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publia successivement plusieurs ouvrages qui eurent un grand succès, le Devoir, laifaligion nouvelle, la Liberté de conscience, etc. À partir de 1855, il so rendit à diverses re Îirises en Belgique et fit, dans les principaes villes de ce pays, des conférences sur les les grandes questions dé philosophie et d’organisation sociale. En même temps, il s’occulait de la question de l’enseignement popuaire, étudiait, dans les villes où il passait, la situation des ouvriers et cherchait les moyens d’améliorer leur sort. Des conférences qu’il fit dans plusieurs villes m 1861, notamment à Saint-Quentin, à Verviers, etc., pour y po Eulariser le système des maisons ouvrières si eureusement adopté à Mulhouse, contribuèrent à étendre la réputation de M. Jules Simon, qui savait charmer ses auditeurs par la clarté de ses expositions et par son éloquence. « La position prise par lui à l’avantgarde du parti démocratique, dit M. Taxile Delord, l’exposait parfois aux attaques de ses membres les plus ombrageux, qui voyaient avec méfiance ses relations avec des hommes qu’ils étaient habitués à considérer comme des ennemis. Les notabilités de la monarchie de Louis - Philippe, ministres, fonctionnaires, pairs de France, députés, journalistes, se rencontrent, en effet, dans son petit salon au cinquième étage, avec les dus ardents champions de la République mitau te dans tous les pays, non point tout à fait comme sur un terrain neutre, car ces derniers y étaient les plus nombreux, mais comme dans un refuge où les vaincus du 2 décembre pouvaient se rencontrer et causer ensemble un moment en oubliant leurs

riefs mutuels, consolation bien rare dans es temps de solitude et d’amertume qui suivent les grandes catastrophes politiques. » Malgré certaines attaques dont, dès cette époque, il était l’objet de la part de quelques démocrates avancés, M. Jules Simon n’en était pas moins un des hommes les plus populaires du parti républicain, lorsque sa candidature fut posée dans la Ville circonscription de la Seine, aux élections générales du 31 mai 1803 pour le Corps législatif.

Elu député contre M. Kœnigs’warter, par 17,8us voix sur 28,085 votants, M. Jules Simon devint un des membres les plus actifs do l’opposition et prononça de nombreux discours qui le classèrent au raug des premiers orateurs de la (Jliambre. Il parla notamment contre la législation draconienne qui régissait la presse, pour l’amélioration du sort des instituteurs, proposa un emprunt de HO millions pour l’enseignement primaire, etc., demanda la séparation de l’Église et de l’État, la suppression du délit d’offense à la morale publique et religieuse et se montra en toute occasion un des défenseurs les plus habiles des doctrines libérales. Eu 18G6, il présida la commission chargée d’examiner le projet de loi sur la propiiété littéraire. L’année suivante, il combattit la loi sur la nomination des instituteurs, demanda la création de l’enseignement supérieur pour les filles (2 mars), attaqua vivement la politique de l’Empire (2juillei) et prononça, le 3 décembre 1867, sur la question romaine, un de ses plus remarquables’discours. En 1868, M. Simon combattit

vivement le droit exorbitant que s’était arrogé l’administration d’autoriser ou d’interdire la vente des journaux sur la voie publique {29 janvier), demanda que le département de la Seine fût replacé sous le régime du droit commun au point de vue des droits municipaux (mai), défendit la liberté commerciale (2u mai), etc. Nommé à cette époque président de la Société des gens de lettres, il donna sa démission lorsqu’il apprit que les membres de la Société avaient l’ait des démarches auprès du gouvernement pour obtenir des secours et des distinctions, et, ruelu président au mois d’octobre 1868, il persista dans sa démission.

