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l’auteur de Britanmcus et à’Andromaqve. C’était une appréciation erronée ; mais les querelles littéraires engendrent nécessairement ces erreurs d’optique et l’on a vu se renouveler le même fait lorsque la Lucrèce de Ponsard, œuvre d’une honnête médiocrité, fut opposée aux Burgraves. Pyrame et l’hisbé fut joué en 1674 ; 1 année suivante, Pradon donna Tamerlan ou la Mort de Bajaiet et, en 1677, Phèdre et Hippolyte, tragédie ira’ provisée en quelques semaines, pour faire pièce a la Phèdre de Racine. Nous avons raconté (v. Phèdre) les péripéties de cette lutte, qui tint en suspens la cour, et la ville ; les partisans de Pradon ne réussirent à lui donner un semblant de supériorité qu’en louant la salle entière aux premières représentations de l’une et de l’autre tragédie ; ils remplissaient la salle les jours où l’on jouait Pradon et la laissaient vide les jours où l’on jouait Racine. On conçoit que de tels procédés aient exaspéré Racine et ses amis. Il plut des sonnets, des épigrammes et des satires, et Pradon, déjà souvent maltraité dans le camp opposé, fut dès lors la tête de Turc sur laquelle tout le inonde frappa à tour de rôle. La querelle se perpétua à propos de cbucune de ses pièces, compositions médiocres qui ne méritaient pas tant de tapage. Boileau le ridiculisa dans ses satires ; on fit courir sur lui toutes sortes d’anecdotes, par exemple celle où il figure répondant à un prince, quelconque, qui lui reprochait d’avoir placé en Asie une ville européenne : « Excusez-moi, monseigneur ; je sais mal la chronologie. » C’est ce que Boileau a raconté autrement eu prétendant que Pradon prenait la métaphore

pour un terme de chimie. Ces-anecdotes n’ont pas le sens commun. Racine, qui ne se privait pas de railler son adversaire, a été plus juste en disant simplement : « Toute la différence qu’il y a entre M. Pradon et moi, Vest que je sais écrire. • Les tragédies de Pradon ont, en effet, tout autant d’intérêt ou, si l’on veut, aussi peu d’intérêt que celles de Racine ; mais l’un est un poète délicat, l’autre un versificateur prosaïque. Son malheur vint d’être né un siècle trop tôt et d’avoir été engagé par d’aveugles amis dans une lutte impossible ; au xviho siècle, il eût tenu’son rang xout comme un autre, après Voltaire, entre Laharpe, Lemierre et de Belloy ; Laharpe, qui se moque de lui agréablement, lui est si peu supérieur qu’il serait aujourd’hui malaisé de distinguer, au style, un fragment de son Philoctèie d’un morceau de la Phèdre si bafouée.

Pradon fit encore représenter : la Troade (1679), Statira (1683), liégulus{IS&S), Scipion l’Africain (1697).-Ues quatre pièces et les trois précédentes composent tout son bagage dramatique ; elles ont été rassemblées dans le recueil des Œuvres de Pradon (1741, î vol. in-12). Il en avait, composé quelques autres qui restèrent en portefeuille : Aiitipone, Electre, Germanicus, Tarquin, Téléphonie, etc. Toutes, celles qui ont été jouées comme les pièces inédiles, ne sont plus connues que par les épigrammes dirigées contre elles. Le Scipion l’Africain lui valut cette épigramme de Gàcon :

Dans sa pièce de Scipion

. Pradon fait voir ce capitaine

Prêt tt te marier avec une Africaine ;

ft’Annibal il fait un poltron ;

Ses héros «ont enfin si différents d’eux.jnGmc, Qu’un quidam les voyant pins masqués qu’en un bal Dit que Pradon donnait, au milieu du carême,

Une pièce de carnaval.

Racine a fait cette autre contre le Germa' nicus :

Que je plains le destin du grand Germanicus !

Quel fut le prii de ses rares vertus)

Persécuté par le cruel Tibère,

Empoisonn* par le traître Pison,

Il ne lui restait plus pour dernière misère Que d’être chanté par Pradon.

On a encore de celui-ci : le Triomphe de Pradon (1684), apologie peu modeste écrite en réponse aux satires de Boileau ; les Nouvelles remarques sur tous les ouvrages de M. D. {ûespréauxj (16S5, i«-12) ; Je Jugement d’Apollon sur ia Phèdre des anciens, pièce dirigée contre Racine (1677) ; enfin des poésies fugitives, sonnets, madrigaux, impromptus, qui valent celles de tous les auteurs secondaires du X.VHO siècle.

