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avec le titre de lieutenant général du roi. Après la bataille de Marengo, le marquis de Saint-André suivit lu Cour fugitive en Sardaigne, où il devint grand maître de l’artillerie en 1806.

SAINT-ANDRE (M’ie de), femme pnete qui vivait au xvnte siècle. On a d’elle un assez grand nombre de poésies légères, des madrigaux, des épUres, quelques petits poëmes, parmi lesquels il faut citer 1 Hiver de Versailles et la Description de la chapelle de Sceaux.

SAINT-ANDRÉ (Jean Bon), conventionnel français. V. Jean Bon de Saint André.

Saint-André (LA) OU l’Orpheline bretonne,

opéra-comique en un acte, paroles d’Hippolyte Lucas, musique de M. Bazzoni ; représenté sur le théâtre Beaumarchais (Opéra-Bouffe-Français) le 14 juillet 1840. La scène

se passe au temps de la guerre de Vendée, pendant la Révolution, entre un officier municipal, lieutenant et, aubergiste d’une part, et, d’autre part, un jeune émigré, cousin d’une jeune orpheline qu’il épouse. La musique de M. Bazzoni a paru bien faite et d’un effet agréable. Junca était chargé du rôle de l’aubergiste.

Saint-André (ordrb de), le plus élevé de l’empire Russe. Il fut institué en 1698 par Pierre le Grand, qui voulut, comme les autres souverains de l’Europe, fonder un ordre de chevalerie pour récompenser les personnes qui rendraient des services à l’État. Il n’est formé que d’une seule classe ; ses membres ont le rang de lieutenants généraux, et, pour l’obtenir, il faut déjà être membre des ordres de Saint-Alexandre-Newski et de Sainte-Anne. La décoration consiste en une croix de’Saint — André, avec les lettres S.A.P.R. placées aux quatre coins. Ces lettres sont les initiales de ces mots : Sanctus Andréas Patronus Russix. Derrière cette croix, surmontée de la couronne impériale, est placée en angle l’aigle de Russie éployée. Elle se porte à un large ruban bleu passé en écharpe de droite k gauche. De plus, les membres ont, sur le côté gauche de l’habit, une plaque ayant un médaillon fond or, chargé d’une aigle éployée à deux tètes couronnées, surchargé d’une croix de Saint-André en argent et entouré d’un cercle bleu céleste, ayant pour légende ces mots en lettres d’ur et en langue russe : « Pour la Foi et la Fidélité. » Le collier de l’ordre est composé alternativement du chiffre de Pierre Ier, de

l’aigle de Russie et de la croix de Saint-Anilré. La fête de l’ordre est célébrée le 30 novembre, et les membres qui se trouvent à Saint-Pétersbourg sont obligés d’y assister sous peine d’une amende de 30 roubles.

Saint-André (ORDRE DU CHARDON DE). V.

Chardon (ordre du}.

SAINT-ANGE (Ange-François Fariau de), poète français, né k Blois eu 1747, mort en 1810. Fils d’un conseiller du roi, Fariau de Coulommiers, il lit ses études dans sa ville natale, chez les jésuites. Après la suppression de cet ordre, Saint-Ange passa au collège de Sainte-Barbe, à Paris, et montra de uèsheureuses aptitudes pour la versliicaiion. 11 débuta, en 1768, par une ode qu’il présenta au roi de Danemark, alors k Paris ; mais l’Université, qui ne permettait alors que les vers latins ou grecs, réprimanda vertement le jeune auteur. Ayant quitté les bancs, Saint-Ange traduisit Vertumne et Pomone d Ovide. Ces essais furent remarqués jTurgot se fit le Mécène du peete. Cette haute protection valut au débutant un emploi au contrôle général, changé plus tard en une pension sur l’Aimatuich royal. Saint-Ange ne fut point ingrat et, ne pouvant faire mieux, il dédia la glande édition des Meta mur phases « aux mânes de son bienfaiteur. » La chute de la monarchie le laissa sans ressource. Après le 9 thermidor, il vécut d’un petit emploi dans l’agence de l’habillement de l’armée. Mais quand l’instruction publique commença à se réorganiser, il l’ut nommé professeur de grammaire générale, puis de belles-lettres, à l’École centrale de la rue Saint-Antoine, devenue depuis le lycée Churlemagne. Sa santé, minée par les souciset les privations, ne lui permettant point d’occuper sa chaire, on lui donna un suppléant et il conserva son traitement. M. de Fontanes lui fit ensuite accorder la chaire d’éloquence latine. Enfin il fut admis à l’Académie k la place de Douiergue, et, le jour de sa réception, les auuiteurs furent vivement attendris lorsque, d’une voix faible et languissante, il fit entendre ces paroles : * Je fais violence, eu ce moment, aux souffrances continuelles et intolérables qui m’avertissent que l’ombre de l’académicien que je remplace attend la mienne. > Bientôt après, en effet, il succomba aux suites d’une chute.

