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cherche un encroit où elle puisse tranquillement filer sa coque ; le plus souvent, elle choisit pour celi le dessous d’un toit ou d’une Corniche ; quelquefois aussi l’abri que lui offrent naturellement les saillies ou les enfourchures que présente le tronc des arbres ; dans ions les eus, elle a soin de se mettre du côté le moins exposé à la pluie,

La chrysalide, grosse, courte, d’un brun foncé, est renfermée dans une coque piriforme, composée d’une sorte de feutre brun foiteinetit gommé et recouverte de fils entremêlés ; au bout par lequel le papillon doit sortir, ces fils sont disposés comme les osiers qui forment l’ouverture d’une nasse, avec cette différence, toutefois, qu’ils ferment exactement l’entrée à tout insecte ennemi, tandis qu’ils la laissent ouverte pour la libre sortie de l’habitant de la coque. Celui-ci éclôt ordinairement au bout de neuf mois, c’est-à-dire vers la fin d’avril ou au commencement de mai. ; quelquefois cependant cette éclosion n’a lieu que la seconde ou la troisième année. En général, les agriculteurs y font peu d’attention, car ces chenilles, bien qu ? très-vornees, ne sont jamais assez nombreuses pour produire des dégâts sensibles.

Lu, satnrnit moyenne et la satnrnie du charme, vulgairement appelées paon moyen et petit paon, ’ assemblent beaucoup, par la forme et par.es couleurs, à l’espèce précédente, tant à l’état de chenille qu’à l’état parfait ; mais ils s’en distinguent aisément, ne fût-ce que par leur taille bien plus petite. Leurs mœurs sont à peu près les mêmes ; le paon moyen semble être surtout propre à l’Allemagne, tandis que le petit paon est assez commun dans presque toute l’Europe. Nous citerons encore la snturnie isabelle, superbe espèce qui habite l’Espagne, et la saturnie exeiijèi’e, qu’on trouve en Dalmatie.

Parmi les espèces exotiques, on doit mentionner en première ligne la saluruie Allas, magnifique espèce, dont l’envergure dépasse om,16 et qui habite la Chine ; puis la satnrnie dorée de la Guyane, la satnrnie lime de l’Amérique du Nord, les salumies cécropia, paphia, etc. Ces espèces et quelques autres étant surtout intéressantes comme insectes sérigènes, leur histoire sera mieux placée à l’article ver à soie. V. ce mot.

SATURME nom donné à l’Italie par quelques poètes anciens, parce que cette contrée avait servi de refuge à Saturne.

SATURNIEN, IENNE adj. (sa-tnr-ni-ain, iô-ne — rad. Saturne). Qui appartient, qui a rapport à Slattirne : Le mythe saturniun.

— Anc.métriq. Se disait d’une espèce do vers latin très-anciennement employé, et dont on faisait remonter l’invention à l’époque où Saturne régnait sur le Latium.

— Antiq. rom. Mont Saturnien, Ancien nom du Capitole.

— Géol. Période saturnienne, Période antérieure à la révolution qui a donné aux continents Jeur.orme actuelle.

— Asirol. !5e disait des personnes qui, étant nées ou se trouvant sous l’influence de la planète Saturna, avaient un caractère sombre et mélancolique.

— s. m. Habitant de la planète Saturne. Il Mot employé par Voltaire.

— Hist. rtlig. Membre d’une secte gnostique, fondé 3 au n« siècle par Saturnin d’Antioche.

— Encycl. Ane. métr. Vers saturniens. Ces vers étaient, selon Virgile et Tite-Live, dépourvus d’art et do règles, au moins dans une certaine limite, incompti, incompositi, comme ceux que chantaient les soldats dans les triomphes. Ils n’avaient d’autre mesure, d’aprts Servius, que celle du chant, et d’autre durée que celle des sons auxquels on les associait, c’est-à-dire qu’ils étaient rhythmiques et non métriques.

