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SENA

homme politique français, né à Rouen le 9 avril 1800. Son père, qui était architecte, l’envoya étudier le droit à Paris. De retour dans sa ville natale à vingt et un ans, M. Senard exerça la profession d’avocat avec succès, prit une part des plus actives au mouvement qui éclata à Rouen lorsqu’on apprit que Charles X venait de lancer les ordonnances de Juillet, et se rallia à la monarchie de Louis-Philippe. Mais ses illusions sur le roi-citoyen ne tardèrent pas à se dissiper. M. Senard se jeta alors dans l’opposition, 4ont il fut un des chefs dans la Seine-Inférieure, devint bâtonnier de son ordre, prit une part active au mouvement réformiste en 1847 et présida à Rouen, le 24 décembre de la même année, un banquet qui eut du retentissement. Après la chute de Louis-Phi-Uppe, le gouvernement provisoire le nomma procureur général dans cette ville. Elu en avril représentant du peuple à la Constituante dans son département, il siégeait depuis peu à l’Assemblée, lorsque des troubles éclatèrent à Rouen. N’ayant point encore été remplacé comme procureur général, M. Senard retourna aussitôt prendre possession de ses fonctions, qu’il remplit avec fermeté, et contribua à comprimer l’émeute. Son énergique attitude lui valut d’être élu président de l’Assemblée, à la tête de laquelle il se trouvait lorsque éclata la formidable insurrection de Juin. Il rédigea alors et fit voter une proclamation, s’entremit auprès de la commission exécutive pour lui arracher sa démission (24 juin) et poussa à la dictature militaire du général Cavaignac. Lorsque l’insurrection eut été vaincue, l’Assemblée déclara que MM. Senard et Cavaignac avaient bien mérité de la patrie. Devenu ministre de l’intérieur (85 juin), il reconstitua l’administration départementale et centrale, les municipalités et la police, et donna sa démission le 13 octobre suivant pour laisser son portefeuille à M. Dufaure, dont il approuva hautement l’entrée aux affairas. Après l’élection présidentielle de Louis Bonaparte, M. Senard entra dans l’opposition et vota avec les républicains de la nuance du National, Non réélu à la Législative en 1849, il se fit inscrire au barreau de Paris, où il continua à exercer la profession d’avocat jusqu’à la fin de l’Empire.

Après la révolution du i septembre 1870, M. Senard fut chargé par le gouvernement de la Défense nationale d’aller remplira Florence, auprès de Victor-Emmanuel, une mission analogue à celle que M. Thiers allait remplir à Londres, à Vienne et à Saint-Pétersbourg, et qui avait pour but d’amener les grandes puissances, au nom de l’intérêt même de l’Europe, à une intervention collective pour décider la Prusse à ne mettre à la paix que des conditions que la France pût honorablement accepter. Outre cette mission,

M. Senard en avait une autre ; c’était d’enrayer le mouvement séparatiste qui venait de se produire à Nice, dans le but d’amener le retour à l’Italie de la Savoie et du comté de Nice. Le représentant de la France reçut un excellent accueil de Victor-Emmanuel. Il s’empressa de féliciter le roi sur l’oecupation de Rome (20 septembre), « heureux événement qui délivrait Rome et consacrait l’unité de l’Italie, » puis il provoqua des explications au sujet du mouvement séparatiste. Le gouvernement italien lui répondit qu’il « regarderait comme une infamie et une lâcheté de profiter des désastres de la France pour lui reprendre une concession qu’on lui avait faite, après consentement donné par les habitants, quand, puissante et victorieuse, elle venait, par un suprême effort, d’aider l’Italie à conquérir son indépendance et à marcher vers l’unité. » M. Senard transmit cette réponse au gouvernement de la Défense, la fit afficher et répandre dans les départements annexés, obtint des modifications dans le personnel administratif de ces départements et parvint à faire complètement avorter le mouvement séparatiste. Vers le milieu du mois d’octobre, M. Thiers vint rejoindre M. Senard à Florence. Comme cet homme d’État avait échoué dans ses tentatives auprès des cabinets de Londres, de Vienne et de Saint-Pétersbourg, le gouvernement italien déclara

