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Il en résulte assez clairement qu’il n’y eut de salariés que les ouvriers, charretiers, fossoyeurs, etc., employés à faire disparaître les. traces des meurtres, et c’est ce qui ressort de toutes les pièces quand on les examine froidement et sans passion, avec la seule préoccupation de la vérité historique.

Seulement, ce qui a pu donner quelque apparence de probabilité aux assertions que nous repoussons ici, c’est que, en effet, quelques misérables, les mains souillées de sang, se présentèrent aux comités des sections, à l’Hôtel de ville et devant d’autres autorités pour réclamer des bons de vin, de viande et même des indemnités pécuniaires, et que la terreur qu’ils inspiraient les leur fit obtenir, du moins quelquefois. On voit qu’il y a ici une différence essentielle : il ne s’agit plus d’assassins embrigadés à l’avance, touchant un salaire convenu, réglé, mais de brigands arrachant un secours. On peut justement, qualifier de honteuse la pusillanimité de quelques fonctionnaires qui ont cédé à ces réquisitions, mais il serait arbitraire de voir dans ces faits particuliers, qui se sont produits après coup, des preuves de complicité, de préméditation et d’embrigadement des meurtriers.

Comme il était arrivé lors de la Saint-Barthélemy, les événements de Paris eurent leur contre-coup en province. À Meaux, à Reims, à Charleville, à Caen, à Couches, près d’Autun, à Lyon, il y eut aussi un certain nombre d’exécutions sommaires. Enfin, à Versailles, des bandes de massacreurs se jetèrent sur les prisonniers ramenés d’Orléans et les tuèrent sans pitié.

Nous terminerons ce funèbre récit par le calcul approximatif du nombre des victimes dans les prisons de Paris. Comme il arrive toujours en pareil cas, ce chiffre a été monstrueusement exagéré. Des écrivains royalistes n’ont pas craint de le porter à 12,000. Heureusement, il existe des états nominatifs, des écrous, des comptes authentiques qui, s’ils ne nous donnent pas le chiffre absolument exact, réduisent du moins les exagérations à leur juste valeur.

M. Buchez, dans l’Histoire parlementaire, M. Barth. Maurice, dans son Histoire des prisons de la Seine, M. Firmin Didot, dans sa nouvelle édition des Mémoires sur les journées de septembre, M. Granier de Cassagnac, dans l’Histoire des girondins et des massacres de septembre, M. Mortimer-Ternaux, dans l’Histoire de la Terreur, et d’autres écrivains dont la plupart sont fort hostiles à la Révolution, se sont efforcés de calculer aussi exactement que possible le nombre des victimes. Ils sont arrivés à des appréciations qui diffèrent sensiblement, mais qui sont bien au-dessous des chiffres légendaires de la tradition royaliste.

Les documents principaux sur lesquels on s’appuie sont : 1° les tableaux de Maton de La Varenne et de Prudhomme ; 2° les listes dressées en vertu de l’arrêté du conseil de la Commune en date du 10 septembre 1792 ; 3° l’état général dressé par les administrateurs du département de police du 10 septembre 1792 ; 4° compte rendu des administrateurs de la police, membres du comité de Surveillance de la Commune de Paris, du 10 octobre 1792 ; 5° enfin les registres d’écrou, les procès-verbaux et lettres officielles des diverses sections, ainsi que les listes rectificatives concernant certaines catégories de prisonniers omises dans les documents cités plus haut.

De l’analyse minutieuse de toutes ces pièces et de l’étude d’une foule de relations contemporaines, on arrive au résultat suivant, pour les neuf prisons de la Seine qui ont été le théâtre des massacres de septembre :

Chiffre le plus bas, d’après MM. Barth. Maurice et Michelet 966
D’après le comité de surveillance de la Commune 1,079
D’après Peltier 1,005
D’après Prudhomme 1,035
D’après M. Granier de Cassagnac 1,458
D’après M. Mortimer-Ternaux 1,368

Nous ne donnons ici que les totaux, sans nous arrêter aux controverses pour chaque prison. D’autres auteurs ont trouvé des nombres différents ; mais comme ils flottent entre ceux-ci, nous jugeons sans intérêt de les reproduire.

