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son séjour, il eut beaucoup de peine k combattre la mélancolie qui l’accablait et il avait peine à supporter l’horreur de son isolement. Il construisit deux huttes avec des arbres à piment, les couvrit de longues herbes et les tendit k l’intérieur de la peau des chèvres qu’il tuait pour se nourrir. La viande fut son unique aliment tant que dura sa li vre de poudre et il se procurait du feu en frottant vivement deux bâtons l’un contre l’autre entre ses genoux.

Dans la plus petite de ses cabanes, située à quelque distance de l’autre, il apprêtait sa nourriture ; dans la plus grande, il dprmait, lisait, chantait des psaumes et priait, ayant été, disait-il, meilleur chrétien dans cette solitude qu’il ne l’avait été auparavant et qu’il ne le serait peut-être ensuite. D’abord il ne mangeait que lorsque le besoin l’y forçait, à cause du chagrin qui le dévorait, et aussi du manque de pain et de sel. De même, il n’allait se coucher que quand le sommeil l’accablait tout à fait. L’arbre à piment, qui fait un feu clair, lui servait en même temps k se chauffer et k s’éclairer, et son odeur balsamique le réjouissait.

> 12 aurait pu avoir autant de poisson qu’il en eût pu manger, mais le manque de sel le lui rendait malsain ; certaines écrevisses, grosses comme nos homards, lui semblèrent seules toujours très-bonnes. Tantôt il les faisait bouillir, tantôt il les faisait griller ; c’était aussi de ces deux façons qu’il préparait sa viande lorsqu’il en mangeait. La chair des chèvres de Juan-Fernawlez lui sembla meilleure que celle des nôtres et lui donna toujours un excellent bouillon. Il comptait a.voir tué durant son séjour à peu près cinq cents chèvres et en avoir capturé encore davantage, qu’il relâchait après les avoir toutefois marquées aux oreilles. Quand sa petite provision de poudre fut épuisée, il les prit k la course, et sa manière de vivre, jointe a l’exercice continuel qu’il prenait, l’avait rendu, tellement agile que c’était merveille de fe voir courir à travers les bois, au milieu des rochers et des collines, après les chèvres, qu’il chassait sur notre demande. À plusieurs reprises, nous lui adjoignîmes, pour l’aider dans sa chasse, un boule-dogue et quelques-uns do nos matelots les plus lestes, mais il laissait bientôt en arrière hommes et chien, s’élançait sur les chèvres et nous les rapportait sur son dos. Il nous raconta qu’un jour, en poursuivant un do ces animaux, son ardeur avait failli lui coûter la vie ; il atteignit l’animal au bord d’un précipice que des buissons dérobaient à sa vue, tomba avec la chèvre d’une grande hauteur et resta sans connaissance, brisé et anéanti. Lorsqu’il revint à lui, vingt-quatre heures environ s’étaient écoulées, lu chèvre gisait morte à ses côtés : il eut beaucoup de peine k se traîner jusqu à sa hutte, qui se trouvait a plus de 2,000 pas de là, et dans laquelle il resta dix jours sans bouger.

Au bout de quelque temps, la viande, sans pain ni sel, lui sembla meilleure qu’aux premiers jours ; dans la saison, il eut une grande quantité d’excellents navets qui avaient été semés par les hommes de l’équipage du capitaine Dampier et qui couvraient alors plusieurs acres de terrain. Le palmiste lui donnait d’excellents choux, et il assaisonnait se3 mets avec le fruit du myrte piment, communément appelé poivre de la Jamaïque ; il trouva également ici le poivre noir ou malagita, qui lui fut un excellent correctif pour différentes indispositions.

Ses souliers ne tardèrent pas k s’user, ainsi que ses habits ; mais ses pieds devinrent si durs qu’il pouvait marcher partout sans être le moins du monde incommodé ; il eut même par la suite beaucoup de peine a s’habituer k remettre des chaussures.