Saint-Ange a traduit en vers les Métamorphoses d’Ovide, son meilleur titre littéraire, les Fastes, l’Art d’aimer, le Remède d’amour. Il a donné un volume de Poésies fwjitioes, des Héroîdes, des Etétjies, enfin l’Homme sensible, traduit de l’anglais, de Bioek (Paris, 1776, in-12). Ou lui doit encore : l’École des pères ou ('Heureux échange, comédie en cinq actes, en vers, non représentée (Paris, 1782, in-8°) ; Mëtaïuje de poeiies (1802, iii-12J, réimprimé sous le titre ne Poésies diverses, précédé d’une notice sur l’auteur. Saint-Auge a édité les Mémoires de Chubanoii, dont il avait été l’ami, sous ce titre : Tableau de

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quelques inconstances de ma vie, ouvrage posthume (Paris, 1795, iii-8°). Les Œuures complètes de Saint-Ange ont été publiées à Paris (1823-1824, 9 vol. in-12).

SAINT-ANGE (FARIAU DE), publiciste français, né en 17S7, mort en 1860. Après de bonnes études au Prytanée, il entra, en 1806, à l’École militaire, d’où il sortit avec le grade de sous-lieutenant dans un régiment en garnison k Raguse. Il fut de là envoyé en Espagne au moment du siège de Lérida. C’est k lui que l’armée française dut la prise facile de cette ville. Saint-Ange, étant de tranchée, s’aperçoit une belle nuit que les assiégés se disposent à faire une sortie en masse ; il les laisse arriver, fait lui-même un détour pour les éviter et entre sans résistance dans la ville qu’ils viennent de quitter ; la place est prise. Ce trait d’audacieux sang-froid lui valut, avec la croix, le grade de lieutenant. Il servit dans l’armée, du duc d’Albuféra, en qualité de capitaine, jusqu’en 1813. Quand vint la Restauration, il abandonna la carrière des armes pour se vouer aux lettres. Après la révolution de 1830, il entra au Journal des Débats, qu’il ne quitta plus ; il y rédigea des articles sur les questions militaires.

SAINT-ARNAUD (Arnaud-Jacques-Achille LEROY DE), maréchal de France, né à Paris le 20 août 1798, mort le 29 septembre 1854. Il était fils d’un ancien avocat au parlement de Paris, qui fut préfet sous le Consulat. Sa mère, issue de la famille Papillon de La Tapy, étant restée veuve toute jeune encore, avec deux fils et une fille, se remaria, en 1811, avec M. de Forcade La Roquette. Le jeune Saint‑Arnaud entra, à la fin de 1816, dans les gardes du corps. Passionné pour les plaisirs et les aventures, il ne tarda pas à être criblé de dettes, fut envoyé, comme sous‑lieutenant, dans la légion corse, puis passa successivement dans la légion des Bouches‑du‑Rhône et dans le 49e de ligne. En 1827, Saint‑Arnaud quitta l’armée pour se rendre en Grèce. Après avoir assisté au siège de Modon, il visita Constantinople, Smyrne, Gallipoli, revint en France, puis parcourut successivement l’Italie, la Belgique et l’Angleterre. « Lancé en plein dans les hasards et les expédients de la vie nomade, vrai héros de la bohème, dit M. Taxile Delord, il fut successivement commis voyageur en France, comédien à Paris et à Londres, prévôt d’armes à Brighton. »

Après la révolution de Juillet, Saint‑Arnaud obtint de rentrer comme sous-lieutenant dans l’armée (22 février 1831), reçut le grade de lieutenant au mois de décembre suivant et prit part à la compression de l’insurrection royaliste qui venait d’éclater en Vendée. Lorsque la duchesse de Berry, faite prisonnière, eut été enfermée à la citadelle de Blaye, Leroy de Saint‑Arnaud, devenu officier d’ordonnance du général Bugeaud, suivit à Blaye le général chargé d’être le gardien de la duchesse. Là, il sut gagner complètement les grâces de la prisonnière, qui l’admit dans ses réunions intimes, où il chantait et faisait de la musique. Après les couches de la duchesse, Saint‑Arnaud fit partie des personnes désignées pour l’accompagner à Palerme. De retour en France, il mena pendant quelques années la vie de garnison, se livrant, comme toujours, à des prodigalités qui le mettaient dans une situation difficile, puis il entra dans la légion étrangère qui se trouvait en Afrique (1836) et devint capitaine l’année suivante.