AU commencement de 1869, M. Jules Simon revendiqua encore une fois pour Paris le droitde nommer un conseil municipal (4 mars), et pour les colonies celui du se taire représenter par des députés (avril). Au mois de mai suivant, la France fut appelée à renouveler dans des élections générales le Corps législatif. La candidature de M. Jules Simon, qui était alors reconnu comme un des chefs de l’opposition démocratique, fut posée dans plusieurs départements, où il obtint un grand nombre de suffrages. Réélu à Paris, dans la VIIIe circonscription, par 30,305 voix contre 8,742 données à l’avocat Lachaud, et élu en même temps dans la 2» circonscription de la Gironde, il opta pour ce dernier département afin de laisser Paris nommer un autre député républicain. Pendant et après la période électorale, il parut dans un grand nombre de réunions publiques et privées. En mars, ayant été sommé dans une réunion publique de déclarer s’il était ou non socialiste, il répondit : « Vous me demandez si je suis communiste ? Non, mille fois non. Si je suis socialiste ? Distinguons. Si, la liberté étant acquise, tout arbitraire étant détruit, toute tyrannie et tout tyran ayant disparu, il s’agit de vouer son intelligence et sa volonté à la réforme de ce qui est mal, à la réorganisation de la propriété, à l’organisation du travail, oui, je suis candidat socialiste. » Dans une réunion tenue boulevard de Clichy le 20 octobre suivant, et où dominaient les partisans de Vallès, son concurrent aux dernières élections, il fut accueilli d’une façon in SIMO

jurieuse, mais fit preuve de beaucoup de sang-froid, ainsi que M. Pelletan, et se retira après avoir déclaré qu’il était complètement opposé à la manifestation projetée pour le 28 octobre. Le 15 du mois précédent, il avait adressé au congrès de Lausanne la lettre suivante, qui fut très-remarquée : «Des hommes qui se réunissent spontanément de tous les pays du monde pour un but commun et pour un noble but ; qui n’ont d’autres préoccupations que de concourir au triomphe du

bon sens et de la raison ; qui, dans la politique, dans le socialisme et dans la science, ne recherchent que la vérité, traitant avec un égal mépris la force brutale et la routine, ces deux ennemis de la pensée ; une assemblée qui n’a d’autre président que celui qu’elle choisit et d’autre règlement que celui qu’elle se fait, c’est un spectacle qui console de la vérité officielle, de la liberté octroyée par le menu, et de la vérité étouffée sous des myriades de restrictions et de conventions. Croyez-moi, quand j’ai demandé à la tribune la suppression des armées permanentes, la séparation de l’Église et de l’État, et la liberté totale de la presse, avec suppression du délit d’offense à la morale publique et religieuse, ce n’est pas au Corps législatif que. je parlais, c’est à. votre congrès ; je lui apportais ma part par avance, comme je lui envoie aujourd’hui de loin mon adhésion et mes vœux.» À la même époque, il fit h Saint-Étienne une de ses plus belles conférences sur l’instruction gratuite et obligatoire.

Au Corps législatif, M. Simon traita avec une autorité croissante les grandes questions à l’ordre du jour. Lors de la grande discussion qui eut lieu au sujet de la dénonciation des traités de commerce, il prononça, le 20 janvier 1870, un de ses plus beaux discours en faveur de la liberté commerciale, tant au point de vue de l’élévation des idées que de l’abondance des preuves qu’il fournit à l’appui de sa thèse. Il s’attacha à démontrer que, l’homme n’ayant toute sa valeur, toute sa force créatrice qu’en pleine et complète liberté, c’est à la liberté seule qu’il faut demander le progrès matériel, comme on lui demande le progrès moral. M. Simon ne se montra pas moins éloquent dans les discours qu[il prononça sur la marine marchande (4 février), sur le régime des colonies (il mars) et en défendant, le 21 mars, la proposition qu’il avait déposée avec plusieurs de ses collègues et qui tendait à l’abolition de la peine de mort. Après le vote sur le plébiscite, il protesta contre la pression exercée par l’administration sur les électeurs et s’associa aux efforts faits par la gauche, ayant M. Thiers à sa tête, pour empocher cette déclaration de guerre à la Prusse (15 juillet), qui devait avoir de si désastreuses conséquences.