Les monuments et les témoignages nous manquent È. la fois pour déterminer nettement quelle était la forme de ces anciens vers. M. Mignin a cependant cherché à établir qu’il y -sut deux générations de vers saturniens. Le plus ancien aurait été peut-être purement rliyihmique. Le plus récent aurait été inventé par Nevius, ou du moins ce poète aurait essayé un des premiers de l’introduire dans son poème de la Guerre punique. Diomède, Tere itianus Maurus et Auilius Fortunatianus parlent des pieds qui composaient ce vers et i.uxquels ils attribuent une origine grecque. D i reste, aucun des échantillons de vers saturniens cités par ces grammairiens, pas même es fragments extraits par Portunatianus des anciennes tables triomphales, ne se rappe rtent à la forme purement rhythmique qu on prêterait aux vers de la première sorte.

On ne sa irait dire exactement en quoi les vers saturniens différaient des vers appelés fescennins par Ennitis. Ce qu’on sait seulement, c’est que les vers fescennins étaient usités dans les fêtes joyeuses, dans les noces, dans les triomphes et semblaient renfermer une idée de raillerie et de licence. Le vers saturnien, au contraire, ainsi nommé soit à cause de h. liberté de sa forme qui rappelait la liberté proverbiale du règne de Saturne, toit à cause de son antiquité saturnienne, soit du non d’une ville nommée Satumia, parait avoir été plus particulièrement destiné aux sujets graves et religieux.

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On cite, comme exemple de vers saturnien, cette épigrammede Nevius contre la maison des Metellus :

Fato Meitlli Borna /iwnl consulcs,

quoique ce soit, à la quantité d’une syllabe près, un vers ïambique régulier.

Le vers rhythmiqiie, dit M. Magnin, n’a jamais cessé d’être, à, Rome, le véritable vers populaire. L’usage en devint même de plus en plus commun, à mesure que la barbarie brisait et décomposait davantage les mètres savants. Le christianisme l’adopta, et enfin, au moyen âge, le vers syllabique latin et son analogue grec, le vers politique, régnèrent seuls. Ce vers est même arrivé jusqu’à nous dans quelques antiques proses chantées par le peuple aux xe et xie siècles. Ce fut même sur ces vers syllabiques que se modelèrent an xue siècle nos vers de dix et de douze syllabes. »

La différence des vers saturniens avec les vers métriques n’est pas, comme on le voit, très-accusée dans les auteurs, ou du moins on n’aperçoit pas dans les vers saturniens trace d’un principe prosodique autre que celui des vers métriques ; ils ne nous apparaissent, en un mot, que comme des vers métriques plus ou moins grossiers et in. orrects. Si l’on admet, en effet, que le nombre exact des syllabes marquées dans la prononciation vulgaire y servait de base à. la mesure, on observera que le nombre des syllabes est également fixe dans le vers ïambique qui fut le vers du théâtre de Plante et de Térence. Mais cette proposition ne s’accorde pas avec l’idée que nous pouvons nous faire d’un vers rhythntique, dont les mèties trochaïques.et anapestiques très-libres des auteurs comiques nous conserveraient bien plutôt l’idée. Vers syllabiques et vers rhythmiques sont deux choses essentiellement différentes : dans les premiers, la quantité est sacrifiée au nombre des syllabes ; dans les seconds, elle supplée à ce nombre. Le système le plus rationnel à l’égard des vers saturniens consiste donc à admettre que ces vers n’étaient ni rigoureusement syllabiques ni rigoureusement rhythmiques, et ne différaient des vers métriques que par leur irrégularité et leur grossièreté, ne donnant que confusément et à peu prés la nuance syllabique et métrique du vers classique. Qu’un tel vers ait été employé par les poètes dans des parades qui s’adressaient au petit peuple, c’est ce qu’on remarque dans toutes les poétiques du monde. Horace, Virgile, Tite-Live ne paraissent pas considérer autrement cette forme primitive du vers latin. Cette forme s’est, ilit-on, conservée concurremment avec la forme classique. Est-ce que l’incorrection et l’ignorance des règles ne sont pas de toutes les époques chez certains auteurs écrivant pour île certaines classes ?Que la même forme se trouve devenue prépondérante à. l’époque de la décadence et sous l’empire du goût des barbares, qui n’avaient point Je Sentiment des nuances littéraires ni même des délicatesses de la prononciation méridionale, cela ne prouve point l’existence d’une tradition qui l’ait prise au berceau dé Rome pour la faire renaître fidèlement à la chute de l’empire, et l’on ne peut voir dans l’analogie du résultat que le jeu naturel de causes analogues. Lorsque M. Magnin affirme que noire vers du XIIe siècle est issu du vers saturnien, il ne tient compte ni de la rime ni de la césure de notre décasyllabe qui sont les caractéristiques du vers français ; il pourrait émettre la même affirmation relativement au vers italien, en ne tenant pas davantage compte des césures. Pour expliquer la naissance du vers français et du vers italien au moyen âge, il suffit d’observer la perte successive des nuances qui faisaient l’essence des mètres antiques. Le vers syllabique est né de la confusion des longues et des brèves, la régularité de la césure est née de la mesure par syllabe, et la rime de l’insuffisance de la césure dans la diction septentrionale. Il ne peut être établi d’autre rapport entre l’origine de notre poétique moderne et cel ; e du vers grec et du vers latin que celui qui existe entre toutes les origines, à savoir le caractère flottant et indécis des idées et des tonnes de langage des peuples dans leur enfance,

