Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 1, S-Scip.djvu/9

Cette page n’a pas encore été corrigée

SABA

Salomon ; qu’elle l’envoya alors à Jérusalem, pour y être élevé auprès de lui ; qu’il y passa plusieurs années ; qu à fut oint et sacré dans le temple ; qu’en mémoire de son aïeul, il prit le nom de David ; qu’étant de retour et parvenu k lu couronne, il introduisit la religion ’ des Juifs dans ses États, et que c’est de là que sont venuestant de cérémonies juives qui se conservent encore parmi les Abyssins ou Ethiopiens. Mais presque tous les plus habites interprètes veulent que cette reine ait demeuré particulièrement dans cette partie de l’Arabie Heureuse connue sous le nom d’Yémen. Saint Justin, saint Cyprien, saint Cyrille d’Alexandrie, enfin le plus grand nombre des Pères et des interprètes décident qu’elle était véritablement Arabe. Philostorge en parle de même, et le géographe de Nubie place en Arabie la ville de Saba et dit que Balkis, femme de Salomon, était de ce lieu Ik. Ces sentiments, en apparence si opposés, sont aisés a concilier dès que l’on conviendra que ces peuples ont été unis et n’ont eu qu’un même maître ; ils ont porté le même nom, ils ont eu la même origine, puisque les Abyssins sont sortis de la terre de Chain et du pays des Sabéens. C’est ce que, de l’avis de Moréri, l’abbé Le Grand prouve un peu plus au long dans la Dissertation sur ta reine de Saba, qui est la septième des dissertations qu’il a jointes à la Relation historique d’Abyssinie par le Père Jérôme Lobo, jésuite, pages 266 et suivantes.

Pour terminer, une simple réflexion de Voltaire. Il cite d’abord le passage de la Bible (ch. x, v. I). « La reine de Saba ayant entendu parler de Salomon vint le tenter par des énigmes. » — ■ La reine de Saba donna au roi Salomon six vingts talents d’or, une quantité très-grande d’aromates et de pierres précieuses. On n’a jamais apporté depuis ce temps tant de parfums k Jérusalem... » Et le commentateur ajoute : « La reine de Saba, qui vient proposer des énigmes à Salomon et qui lui fait un petit présent dé la,800,000 livres de France, ou de 4,200,000 écus d’Allemagne, est une bien autre dame que l’impératrice de Russie. Salomon, qui était fort galant, dut lui faire des présents qui valaient au moins le double. La dîme de tout cet argent appartient aux prêtres. Un cherche ce royaume de Saba ; il était sans doute dans le pays d’Utopie. >

Suim (la reine de), opéra en quatre actes, paroles de MAI. Michel Carré et Jules Barbier, musique de M, Charles Gounod ; représenté a l’Opéra le 28 février 1862. C’est Gérard de Nerval qui a fourni aux auteurs lu donnée de ce poème assez bizarre. La reine de Saba, appelée Balkis, vient visiter Soliman au milieu des travaux d’art gigantesques qu’il fait exécuter. L’ouvrier ctiurgè de leur direction s’appelle Adoniram. Enivré d’orgueil, il brave le roi lui-même et inspire k Balkis un uinour passionné.

A cent mille ouvriers, dont la voix le proclame,

Adoniram dicte sa loi ; Jaillisse une étincelle, et Sioii est en flamme. Qui de vous osera porter la main sur moiï

Soliman a beau presser son hymen avec Balkis, celle-ci conspire sa perte avec Adoniram et s’enfuit avec cet artisan. La uernière scène se passe dans le ravin de Clédron. Adoniram est assassine- par trois de ses ouvriers dont il a repoussé tes réclamations de salaire, et Balkis attribue ce meurtre k la vengeance de Soliman. Quelle a pu êire l’intention des auteurs en produisant sur la scène une fable aussi absurde ? Si leurs personnages sont des mythes co.i.medans le Wilhelm Meister de Gœihe, ils n’ont pas su en accuser assez fortement les rôles. Soliman (Salomon) a été transformé par eux en une espèce de Cassundre aussi niais que crédule. La reine de Saba n’est plus cette figure mystérieuse que nous trouvons dans la Bible ; c’est une créature qui ne se dislingue que par sa bassesse et par sa fourberie. Un tel sujet répugne k notre première scène lyrique. La partition de M. Gounod renferme assurément des beautés ; mais le système y prédomine et trop souvent y tient lieu d’inspiration. On n’a guère applaudi qu’un chœur dialogué entre des Juives et des Sabéeimes, encadre dans un magnifique décor représentant un bois de cèdres- L’ouvrage a été chanté par Gueyinard, Belval et Mme Gueymard.

