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seléné, lune, par opposition avec le tellure qu’on avait précédemment découvert, et dont le nom rappelle celui de la terre comme sélénium celui de la lune). Chim. Métalloïde solide, friable, qui a beaucoup d’analogie avec le soufre.

— Encycl. Le sélénium est un corps du groupe ries métalloïdes, découvert en 1817 par Berzélius dans des sédiments de chambre de plomb. Il est solide, d’un brun rouge à éclat métallique ; sa densité est égale à 4,3. Il brûle difficilement, donne dans cette combustion une petite flamme bleue, et répand une odeur fétide caractéristique. Il fond à 217» et bout à 700». Chauffé à 100», il se ramollit et reste mou pendant quelque temps, si on le laisse refroidir. Réduit en poudre, il est d’un rouge cinabre. Il est insoluble dans l’eau et se dissout dans l’acide sulfurique en colorant la liqueur en vert. L’acide azotique et l’eau régale le dissolvent facilement en donnant de l’acide sélénieux. Soumis à un courant de chlore, il se transforme en chlorure de sélénium liquide ; si le chlore est en excès, il y a production de chlorure de sélénium solide.

Leseïcm’um existe sous deux modifications, l’une vitreuse, l’autre métallique. Sous ces deux états, il présente des propriétés physiques très-distinctes, et le passage de l’un à l’autre est accompagné de phénomènes très ; curieux. Du sélénium fondu jusqu’à l’état de liquidité et versé dans une rigole de laiton où dans un tube de verre se solidifie sous forme d’une masse noire, à surface brillante, dont la cassure ressemble complètement à celle d’un verre noir ou de l’obsidienne, mais ne présentant nullement l’aspect métallique. Cette masse vitreuse offre par transparence une couleur d’un rouge rubis. Mais si ce sélénium vitreux est chauffé de manière que sa température s’élève très - lentement, au moment où le thermomètre indique de 96° à 97», la température s’élève tout d’un coup avec une grande rapidité, et, en peu de minutes, elle dépasse 200<> et 300°. On s’aperçoit alors que l’état physique de la masse a complètement changé. Sa surface est d’une couleur gris bleuâtre et présente un aspect franchement métallique. La cassure ressemble à celle de la fonte grise.

Le sélénium dégagé au pôle positif durant l’électrolyse de l’acide sélénhydrique esj soluble dans le sulfure de carbone. Au contraire, le sélénium dégagé au pôle négatif durant l’électrolyse de l’acide sélénieux est en grande partie insoluble dans le sulfure de carbone, et la partie dissoute tout d’abord y devient entièrement insoluble parle seul fait de l’évaporation, à peu près comme le soufre des hyposulfites. Ces faits conduisent à admettre deux variétés de sélénium, l’une électro-négative, l’autre électro-positive. (Berthelot.)

Le sélénium est très-peu répandu dans la nature. On le rencontre à l’état de combinaison avec différents métaux, principalement avec l’argent, le plomb, le mercure, le cuivre. On l’extrait des séléniures naturels, et principalement des minerais sélénifères du Harz, au moyen du procédé suivant : le minerai pulvérisé est traité par l’acide chlorhydrique, qui enlève le carbonate terreux. Le résidu lavé et séché est mêlé avec son poids de flux noir et calciné au rouge pendant une heure. Il se forme du séléniure de potasse, que l’on sépare par l’eau bouillante ; le résidu insoluble est formé par des métaux. La dissolution de séléniure est abandonnée au contact de l’air, où elle s’oxyde peu à peu ; il se forme de la potasse, et le sélénium se réunit en une masse grise, qui est lavée, desséchée et distillée.

Le sélénium se combine avec presque tous les métalloïdes et avec beaucoup de métaux.

SÉLÉNIURE s. m. (sé-lé-ni-u-re — rad. sélénium). Chim. Combinaison d’un métal ou d’un radical positif avec le sélénium.

— Encycl. Le sélénium est un corps de la famille du soufre, qui a été découvert par Berzélius. Comme son congénère, il est diatomique et peut former une combinaison hydrogénée, l’acide sélénhydrique H2Se, analogue k l’acide sulfhydrique HSS. L’hydrogène de l’acide sélénhydrique peut être remplacé en totalité par deux radicaux monoatomiques ou par un radical diatomique. Il en résulte des séléniures M'^Se ou M"Se analogues aux sulfures M'2S et MS. On peut aussi ne remplacer par un métal ou par un radical quelconque que la moitié de 1 hydrogène de 1 acide sélénhydrique : de là des sélénhydrates M’HSe analogues aux sulfhydrates MHS.