qu’il ne pouvait agir isolément auprès du roi de Prusse et refusa de se départir de son attitude de neutralité. La mission dont M. Senard s’était chargé, sans titre d’ambassadeur et sans traitement, n’ayant plus d’objet, il revint en France avec M. Thiers (23 octobre). Au mois de juillet 1874, il fut élu bâtonnier du barreau de Paris en remplacement de M. Lacan. Au mois d’octobre suivant, les électeurs de Seine-et-Oise ayant été appelés à nommer un député, M. Senard, maire de Satnt-Cloud depuis 1871, devint la candidat des divers groupes républicains du département et fut élu, le 18 octobre, par 59,637 voix contre 44,784 données au duc de Padoue, candidat bonapartiste. Il alla siéger à gauche et il a voté la constitution du 25 février 1875, s’est prou%ueé contre la loi de l’enseignement supérieur (13 juillet), etc. Les avocats du barreau de Paris l’ont réélu bâtonnier de leur ordre pour l’exerrice 1875-1878.

SENAREGA (Barthélémy), chroniqueur italien et patricien génois, né vers le milieu du xve siècle, mort vers 1515. Il fut employé par son gouvernement à diverses négociations importantes, notamment en 1484

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auprès de l’empereur, et il a écrit en latin les annales de sa ville natale. Son ouvrage est intitulé : De rébus Genuensibus commentaria ab amio 1488 ad amium 1514 (imprimé en 1733 à la fin du tome XXHI des Scriptores rerum italicarum, de Muratori, p. 511 et suiv.).

SENARICA, ville du royaume d’Italie, province de l’Abruzze Ultérieure Ire, district et à 17 kilom. S.-O. de Teramo, mandement de Montorio ; 2,700 hab. Autrefois les habitants de cette ville se disaient tous nobles et ne payaient point d’impôts. Jeanne Ire avait accordé à la ville le titre de république, titre qui lui a été longtemps conservé.

SÉNARMONT (Alexandre-Antoine Hurbau de), général français, né à Strasbourg en 1767, mort près de Cadix en 1810. Élève de l’école militaire de Metz, il servit dans l’artillerie, devint capitaine en 1792, se signala à l’armée de Sambre-et-Meuse, notamment en défendant le pont de Monceaux, près de Charleroi (juin 1794), et fut promu peu après chef de bataillon. Après avoir été sous-directeur de l’artillerie à Douai, il prit part au siège de Luxembourg, devint membre du comité d’artillerie et fut nommé, en 1800, chef d’état-major de l’armée de réserve. Peu après, il se distingua au passage du mont Saint-Bernard, à la bataille de Marengo et reçut le grade de chef de brigade (septembre 1800), puis le commandement du 6e régiment d’artillerie..Nommé, en 1805, sous-chef d’étatmajor

général d’artillerie à la grande armée, Sénarmont acquit la réputation d’un des meilleurs officiers de son arme par l’habileté dont il fit preuve à Austerlitz, à Iéna, à Eylau et à Friedland. Général de brigade en 1806, commandant de l’artillerie du 1er corps de l’armée d’Espagne en 1808, il obtint cette même année le grade de général de division et le titre de baron pour sa brillante conduite au défilé de Sommo-Sierra, prit une grande part au succès de la bataille d’Ocafla et fut tué par un obus au siège de Cadix. On a de lui des Mémoires intéressants qui ont été publiés par le général Marion (1846, in-8°).

SÉNARMONT (Henri Hureau de), minéralogiste et physicien français, neveu du précédent, né à Broué (Eure-et-Loir) le 6 septembre 1808, mort à Paris le 30 juin 1862. Admis à l’École polytechnique en 1826, il en sortit le premier et entra à l’École des mines. Successivement ingénieur à Rive-de-Gier,

