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SIAL

Douleur rhumatismale à l’articulation de la mâchoire.

SIAGONANTHE s. m. (si-a-go-nan-te — du gr. siagân, mâchoire ; anthos, fleur). Bot. Genre de plantas, delà famille des orchidées, tribu des validées, dont l’espèce type croit au Pérou.

SIAGONE s. m. (si-a-go-ne — du gr. siagân, mâchoire). Entom. Syn. de prognathe et de siagonie, genres d’insectes.

— s. f. Genre d’insectes diptères, de la famille des tipulaires, qui parait devoir être réuni au genre glochine.

— Encycl. Les siagones diptères ont pour caractères : un corps très-déprimé ; la tête assez grande, presque carrée, assez plané ; les antennes presque sétacées, un peu moins longues que le corps ; le labre transverse, Un peu avancé, ainsi que les mandibules, qui sont fortes et arquées ; les palpes peu allongées ; le menton très-grand, inarticulé, saris suture, très-fortement échancré ; le curselèt cordiforme, échancré en avant, étranglé en arrière ; l’abdomen ovale ; les pattes de longueur moyenne. Quelques espèces sont privées d’ailes membraneuses. On connult peu les mœurs de ces insectes ; on sait seulement qu’ils se cachent sous les pierres. Les espèces assez peu nombreuses de ce genre appartiennent à l’ancien continent, et plusieurs habitent l’Europe. La siagone européenne e$t longue de 0"n, oi, d’un noir brunâtre, avec les antennes et les pu (tes d’un brun roux ; elle habite l’Espagne, la Sardaigne et la Sicile.

SIAGONIE s. f. (si-a-go-nt — du gr. siagân, mâchoire). Entom. Genre d’insecies coléoptères pentumères, de la famille des carabiques, tribu des scaritides, comprenant une vingtaine d’espèces répandues dans l’ancien continent, et surtout en Afrique, n Syn. de prognathe, autre genre d’insectes,

SIAGONIËN, IENNE adj. (si-a-go-ni-ain, i-è-ue — du gr. siagân, mâchoire). Ichthyol. Qui a les mâchoires très-développées.

— s. m. pi. Famille de poissons abdomi» naux, caractérisée par des mâchoires très* longues et dentées, et comprenant lesgenre$ scombrésoce, bélone etnotacanthe.

SIAGONOTE adj. (si-a-go-no-te — du gr. siagân, mâchoire). Ichthyol. Qui a les mâ+ choires très-développées.

— S. m.pl. Famille de poissons malacoptéi rygiensabdoininaux, caractérisée par des mâchoires très-longues et ponctuées, et compre+ nant les groupes des ésoces et des clupes.

SI Ali, ville de l’Océanie, dans la partie orientale de l’Ile de Sumatra, capitale d’un État de mente nom, sur la rivière de Siak, à 480 kilom. N. de Bencoul, par 0» 30’ de latit. N., &po 50’ de longit. E. ; 3,500 hab. environ. Résidence du souverain. Exportation de poudre d’or, cire, sagou, camphre, dents d’éléphant, bois de construction.

SIAK. (État de), dans l’Ile de Sumatra. Il est baigné au N.-E. par le détroit de iMalacca, limité au N.-O. par ie pays de Batta, à l’O. par le Manangkabau et au S.-E. par l’État d’Andragiri. Le sol, peu accidenté, est boisé, fertile et arrosé par plusieurs cours d’eau, dont les plus importants sont le Bakan et le Siak.

SIAK, fleuve de l’Ile de Sumatra. Il prend sa source dans la région occidentale1 du pays de Manangkabau, coule d’abord au S.-E., puis au N.-E., baigne la ville de son nom et se jette dans le dètroifde Matacea par io 40’ de latit. N. et 100° de longit. E., après un cours de 270 kilom., navigable sur une étendue considérable. Ses bords sont peuplés de colonies de Malais.

S1AHA, ville du Japon, sur la côte occidentale de l’île de Kiou-Seire, province de Tsikouten, sur la mer Jaune, chef-lieu d’un district de son nom.

SIALADENITE s. f. (si-a-la-dé-ni-te — du gr. sialon, salive, et de adénite). Pathol. Inflammation des glandes salivaires.

SIALAGOGUE adj. (si-a-la-go-ghe — du r. sialon, salive ; agâ, je conduis). Méd. Se it des remèdes propres à provoquer la salivation : Potion SIALAGOGUE.

