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jet de la découverte de la porte de l’Acropole par M. Beulé ; contrairement à l’opinion de M., Guigniaut, il entreprit de démontrer que cette porte n’était nullement celle que Périclès avait construite et qu’elle avait été faite k une époque de beaucoup postérieure au temps de Périclès.

■RENAUD (Armand), littérateur et poëte français, né k Versailles en 1837. Il s’est fait connaître par quelques romans et des poésies qui lui ont acquis une place distinguée dans 1 école de ceux qui s’appellent les parnassiens. Véritable virtuose en poésie, il accomplit, en faisant des vers, des prodiges d’habileté et de souplesse, et les rhythmes les plus rebelles lui obéissent docilement. Nous citerons de lui : les Poèmes de l’amour (1860, in-12) ; la Griffe rose (1862, in-12) ; Caprices de boudoir (1864, in-12) ; les Pensées tristes (1865, in-12), recueil qui a particulièrement contribué k le faire connaître ; les Nuits persanes (1869, in-12), recueil pour lequel il a puisé ses inspirations dans le lyrisme oriental ; l’Héroïsme (1872, in-18), suite de récits légendaires et historiques, en prose, dans lesquels l’auteur a entrepris de faire le bilan héroïque de l’humanité et où il montre un esprit généreux, confiant dans la force irrésistible du progrès.

RENAUD (Jean-Baptiste), peintre français. V. Regn-ault,

RENAUD, un des principaux personnages de la Jérusalem délivrée. C’est l’Achille chrétien, éloigné des combats non par la colère, mais par l’amour, et sans lequel la cité sainte ne peut être prise. Perdu au fond de ces jardins enchanteurs où il se rassasie de volupté dans les bras d’Armide, il oublie sa gloire et les combats, tandis que Soliman porte le ravage et la mort dans les rangs des chrétiens. Enrin, arraché aux charmes de l’enchanteresse, il retourne sous les murs de Jérusalem, qui tombe bientôt au pouvoir des croisés.

Le nom de Renaud est resté le synonyme de guerrier valeureux, à qui rien ne résiste, mais qui s’endort parfois dans les bras de la mollesse et de la volupté. Aussi le nom d’Armide se trouve-t-il presque toujours mêlé aux allusions qu’on fait k ce héros :

« Une conversion subite s’opéra dans mon esprit. Renaud vit sa faiblesse au miroir de l’honneur dans les jardins d’Armide ; sans être le héros du Tasse, la même glace m’offrit mon image au milieu d’un verger américain. J’interrompis brusquement ma course, et je me dis : Retourne en France. »

Chateaubriand.

■ La France ne dormira pas toujours : comme au héros du Tasse, il suffira de lui présenter un bouclier pour la tirer du sommeil ; alors elle dispersera ce troupeau des faibles et des égoïstes qui l’environnent. »

Chateaubriand.

« La dame avait un mari, o jaloux comme un tigre, » disait-elle à Stendhal. Et Stendhal en étreignait la tigresse avec plus de passion. Les entrevues étaient mystérieuses. C’était un amour au clair de lune, mais avec toutes les ardeurs du soleil. Renaud se résignait à se cacher dans une petite ville à quelques lieues du jardin d’Armée. On lui écrivait l’heure des rendez-vous ; il partait incognito, déguisé avec toutes les défroques du carnaval, a

Arsène Houssaye.

■ Je suis étonnée, vraiment, que vous ne me proposiez pas de convertir le général La Fayette.

« — Ceci serait, je crois, un peu plus difficile, répondit le vieillard qui sourit à son tour ; cependant, si vous vouliez être Armide, le héros des deux mondes lui-même aurait peut-être de la peine à se montrer plus insensible que Renaud.

Ch. dk Bernard.

Renaud ou la Suiio d’Armide, tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de l’abbé Pellegrin, sous le nom du chevalier, son frère, musique de Desmarets, représentée par l’Académie royale de musique le 5 mars 1722, À cette époque, l’Opéra comptait des pensionnaires doués d’un véritable talent : Thévenard, Tribou, Dun, Lemire, Chassé et plies Aiftier, Leinaure, Eremans, Tulou, etc. Les personuages principaux de cette tragédie sont les mêmes que dans les Armide de Lulli et de Gluck, c’est-kdire Armide, Adraste, Renaud et Hidraot ; mais c’est la seule analogie k constater.

