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félicité et celle des réprouvés à la damnation éternelle. Il fut cité pour cela devant le sy-node de Mayence en 848 par Raban Maur, archevêque de cette ville, et malgré l’appui qu’il rencontra chez Prudence, évêque de Troyes, Ratranine, Servatus Lupus et Rertiy, évêque de Lyon, Gottschalk n’en fut pas moins condamné comme hérétique dans le synode de Quiercy en 853. Il mourut en prison et sous le coup de l’excommunication. Quelques-uns cependant allèrent plus loin dans cette voie sans être poursuivis, et entre autres Thomas Bradwardine, professeur de théologie à Oxford, qui ne craignit pas de soutenir que la volonté de l’homme est constamment déterminée par la toute-puissance de Dieu, qui devient ainsi l’auteur du mal.

Ce qui n’est pas moins curieux dans l’histoire de cette doctrine, c’est qu’elle a été l’arme la plus redoutable dont se soient servis les adversaires de l’Église. Comme le dit très-bien M. Pierre Leroux, le pouvoir des hommes, même les plus saints, était bien peu de chose et de bien nulle valeur devant cette omnipotence des jugements de Dieu. Pauvre chose que les indulgences de Rome pour qui croyait à la prédestination ! La doctrine absolue de saint Augustin, en abaissant complètement l’homme devant Dieu, se prêtait donc également à le rendre esclave s’il se laissait faire et indépendant s’il le voulait. Et, en effet, historiquement elle eut cette double conséquence. L’humilité du via siècle et l’insurrection du xvie y puisèrent également leurs motifs.

C’est, en effet, le dogme qui servit de fondement aux attaques de Luther. Dès 1519, Carlstadt affirmait, dans la dispute de Leipzig, que l’homme ne peut faire ni vouloir le bien par ses seules forces. Mélanchthon, dans la première édition de ses Loci commune) ; enseigne également le fatalisme. Luther, dans son traité du Serf arbitre, déclarait que Dieu a prédestiné les hommes, sans aucun égard à leur mérite, les uns à la damnation et les autres au salut. Abandonné dès 1536 par Mélanchthon, ce dogme effrayant trouva encore des défenseurs dans Nicolas d’Auesdorf et Placius ; mais il disparut bientôt de la dogmatique luthérienne et on ne le rencontre plus dans la Formule de concorde. Calvin, au contraire, l’accentue d’une manière toujours plus formelle. Dans son Institution de la religion chrétienne, il exagère la doctrine d’Augustin, qu’il pousse jusqu’à ses dernières conséquences, et affirme sans hésitation, sans restriction, les deux décrets éternels de Dieu. La négation de ce dogme était, pour lui, la négation de l’Évangile ; car, une fois admis le mérite de l’homme, On rétablissait le système catholique tout entier. « Jamais, disait Calvin, jamais cous ne serons clairement persuadés, comme nous le devons être, que la source de notre salut soit la miséricorde gratuite de Dieu, jusqu’à ce que nous le soyons également de son élection éternelle. Ceux donc qui tâchent d’amortir cette doctrine obscurcissent, autant qu’il est en eux, ce qui devrait être célébré à pleine bouche, et arrachent la racine d’humilité. > Aussi insistait-il sur les côtés qui nous paraissent le plus repoussants : les petits enfants sont damnés même dans les’entrailles maternelles ; la chute d’Adam, qui avait précipité toute sa race dans la corruption et le malheur, avait été non-seulement prévue, mais encore voulue de Dieu.

