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les droits des souverains et des peuples étaient très-mal définis, de l’autre, le pouvoir des papes dans l’Église ne l’était pas mieux. À la monarchie absolue de Grégoire VII, que se disputaient jusqu’à trois papes, tous reconnus par quelques nations chrétiennes, le concile de Pise (1409) avait substitué une sorte de république gouvernée par des conciles généraux. Cinq ans après, une nouvelle assemblée générale, tenue à Constance, décrétait également la suprématie des conciles généraux sur l’autorité pontificale. Mais toutes ces décisions restaient illusoires, parce que les papes, à qui l’exécution en était confiée, n’y voyaient qu’une atteinte à leur pouvoir. Martin V ne s’était résigné que de très-mauvaise grâce à convoquer, en 1423, le concile de Sienne qui fut transféré à Bâle. Son successeur Eugène IV entreprit de le dissoudre ; mais, conformément à la doctrine professée à Constance, les Pères réunis à Bâle déclarèrent le concile supérieur au pape, et, à son refus de concours, ils répondirent en essayant d’opérer eux-mêmes la réforme de l’Église. C’est ainsi que, d’accord avec le roi de France Charles VII et l’empereur d’Allemagne Sigismond, qui les protégeaient, ils abolirent les décrétales, fausses et vraies, les annates, les mandats, les réserves, les droits de scel et d’investiture, etc., qui constituaient au profit de la papauté d’énormes impôts sur la chrétienté. Sur quoi, Eugène IV excommunia les Pères, et ceux-ci le déposèrent, en lui donnant un successeur.

Cependant, dans l’assemblée de Bâle, il était resté au pape une minorité fidèle qui fut par lui transportée à Florence, de telle sorte qu’on eut, non-seulement deux papes, mais deux conciles à la fois, qui, en se lançant des anathèmes réciproques, achevèrent de troubler les consciences et préparèrent l’avénement de la Réforme. Les princes chrétiens prirent parti, qui pour, qui contre, selon leurs intérêts. Depuis plusieurs siècles, l’autorité royale en France avait vivement résisté aux empiétements de la papauté, et le clergé français, plus national qu’orthodoxe, ne paraissait pas disposé à s’y soumettre. Les décrets du concile de Bâle étant très-favorables à l’indépendance des Églises nationales, presque tous les États chrétiens les adoptèrent. Plus qu’aucun autre prince, Charles VII avait pris à cœur la réforme de l’Église ; il y voyait, entre autres profits, l’affermissement de son propre pouvoir. Il se hâta donc de convoquer à Bourges une assemblée du clergé français et de présenter à sa ratification les décrets du concile de Bâle. Fidèle à ses traditions, le clergé fit un choix parmi les décisions prises, et, de ses propres résolutions confirmées par l’autorité royale, sortit l’ordonnance connue sous le nom de Pragmatique sanction. Voici les principaux articles de cette loi d’État :

Article 1er. L’autorité du concile général est supérieure à celle du pape.

Art. 2. Le saint-siége est obligé d’assembler tous les ans un concile général.

Art. 3. La liberté des élections, telle qu’elle avait existé jusqu’au XIIIe siècle, est rendue aux Églises et aux abbayes.

Art. 4. La régale est confirmée, et le revenu des bénéfices vacants dans les provinces du royaume appartient aux rois de France, conformément à l’ordonnance de Charles V.

Art. 5. Les annates, réserves, expectatives et mandats que s’arrogeaient les papes sont supprimés.

Art. 6. Le droit d’appel au pape est limité à quelques cas extraordinaires et exceptionnels.

Art. 7. Les bulles du pape ne sont publiées en France et n’y deviennent exécutoires qu’après l’approbation du roi.

La pragmatique était une œuvre sage et mûrement délibérée. Elle fut bien accueillie de l’Université, du parlement et de l’opinion publique, malgré l’opposition d’Eugène IV et de ses successeurs ; elle reçut en France toute l’exécution que le pouvoir royal pouvait lui donner. Ainsi, la doctrine qui faisait de l’Église une sorte de démocratie spirituelle resta l’opinion dominante. À la vérité, l’article 2 de la pragmatique, qui en était la sanction, ne fut jamais appliqué parce qu’il n’était pas au pouvoir d’un prince quelconque d’obliger le pape à réunir tous les ans un concile général, mais il était bon que le principe en fut déposé dans un acte public et solennel qui tînt en respect l’ambition des chefs de l’Église. Quant à l’article 3, il valait au moins comme protestation contre le despotisme des papes et l’abus des choix dans la dispensation des dignités ecclésiastiques. Dans l’ensemble enfin, la pragmatique garantissait l’indépendance de l’Église nationale, précieuse sauvegarde de sa dignité.