Si, comme homme privé, Saint‑Arnaud jouissait d’une considération plus que médiocre, il avait du moins un incontestable courage, dont il ne tarda pas à donner des preuves et qui lui valut bientôt un avancement extrêmement rapide. La façon dont il se conduisit à l’assaut de Constantine (1837), à la prise de Djidjelly, au passage du col de Tenlah‑de‑Mouzaïa (1839) le fit nommer, en 1840, chef de bataillon au 18e léger. L’année suivante, il quitta ce régiment pour entrer dans les zouaves, prit part aux expéditions de Mascara et de Mostaganem, reçut la croix d’officier de la Légion d’honneur (1841) et fut chargé, en 1842, de diverses opérations contre des tribus situées entre Cherchell et Milianah. Nommé en 1842 lieutenant-colonel, puis commandant supérieur de Milianah, il fit fortifier cette ville, prit part ensuite à l’expédition de Laghouat, devint colonel du 23e de ligne le 1er octobre 1844 et décida de la victoire au combat de Manselt‑el‑Maelha. Saint‑Arnaud fut alors nommé commandant de la subdivision d’Orléansville. En ce moment, Bou‑Maza prêchait la guerre sainte et tout le Dahra se trouvait en insurrection. Le commandant d’Orléansville, à la tête d’un corps surnommé la colonne infernale, opéra dans le Chélif, contribua puissamment à comprimer le soulèvement, et, traqué de toutes parts par des colonnes mobiles, Bou‑Maza finit par aller se constituer prisonnier (13 avril 1847). Peu après, Saint‑Arnaud était promu commandeur de la Légion d’honneur et, au mois de novembre suivant, général de brigade. Il se trouvait en congé à Paris lors de la révolution de février 1848. Dans la nuit du 23 au 24, le maréchal Bugeaud lui donna le commandement d’une brigade. Chargé le 24 février de dégager les abords du Carrousel, il enleva, à la tête de deux bataillons, les barricades de la rue Richelieu. Il commandait la colonne qui occupait la préfecture de police et qui comptait un corps de gardes municipaux dans ses rangs, lorsque cette colonne, forcée de capituler, fut dirigée vers Vincennes par des gardes nationaux. En passant par le quai de Gèvres, Saint-Arnaud, précipité de son cheval, fut assailli par une foule furieuse. Les gardes nationaux l’arrachèrent au péril. Il se jeta dans l’Hôtel de ville et y trouva, près du maire de Paris, un refuge assuré.

Peu après, Saint-Arnaud retournait en Algérie, où il prit successivement le commandement de la subdivision de Mostaganem et celui de la subdivision d’Alger (1849). Il fit alors dans la petite Kabylie une expédition pendant laquelle il soumit une douzaine de tribus. Nommé commandant de la province de Constantine (1849), il eut à surveiller un grand nombre de transportés politiques, répartis sur différents points de sa province, et montra envers eux une extrême sévérité. Au mois de mai 1851, il fut mis à la tête d’un corps expéditionnaire de 7,000 hommes dirigés contre les Kabyles, livra vingt-six combats et parvint à soumettre des tribus jusqu’alors insoumises. Nommé général de division le 10 juillet 1851, il fut appelé, le 26 du même mois, à commander la 20e division de l’armée de Paris.