Les partisans de cette épouvantable opinion furent appelés particularistes, parce qu’ils réservaient aux seuls élus les secours de la grâce divine ; mais ils se divisèrent en deux classes : les infralapsaires et les supralapsaires. Ceux-ci soutenaient, avec Augustin et Calvin, que Dieu avait arrêté ses décrets de toute éternité, même avant la faute d’Adam, qu’il avait d’ailleurs voulue. Les autres, révoltés par cette conception abominable, voulaient que le décret de la prédestination n’eût été porté qu’en prévision de la chute ; Dieu sauve les uns par miséricorde et abandonne les autres à la perdition, sachant d’ailleurs qu’ils le méritent par leur conduite. Du vivant même de Calvin, il s’était rencontré parmi les réformés des adversaires énergiques de la prédestination. Sébastien Castalion, ’, pour citer un des plus célèbres, fut même condamné pour ce fait à l’exil. Castalion avait montré supérieurement que l’élection ne doit pas être un acte d’arbitraire, que la vocation est adressée à tous sincèrement par Dieu, sans qu’aucun soit exclu, dans l’intention de Dieu, du salut éternel. Dieu veut que tous soient sauvés ; il le veut d’une volonté réelle et absolue ; mais on ne peut se sauver que pur la liberté. Dieu ne veut ni ne peut sauver les hommes que comme hommes, c’est-à-dire en leur laissant leur liberté, sans les contraindre. Tous n’acceptent pas les conditions du salut, foi, repentance, conversion, sanctification, etc. Les uns consentent, les autres non, à faire tout ce qui est nécessaire pour être sauvé. La prédestination, si l’on admet le mot, dépend d’eux et non de Dieu ; s’ils veulent, ils peuvent être sauvés ; s’ils ne le veulent pas, ils se retranchent eux-mêmes, ils annihilent eux-mêmes les effets de la grâce, de la vocation divine. De la sorte, on peut s’expliquer comment les" élus sont sauvés par la miséricorde toute gratuite de Dieu, tandis que les réprouvés ne sont perdus que pur leur propre faute. On peut comprendre qu’un Dieu tout bon et tout

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saint aime ses créatures sans raison déterminante, sans qu’elles l’aient mérité, mais non pas qu’il les haïsse sans cause. Castalion et son école allaient même jusqu’à supposer que Dieu ne savait pasquels nommes périront, c’est-à-dire quels nommes résisteront à son appel ; ils niaient la prescience, ou du moins déclaraient que ce sont là des mystères qu’il ne faut pas songer à approfondir.

Cependant les effets naturels de ce dogme immoral ne tardèrent pas à se produire ; en Angleterre, des calvinistes conséquents arrivèrent à un complet antinomisme. Les élus, disaient-ils, ne peuvent déchoir de la grâce ni rien faire qui ne soit agréable à Dieu ; les péchés qu’ils commettent ne sont pas de véritables péchés et ils n’ont pas à s’en repentir. Le synode de Westminster, en 1643, condamna ces doctrines abominables, mais parfaitement logiques.

Les objections qu’on pourrait diriger contre le dogme de la prédestination sont innombrables. La responsabilité disparaît avec le libre arbitre ; la conscience n est plus qu’un mot. On doit se demander quel est ce Dieu qui apparaît comme le bourreau de l’humanité, qui, suivant la belle expression de M. Louis Blanc, fait flotter le monde au-dessus de l’enfer, ce Dieu qui n’a aucun souci du bonheur de ses créatures, mais qui rapporte tout à sa gloire. Il devait se faire et il se fit une réaction contre ce dogme ; elle eut son expression la plus complète dans l’armtnianisme. Les partisans d’Arminius furent d’abord condamnés dans le synode de Dordrecht et dans le synode d’Alais ; mais leurs idées firent insensiblement leur chemin dans les esprits, et bientôt toutes les communions protestantes renoncèrent à la doctrine fataliste de saint Augustin.

Dans l’Église catholique, la doctrine sur la prédestination n’a guère été moins flottante et incertaine. Les dissensions des thomistes et des scotistes ont rempli une grande partie de notre histoire ecclésiastique. Le concile de Trente se garda bien de se prononcer catégoriquement sur cette terrible question de la prédestination ; il pencha, il est vrai, en faveur des advorsaires de saint Augustin, son guide habituel cependant ; mais les décrets adoptés sur cette question attestent, par le vague des" expressions, l’embarras des Pères du concile. Dès lors, néanmoins, la prédestination d’Augustin est tenue pour hérésie dans l’Église catholique. Au xvie siècle, Michel Baiu3, professeur à Louvain, rejeta les propositions adoptées à Trente et revint simplement à la théorie d’Augustin ; il fut condamné, en 1567, par Pie V, puis, en 1579, par Grégoire XIII et forcé de se rétracter. Le jésuite Molina, qui professait la théologie à l’université d’Évora, essaya encore une fois de concilier la prédestination et le libre arbitre, afin de clore cette éternelle controverse. Ses théories semi-pélagiermes furent attaquées avec violence par les dominicains qui, pour les besoins de leur cause, inventèrent la prémotion, sorte de prédestination physique qui pousserait irrésistiblement au bien la volonté des élus. Les deux ordres se combattirent longtemps sans résultat. Le pape Clément VIII institua, en 1597, la congrégation De auxiliis, espérant qu’elle trouverait une solution propre à satisfaire les jésuites sans mécontenter les dominicains. Elle y travailla inutilement jusqu’en 1611, époque à laquelle le pape prit enfin le sage parti d’imposer silence aux combattants.