Il fut, durant les premiers temps, très-tourmenté par les chats et les rats. Ces animaux, introduits dans l’Ile par les bâtiments qui y avaient déjà relâché pour faire de l’eau et du bois, s’étaient prodigieusement multipliés. Les rats rongeaient ses pieds et ses vêtements pendant qu’il dormait ; pour s’en débarrasser, il jeta de la viande aux chats, qui devinrent bientôt familiers, arrivèrent par centaines et le débarrassèrent en peu de temps de ses ennemis. Il apprivoisa de la même manière quelques chevreaux, qu’il habitua, ainsi que les chats, à danser au son de ses chants. Lorsque ses habits furent tombés en lambeaux, il se fit une casaque et un bonnet de peau de chèvre, dont il unit les différents morceaux au moyen d’effilés tirés de ses vieilles hardes qu’il découpait avec son couteau. Dés que cet instrument eut rendu tous les services qu’il pouvait rendre, Selkirk le remplaça, tant bien que mal, par des morceaux de cercles de tonneaux ramassés sur la grève et qu’il façonna avec des pierres. Comme il avait quelque peu de toile, il se fit des chemises et les cousit de la même manière que la casaque ; dans toutes les opérations de ce genre, un clou lui servait d’aiguille.

« Aux premiers instants de sa présence parmi nous, sa joie fut extrême ; mais dans la solitude il avait presque oublié sa langue et nous eûmes beaucoup de peine a le comprendre ; il ne prononçait les mots que de distance en distance et sans liaison. Au bout do trais jours, le souvenir des mots commença à lui revenir, et il nous avoua que, jusque-là, le silence qu’il avait souvent ob SELL

serve avait été tout à fait involontaire. Nous lui offrîmes un verre d’eau-de-vie ; mais n’ayant bu autre chose que de l’eau depuis son débarquement, il ne voulut pas y toucher ; il se passa de même assez de temps avant qu’il pût reprendre l’habitude de nos aliments ordinaires... »

Devenu contre-maître sur le navire de Rogers, Alexandre Selkirk revint en Angleterre en 1711. On a dit qu’il avait tenu un journal de ses actions et de ses pensées durant son séjour dans l’île, et que ce journal, communiqué par Selkirk à Daniel de Foë, avait été le canevas de Robinson Crusoë ; mais le récit qui précède’suffit pour faire voir que l’écrivain n’emprunta aux aventures du matelot abandonné que l’idée mère de son œuvre ; les détails n’ont aucun point de ressemblance. Un romancier français contemporain, X.-B. Saintine, suivant de plus près le récit du capitaine Rogers, a composé avec l’histoire" de Selkirk un roman remarquable : Seul ! (Paris, 1857, in-12) qui forme la contre-partie du Robinson Crusoë, cette épopée de l’individualisme. M. X.-B. Saintine développe une thèse entièrement opposé© à celle de Daniel de FoiJ ; il montre l’être humain, si bien doué qu’il soit sous le rapport de l’énergie et de l’intelligence, dégénérant peu à peu dans la solitude et tombant fatalement au rang de la bête, dont il est obligé de contracter les habitudes. Ce roman proclame la solidarité humaine et affirme la sociabilité comme caractère essentiel de l’homme, comme condition sine qua 7ion de tout progrès ; celui de Daniel de Fo8 exalte, au contraire, l’énergie individuelle qui ne compte que sur elle-méma et peut se passer du reste du monde. C’est une thèse virile ; mais, si eile est poétique, elle est peut-être moins morale que celle de X. Saintine.

