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tière debout. Il n’y a pas dans l’histoire de mouvement plus grandiose et plus puissant. Tous les citoyens et tous les corps administratifs se trouvaient comme en permanence légale. C’était l’effacement du pouvoir royal.

Au milieu des places publiques, des amphithéâtres furent dressés pour recevoir les enrôlements volontaires. Les officiers municipaux suffisaient à peine à l’enregistrement des noms. Des fils uniques, des hommes mariés s’enrôlaient avec enthousiasme ; cette conscription volontaire, si soudaine, si générale, cette prodigieuse levée d’hommes avait été préparée dans les grandes fédérations et dans la garde nationale, qui fut comme une école et la pépinière des armées de la Révolution, Ces glorieuses recrues « restent marquées d’un signe qui les met à part dans l’histoire. Ce signe, cette formule, ce mot qui fit trembler toute la terre n’est autre que leur simple nom : Volontaires de 92. » (Michelet.)

Toutefois, ce grand mouvement ne put devenir efficace qu’après la révolution du 10 août. Ces volontaires, ces fédérés, qui marchaient sur toutes les routes de France, marquaient leur pas par un chant de guerre éclos de la veille, hymne héroïque qui reste à jamais historique et national, la Marseillaise. V, ce nom.

Et maintenant, les événements vont se précipiter. L’empereur François II combinait avec la Prusse sa grande attaque contre la France, et la reine calculait à l’avance les étapes de l’ennemi. Chacun voyait bien que le centre, le foyer de la conspiration européenne était aux Tuileries et qu’il n’y avait pas d’autre solution à la crise que le renversement à bref délai de la monarchie.

Les fédérés départementaux qui s’aggloméraient à Paris dans leur marche vers la frontière étaient exactement dans les mêmes dispositions ; ils étaient en parfaite communion d’idées avec le peuple de la capitale, qui voulait en finir promptement, obtenir la déchéance du roi ou son renversement.

Les hommes politiques, spécialement les girondins, hésitaient, redoutaient un échec au milieu de si graves périls.

Au milieu de ces émotions, la France fut soulevée tout entière par le cri de guerre de la coalition, la notification d’une pièce aussi brutale que stupide, le fameux Manifeste de Brunswick, d’ailleurs œuvre de la faction des émigrés et dont la reine elle-même avait souvent donné l’idée (v. Brunswick). Cette pièce odieuse, contraire au droit des gens et aux règles de la guerre entre nations civilisées, menaçait les patriotes du supplice et les villes d’exécution militaire et de subversion totale.

Communiquée le 3 août à l’Assemblée, elle hâta l’explosion. La France n’eut qu’une âme et ne poussa qu’un cri ; sur les 48 sections de Paris, 47 votèrent la déchéance. Le manifeste avait précipité la solution et tué la royauté, comme l’invasion tuera le roi.

La révolution du 10 août fut due à l’initiative populaire et les grandes individualités politiques n’y jouèrent qu’un rôle effacé, hésitant, en des conjonctures aussi graves, à se charger de l’effrayante responsabilité d’une insurrection dont l’insuccès possible pouvait compromettre et la liberté et l’indépendance de la nation. Mais le peuple de Paris n’hésita pas ; la bourgeoisie se jeta également dans le mouvement. Les Tuileries furent attaquées le 10 au matin et emportées après un combat terrible (v. août). Dès le commencement de l’action, le roi avait abandonné ses défenseurs et s’était réfugié avec sa famille au sein de l’Assemblée, qui, sous la pression des événements, décréta la convocation d’une Convention nationale et la suspension du roi. La monarchie était définitivement vaincue dans son duel contre la nation. Louis et sa famille furent conduits au Temple.

Les événements s’étaient précipités avec une impulsion tellement irrésistible, que l’Assemblée était impuissante à résister au torrent. Enchaînée par son serment constitutionnel, et ne pouvant s’associer ouvertement au mouvement, elle n’eut plus d’autre rôle que d’écrire ses décrets sous la dictée du peuple vainqueur, en s’efforçant d’apporter quelques atténuations aux exigences de la victoire.