Peu d’années après, les jansénistes rouvrirent la lutte en soutenant la prédestination augustiniesne. Les jansénistes essayèrent de. relever la prédestination absolue du discrédit où elle était tombée ; mais la nouvelle Église fut étouffée à Port-Royal et la prédestination fit place désormais au semi-pélngianisme, qui ne repousse absolument ni la grâce de Dieu ni le concours de l’homme et autorise ainsi l’intervention de l’Église. En résumé, l’Eglise catholique admet aujourd’hui que nous sommes à la fois libres et prédestinés ; comment concilie-t-elle ces deux affirmations ? Ses arguments sont trop subtils pour être intéressants ; mais sachons-lui gré d’avoir formellement condamné le fatalisme immoral de Luther et de Calvin. Il est bon et nécessaire pour l’homme de savoir qu’il a la responsabilité de ses actes.

PRÉDESTINÉ, ÉE { pré-dè-stî-né) part, passé du v. Prédestiner. Elu, destiné de toute éternité à jouir de la gloire céleste : Les âmes prédestinées volent jusqu’à ces mondes dont nos étoiles sont les soleils. (Chateaub.)

— Elu, choisi, désigné d’avance pour l’accomplissement d’un dessein ou la jouissance

d’un bien particulier : L’homme, par sa nature et son instinct, est prédestine à la société, et sa personnalité toujours inconstante et multiforme s’y oppose. (Froudh.) Le levain qui a produit ta civilisation a pu fermenter d’abord dans un nombre presque imperceptible de têtes prédestinées. (Renan.)

Comme ils parlaient, la nue éclatante et profonde S’entr’ouvrit, et l’on vit ne dresser sur le monde L’homme prédestiné.

V. Hooo.

— Marqué, déterminé d’avance : Les races ont presque toujours une heure prédestinée. (Renan.)

— Substantiv. Personne prédestinée : Un prédestiné. Une prédestinée. Quoi t parmi

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nous, hommes généreux, it g aurait des prédestinés à l’abrutissement, et plus notre industrie se perfectionne, plus augmenterait le nombre de nos frères maudits ! (Proudh.)

— Fam. Face, visage de prédestiné, Visage plein, vermeil et réjoui.

PRÉDESTINER v. a. ou tr. (pré-dè-sti-né

— de pré, et de destiner). Destiner de toute éternité au salut : Dieu sauve ceux qu’il prédestine.

— Destiner, réserver d’avance à l’accomplissement d’un dessein particulier :

Dieu me dit qu’a venger mon père infortune" Le baptême de sang m’avait prédestiné.

C. Délavions.

H Réserver, préparer d’avance : La justice divine a prédestiné certains biens aux justes. (Boss.) || Régler, fixer, déterminer, décider d’avance : Tout ce que Dieu fait dans le temps, il le prévoit, it le prédestine de toute éternité. (Boss.) Sur le sommet des montagnes, au point où se fait la séparation des eaux, un pli de terrain décide du cours des plus grands fleuves et les prédestine à porter leurs eaux à telle mer. (Renan.)

PRÉDÉTERMINANT, ANTE adj. (pré-détèr-mi-uan, an-te — rad. 'prédéterminer). Théol. Qui prédétermine la volonté : Grâce prédéterminante.

— Théol. l’artisan de la prédétermination physique.

PRÉDÉTERMINATION s. f. (pré-dé-tèrmi-na-si-où

— rad. prédéterminer). Théol. Action de Dieu qui détermine lu volonté humaine d’une manière infaillible, mais sans contrainte.

— Par ext. Chose réglée, déterminée d’avance ; La liberté n’y périt pas ; mais, par ses PRÉDÈTCRMiNATiONS, on peut dire qu’il était -inévitable qu’elle se décidât ainsi, (Proudh.)

— Théol. Prédétermination physique, Action divine qui, d’après certains théologiens, déterminerait toutes les actions des créatures libres.