Sab* (LA REINE DE) visitant Salomon, tableau de Paul Vèronèse ; au musée de Turin. La reine de Saba, richement parée, est âgenouillée au pied du troue du puissant monarque des Juifs, entre deux suivantes dont rune, déjà vieille, semble lui parler, tandis que l’autre, jeune et gracieuse, portant sous le bras un vase d’or, s’occupe a retrousser sa robe de brocart blanc à fleurs d’or et regarde un nain qui conduit un chien et une petite négrillonne qui apporte deux perruches sur un plateau d’or, présents destinés à Salomon. Deux esclaves demi-nus, l’un debout, l’autre k genoux, portant chacun un coffret, précèdent la reine. Derrière celle-ci se presse une nombreuse escorte au-dessus de laquelle émergent la tête d’un cheval et la tête d’un chameau. Le jeune roi Salomon est placé à gauche sur un trône élevé, au milieu de ses conseillers ; toute cette partie du tableau est dans l’ombre et n’offre guère d’intérêt. La plus belle architecture grecque forme le fond du tableau ; une arcade s’ouvre entre de superbes colonnes, sur un parc

SABA

où l’on aperçoit un attelage de chameaux. Paul Vèronèse a traité ce même sujft dans un tableau qui se voit au palais Bragadino, a Asolo ; il y a quelques différences dans le nombre et la position des personnages, mais le talent du peintre reste le même.

Une peinture de Raphaël, dans les Loges du Vatican, représente la Heine de Saba rendant hommage au plus sage des rois et lui apportant des présents. Salomon, entouré de ses ministres et de ses officiers, se lève de son trône pour aller au-devant de la visiteuse. Cette composition a été gravée par S. Badalocchio, O. Borgiani, Franceseo Villamena, Nie. Chaperon, Fantetti, Volpato, Montagnani, C. Lasinio, de Meuiemeester (gravure coloriée, Salon de 1835), C.-L. Benoist, P.-P. Tardieu, etc.

Des tableaux sur le même sujet ont été peints par P. Marescalco, dit le Spada (musée de Dresde), Léonard Brauwer (musée de Dresde), Louis de Boullongne (autrefois au château de Meudon), Schopin (gravé par L.-A. Gautier, Salon rie 18G1), J.-J. Meynier (Salon de 1S64), le Tintoret (vente Pereire, 1872), P. de Troy (gravé par Cl. Gallimard), W. Crabeth (vitrail de la grande église de Gouda) ; etc. Des gravures ont été exécutées parW. Hollar (d’après Paul Vèronèse et d’à-" près H. Holbein), par Gérard de Lniresse, par Ch. Barbant (d’après Gustave Doré), etc. Un tableau de Claude Lorrain, qui est à la National Gallery de Londres, représente Vl’hnbarquement de la reine de Saba. V. embarquement (t. VII, p. 409).

SARACTHANI, corruption de l’hébreu azabtani, vous m’avez abandonné ; c’est le cri du Christ mourant sur la croix :Eli, Eli, tamma sabaclkani ? Mua Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?

SABADELL, ville d’Espagne, province etk 20 kilom, N. de Barcelone, sur la rive droite du Ripollet ; 4,800 hab. Fabrication da draps, lainages, tissus de coton, papier, huile.

SABADILLE s. f. (sa-ba-di-lle ; Il mil.). Nom ofrioiiial de la cévadille. V. ce mot.

SABADILLINB s. f. (sa-ba-di-li-ne). Chim. Alcaloïde que l’on retire des graines de cévadille.

— Ençycl. La sabadiffiue est un alcaloïde que l’on rencontre dans les graines de cevutlille. Pour l’extraite, on débarrasse ces graines de leurs capsules et on les fait bou. Ilir avec de l’acide sulfurique très-étondu. On ajoute ensuite à la liqueur trois fois son volume d’alcool pour précipiter des substances mucilagineuses. Aptes l’évaporation de l’alcool, on précipite la solution bouillante par l’ammoniaque et l’on obtient ainsi une masse résineuse qui renferme de la vératrine ; on puritie cette dernière en la dissolvant dans l’éther, évaporant, redissolvant le résidu dans l’alcool et reprécipitant la liqueur par l’eau.

