiesse de parler au Seigneur, peut-être s’en trouvera-t-il vingt. Et il dit : Je ne la détruirai point pour l’amour des vingt. Et Abraham dit : Je prie le Seigneur de ne s’irriter pas ; je parlerai encore une seule fois ; peut-être s’y en trouvera-t-il dix. Et il dit : Je ne la détruirai point pour l’amour des dix. Et l’Eternel s’en alla quand il eut achevé de parler avec Abraham, et Abraham s’en retourna en son lieu. »

Pendant ce temps, les hôtes d’Abraham, les anges, comme dès maintenant les appelle l’auteur juif, arrivaient à Sodome. Et Loth était assis à la porte de Sodome, et les ayant vus, il se leva pour aller au-devant d’eux et se prosterna le visage en terre, et il leur dit : Voici, je vous prie, seigneurs, retirez-vous maintenant dans la maison de votre serviteur, et logez-y cette nuit et lavez vos pieds, puis vous vous lèverez le matin et vous continuerez votre chemin. Et ils dirent : Non, mais nous passerons cette nuit dans la rue. Mais il les pressa tant qu’ils se retirèrent chez lui, et quand ils furent entrés dans sa maison, il leur fit un festin, et fit cuire des pains sans levain, et ils mangèrent. »

Voici maintenant l’épisode qui a surtout rendu célèbre et typique le nom de Sodome. « Mais avant qu’ils s’allassent coucher, les hommes de la ville, les hommes de Sodome, environnèrent la maison, depuis le plus jeune jusqu’aux vieillards. Et appelant Loth, ils lui dirent : Où sont ces hommes qui sont venus cette nuit chez toi ? Fais-les sortir, afin que nous les connaissions. Mais Loth sortit de sa maison pour leur parler à la porte, et ayant fermé la porte après soi, il leur dit : Je vous prie, mes frères, ne leur faites point de mal. Voici, j’ai deux filles qui n’ont point encore connu d’homme ; je vous les amènerai et vous les traiterez comme il vous plaira, pourvu que vous ne fassiez point de mal à ces hommes ; car ils sont venus à l’ombra de mon toit. Et ils lui dirent : Retire-toi de là. Ils dirent aussi : Cet homme seul est venu pour habiter ici comme étranger, et il voudra nous gouverner. Maintenant nous te ferons pire qu’à eux. Et ils faisaient violence à Loth, et ils s’approchèrent pour rompre la porte. Mais ces hommes (les anges), avançant leurs mains, retirèrent Loth à eux dans la maison et fermèrent la porte. Et ils frappèrent d’éblouissement les hommes qui étaient à la porte, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, de sorte qu’ils se lassèrent à chercher la porte. Alors, ces hommes dirent à Loth : Qui as-tu ici qui t’appartienne, soit gendre, soit fils ou tilles, ou quelque autre en la ville ? fais-les sortir de ce lieu, car nous allons détruire ce lieu, parce que leur cri est devenu grand devant l’Eternel, et il nous a envoyés pour le détruire. Loth sortit donc et parla à ses gendres qui devaient prendre ses filles, et leur dit : Levez-vous, sortez de ce lieu, car l’Eternel va détruire la ville ; mais il semblait à ses gendres qu’il se moquait. Et sitôt que l’aube du jour fut levée, les anges pressèrent Loth, en disant : Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, de peur que tu ne périsses dans la punition de la ville. Et comme il tardait, ces hommes le prirent par la main, et ils prirent aussi par la main sa femme et ses deux filles, parce que l’Eternel l’épargnait, et ils l’emmenèrent et le mirent hors de la ville. Or, dès qu’ils les eurent fait sortir, l’un dit : Sauve ta vie ; ne regarde point derrière toi et ne t’arrête en aucun endroit de la plaine ; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses… Alors, l’Eternel fit pleuvoir des cieux sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, et il détruisit ces villes et toute la plaine, et tous les habitants des villes et le germe de la terre. Mais la femme de Loth regarda en arrière, et elle devint une statue de sel. Et Abraham, se levant de bon matin, vint au lieu où il s’était tenu devant l’Eternel, et regardant vers Sodome et Gomorrhe, il vit monter de la terre une fumée comme la fumée d’une fournaise. »

Le nom de Sodome a été employé par Jésus-Christ pour représenter une ville endurcie dans le péché. Il menace, dans les Evangiles, les Juifs rebelles à son enseignement d’un sort plus rigoureux que celui de Sodome et de Gomorrhe.