— Encycl. Ce mot est un de ceux qui appartiennent à une langue métaphysique aujourd’hui, heureusement, tombée en "désuétude. Ce n’était pas assez pour les scolastiques d’avoir une prédélinéation, une préformation, une prédestination, etc. ; ils distinguaient encore la prédétermination. Tous ces mots étaient bien loin d’être synonymes pour eux. La prédétermination, en particulier, désigne deux, faits différents : elle signifie ou bien que Dieu a d’avance déterminé les conditions ou les événements de telle ou telïe existence jusqu’à ses moindres détails ; ou bien que Dieu détermine notre volonté avant qu’ellemême y soit pour rien, c’est-à-dire avant que nous ayons pris aucune décision. Pur exemple, Dieu avait prédéterminé (dans ce second sens) Eve à écouter le serpent, Adam à écouter Eve ; il avait prédéterminé (dans le premier sens) que le paradis et le bonheur seraient à jamais perdus si le premier couple péchait. C est contre la doctrine de la préaétermination-, sous ses deux formes, que les partisans du libre arbitre ont dirigé avec raison leurs plus vives attaques. En effet, le problème que soulève cette doctrine est insoluble : comment Dieu peut-il commander

aux hommes de se déterminer pour le bien alors que lui-même, d’une toute-puissante et irrésistible influence, les a prédéterminés au mal ? La prédélerminalion divine n’est qu’un autre nom du fatalisme ou du déterminisme théologique, Si la volonté n’est pas absolument libre de se déterminer spontanément, il ne faut pas parler de responsabilité. Or, en fait, et c’est le grand argument des théologiens, l’état moral, intellectuel et social de l’homme est tel que sa volonté est toujours plus ou moins inclinée d’avance vers telle ou telle conduite. Le mal préexiste et prédétermiue notre volonté. Comment donc expliquer et maintenir la liberté humaine ? « En disant, répondent avec Calvin les prédéterministes, que Dieu peut ce qu’il veut, qu’il est toujours juste et irrépréhensible alors même qu’il est incompréhensible, et que par conséquent il peut, s’il lui plaît, sans injustice nous ordonner de faire le bien alors même qu’il nous sait prédéterminés par nature au ma). Mais ce n est pas là une réponse, c’est tout sim Element un défi au bon sens et à la conscience umaine. Ou je me détermine, et alorsje suis responsable ; ou quelqu’un me prédétermine, et alors c’est ce quelqu’un, et non pas moi, qu’il faut accuser. Dire qu’il y a une autre justice ou une autre raison pour Dieu que pour nous, c’est simplement échapper aux prises de la discussion et se réfugier dans les nuages. » Aussi la doctrine de la pvédétermination sous cette forme absolue et simple a-t-elle été abandonnée et présentée avec toute sorte d’atténuations, qui laissent, du reste, subsister l’inexplicable mystère et l’insoluble contradiction de ces deux termes incompréhensibles : la toute-puissance de Dieu et

la liberté de l’homme. V. prédélinéation et prédestination.

PRÉDÉTERMINÉ, ÉE (pré-dé-tèr-mi-né) part, passé du v. Prédéterminer. Décidé d’avance à agir : On se roidit contre ses démonstrations, son éloquence, ses chiffres, prédéterminé qu’on est à ne se laisser par lui ni toucher ni convaincre. (Cormen.)

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— Réglé, déterminé, fixé d’avance : L’homme n’a pas d’industrie prédéterminés. (Proudh.)

PRÉDÉTERMINER v. a. ou tr. (pré-détèr-mi-né

— du préf. pré, et de déterminer). Décider d’avance à 1 action : Dieu, d’après certains théologiens, prédétermine nos actes. C’est notre intérêt qui nous prédétermine en tout.

— Fixer, déterminer d’avance : On ne peut prédéterminer d’une manière certaine le point où cette rencontre aura lieu.

PRÉDHOMME s. m. (pré-do-me). Hortic. Nom vulgaire du haricot sans parchemin.

PRÉDIAL, ALE adj. (pré-di-al, a-le — du lat. przdium, héritage). Coût. anc. Qui concerne les héritages. Il Dime prëdiale, Dlme que payaient les Juifs, en raison de l’étendue de leurs héritages. Il PI. prédiaux.

PRÉDIASTOL1QUE adj. (pré-di-a-sto-liko

— du préf. pré, et de diastole). Physiol. Qui précède la diastole du cœur ; Bruit de frottement PRÉDIASTOLIQUE.