Ainsi le chiffre oscille donc entre 966 et 1,458. Après avoir examiné avec soin les calculs des différents auteurs, il nous paraît que celui de M. Mortimer-Ternaux, qui a contrôlé minutieusement ses devanciers et fait subir un nouvel examen aux documents, est celui qui se rapproche le plus de la vérité,

1,368, tel serait donc, à peu de chose près, le chiffre des victimes, savoir :

Abbaye 171
Force 169
Châtelet 223
Conciergerie 328
Bernardins 73
Carmes 120
Saint-Firmin 79
Bicêtre 170
Salpêtrière 35

Pour quelques autres détails, voyez plus loin SEPTEMBRISEURS.

Après le récit des faits, nos lecteurs liront avec intérêt quelques citations empruntées à des écrivains appartenant à tous les partis : ces citations leur permettront de juger comment les massacres de septembre ont été appréciés par des hommes qui devaient les envisager à des points de vue très-divers.

« … Telle est la vérité sur les journées de septembre. Il est faux que la Commune en ait tracé d’avance le plan hideux et l’ait donné à exécuter, au milieu de Paris immobile et muet, à une poignée d’assassins à gages. Ah ! s’il était fondé le système historique qui a prévalu jusqu’ici, parce qu’il fut soutenu et par les girondins en haine des montagnards, et par les royalistes en haine de la Révolution, y aurait-il assez de mépris, assez d’exécration pour tous ces royalistes, pour tous ces girondins, pour tous ces ministres, pour toute cette Assemblée, pour tout ce peuple, qui, saisis d’horreur, mais tremblants de peur, auraient laisse boire tant de sang à une cinquantaine de vampires ? Et à quelle époque de l’histoire faudrait-il donc remonter, juste ciel ! pour trouver un exemple d’universelle lâcheté comparable à celle dont la France, patrie du courage, aurait alors donné le spectacle ? Non, non, il n’en fut point ainsi. Les journées de septembre eurent le caractère d’emportement contagieux qui, au XIIIe siècle, avait marqué ces Vêpres siciliennes, où 8,000 Français furent égorgés en deux heures. Mais quoi ! ces mêmes prisons de Paris, comme le remarque très-bien un historien anglais (Carlyle), n’avaient-elles pas déjà vu leurs dalles rougies du sang des Armagnacs, massacrés en masse par les Bourguignons ? Et les Manuel d’alors n’avaient-ils pas entendu les tueurs leur dire : « Maudit soit qui aurait pitié de ces chiens d’Armagnacs ! Ils ont ravagé le royaume de France et l’ont vendu à l’Anglais. » Les journées de septembre sortirent d’un semblable excès de délire, né lui-même de l’excès du péril et de la rage. Elles furent le vertige de Paris menacé de mort ; elles furent la démence de la Révolution pantelante. Elles eurent ce qui serre le cœur, ce qui consterne, mais ce qui ne s’est que trop souvent rencontré dans les annales des peuples, un caractère d’irrésistible spontanéité, qui s’associa, chose lamentable et effroyable, au plus fougueux élan de patriotisme qui fut jamais.

« France, Révolution, Liberté, qu’il vous a coûté cher cet accouplement contre nature ! Le monde ne les a plus compris, mêlés aux gémissements venus de l’Abbaye, vos chants de fraternité et de délivrance. Entre vous et lui, un voile rouge venait d’être étendu, derrière lequel disparurent momentanément et ce que vous aviez accompli d’héroïque et ce que vous alliez accomplir encore. Vous étiez la vie, et les peuples vous cherchaient ; mais dès qu’on leur présenta le corps vivant lié à un cadavre, ils reculèrent d’effroi !

« Et puis, quelle pitié de voir la philosophie devenue fanatique pour mieux décrier le fanatisme, et l’apostolat de l’humanité pratiqué à coups de lance ! Les représailles s’éternisent de la sorte ; la peine du talion passe du code de la barbarie dans celui du progrès, qu’il déshonore, et les siècles ne font plus que se venger les uns des autres. En septembre, on disait au prêtre qu’on égorgeait : « Souviens-toi de la Saint-Barthélémy ! » (Louis Blanc.)

