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Toit un exemple de l’application de cette loi implacable au cb. xv des Nombres : les Juifs étaient alors dans le désert, et un homme ayant été surpris lorsqu’il ramassait du bois un jour de sabbat fut lapidé par le peuple. Non-seulement l’homme devait s’abstenir de tout travail ce jour-là, mais il devait veiller à ce que ses enfants, ses serviteurs, ses bestiaux même observassent l’inaction commandée, et le Deutéronome ne donne plus seulement pour motif l’exemple que Dieu avait donne dans la. création, il ajoute un motif nouveau, plus humain cette fois, le besoin du repos après le travail (Ut requiescat set-vus tuas et oncîlla tua, sicut et tu). Les Juifs ne furent pas toujours fidèles observateurs de cette loi ; mais Dieu les en punit avec beaucoup de rigueur : la captivité de Babylune eut pour principale cause, d’après les paroles mêmes des prophètes, le relâchement qui s’était introduit parmi le peuple dans 1 observation du sabbat. Par contre, on a vu quelquefois le respect pour le sabbat porté à l’excès : ainsi, des Juifs poursuivis par les troupes du roi Aniiochus se laissèrent égorger sans essayer de se défendre, parce que ces troupes les assaillirent un jour de sabbat. Du temps de Jt-sus-Christ, les pharisiens poussaient aussi jusqu’à une rigidité excessive l’observation du sabbat, et ils lui reprochaient de guérir ce jour-là les malades qui se présentaient à lui. On sait que Jésus n’avait pas des vues si étroites, et que dans la réponse qu’il leur fit il alla jusqu’à dire que le sabbat était Tait pour l’homme, et non I homme pour le sabbat ; mais de telles paroles étaient, pour les pharisiens comme pour lu plupart des Juifs, un véritable sujet de scandale.

11 serait curieux de savoir comment les rabbins de nos jours interprètent la défense absolue du travail pendant la journée du sabbat, qui commence le vendredi au coucher du soleil et finit le samedi à la même heure. Il est probable que, comme nos casuistes modernes, ils ont été obligés d’apporter bien des adoucissements a une loi dont l’exécution formelle «st devenue presque impossible. Ce qu’il y a de certain, c’est que nous voyons tous les jours des juifs tenir boutique ouverte, faire et recevoir des payement.-’, travailler de toutes manières le samedi comme les autres jours, et non-seulement ils ne sont pas lapidés, mais nous croyons même qu’ils ne sont ni excommunies ni condamnés par leurs rabbins à une expiation quelconque. Ce n’est pas seulement chez les chrétiens qu’on peut dire :

II est avec le ciel des accommodements !

Les premiers chrétiens commencèrent d’abord par observer la loi du sabbat comme les Juifs ; niais ils remplacèrent bientôt ce jour par le dimanche, eu mémoire de la résurrection pascale. Ainsi, on ne peut plus dire des chrétiens qu’ils se reposent un jour après en avoir consacré six au travail : ils se reposent avant d’avoir travaillé, puisque le dimanche est le premier jour de la semaine. Mais leur but est différent ; ce n’est pas le repos qu’ils cherchent, c’est la sanctilication, et pour sanctifier la semaine, ils disent qu’il faut en consacrer le premier jour à des exercices religieux. Cependant les docteurs catholiques appliquent au dimanche toutes les prohibitions que la loi de Moïse appliquait au samedi, c’est-à-dire au sabbat, et quand on leur demande de quel droit ils changent ainsi le sens des commandements divins, ils répondent que Jésus leur a dit : «Tout ce que vous lierez et délierez sur la terre sera lié et délié dans le ciel.»

— Sorcell. Tout le moyen âge a cru qu’à certains jours, à minuit précis, les sorciers et tes sorcières se réunissaient en un endroit écarté et faisaient par leurs enchantements descendre Satan au milieu d’eux ; les morts mêmes soriaient parfois de leur tombeau et se mêlaient a l’orgie et aux conjurations, qui se prolongeaient jusqu’au point du jour, jusqu’au premier chant du coq.

Théophile Gautier, dans Albertus, a donné une description poétique du sabbat, que nos lecteurs nous sauront gré de mettre ici sous leurs yeux :

Chauves-souris, hibous, chouettes, vautours chauves, Grands-ducs, oiseaux de nuit aux yeux flambants et fauves,

Monstres de toute espèce et qu’on ne connaît pas, Stryges au bec crochu, goules, larves, harpies, Vampires, loups-garous, bruculaque3 impies, Mammouths, léviathaas, crocodiles, boas. Cela grogne, glapit, siffle, rit et babille, Cela grouille, reluit, vole, rampe et sautille ; Le sol en est couvert, l’air en est obscurci. Des balais haletants la course est moins rapide, Et de ses doigts noueux tirant a soi la bride, La vieille cria : C’est ici.