Quand à mourut, on ne manqua pas de faire son épitaphe :

Ci-glt le poète Pradon "

Qui, durant quarante ans, d’une ardeur sans pareille, Fit, a la barbe d’Apollon,

Le même métier que Corneille !

PRADT (Dominique Dufour de), prélat, diplomate, et publiciste français, né à Allantes (Auvergne) en 1759, mort h Puris en 1837. Son père s’appelait tout simplement Dufour ; il ajouta à ce nom celui de sa more, qui était alliée, aux La Rochefoucauld. La protection de cette famille lui aplanit ie chemin ; à peine fut-il sorti du séminaire et entré dans les ordres qu’il se vit appelé en qualité de grand vicaire auprès du cardinal de La Rochefoucauld, archevêque de Rouen. Ses aptitudes remarquables lui valurent d’être envoyé en 1789 comme député du clergé ans états généraux. L’abbé de Pradt se montra on.ne peut plus hostile à toutes lesmesu : res révolutionnaires, s’opposa k la réunion

« PRAD

de son ordre aux députés du tiers et fut toujours d’accord, dans la minorité de l’assemblée, avec Cazalês et Maury. Du reste, il n’aborda jamais la tribune et se signala seulemenj comme interrupteur. Il signa toutes les protestations de la minorité, refusa d’adhérer à la constitution civile du clergé et, lorsqu’elle eut été adoptée, il émigra. Retiré d’abord en Belgique, il suivit dans leur retraite les troupes autrichiennes (1794), se réfugia à Hambourg, foyer d’intrigues royalistes, y collabora a diverses publications contre-révolutionnaires et publia quelques brochures

qui attirèrent sur lui l’attention : VAntidote au congrès de Rastadt ou Plan d’un nouvel équilibre européen (Hambourg, 1798) ; la Prusse et la neutralité (Hambourg, 1800, in-8o). La Biographie des hommes de la Révolution, collection de pamphlets ineptes, et le Spectateur du Nord, dirigé par Baudus, insérèrent quelques-uns de ses travaux. Pendant la Consulat, il profita de la loi qui ouvrait les frontières aux émigrés pour écrire au comte de Provence, alors à Mittau, qu’il se proposait de rentrer en France, ■ afin de mieux servir ses intérêts. » Une fois rentré, il est certain qu’il servit beaucoup mieux ses propres affaires que celles du prince. Il végéta d’abord assez obscurément, relégué au quatrième étage d’une vieille maison de la rue des Canettes et se consumant dans son impuissance. Duroc, dont il était un peu le parent, le présenta au premier consul, et sa fortune prit aussitôt une face nouvelle. Bonaparte l’attacha à sa personne en qualité d’aumônierjil assista au sacre en cette qualité et sut si bien se faire valoir, qu’il fut nommé presque aussitôt évoque de Poitiers, baron de l’Empire et qu’il reçut une gratification de 40,000 francs, plus une tabatière. avait dit adieu aux brochures politiques et s’occupait, dans son cabinet, de questions économiques et agricoles. En 1805, Napoléon se rit accompagner par lui à Milan, où il allait se faire sacrer roi djItalie ; ce fut lui qui officia. Il accompagna également l’empereur a Gênes, puis à Bayonne, lors des affaires d’Espagne et de l’abdication de Charles IV. Il sut rendre, dans cette louche intrigue, quelques services diplomatiques et fut nommé immédiatement archevêque de Malines, grand officier de la Légion d’honneur et reçut une nouvelle gratification de 50,000 francs. II servit ensuite d’intermédiaire entre Napoléon et Pie VII à Savone (1810) ; son succès fut moindre ; Napoléon l’envoya en disgrâce résider dans son diocèse. Il n’était archevêque que par la volonté impériale ; le pape avait refusé de le reconnaître, le chapitre lui suscita des embarras. Il revint à Paris, rentra en grâce et obtint une mission diplomatique à Varsovie (1812) ; il a longuement décrit toutes les péripéties de cette mission dans son Histoire de.l ambassade dans le grand-duché de Varsovie en 1812 (Paris, 1815, in-8°). Mais cet ouvrage, " qu’il eut soin de ne faire paraître qu’après la chute de Napoléon, est surtout curieux par les caricatures qu’on y rencontre de tous les hauts personnages de l’Empire. Comme diplomate, il ne fit que des sottises ; l’empereur, mécontent, le rappela et le confina de nouveau dans son diocèse, où le remuant prélat, conjecturant la fin prochaine de celui qu’il avait tant adulé, se retourna vers le comte de Provence. Lorsque arrivèrent les événements de 1814, il était tout prêt à passer au nouveau régime et il manœuvra si bien qu’il fut l’un des premiers au partage de la curée. Louis XVIII- le nomma grand chancelier de la Légion d’honneur. Cette idée de mettre une soutane à la tête des.maréchaux de l’Empire était digne du roi lettré, du plus spirituel des rois ; mais les rapports de l’archevêque de Malines avec ses administrés furent bientôt si tendus qu’il dut se démettre de ses fonctions. Il se retira, dans une terre qu’il avait acquise en Auvergne et attendit que la faveur royale lui revint. Le retour de l’île d’Elbe fut pour lui un coup de foudre ; il ne vint pas moins aux Tuileries féliciter Napoléon, qui le reçut froidement. Il dit à ses familiers : « De Pradt mérite qu’on lui donne le nom d’une fille de joie qui prête son corps à tout le monde pour de l’argent. • Sous la Restauration, de Pradt dut se démettre de son archevêché et il reçut en