À ce moment, La Fayette couronna ses manœuvres factieuses en se mettant en pleine révolte et en essayant d’entraîner ses troupes. Mais il échoua, franchit la frontière et fut arrêté par les Autrichiens.

L’Assemblée avait rappelé au ministère Roland, Clavière, Servan et nommé à la justice Danton. Elle abolit la distinction des citoyens actifs et non actifs, mais elle maintint le vote à deux degrés. Enfin elle créa le tribunal extraordinaire du 17 août pour juger les conspirateurs royalistes et les traîtres. Cette juridiction fut comme la pierre d’attente du tribunal révolutionnaire.

L’établissement d’une justice énergique, mais régulière, était en effet le préservatif le plus efficace contre les vengeances sommaires. On en sentait d’autant plus la nécessité, que les papiers trouvés aux Tuileries dévoilaient tant de trahisons, de complicités avec l’étranger, que les colères publiques s’avivaient d’heure en heure dans une effrayante proportion.

Mais cette création judiciaire fut impuissante, comme l’Assemblée elle-même, à empêcher les affreux événements de septembre, les massacres des prisons. Nous consacrons un article étendu à ces épisodes tragiques et nous n’avons qu’à y renvoyer le lecteur. V. SEPTEMBRE (massacres de).

Au milieu de ces scènes terribles, il y eut au moins unanimité d’enthousiasme et d’activité pour la défense nationale. L’Assemblée prenait des mesures énergiques, les enrôlements se multipliaient, toute la France était debout. On sentait qu’en face de l’ennemi, il fallait écarter les sanglants fantômes, se purifier et se retremper dans les nobles effervescences du patriotisme, agir et marcher pour le salut du pays.

La frontière était ouverte ; Longwy s’était rendu ; Stenay, Verdun étaient occupés. Pendant que la plupart des militaires et des politiques de l’Europe croyaient voir entrer Frédéric-Guillaume à Paris, Dumouriez, aidé de Kellermann, se saisissait des fameux défilés de l’Argonne, qu’il avait lui-même nommés les Thermopyles de la France, et arrêtait le flot de l’invasion. V. Argonne.

Le 20 septembre eut lieu cette bataille de Valmy, qui, sans être précisément une victoire, était au moins un succès brillant et la première affaire glorieuse des armées de la Révolution. On sait qu’elle détermina en partie la retraite des Prussiens.

Le lendemain, la grande assemblée de combat, la Convention, se réunissait à Paris, et le retentissement de la canonnade de Valmy arrivait d’échos en échos, comme des salves de victoire destinées à saluer la naissance de la glorieuse République.


TROISIÈME SECTION.
La Convention. La République.

La Révolution française entre dans sa période décisive ; les deux premières assemblées avaient en réalité préparé la chute du trône ; elles avaient rendu la république inévitable dans un temps donné. Mais ce qui contribua plus sûrement encore à ce résultat, ce furent les trahisons du roi et de la cour, la connivence notoire avec l’ennemi. Les élections se firent sous cette impression ; toutes les assemblées primaires et électorales se prononcèrent avec une formidable unanimité contre la monarchie, et quand la Convention, armée de pleins pouvoirs, se réunit le 21 septembre 1792, il n’y eut ni hésitation ni débats. Sur un mot énergique de Grégoire, évêque constitutionnel de Blois, la nouvelle assemblée se leva tout entière, et d’une seule acclamation décréta l’abolition de la royauté, l’établissement de la république.

Le lendemain, comme nous l’avons dit plus haut, arrivait la nouvelle du succès de Valmy, l’ère républicaine s’ouvrait sous un rayon de gloire, qui fut comme le prélude des triomphes éclatants de la France plébéienne et démocratique sur les rois et les aristocraties de l’Europe.