Renaud, tragédie lyrique en trois actes, paroles de Lebœuf, musique de Sacchini, représentée à l’Académie royale de musique le 28 février 1783. Comme nous venons de le voir, .le sujet de cet opéra avait été traité par Pellegrin en 1722, et il fait suite à celui de Quinault. L’héroïne de la Jérusalem délivrée régnait sur la scène lyrique depuis un siècle, car la première représentation de l’Armide de Lulli eut lieu en lflSG. Gluck avait donné un nouvel éclat aux attraits de l’enchanteresse. Sacchini eut tort de s’attaquer à des souvenirs aussj récents. Ce n’est pas

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que sa partition dé Renaud ne renferme de grandes beautés ; mais le ton uniforme de son style, la majestueuse régularité de ses périodes n’étaient pas de nature à éterniser l’intérêt d’un sujet que le succès même avait affaibli. II était réservé au génie de Rossinl d’évoquer trente ans plus tard cette grande ombre dramatique, et encore il n’a pu lui rendre qu’une courte existence. Nous signalerons néanmoins les principaux fragments de la partition de Renaud. La première scène nous offre deux chœurs assez beaux, le chœur des rois et un ensemble ; la quatrième, l’air de Renaud : Déjà la trompette guerrière ; nous ferons observer que ce rôle est écrit pour une voix de haute-contre et dans un registre plus élevé encore que celui d’Orphée, dans la partition transposée par Gluck à l’usage du chanteur Legros. La scène sixième est remplie par la marche dès Amazones et des Circassiennes, entrecoupée par l’air d’Antiope, écrit également dans un diapason très-élevé. L’orchestration de tout l’ouvrage est encore fort simple. Elle se compose des instruments suivants : deux parties de cors et trompettes, deux flûtes, deux hautbois, premiers violons, deuxièmes violons, une partie pour les violes, bassons et basses, timbales. Le chœur : Régnez, triomphez, belle Armide, est d’un bel effet et termine le premier acte. Le deuxième acte, qui est le plus beau, débute par un quatuor délicieux de soprani : Vous triomphez, belle princesse ; toutes les parties sont écrites sur la clef à’ut première ligne, et, quoique la voix la plus grave ne descende pas au-dessous du , l’intérêt se soutient constamment. Après le duo entre Renaud et Armide, nous remarquons un des airs les plus touchants, les plus pathétiques qu’on puisse entendre : Barbare amour, tyran des cœurs ; l’accompagnement est d’une suavité exquise. La réduction au piano qu’on en a faite dans Quelques recueils ne peut donner une idée de 1 effet qu’un tel air produisait au théâtre avec l’orchestre. Nous passons rapidement sur les scènes d’évocation et sur les chants guerriers qui’terminent le second acte, pour appeler l’attention des amateurs sur le finale de cet opéra. À partir de l’andante ora.sto.so en , chanté par Armide : Et comment veux-tu que je vive ? jusqu’à la chute du rideau, la musique est ravissante. L’orchestre y tient la plus grande place à cause de la magnificence du spectacle, qui représente un palais enchanté, et sans doute la pantomime des génies. Nous nous sommes étendu sur les mérites de cette partition, parce que les trois Armide de Lulli, de Gluck et de Rossini ont, dans VArmide de Sacchini, non pas une rivale, mais une sœur trop longtemps oubliée.