PRÉDICABLE adj. (pré-di-ka-ble — du préf. pré, et du lat. dicere, dire). Logiq. Qui peut être dit, affirmé d’un sujet, appliqué à ce sujet : Le terme animal est prédicable autant de l’homme que de ta b’éte. (Acad.)

— s. m. Scolast. Syn. de catégoréme.

PRÉDICAMENT s. m. (pré-di-ka-mandu préf. pré, et du lat. dicere, dire). Logiq. Chacune des catégories dans lesquelles les philosophes classaient tous les êtres : Les dix

PKÉDICAMENTS d’AristOte. Il Syn. d’ATTRIBUT

— Fam. Réputation : Être en bon PRÉDICAment. il Peu usité.

— Encycl. Aristote a dressé la lista des prédieaments : c’est ce qu’il appelle les dix catégories, en d’autres termes les dix points de vue sous lesquels nous pouvons considérer l’être. Plusieurs philosophes ont pensé que ces prédieaments n’étaient que des points de vue de l’esprit, que des mots, et que c’était faire un grand abus que de les prendre pour des choses. Voici, à ce sujet, un curieux passage de Locke : ■ U.n grand abus qu’on fait des mots, c’est qu’on les prend pour des choses... Qui est-ce, par exemple, qui, ayant été élevé dans la philosophie péripatéticienne, ne se figure que les dix noms sous lesquels sont rangés les dix prédieaments sont exactement conformes à la nature des choses ? •

À quoi Leibniz répond : « On ne prend pas proprement les mots pour des choses, mais on croit vrai ce qui ne l’est point ; erreur qui n’est que trop commune parmi les hommes, mais qui ne dépend pas du seul abus des mots et consiste en toute autre chose. Le dessein des prédieaments est fort utile, et on doit penser à les rectifier plutôt qu’à les rejeter. Les substances, quantités, qualités, actions ou passions et relations, considérées comme cinq titres généraux des êtres, pouvaient suffire avec ceux qui se forment de leur composition ; notre auteur lui-même, en rangeant les idées, semble avoir voulu les donner comme des prédieaments.

On prend encore le mot prëdicament dans un autre sens qui s’éloigne peu de l’étymologie (pr& dicere, dire avant). Par exemple, lorsqu’au début d’une démonstration on dit : Je pose en principe que, etc., ce principe ainsi posé avant la démonstration peut être dit prëdicament. Dans ce sens, les axiomes et les définitions que l’on trouve en tête de tous les traités de géométrie peuvent être considérés comme les prédieaments de cette science. V. catégorie.

PRÉDICANT s. m. (pré-di-kan — du lat. prédicutis, prêchant). Ministre protestant, parce que la prédication est la principale fonction de ces ministres : Prédicant ne s’est guère dit que des prédicateurs huguenots, surtout de ceux qui prêchaient au village, (La Monnoie.)

— Par ext. Celui qui prêche, qui patronne quelque chose : Ce n est pas que j’aie ta prétention d’éire un larmoyant prédicant de politique sentimentale. (Chateaub.)

EStoatéaprédicants de la philosophie !

COLNKT.

PRÉDICAT s. m. (pré-di-ka — du lat. prxdicatum, chose affirmée). Philos. Attribut d’une proposition, prédicament : Le prédicat est joint au sujet par la copule. La Qualité d’un jugement est déterminée par sa compréhension, c’est-à-dire par son prédicat. (J. Simon.)

— Encycl. Le prédicat est, suivant l’école, > ce qui peut être dit de plusieurs choses, que l’on comprenne toutes ces choses sous un même nom ou bien qu’on les examine séparément. ■ Toute idée susceptible d’être affirmée ou niée par une autre idée, toute idée générale, en un mot, est un prédicat. Un exemple vulgaire exprimera plus clairement ce dont il s’agit. Si Tondit : «Jucque sest un homme, tout homme est un animal, » on émet deux idées générales, susceptibles d’être modifiées, conformes en un mot à la définition de l’école : homme et animal sont deux prédicats. L’idée d’homme, de même que 1 idée d’animal, peut, en effet, être tout aussi justement appliquée à la généralité qu’au sujet qui nous occupe : Jacques. Ainsi que le fait justement remarquer M. Franck, le prédicat n’a qu’un sens logique déterminé par le rang qu’il tient dans la proposition ; aussi peut-il