échange une pension de 12,000 livres. Retiré encore une fois dans ses terres, il s’occupa à rédiger des ouvrages qui sont en grande partie ses propres mémoires : Ou congrès de Vienne (1815, .2 vol. in-8«) ; Mémoires historiques sur la révolution d’Espagne (1816, iu-8<>) ; Récit historique sur la restauration de ia royauté en France, te 31 mars, 1814 (Paris, 1816, in-8») ; puis, dans une série de brochures politiques, il se posa en théoricien de la royauté constitutionnelle et, par une nouvelle volte-face, *passa au Camp des libéraux, qui ne l’acceptèrent qu’aveu méfiance. Cepen ? dant, une de ses brochures sur la loi élector raie (1820) ayant été l’objet de poursuites en cour d’assises, son acquittement lui valut une sorte d’ovation et, en 1827, le département du Puy-de-Dôme l’envoya siéger à la Chambre, où il prit place dans les rangs de la gauche, à côté du général Foy et de Benjamin Constant. Son passé, la versatilité dont il avait donne tant de preuves l’empêchaient de jouir d’une autorité quelconque ; dépité d’être relégué au second rang, il ne se représenta pas à la fia de la législature (1828) et revint en Auvergne, où il continua d’écrire

PRAp

sur toutes sortes de questions et de matières. Il mourut dans un des fréquents voyages qu’il faisait à Paris ; par son testament, il laissait la plus grande partie de sa fortune aux invalides de la succursale d’Avignon et dotait vingt filles rendues orphelines à Waterloo.

L’abbé de Pradt fut un écrivain de mince valeur, mais excessivement fécond ; on lui doit, outre les ouvrages cités ci-dessus : les Trois âges des colonies, ou de leur état passé, .présent et à venir (Paris, 1802. 3 vol. iu-8<>) ; De l’état de la culture en France et des améliorations dont elle est susceptible (1S02, 2 vol. in-s») ; Voyage agronomique en Auvergne, précédé d’observations générales sur la culture de quelques départements du centre de la France (1803, in-8u), nouvelle édition augmentée du Tableau des améliorations introduites et des établissements formés depuis quelques années dans l’Auvergne (1828, in-8°) ; Des colonies et de ta révolution actuelle de l’Amérique (1817, 2 vol. in-8») ; Lettre à an électeur de Paris (1817, in-8°) ; Préliminaire de la session de 1817 (in-S°) ; Du progrès du gouvernement représentatif en France (1817, in-8°) ; Des trois derniers mois de l’Amérique méridionale et du Brésil, suiui des personnalités et des incivilités de la Quotidienne et du Journal des Débats (1817, in-8°) ; Pièces relatives à Saint-Domingue et à l’Amérique (1818, in-8u) ; les Six derniers mois de l’Amérique et du Brésil (1818, in-8°)j les Quatre concordats, suivis de considérations sur le gouvernement de l’Église en général et sur l’Église de France en particulier depuis 1815 (1818, 2 vol. in-8°) ; Congrès de Carlsbad (1819, in-8°) ; 'Europe après le congrès d’Aixla-Chapelle, faisant suite au Congrès de Vienne (1819, in-goj ; Petit catéchisme à l’usage des Français sur les affaires de leur pays (lS20, in-goj j De la révolution actuelle de l Espagne et de ses suites (1820, in-8°) ; De l’affaire de la loi des élections (1820, in-8°), brochure déférée aux tribunaux ; De la Belgique depuis 1789 jusqu’en 1794 (1820, ih-8°) ; l’Europe et l’Amérique depuis le congrès d’Aix-la-Chapelle (1828, in-8°) ; Rappel de quelques prédictions sur l’Italie extraites du Congrès de Vienne en 1815 (1821, in-S°) ; l’Europe et l’Amérique en 1821 (1822, 2 vol. in -S0) ; Examen du plan présenté aux eorlès pour la reconnaissance de l’indépendance de l’Amérique espagnole (1822, iu-8°) ; De la Grèce dans ses rap-. ports avec l’Europe (1822, in-8°)-, Parallèle de la puissance anglaise et russe relativement à l’Europe, suivi d’un aperçu sur ta Grèce (1823, ih-8°) ; l’Europe et l’Amérique en 1822 et 1823 (1824, 2 vol. in-8°) ; la France, l’émigration et les colonies (1824, 2 vol. in-s°) ; Examen de l’exposé des motifs de la loi relative à l’indemnité des émigrés, (Î825, in-S°) ; Vrai système de l’Europe relativement à l’Amérique et à ta Grèce (1825, in-8«) ; Congrès de Panama (1825, io-8°) ; Du jésuitisme ancien et moderne (1825, in-8") ; l’Europe par rapport à la Grèce et à la réformation de la Turquie (1826, in-8<>) ; Concordat de l’Amérique avec Rome (1827, . in-8°) ; Garanties à demander à l’Espagne (1827, in-8°) ; Remarques philosophiques sur le psaume 109 de la Vulgate (1827, in-8°) ; Du système permanent de l’Europe à l’égard de la Russie et des affaires d’Orient (1828, in-8») ; Statistique des libertés -de l’Europe en 1829 (1829, in-S°) ; Un chapitre inédit sur la légitimité (1830, in-8a) ; Appel d l’attention de la France sur sa marine militaire (1832, in-8<>) ; Du refus général de l’impôt (Clermont-Ferrantl, 1832, in-s°) ; De l’esprit actuel du clergé français (1834, in-8"). On lui attribue, en outre, les Eclaircissements historiques et impartiaux sur les causes secrètes et les effets publics de la révolution de 1789 (1790, in-S°), anonyme.