— s. m. Médicament siaiagogue : Prescrire

les SIALAGOGUES.

— Encycl. On emploie particulièrement comme sialagogues les racines d’angélique> de pyrèthre, de ptarmique et d’impératoire, le cresson de Para, les crucifères acres, les

{>oivres, le tabac, la scille, le bétel et le poygala. Ces diverses substances agissent par voie réflexe sur les glandes salivaires, qu’elles excitent par les mouvements de mastication et par irritation de la muqueuse buccale. Les sialagogues s’emploient pour combattre les maux de dents, certaines douleurs de tête, et dans le traitement des affections’ atoniques do la bouche, comme la tendance au scorbut et à l’hémorragie passive des gencives.

SIALIDE adj. (si-a-li-de — de sialis, et du gr. eidox, aspect). Entom. Qui ressemble ou qui se rapporte aux sialis.

— s. f. pi. Syn. de semblides ou sbmbli-

TB3.

— Encycl. Les sialides ont pour caractères : un corps un peu arqué ; la tête transverse, déprimée, penchée ; les antennes simples, sétacées, composées d’un grand nom S

SIAM

bre d’articles ; le labre avancé, un peu coriace, transverse, entier ; les mandibules petites, cornées, presque trigones ; les mâchoires presque crustacées ; les palpes filiformes, les maxillaires plus longues que les labiales ; la lèvre carrée ; le corselet assez grand, transversal, presque cylindrique ; l’abdomen beaucoup plus court que les ailes, qui sont en toit et rabaissées en arrière ; les pattes de longueur moyenne. Les larves de ces insectes ont une tête écailleuse, munie d’yeux et d’antennes courtes, dont le dernier article est en forme de soie ; des mandibules arquées ; l’abdomen pourvu d’organes respiratoires externes, consistant en lilets articulés, analogues à ceux des éphémères. Ces larves sont aquatiques. « Au moment de se métamorphoser en nymphes, dit M. H. Lucas, elles sortent de l’eau, s’en éloignent quelquefois beaucoup et vont ordinairement subir leur transformation au pied des arbres, où elles se creusent dans la terre une cavité ovalaire pour se loger tant qu’elles demeureront sous la forme de nymphe. Chez cette dernière, les antennes, les pattes et les rudiments d’ailes sont très-visibles ; les segments de l’abdomen sont munis d’un cercle de poils roides. Lorsque l’insecte parfait sort de la nymphe, il laisse sa dépouille tout à fait intacte. Il vit pendant quelques jours, poi d ensuite ses œufs en plaque sur les feuilles, les roseaux ou les pierres ; leur forme est ovoïde et leur extrémité est terminée par une petite pointe aiguë, •

Ce genre, qui a des affinités avec les hémérobes et les perles, ne comprend que deux ou trois espèces. La sialide de la boue, la plus connue, est longue de om,02 environ, noire, avec la tête tachetée de jaune et le corselet mélangé de Cette dernière couleur, "les ailes peu transparentes, d’un bleu clair, à nervures noires. La larve est d’un brun vif, avec des taches plus foncées et bien marquées. Cette espèce se trouve au* environs de Paris. Elle est surtout commune sur le bord des eaux à courant peu rapide. « Les femelles fécondées, dit C. Dumôril, pondent un très-grand nombre d’œufs, qui sont allongés, mais disposés par la mère comme de petites bouteilles placées verticalement, les unes contre les autres, sur les feuilles des plantes aquatiques ou sur quelques corps solides à la surface des eaux. Les larves qui en proviennent tombent dans le liquide et elles respirent au moyen de branchies. Elles sont carnassières, et pour passer à l’état de nymphe elles s’enfoncent dans la terre molle des rivages. Il parait que, dans cet état, elles restent immobiles comme celles des fourmilions et des hémérobes, jusqu’à ce qu’elles aient pris assez de consistance pour s envoler. » D’après Rœsel, ces métamorphoses ressemblentbeaucoup à celles des phryganes.

SIALIE s. f. (si-a-ll). Ornith. Syn. d’ŒNANthe, division de la famille des traquets.

SIALIS s. f. (si-a-liss — du gr. sialon, salive). Entom. Syn. de semblis : Les mœurs des sialis ont été étudiées par Rœsel et par Pictet. (H. Lucas.)

SIALISME s. m. (si-a-li-sine — du gr, sialon, salive). Méd. Salivation abondante, écoulement abondant de salive.