— Hist. relig. Les saturniens n’étaient pas, comme les valentiniens, des gnostiques panthéistes, considérant la matière comme une négation, un vide ; ils étaient dualistes et se rapprochaient quelque peu des manichéens.

Ils admettaient un Dieu suprême, puissant et bon, mais inconnu des hommes, et une matière éternelle à laquelle présidait un esprit éternel, méchant et malfaisant par sa nature.

Lu Uieu suprême étaient sortis par émanations successives sept esprits inférieurs qui, à I insu du Dieu absolu, avaient formé le monde et les hommes, et s’étaient logés dans chacune des sept planètes, eu sorte que les saturniens les appelaient esprits sidéraux ou planétaires. Mais, inférieurs qu’ils étaient, ces sept esprits n’avaient pu donner aux hommes, leurs créatures, qu’une existence purement animale. Le Dieu absolu, touché de compassion, donna à ces nouveaux êtres une âme raisonnable et laissa le monde sous le gouvernement des sept esprits qui en avaient été les démiurges ou fabricants.

L’un de ces esprits avait sous ses ordres

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la nation juive ; c’est lui qui en réglait la destinée, qui l’avait retirée d’Égypte et qui lui avait donné la loi ; c’est lui que les Juifs adorent comme leur Dieu, le vrai Dieu leur étant inconnu.

Cependant, l’esprit méchant et malfaisant qui dominait sur la matière, jaloux de ce que d’autres que lui avaient fait des corps animés et de ce que le Dieu absolu avait mis en eux une âme bonne et sage, forma une autre espèce d’hommes auxquels il donna une âme méchante et perverse, semblable à. lui : de là est venue la différence entre les hommes, dont les uns sont bons et les autres sont méchants.

Le Dieu absolu, voyant avec peine ce mélange et fâché aussi de ce que les esprits sidéraux se faisaient adorer à sa place, envoya sur la terre la plus pure de ses émanations, son fils, qui, sous l’apparence de l’homme Jésus, vint faire connaître le vrai Dieu, et notamment détourner les Juifs du cuire de leur maître Jéhovah, ainsi que de l’empire du méchant Dieu de la matière, afin de faire rentrer les mauvaises âmes dans leur principe et de faire remonter les âmes pures vers le Dieu absolu dont elles étaient émanées.

Les Juifs, pour soutenir leur Dieu, les méchants, pour maintenir l’empire du mauvais principe, crucifièrent Jésus ; mais l’humanité, instruite par sa prédication et par sa mort, se tourna vers le Dieu absolu, qu’elle ne peut retrouver qu’en mortifiant la matière et en embrassant les principes de la gnose saturnienne.

En conséquence, les saturniens menaient une vie austère. Persuadés que la matière est mauvaise en soi et que le corps est le principe de tous les vices, ils s’abstenaient de manger de la chair et de boire du vin, nourriture trop substantielle, afin que l’esprit fût plus léger et plus libre de s adonner a la gnose, à la connaissance de Dieu ; ils condamnaient le mariage par lequel se fait la procréation des corps. Ils rejetaient l’Ancien Testament, qu’ils considéraient comme l’oeuvre d’un esprit rebelle nu Dieu absolu.