Renaud et Armide. Iconogr. NOUS avons

Ëarlé des tableaux du Dominiquin, de Van yck et de Teniers au mot Armide. Beaucoup d’autres artistes ont traité le même sujet Willem Mieris en rit un tableau dont "Weyerman a fait cette description : « Renaud s’est endormi, au chant d’une sirène, sur les genoux de sa maitresse, et cependant la volupté semble encore rayonner à travers ses paupières fermées. Ce merveilleux morceau fourmille de nymphes, de sirènes, de petits Amours, et il attire les spectateurs, qu’il enchante tout aussi bien qu’Armide fait du chevalier chrétien. « Ce tableau fut, dit-on, payé à l’artiste 6,000 florins, somme énorme pour l’époque. Dans un tableau que Boucher exécuta pour sa réception k l’Académie de peinture en 1734, et qui est aujourd’hui au Louvre, Renaud est étendu aux pieds d’Armide, qui se regarde dans un miroir soutenu par un Amour. Diverses compositions relatives k Renaud et Armide ont été peintes parErcoIeGennari (musée de Naples), Fiasella (fresque du palais Imperiali, àSavone), Lod. Leoni (gravé par J.-L. Delignon), Aless. Tiarini (pinacothèque de Munich), L. Silveçtre (gravé par Nie. Chasteau et Audran), Angelica Kauffmann (gravé par F. Bartolozzi et par J. Hogg), Ansiaux (Salon de 1817), le Guerchin (Renaud endormi sur le char d’Armide, gravé par Cunego en 1776), Nie. Cochin le fils (gravure d’un artiste aux initiales E.-D.-C), R. Cosway (gravé en manière noire par Phil. ûavo en 1780), Reinagle (gravé par J. Newton), Annibal Carrache (gravé par Ernest Morace), Van der Vaart (gravé par Bern. Lens le vieux), Antoine Coypel (gravé par Jean Audran et par John King), Stike (tableau exposé en 1832), Eugène Delacroix (tableau inachevé), Massimo d’Azeglio (Expos. univ. de 1867), etc. Fr. Chereau a gravé, d’après Bernard Picart, en 1724, Renaud et Armide succombant dans les pièges de l’Amour. Une gravure de Valentin Green, d’après Angelica Kauffinann, nous montre penaud empêchant Armide de se donner la mort. Renaud abandonnant Armide a été peint par Charles Coypel (gravure de F. Joullain) et par Fred. Peschtera (Expos, univ. de 1855). Le même sujet a été sculpté par Dieudonné (Salon de 1834). Un groupe as Renaud, et Armide a été exécuté en marbre par Théodore Hébert (Salon de 1866). Ch.-Nic. Cochin fils a gravé, d’après Jean Restout, Armide irritée du départ de Renaud.

Renaud et Armide, tableau de N. Poussin, galerie de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg). Après avoir décrit la fureur d’Armide, le Tasse raconte les moyens qu’elle employa pour faire tomber Renaud en sa puissance,

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et il montre le guerrier abordant une petite lie de l’Oronte, attiré par une f ; iusse inscription qui lui fait croire qu’il y a. dans cette île quelque gloire à acquérir. « Dès que Renaud, endormi par les chants des Sirènes, se fut affaissé sur le gazon, elle courut k lui pour satisfaire sa vengeance ; mais elle n’eut pas plus tôt jeté les yeux sur cet aimable ennemi qu’elle Sentit sa fureur s’évanouir. Surprise, elle s’arrête, elle regarde ce jeune héros, qui, dans un sommeil tranquille, semblait gracieusement lui sourire. » (Jérusalem délivrée.) En effet, le mouvement d’Armide exprime parfaitement les vers du Tasse. Sur le devant, k droite, est une figure qui désigne le fleuve Oronte ; dans le fond, du même côté, on aperçoit la colonne sur laquelle est l’inscription fallacieuse qui a fait aborder Renaud dans l’Ile d’Armide. « Le coloris de ce tableau est très-brillant, dit Duchesne, et l’expression fort remarquable. La figure de Renaud explique facilement le- changement subit des sentiments de l’enchanteresse ; elle contemple avec délices ce visage si gracieux qu’un songe flatteur parait animer, cette chevelure ondoyante qui n’est plus renfermée sous le casque et ces formes si nobles. Quelques personnes ont critiqué la figure d’Armide, qui, suivant elles, devrait être plus svelte, pour se conformer aux intentions du Tasse. • Ce tableau a été gravé au trait par Réveil.

Renaud d’Ast, comédie en deux actes, en prose, mêlée d’ariettes, paroles de Radet et Barré, musique de Dalayrac ; représentée aux Italiens le 19 juillet 1787. Cette pièce, imitée de l’Oraison de saint Julien, conte dont La Fontaine a tiré le sujet de Boccace, a eu du succès. Plusieurs des motifs sont devenus populaires. Pendant quarante ans, on a entendu chanter dans les vaudevilles l’air : Vous gui d’amoureuse aventure courez et plaisirs et dangers. La coupe facile de cette mélodie, sa banalité même, ont dû seules décider son adoption. Un air de Renaud d’Ast a joui d’une autre destinée ; ce n’est pas le théâtre qui s’en est emparé, c’est l’Église. Sans renouveler ici les critiques qu’on a lai.es au sujet des cantiques sur des airs profanes, nous rendons justice au goût de l’auteur inconnu de cette appropriation. L’air de l’amante de Renaud d’Ast : Comment goûter quelque repos, ahl je n’en ai pas le courage, est un andante plein de sentiment et de mélancolie. Il aurait donc pu choisir plus mal ; mais nous l’approuvons moins d’avoir conservé le premier vers. Le cantique débute ainsi : Comment goûter quelque repos dans les tourments d’un cœur coupable 1 Avec les meilleures intentions du monde, les auteurs de ces cantiques causent aux musiciens doués de mémoire d’étranges distractions dans le saint lieu.