— Encycl. V. ptyausme.

SIALISTÈRE s. m. (si-a-li-stè-re — du gr. sialon, salive). Entom. Organe qui sécrète la salive, chez les insectes.

SIALOLITHE s. m. (si-a-lo-li-te — du gr. sialon, salive ; lilhos, pierre). Méd. Calcul des glandes salivaires.

SIALOLOGIE s. f. (si-a-lo-lo-j ! — du gr. sialon, salive ; logos., discours). Méd. Traité de la salive ; partie de l’anatomie et de ta physiologie qui concerne la production et le rôle de la salive.

SIALOLOGIQUE adj. (si-a-lo-lo-ji-kerad. sialologie). Méd. Qui appartient, qui a rapport à la sialologie.

SIALORRHÉE s. f. (si-a-lor-ré — du gr. sialon, salive ;>’/<«>, je coule). Méd. Affection caractérisée par une augmentation morbide de la sécrétion salivaire. Il On dit aussi ptya-

LISME et SALIVATION.

— Encycl. V, PTYALISME.

SiALOZYMASE s. f. (si-a-lo-zi-ma-ze — du gr. sialon, salive ; zumê, ferment). Ferment contenu dans la salive.

SIAM s. m. (si-ammj. Jeux. Sorte de jeu de quilles dont on attribue, mais sans preuves, l’introduction en France à un individu qui vint à Paris, sous Louis XIV, en qualité d’ambassadeur du roi de Siam.

— Econ. rur. Porc d’une race originaire du sud-est de l’Asie.

— Moll. Nom vulgaire du genre turbinelle.

— Encycl. Jeux. Le jeu de siam se joue en plein air, comme celui des quilles ordinaires, mais on y emploie treize quilles, dont neuf sont rangées en rond, la dixième occupe le centre de la figure, et les trois autres Sont placées en dehors sur une seule ligne. Au lieu d’une boule, on se sert, pour abattre les quilles, d’un grand disque de bois dur et compacte, dont les. bords sont taillés en talus. L’habileté des joueurs consiste à lancer c» disque de telle sorte qu’il fasse le tour des quilles et que, pénétrant ensuite dans le cercle, il y exerce le plus grand ravage. Chaque

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quille abattue vaut un, trois, quatre, cinq ou neuf points, suivant la place où elle se trouve.


SIAM ou THAÏ (royaume de), vaste État de l’Asie méridionale, dans la presqu’île de l’Indo-Chine, compris entre 12° et 21° de latit. N. et entre 96° et 104° de longit. E. ; borné au N. par la province chinoise de Yun-Nam et la partie du Laos qui est soumise à l’empire Birman, à l’E, par l’empire d’Annam et le Cambodge, au S. par le golfe de Siam et le Malacca indépendant, à l’O. par l’empire Birman, dont le sépare le fleuve de Salouen, et par les possessions anglaises du Pégou et de Tennasserim. Il mesure 1,500 kilom. du N. au S. et 420 de l’E. À l’O. ; sa superficie est approximativement évaluée à 495,000 kilom. carrés ; Crawford lui donne une population de 2,790,000 hab. ; mais les rapports des voyageurs modernes donnent comme très-probable le chiffre de 6,300,000. Capitale, Bankok.

La partie intérieure et centrale du royaume de Siam est formée par l’immense et fertile vallée au fond de laquelle coule le Meinam. Ce fleuve a plusieurs dérivations naturelles et artificielles ; il reçoit plusieurs affluents qui viennent le grossir (v. Meinam). La chaîne de montagnes qui traverse la presqu’île de Malacca la sépare du Siam propre ; à l’ouest de la vallée de la rivière Salouen, elle s’élève quelquefois à une hauteur de 2,000 mètres. Une chaîne identique sépare la vallée du Meinam, à l’est, de la province de Cambodge. Le climat est très-chaud ; à Bankok, la température moyenne est de + 38° centigr. ; l’air est sain, excepté dans la partie marécageuse, où le choléra et la petite vérole sont à l’état permanent. La saison des pluies dure de mai à décembre. Le Meinam inonde chaque année une grande partie du pays, ce qui contribue puissamment à sa fécondité. Le riz est la principale récolte. Plusieurs cantons sont rendus impropres à la culture par des marécages ou des forêts impénétrables. On y trouve en abondance des bois de tek, d’aigle, de rose, des mangoustans, des tamarins, des pins, des cocotiers, des bananiers et des fruits exquis. L’arek et le bétel sont communs. La canne à sucre, introduite depuis le commencement du XVIIIe siècle, est l’objet d’une importante culture. On récolte du poivre sur la côte du golfe de Siam, surtout du côté de l’est. La faune y est également très-riche et très-variée. On y trouve des éléphants en quantité, un grand nombre de rhinocéros, des tigres, des sangliers, des singes de toutes les espèces, des lézards, des caméléons, des tortues, des porcs-épics, etc. Les chevaux sont rares et de race inférieure. Le porc est très-estimé ; il est supérieur par la qualité de sa chair à celui de l’Europe. Les poissons abondent dans les rivières.