Saint‑Arnaud avait acquis la réputation d’un homme décidé à ne reculer devant rien. En Algérie, il n’avait point hésité à imiter l’exemple de l’enfumeur des grottes du Dahra. « Une troupe d’Arabes s’étant enfermée dans la caverne du Shelas, située sur le territoire de son commandement, dit M. Taxile Delord, le colonel Saint‑Arnaud s’y rendit et somma les réfugiés de faire leur soumission. Tous obéirent, sauf quelques centaines d’individus. Instruit de ce détail, il fit boucher les ouvertures de la caverne avec des fascines selon les procédés du général Pélissier, et il y mit le feu. » Et il écrivait à ce sujet à son frère : « Ma conscience ne me reproche rien ; j’ai fait mon devoir. » Ce général, à la conscience accommodante, était un homme précieux pour Louis Bonaparte, qui préparait alors son coup d’État et qui avait besoin, pour tenter sa tragique aventure, d’hommes prêts à tout et parfaitement décidés à risquer « leur peau », selon l’expression de Morny, pour obtenir les richesses et le pouvoir. Lorsque Saint-Arnaud arriva, en 1851, à Paris, « sa figure maigre et pâle, dit l’historien que nous venons de citer, portait déjà les traces de la maladie qui devait l’emporter quatre ans plus tard. Son œil fatigué, son air insolent plutôt que fier, son attitude, qu’il s’efforçait de rendre hautaine et qui n’était que provocante décelaient l’homme usé, blasé, qui va tenter la dernière aventure d’une vie d’aventures. » Appelé aussitôt à l’Élysée, il prit part, avec de Morny et Magnan, aux fréquentes réunions dans lesquelles on prépara l’attentat qui devait donner à la France dix-huit ans de despotisme, couronnés par de terribles désastres. Le 27 octobre, il reçut le portefeuille de la guerre dans le ministère qui fut alors constitué et il adressa aussitôt à l’armée un ordre du jour qui était une protestation virulente contre le droit de requérir la force publique attribué par la constitution au pouvoir législatif. Cet ordre du jour produisit une vive émotion et donna lieu à la fameuse proposition des questeurs (v. QUESTEUR). Saint‑Arnaud y répondit en donnant l’ordre d’arracher le décret du 11 mai 1848, affiché depuis 1849 dans toutes les casernes de Paris, et déclara que, en fait de réquisition militaire, il ne reconnaissait pas à l’Assemblée d’autre droit que celui de fixer le nombre de troupes pour sa garde et de leur donner le mot d’ordre par les questeurs. Lors de l’orageuse séance pendant laquelle fut discutée et repoussée la proposition de ces derniers, le général Saint‑Arnaud quitta le palais législatif en disant au ministre de l’intérieur : « On fait trop de bruit dans cette maison, je vais chercher la garde. » Quelques jours plus tard avait lieu l’attentat du 2 décembre, et, pendant que de Morny faisait procéder aux arrestations, Saint‑Arnaud prenait toutes les dispositions militaires pour assurer le succès de l’entreprise. Voulant briser à tout prix la résistance des défenseurs de la loi, il donna l’ordre aux troupes de fusiller quiconque serait pris les armes à la main. Louis Bonaparte, après avoir affermi son pouvoir en faisant couler des flots de sang et terrifié la France par d’innombrables proscriptions, s’empressa de récompenser ses complices. Saint‑Arnaud fut nommé maréchal de France (2 décembre 1852), grand écuyer (31 décembre suivant), grand‑croix de la Légion d’honneur, et conserva le portefeuille de la guerre. Il s’attacha à gagner l’armée au nouveau régime en augmentant la solde des sous‑officiers, en améliorant la paie du soldat, reconstitua le cadre d’état‑major, modifia l’organisation de la gendarmerie, de l’artillerie, du corps de santé, de l’École polytechnique, du Prytanée, de l’École de cavalerie. À cette époque, Saint‑Arnaud eut avec le général Cornemuse, aux Tuileries mêmes, un duel au sujet de la disparition d’une somme de 200,000 francs, faisant partie d’une liasse de billets de Banque déposée par le prince‑président sur la cheminée de son cabinet. Ce duel, dans lequel Cornemuse trouva la mort, eut, à tort ou à raison, le plus fâcheux retentissement pour la réputation du maréchal.

Lorsque éclata la guerre d’Orient, le maréchal Saint-Arnaud reçut le commandement de l’armée française, qui s’embarqua du 24 au 29 avril 1854. Arès avoir franchi les Dardanelles, il débarqua en Crimée le 14 septembre et, de concert avec les troupes alliées, il remporta, le 20, la victoire de l’Alma, qui ouvrit la route de Sébastopol. Mais, accablé par une maladie dont il souffrait depuis longtemps, il dut remettre le commandement de l’armée au général Canrobert. Il s’embarqua pour la France sur le Berthollet et mourut en mer le 29 septembre. Ses restes furent déposés à l’hôtel des Invalides. On plaça son buste en bronze dans la cour d’honneur du lycée Napoléon (aujourd’hui Henri IV), où il avait été élevé, et une pension de 20, 000 francs fut donnée à sa veuve à titre de récompense nationale. Son frère, M. Adolphe Leroy de Saint‑Arnaud, a réuni les lettres qu’il avait adressées à diverses époques à sa famille et les a publiées sous le titre de Lettres du maréchal de Saint-Arnaud, 1832‑1854 avec notes et pièces justificatives (1855, 2 vol. in‑8°). Cette correspondance est extrêmement curieuse et piquante.