Puis au Creuzot, professeur de physique à École polytechnique, examinateur des élèves pour la même science, M. de Sénarmont fut, en outre, professeur de minéralogie et directeur des études à l’École des mines, conservateur de la bibliothèque et secrétaire du conseil du même établissement, membre de la commission des machines, ingénieur en chef (1848), officier de la Légion d’honneur. Enfin, il succéda à Beudant, en 1852, comme membre de l’Académie des sciences. Ce savant, qui, comme professeur, a laissé un souvenir durable, s’est principalement occupé de physique, de zoologie et de minéralogie, et a publié sur ces diverses sciences un assez grand nombre de mémoires dans les Annales ■ des sciences et dans les Annales de physique et de chimie. Voici les titres des plus importants : Des modifications que la réflexion spéculaire imprime aux rayons de lumière polarisée (1840, in-8°) ; Sur la réflexion et la double réfraction de ta lumière par les cristaux doués de l’opacité métallique (1847, in-8°) ; Sur la conductibilité des substances cristallisées pour la chaleur (1847, in-8<>) ; Sur la conductibilité des corps cristallisés pour l’électricité (1850) ; Sur la fabrication artificielle des minéraux ; Sur les propriétés optiques des corps isomorphes, etc. On lui doit, en outre, Essai d’une description géologique du déparlement de Seine-et-Marne (1844, in-8°) ; Essai d’une description géologique du département de Seine-et-Oise (1844, in-8°) et la-traduction du Traité de cristallographie de Miller (1842, in-8°). Le résumé du cours qu’il professait à l’École polytechnique a été autographié après sa mort à un assez grand

nombre d’exemplaires pour qu’il ne soit pas extrêmement rare. On y trouve des notes fort intéressantes sur les points les plus difficiles de la science. À un rare talent d’exposition, Sénarmont joignait une grande sagacité, un jugement sûr et une entière bonne foi. Il a presque inauguré en France, pour l’enseignement de la physique, la sage réserve que commandent si impérieusement, dans 1 intérêt des progrès futurs, les incertitudes

3ui planent encore sur tant de points délicats e la science, et il évitait avec le plus grand soin de se prononcer d’une façon exclusive en faveur d’une hypothèse encore douteuse, d’une théorie sujette k discussion.

SÉNARMONT1TE s. f. (sé-nar-mon-ti-te

— du nom de M. de Sénarmont). Miner. Acide antimonieux cristallisé.

SÉNART (forêt de), dans le département de Seine-et-Oise, arrond. et à 5 kiloin. de Corbeil, dans le canton de Boissy-Saint-Léger. Elle a 9 kilom. de l’E. a l’O., sur 4 kilom. du N. au S. La route de Paris à Melun la traverse. Les rois de France y faisaient autrefois de grandes parties de chasse.

SÉNARTINE s. f. (sé-nar-ti-ne). Ane. coram. Espèce d’étoffe qui était fabriquée par des ermites de la forêt de Sénart.

SÉNAS, autrefois Senassium, bourg et com SÉNA

mune de France (Bouches-du-Rhône), cant. d’Orgon, arrond. et à 48 kilom. d’Arles ; 2,080 hab. Magnaneries ; fabrication d’instruments aratoires. On y remarque plusieurs villas romaines en ruine et des restes d’un aqueduc qui amenait l’eau de la Durance dans des viviers.

SÉNAT s. m. (sé-na — latin senatus, proprement assemblée de vieillards ; de senex, vieux, le même que le gothique sineigs, l’irlandais sean, kymrique heu, le lithuanien senas, le grec enos, l’arménien hin, le zend hana et le sanscrit sana, de longue durée, sanaya, vieux). Hist. rom. Assemblée de patriciens qui formait le conseil suprême et perpétuel de l’ancienne Rome : Le sénat de Home ne fut composé d’abord que de cent membres. (Acad.) Le sénat romain ne se laissait jamais abattre. (Boss.) Servius Tullius étendit les privilèges du peuple pour abaisser le sénat. (Montesq.) C’était au sénat que les empereurs rendaient compte de leurs victoires. (Chateaub.)

J’ai vu le seticit idolâtre

Des crimes de Néron approuver les horreurs.

Racine.

Il Lieu où le sénat s’assemblait : On força les paries du sénat. César fut tué en plein sénat. (Acad.) » jPn’ncecfuîéiia/.Sénateurqui, ayant été inscrit, émettait le premier son vote, il Sénat des dames, Assemblée de dames romaines établie par Héliogabale, sous la présidence de Moesa, son aïeule, et de Soéinia, sa mère.

— Hist, gr. Conseil suprême de Sparte, composé de vingt-huit vieillards élus par le peuple, il Conseil d’Athènes, composé d’abord de quatre cents citoyens et, plus tard, de"Cinq cents.