La liqueur ammoniacale, séparée par filtration de la masse résineuse qui renferme la vératrine, est agitée avec de l’alcool rfmylique ; la solution ainsi obtenue est évaporée et le résidu repris par l’alcool ordinaire et précipité par l’eau ; après quoi on le redisssot.it dans un acide et ou le décolore par le charbon animal. Finalement, on précipite par l’ammoniaque le sel concentré. Le précipité épuisé par l’éther abandonne à ce liquide une substance rouge et brillante, la sabatrine

C311186AZ20",

et laisse pour résidu la sabadiffiue

C41H66AZ2O13.

On achève de purifier celle-ci en la dissolvant dans l’eau bouillante.

La sabadiffiue n’est pas absolument insoluble dans l’éther. L’acide sulfurique ne la charbonne pas, mais donne une solution jaune qui vire au rouge de sang et finalement au rouge carmin ; l ammoniaque ne précipite pas cet alcaloïde de ses sels, à moins qu’ils ne soient excessivement concentrés, et les carbonates alcalins les troublent à peine. L’alcaloïde libre est solubie dans la benzine, l’alcool ainylique, l’esprit de pétrole et le chloroforme ; il peut cristalliser dans la benzine, mais ne cristaliise ni dans l’eau ni dans l’alcool. Il ne possède ni action sternutatoire, comme la vératrine, ni action émétique sur les grenouilles ; mais à accélère les battements du cœur. Son chloraurate,

C4lH««Az2013,2HCl(^uCl3)S, est amorphe ; son chlorhydrate et son sulfate sont gommoux.

La sabatrine ressemble beaucoup à la sabadittine. Elle donne deux composés avec le chlorure d’or : l’un, amorphe, répond k la formule CSiHSeAz’iOï^HCitAuCl3}* ; l’autre, cristallin, répond k la formule

e[C«H8">Az*OVHC]], ll(AuCl*).

La vératrine peut être obtenue en deux modifications, dont l’une très-soiuule dans l’eau. Sa formule est CM1186Azï,0«, M. Weigelin y ayant trouvé moins d’azote que les chimistes qui l’ont analysée avant lui.

SADAU1NO DEGL1 ARIENT1 (Giovanni), littérateur italien, né k Bologne vers 1450, mort après 1506. Il fut, pendant vingt ans, employé comme secrétaire par le comte Andréa de Bentivoglio, puis passa au service d’Hercule de Ferrare. C’est pendant son séjour auprès de Bentivoglio qu’il composa une

SABA

série de nouvelles licencieuses, publiées d’abord sous le titre de Faceliarum Po*e(anarum opus (Bologne, U83, in-fol.), puis sous le nouveau titre de Setlanla vovelle dette le Porrettane (Venise, 1484, in-fol.). On lui doit, en outre, quelques ouvrages restés manuscrits, un Traité de la consolation, etc.

SABADITTI s. m. (sa-ba-ditt-til. Nom que l’on donne, dans l’Inde, au maléfice des regards d’un certain nombre de personnes rassemblées dans un but quelconque.

SABAÏSME, SABAÏTE. V. SABÉISME, SABÉBN.

SABAL s. m. (sa-bal). Bot. Genre de palmiers, tribu des coryphinées, dont l’espèce type croît dans la Caroline et la Virginie.

— Encycl. Le genre sabal renferme des palmiers à tige souvent peu élevée ou presque nulle, latérale, k feuilles ou frondes palmées, inultifides, généralement glauques. Les fleurs, hermaphrodites, petites, blanc verdâtre, sessiles, accompagnées de bractées, forment des spadices rameux, placés k l’intérieur des feuilles et protégés par des spathes incomplètes ; elles présentent un périanthe à six divisions ; six étamines ; un ovaire k trois loges, surmonté d’un style trigone terminé par un stigmate en tête. Le fruit est une baie noirâtre, lobée ou presque globuleuse, renfermant trois noyaux, dont deux avortent assez souvent. Ce genre comprend une douzaine d’espèces, qui croissent pour la plupart dans l’Amérique du Nord. Le sabal acaule est un des plus petits palmiers connus ; sa tige est si courte qu’elle parait nulle ; la souche émet des bourgeons latéraux qui s’élèvent hors de terre avec les buses des frondes, qui sont palmées et en éventail ; les fleurs sont blanches et les baies noirâtres, de la grosseur d’une olive. Ce palmier habite la Caroline et la Virginie, où on-mange quelquefois ses jeunes pousses et ses fruits. Le sabal parasol atteint jusqu’k 14 mètres de hauteur ; ses feuilles, d’un vert métallique, de 2 mètres de largeur, sont portées sur des pétioles longs de plus de 3 mètres ; il croît abondamment dans les grandes Antilles ; les indigènes emploient ses feuilles pour couvrir leurs cases ; on le cultive, chez nous, en serre chaude. Ou cultive également, mais en serre tempérée, le sabal glaucescent, e sabal prince et le sabal d’Adanson, qui habite la Caroline et la Géorgie, Quelques auteurs rattachent encore à ce genre le palmetto, que d’autres classent parmi les chamérops. V. ce mot.