SELLA (Quentin), homme d’État, savant et financier italien, né à Biella(Piéinont) vers 1827. Issu d’une riche fumille de manufacturiers, il accrut lui-même considérablement sa fortune par la fabrication des gros draps de Piémont. Après avoir reçu une éducation soignée, il fit des voyages scientifiques en Europe, apprit plusieurs langues et devint ingénieur des mines. Tout en s’adonnunt k l’étude des sciences sociales et économiques, il se fit remarquer comme un savant naturaliste et un chimiste habile. Entré dans la vie publique en 1860 seulement, il fut pendant quelque temps secrétaire de l’instruction publique sous le ministre de Sanctis et donna sa démission après la mort de M. de Cavour. En murs 1862, il fut appelé par M. Ratazzi au ministère des finances. Malgré sa jeunesse et deux années seulement de vie publique, il révéla dans ce poste difficile une véritable capacité. Aux Chambres, il traitait les questions d’industrie, de tarifs, de liberté industrielle, de machines, de finances, avec une intelligence et une lucidité remarquables. Après la retraite du cabinet Ratazzi (décembre 1862), M. Sella retourna à ses études scientifiques et présida en 1854 le congrès des naturalistes italiens réuni k Biella. À cette occasion, il offrit au congrès une carte géologique de l’arrondissement de Biella. En 1867, il devint de nouveau ministre des finances, mais conserva peu de temps son portefeuille, qui lui fut rendu lors de la formation du cabinet Lanza en 1870. M, Sella joua un rôle important dans ce ministère, qui profita habilement des événements pour faire de Rome la capitule réelle de l’Italie (20 septembre 1870). Nous avons dit ailleurs (v. Lanza) quelle tut la politique suivie par ce cabinet..M. Sella s’attacha k introduire de grandes économies dans les finances, à les améliorer et k tendre de plus en plus k amener un équilibre dans le budget. Dans ce but, il élabora un plan financier ayant pour objet d’annuler le déticitde730 millions que devaient présenter les années 1872, 1873, 1874, 1875 et 1870, en passant d’abord diverses conventions avec la banque, notamment pour lui emprunter 300 millions de papier à cours force, à raison de Ofr. 60 pour 100, pour la charger d’une conversion facultative de l’emprunt national de 1866 remboursable et d’autres dettes également remboursables ; en second lieu, en établissant do nouveaux impôts et en améliorant les anciens. Le 11 décembre 1871, l’habile ministre exposa k la Chambre ce plan, qui naturellement eut des approbateurs et des détracteurs. Les impôts qu’il fit voter sur la mouture (1871) et sur la richesse mobilière (1872) accrurent les ressources du trésor, mais lui suscitèrent de vives attaques de la part de la gauche. Le cabinet, s’etant trouvé en minorité vers la fin de juin 1873, donna sa démission, et, le 5 juillet suivant, M. Sella fut remplacé aux finances par M. Minghetti, président du nouveau ministère. Depuis lors, il a continué k prendre part aux principales discussions de la Chambre sur les matières financières. Qn doit au commandeur Quentin Sella divers écrits, dont l’un, Théorie et pratique de larègle à calcul, a été traduit en français (1862, in-12).

SELL AGE s. m, (sè-la-je — rad, sellier). Action ou manière de seller : Le sellage des chevaux.

SELLAIREadj. (sè-lè-re — rad. selle). Iiist. nat. Qui a la forme d’une selle.

SELLAS1E, en latin Sellasia, ville de la Grèce ancienne, dans là Laconie, au N. de Sparte, sur l’CEnus, Ce fut près de cette ville

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que se livra, l’an 222 av. J.-C, la bataille qui porte son nom et qui mit fin k l’indépendance grecque. L’armée de Sparte, commandée par le roi Cléoméne III, y fut détruite par les phalanges macédoniennes dirigées par le roi Antigone Doson.

SELLE s. f. (sè-le — latin sella, pour sedla, siège ; de sedere, s’asseoir, qui se rapporte à la racine sanscrite $ad, restée vivante dans toutes les langues indo-européennes, et d’où dérive partout le principal nom de la chaise : sanscrit sadas, sadusan, zend hadis, grec edos, edra, edranon ; latin sedes, sédile ; irlandais erse suidhe, erse seidhir, kyinrique sedd, gothique sitls, anglo-saxon setl, saetel ; Scandinave saeti, sess, ancien allemand sezal, lithuanien sedimas, ancien slave siedalo, siedanice, etc.). Petit siège de bois, sur lequel une seule personne peut s’asseoir : Selle de bois de chêne. Être assis sur une selle. Je suis persuadée que la plupart des maux viennent d’avoir le cul sur la selle. (Mme de Sév.) il Sens vieilli.

— Sorte de siège qu’on met sur le dos d’une bête de somme, pour la commodité de la personne qui monte dessus : Sëi.le pour homme. Selle pour femme. Selle rase. Selle à l’anglaise. Selle de postillon. Le siège, les arçons, te pommeau de la selle. Estimer les personnes pour les bient et les dignités, c’est juger d’un cheval par la bride et la selle.

(Charron.) Une selle d’or ne faitpas un bon cheval. (J. Janin.)

— Garde-robe : Cette médecine Va fait al~ 1er deux ou trois fois à la SELLE, (Acad.) I ! Gros excréments qu’on évacue : Des selles abondantes. Ce médicament lui a fait faire deux ou trois selles. Carder les selles d’un malade pour les faire voir au médecin. (Acad.)

£>ans le charmant réduit de tant d’aimables lieux. Moins faits pour les mortels qu’ils ne sont pour les dieux,

Qu’il est doux à loisir de pousser une selle !