Une flamme jetant une clarté bleuâtre. Comme celle du punch, éclairait le théâtre. C’était un carrefour dans le milieu d’un bois. Les nécromans en robe et les sorcières nues, À cheval sur leurs boucs, par les quatre avenues. Des quatre points du vent débouchaient a la fois. Les approfondisseurs des sciences occultes, Faust de tous les pays, mages de tous les cultes, Zingaros basanés et rabbins au poil roux, Cabalistes, devins, rêvasseurs hermétiques, Noirs et faisant râler leurs souffles asthmatiques : Aucun ne manque au rendez-vous.

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Squelettes conservés dans les amphithéâtres, Animaux empaillé», monstres, fœtus verdâtres, Tout humides encor de leur bain d’alcool ; Culs-de-jatte, pieds bots montés sur des limaces, Pendus tirant la langue et faisant des grimaces ; Guillotinés blafards, un ruban rouge au co !. Soutenant d’une main leur tête chancelante ; Tous les suppliciés, foule morne et sanglante, Parricides manchots couverts d’un voile noir, Hérétiques vêtus de tuniques soufrées, Roués meurtris et bleus, noyés aux chairs marbrées : C’était épouvantable à voir.

Le président, assis dans une chaire noire. Avec ses’doigts crochus feuilletant le grimoire, Epelait à rebours ie nom sacré de Dieu. Un rayon échappé de sa prunelle verte Eclairait le bouquin et sur la page ouverte Faisait étinceler les mots en traits de feu. Pour commencer la fête on attendait le Maître. On s’impaiieniait ; il tardait & paraître Et faisait sourde oreille ù l’évocation... Enfin, il arriva,

, fit un signe, et la troupe

Pour ouïr le concert se réunit en groupe.

Les virtuoses font, sous leurs doigts secs et gréics, Des stradivarius grincer les chanterelles ; La corde semble avoir une âme dans sa voix ; Le tam-tam caverneux comme un tonnerre gronde ; Un latin jovial, gonflant sa face ronde, Sonne buriesquement de deux cors a la fois. Celui-ci frappe un gril, et cet autre en goguettes Prend pour tambour son ventre et deux os pour ba-Quatre petits démons sous un archet de fer [guettes. Font ronfler et mugir quatre basses géantes. Un grand soprano tord ses mâchoires béantes : C’est un charivari d’enfer.

Le concerto Uni, les danses commencèrent. Les mains avec les mains en chaîne s’enlacèrent. Dans le grand fauteuil noir le Diable se plaça Et donna le signal. Hurrah ! hurrahl la ronde Fouillant du pied le sol, hurlante et furibonde, Comme un cheval sans frein au galop se lança. j Pour ne rien voir, le ciel ferma ses jeux d’étoiles Et la lune prenant deux nuages pour voiles, Toute blanche de peur, de l’horizon s’enfuit. L’eau s’arrêta troublée, et les échos eux-mêmes Se turent, n’osant pas répéter les blasphèmes

! Qu’ils entendirent cette nuit !

On eût cru voir tourner et flamboyer dans l’ombre Les signes monstrueux d’un zodiaque sombre ; L’hippopotame lourd, Falstaff a quatre pieds, Se dj-eaSïtit gauchement sur ses pattes massives Et s’épanouissait en gambades lascives. Le cul-de-jatte, avec ses moignons estropiés, [bes. Sautait comme un crapaud, et les boucs, plus ingam-Battaient des entrechats, faisaient des ronds de j&nv Une tête de mort à pattes de faucheux [bes.

Trottait par terre ainsi qu’une araignée énorme ; Dans tous les coins grouillait quelque chose d’in-Des vers rayaient le sol gacheux. [forme ;

La chevelure au vent, la joue en feu, les femmes Tordaient leurs membres nus en postures infimes ; Arélin eût rougi. Des baisers furieux Marbraient les seins meurtris et les épaules blanches ; Des doigts noirs et velus se crispaientsur les hanches, On entendait un bruit de chocs luxurieux. Les prunelles jetaient des éclairs électriques, Les bouches se fondaient en étreintes lubriques ; C’étaient des rires fous, des cris, des râlements ! Non, Sodome jamais, jamais sa sœur immonde N’effrayèrent le ciel, ne souillèrent le monde De plus hideux accouplements.