Les séléniures métalliques peuvent être obtenus à l’état sec : 1° En fondant directement un métal avec du sélénium ; la combinaison s’accompagne alors d’un dégagement de chaleur et de lumière, moins vif cependant que celui qui a lieu lorsqu’on fond le même métal avec du soufi’e ; on peut aussi chauffer le métal dans la vapeur de sélénium ; 2° en précipitant les solutions salines de la plupart des métaux lourds par l’acide sélénhydrique ou par la solution aqueuse d’un séléniure alcalin : il faut ensuite dessécher en le chauffant le séléniure hydraté ainsi produit ; 3° en chauffant le sélénium avec les oxydes ou les carbonates métalliques ; toutefois, une partie du sélénium se transforme alors en acide sélénieux, qui se combine avec une portion indécomposée de la base, et l’on obtient un

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mélange de séléniure et de sélénite ; 4° en chauffant les sélénites ou les séléniates avec du charbon, ou mieux dans un courant d’hydrogène.

Les séléniures alcalins ont une couleur rouge et même une couleur rouge foncé s’ils renferment un excès de sélénium. Leur odeur et leur saveur sont hépatiques comme celles des sulfures correspondants. Leurs solutions aqueuses, que l’on prépare en faisant passer un excès d’acide sélénhydrique à travers ta solution d’un hydrate alcalin et en ajoutant ensuite à la liqueur une quantité d’alcali égale à celle qu elle renferme déjà, sont incolores lorsque les séléniures sont purs, mais rougissent peu à peu au contact de l’air par suite de la mise en liberté d’une certaine quantité de sélénium qui reste dissous. Lorsqu’on les expose à l’air pendant longtemps, ils finissent par donner un dépôt de sélénium cristallisé. Si l’-on n’a pas soin d’ajouter à la solution alcaline saturée d’acide sélénhydrique une quantité nouvelle d’alcali, on obtient, au Heu d’un séléniure, un sélénhydrate alcalin.

Les séléniures alcalino-terreux ont une couleur de chair ; ils sont insolubles dans l’eau pure, mais solubles dans l’acide sélénhydrique aqueux. Par leurs autres caractères, ils ressemblent aux séléniures alcalins. Les séléniures des métaux terreux, du manganèse et du zinc ont aussi une couleur de chair et sont insolubles dans l’eau. Les autres séléniures sont pour la plupart d’une couleur foncée et possèdent l’éclat métallique ; généralement, ils sont plus fusibles que les métaux qu’ils renferment. Chauffés au rouge dans un courant d’air, ils perdent leur sélénium, qui brûle avec une flamme bleuâtre et avec une odeur de raifort. Le sélénium est cependant plus difficile à éliminer que le soufre par le grillage. Les séléniures sont moins solubles dans l’acide azotique que les métaux purs ; le séléniure de mercure y est presque insoluble. Sous l’influence de la chaleur, le chlore transforme les séléniures métalliques en chlorure métallique et chlorure de sélénium. Chauffés dans l’acide chlorhydrique gazeux, les séléniures donnent un courant d’acide sélénhydrique et un chlorure métallique.

Plusieurs séléniures métalliques se rencontrent dans la nature, soit comme des minéraux rares, soit comme des impuretés*"dans les sulfures. Le séléniure de cuivre forme la berzélianite à Skrikerum, en Suède, et près de Lehrbach, dans le Harz ; le séléniure de plomb et le séléniure double de plomb et de cuivre forment la clausthalite, que l’on rencontre k Clausthal, à Tilkerode, à Lehrbach et dans d’autres localités du Harz ; le séléniure de plomb et de mercure forme la lehrbachite que l’on rencontre à Lehrbach ; le séléniure d’argent constitue la naumannite de Tilkerode ; enfin, le séléniure d’argent et de cuivre forme l’eucairite de Skrikerum.