«… Pour glacer la pitié, il avait suffi que les massacres eussent une apparence de coup d’État. Les tueurs, tranquillement assis à la porte des greffes et jouant leur rôle de juges, les municipaux qui venaient inspecter l’ouvrage, les écharpes mêlées à la tuerie, les assassins qui travaillaient à la corvée des meurtres et gagnaient leur journée, cette assurance dans le sang, tout cela donnait l’idée d’une mesure administrative, exécutée au nom de l’autorité. Il n’en fallut pas davantage pour ôter aux meilleurs la pensée de s’opposer à un carnage officiel. Les assassins ne furent qu’une poignée, tout le reste trembla.

« Ceci tient à une cause qui reparaît souvent dans la Révolution. Quand la peur entrait dans les âmes, alors, sous la France nouvelle, reparaissait aussitôt le tempérament de l’ancienne France, sourd aux cris des victimes, passif à toutes les fureurs, pourvu qu’elles parussent ordonnées par un pouvoir que l’on savait résolu et dont on connaissait la force pour l’avoir éprouvée.

« Lorsqu’au 2 septembre, au tocsin des églises, au retentissement du canon d’alarme, la crainte envahit les cœurs, elle engendra la même insensibilité aux maux d’autrui. On n’avait plus affaire au roi, mais toujours à l’autorité ; et ici l’on sentait vaguement la présence d’un pouvoir nouveau, la Commune, qui avait montré sa force au 10 août et qui la montrait plus formidable encore dans la justice administrative du 2 septembre. À la seule pensée que l’autorité avait la haute main dans les massacres, ils changeaient de nom. Les tueurs n’étaient plus que des agents ; les plus fiers courages tombaient. L’ancien homme reparaissait avec l’ancienne crainte de l’officiel. On n’allait pas du premier coup jusqu’à l’assentiment, il est vrai ; mais les cœurs devenaient de pierre et l’on suspendait son jugement. Bourgeois, ouvriers, peuple se tenaient cois dans leurs maisons, attendant, comme leurs ancêtres, que la justice de la Commune eût passé. . . . . . . . .

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« La liberté, enfin conquise, eût pu seule apaiser et racheter les victimes de septembre. Au contraire, ces terribles plaies saignent encore : combien de temps suffira-t-il de les étaler au jour pour faire reculer l’avenir ?

« Ce qui effraye presque autant que les meurtres, c’est la complaisance qu’ils trouvèrent dans la conscience publique, tant que la force les protégea. Il se passa plusieurs mois avant que quelqu’un osât donner leur nom aux massacres ; les plus audacieux les appelaient les événements ou les expéditions de septembre. Quand on cessa de les approuver, le silence, l’oubli les couvrirent. Enfin vint la critique détournée, timide, et cela parut longtemps le comble de la vertu. La conscience humaine est plus fragile qu’on ne pense ; tant que les forfaits sont les plus forts, elle disparaît et fait la morte.

« Ces massacres mirent une rivière de sang entre les girondins et les montagnards ; les premiers en firent contre les seconds une accusation perpétuelle, d’où la réconciliation fut impossible. Une fatalité s’attacha aux uns et aux autres, soit qu’ils eussent commis le crime, soit qu’ils l’eussent laissé commettre. Ce fut la robe rouge de Nessus aux flancs du peuple-Hercule. » (Edgar Quinet.)

« C’est le 1er septembre qu’on enlève à la ville de Paris les magistrats qui l’avaient guidée dans la Révolution, et c’est le même jour qu’on apprend que Verdun est pris, que les ennemis s’avancent sur Paris. Soudain la voix de la patrie se fait entendre, les magistrats, quoique frappés d’un injuste anathème, font une proclamation. Au même instant, l’Assemblée révoque son décret de cassation, le peuple s’empresse de voler à l’ennemi ; mais il songe que les prisons regorgent de conspirateurs, il sait que si les Prussiens s’avancent, c’est pour délivrer leurs complices et leurs agents secrets ; il sait qu’il laisse des femmes, des enfants, et pour leur sûreté il immole les premiers ennemis qu’il rencontre sous sa main… Cette vengeance terrible arrêta le roi de Prusse pendant six jours. La crainte de voir la famille royale tomber sous les coups d’un peuple justement irrité arrêta la marche des Prussiens… Si vous voyez un crime dans un transport révolutionnaire, punissez les vainqueurs de Jemmapes, punissez les héros qui ont sauvé la liberté ; punissez enfin tout le peuple de Paris… » (Billaud-Varenne, Discours aux jacobins, 8 fév. 1793.)