PRADUKO-E-SASSOj bourg du royaume d’Italie, province, district et mandement de Bologne ; 6,834 hab.

PRADVOOMNA, héros de la mythologie indienne, fils de Crichna et de Roukminî. On le donne comme une incarnation de Kuina-Deva, dieu de l’amour, réduit en cendres par un regard’ du dieu Siva. Dès sa naissance, il fut enlevé par le géant Sambara ; quelques-uns disent qu’il fut jeté à la mer et dévoré par un poisson qui, bientôt après, arrêté dans des filets, fut porté dans les cuisines de Sambara ; on y trouva un jeune enfant qui tut remis à l’intendante Mâyàvatt. Or, cette Mâyàvatî était Rati, épouse de Karaa-Deva, descendue sur la terre pour y prendre soin de son époux rappelé à la vie. Peu à peu l’élève conçut pour sa mère adoptive un autre sentiment que celui de l’amour filial. Un attrait sympathique les attirait l’un vers l’autre ; Pjadyoumna reconnut enfin son épouse dans Mâyàvatt. Il attaqua bientôt et vainquit Sambara. Puis, »montant avec Mâyàvaiî sur un char céleste, il alla, par sa présence, consoler ses parents qui pleuraient sa perte. Pradyoumna, compagnon d’armes de son père,

se distingua dans plusieurs occasions. Entre autres exploits, il conquit les États de Vadjranâbha, placés vers le nord. Il employa dans cette expédition la ruse et la force. Déguisé en.comédien, suivi de ses principaux compagnons, il n’introduisit dans les États de Vadjranâblia, y fit la conquête de sa tille Prabhavati, qu’il épousa secrètement, et finit par donner la mort au prince imprudent qui avait laissé pénétrer ses ennemis dans son empire. 11 parait que Pradyoumna échappa à la destruction des Yavanas, dans laquelle fut enveloppé son père Crichna.

PHABD (Winthrop-Mackworth), littérateur anglais, né en 1802, mort en 1839. Il faisait encore ses études lorsqu’il collabora à un magazine mensuel intitulé ï’Etomen. Il obtint de orillaats succès à l’uoiversité de Cambridge, devint on 1823 rédacteur d’un autre magazine, dans lequel il publia de nombreuses compositions en vers et en prose, remarquables par l’élégance du style et l’esprit, devint avocat en 1829 et entra, l’année suivante, k la Chambre des communes, où il se rangea parmi les adversaires du parti whig. Praed remplit quelque temps les fonctions de secrétaire du bureau de contrôle, devint grand intendant de l’université de Cambridge et fut enlevé par une mort prématurée. Une partie de ses écrits en vers et en prose ont été recueillis et publiés à New-York (1844).