Mais cette sage loi de l’État ne fut en vigueur que pendant quatre-vingts ans. Au commencement du règne de François Ier elle fut abolie par le traité de Bologne, négocié et conclu avec le pape Léon X par le chancelier Duprat, l’un des hommes les plus pernicieux qui aient gouverné la France. Par ce traité, connu sous le nom de Concordat de 1516, le roi renonça à la convocation périodique des conciles et rendit au pape les annates, source impure de spoliations qui fut largement exploitée par le plus avide des pontifes. En échange, celui-ci renonça aux appels en cour de Rome qui ne lui valaient que des embarras, et conféra au roi de France le droit de pourvoir aux dignités ecclésiastiques : scandaleux marché qui mettait à la disposition d’un seul homme tous les biens ecclésiastiques, c’est-à-dire près d’un tiers des propriétés du royaume. Les conséquences ne s’en firent pas attendre. Les bénéfices furent livrés en pâture aux courtisans, qui s’en adjugèrent les revenus et firent desservir les paroisses par des prêtres vendus et indignes. « Il n’y eut plus, dit le cardinal Bellarmin, ni sévérité dans les tribunaux ecclésiastiques, ni discipline dans les mœurs du clergé, ni connaissance des choses sacrées, ni respect des choses divines. Il ne resta enfin presque plus de religion. « 

Mais la pragmatique de Charles VII ne fut pas abolie sans protestation et sans résistance. Il n’y eut qu’un cri contre le pacte simoniaque qui livrait aux caprices d’un monarque l’Église nationale. Clergé, parlement, Université, tout s’unit pour faire des remontrances. Après douze séances orageuses, le parlement déclara qu’il ne pouvait consentir à l’abolition de la pragmatique. L’Université ordonna des prières publiques. Mais la cour emprisonna les uns, intimida les autres, et le concordat finit par être, sous le coup de la violence, subi et enregistré.

En cédant, le parlement protesta contre la force et en appela au prochain concile général. Sa voix se perdit dans la tempête religieuse qui suivit la Réforme. D’ailleurs, l’esprit d’indépendance qui inspirait le concile de Bâle avait disparu. Ce n’est plus l’illustre et digne Gerson qui dirige le concile de Trente : c’est Loyola. Il n’y est plus question ni de pragmatique ni de libertés quelconques. Pour résister au protestantisme, l’Église catholique abdique et se donne un maître absolu. Mais la pensée de Gerson persiste dans l’Église française. On la retrouve encore dans Bossuet. La pragmatique revit en partie dans la déclaration de 1682. Là, on affirme encore que le pouvoir temporel est indépendant du pouvoir spirituel ; que le concile général est au-dessus du pape ; que l’autorité du saint-siége est impuissante contre la constitution de l’Église gallicane ; que ses jugements enfin peuvent être réformés par le consentement universel de l’Église. Ainsi raisonnait-on encore en pleine monarchie absolue. Mais que ces temps sont loin de nous ! Qu’est devenue la pragmatique ? Un souvenir historique. Que sont devenues les assemblées solennelles de L’Église ? Où est Gerson, et Bossuet lui-même ? En résumé, et ce n’est pas le trait le moins caractéristique de l’époque, les peuples marchent vers la liberté et, l’œil fixé sur le moyen âge, l’Église tourne le dos à la liberté. Comment se rencontrer et s’entendre ? Et quel est le souverain, roi ou peuple, qui édictera une nouvelle pragmatique ?


PRAGMATIQUE s. m. (pra-gma-ti-ke — lat. pragmaticus ; du gr. pragma, action, affaire). Antiq. rom. Sorte d’avoué qui rassemblait les pièces et témoignages utiles à un avocat.


PRAGMATIQUEMENT adv. (pra-gma-ti-ke-man — rad. pragmatique). D’une manière pragmatique : Histoire conçue pragmatiquement.


PRAGOIS, OISE s. et adj. (pra-goi, oi-ze.) Géogr. Habitant de Prague ; qui appartient à cette ville ou à ses habitants : Les Pragois ; La population pragoise.


