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Abrégé de l’histoire universelle (1842-1845, 6 vol.) ; Histoire de Charlemagne (2 vol.) ; Histoire des Cent-Jours (l vol.), etc. On lui doit encore : Histoire de France depuis l’avénement de Louis XVI (in-S°) ; les Bourbons, leurs belles actions, leurs vertus, leurs fautes, leurs crimes (1844-18*5, 3 vol. in-8°) ; Encyclopédie populaire (1844, in-8°), restée inachevée ; une traduction de l’Histoire complète de l’Allemagne de Luden, une autre de Thomas Morus et son époque de W. Walter ; des traductions, dans laliibliolhèguePaiickoucke, de Jornandès, de Festus, etc. ; enfin, une nouvelle édition de l’Histoire des croisades de Michaud (1834) et de ('/Histoire des Israélites de l’abbé Hunokler. Avant son arrestation, la maison Didot lui avait confié des travaux importants sur les anciens historiens de la France.


SAVAGNIN s. m. (sa-va-gnain ; gn mil.) Vitic. Cépage du Jura.

— Encycl. Le savagnin vert est très-répandu dans les meilleurs vignobles du Jura, où il concourt puissamment à la composition de vins mousseux qui essayent de rivaliser avec ceux de la Champagne. Il préfère, comme toutes les vignes blanches un peu tardives, une terre argileuse, en pente, exposée au midi. C’est à cette variété de savagnin que les vins d’Arbois, de Château-Châtons et de l’Étoile doivent leur antique réputation. On mêle avntageusement son vin au rouge, qu’il rend spiritueux et auquel il communique un goût agréable et la propriété de se conserver longtemps.

On reconnaît le suvagnin jaune aux caractères suivants : la souche est vigoureuse ; le sarment, droit, long, de couleur d’acajou, est sillonné de stries peu fines ; ses nœuds sont moyennement écartés et bien développés. Les bourgeons sont petits, pointus et débourrent tard. Les vrilles sont fines, longues et rameuses. Les feuilles, petites, épaisses, plus larges que longues et comme arrondies, sont tantôt a peine échancrées dans leur contour et alors presque entières, tantôt présentant trois lobes vers leur sommet ; la denture est courte et inégide ; leur face supérieure est d’un vert gai, uni, mat, sans duvet ni coton ; ia face inférieure est cotonneuse. Le pétiole est court, rougeâtre. La fleur résiste bien à la coulure. La grappe, de moyenne dimension, est allongée, irrëgulière, ailée, pourvue de grains moyens, ovalaires, inarqués de points bruns peu serrés, transparents, bronze doré quand leur maturité est parfaite et s’est effectuée dans des conditions favorables, ambrés là où les grains n’ont pas été exposés à l’action directe du soleil. Le pédoncule est bien développé, ligneux a sa base ; les grains sont juteux, défendus par une pellicule épaisse qui leur permet de résister parfaitement aux intempéries de l’arrière-saison ; la saveur du fruit est sucrée, surtout quand on laisse les raisins sur la souche jusque par delà la Tous-Saint, ainsi que cela a lieu dans le Jura. Le savagnin jaune a été confondu à tort, par quelques auteurs, avec le gamai blanc de-1 Étoile, le melon d’Arbois, l’auxois blanc de la Moselle, qui ne sont autres que le morillon blanc. Il constitue une espèce distincte. Sa vendange mêlée à celle du pulsart et d’autres raisins rouges rend les vins généreux et contribue beaucoup à leur conservation.

SAVALLE s. m. (sa-va-le). Ichthyol. Nom vulgaire des mégalopes.

SAVAMMENT adv. (sa-va-man— rad. savant). U une manière savante : Écrire, parler savamment sur un sujet. Le paysage savamment compusé n’ôte rien au mérite des figures. (Baillv.) C’est un drame savamment combiné, plein d’intérêt, d’émotions, de mouvement. (Th. Gaut.) La Perse seule arriva à se faire une religion dogmatique, presque monothéiste et savamment organisée. (Renan,)

Parler savamment d’une chose, En parler avec une connaissance approfondie : C’est une a/faire dont il est bien instruit, il en pourrait parler savamment. (Acad.) On ne fait pas revenir les inconstants par des plaintes et par des fracas ; j’en puis parler savamment. (Bussy-Rabutin.)