La plupart des séléniures dégagent, sous l’influence de l’acide chlorhydrique, du gaz acide sélénhydrique qui possède l’odeur de chou pourri. Ils sont attaqués par l’acide azotique et par l’eau régale ; ces réactifs les transforment en acide sélénieux, dont on peut ensuite précipiter le sélénium, sous la forme d’une poudre rouge, au moyen d’un courant d’anhydride sulfureux.

L’azotate de potasse les fait passer au rouge k l’état de séléniate de potasse, qui donne avec la baryte un précipité insoluble dans l’acide chlorhydrique et qui ne précipite pas les sels solubles de strontiane.

Enfin, les séléniures solubles précipitent la plupart des métaux de leur dissolution, et surtout les sels do cadmium, avec lesquels ils donnent un précipité rouge semblable à celui que l’acide sulfhydrique fait naître dans les solutions des sels d’antimoine.

Les séléniures et les sélénhydrates des radicaux alcooliques (mercaptans séléniés) sont des liquides volatils et fétides, qui ressemblent aux composés sulfurés correspondants. Jusqu’ici on n’a obtenu que les composés méthylique et éthylique de cet ordre. On les obtient en distillant les sulfovinates ou lesméthylsulfates avec du sélénhydrate de potasse ou avec du séléniure de potassium. Les sélénhydrates ont été peu étudiés ; mais les séléniures alcooliques jouent le rôle de radicaux composés diatomiques. Ils peuvent s’unir directement soit k deux atomes de chlore, de brome ou d’iode, soit à un atome d’oxygène. Leurs oxydes font la double décomposition avec les acides et fournissent des sels bien définis. Les bibromure et le bichlorure de sélénéthyle démontrent la tétratomicité du sélénium, déjà démontrée du reste par l’existence d’un tétrachlorure de ce métalloïde SeCl*.

SÉLÉNOCENTRIQUE adj. (sé-lé-no-santri-ke — du gr. seléné, lune, et de centre). Astron, Qui a rapport au centre de la lune.

SÉLÉNOCÉPHALË s*, m. (sé-lé-no-sé-fa-le — dugr. seléné, lune ; kephalê, tête). Entom. Genre d’insectes hémiptères hétéroptères, de la tribu des cercopides, dont l’espèce type habite la France : Les sélénocéphales se reconnaissent surtout à leur tête courte et large, affectant la forme d’un croissant. (Blanchard.)

SÉLÉNODÈRE s. m. (sé-lé-no-dè-re — du grec seléné, lune ; derê, cou). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des clavicornes, tribu des nitidulaires,

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comprenant deux espèces qui habitent la Gu3'âne.

SÉLÉNODON s. m. (sé-lé-no-don — du gr. seléné, lune ; odom, dent). Mamm. V. solénodon.

— Entom, Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des serricornes, section des malacodermes, tribu des cébrionites, dont l’espèce type vit aux États-Unis,

SÉLÉNOGRAPHE s. m. (sé-lé-no-gra-fedu gr. seléné, lune ; graphe, je décris). Auteur d’une séténographie.

SÉLÉNOGRAPHIE s. f. (sé-lé-no-gra-fidu gr. seléné, lune ; graphe, je décris). Description de la lune.

— Encycl. Nous renvoyons au mot lunb jjour l’étude des mouvements et des dimendions de notre satellite. Nous avons ici k décrire la surface de cet astre comme si nous pouvions la parcourir et la toucher, ainsi que font les géographes à l’égard de la surface de la terre.

Taches. Il n’est pas besoin de télescope pour reconnaître que la surface de la lune présente, enchevêtréesles unes dans les autres, des régions très-blanches et brillamment éclairées et d’autres un peu foncées, que le voisinage des premières fait, par contraste, paraître grises et sombres. Ces dernières, qui occupent environ les 3/10 de la surface de l’astre, ont été appelées taches. Une de ces taches, k laquelle, avec un peu d’imagination, on a trouvé de la ressemblance avec un corps humain, jouissait, chez nos pères, de la maudite réputation de représenter Judas Iscariote, enfermé là, comme au bagne, pour expier son crime.

Les taches occupent surtout la moitié boréale du disque lunaire ; le contour de l’astre et les régions australes sont généralement blancs et lumineux.

Les anciens astronomes, prenant les grandes taches pour des mers et les petites pour des lacs et des marais, leur donnèrent des noms qu’on dirait avoir été inventés par un montreur de lanterne magique. Le principal auteur de ces noms est pourtant Hévélius. Il créa ainsi les mers de la Fécondité, de la Sérénité, des Humeurs, de la Tranquillité ; les lacs des Songes, de la Mort ; le marais des Brouillards, celui de la Putréfaction, etc., etc.