Les richesses minérales de Siain, incomplètement explorées jusqu’à ce jour, consistent en mines d’or, de fer, de plomb, de cuivre et d’autres métaux précieux ; l’étain est un des plus importants articles d’exportation. Les arts utiles ont fait peu de progrès chez les Siamois ; les seuls établissements industriels de quelque importance sont entre les mains des Chinois, qui ont aussi introduit dans le royaume plusieurs produits nouveaux et différentes cultures. En 1836, un Français parvint à y établir une fonderie de canons.

Commerce. Le commerce de Siam est presque entièrement concentré entre les mains des Chinois, qui forment également la masse des agriculteurs du pays. Le riz est le principal article d’exportation. Après le riz, l’article le plus important est le sucre. L’exploitation de la canne à sucre, longtemps monopolisée par les Chinois, a reçu une nouvelle impulsion par l’établissement à Nakouchaisie, dans les environs de Bankok, d’une vaste usine appartenant à une compagnie anglaise, à laquelle le gouvernement siamois a accordé une concession de terrain considérable. Cette compagnie, qui a fait venir d’Europe des ingénieurs et des machines perfectionnées, expédie en Chine des produits qui y sont très-estimés. Un des produits qui a le plus d’avenir, après le riz et le sucre, est l’article des bois, Siam possédant d’immenses forêts de bois de toutes essences propres à l’ébénisterie et à la menuiserie, notamment le tek. Les autres principaux articles d’exportation sont le coton, le sésame, le poivre, les saumons, le cardamome, l’huile de coco, la soie brute, l’étain, les dents d’éléphant, l’arek, le bétel, les nids d’oiseaux, la gomme laque, le rotin, le sel, la cire, etc. Les importations consistent en soieries, draps, toiles, armes, coutellerie, thés, fruits confits, bijoux. C’est par Bankok, capitale du royaume, qui possède un beau port, que se fait presque tout le commerce extérieur de Siam. Le chiffre des exportations s’y est élevé en 1874 à 32,362,819 francs, et celui des importations à 25,452,993 francs. Les importations diverses de France au royaume de Siam, qui s’étaient élevées en 1873 à 1,559,300 fr., n’ont plus représenté en 1874 qu’une valeur de 953,420 fr. Sauf les articles de Paris et les bijoux, dont l’importation a obtenu une faible augmentation, tous nos autres articles ont éprouvé une diminution. Les Siamois entretiennent d’importantes relations commerciales avec la Chine, dont les jonques sont de 500 à 600 tonneaux, quelquefois de 1,000 tonneaux ; les jonques siamoises vont jusqu’à Singapour et dans les iles voisines. Après les Chinois, les peuples qui font le plus de commerce avec ce royaume sont les Anglais, les Américains, les Français et les Portugais. Le pavillon français occupe le quatrième rang dans le port de Bankok, où sont entrés, en 1874, 491 navires jaugeant environ 141,661 tonneaux.