SAVANA s. m. (sa-va-na— dufr. savane). Ornitb. Espèce de gobe-mouches, qui habite les savanes de l’Amérique.

SAVANE s. f. (sa-va-ne — de l’espagnol savana, qui est peut-être tiré d’un idiome indigène d’Amérique, à moins que cencsoitun mot transformé par syncope de salvana, dérivé de silca, forêt Cette dernière conjecture est de Soheler, qui s’appuie sur le mot français saoart, terre inculte, pâturage, provenant, selon lui, du même radical sili, qui est dans siloa). Vaste prairie, cultivée ou sauvage : Sur le bord occidental des fleuves, des savanes se déroulent à perte de vue. (Chaieaub.)

— À la Guyane, aux Antilles, etc., Tout endroit, sec ou marécageux, où il n’y a pas de grandes’ forêts.

— Nom sous lequel on désigne, au Canada, des forêts d’arbres résineux.

— Encycl. Les savanes sont d’immenses plaines couvertes de hautes herbes qui croissent sans culture. Elles sont souvent inondées ou noyées, et forment de véritables marécages, bordés quelquefois do mancenilliers ou de palétuviers, d’autres fois habités par les alligators ou autres reptiles dangereux.

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On utilise souvent les savanes pour la nourriture des bestiaux, et alors on a quelquefois le soin de les clôturer, au moins en partie, par des baies ou des fossés. Elles constituent une grande ressource pour les contrées de l’Amérique qui ne possèdent pas de véritables prairies et où les bestiaux paissent toute l’année. On a essayé quelquefois d’y propager de bonnes herbes pour améliorer le pâturage ; mais le plus souvent on se contente de tirer parti des plantes qui y croissent spontanément. Il arrive souvent que ces plantes sont assez touffues pour former des fourrés impénétrables ; alors les Indiens y mettent le feu. On rencontre les savanes dans l’Amérique du Nord, principalement sur le territoire du Mississipi et près du versant oriental des montagnes Rocheuses. Des plaines semblables s’étendent aussi dans de vastes contrées de l’Amérique du Sud ; là, elles portent le nom de pampas et de llanos. Des troupeaux de bisons et de buffles errent dans ces contrées désertes, traversées rarement par quelques tri bus d’Indiens ou par des chasseurs de bisons.

SAVANNAH, rivière des États-Unis d’Amérique, formée sur la limite de la Caroline du Sud et de la Géorgie par la réunion duTugaloo et du Keowee. Elle coule au S.-E., continue de limiter ces deux États, baigne Augusta et Savannah et se jette dans l’océan Atlantique par plusieurs embouchures, après un cours de 450 kilom.

SAVANNAH, ville et port de mer des États-Unis d’Amérique, dans l’État de la Géorgie, à l’embouchure de la rivière de sou nom dans l’Atlantique, à 190 kilom. S.-O. de Charlestown ; 22,700 hab. École classique, observatoire astronomique, société de médecine, bibliothèque publique. Consulat français. Port de commerce qui présente une grande activité, entrepôt du commerce de la Virginie, cette ville est bâtie sur une plaine sablonneuse, élevée de 13 mètres au-dessus du niveau des eaux. Ses rues sont larges et bien distribuées ; on y compte vingt-quatre squares ; les avenues Broad et Bay y forment de très-belles promenades. Parmi les édifices publics, il faut citer la bourse, le théâtre, le palais de justice, l’arsenal et les monuments élevés à la mémoire des généraux Greene et Pulaski. Savannah fut fondée en 1732 par le général Oglethorpe ; en 1778, elle fut prise par les Anglais et recouvrée en 1783 par les Américains.