PRAGUE, en allemand Prag, ville de l’empire d’Autriche, capitale de la Bohême, sur la Moldau, à 356 kilom. N.-O. de Vienne, à 1,068 kilom. E. de Paris, par 50° 5’ de latit. N. et 12° 4’ de longit. E. ; 186,479 hab., parmi lesquels on compte environ 10,000 juifs. Archevêché primatial ; tribunal suprême de la Bohême ; tribunaux criminels, de 1re instance et de commerce ; siège d’un grand commandement militaire ; place forte ; résidence du grand prieur de l’ordre de Malte pour l’Allemagne, d’un grand rabbin ; abbaye de prémontrés, abbaye de bénédictins ; université impériale, dite Carolinum ; trois gymnases ; institut polytechnique ; haute école juive ; école normale d’instituteurs primaires ; conservatoire de musique ; écoles d’aveugles, de sourds-muets ; écoles vétérinaire, militaire, de peinture ; nombreuses sociétés savantes ; bibliothèque publique, observatoire astronomique, cabinet d’histoire naturelle, jardin botanique, musée ; arsenal principal de la Bohême ; hôtel des invalides, hôtel des monnaies, hospices et maisons de travail pour les pauvres. La ville de Prague, avec ses faubourgs, comprend plus de 300 manufactures diverses, parmi lesquelles nous mentionnerons en première ligne : une vingtaine d’ateliers d’impression sur étoffes ; des fabriques de tissus de lin, de coton, de laine, de soie ; des fabrique de galons, de chapeaux de feutre, d’ouvrages en baleine ; fabrication d’argenterie, bijouterie, quincaillerie, coutellerie, armes, gants, sellerie ; produits chimiques, allumettes et capsules ; porcelaine et faïence renommées ; bougies ; instruments de musique ; meubles ; raffineries de sucre, épuration d’huile de colza, distilleries ; fabrication importante de machines et de produits métallurgiques ; fabriques de vinaigre, etc. L’industrie locale alimente pour une très-forte part l’activité commerciale de cette ville, à laquelle les facilités de transport par voie fluviale et chemins de fer donnent de grands avantages pour le commerce d’expédition, de transit et d’entrepôt. On compte à Prague 350 maisons de commerce et il s’y fait notamment un large trafic en produits du pays, céréales, fruits, trèfle, colza, houblon, alcool, laine, cuirs et peaux, couleurs, plumes, bois, fer, charbon de terre et autres produits des mines, verreries, poteries, livres, estampes, etc.