Précisons l’emplacement de quelques-unes de ces taches. Si l’on regarde la lune k l’aide d’une lunette astronomique, et si l’on n’oublie pas que l’image grossie est alors l’inverse de la figure réelle, voici les principales taches qui se remarquent : près du bord occidental, la mer des Crises ; entre celle-ci et le centre du disque, la mer de la Tranquillité, qui projette à l’ouest deux appendices, dont le plus occidental, qui est le plus grand, forme la mer de la Fécondité ; l’autre est la mer du Nectar. Si, maintenant, de la merde la Tranquillité on remonte vers le nord, on trouve la mer de la Sérénité, dont un prolongement vers le centre forme la mer des Vapeurs. Tout k fait au nord, on voit la vaste mer des Pluies, de forme ronde ; à l’est, l’océan des Tempêtes ; au sud, la mer des Humeurs et la mer des Nuées. Il y a encore plusieurs autres petites mers : la mer Australe, la mer de Humboldt, la mer du Froid, etc.

C’est entre la mer de la Sérénité et la mer du Froid qu’on rencontre le lac des Songes et le lac de la Mort.

Les marais de la Putréfaction et des Brouillards occupent la partie occidentale de la mer des Pluies, dont la rive septentrionale forme un golfe arrondi connu sous le nom de golfe des Iris ou des Arcs-en-ciel. Le golfe de la Rosée est le prolongement vers l’extrême nord-ouest de l’océan des Tempêtes. Citons encore le marais du Sommeil, à l’ouest de la mer de la Tranquillité ; le golfe du Centre, qui est le prolongement méridional de la mer des Vapeurs ; enfin, le golfe des Marais, qui s’avance jusque sur le bord méridional de la mer des Pluies.

Toutes ces mers, nous l’avons dit ailleurs, n’ont pas d’eau. Si les régions grises, qu’on a décorées de ce nom, étaient couvertes d’eau, elles devraient, sur les bords du disque, manifester une forte polarisation, car elles transmettraient de la lumière réfractée. Or, dans la pleine lune, aucune trace notable de polarisation par réfraction n’est perceptible sur les bords de l’astre.

Montagnes. Au premier aspect, les cartes détaillées de la lune donnent de cet astre l’idée d’un gros morceau de coke, qui, de loin, brille au grand soleil, avec ses aspérités, ses rides, ses crevasses, ses rugosités, etc. C’est que la lune est, par excellence, l’astre des montagnes ; les 7/10 de sa superficie en sont couverts. S’il était possible qu’il y eût des montagnes sans vallées, ce serait dans la lune. Au surplus, les vallées n’y sont guère que des cavernes, des puits et des crevasses. La surface de la lune, dit M. Liais, est couverte de montagnes élevées. Dans les éclipses de soleil, on voit souvent en projection le profil de ces montagnes, pourvu qu’où fasse usage d’une lunette d’un grossissement suffisant. Dans la partie ombrée de la lune, près de la limite de l’ombre et de la lumière, se montrent fréquemment des points lumineux isolés ; ces points ne sont autres que les sommets éclairés de montagnes dont la hase est encore dans l’obscurité.

MM. Béer et Maedler ont, d’après la Ion SELE

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gueur des ombres, calculé la hauteur de 1,095 montagnes lunaires. Ils en ont trouvé 6 au-dessus de 5,800 mètres et 22 au-dessus de 4,800 mètres, hauteur du mont Blanc. La plus grande hauteur qu’ils aient déterminée est celle du mont Doerfel, qui a 7,600 mètres de hauteur.

Les montagnes lunaires sont souvent alignées en forme de chaînes comme celles de la terre. Toutefois, la plupart d’entre elles affectent une forme circulaire ou de cratère, quoiqu’il ne soit pas prouvé avec certitude qu’il y ait des volcans dans la lune. Cependant, W. Herschel croit en avoir aperçu trois en ignition le 19 avril 17S7. D’autres apparences, vues par divers observateurs, seraient aussi attribuables k des volcans ; mais elles peuvent également recevoir d’autres explications, comme nous le verrons tout à l’heure.