PR&DATBix s. f. (pré-da-triks— mot lat. qui signifie ravisseuse). Ornith. Syn. de lks-.

TRIS.

Pnediun rusllcom OU la ïlnlion dalique,

poème latin du Père Vanière, placé à juste litre parmi les compositions latines qui, chez les modernes, rappellent le plus la manière antique. Ce poème a fait surnommer Vanïère le Virgile frimcni» par les critiques de son temps, et cet éloge, quoique exagéré, est juste à un certain point de vue, car personne plus que lui n’a approché du poète des Géorgiques. La délicatesse du style, l’ampleur et la vérité des descriptions, le purfum des champs qui pénètre pour ainsi dire toutes les parties de l’œuvre en font un livre très-prise des amateurs de la littérature latine.

Le Pr&dium rusticum expose, en seize chants, les travaux de la ferme. Dans l’origine, Vanière ne songeait pas à faire un poëme complet, mais seulement à s’essayer dans quelques compositions rurales détachées les unes des autres. C’est ainsi qu’il fit un petit poème sur les étangs, un autre sur les colombes, un troisième sur tes abeilles, un quatrième sur le potager ; plus tard, il entreprit de réunir ces compositions et de les faire valoir l’une par l’autre en les rapprochant. Dans l’ensemble, tout méthodique qu’il est, on s’aperçoit aisément que chaque chant forme comme un poame séparé, ayant son cadre à lui. C’est donc plutôt une série de tableaux Qu’une œuvre d ensemble, et la partie la plus faible consiste dans les quelques épisodes, semés, çà et là, & l’imitation des grands maîtres latins, pour donner au Pr&dium rusticum un faux air des Géorgiques.

Le P^re Vanière indique comme il suit la division de son ouvrage :

i A’jtjndiar, duce te, mores haèilusque hcorum Eiplorarti suospartis accersere fundit, Auricalas ; curare greyes, sociosque iaborum Jnformare boves et oi/restibus (tique faliois Aràoribus veslire sotum ; lui» prata secutus Et se^c/es, opérasque omnes qua$ annua ruri Cura refert, olus et vîtes, vinumque reswnam. Et coustabit honos cullis ubi debitus ayris, Chortalcs addam votucres, motlvmque columbam. Melliferas nec apum cellas et reyiio silebo : Œquoreo dein, stagna greyi, kporique fugaci Et caprem tt timido ponam vivaria cervo.

Le chant 1er expose d’une manière générale les conditions d’une bonne exploitation, le site, la salubrité du pays, les eaux, les routes ; il parle des bâtiments de la ferme et des soins h donner aux plantations ; il a pour épisode la description du domaine de Bàville. Le chant IIer traite des pâturages et des troupeaux, et les deux suivants s’étendent plus spécialement sur l’élevage du : heval, du bœuf et du mouton. La culture dés arbres fruitiers et forestiers occupent en entier les chants V et VI Avec le chant Ville, on pénètre dans les travaux de l’automne et de l’hiver ; le chant IX« esttoutentier formé du poème de Vanière sur lé jardin potager, Olus ; c’est un des plus soignés de tout l’ouvrage ; les oiseaux de bassecour (aveschortales)iotit décrits avec un grand charme dans le chaut XIIer, le colombier dans le chaiiiXIII», les abeilles dans le ehantXlVe. L’Anglais Murphy a traduit tout ce chant avec fidélité. La vigne et le vin, qui sont traités avec beaucoup de développement dans le Xs et le Xle chant, les étangs (XVe) et le parc (XVI«) complètent cette vaste série qui embrasse tous les travaux de la ferme, les occupations et les plaisirs de la campagne jusque dans leurs plus petits détails. Vanière n’a pas recours à la mythologie ; il a ses écarts poétiques à lui ; ce sont des préceptes de inorale fondus habilement dans de charmants épisodes et qui ne laissent pas regretter le cortège quelque peu usé des nymphes, des faunes et des dryades. On cite, comme morceaux très-brillants, l’éloge de Riquet et du canal du Lauguedoc, la ^este de Marseille, la réfutation du système de Descartes à propos de l’âme des bêtes, une satire contre les parvenus, la cérémonie du gui chez les Gaulois, l’éloge du christianisme, les habitudes des vers à soie, la description du paon, des combats de coq, la pêche, la chasse, etc., etc. L’épisode le plus gracieux est une métamorphose dans le genre d’Ovide, où deux jeunes filles sont changées en pigeons pour fuir un ravisseur qui continue sa poursuite transformé en milan.

Le Père Vanière brille surtout par l’abondance, la variété ; rien n’égale la flexibilité avec laquelle il sait plier l’hexamètre latin ;