La chute de l’Empire et la révolution du 4 septembre 1870 firent passer M. Jules Simonde l’opposition au pouvoir. Devenu membre du gouvernement de la Défense nationale, il fut chargé, le 5 septembre, du portefeuille de l’instruction publique, des cultes et des beaux-arts. Bien que la défense de Paris fût alors la préoccupation qui primait toutes les autres, il ne déployapasmoinsunegrande activité dans la sphère de ses attributions. C’est ainsi qu’il supprima la censure théâtrale et les subventions faites aux théâtres, réorganisa les écoles primaires, modifia le nom de plusieurs lycées, introduisit dans les établissements l’obligation des exercices militaires, y réorganisa I enseignement des langues vivantes et de la géographie, décréta que les bourses dans les établissements de l’État seraient données au concours, conféra k la Faculté de médecine le droit de se réunir et de délibérer sur tout ce qui concernait les progrès de ses études, accorda aux sociétés savantes la faculté de se réunir dans le palais du Luxembourg, dont la bibliothèque fut rendue pub.ique, prépara un projet de loi sur l’instruction primaire, créa une Faculté de droit à Bordeaux, etc. Pendant la journée du 31 octobre, il se trouvait k l’Hôtel de ville lorsque Flourens s’en empara, et il resta pendant quelques heures entre les mains des chefs du mouvement insurrectionnel avec plusieurs de ses collègues, MM. Trochu, Jules Favre, etc. Sa popularité, k cette époque très-diminuée, s’évanouit lorsqu’on vit 1 inertie du gouvernement de la Défense, et l’on accusa M. Jules Simon, ainsi que ses collègues, de ne pas exercer une pression dans le sens d’une action énergique sur l’élément militaire qui, dès le début, considérait la défense de Paris comme une héroïque folie. Après la capitulation, il reçut du gouvernement la mission de se rendre en province et d’y faire exécuter le décret sur les élections que le gouvernement de Paris avait porté le 28 janvier 1871. Lorsqu’il arriva k Bordeaux, le 31, il apprit que, la veille, la délégation du gouvernement en province avait signé un autre décret électoral, établissant des exclusions fondées sur un motif politique. Aluni de pleins pouvoirs, il demanda aux membres de la délégation, MM, Gambetta et Cremiéux, de révoquer leur décret et de publier celui qu’il apportait. Il rencontra la plus vive résistance ; mais, grâce à son habileté et k su fermeté, il parvint k en triompher. M. Gambetta donna sa démission de membre du gouvernement, et M. Simon fit afficher le décret, daté ûe Pans, en vertu duquel eurent lieu les élections du 8 février 1871. Al. Jules S.niuii, dont la candidature avait été cosée k Paris,

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n’y obtint que 31,451 voix, mais il fut élu député dans la Marne, et M. Thiers, devenu chef du pouvoir exécutif de la République (18 février), l’appela à faire partie du ministère constitué le lendemain et dans lequel il reçut le portefeuille de l’instruction publique et des cultes.