Divers systèmes ont été mis en avant pour expliquer le récit de la Genèse touchant la catastrophe qui détruisit Sodome et quatre autres villes. C’est sur les relations des explorateurs modernes que se sont fondés tous


ceux qui ont tenté de trouver une preuve palpable du récit biblique ou d’expliquer naturellement le fait dont ils admettaient l’authenticité. M. Quatremère de Quincy s’est servi des notes de voyage d’un Américain, M. Lynch, chargé par son pays d’explorer la mer Morte ; il a donné de la narration biblique une explication très-ingénieuse. Il constate d’abord que la plaine où s’étendait la Pentapole était une large plaine arrosée de toute part par le Jourdain. M. Quatremère conclut que la mer Morte n’existait point avant la catastrophe de Sodome, ou qu’elle n’était qu’un petit lac dans le coin de la vaste plaine du Jourdain. Il écarte ainsi l’hypothèse d’une éruption volcanique qui aurait détruit les cinq villes sur les bords de la mer Morte. Pour lui, voici comment il explique ce désastre : Moïse nous apprend que la plaine du Jourdain était semée d’un grand nombre de puits de bitume ; il est donc probable que d’immenses couches de cette matière inflammable et éminemment combustible s’étendaient sous une première couche de terre fertile. Il est dès lors facile à concevoir que, quelque orage effroyable, mêlé de ces tonnerres redoutables propres à l’Orient, ayant enflammé les villes et les moissons et développé dans toute la plaine un immense incendie, le feu put se communiquer bientôt aux régions souterraines ; le sol manqua alors sous les villes, qui s’écroulèrent dans l’abîme enflammé. Et les eaux du Jourdain, qui jusqu’alors, se répandant dans la plaine par mille canaux, allaient, comme tant de rivières de l’Asie, se perdre dans le sol ou s’évaporer sous l’action d’un soleil toujours brûlant, rencontrant alors un gouffre ouvert devant elles, s’y précipitèrent et le comblèrent peu à peu. La mer Morte telle qu’on l’a observée de nos jours est un vaste lac calme, limpide, en dépit de son nom, et qui n’exhale aucune vapeur pestilentielle. Ce qui lui a valu cette dénomination sinistre, c’est que les poissons n’y peuvent vivre ; la raison en est bien simple et la cause n’a rien de surnaturel ; ces eaux, qui baignent la base d’immenses masses de sel, sont tellement saturées, que les poissons d’eau douce qui vivent dans le Jourdain n’y pénétreraient pas sans péril. C’est sur ces eaux calmes et lourdes que s’écoulent les eaux légères du Jourdain, qui sont bientôt pompées par une évaporation active. Enfin, M. Quatremère, pour ne rien omettre, a voulu expliquer aussi la tradition de la femme de Loth changée en statue de sel. Il pense que par ces mots : La femme de Loth se retourna, il faut entendre que cette curieuse incorrigible retourna sur ses pas, qu’elle périt dans les flammes, fut engloutie dans le cataclysme, et que, lorsqu’on retrouva son corps, il était enveloppé d’une couche épaisse de sel. Il ajoute que cette tradition de la femme de sel est conservée dans Josèphe, qui parle longuement de cette statue, conservée encore, prétend-il, par ses contemporains. Le dernier explorateur du lac Asphaltite a vu au sommet d’une colline une immense colonne de sel, que les Arabes lui ont affirmé être la femme de Loth. Tout cela ne prouve assurément rien, sinon la durée de cette tradition. Il va sans dire que, par suite de son système, M. Quatremère considère les cinq villes comme entièrement disparues sous les eaux et regarde comme non authentiques toutes les prétendues ruines de Sodome que les voyageurs ou les indigènes signalent sur les bords de la mer Morte.

L’hypothèse de M. Quatremère est ingénieuse et pourrait expliquer rationnellement une catastrophe que la Bible présente comme le résultat de la vengeance de Jéhovah voulant punir les crimes de Sodome. L’hypothèse d’une éruption volcanique est également admissible. Reste à savoir s’il est bien nécessaire de chercher à expliquer un fait dont il faudrait d’abord établir l’authenticité ; car le récit de la Bible est évidemment plus légendiaire qu’historique.

SODOMIE s. f. (so-do-mî — de Sodome, ville où cet acte était, d’après la Bible, communément pratiqué). Coït contre nature, d’un homme avec un homme ou avec une femme : La christianisme a rangé le péché de sodomie parmi ceux qui crient vengeance contre le ciel. (Proudh.) L’inceste a pour pendant la sodomie. (Proudh.)

— Encycl. Les Grecs donnaient à ce vice le nom de pédérastie, qui est aussi le plus usité chez les auteurs modernes. Aussi, pour la partie historique et physiologique, devons-nous renvoyer le lecteur à ce mot. Le mot sodomie n’est guère employé de nos jours que dans les livres religieux et dans les séminaires ; fort usité au moyen âge, il est devenu en quelque sorte mystique et réservé au style ecclésiastique. Nous allons nous borner à suivre la sodomie chez les Juifs, les premiers chrétiens, les papes, etc. ; tout le reste trouvant sa place au mot pédérastie.

Le chapitre xix du Livre des Juges noua raconte qu’un lévite, traversant avec sa concubine le pays occupé par la tribu de Benjamin, reçut l’hospitalité d’un vieillard de cette tribu dans des circonstances analogues à celles de l’hospitalité offerte par Loth aux anges venus pour détruire Sodome. « Il (le vieillard) les fit entrer (le lévite et sa concubine) en sa maison, et il donna du fourrage aux ânes ; ils lavèrent leurs pieds, mangèrent et burent. Comme ils faisaient bonne chère, voici que les