Ce n’est qu’avec beaucoup de peine que l’on est arrivé à reconstituer à peu près complètement le système des saturniens, contre lesquels les Pères de l’Église, et notamment Irénée, Tertullien, Eusèbe, Épiphane, Théodore ! , n’ont pas assez d’atiathèmes, mais dont ces Pères ont très-peu compris le système qui, à de légères variantes près, est celui de Basilides et d’autres gnostiques. Toutes les sectes gnostiques et manichéen nés, par exemple, sont d’accord pour repousser l’Ancien Testament et pour prêcher la vie la plus austère. V gnostiqui ;S.

SATURNIGÈNE adj. (sa-tur-ni-jè-ne —du lat. Siif urnvs, siaturne ; penus, raee). Myth. rom. Né de Saturne. Surnom donné à Jupiter, à Junon, à Neptune, à Pluton,

SATURNIN, INE adj. (sa-tur-nain, i-nerad. Saturne). Qui appartient, qui a rapport au dieu Saturne.

— Ane. chim. Qui a rapport au plomb ou saturne.

— Pathol. Qui est produit par le plomb ou par ses composés : Colique saturnine.

— s. m. Erpét. Espèce de serpent qui se trouve dans 1 Inde.

— Encycl. Pathol. Intoxication saturnine. L’emploi journalier du plomb, ses applications nombreuses aux arts et à l’industrie, ses ravages fréquents en thérapeutique, l’imprudence, l’incurie, l’ignorance dans lesquelles vivent tant d’individus par rapport à, cet agent, à ses propriétés et à la manière dont il se comporte vis-à-vis de certaines substances, la multiplicité des professions dunslesquelles on rencontre ce métal, les idiosyncrasies, causent encore tous les jours, malgré les progrès de la science et les précautions prises, de graves et nombreux accidents. Or, quand le plomb a pénétré, par une voie ou par une autre, sous une forme ou sous une autre, dans l’économie de l’homme ou des animaux, son action s’exerce sur tout l’organisme, de façons quelquefois très-diverses, et ses effets se manifesteut par des symptômes non moins divers aussi. Affection vraiment protéiforme, l’affection plombique revêt les aspects les plus variés, et l’on pourrait dire avec raison qu’elle est plutôt un groupement de plusieurs maladies qu’une maladie unique. Fonctions de nutrition, fonctions de relation, sensibilité, intelligence, inutilité, tout est modifié ou susceptible de l’être. Quant aux modifications, elles sont variables a l’infini et se traduisent tantôt par l’exaltation de la fonction, tantôt, au contraire, par son abolition, et tan tôtpar desnuances intermédiaires, mais constituant toujours une perversion. (Vaullegeard.) %

La cause la plus importante est dans la profession. Voici la liste ’tes professions dans lesquelles les ouvriers sont plus ou moins exposes aux influences de ce métal dangereux : Ouvriers cerusiers, ouvriers des fabriques de minium, des fabriques de litharge ; peintresen bâtiments, peintres d’attribut, de voitures ; doreurs sur bois, vernisseurs de métaux, fabricants de papiers peints, broyeurs de couleurs, fabricants de cartes d’Allemagne, ceinturonnierSj potiers, faïenciers, verriers, ouvriers des mines de plomb, affineurs, plombiers, fondeurs de cuivre, fondeurs debronze, fondeurs de caractères d’imprimerie, impri SATU

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meurs, fabricants de plomb de chasse, lapidaires, tailleurs de cristaux, ouvriers des manufactures de glaces, ouvriers des fabriques de nitrate, de chioroate, d’acétate de plomb.

«Pour être complet, disait A. Tardieu dans un de ses cours, il faudrait éuumérer pins de soixante professions.» Dans rémunération que nous venons de faire, les ouvriers de ces industries sont, de toute nécessité, appelés à. être en contact avec des composés du plomb. I) est une autre profession que nous devons ajouter, bien qu’elle n’expose le plus ordinairement que d une manière indirecte à l’intoxication saturnine, c’est celle de marin.