Le premier résultat de l’affaire de Valmy fut une suspension d’armes. Dumouriez entama des pourparlers avec l’ennemi, dans le but de détacher la Prusse de l’Autriche et de gagner du temps pour renforcer son armée. Le général Westermann, l’homme de confiance de Danton, fut autorisé secrètement à suivre ces négociations, dont on n’a jamais bien connu les détails. Le roi de Prusse fit une quasi-promesse de paix séparée, et Dumouriez, par une convention tacite, laissa les Prussiens se retirer lentement, ne les poursuivant que pour la forme, quand il aurait pu les écraser, dans le désarroi et la désorganisation où ils étaient. Cette idée d’une paix plâtrée, comme on disait alors, était une faute énorme, que Dumouriez dut reconnaître (si déjà il ne suivait un plan suspect), quand il vit que le roi de Prusse, une fois hors de danger sur la Meuse, et ne s’étant lié par aucune garantie, refusa de se séparer de l’Autriche et manifesta l’intention de garder ce qu’il nous avait enlevé. Ce ne fut que contraint par les événements qu’il évacua Verdun le 13 octobre et Longwy le 22. Dumouriez commit encore d’autres fautes, entraîné par son idée d’attaquer la Belgique.

Il en obtint l’autorisation et il poussa ses préparatifs d’invasion avec activité.

Dans l’intervalle, Lille soutenait héroïquement un siège et un bombardement et décourageait par sa constance les attaques de l’ennemi, qui dut se retirer (8 octobre).

D’ailleurs, les généraux en chef, tous d’ancien régime, comme les états-majors et l’administration militaire, par leurs divisions, par leurs prétentions d’agir à leur volonté, par le mépris qu’ils témoignaient pour les volontaires nationaux et par leurs préventions contre le régime républicain, nuisaient à l’ensemble des opérations et causaient des embarras continuels.

Tous imitaient l’indépendance de Dumouriez.

À l’armée des Alpes, l’ex-marquis de Montesquiou n’envahissait que contraint la Savoie, qui se donnait à nous d’enthousiasme, sans combat, et qui, le 21 octobre, allait voter par la voix des députés de toutes ses communes, sa réunion à la République. Il transigeait avec Genève, malgré les ordres qu’il avait reçus.

Danselme, commandant de l’armée du Var, se rendait en quelque sorte indépendant à Nice et frappait Gênes d’une contribution de 6 millions, juste au moment où nous recherchions l’alliance des Génois.

Sur le Rhin, aucune entente entre Biron, Custine et Kellermann. Ils avaient mission de rejeter l’ennemi par delà le fleuve ; mais Biron-Lauzun se tenait immobile à Strasbourg et même conférait avec un agent du roi de Prusse, Heymann.

Custine, impatient de l’autorité de Biron, et voulant se signaler par quelque succès personnel, quittait ses quartiers de Landau et poussait une pointe jusqu’à Mayence, qu’il occupa presque sans coup férir. Conquête facile ; car à la seule vue du drapeau tricolore toutes les mains se tendaient, tous les cœurs étaient entraînés. Ici, ce n’est plus la force qui conquiert, c’est l’esprit. La jeune liberté française apparaissait aux peuples comme un lever de soleil, et la prétendue conquête était pour eux un affranchissement.

Custine pouvait facilement suivre le Rhin, occuper Coblentz avant l’arrivée de Brunswick et porter un coup terrible à l’armée prussienne. Mais il préféra se jeter sur Francfort (27 oct.) pour rançonner ses opulents banquiers ; singulier moyen pour populariser les idées françaises.

Les autres généraux et leurs lieutenants n’agissaient pas avec beaucoup plus d’ensemble, et d’autant plus que beaucoup étaient royalistes. Mais le prestige de la Révolution était si puissant, qu’il contre-balançait les fautes commises. Partout nous reportions successivement la guerre sur le territoire ennemi, et partout nous obtenions des succès malgré l’insuffisance de notre organisation militaire.

Dumouriez rentra en campagne le 28 octobre, se porta sur Mons et remporta, le 6 novembre, la brillante victoire de Jemmapes. Le 14, il entrait dans Bruxelles aux acclamations des habitants. Le 26, Anvers était à nous, puis Liège (28 nov.), Namur (2 déc), Aix-la-Chapelle (16 déc).

Cette campagne, commencée dans les plus mauvaises conditions, par l’invasion étrangère, se terminait pour nous par la réunion de la Savoie et de Nice et par l’occupation de la Belgique et d’une partie des provinces rhénanes.