« … Je vis deux Anglais qui tenaient des bouteilles et des verres. Ils offraient à boire aux massacreurs et les pressaient en leur portant le verre à la bouche. J’entendis un de ces massacreurs, qu’ils voulaient faire boire de force, leur dire : « Eh ! f.... ! laissez-nous tranquilles ; vous nous avez fait assez boire ; nous n’en voulons pas davantage. » Je remarquai, à la lueur de quelques flambeaux qui entouraient là victime, que ces deux Anglais étaient en redingote, etc......

« Il est donc de l’honneur du peuple français d’être lavé d’une pareille tache. Je présume que ma déclaration en découvre les moyens et indique le fil de cette trame infernale. Il y a tout lieu de croire que c’est le gouvernement anglais qui a été le moteur et l’instigateur de toutes les horreurs qui ont couvert la France de deuil.

« Rappelons-nous que, dans les commencements, le peuple anglais était enthousiaste de notre Révolution. Le cabinet de Londres avait à craindre que les Anglais ne voulussent nous imiter. Il était donc de sa politique d’être en guerre avec nous et de nous y mettre avec l’univers entier. Le plus difficile était d’avoir le consentement du peuple anglais, afin d’en obtenir des subsides. Rappelons-nous aussi que c’est au moment où l’on apprit à Londres la journée du 2 septembre que le peuple anglais demanda la guerre contre nous. Il y a donc tout lieu de soupçonner que le cabinet de Londres avait suscité cette journée. Ce soupçon se tourne en une espèce de certitude, si l’on fait attention à ces deux Anglais dont j’ai parlé. . . . . . . . . . .

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« Peut-être dira-t-on que le crime de deux particuliers isolés ne prouve pas que le gouvernement anglais soit leur complice. Ce serait très-mal connaître le cabinet de Londres et son exécrable politique. Ne perdons pas de vue que c’est précisément à cette époque qu’il parvint à soulever le peuple en lui inspirant de l’horreur contre nous. D’ailleurs, de tout temps, tous les moyens lui ont été bons. Mais il est encore un autre fait dont tout Paris a eu connaissance et qui coïncide parfaitement avec celui dont j’ai parlé. Après l’exécution de Louis XVI, un Anglais remit un mouchoir blanc au bourreau pour le tremper dans le sang du roi. Peu de jours après, ce mouchoir fut arboré au haut de la Tour de Londres. Aussitôt le peuple anglais devint semblable aux éléphants que l’on rend furieux en leur montrant une couleur rouge. Il demande à grands cris l’anéantissement de la France. Si l’on rapproche ces deux faits, ils formeront une espèce d’identité qui peut amener à découvrir la vérité. Il sera facile de découvrir quel est cet Anglais qui a donné son mouchoir au bourreau ; peut-être est-il un de ceux qui excitaient les massacres dans la nuit du 2 septembre. Pourquoi le bourreau accepta-t-il ce mouchoir ? Pourquoi le trempa-t-il et pourquoi le rendit-il ? C’est aux autorités constituées à suivre et à découvrir cette trame. Je suis convaincu qu’elles sont aussi jalouses que moi de l’honneur de la patrie et qu’elles découvriront, aux yeux de l’univers et de la postérité, la source d’où sont découlés tous ces crimes affreux ; elles purifieront le peuple français d’une tache qui sans cela serait indélébile. » (Déclaration du citoyen Jourdan.) V. la mention de cette pièce à la partie bibliographique,