SABAL1NÊ, ÉE adj. (sa-ba-li-né — rad. sabal). Bot. Qui ressemble au sabal.

— s. f. pi. Sous-tribu de coryphinées, famille des palmiers, ayant pour type le genre sabal.

SABANDAR S. m. (sa-ban-dar). Introducteur des étrangers auprès des princes de l’île de Java.

SABANPUTE s. m. (sa-ban-pu-te). Bot-Variété de poivre de îles de la Sonde.

SABAOTH ou ZEBAOTH, qualification que les Hébreux donnent k leur dieu Jéhovah, et qui signifie proprement des armées : Jeliovah Zebaoth, Jéhovah des armées, éesl-a-dire des astres considérés comme des années célestes rangées sous le commandement de ce dieu.

SABARA (VIIXA-REAL-DO-), ville de l’empire du Brésil, province de Minas-Goraes, ch.-l. de comarca, k 90 kilom. N. de Yilla-Iîica, sur la rive droite du rio das Yelhas, qui y reçoit la petite rivière de Subara ; 8,000 hab. Lavages d’or ; commerce florissant ; école latine ; hôtel des monnaies.

SABARIA ou SAYAR1A, ancienne ville de l’empire romain, dans laPannonie Supérieure, fondée par les Boïens et colonisée par l’empereur Claude, d’où elle prit le nom de Colonia Sabaria Claudiana. Pendant les derniers siècles de l’empire, Sabaria acquit une assez grande importance, ainsi que le prouvent les nombreuses antiquités, temples, statues, inscriptions, aqueducs et médailles qu’on y a trouvés. C’est aujourd’hui la ville de Sarwar, dans la Hongrie.

SABARICUS ou SARABACUS SINUS, nom latin du golfe de Martaban.

SABAR-JESU Ier, trente-deuxième patriarche nestorien, né vers 540, mort en 604. Ii était évêque de Dakouka (Assyrie) lorsqu’il fut appelé, en 590, pour succéder comme patriarche k Jesuïah et il accompagna le roi de Perse Ehosrou-Panviz dans l’expédition dirigée par celui-ci contre la ville de Dara ; ce fut au siège de cette ville qu’il mourut. Il avait composé une Histoire ecclésiastique, restée manuscrite, et dont il existe quelques fragments k la bibliothèque du Vatican.

SABAR-JESU II, cinquantième patriarche nestorien, surnommé lo Damnaquin, né à

Nouhadra (Chaldée) vers 780, mort en 836. Il devint évêque de Harran (Mésopotamie), puis fut appelé au siège métropolitain de Damas et enfin au siège patriarcal k la mort de Georges (832). Il est connu par quelques ordonnances sévères qu’il rendit contre le relâchement de la discipline et des études.

SABAR-JESU III, surnommé Zahlionr, soixante-huitième patriarche nestorien, né vers l’an 1000, mort en 1072. Après avoir été évêque de Djondischapour, il fut élu patriarche en l’an 10C3. C’était un des disciples de

SABA. 5

s«unt Maris, évêque de Nischapour, dans le Khoraçan.

SABAR-JESU IV, soixante-quinzième patrianhe nestorien, né à Mossoul vers 1150, mort en 1225. I ! fut successivement évêque de Nouhadra, métropolitain de Haza et de l’Adiabène et succéda sur le siège patriarcal à son oncle Jaballaha, en 1222.

SABAR-JESU V, soixante-seizième patriarche nestorien, successeur du précédent, né à Bagdad vers 1190, mort en 1256. Il était le frère d’un médecin célèbre et fut appelé au siège patriarcal en 1226, après une vacanct de près d’un an. Il avait été précédemmen évêque de Garm et de Dakouka.

SABAR-JESU, surnommé Rondnnt, écr. vain arabe du vu* siècle. Il était de l’Adiabène. province d’Assy rie, et il est très-souvent cfté dans les auteurs syriens du moyen âge. Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il était moine et disciple de Narsès, abbé dTzala, près de Nisibe. Tous ses ouvragps sont perdus. Ils se composaient d’une Histoire monastique de l’Orient et des biographies de personnages illustres, tels que les patriarches Jesu-Zacha, Jesu-Iab, Kam-Jesn, Sabar-Jesu, etc.