Le récit de Th. Gautier, admirable de mouvement et de poésie fantastique, néglige une des parties les plus importantes du sabbat, celle des conjurations. Les auteurs du moyen âge en dressent une telle liste que l’on doit s’imaginer que les membres du sabbat ne perdaient pas leur temps. Ils s’occupaient :

D’envoyer des loups dans les troupeaux de moutons et dans les bergeries ; des rats, des charançons et des vers dans les greniers ; des chenilles, des sauterelles et d’autres insectes dans les champs pour gâter les grains ; des taupes et des mulots dans les jardins pour perdre les arbres, les légumes et les fruits.

D’envoyer des maladies de langueur et de longue durée aux hommes et aux bêles, en sorte que les.uns et les autres s’affaiblissent visiblement sans qu’on pût les secourir.

De faire sécher une certaine herbe afin de tarir le lait des vaches.

De tremper des balais dans l’eau, afin de faire pleuvoir.

De faire des figures de cire, de boue et d’autres matières, de les piquer au cœur, de les approcher du feu ou de les déchirer, afin que les vivants auxquels on en voulait éprouvassent les mêmes maux.

De cheuiller certaines personnes. Cheviller était un maléfice dont l’avocat Pierre Massé, dans un Traité des diubles, dêoiiis, etc., parle en ces termes : « On pratique aujourd’hui bien fort une espèce de maléfice qu’on appelle cheviller ; par icelui, ou empêche les gens de faire leur eau. J’eu ai vu qui en sont morts. >

De donner la male-nuit, c’est-à-dire d’empêcher de dormir ; ce qu’on faisait en regardant l’étoile du matin et en lui disant : « Je ta salue, étoile lumineuse, et le conjure que tu ailles bailler la male-nuit à N..., selon mes intentions. Va, petite. Va, petite. Va, petite. »

Nous pourrions considérablement allonger la liste de tous les enchantements qui se

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pratiquaient au sabbat ; car cette cérémonie infernale n’était pas une fiction. On allait au sabbat ; des gens fanatisés, hommes et femmes, se réunissaient, en effet, pendant la nuit pour commettre leurs maléfices et pour se livrer à de hideux accouplements. Le pire est que leur imagination était surexcitée à tel point qu’ils s’imaginaient avoir vu le diable, se déclaraient sorciers au milieu des tortures de l’idiote justice de ce temps, racontaient les monstruosités que Satan avait accomplies sur leurs personnes et montaient sur le bûcher, les femmes surtout, avec un farouche enthousiasme. Nous en parlons plus amplement au mot sorcier.

La peine de mort, mort horrible et précédée de tortures plus horribles encore, était prononcée contre ceux qui étaient accusés ou qui s’accusaient eux-mêmes d’être allés au sabbat. Ils élaient, en effet, coupables de quinze crimes énormes qu’énumère Budin dans sou livre De la démonomanie (ch. vj.n Premièrement, dit-il, leur profession première est de nier Dieu et toute religion. Leur deuxième crime est, après avoir renoncé à Dieu, de le maudire, bluspliémeretdépiter...Le troisième crime est encore plus abominable ; c’est qu’ils font hommage au diable, l’adorent, lui sacrifient... Le quatrième crime est encore plus grand ; c’est que plusieurs ont été convaincus et ont confesse d avoir voué leurs enfants à Satan, pour laquelle méchanceté Dieu proteste en sa loi qu’il embrasera sa vengeance contre ceux qui dédiaient leurs enfants à Moloch.... Le cinquième passe encore plus outre ; c’est que les sorcières Sont ordinairement convaincues par leur confession d’avoir sacrifié au diable de petits enfants préalablement qu’ils soient baptisés, les élevant en l’air et puis leur mettant une grosse épingle en la tête... Le sixième crime passe encore plus outre ; car les sorciers ne se contentent