La ville de Prague est bâtie dans une situation aussi majestueuse que possible, sur les deux rives de la Moldau ; elle occupe sept collines, au milieu d’un pays fertile et pittoresque. Ses maisons sont en général construites en pierre et assez élevées ; les rues sont pour la plupart larges et bien percées. La ville se divise en quatre parties, dont chacune a un nom et un caractère particulier : l’Altstadt (ou ancienne ville), la Neustadt (ou nouvelle ville), sur la rive droite du fleuve ; sur la rive gauche, le Kleinseite (ou petit côté) et le Hradschin. Ces quartiers sont réunis par un pont magnifique, commencé en 1358, sous Charles IV, et terminé seulement dans les premières années du XVIe siècle, pendant le règne de Wladislas II. À chacune de ses extrémités s’élève une tour fortifiée, théâtre de plus d’un sanglant combat ; celle qui regarde la vieille ville conserve encore sur ses murailles des figures et des ornements sculptés, ainsi que les armes de tous les pays avec lesquels la Bohême avait contracté autrefois des alliances. Mais la tour du petit côté a été dépouillée de ses sculptures dans la longue suite de guerres qui ont désolé Prague. Le pont de la Moldau est orné de vingt-huit grandes statues, qui datent du XVIIIe siècle, au milieu desquelles on distingue saint Jean Népomucène, patron de la ville, qui fut précipité dans la Moldau par ordre du roi Venceslas pour n’avoir pas voulu lui révéler la confession de la reine. Népomucène est honoré comme un saint par les habitants de Prague qui, le 16 mai, célèbrent une grande fête en son honneur. Les monuments les plus remarquables de Prague sont : le vieil hôtel de ville, surmonté d’une tour supportant le cadran astronomique de Tycho-Brahé ; le nouvel hôtel de ville, dans le quartier de Neustadt ; la cathédrale, d’une architecture ancienne, dans laquelle les hussites, sous Ziska, prononcèrent le serment de vengeance, et où se trouve le tombeau de l’astronome Tycho-Brahé, dont l’observatoire se voit sur le Hradschin. Dans le château impérial ou burg, dont la construction dura plusieurs siècles et ne fut terminée que du temps de Marie-Thérèse, on remarque des appartements immenses. Parmi les églises, nous citerons celle de Saint-Veit, qui possède un très-haut clocher ; celle de la Croix, où l’on admire une très-belle coupole ; celle de Saint-Thomas, où l’on conserve un magnifique tableau de Rubens ; celle de Saint-Gilles, qui possède le mausolée de Népomucène en argent massif. Citons encore le palais archiépiscopal, le séminaire archiépiscopal, le grand hôpital, l’hôpital militaire, les palais de Czernim, de Schwarzenberg, de Wallenstein, de Salm, de Choteck, de la douane, etc. Mentionnons aussi les bâtiments de l’univerversité (ou Carolinum), fondée en 1348 par l’empereur Charles IV et qui fut la première université de l’Allemagne. On l’organisa à l’instar de l’Université de Paris. On divisa les étudiants en nations et les sciences enseignées en Facultés. Les quatre nations étaient celles de Bohême, de Pologne, de Bavière et de Saxe. Les Allemands formaient donc les trois quarts de cette université et leur prépondérance devint si grande, que Jean Hus et Jérôme de Prague proposèrent en 1408, à une assemblée générale, que désormais, à l’instar de Paris, les Bohèmes formeraient les trois quarts des nations et les Allemands un quart seulement. L’empereur eut la faiblesse de sanctionner cette proposition et de lui donner force de loi. Immédiatement (1409) des milliers d’étudiants, avec leurs professeurs en tête, émigrèrent ; les uns se dirigèrent sur Vienne, les autres sur Erfurt et sur Heidelberg. La majeure partie s’établit à Leipzig. L’université de Prague, sur le moment ruinée, s’est relevée depuis. Près de 1,500 étudiants suivent aujourd’hui les cours de 55 professeurs, divisés en cinq Facultés : théologie, sciences, lettres, droit et médecine. L’Académie des sciences de Prague est renommée en Allemagne. La bibliothèque de la ville contient plus de volumes et le musée national renferme une multitude d’objets rares et précieux. L’arsenal, qui est très-important, est situé dans le Wissehrad, formant une ville à part.

Prague occupe, croît-on, l’emplacement de Marobodum, dont il est question dans Ptolémée, et fut fondée vers 723. Elle tomba, en 928, au pouvoir de l’empereur Henri Ier. Wenceslas, à qui Henri Ier la rendit moyennant un tribut annuel, fit agrandir la ville et construire plusieurs églises. Vers 950, Prague fut assiégée par l’armée impériale. Un évêché y fut établi en 973. Elle eut à subir de nouveaux sièges en 1005, 1042, 1052. Les juifs qui l’habitaient et qui refusèrent de se faire chrétiens y furent massacrés par des fanatiques en 1096. Au XIIe siècle, Prague fut assiégée à diverses reprises, notamment en 1142, époque où un grand nombre d’édifices devinrent la proie des flammes. Au commencement du XIVe siècle, elle devint la capitale du royaume de Bohême. Elle s’accrut, à cette époque, d’un nouveau quartier (celui de Neustadt). En outre, Charles IV y fit commencer le château de Karlstein et y établit l’université dont nous avons parlé plus haut (1348). En 1344, elle fut érigée en métropole, avec les évêchés d’Olmutz et de Letomeritz pour suffragants. À l’instigation de prêtres fanatiques, on y massacra 3,000 juifs en 1389. En 1400, Wenceslas IV y fut assiégé par son compétiteur Ruprecht, comte palatin du Rhin. Peu après, Jean Hus et Jérôme de Prague prêchèrent contre les indulgences et soulevèrent le peuple contre l’Église et la papauté, dont la corruption était alors sans bornes. Le supplice des deux réformateurs (1415 et 1416) amena la guerre civile.