En effet, qu’on adopte ou non l’identité de la colique nerveuse et de la colique saturnine, il faut reconnaître, comme l’a prouvé A. Lefèvre par ses belles et patientes recherchés, que la quantité de plomb ou de ses composés qui se trouve à. bord des nuvires de guerre, et particulièrement des navires à vapeur, est considérable. En outre, les conditions dans lesquelles vit l’homme de mer viennent multiplier les chances d’introduction du plomb dans l’économie et favoriser le développement des accidents qui caractérisent sa présence,

Les boissons, les aliments servent surtout de véhicule au poison. Souvent les populations de certaines contrées, de certaines villes ont offert, sous forme épidémique, de nombreux cas de coliques en tout semblables à la colique saturnine (coliques de Normandie, du Poitou, du Devonshire, de Madrid). On a accusé tour à tour la mauvaise qualité des boissons ferinentèes, l’abus des boissons glacées, des fruits acides et les variations de température ; mais une enquête minutieuse prouve que l’on a toujours pu reconnaître, comme cause de ces sortes d’épidémies, la présence du plomb introduit frauduleusement ou accidentellement dans les boissons ; les influences climatériques n’agissent que d’une manière indirecte ou adjuvante. Ces prétendues entités morbides sont donc venues, avec les progrès de la chimie, se confondre dans l’histoire de l’intoxication saturnine. Parmi les circonstances si variées et si nombreuses qui introduisent les composés saturnins dans 1 alimentation, signalons l’adultération des boissons fermentées par l’addition de litharge, le séjour ou le passage de l’eau ou de toute autre boisson dans des conduits ou des réservoirs de plomb ou recouverts d’un alliage contenant une forte proportion de ce métal, l’usage de vaisselle d’étaiu à un titre inférieur, de boîtes de conserves en fer étamé, de poteries recouvertes d’un vernis plombifère, etc. C’est ainsi qu’à bord des bâtiments, et des bâtiments de la marine française en particulier, avant que l’attention do l’administration n’eût été attirée par les travaux de A. Lefèvre, les cuisines distillatoires, la vaisselle d’étain servant aux malades ont notablement multiplié les cas de cette colique dont lu nature divise encore, au point de vue de l’étiologie, les médecins de la marine. Les applications dans un but thérapeutique des composés saturnins, non-seulement à l’intérieur, mais aussi sous forme de topique*, tels que lotions, injections, pommades, emplâtres, les cosmétiques et particulièrement les fards, peuvent donner lieu à l’empoisonnement chronique que nous étudions. Le sexe, l’âge n’ont qu une influence indirecte sur sa fréquence. Si l’on rencontre la colique plus souvent chez les hommes, c’est qu’ils exercent les professions plombiques plus que les femmes. Celles-ci n’en sont cependant pas exemples ; les polisseuses de caractères d’imprimerie, les coloristes, les peintres à la gouache qui portent leurs pinceaux a la bouche, les ouvrières occupées o. remaillage, h la préparation du fer pour les crochets suspenseurs des fils télégraphiques ; celles qui trempent les fils de soie dans une solution d’acétate de plomb et les portent à la bouche avec leurs doigts ou manient les soies grèges, de Chine par exemple, mélangées d une notable qùiiutité de plomb destinée à augmenter le.ur poids ; celles qui s’occupent au blanchissage des dentelles dites de Bruxelles, à la fabrication des images religieuses découpées en dentelles, sont aussi sujettes à l’intoxication saturnine que les hommes. On l’observe à l’âge adulte principalement, parce que cet âge est celui où l’ouvrier exerce sa profession.

La saison chaude, les climats intertropicaux, toutes les causes enfin qui soumettent les sujets a une haute température ont une influence très-marquée sur la production des accidents saturnins. C’est pendant la saison chaude et dans les pays chauds que l’on boit davantage et que l’on fait le plus usage des boissons fermentées, telles que le cidre, la bière, qui peuveut être clarifiées avec des sels de plomb, ou de bières économiques que l’on renferme dans des poteries vernissées, ou de boissons acidulées telles que les limonades. Les hautes températures, d’une part, favorisent l’absorption et, de l’autre, exposent, lors des variations de température entre le jour et la nuit, k des suppressions de transpiration et, par suite, à la suspension de l’élimination de tout poison qui aura pu être absorbe. Enfin, c’est sous les tropiques, c’est parmi les hommes que leur profession expose a de hautes températures que l’on rencontre particulièrement l’anémie poussée à un très-haut degré. L’appauvrissement du sang, soit primitif, soit consécutif à des maladies antérieures, telles que la cachexie paludéenne, la