SAVANT, ANTE adj. (sa-van, an-te.-Ce mot est proprement le participe présent du verbe savoir ; il ne vient pas directement de la forme sapiens, qui est le participe présent de sapere, savoir, et a laquelle répond la forme sachant). Qui a des connaissances étendues sur les matières scientifiques ou sur celles d’érudition : Qui apprend peu à peu finit par devenir savant ; réunie goutte à goutte l’eau devient une mer. (Maxime orientale.) // faut s’enquérir qui est mieux savant, et non pas qui est plus savant. (Montaigne.) Si nous considérons l’esprit selon Dieu, c’est une partie de nous-même, plus curieuse que savante, qui s’égare dans ses pensées. (Fléeh.) Les hommes sont pervers ; ils seraient pires encore, s’ils avaient eu le malheur de naître savants. (J.-J Rouss.) Le prince de Condé était savant sans affecter de le paraître. (Lenet.) Comment ! vous ne croyez pas à des écritures d’une antiquité si reculée.’ Sachez qu’il faut être irès- savant pour pouvoir même y lire. (B, de St-P.) Pour que te prêtre conserve son ascendant, il faut au moins qu’il soit aussi savant que le premier savant de la terre. (Raspail.) Personne n’est trop savant pour être agriculteur. (A. Karr.) Il faut être savant pour enseigner ta science aux hommes, et plus encore pour la faire comprendre aux enfants. (X. Marra.)

... J’aimerais mieux être au rang des ignorants Que de me voir savant comme de certains gens.

Molière.

Je vous suis garant

Qu’un sot savant est sot plus qu’un sot ignorant.

Molière.

— Est souvent suivi d’une préposition, pour indiquer quel est le genre de connaissances dont ou s’est spécialement occupé : Être savant en mathématiques, en théologie, en philosophie, dans l’histoire. Si nous pouvons être savants de la science d’autrui, nous ne pouvons être sages que de notre propre sagesse. (Montaigne.) Les douleurs ont rendu la reine d’Angleterre savante dans la science de l’Évangile. (Boss.)

Plus enclin à blâmer que savant à bien faire.

Boileau.

La grandeur de ce mal tu te crois savante Ne t’a donc jamais fait reculer d’épouvante !

Baudelaire.

Dieu me garde d’être savant D’une science trop profonde ;

Les plus doctes, le plus souvent, Sont les plus sottes gens du monde.

De Cailly.

— Qui contient beaucoup de science et d’érudition : Livre savant. Dissertation Savante. Recherches, notes savantes. Les apologies les plus savantes du fait ne suffisent pas ; l’historien doit chercher le droit. (Tnxilc Delord.) Les luttes départi se dessinèrent sous des formes plus savantes et plus modérées. (Viliemain.) Cette opinion, fondée sur un examen Savant du texte appliqué aux localités,

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nous semble devoir être adoptée comme la plus judicieuse. (M.-Brun.)

Qu’en savantes leçons votre muse fertile Partout joigne au plaisant le solide et l’utile.

Boileau.

Que d’orateurs guindés, dans un discours savant. Se tourmentent sans fin pour enfanter du vent !

Gilbert.

1 — Qui procède d’un savant : Jamais le mot impie d’Alphonse X ne tombera dans l’esprit d’un homme vulgaire ; c’est à une bouche savante que ce blasphème était réservé. (J.-J.

■ Rouss.)

Vous ne le savez point, votre savant compas Mesure l’univers et ne le connaît pas,

VOLTilRB.

I ïtéaumur, dont la main si savante et si sûre , A percé tant de fois la nuit de la nature, M’apprendra-t-il jamais par quels subtils ressorts L’éternel artisan fait végéter les corps ?

Voltaire.

— Qui dénote de l’art, de l’habileté : Com-

■ binaisons savantes. Dispositions savantes. Tactique savante. Marche savante. Retraite savante. Musique savante.

Et les Orientaux, plus savants cuisiniers,

! Des premiers fricandeaux donnèrent le modèle.

. Berciioux.

Voyez, pour gagner temps, quelles lenteurs savantes Prolongent de ses mots les syllabes traînantes.

Deliu.e.

— Qui est bien informé de quelque chose : Vous parlez de cela en homme savant.

— Qui fait parade de sa science : Chez plusieurs, savant et pédant sont synonymes. (La Bruyère.)

— Qui sait des choses qu’il devrait ignorer : Jeune homme trop savant. Jeune fille

trop SAVANTE.

Corps savant, Société, Assemblée savante, Corps, société dont les membres possèdent des connaissances scientifiques étendues : Queis hommes et quels ouvrages vois-je sortir de nos assemblées savantes ? (.Mass.) Dès que les hommes sont réunis, même en société savante, ils deviennent peuple. (Beauehèiie.)