À partir de ce moment, M. Simon s’incarna en quelque sorte dans la politique suivie par M. Thiers et s’attira fréquemment le reproche de défendre au pouvoir ce qu’il avait attaqué étant dans l’opposition. Il fut naturellement de ceux qui votèrent les préliminaires de paix et la déchéance de l’Empire. Le 28 mars, il écrivit aux recteurs une circufaire pour protester contre le mouvement communaliste de Paris. « J’appelle, y disaitil, les forces morales dont vous disposez à la défense de la civilisation et de la patrie. La France serait indigne de son passé, elle se trahirait elle-même, elle trahirait la cause de la civilisation si elle ne se levait pas tout entière pour en finir promptement avec cette minorité impie qui nous ruine et nous déshonore. » Dans une autre circulaire, publiée vers le 13 mai suivant, le ministre de l’instruction publique traça les devoirs des professeurs, déclara que la gravité de leur état leur interdisait les controverses passionnées et violentes, qu’ils ne devaient écrire que dans a des journaux qui se respectent > et ne collaborer qu’en t bonne compagnie. » Il annonça en même temps qu’il venait de prononcer la peine de la suspension contre trois professeurs de l’Université qui avaient parlé avec indulgence et même avec sympathie de la Commune de Paris. Quelque temps après, il présenta un projet de loi ordonnant la’reconstruction de la colonne Vendôme et la réparation de la chapelle expiatoire. Lors de la discussion du projet de loi présenté par le gouvernement contre l’Internationale, M. Jules Simon fut accusé d’en avoir fait partie. M. Fribourg, qui avait été un des membres fondateurs de cette société, affirma qu’on avait remis au député de Paris, en février 1865, sa carte d’inscription, portant le n» 606. Mais M. Jules Simon, devant la commission d’enquête, déclara qu’il s’était borné k donner une somme de 10 ou 20 francs ■ pour une réunion tenue à Bruxelles par des ouvriers qui désiraient étudier l’économie politique."Vers cette époque, le ministre reprit avec une activité nouvelle ses projets ne réforme de l’instruction publique, écrivit des circulaires sur l’enseignement des langues vivantes et de la géographie dans les lycées (10 octobre 1871), sur l’option à faire entre les instituteurs laïques et les instituteurs congrégunistes en faveur desquels il plaidait les circonstances atténuantes (28 octobre), etc. Il présenta, le 15 décembre, un projet de loi sur l’instruction primaire, qui souleva de vives critiques et des controverses passionnées. Il demanda l’instruction obligatoire, mais repoussa la gratuité, proposa de priver de ses droits électoraux tout individu qui, âgé de vingt et un ans, ne saurait pas lire, à partir de 1880 ; donna une importance extraordinaire au vieux rouage du conseil départemental et fit de l’inspecteur d’académie un juge à peu près souverain dans le domaine de l’école. Quelques jours après, dans ce même mois de décembre, il décida la création à Paris d’un musée des copies reproduisant les œuvres d’art les plus importantes des inusées étrangers. Par contre, il supprima le musée des souverains, dépourvu de tout intérêt. Le 1" février 1872, M. J. Simon institua une commission pour réformer l’étude du droit. Discutant le budget de l’instruction publique, le 20 murs suivant, il prit la défense de la subvention des théâtres, qu’il avait supprimée après le 4 septembre ; puis, au sujet des cultes, il défendit non-seulement le budget en général, mais encure l’ahocation du chapitre de Saint-Denis. Le 20 juin, il créa, sur la proposition de la Société de géographie, des prix spéciaux à cette science pour les concours généraux des lycées de Paris et des départements. Dans le discours qu’il prononça au concours général des lycées le 12 août, il énuuiéra les diverses réformes de détail qu’il avait introduites dans l’enseignement et s’attacha à défendre l’Université des attaquées dont elle était l’objet. «Mon ambition se borne à la défendre, dit-il, à remettre en vigueur ses règlements, à modifier ses programmes et ses méthodes, sans en altérer l’esprit. > Au mois d’août suivant, il écrivit à M. Ambroise Thomas, président du comité des études musicales, pour lui demander !un choix de morceaux, airs, duos, quatuors, morceaux d’ensemble pris dans les plus grands maîtres de la musique sacrée et profane, «qu’on pourrait substituer aux airs très-vulgaires chantés et joués le plus souvent par les orphéons et par les ouvriers. Au mois de septembre 1872, il adressa aux proviseurs de tous les lycées de France une importante circulaire sur les réformes à introduire dans l’enseignement secondaire, l’armi ces réformes, nous citerons : l’obligation pour >es élèves d’apprendre la gymuastique et les exercices militaires et, autant que possible, l’equitation, l’escrime et la natation ; la fréquence des promenades ; l’enseignement d’un cours d’hygiène ; l’enseignement des langues vivantes donné de

telle sorte que chaque élevé puisse en parier une couramment ; renseignement de la géographie d’après la méthode rationnelle usitée

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en Allemagne ; une étude plus sérieuse de l’orthographe ; la diminution du temps consacré jusque-lk aux langues mortes, qu’il suffit de comprendre ; le thème latin restreint dans des limites étroites ; la suppression du vers latin ; une importance sérieuse accordée à la version, excellent exercice de style ; la substitution des explications rationnelles à la méthode purement mnémotechnique, etc. Cette circulaire, qui choquait bon nombre do préjugés vivaces et heurtait de front des coutumes routinières, produisit une impression fort vive et fut à la fois très-louée et très-attaquée. Pur un décret du mois de septembre, M. Simon divisa les lycées, non compris ceux de Paris, Versailles et Vanves, placés hors classe, en quatre catégories sous le rapport des traitements des fonctionnaires et autorisa les lycées à changer de catégorie à la suite d’un travail de révision fait tous les cinq ans. Au mois de décembre, dans la discussion de son budget, il défendit la commission de colportage dont il avait demandé la suppression le 13 juillet 1868 au Corps législatif.