Renaud de Montauban, chanson de geste attribuée à Huon de Villeneuve, mais due probablement à un trouvère anonyme du xiiie siècle. Cette chanson forme une des branches de la célèbre légende des Quatre fils Aymon, si souvent remaniée et traduite dans toutes les langues de l'Europe. Le récit commence par une grande cour plénière tenue à Paris. L'empereur Charles jette les yeux autour de lui ; il distingue parmi ses vassaux le duc Aymon et son frère Girart de Roussillon ; mais le duc Beuve d'Aigremont, autre frère d'Aymon, est absent ; l'empereur, irrité, jure qu'il abattra son château et sa ville. Aymon se lève et essaye d'excuser son frère ; il avertit Charlemagne que le duc a trop de bons amis pour être aisément réduit à demander pardon. « Mais qui donc oserait le défendre contre moi ? répond l'empereur. Par ma barbe mêlée, s'il s'en trouvait un seul, je n'hésiterais pas à le faire pendre! » S'adressant ensuite directement au duc Aymon :

« Aymes, allez vos en, sans nul atargement;
Je saisirai vo terre et votre chasement. »
Et li duc li répond : « Donc ira malement ! »
Lors se parti de cour sans nul détriement;
Avec li s'en allèrent quatre mil et sept cents.

Ce départ étonne l'empereur et lui fait prêter l'oreille à de meilleurs conseils. Avant de commencer la guerre, il envoie au duc d'Aigremont une ambassade. Les messagers remplissent leur mission avec l'insolence requise en pareil cas; le duc Beuve répond en tranchant de son branc acéré la tête de l'orateur. « Voilà, dit-il aux autres, le seul tribut que votre empereur recevra de moi ; portez-lui cet hommage et dites-lui que, s'il ose venir assiéger Aigrement, il ne sera pas mieux traité. » Charlemagne, cédant aux instances de ses barons, tente un nouveau moyen de conciliation. Cette fois, c'est Lohier ou Lothaire, le fils de Charles, que Naime propose d'envoyer vers Beuve. L'empereur essaye bien de soustraire son fils à un pareil danger ; mais les conseillers lui résistent. Lohier reçoit donc le gant et le bâton, signes de la délégation royale, et part accompagné de 300 chevaliers qui, pour rendre la route moins longue, chantent et répètent sonnets, fabliaux et chansonnettes. Ils arrivent au point du jour devant Aigrement. On ouvre les portes ; dans la grande salle du château étaient rassemblés une multitude de vassaux, Lohier fait un discours insultant et plein de menaces ; il ordonne à Beuve de venir à la première fête servir l'empereur à la tête de 400 chevaliers ; s'il hésite, Charles viendra lui-même le chercher et le fera pendre. Il finit en s'exaspérant de plus en plus et tire son épée ; la mêlée devient aussitôt générale. Les Français étaient armés de pied en cap ; les Bourguignons n'avaient que- leurs brancs acérés. Ils reculent, s'échappent dans les couloirs et les escaliers ; puis, quelques instants après, reviennent couverts de leurs cuirasses ; le peuple accourt aussi et les Français sont massacrés. Le peu qui survivent placent le cadavre de Lohier sur un cheval et reprennent tristement la route de Paris. La guerre commence ; l'empereur ne peut forcer les murs de Troyes défendu par Beuve et une réconciliation finit par avoir lieu. Mais, peu de temps après, le duc d'Aigrement est assassiné.

C'est après ces divers épisodes que paraît le héros du poëme et que s'ouvre la partie la plus originale du récit. Le duc Aymon a quatre fils, dont l'aîné est Renaud. Dans une partie d'échecs avec Bertholain, neveu de l'empereur, il _est insulté et tue Bertholain d'un coup de l'échiquier sur la tête. On s'émeut ; on crie aux armes ! Les quatre frères font une glorieuse retraite, après avoir jonché le palais de morts et de blessés. L'empereur réunit son conseil et jure de punir de mort quiconque prendra le parti des quatre frères. Aymon se voit contraint d'abandonner ses enfants ; il s'engage même par serment à les livrer à Charlemagne s'il peut les joindre. Les quatre fils Aymon se retirent à Château-Renaud, au milieu de la forêt des Ardennes, et l'empereur les poursuit. Ici commence un long récit d'aventures et de combats dont on trouvera l'analyse à l'article AYMON (les quatre fils), qui donne la physionomie générale de cette fameuse épopée.


