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style ; 5» la musique ; 6° le spectacle ; mais l’élément principal c’est l’action, qui doit être une et complète, vraisemblable, terrible et touchante, vraiment tragique. Quant au dénoûment, il doit sortir de la pièce elle-même, de l’enchaînement des événements, et non d’une machine. Il est nécessaire qu’il soit malheureux pour qu’il puisse inspirer la terreur et la pitié. Le poète, pour parvenir à ce but, a le droit d’arranger les détails à Sa guise, mais non de dénaturer le fond même de la tradition historique ; il doit retrancher tout ce qui nuit à l’unité, sans cependant négliger d’introduire une grande variété ; enfin, il doit éviter surtout d arriver au cœur par les yeux, les effets de spectacle étant toujours un piètre moyen d’intérêt.

Dans cette théorie du beau tragique, il ne prescrit nullement les trois unités : il ne recommande que celle d’action et, d après Andrieux, c’est à l’abbé d’Aubignac que revient la responsabilité de lui avoir attribué a tort les recommandations résumées dans ces vers de Boileau :

Qu’eu un lieu, qu’en un jour un seul fait accompli Tienne jusqu’à la un le théâtre rempli.

À l’épopée, qui diffère de la tragédie par son étendue et par l’usage du merveilleux, Aristote applique toutes les règles de la tragédie, en exigeant que sa fable soit dramatique, renfermée en une seule action, mais plus étendue et revêtue de vers d’une forme différente. En définissant l’épopée un récit historique en vers, Aristote plaçait l’épopée avant l’histoire. I ! ne la range qu’au second rang, après la tragédie, qui, dit-il, a pour elle l’évidence de l’action, une plus parfaite unité et, avec moins d’étendue, produit plus d’effet. Là s’arrête la Poétique d’Aristote. Son ouvrage, tout incomplet et mutilé qu’il est, ressemblant plutôt à une ébauche qu*à un tableau achevé, est néanmoins d’un grand intérêt ; c’est la première pierre du monument élevé par la critique littéraire (v. esthétique, t. VII, p. 9CS). La Poétique a été publiée séparément pour la première fois à Venise (1536, in-8o), et il en existe un grand nombre d’éditions et do traductions. M. Egger en a donné le texte et la traduction française dans son Essai sur l’histoire de la critique chez les Grecs (1849, in-8»).

Poéii.|uo espagnole (la), par M. Martinez de La Rosa (1827), excellent traité de littérature, qui marque parmi les meilleurs ouvrages de ce recommandable écrivain. L’Espagne ne possédait pas d’Art poétique ; M. de La Rosa, sur les traces d’Horace et de Boileau, entreprit de lui en donner un et s’acquitta de cette tâche ingrate avec succès. Esprit modéré, littérateur ingénieux et savant, il était de ceux qui connaissent les règles et qui les aiment ; il était donc à même de les bien exposer. Lope de Vega, dans son Art de faire des comédies, avait spirituellement vanté ses règles à lui, ou plutôt son défaut de règles ; c était le romantisme effréné, auquel l’Espagne a dû tous ses chefsd’œuvre. M. de La Rosa suit les traditions classiques. Son poème en six chants est construit d’après les meilleurs modèles et ne manque pas de mérite ; mais on sent lk l’écrivain de la vieille roche, tout entier au goût français d’uvant 1830 et se voyant déjà débordé par des générations nouvelles, moins timorées. Tandis qu’une pléiade de poëtes hardis, s’inspirant de Caideron, de Sliakspeare, de Victor Hugo, vont renouveler la littérature espagnole, M. de La Rosa en est encore aux sommets escarpés du Parnasse, aux ailes d’Icare, fatales aux ambitieux ; Apollon, Vénus, Jupiter et les Grâces s’entrelacent dans ses rimes. Il fait des appels au bon goût et exorcisa la fantaisie : il veut que le poète, émule de la nature, cherche à 1 égaler, à la corriger, à l’embellir ; il recommande l’unité dans la composition, la proportion dans les parties, la variété dans les détails. Ces préceptes sont assurément fort bous, mais ils ne réveillent pas une littérature engourdie. C’est une Préface de Cromwell qu’il eût fallu en ce moment, et non une timide Epiire aux Pitons, Pourtant, comme ensemble, comme aperçu des littératures grecque, latine, italienne, française, espagnole, ce poème a un grand mérite de précision. Il est concis et complet. Chaque chaut est consacré à un genre, qui est bien décrit. Ce qui décuple la valeur de ce traité, ce sont ses annotations. Là, M. de La Rosa s’est peu préoccupé d’unir l’exemple au précepte, car les notes sont vingt fois plus volumineuses que l’ouvrage principal ; mais lu curiosité n’y perd rien. Chaque genre étudié, chaque nom de poète prononcé donne lieu, dans les notes, à une dissertation savante, à des citations étendues, qui font de ce livre un ouvrage précieux pour l’étude de la littérature espagnole, d’autant plus précieux que les livres du cette nature sont fort rares, les Espagnols étant peu curieux de leur propre littérature. Mis en goût par le succès de son livre, M. Martinez de La Rosa y ajouta plus tard une traduction vers pour vers de Y Art poétique d’Horace et une série d’appendices sur la poésie didactique en Espagne, la poésie épique, la tragédie et la comédie. Cette réunion d’estimables travaux compose un véritable cours de littérature, sans sécheresse, sans monotonie. C’est l’oeuvre d’un poète, doublé d’un érudit.