D’après les décrets de la Convention, les Français proclamaient partout la souveraineté du peuple, l’abolition des droits féodaux et des servitudes de toute nature, le droit imprescriptible et sacré des citoyens, en même temps qu’ils réprouvaient la brutalité des conquêtes par la force : infaillible moyen de conquérir les âmes.

« Le droit, nous dit Michelet en son magnifique langage, le droit marcha aux redoutes et les emporta. Il entra avec les nôtres dans les rangs des vaincus. La liberté, en les frappant, les émancipa, elle en fit des hommes libres. La France sembla avoir frappé moins sur eux que sur leurs fers. Les Belges furent affranchis d’un coup. Les Allemands firent leurs premiers pas dans une carrière nouvelle ; leur défaite de Jemmapes fut l’ère de leurs libertés... L’épée dont frappait la France, au lieu de blesser, guérissait les peuples. Touchés du fer, ils s’éveillaient, remerciaient le coup salutaire qui rompait leur fatal sommeil, brisait l’enchantement déplorable où, pendant plus de mille années, ils languirent à l’état de bêtes à brouter l’herbe des champs. »

À l’article Convention nationale, nous avons amplement raconté la vie de la grande assemblée, son origine, sa composition, son organisation intérieure, enfin ses divisions intestines, les luttes tragiques et grandioses qui remplissent son histoire. Nous avons donné à ce grand sujet tous les développements qu’il comporte, dans la plus large mesure que nous permet notre cadre. Nous ne pouvons donc ici refaire ce récit, qui est celui de la Révolution même pendant cette période mémorable, au moins de ses principaux événements. Nous répéterons à cette occasion ce que nous avons dit en commençant, que cette esquisse de la Révolution française, indispensable pour donner une idée de la suite et de l’ensemble, ne pouvait avoir, nécessairement, que le caractère d’un résumé rapide, sans faire double emploi avec les articles spéciaux. Ceux-ci sont en nombre considérable dans le Grand Dictionnaire, et placés à leur ordre alphabétique. Biographies, événements, journées, épisodes, institutions, assemblées, batailles, sièges, etc., tout s’y trouve, ou du moins nous avons fait tous nos efforts pour n’omettre rien d’essentiel, rien de ce qui peut offrir un intérêt historique, même épisodique ou simplement pittoresque.

Cette méthode était rigoureusement indiquée, et pour faciliter les recherches sur tel ou tel sujet, et pour pouvoir donner plus de développement à chaque question particulière, et pour ne pas surcharger le résumé général de digressions sans nombre et sans fin.

En résumé, l’article Convention nationale étant d’une grande étendue, pour éviter les redites, nous passerons plus rapidement encore sur cette partie, en y renvoyant le lecteur, ainsi qu’aux notices sur les girondins, les montagnards, les journées du 31 mai 1793, du 9 thermidor an II, du 1er prairial an III, du 13 vendémiaire, sur les constitutions de 1793 et de l’an III, et sur d’autres détails qui pouvaient faire l’objet d’un article spécial.

On sait que la Convention était née divisée ; dès sa constitution, elle se partagea entre les girondins, qui tenaient encore le premier rang, et les montagnards, qui bientôt allaient dominer. La lutte éclata aussitôt et se poursuivit avec une passion et une injustice égales de part et d’autre, soit dans la presse, soit au sein de l’Assemblée.

La Montagne avait pour elle Paris, la Commune, le parti populaire et les jacobins les plus ardents ; la Gironde s’appuyait sur les administrations, sur les républicains plus modérés et sur les départements. Elle forma la droite de la Convention, comme les constitutionnels l’avaient formée dans la Législative, après avoir été la gauche de la Constituante ; évolution naturelle qui marquait la marche en avant de la Révolution.

Ce duel tragique, qui fut si funeste à la république, se termina par la révolution des 31 mai-2 juin 1793, chute, puis proscription des girondins, qui avaient en vain tenté de soulever la province contre la Convention et Paris.

Les montagnards furent dès lors maîtres de l’Assemblée et rallièrent la majorité à leur politique, ou dominèrent les députés du centre (Plaine, Marais).