RENAUDIE (La), chef de la conjuration d’Amboise. V. La Renaudie..

RENAUDIÈRE (de La). V. La Renaudière.

RËNAOD IN (Léopold), révolutionnaire français, né kSaint-Remi (Lorraine) en 1749, décapité k Paris en 1795. Il était un des orateurs des Jacobins et l’un des amis de Robespierre, qui le fit nommer memore du tribunal révolutionnaire. Son zèle lui mérita l’estime particulière de Fouquier-Tinvilie.qui le classait parmi ses jurés solides. Une fois, Renaudin quitta son siège pour déposer comme témoin à charge et reprit ensuite sa place pour voter la mort. Il fut compris dans le procès de Fouquier-Tinville et envoyé k l’échafaud.

RENAUDIN (Jean-François), amiral français, né k Saint-Martin-du-Gua (Suintonge) en 1757, mort au même lieu en 1809. Il était capitaine de vaisseau et commandait le Vengeur dans l’escadre de l’amiral Villaret lors du’fameux combat d’Ouessant livré, le 13 prairial an II (l« juin 1794), entre les flottes française et anglaise. Le 2a mai, le Vengeur ne prit aucune part k l’affaire ; mais, le lendemain, il soutint le feu de dix bâtiments ennemis, empêcha les Anglais de couper la ligne française et fut dégagé par la Montagne et le Scipiou. Le 1er juinj il formait la tête de ligne. Après avoir riposté au feu de deux vaisseaux anglais, il se trouva en présence d’un troisième adversaire, reçut à bout portant plusieurs bordées qui abattirent sa mâture, et il était déjà tout disloqué lorsqu’un trois-ponts ennemi courant sur lui l’écrasa de deux bordées. Peu après, le Vengeur s’engloutit dans les flots. Sauvé avec quelques nom mes de son équipage par une embarcation anglaise, Renaudin fut conduit à Londres, ou ta belle conduite excita une telle admiration qu’on lui accorda la faveur de retourner en France avant l’échange des prisonniers. Promu alors contre-amiral, il fut nommé à Brest, en 1795, commandant d’une division destinée à croiser dans la Méditerranée. Le 6 ventôse an VII (1799), il se rendit k Naples en qualité de commandant d’armes. Le gouvernement consulaire le rappela en France et le nomma, en 1801, inspecteur général des ports maritimes depuis Cherbourg jusqu’à Bayonne. Les fatigues du service lui causèrent de bonne heure des infirmités et il dut prendre sa retraite en 1805.

Renaudin de Caen, vaudeville en deux actes, en prose, par MM. Duvert et Lauzanne, représenté sur le théâtre du Vaudewlle le 26 mars 1836. Les annales du théâtre renferment un certain nombre do pièces dont les titres seuls sont synonymes de gaieté, esprit, terreur ou grâce. De ce nombre vil Renaudin de Caen ; ce nom seul fait venir.le rire aux lèvres. C’est qu’en effet ce vaudeville est un véritable éclat de rire : Renaudin de Caen arrive k Paris pour épouser M"» Zoé Dumouchel. À peine débarqué, Renaudin s’en va au bal de Sceaux, alors le rendez-vous de toute la jeunesse folle et pétulante de la capitale. Au bal, Renaudin fait danser Mlle Suzette Bernard, la sœur de son ami Bernard. Voilà Renaudin amoureux. Aussitôt, il va raconter son amour à son ami. Suzette, qui l’entend, jette k ses pieds le bouquet qu’il lui a donné au bal. Renaudin se retourne, et que voit-il ? une jeune femme qui s’enfuit. Cette jeune femme, c’est M’e Zoé Dumouchel, l’amie de Suzette. Renaudin se met k sa poursuite et la suit a perdre haleine. Zoé se cache, non pas dans les saules, comme Galatée, mais dans un omnibus. Arrivé k la porte de Zoé, Renaudin n’a rien de plus pressé que de venir