— Hist. générale. Nom donné, dans certains États qui ont deux assemblées législatives, à l’un de ces deux corps politiques, généralement considéré comme le premier, et

provenant moins directement ou même pas du tout de l’élection populaire : Le sénat des États-Unis. Le sénat russe. Le sénat de Pologne. Le sénat de Vetiise. Les cités gauloises, administrées par des SENATS héréditaires, choisissaient leurs magistrats. (Raynouard.) Un sénat aristocratique est le plus intraitable des maîtres. (Guizot.) Un sénat n’est à l’épreuve d’aucune circousiance grave. (E. de Gir.) || Assemblée qui, dans quelques pays, forme un tribunal de justice jugeant en dernier ressort : Le sénat de Chambéry. Le sénat de Nice. (Acad.) Il Sénat conservateur, Sénat créé en France par la constitution de l’an VIII et rétabli par celle de 1851.

— Parext. Assemblée quelconque chargée de faire des lois ou do veiller à leur maintien : Dieu disposa lui-même, par une heureuse naissance, M. de Lamoignon à exercer des jugements dans le plus auguste sénat du monde. (Fléch.)

Voici mes conseillers, ma cour et mon sénat.

C. Delavigne.

— Fam. Réunion de personnes quelconques :

S’il voyait un sénat dé cuisiniers fameux, Pour quelque nouveau mets tenir conseil entre eux..

Reomaud.

— Encyol. Un sénat est une assemblée délibérante investie d’une portion de la souveraineté et qui paraît avoir préexisté à toute législation dans les États du bassin de la Méditerranée. Il représentait ordinairement l’élément aristocratique et se composait, le plus souvent, de vieillards. Les sénats les plus célèbres dans l’histoire sont les suivants :

Sénat d’Athènes. Antérieur à Solon, il se composa, d’après l’organisation de ce législateur, de quatre cents membres au-dessus de trente ans, choisis par la voie du sort dans les quatre tribus, mais seulement parmi les citoyens des trois premières classes. On sait que Solon avait divisé les citoyens en quatre classes, suivant leur revenu. La dernière, les thètes, comprenait les ouvriers, les artisans et les petits propriétaires. lis avaient le droit de siéger dans les assemblées du peuple et dans les tribunaux, mais étaient exclus des magistratures et des emplois. Pour être rangé dans la troisième classe, les zeugites, la dernière de celles qui pouvaient faire partie du sénat, il fallait posséder un revenu de 300 inédimnes (5,500 fr., suivant M. de Pouqueville). Le sénat délibérait sur toutes les affaires avant qu’elles fussent portées devant l’assemblée du peuple, rendait des édits qui avaient temporairement force de loi et était chargé de l’administration. Les fonctions de sénateur étaient annuelles ; ils recevaient une indemnité d’une drachme par jour, subissaient un sévère examen en entrant en

charge et rendaient leurs comptes en en sortant. Leur nombre fut porté àcinq.cents par Clisthène(510 av. J, C.)- Cette assemblée était parfois nommée le sénat de la fève, parce que ses membres étaient tirés au sort au moyen de fèves noires et blanches.

— Sénat de Sparte. Etabli ou plutôt régularisé pur Lycurgue et composé de vingt-huit vieillards, présidés par les deux rois, ce sénat ou conseil des anciens avait seul l’initiative des lois ; tous les grands intérêts de l’État étaient discutés dans son sein avant d’être communiqués à l’assemblée du peuple (c’est-à-dire à l’assemblée des purs Spar SÉNA

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tiates, exclusivement, sauf pour certaines questions secondaires où les députés de quelques villes de la Laconie y étaient admis). L’autorité du sénat laeédémonien ne tarda pas à être balancée par celle des éphores, magistrats qui jouèrent à Lacédémone à peu près le même rôle que les tribuns à Rome.

Sénat de Carthage. Cette assemblée, très-puissante et très-nombreuse, était choisie parmi les riches et les puissants. Les membres du sénat étaient élus et les suffrages se vendaient au poids de l’or, chose fort simple à Carthage, où nul gain n’était considéré comme honteux. Désigné dans les auteurs tantôt sous le nom de gérousie, tantôt sous celui de synédrin, le sénat carthaginois paraît avoir été divisé en plusieurs sections ou comités, dont les attributions étaient diverses. Il délibérait sur les affaires de l’État ; c’était lui qui, suivant l’expression de Polybe, « calculait ce que la guerre pouvait coûter à Carthage et ce qu’elle lui rapporterait.» La gérousie était une sorte de conseil exécutif et son autorité était fort grande.