Reonard.

Selle à piquer, Selle de manège dans laquelle les battes de devant et de derrière sont plus élevées au-dessus des arçons.

Cheval de selle ou simplement Selle, Cheval propro k être monté par un cavalier : Il a pris la meilleure selle de la poste. Il a acheté un beau cheval de selle.

Selle à tous chevaux, Selle faite de telle façon qu’on la peut faire servir pour des chevaux de toute taille, il Fig. Ressource banale, employée dans des CftS très-divers : Il n’a fait aucun discours où il n’ait employé ce lieu commun ; c’est une selle k tous chevaux. (Acad.)

Être bien en selle, Être bien posé, bien assis à cheval. Il Fig. Être bien affermi dans son poste, dans son emploi, dans sa place : Ce ministre a été longtemps menacé de perdre sa place ; aujourd’hui îÏeSt bien en selle. (Acad.)

Se remettre en selle, Remonter k cheval. Il Fig. Se rétablir dans ses affaires : Alazzini,

se trouvant dépassé, compromis aux yeux du peuple, songea à se remettre en selle. (Proudh.)

Courir à toutes selles, Courir la poste sans a, voir une selle k soi, et en se servant indifféremment des selles que fournissait l’administration. Il Courir une ou deux selles, Courir une ou deux postes.

— Loc. pop. Demeurer entre deux selles le cul à terre, N’obtenir aucune des deux choses opposées auxquelles on prétendait.

— Ane. coût. Porter la selle, Subir une punition infamante, qui consistait k porter une selle d’un lieu k l’autre.

— Mar. Escabeau sur lequel s’assied le calfat, et qui-contient ses outils, il Garniture de bois placée en avant des chouquets des bas mâts, pour recevoir les balancines des basses vergues.

— Art culin. Selle de mouton, d’agneau, Morceau de mouton ou d’agneau s’étendant de la première côte aux gigots.

— Anat. Enfoncement de la partie supérieure du corps du sphénoïde.

— Métall. Espèce de scorie qui se forme au-dessus du minerai, k mesure qu’il entre en fusion.

— Techn. Sorte de banc de bois ayant ordinairement l mètre de longueur et 0’n,32 de largeur, sur lequel le parcheminier étend les peaux quand il les ponce. Il Planche inclinée sur laquelle on entasse les feuilles de papier quand elles ont été soumises k la presse. Il Banc sur lequel on coupe les planches de terre pour en faire des carreaux, il Etabli de charron, de sculpteur, de tonnelier, il Masse de bois portée sur trois pieds, sur laquelle l’ouvrier place le moyeu d’une roue pour le travailler. Il Bateau de selle, Se dit de bateaux immobiles qui servent aux blanchisseuses.

— Icluhyol. Nom vulgaire d’un poisson du genre amphiprion.

— Moli. Selle polonaise, Nom vulgaire de l’anomie commune.

— Encycl. Equitation. Quelquefois les Grecs montaient sans selle, sur le cheval nu, "rai çrtou ïitKou, comme Je dit Xénophon dans son traité Sur Vequitation ; plus ordinairement ils se servaient de l&selle qu’ils appelaient éphippion. Ce mot passa k Rome ; mais on a cru généralement que le mot latin ephippium ne désignait qu’une simple housse, et que & selle ne fut pas en usage chez les Romains avant

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le ive siècle de notre ère. CependanfrGinzrot, dans sa remarquable Histoire des voitures, a montré, par l’usage général des Égyptiens et des nations orientales, ainsi que par des peintures conservées sur les murailles des maisons à Herculanum, que le mot ephippium ne signifiait pas une simple couverture ; qu’il fallait y voir réellement une selle en bois, garnie de matières molles et élastiques, revêtue d’un morceau de drap et liée sur la croupe du cheval par une ceinture allant passer sons le ventre de la bête. Plusieurs passages de Jules César et d’autres écrivains s’expliquent mieux en suivant l’opinion de Ginzrot qu’en conservant l’opinion contre laquelle il s’est élevé. Si nous prenons, par exemple, le vers suivant d’Horace :

Optai ephippia bos, piger optât arare caballus...