as de sacrifier ou diable leurs propres enfants

et les faire brûler par forme de sacrifice, mais encore les consacrent à Sulan dès le ventre de la mère puur faire mourir l’uti et l’autre... Le septième et le plus ordinaire est qu’ils promettent un diable d’attirer à son service tous ceux qu’ils pourront... Le huitième crime est d’appeler et de jurer par le nom du uinble eu signe d’honneur... Le neuvième est qu’ils sont incestueux ; car Satan leur fait entendre qu’il n’y eut oneques parfait sorcier et enchanteur qui ne fût engendré du père et de la fille ou de la mère et du fils. Le dixième est qu’ils font métier de tuer les personnes, qui pis est d’homicider les petits enfants, puis après les faire bouillir et consommer jusqu’à rendre l’humeur et chair d’iceux potables... Le onzième crime est qu’ils mangent la chair humaine et nièmumeut les petits enfants et boivent leur sang avidement. Kl quand ils ne peuvent avoir des enfants, voni déterrer les hommes des sépulcres ou bien s’en vont aux gibels pour avoir la chair des pendus... Le douzième est de faire mourir par poison ou sortilège ; car c’est beaucoup plus grièvement offenser de tuer par poison qu’à i’urce ouverte, et encore plus grief de faire mourir par sortilège que par poison... Le treizième crime est de faire mourir le bétail, chose qui est ordinaire, lit pour cette cause, un sorcier d’Augsbourg, l’an 1569, fut tenaillé pour avoir fait mourir le bétail, ayant pris la l«rme du cuir des bêtes. Le quatorzième est ordinaire, porté par la loi ; c’est à savoir de faire mourir les fruits et Causer la famine et stérilité en tout un pays. Le quinzième est que les sorcières ont copulation charnelle avec le diable et bien souvent près des maris, et toutes confessent cette méchanceté. Voilà quinze crimes détestables, le moindre desquels mérite la mort exquise. »

Depuis l’époque où l’ut écrit le livre dont nous venons de citer un fragment, les opinions ont bien changé. On ne brûle plus aujourd’hui les sorciers ; on met les escrocs et les charlatans en prison, taudis qu’on met les pauvres fous à Chareuton ou à Bieétre.

Le commentateur du Matmantite, Paul Miuucci, docteur en droit, raconte une anecdote où figure le balai flamboyalit des sorcières. Comme depuis longtemps on est sans nouvelles du sabbat, on ne lira pas sans in> térêt cette histoire, aujourd’hui fort inconnue et cachée au fond d’un travail d’érudition où nul ne s’aviserait de l’aller déterrer.

Vers le milieu du xvme siècle, une sorcière fut amenée dans les prisons de Florence. Le juge qui l’interrogea reconnut en elle une femme très-convaincue de l’efficacité de ses opérations magiques : qu’elle envoûtait son prochain, suçait les petits enfants, allait au sabbat, en un mot toutes les sottises du métier. Cependant, pas un seul fait prouvé : il n’y avait contre elte que ses aveux. Le magistrat lui dit : * Vous allez à Bènévent, sous le noyer ? (v. Géuin, au mut noyer.) — Sans doute. — Eh bien, je vous ferai gnlee à condition d’y aller cette nuit et de me raconter demain matin tout ce que vous y aurez fait.

— Mais, dit cette femme, il faut me rendre la liberté pour que je puisse faire mes conjurations et mes frictions dans ma chambre, car le diable ne viendrait pas nie chercher ici en prison. — Accordé, je veux même vous payer un souper où vous admettrez deux convives. » Elle y consent et rentre chez elle. Les convives étaient deux jeunes gens, deux camarades, dont l’un était garçon jardinier chez le juge. Ils firent boire et manger copieusement la voyageuse qui, après le des

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sert, se leva et passa dans un cabinet voisin pour y procéder à sa toilette diabolique, prenant bien soin de laisser la porte et la fenêtre ouvertes, car le diable exige cela. La sorcière, s’étant frottée de plusieurs sortes d’onguents mal odorants, s’étendit sur un lit et s endormit tout de suite. Alors les deux jeunes gens, bien instruits de ce qu’ils avaient a faire, entrèrent dans la chambrette et, avec de bonnes cordes, ils attachèrent solidement la magicienne par les brns et par les jambes aux quatre coins du lit ; après quoi ils l’appelèrent par son nom de toutes leurs forces. Mais elle resta aussi insensible qu’un cadavre. Ils se mirent alors à la martyriser, lui brûlant le sein, et puis après une cuisse* ils lui firent des plaies en différentes parties du corps et lui brûlèrent la moitié de sa chevelure jusqu’au i-uir de la tête. Tout cela ne produisit rien. Aux premières lueurs de l’aube, la femme donna quelques signes de vie et parut se réveiller avec des soupirs et des gémissements. Le jardinier courut chercher

une chaise à porteurs ; l’autre délie la femme et la rhabille comme il peut, tout étourdie du Sommeil et surtout du traitement qu’elle avait enduré. La chaise anive, on transporte la sorcière et la voilà de nouveau en présence de son juge : s Eh bien, êtes-vous allée à Bènévent ? —Oui, mais j’y ai cruellement souffert [ On m’a fouettée avec des verges de fer rougies au feu. J’ai été traînée, puis attachée par les bras et par les jambes, et, en me rapportant sur son dos, le bouc m’a brûlé la moitié de mes cheveux avec le balai allumé.