SAINT-ARNAUD (Louis-Adolphe LEROY DE), homme politique, frère du précédent, né à Paris en 1802, mort en 1873. Il étudia le droit et devint, à partir de 1825, avocat à Paris. M. Leroy de Saint-Arnaud était à peu près inconnu, lorsque son frère devint tout-puissant auprès de Louis-Napoléon pour la part considérable qu’il avait prise à l’attentat du 2 décembre 1851. Grâce à lui, il devint successivement maire du XIIe arrondissement de Paris (1851), membre du conseil d’État (1852) et sénateur (1857). Dans cette assemblée servile, il ne joua qu’un rôle effacé, se bornant à approuver toutes les mesures proposées par le pouvoir et à manifester ses sympathies pour l’ultramontanisme. Il reçut la croix de commandeur en 1859 et rentra dans la vie privée après la révolution du 4 septembre 1870. M. Adolphe Leroy a édité les Lettres du maréchal de Saint-Arnaud dont nous avons parlé dans l’article précédent.

SAINT-AUBIN (Jean de), né en 1587, mort en 1660. Entré dans la Compagnie de Jésus en 1606, il professa la rhétorique et les belles-lettres pendant dix ans au collège de la Trinité, à Lyon. De 1617 à 1625, il se livra spécialement à la prédication, puis devint recteur de lu maison du noviciat des jésuites dans cette même ville. Il a écrit:Histoire de la ville de Lyon, ancienne et moderne (Lyon, 1666, in-fol.) ; Histoire ecclésiastique de ta ville de Lyon, ancienne et moderne (Lyon, 166G, in-foi.), ouvrages intéressants et estimés, mais par trop surchargés de fleurs de rhétorique. Le Père de Saint-Aubin a aussi composé une Ode insérée dans le traité de Théophile Raynaud, De tnartyrio per pestem (Lyon, 1630), ode bien faite; une Paraphrase de f Ecelésiaste de Salomon, en vers français (Lyon, 1658, in-12), très-rare.

SAINT-AUBIN (Charles-Germain de), graveur et dessinateur, né à Paris en 1721, mort dans la même ville eu 1786. Son père, Gabriel-Germain de Saint-Aubin, brodeur du roi,

lui enseigna son art. Il reçut le titre de dessinateur du roi et fit paraître un assez grand nombre de cahiers représentant des dessins de fleurs, d’ornements pour la broderie, exécutés avec une grande habileté. Ou lui doit, en outre, une œuvre curieuse et estimée, intitulée : Essai de papillonneries humaines. Elle consiste en deux suites de compositions représentant des papillons à tête humaine faisant de la musique, allant au bal, se battant en duel, etc. Saint-Aubin a montré dans ces morceaux infiniment de verve, de grâce et d’esprit.

SAINT-AUBIN (Gabriel-Jacques de), peintre, dessinateur et graveur, frère du précédent, né k Paris en 1724, mort dans la même ville en 1783. Élève de Jeaurat et de Boucher, il concourut pour le grand prix de peinture (1751), mais n’obtint que le second et, convaincu qu’il avait été victime d’un passedroit, il ne voulut plus concourir. Use lit alors admettre k l’Académie de Saint-Luc et, jusqu’en 1774, il envoya un grand nombre de portraits et de tableaux aux expositions de cette Académie. Parmi ces tableaux, ou cite l’École de Zeuxis, le Triomphe de l’Amour sur tous les dieLj :, etc. « Saint-Aubin, disent MM. de Concourt dans l’intéressante notice qu’ils ont consacrée k cet artiste, Saint-Aubin étudiait sans cesse k sa façon, dessinant partout, toujours ettoutau monde : églises, araphithéâtres, promenades, cours publics ; toute occasion et tout endroit de réunion faisaient sa joie et sa proie. Crayon en main, il allait k toute heure et sans trêve. U prend Paris par le bas, par le naturel et le populaire ; il représente k merveille la guinguette et les danses du dimanche, le pont Neuf et ses charlatans, la promenade du bœuf gras, les fêtes, les distributions de vivres aux jours de réjouissance. Ses dessins vivaient et remuaient ; sa plame courait et galopait sur le papier. Ses eaux-fortes portent le cachet de sou talent ; spirituel et hardi, il vu droit a l’effet, aux oppositions d’ombres, à la masse des groupes. Sa gravure du Spectacle des Tuileries, la seule fois peut-être qu’il ait reproduit le beau monde, le monde de son frère Augustin, montre la haute société vivante et remuante sous les massifs

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