Les cavités circulaires qui s’observent au sommet de presque toutes les montagnes de la lune ont reçu les noms de cratères ou volcans, et celui de cirques si elles atteignent une grande dimension. Les montagnes isolées, de forme pyramidale ou conique, sont des pics ou pitons.

Nous n’avons pas besoin de dire que les taches ou mers sont dépourvues de montagnes ; celles-ci abondent et surabondent dans les régions brillantes, notamment dans la partie australe. Citons-en quelques-unes :

Tycho, au sud de la mer des Nuées, dans la partie australe ; Copernic, Aristarque, Kepler, vers le nord-ouest ; Ptolémée, Albaténius, Arzachel, au centre ; Platon, sur la rive septentrionale de la mer des Pluies ; Endyfnion, grand cirque à fond très-sombre, entre la mer de Humboldt et le lac de la Mort ; Grimaldi, sur les rives de l’océan des Tempêtes, etc., etc.

Quelques cirques des montagnes lunaires ont des dimensions considérables : Shickardt a un diamètre de 64 lieues et, par suite, une enceinte dont le développement est de 200 lieues ; c’est la 760e partie de la superficie totale de la lune et la ne QU sol de notre France. Les autres cirques lunaires ont des diamètres moindres, depuis 57 lieues jusqu’à 20.

Les diamètres des cratères ne dépassent généralement pas 10 lieues.

Nous avons mentionné l’existence de chaînes de montagnes sur la lune. Les principales sont : les Apennins, qui s’étendent au sud de la mer des Pluies sur une longueur de 185 lieues ; les monts Karpathes, qui en sont le prolongement ; les monts Caucase et les Alpes, qui limitent k l’ouest et au nord-ouest la mer des Pluies ; les monts Taurus et l’Hémus, qui bordent la mer de la Sérénité ; les Pyrénées et les monts Altaï, qui enveloppent la mer de Nectar. Citons encore les monts Ourals, Ryphées, les Cordillères, les monts d’Alembert, les monts Rook, etc.

Ce qui caractérise la configuration des montagnes lunaires comparées à celles de la terre, c’est que, tandis que les chaînes terrestres s’étendent le plus souvent en ligne droite ou parallèlement à un grand cercle de la sphère, formant une série de systèmes qui se coupent sous divers angles et dont chacun correspond à une époque particulière de soulèvement, les montagnes de la lune sont toutes, ou presque toutes, développées en arcs de cercle, depuis les plus petits cratères et les cirques jusqu’aux grandes circonvallations qui entourent les plaines.

Rainures. À l’époque de la pleine lune, dit M. A. Guillemin, on aperçoit dans quelques régions du disque de longs sillons blanchâtres, ordinairement rectilignes ou du moins n’offrant que de légères courbures, et la plupart si étroits, qu’il faut une grande attention, de forts grossissements optiques et des circonstances atmosphériques très-favorables pour les distinguer de tous les autres accidents du sol lunaire. Pendant les phases, ces sillons apparaissent comme des lignes noires : ce sont les rainures. Les dimensions de ces sillons varient, en longueur, de 5 à 72 lieues, et, en largeur, de 500 mètres à 3,000 mètres. Dans toute l’étendue de leur cours, cette largeur varie très-peu, et, quand elle augmente, ce n’est jamais k l’une ou k l’autre de leurs extrémités, mais dans un point intermédiaire.

La plupart des rainures se montrent isolées, tantôt courant au milieu des plaines, tantôt passant à côté des cratères et même traversant leurs enceintes. Plusieurs sont limitées par des montagnes, mais il en est qui se terminent sans que rien indique un obstacle à leur prolongement. Elles se rencontrent dans toutes les régions du sol de la lune, dans les pays de montagnes comme dans les plaines, et si elles sont plus nombreuses vers le centre du disque, cela provient sans douw de la facilité plus grande qu’on a d’apercé > voir des objets aussi délicats quand ils &S montrent de face, sans être dissimulés par l’obliquité des rayons visuels.

En plusieurs points, les rainures apparaissent par groupes parallèles ; d’autres, plus rares, s’entre-croisent ou s’unissent comme des veines ; la forme rectiligne est la plus générale. La profondeur des rainures est considérable ; elle atteint souvent de 400 à 500 mètres.

Schrœter est le premier qui ait signalé (1788) l’existence des rainures sur la surface