On le traduit ordinairement ainsi : « Le bœuf ambitionne le harnais, le cheval indolent voudrait labourer. » L’intention du poëte cbt de montrer que chacun envie le sort d’autrui, et cette intention serait mieux marquée si l’on disait du bœuf qu’il veut jouer le rôle du cheval, en portant l’homme sur son dos, si l’on traduisait, par conséquent : « Le bœuf ambitionne la selle. *

Chaque côté de Vephippium romain était garni de housses pendantes, qui couvraient les flancs du cheval. Il n’y avait pas d’étriers, et les chevaux, surtout en Espagne, étaient habitués kse mettre k genoux, sur un mot de commandement, quand leurs cavaliers voulaient les monter. Une lampe trouvée k Herculanum représente un cheval dans cette position. Une médaille de Q. Labienus porte au revers un cheval avec la selle et les housses pendantes de chaque côté. Vers le temps de Théodose, le mot ephippium fut remplacé par le mot sella, et mieux encore pax l’expression plus significative de sella equestris. « Le mot selle est très-ancien dans notre langue ; on le trouve dans Pierre de Blois, auteur du xne siècle.

L’usage des selles ne se répandit pas chez nous avant la deuxième race ; les Arabes nous en apprirent l’emploi.

La selle d’armes du moyen âge ne se distinguait guère de la selle arabe. Elle était ac ; compagnée des fiançais, de a.cervicale, du ^irel qui enveloppait le cheval bardé ; elle était khauttroussequin et k sautoir. Ses battes formaient une sorte de demi-bouclier, en dehors duquel le guerrier appuyait sa lance quand il la couchait. La batte était donc un arrêt de lance que remplaça le faucre. On suspendait la masse d’armes à la selle, k l’aide d’une chaîne. Jusqu’en 1630, lagrosse cavalerie conserva ces sortes de selles, munies de bardes un peu moins lourdes. Depuis, on a adopté pour la cavalerie une selle dite française, ou dé manège, propre k porter le paquetage, les fontes, des outils. Quand les Hongrois apportèrent en Fiance lu selle k la hussarde, ce harnachement demi-barbare fut admis, malgré le peu d’estime que lui témoignaient les écuyers classiques. La grande ditlérence entre la selle française et la selle hongroise consistait dans les lames au lieu d’arçons, la palette au lieu de battes, la cuiller k pot au lieu de troussequin, la couverte au lieu de panneaux, la schauraque au lieu de siège, l’étrier k l’orientale au lieu d’être k grille, le manteau cachant les fontes au lieu d’être en arrière. Quand les hussards se multiplièrent, la selle hongroise devint une fureur. Les cavaliers qui formaient alors la garde impériale (1S06) en modifièrent les formes en substituant des panneaux k l’incommode couverte dont eile était pourvue. En 1810, le duc de Feltre fit faire des essais, des modèles, des travaux en vue d’uniformiser l’usage des selles et d’arrêter les dépenses croissantes occasionnées par les selles hongroises ; mais rien ne fut résolu jusqu’en 1835. À cette époque, un nouveau genre de selle prit faveur. Il était sans panneaux, sans coussinet et le prolongement des lames soutenait le portemanteau. Aujourd’hui, les différences entre les selles de hussard et celles des autres corps de cavalerie sont assez peu sensibles. La selle employée en dehors de l’armée a toujours eu les plus grands rapports avec la selle militaire ; c’est pourquoi nous avous esquissé l’histoire de cette dernière.

— Techn. La charpente de la selle se compose de deux arçons ou pièces de bois arquées, qui correspondent l’une au garrot du cheval, l’autre aux lombes, et qui Sont liées ensemble par deux planchettes appelées bandes, dans l’intervalle desquelles se loge la colonne vertébrale. Sous les arçons et les bandes est fixé un coussin appelé panneau, qui protège le cheval contre les blessures que pourrait occasionner le bois de la selle. Un siège de cuir destiné au cavalier repose sur le faux siège, morceau de forte toile matelassée qui est fixé sur la charpente. Aux bandes sont clouées deux pièces de cuir appelées quartiers ; ils servent k mettre les panneaux k l’abri de la pluie et k séparer les jambes du cavalier de la peau de sa monture ; ces bandes portent, en outre, accrochées k deux anses de fer, les étrivièies, courroies auxquelles sont suspendus les étriers. La selle est maintenue sur le cheval k l’aide de sangles, d’une croupière et d’un poitrail. On joint quelquefois le poitrail aux sangles au moyen d une courroie qui reçoit le nom de martingale quand elle se prolonge jusqu’à la bride ; cette