Sénat de Borne. C’est le plus illustre dont l’histoire fasse mention. Suivant l’opinion commune, il fut institué par Romulus ; mais Niebuhr et d’autres critiques pensent qu’il était antérieur à cette époque, et ils le retrouvent dans les premières agrégations des peuplades italiques. Il fut d’abord composé de cent membres, âgés de soixante ans, — choisis parmi les chefs des familles aristocratiques et qui portaient le nom de patres, les pères ; leurs familles formaient le corps des patriciens ou des nobles. Leur nombre fut successivement augmenté, soit par l’adjonction des chefs des tribus vaincues et incorporées à la cité romaine, soit par des nominations nouvelles faites par les rois. Lors de l’établissement de la république, Brutus créa, dit-on, de nouveaux sénateurs auxquels on donna le nom de conscripti (inscrits avec, ajoutés), d’où l’expression patres et con~ scripli, puis patres conscripti (pères conscrits) sous laquelle on désignait les sénateurs. On suppose que ce corps se recrutait par le choix des rois, puis des consuls. Mais cette nomination n’était pas arbitraire ; elle était vraisemblablement indiquée et comme imposée par l’organisation de la société romaine primitive, en ce sens que les plus puissants et les plus riches, les chefs des génies ou familles politiques, sorte de tribus ou de clans, entraient naturellement et comme forcément dans le censeil de la nation. Plus tard, lorsque la censure fut établie, ce fut aux censeurs qu’il appartint d’admettre ou de rayer les sénateurs. Mais ils ne pouvaient les choisir que parmi les citoyens qui avaient rempli des magistratures curules ; il fallait, de plus, que les élus appartinssent au moins à l’ordre équestre. L’exercice des grandes charges (consul, questeur, édile, tribun, etc.) donnait entrée au sénat ; mais l’admission ne devenait définitive qu’après l’inscription censoriale. Sous les rois, le sénat formait un conseil de gouvernement dépendant de l’autorité royale. Convoqué par le roi, toujours dans un temple, dans un lieu inauguré, il délibérait sur les propositions qui lui étaient soumises entre le lever et le coucher du soleil, et rendait ses décisions, qui n’avaient force de loi que par l’assentiment du roi et du peuple, populus et non ptebs (v. pkuplb, plèbe). Quand un roi mourait, le sénat désignait parfois son successeur et, auparavant, nommait parmi ses membres un ou plusieurs interrex pour administrer l’État pendant la vacance. À l’origine de la république, la puissance du sénut fut considérablement augmentée. Il devint la tête de l’aristocratie, une assemblée de rois, comme disait l’envoyé de Pyrrhus. La guerre, la paix, les traités, la fixation des tributs, la distribution des terres et des provinces conquises, l’administration de la justice, etc., presque toutes les prérogatives de la souveraineté devinrent son partage. La création du tribunal (493), les lonfues luttes de la plèbe contre les privilèges u patriciat affaiblirent successivement son autorité. Mais on sait comment ce conseil supérieur de l’oligarchie romaine sut défendre les prérogatives de sa caste contre les envahissements d’une démocratie plus fougeuse qu’habile, plus ardente à. convoiter les bénéfices de la puissance qu’à ramener toutes les classes à l’égalité. Il savait bien, au reste, rendre presque illusoires les concessions qui lui étaient arrachées par la force des circonstances, et jusqu’à la fin de la république il conserva, malgré les lois et les assemblées du peuple, une importance capitale comme puissance exécutive et législative. Sous les empereurs, le sénat ne se distingua le plus souvent que par son empressement servile à se soumettre aux volontés des plus abominables tyrans ; à ce point que Domitien, par la plus sanglante des railleries, put le faire délibérer sur la manière d’accommoder un turbot. Au reste, remanié, uéciiné, épuré, augmenté ou diminué au gré des chefs militaires qui prenaient la pourpre, il n’était plus qu’un instrument docile dans la main de ce-lui qui possédait la force. Telle est cependant la puissance des souvenirs ainsi que la vitalité persistante des institutions aristocratiques, que pendant des siècles encore il conserva aux yeux des populations une partie du prestige de sa grandeur évanouie. Jusque sous Constantin, le monogrammes. P. Q. U.,