— Et pourquoi vous a-ton fait suuffrir de la sorte ? — Pour me punir de vous avoir obéi. • Elle ajouta qu’elle se sentait mourir de la douleur de ses piaies.

Le magistrat la fit panser avec beaucoup de soin et lui dit après : « Vous n’êtes pas allée à Bènévent ; vous n’avez pas bougé de votre chambre ; c’est moi qui vous ai fait maltraiter pour vous démontrer votre erreur et vous déterminer à y renoncer ; si vous le faites, je vous pardonnerai. »

Miuucci termine en disant : « Grâce à ce stratagème, l’habitarmagistrat acquit la certitude d’une vérité sur laquelle il ne formait aucun doute. ■ C’était bien la peine de torturer une pauvre folle 1

Sabbat des sorcières (le), chronique de 1459, par Louis Tieek, littérateur allemand (1S33). On sait que ce fut la mode au xv siècle de brûler les hérétiques et les sorciers, qu’on désignait sous le nom général de vaudois. Vers 1158, la ville d’Arias devint te principal tlfeàtre de ces sanglantes exécutions. Une des premières victimes fut un certain ermite nommé Robert de Vaux, qui fut arrêté et brûlé publiquement. L’évêque d’Arras était absent en ce moment et son diocèse était administré par son frère, Jean, evêque de Baruth in partibus. Ce dernier assura que Robert lui avait fait des révélations et fit arrêter une dame Catherine Deniselle, qui passait pour femme galante, un vieux peintre nomme Labitte, plusieurs vieilles femmes et quelques gens du peuple, auxquels on fit le procès après les avoir préalablement torturés. Le 9 mai, tous les prétendus coupables furent amenés sur un grand échafaud dressé dans la cour de l’èvéché et entouré d’une grande foule de peuple. L’inquisiteur fit.un long discours pour expliquer ce que c’était que la vauderie ; puis, quand il eut fini, il interpella les accusés et leur demanda s’ils étaient coupables du crime dont on les accusait et s’ils avaient pris part au sabbat des sorcières. Ils répondiient : « Oui.» Alors leur sentence fut prononcée ; ils furent retranchés de l’Église et livrés au bras séculier. Mais lorsque ces malheureuses victimes entendirent qu’elles allaient être brûlées, elles se mirent à pousser de grands cris accusant les juges et racontant que c’était à force de tortures et de promesses qu’on leur avait arraché des aveux, mais que rien de ce qu’elles avaient avoué n’était Vrai. Elles n’en furent pas moins brûlées tout en protestant de leur innocence. Tels sont les faits et les personnages quo Tieck a mis en scène avec un grand talent dans le Sabbat des sorcières. Les caractères sont parfaitement tracés : le fanatique évêque de Baruth, le vieux peintre Labitte sont des figures pleines de vérité. Les mOiurs de l’époque sont reproduites avec une scrupuleuse exactitude et un grand luxe de couleur. Toute la terreur sépulcrale, ignorante, pieuse, douloureuse, fanatique de ce temps est puissamment résumée dans ce livre, qui présente quelque analogie avec la Hanse macabre de M. Paul Lacroix.

Sabbat (LE) OU lo Dlnimicbe, poëme, par

J. Grahame (1804 et 1805). L’auteur célèbre les modestes plaisirs de la journée du dimanche ; il décrit les charmes d’une habitation rustique, le calme religieux du matin, une promenade dans les champs, un nid d’oiseau ; il peint les sites et les mœurs d’Écosse avec une joie si Sincère et avec une telle fidélité d observation, que le lecteur est obligé de voir et de.-.entir comme lui, de se réjouir avec lui des humbles sujets de puésie et de méditation qu’un pieux sentiment de fraternité fait découvrir dans les mille aspects de la nature, la mère commune des êtres. Ces scènes de la vie de campagne, ces épisodes si simples qui s’encadrent dans le paysage des Highlands sont racontés sans exagération et souvent avec un accent ému ou solennel.