Pendant quatorze ans, la Bohême fut ravagée, les églises et les couvents pillés, des rues entières de Prague détruites par les flammes et le fer ; les habitants de la nouvelle ville et ceux de l’ancienne étaient armés les uns contre les autres. Le traité connu sous le nom de Compacta mit fin à la guerre civile (1433) et donna aux habitants de Prague une sorte de liberté religieuse. En 1526, Prague perdit le rang de capitale en même temps que la Bohême sa nationalité. Lorsque l’empereur Mathias se départit envers les Bohémiens de la tolérance religieuse dont ils jouissaient, les habitants de Prague, à l’instigation du comte Henri de Thurn, s’insurgèrent et jetèrent par les fenêtres du château les deux commissaires impériaux, qui, lancés d’une hauteur de 10 pieds, ne se firent pourtant aucun mal : c’est ce qu’on a appelé la Défenestration de Prague (1618). Ce mouvement insurrectionnel fut le point de départ de la guerre de Trente ans. Ferdinand II marcha contre les révoltés, qui venaient de proclamer roi de Bohême l’électeur palatin Frédéric V, et la victoire qu’il remporta sur eux, près de Prague, à la Montagne-Blanche, en 1620, lui livra la Bohême avec sa capitale. En 1648, le Suédois Kœnigsmark s’empara de Prague, ce qui hâta la conclusion du traité de Westphalie. En 1741, lors de la guerre de la succession d’Autriche, Prague fut conquise par les Français ; mais le maréchal de Belle-Isle l’évacua en 1742, après y avoir soutenu un siège mémorable. Occupée par Frédéric II en 1744, elle allait tomber de nouveau, en 1757, entre ses mains, après la bataille de Prague (v. ci-après), quand la bataille de Koliin, gagnée fort à propos par le général autrichien Daun, la délivra de ce danger. C’est à Prague que fut conclu, en 1813, entre les souverains du Nord, le traité de la Sainte-Alliance ; enfin, Charles X, exilé de France, choisit, en 1833, cette ville pour refuge ; il habita, au Hradschin, le burg ou château fort. Enfin, en 1848, un mouvement insurrectionnel éclata contre l’Autriche, mais il fut bientôt réprimé par Windischgrætz. Des conciles ont été tenus à Prague en 1355, en 1381, en 1392 et en 1421. Jérôme de Prague est né dans cette ville.


Prague (bataille de), gagnée par Frédéric II sur les Autrichiens, le 6 mai 1757, et l’une des plus sanglantes du XVIIIe siècle. Le roi de Prusse commença la campagne de 1757 avec sa rapidité accoutumée, dans l’intention d’attaquer l’armée autrichienne avant qu’elle eût été renforcée par ses alliés. Il divisa ses troupes en cinq colonnes, qui toutes mirent le pied en Bohême le même jour. Lui-même, à la tête de ses principales forces, marcha contre le prince Charles de Lorraine et le maréchal Brown, qui s’étaient solidement établis derrière Prague et la Moldau en attendant les renforts que leur amenait le maréchal Daun. Mais c’était précisément cette jonction que Frédéric voulait empêcher à tout prix. En conséquence, il fit aussitôt construire un pont sur la Moldau, près de Podbaba, franchit cette rivière et fut alors rejoint par le maréchal de Schwerin, ce qui portait le total des forces prussiennes à 68,000 hommes, qui allaient en combattre 80,000.

La gauche des Autrichiens occupait une position presque inexpugnable ; elle était appuyée par la montagne de Ziska et protégée par tous les ouvrages de Prague. Un ravin de plus de 100 pieds de profondeur couvrait leur front et leur droite se terminait sur une hauteur, au pied de laquelle s’étend le village de Serboholis.

Frédéric, trouvant que l’attaque du front de Brown présentait de graves difficultés, tourna la droite des ennemis afin de trouver un terrain plus favorable pour un engagement. Pour rendre la partie plus égale, il fallait contraindre le maréchal Brown d’abandonner une partie de ces montagnes et de longer la plaine. Pour y parvenir, Frédéric changea son ordre de bataille. Son armée avait défilé par colonnes rompues : il la mit sur deux lignes et la fit marcher par la gauche en suivant le chemin de Postchernitz. Dès que Brown aperçut ce mouvement, il prit sa réserve de grenadiers, sa cavalerie de la gauche et sa seconde ligne d’infanterie, avec lesquelles il côtoya les Prussiens, tenant une ligne parallèle. C’était justement ce qu’attendait le roi de Prusse. Son armée s’avança jusqu’à Bischowitz, à travers des défilés et des marais qui disjoignirent les bataillons. Presque toutes les pièces des régiments durent rester en arrière, ce qui permit