SABART, l’ancienne Sabrala, ville de la côtespptentrionale.d’Afrique, dans la régence et k 60 kilem. O. de Tripoli. Elle était la capitale du pays avant l’invasion arabe.

SABAStES S. f. pi. V. SABAZIËS.

SABAT s. m. (sa-ba— mot arabe qui désigne une chaussure ordinairement appelée babouche, mais qui a toujours le bout arrondi et n’a pas de talon.

SABAT, ville d’Ethiopie. V. Sabé.

SABATA ou SABAT1A, nom ancien de Savons.

SABATAÏ-SÉVI, imposteur juif, né kSmyrne en 1625, mort en 1676. Les prophéties des ziéglernesunuonçaientque l’année 1660 serait une grande année pour les juifs et qu’alors le Messie viendrait enfin. Vivement frappés de ces prétendues prophéties, un grand nombre de juifs se préparèrent k recevoir le Messie si longtemps attendu en se livrant ou jeune et k la pénitence. Ce fut ulors qu’un juif, né de parents obscurs, Sabataï-Sévi, très-versé dans la connaissance du Talmud, résolut de profiter de l’occasioft pour déclaiei qu’il était celui qu’annonçaient les prophéties et qu’il venait régn’ r sur le peuple de Dieu. En peu de temps, il se fit un certain nombre de partisans, au nombre desquels se trouvait Nathan de Gaza, qui s’annonça comme son précurseur. Nathan défendit aux juifs de jeûner, leur ordonna de se livrer k la joie et publia que, dans quelques mois. Sévi détrônerait le Grand Seigneur, qu’il l’emmènerait chargé de chaînes k Jérusalem et que tous les enfants d’Israël se rallieraient autour de lui des quatre points du monde. Cependant la confiance n’était pas générale. Un riche juif de Smyrne, nommé Pennia, osa soutenir en pleine synagogue que Sabataï n’était qu’un imposteur, et peu s’en fallut que le peuple ne l’assommât. Mais le gouverneur de Smyrne, qui commençait k prendie souci de l’événement, fit arrêter Sabataï pour l’envoyer au sultan Mahomet IV. Toutefois, comme le gouverneur n’était pas incorruptible, on le gagna, et il se contenta d’exiler Sabataï ; les juifs racontèrent aussitôt qu’on devait co miracle k Élie, qui s’était fait voir en songe au gouverneur, assis sur une colonne de feu, accompagné d’Abraham et de Mardochée. Pendant son exil, Sabataï épousa successivement trois femmes, qui l’abandonnèrent peu après la noce parce qu’il était impuissant. Enfin Pennia, gagné, se déclara partisan de l’imposteur. Sa famille se convertit avec lui ; sa fille tomba en extase et se mit k prophétiser. Quatre cents personnes, soudoyées par l’argent que Pennia distribuait, en firent autant. Le gouverneur permit k Sabataï de rentrer k Smyrne ; les rues furent tendues de tapis pour le recevoir, on lui rendit tous les honneurs imaginables. Un docteur juif, plus ferme que Peiima, ayant voulu éclairer sa nation, le gouverneur l’envoya aux galères. Sabataï écrivit alors aux juifs une lettre dans laquelle il leur annonçait que bientôt ils domineraient tous les peuples de la terre (1066). Comme Élie ne paraissait point, Sévi affirma qu’il se trouvait in visiblement parmi les juifs. Plusieurs docteurs prétendirent alors que le prophète Élie venait s’asseoir k leur table et se vantèrent d’avoir mangé avec lui. Avant de conduira le peuple de Dieu dans la terre promise, il fallait aller détrôner le Grand Turc. Sévi partit pour Constantinople, où il fut reçu par ses coreligionnaires comme le Messie annoncé, liais le grand vizir le fit arrêter et conduire en prison. Pendant les deux mois qu’on le détint k Constautinople, les juifs allèrent se prosterner devant lui avec, autant de respect que s’il eût été Sur le trône. Le sultan partant alors pour une expédition lointaine, on transporta Sabataï dans une des tours des Dardanelles. Ceux de sa nation y accoururent de tous les pays et les Turcs en profitèrent pour faire payer fort cher l’honneur de le voir. Malgré cet impôt exorbitant, la dévotion des juifs augmentait chaque jour.

Sur ces entrefaites, Néhémie Cohen, savant dans la cabale juive, demanda k voir Sabataï. N’ayant pu s entendre dans un long