Langues savantes, Langues anciennes et celles qui ne sont connues que d’un petit nombre de personnes instruites : Le grec, l’hébreu, le latin, le sanscrit, l’arabe sont des langues savantes. (Acad.)

— Armes savantes. Le génie militaire, l’artillerie, la marine : L’École polytechnique est l’institution où, depuis un demi-siècle, se recrutent les armes savantes. (Arago.)

Femme savante, Femme qui fait étalage de sa science au point d’en être ridicule : Ou ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été ou malheureuses ou ri’licules par la science. (J. de Mnistre.) Le bas bleu est l’héritier en ligne directe des femmes savantes de Molière. (Boitard,) Une femme Savante n’est pas une femme qui sait ; c’est une femme qui fait parade de sa science. (J. Simon.) Une femme savante de profession est odieuse. (Ste-Beuve.)

Une femme savante

Doit cacher son savoir, ou c’est une imprudente.

Destoucues.

— Prov. // est plus savant que le chien de Darthole, Se dit familièrement d’un jurisconsulte.

— s. Celui, celle qui a de la science : Faire le savant, la savante. Le savant est un homme qui sait ce que tout le monde ignore, et qui ignore ce que tout le monde sait. Il en est de certains savants comme d’un bel et bon livre, mais chargé de tant de poussière qu’on a de la répugnance à l’ouvrir, de peur de se salir les mai’j !s.(Oxenstiern.) Les savants ont tout prouvé, tout démontré, excepté la raison pour laquelle le chien fait trois ou quatre tours avant de se coucher, (Pope.) Le génie fuit les philosophes aussi bien que les poètes, et le temps fait les savants. (Fontenelle.) Les savants d’académie voient les mœurs d’un peuple dans sa langue. (Bayle.) Le savant d’ednigne le sentiment vulgaire. (J.-J. Rouss.) Le vrai savant est celui qui n’a nourri son esprit que de bons livres. (Volt.) Les savants montent sur les épaules les uns des autres pour explorer du regard un horizon de plus en plus étendu. (J.-B. Say.) Une coquette est plus, aisée à marier qu’une savante. (J. de Maistre.) Le savant sait d’une chose tout ce que l’on en peut savoir dans son siècle, t’érudit tout ce que l’on en savait dans les siêctes passés. (J.-B. Say.) Le savant observe les faits, il les décrit ; le philosophe les explique et les enchaîne. (Azaïs.) J’ai souvent entendu les savants disputer sur le premier être, et je ne les ai point compris. (Chateaub.) Un savant sans philosophie est un musicien sans âme. (Gardanne.) Un grand savant fait oublier un autre grand savant. (V. Hugo.)

Un savant doute, cherche, et l’ignorant sait tout.

Villefré.

Les lavants ont beau dire

Et beau rêver : leurs systèmes font rire.

Voltaire.

— Prov. C’est un savant en us, C’est un homme qui fait un étalage pédantesque de sa science.

— Syn. Savant, daclc, érudït. V. DOCTE.

— Encycl. V. SCIENCE ET ÉRUDITION.