« Pétion était maire, Manuel était procureur de la Commune. Tous les deux, je les ai connus : Manuel était loin d’être un barbare ; Pétion portait un cœur humain. À côté d’eux siégeaient à la Commune beaucoup d’hommes qui, comme eux, avaient horreur du sang, qui, comme eux, pensaient qu’il fallait vaincre le despotisme et l’aristocratie, mais qu’il était horrible d’égorger les despotes mêmes et les aristocrates dans les prisons. Dans ces jours, dont la liberté doit porter éternellement le deuil, il existait un conseil exécutif, qui s’assemblait ou qui devait s’assembler. L’insurrection, qui avait foudroyé le trône, n’avait pas foudroyé l’Assemblée législative ; elle tenait ses séances. On venait lui dire : « On a égorgé dans les prisons, on égorge dans les prisons, on va égorger encore dans les prisons. » Comment donc l’Assemblée législative, le conseil exécutif, le maire et le procureur de la Commune ; comment tout ce qui avait une autorité et un sentiment d’humanité n’a-t-il pas arrêté ce sang qui a coulé pendant plusieurs jours et presque sous les yeux de tout le monde ? Ils l’ont voulu tous, ils l’ont tenté. Ils ne l’ont donc pas pu ? Mais comment, par quoi, par qui étaient réduits à cette désastreuse impuissance tant de représentants de la puissance nationale, tant d’organes des lois, tant de dépositaires de la força publique, tout ce qu’il y avait d’autorités constituées ? Eh ! comment l’expliquer autrement que par l’insurrection qui, en frappant une autorité perfide et coupable, s’était mise au-dessus des autorités les plus pures et les plus fidèles et prolongeait des pouvoirs qu’elle n’aurait dû exercer que dans un seul instant et dans un seul acte ? Comment l’expliquer autrement qu’en se rappelant que, parmi les ordonnateurs et les chefs de l’insurrection, étaient de ces hommes qui peuvent tout parce qu’ils osent tout, et qui, en affranchissant la nation, croyaient avoir acquis le droit d’affranchir leurs passions les plus féroces ? Comment expliquer le massacre de Versailles, exécuté quelques jours après ceux de Paris avec les mêmes caractères et la même duplicité, autrement qu’en avouant que les législateurs, les ministres et les magistrats de la nation n’avaient pu reprendre encore les rênes des destinées de la France, et que l’insurrection seule commandait encore aux événements ? Comment expliquer enfin ce silence universel gardé si longtemps sur ces journées au milieu d’une horreur universelle ; ces blâmes timides et ménagés dans la bouche des hommes les plus purs et les plus humains, et ces approbations éclatantes données par des hommes qui n’étaient pas des scélérats, mais qui étaient dans le délire et qui avaient créé des mots nouveaux pour célébrer des forfaits inouïs ?

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« Si ces affreux événements n’ont pas été le produit de l’insurrection, comment donc n’ont-ils pas été prévenus ? comment n’ont-ils pas été arrêtés ? comment ne sont-ils pas déjà punis ? comment tant de sang a-t-il coulé sous d’autres glaives que ceux de la justice, sans que les législateurs, sans que les magistrats du peuple, sans que tout le peuple lui-même ait porté toutes les forces publiques aux lieux de ces sanglantes scènes ?

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« En rejetant sur l’insurrection les massacres de septembre, j’ai été loin de vouloir atténuer de si grands forfaits ; mais ce qui est bon et ce qui est horrible peuvent arriver dans le même temps, par les mêmes causes ; et les massacres ont été exécutés parce que les mouvements de l’insurrection duraient encore. Eh ! que faudrait-il penser d’une nation au milieu de laquelle de telles choses se seraient passées durant le règne des lois ? Qu’on y réfléchisse bien, et qu’on réponde à cette question. » (Garat.)

«… La France était désorganisée et presque dissoute, trahie, livrée et vendue.

« Et c’est justement à ce point où elle sentit sur elle la main de la mort que, par une violente et terrible contraction, elle suscita d’elle-même une puissance inattendue, fit sortir de soi une flamme que le monde n’avait vue jamais, devint comme un volcan de vie. Toute la terre de France devint lumineuse et ce fut sur chaque point comme un jet brûlant d’héroïsme, qui perça et jaillit au ciel.

« Spectacle vraiment prodigieux, dont la diversité immense défie toute description. De telles scènes échappent à l’art par leur excessive grandeur, par une multiplicité infinie d’incidents sublimes.

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« Qui croirait que, devant cette scène admirable, splendidement lumineuse, l’Europe ait fermé les yeux, qu’elle n’ait rien voulu voir de tant de choses qui honorent à jamais la nature humaine, et qu’elle ait réservé toute