Population, mœurs. Sur les 6,300,000 habitants que renferme le royaume de Siam, les Siamois proprement dits ne forment qu’un tiers de la population ; le reste se compose de Malais, de Cambodgiens, d’habitants du Laos et surtout de Chinois. La tradition fait remonter l’origine des Siamois aux peuples du Laos, auxquels ils ressemblent par leur physionomie : ils sont fort petits, mais robustes ; ils ont la face large, les joues proéminentes, les yeux obliques, la bouche grande, la mâchoire inférieure grande et grosse, les lèvres épaisses, le teint olivâtre et cuivré. Ils ont la coutume de se noircir les dents, et beaucoup d’entre eux y adaptent de l’or. Ils sont de mœurs plus douces et plus polies que ceux des autres habitants de l’Indo-Chine ; ils sont vains, artificieux, obséquieux, avares ; ils fument beaucoup et ils jouent quelquefois jusqu’à leurs femmes et leurs enfants. Le jeu d’échecs est celui qu’ils préfèrent. Ils aiment avec passion les combats de coqs, de chiens et les curieux combats que se livrent entre eux de petits poissons rougeâtres d’une nature très-belliqueuse. Dans toutes les fêtes on voit figurer des courses de bateaux ; la musique et le théâtre leur inspirent un goût très-vif. La religion dominante est le bouddhisme. Les prêtres pratiquent le célibat. Les temples ou pagodes contiennent des statues gigantesques et sont d’une grande richesse ; on y prodigue l’or d’une manière incroyable. Les Siamois sont superstitieux et ont peur des éclipses. Leurs superstitions n’ont aucun rapport avec leurs croyances religieuses ; bien plus, elles leur sont radicalement opposées, puisque les doctrines de Bouddha les proscrivent sévèrement ; mais, en dépit de ces mêmes doctrines, le brahmanisme indien a introduit parmi le peuple, généralement ignorant et naturellement porté au mysticisme et au surnaturel, certaines croyances grossières qui tendent soit à expliquer les phénomènes naturels, soit à conjurer les mauvais sorts, soit enfin à donner un sens aux songes et aux changements de température, etc. C’est ainsi qu’en dehors des astrologues royaux il existe des individus appelés modus, que le peuple paye et consulto sur les affaires journalières, sur le résultat des spéculations commerciales, sur un projet de mariage, sur l’époque favorable pour la coupe du toupet, sur un voyage à entreprendre, sur la manière de gagner au jeu, de recouvrer un bien perdu ou volé, etc., etc. Comme on le voit, les fonctions de ces individus diffèrent peu de celles des magiciens et diseurs de bonne aventure qui, de nos jours encore, jouissent d’un certain crédit dans les contrées peu civilisées de la vieille Europe. Les Siamois ont de plus une foi très-vive dans les talismans ou amulettes, croyance qui doit leur venir vraisemblablement des Malais mahométans. Parmi les différents métaux auxquels est attribué le pouvoir de conjurer les charmes et les mauvais sorts se trouve le mercure. Une boule d’amalgame d’argent rend invulnérable celui qui la porte. Des bois rares imbibés de certains ingrédients jouissent des mêmes propriétés. Les amulettes les plus ordinaires sont des chapelets d’or ou d’argent enfilés dans des ficelles bénites par des bonzes, ou encore de petites plaques de métal sur lesquelles sont gravés des caractères mystérieux. Lorsqu’un malade est supposé être en danger de mort, certains Siamois superstitieux font venir les magiciens dont nous avons parlé ; ceux-ci fabriquent une espèce de statuette d’argile qu’ils portent dans les bois voisins et promettent de conjurer le mauvais sort et de le faire passer du corps du malade dans celui de la statuette, et cela par le moyen d’incantations mystérieuses. La croyance aux goules ou vampires s’est aussi introduite à Siam, modifiée dans ses particularités, mais maintenue cependant quant à ses caractères généraux. Les enfants venus avant terme sont généralement confiés aux magiciens pour être exorcisés, car on les croit doués dinfluences pernicieuses.

Notons ici une des plus originales superstitions de ce genre. Les magiciens ou sorciers ont le pouvoir de réduire un buffle à la grosseur d’un pois, lequel, étant avalé par la personne que l’on veut ensorceler, reconquiert dans le corps de celle-ci son volume primitif et le fait éclater. Les sorciers vendent des philtres d’amour, comme ceux d’Europe. Les démons sont les gardiens de trésors cachés, et l’on compte plus d’une histoire à ce sujet. Malheur à qui ose se jouer des démons, il est bientôt puni. La crainte des esprits et des démons est universelle dans le royaume de Siam.

Les Siamois adorent surtout l’éléphant blanc, qu’on trouve en assez grand nombre dans les forêts du sud. Un de ces animaux, regardé comme le représentant du Bouddha sur la terre, est l’objet de la plus grande vénération. Il est particulièrement adoré à Bankok. On a dit de lui : « Cet animal semble comprendre le caractère sacré dont l’ignorance des hommes la revêtu ; il est d’une gravité et d’une dignité extraordinaires. Il est