Le 6 janvier 1873, M. Jules Simon adressa une lettre aux évêques au sujet des curés et des desservants. Ce même mois, il prit une part importante à la discussion de la loi sur le conseil supérieur de l’instruction publiquu et défendit, le 20, ses réformes dans l’enseignement contre les attaques de M. Johnstoii et de M. Dupunloup. Bien qu’il eût montre des ménagements excessifs envers le clergé depuis son arrivée au pouvoir, il n’avait point réussi k le désarmer et le trouvait de plus en plus hostile contre lui. D’autre part, il s’était aliéné en grande partie, à cette époque, les sympathies des républicains, qui l’accusaient non sans raison d’avoir fait bon marché de ses anciennes doctrines libérales et libreéchangistes. Abandonné de tous, il dut quitter le ministère lorsque M. Tliicrs forma un nouveau cabinet le 19 mai, à la veille des grands débats qui devaient entraîner sa chute et le triomphe d’une réaction sans frein.

Redevenu simple députe, M. Simon alla siéger avec la gauche républicaine et vota désormais avec l’opposition contre le gouvernement de combat, dirige par M. du Broglie. Le 13 et le 18 novembre 1873, il prononça devant la commission des Quinze, puis devant l’Assemblée de trfs - remarquable-, discour* contre la prorogation des pouvoirs du maréchal de Mae-Muhon. En 1874, il contribua à la chute du cabinet de Broglie (lu mai) et appuya, au mois de juillet suivant, les propositions Perler et Maleville demandant la prompte organisation des pouvoirs publics et la dissolution de l’Assemblée. Dans ce même mois de juillet, il succéda k M. Leblond comme directeur politique du journal le Siècle. Enfin, en 1875, il a pris part k la discussion de la loi du Sénat (6 et 25 janvier), voté la constitution républicaine du 25 février et prononcé, le 15 juin suivant, un de ses plus beaux discours sur la collation des grades universitaires.

Depuis le 21 février 1863, M. Jules Simon fait partie de l’Académie des sciences morales et politiques, où il remplaça M. Dunoyer. Eu 1875, il a posé sa candidature k l’Académie française pour le fauteuil laissé vacant par M. Uuizot, concurremment avec M. Dumas et Laugel. L’Académie, ayant procédé, le 13 mai, k quatre tours de ii.-uJ^Tjuns qu’aucun des candidats obtint la majorité, renvoya l’élection a six mois.

M. Jules Simon est un grand travailleur et un homme fort instruit. Comme philosophe, il s’est borné k être un pur disciple de Cousin et un fervent apôtre de cette philosophie éclectique dont le règne a été éphémère et qui n’a plus de prise sur les esprus. Comme moraliste et surtout dans les études qu’il a faites sur des questions sociales, il a montré un talent incontestable, de l’érudition, une réelle élévation de pensées, un esprit toujours ingénieux, souvent même trop ingénieux, et quelques-uns de ses ouvrages, le JJevuir, la Jteligwn naturelle, VOuorière, etc., ont eu un succès retentissant. Sou style est agréable, coulant, insinuant, d’une sentimentalité onctueuse. Comme homme politique, M. Simon n’a pas répondu aux espérances qu’avait fondées sur lui, sous l’Empire, le parti républicain ; toutefois, ou ne saurait méconnaître qu’il a traverse lu pouvoir dans des couditiousessentielleineui difficile» eluiiomales, qu’il est resté toujours tioele k la République et que les réformes qu’il s’est efforcé d’introduire dans renseignement étaient pour la plupart excellentes et réclamées par les meilleurs esprits. Mais c’est surtout connue orateur que Al. Simon a donne les preuves d’un talent véritablement supérieur. « Regardez-le qui monte k ta tribune, dit AI. Sarcey ; il ne marche pas, il s’y glisse ; il y a dans toute sa personne, dans sou regard a demi voile, dans sa tête penchée sur l’épaule, dans ses mains qui s’affaissent uuegràoe enveloppante et féfine ; sa voix est pleine de caresse, avec un accent mouillé qui attendrirait les cœurs les plus durs. Les premiers sons qu’il exhale sont faibies et aoux comme une plainte ; le ton s’élève peu k peu et s’échauffe. D’autres instruisent, frappent ou étonnent ; lui, il touche ; il s’est l’ait de l’emotiou une spécialité. Al. Jules Simon est un des plus habiles artisans de phrases que possède la Chambre. • Nul plus que lui n est adroit, insinuant, plein de ménagements délicats. Il module sa voix avec une habileté étonnante, et il en tire des