Avant cette grande scission, quoique entravée par ses déchirements intérieurs, la Convention avait pris avec éclat possession de la scène et poursuivi l’œuvre de la défense et de la réorganisation du pays ; en même temps qu’elle s’occupait des armées et des mille détails de la guerre, des complots de l’intérieur, de la question poignante des subsistances, de l’instruction publique, de l’élaboration des institutions politiques, etc., elle décrétait la mise en accusation de Louis XVI, comme pour répondre à la coalition monarchique ; elle déclarait la guerre a l’Angleterre, qui nous enveloppait de ses intrigues, soudoyait nos ennemis, et qui venait de chasser notre ambassadeur (1er févr. 1793) ; elle décrétait une levée de 300,000 hommes et envoyait dans les départements et aux armées d’énergiques commissaires, avec pleins pouvoirs pour agir ; elle instituait (10 mars) le tribunal révolutionnaire, pour juger sans appel les conspirateurs royalistes et les traîtres (l’Ouest était déjà soulevé) ; elle réorganisait les finances et donnait pour gage à une nouvelle émission d’assignats les biens des émigrés ; elle travaillait à la refonte de l’armée, d’après les idées de Dubois-Crancé ; elle préparait la création du Muséum, etc.

Cependant le ministre anglais Pitt travaillait à reformer rapidement contre nous une immense coalition, qui s’augmenta successivement de tous les rois de l’Europe. L’expédition aventureuse de Dumouriez en Hollande, qui s’affaiblit en dispersant ses forces ; la perte d’Aix-la-Chapelle et de Liège, la défaite de Nerwinde, qui entraînait la perte de la Belgique ; la trahison de Dumouriez, les complots royalistes sans cesse renaissants, les effroyables massacres de patriotes dont ces contrées à demi sauvages étaient le théâtre, les formidables préparatifs de la coalition augmentaient le péril d’heure en heure. La France se sentait de nouveau enveloppée, menacée de mort. Une telle situation exigeait des remèdes énergiques, et c’est pour faire face à ce danger suprême que la Convention fut amenée, alors et successivement, à prendre les mesures de salut public qu’on lui a si amèrement reprochées, sans tenir compte des circonstances.

Après le 31 mai, la Convention, délivrée de ses luttes intestines, montra un redoublement de décision et d’énergie. Elle élabora la Constitution de 1793, dont l’application fut d’ailleurs suspendue jusqu’à la paix, pour laisser libre, en cette crise suprême, l’action du gouvernement révolutionnaire. Elle avait à faire tête à tous les périls ; les frontières étaient entamées, l’insurrection vendéenne devenait formidable ; Lyon était soulevé contre la République ; la Provence et une partie du Languedoc étaient en pleine révolte ; enfin la Fiance était enfermée dans un cercle de fer et de feu.

La grande Assemblée fit face à tout, et la grandeur de ses efforts pour sauver l’indépendance nationale fut égalée par la puissance de ses créations dans toutes les parties de l’administration publique, instruction, finances, sciences, lettres, beaux-arts, institutions civiles, etc.

Mais, en même temps, des efforts si énergiques, des nécessités si cruelles, au milieu de combats acharnés, avaient amené le régime de la terreur et rallumé de nouvelles discordes dans le sein de la Convention et au dehors. Un parti de révolutionnaires ardents, qu’on nomma avec plus ou moins de justesse les hébertistes, appuyé sur la Commune de Paris et les sections, voulait pousser énergiquement la Révolution et en outre la lancer dans les voies philosophiques. Au commencement de novembre 1793, ils déterminèrent le grand mouvement anticatholique, la déprêtrisation, et firent remplacer le culte par les fêtes de la Raison.

Robespierre frappa ce parti, en mars 1794, dans la personne de ses principaux chefs, qui furent envoyés à l’échafaud (Cloots, Gobel, Chaumette, Hébert, etc.).

Bientôt les dantonistes, qui d’ailleurs avaient contribué à la proscription des hébertistes, furent à leur tour accusés d’une prétendue conspiration de la clémence et livrés au tribunal révolutionnaire, puis au supplice (5 avril, Danton, Desmoulins, Philippeaux, Hérault de Séchelles, Basire, etc.).