Savants (histoire des ouvrages des), re SAVA

cueil critique rédigé par Basnage de Beauval (1687-1709). Bnyle, ayant résolu d’abandonner la publication des Nouvelles de la république des lettres, voulut en remettre la continuation à son ami Basnage. Celui-ci accepta la tâche confiée, mais en se réservant de prendre un autre titre, afin d’éviter une comparaison redoutable dans l’esprit du lecteur. Ainsi parut l’Histoire des ouvrages des savants. Dans les premiers numéros, soit respect du maître, soit hésitation d’un homme qui étudie le terrain et tente une expérience, Basnage suit la méthode de Bayle ; certains de ses articles de début sont des pastiches intelligents, mais un peu outrés, de la manière du grand critique ; moins sensible aux qualités de la forme qu’au sens et aux nouveautés, il considère de préférence le fond des idées. Tout en restant fidèle à cette habitude psychologique, il acquiert bientôt une manière propre. Ses comptes rendus se distinguent par la clarté de l’analyse, par la sûreté du coup d’œil dont il embrasse le plan et les grands traits des ouvrages appréciés par lui, par le bon sens et, enfin, par une rare modération. Protestant, il se défend, même dans les sujets de controverse, de toute partialité et rapporte les raisons des dissidents sans les affaiblir. Le Père Niceron convient de l’impartialité de Basnage et de son indépendance vis-à-vis de l’auteur discuté. Peu prodigue d’éloges, Basnage se tient dans le ton des convenances et observe les formes d’une contradiction sage et réservée. Basnage convient lui-même, ce qu’on lui a reproché, qu’il mêle trop souvent ses réflexions avec celles de l’ouvrage soumis à son examen, de sorte qu’il est difficile de distinguer les sentiments de l’écrivain des pensées de l’analyste. Il ne pouvait, dit-il, se résoudre à interrompre continuellement le discours par des signes ou des termes servant de points de repère. Ce défaut fuit précisément son originalité. C’était un ait neuf et délicat que de faire marcher du raênie pas, côte à cote, lo jugement et l’analyse de l’œuvre..C’était là la prétention de Basnage et, en partie, son mérite. La méthode employée par lui a été reprise par quelques critiques de notre siècle. Si on la compare avec le pédantisme des anciens érudits. on jugera qu’elle constitue un progrès sensible, puisqu’elle élargit le cercle des intelligences capables de saisir des sujets et des matières pour lesquelles les gens du monde étaient des profanes. Basnage a parfaitement compris les besoins des temps nouveaux, l’esprit de la société. Evitant la déclamation et la pédanterie, il se pique d’élégance et de politesse. Son style aime les ornements. Son journal, qui se compose do îi volumes, est un des meilleurs qui aient été publiés à l’étranger ; il n’est pas resté trop au-dessous des Nouvelles de Bayle, dont il est une sorte de continuation.

Savant» illimtre» (vies des), depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle, avec une appréciation de leurs travaux, par M. Louis Figuier (1865). Cet ouvrage pourrait, s’intituler le Plutarque scientifique ; il remplit une lacune. Nous avions les Vies des grands capitaines, des peintres, des musiciens, des orateurs, voire même des enfants célèbres, nous n’avions pas celles des grands maîtres de la science. Sous forme de biographies, c’est en réalité une Histoire des sciences qu’a écrite M. L. Figuier ; car, loin de se borner à une notice sur chaque représentant de la science, il analyse et apprécie ses travaux. Il ne suit pas l’ordre chronologique dans toute sa rigueur ; il distribue ses biographies par groupes et fait précéder chaque groupe d’un tableau historique de l’état des sciences pendant l’époque qu’il considère. On assiste ainsi à la création et au développement suecc-sif des sciences depuis leur origine jusqu’au xixe siècle. Il nous expose d’abord les données sur lesquelles la philosophie de l’antiquité a entrepris ses travaux, puis dresse 1 inventaire de l’héritage précis des connaissances positives qu’elle a léguées à la Renaissance et nu moyen âge. U trace un tableau animé des obstacles suscités au savant du moyen âge, de ses luttes dramatiques contre Avistote et la théologie intolérante ; il nous peint la condition sociale des savants de la Renaissance jetant les fondements de notre édifice scientifique, assis sur la double base de la philosophie renouvelée et de l’expérience.

Dans un premier volume, il a réuni les grandes figures un peu indécises des représentants de la science dans l’amiquiié. La science alors, sous le beau nom de sagesse, comprenait tous les genres de recherches. L’univers ; ilité des connaissances était un aiguillon de plus pour la curiosité des esprits les plus puissants. L’héritage de l’antiquité se retrouve à l’aurore des temps modernes ; M. Figuier montre comment il grandit dans des mains dignes de le faire frueiilier. Il nous raconte les vies des savants illustres de la Renaissance. C’est l’âge des épreuves et du martyre. Ces héros, dont la plupart honorent l’humanité autant que la science, sont Paracelse, Rumus, Jérôme Cardan, Bernard Palissy, Georges Agricola, Conrad Gessncr, Guillaume Rondelet, André Vi-sale, Ambroisie l’aré, Coparnic, Tyelio-Brahé.Vaseode Gaina, Magellan, Christophe Colomb, Gutenberg,-Galilée les suivent de près et forment les brillants anneaux de cette chaîne non inter-