La Poétique et ses appendices forment tout

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un volume de la Coleccion de los autores espanoles (Paris, 1840).,

Puctique (la), par W.-F. Hegel, précédée d’une préface et suivie d’un examen critique, d’extraits de Schiller, Gœthe, Jean-Paul, etc., sur divers sujets relatifs à la poésie, traduite en français par M. Ch. Bênard (Paris, 1853, 2 vol. in-S°). Cet ouvrage, un des monuments du génie de Hegel, est divisé en trois livres, dont le premier traite de la poésie en général, le second des divers genres de poésie et le troisième des époques de la poésie. Les travaux qu’y a joints le traducteur font de cette œuvre un livre précieux à consulter pour quiconque veut étudier la poésie dans sa source et comme produit des facultés humaines. L’auteur commence par rechercher la nature de l’art, puis il détermine sou but et ses effets et montre le rapport de la poésie avec les autres arts. Pour Hegel, l’idéal est l’objet de l’art et de la poésie. Le beau de l’art et de la poésie résulte des imperfections du réel. L’art a trois formes : 1° les arts du dessin ; 20 l’art musical ou des sons ; 3° la poésie qui, comme art de la parole, emploie le son simplement comme signe et s’adresse par cet intermédiaire à l’imagination. La poésie est de beaucoup supérieure aux autres arts. • La poésie, l’art qui a pour instrument la parole, dit Hegel, réunit et résume les modes d’expression et les avantages des autres arts. » Son objet propre, c’est tout ce qui est vrai en soi dans les objets capables d’intéresser l’esprit. Ces objets sont le monde moral, la nature, les événements, les histoires, les actions, les situations physiques et morales. Ou voit que la matière à exploiter est riche, mais il y a des formes à observer : 1° le sujet ne doit pas être conçu sous la forme de la pensée rationnelle et spéculative, ni sous celle du sentiment incapable de s’exprimer par des mots ; 2<> il faut qu’il se dépouille, en entrant dans l’imagination, des particularités et des accidents qui en détruiraient l’unité. L’imagination poétique doit se tenir entre la généralité abstraite de la pensée et les formes concrètes du monde réel. Enfin, il finit que la poésie satisfasse aux exigences des autres arts, qu’elle soit son but à elle-même et qu’elle reste libre. Tout ce qu’elle conçoit, elle doit le façonner dans un but purement artistique et contemplatif, comme un monde indépendant et complet en soi.

^ L’analyse des facultés poétiques, comme l’imagination, le talent, le génie, laisse à désirer dans la Poétique de Hegel. « Tel qu’il est, dit M. Bénaid, ce livre tient-il la promesse que son titre annonce ? résout-il les principales questions relatives à la nature de la poésie, à ses genres et à ses époques ? Nous croyons pouvoir répondre affirmativement. • Il n’y a pas à dissimuler les défauts, les lacunes et les endroits faibles. Il a moins d’originalité que l’Esthétique. Dans la première partie, l’auteur n’a pas donné assez do soin à l’étude des facultés poétiques. Dans l’examen des genres, Hegel n’accorde pas un mot aux genres secondaires. Il les place comme formes de transition dans le passage d’une époque à une autre, ce qui est une idée bizarre. Certaines parties de l’ouvrage ont un éclat extraordinaire. On remarque, en particulier, celui qui concerne la poésie épique. Personne n’a mieux deviné que Hegel les vrais caractères de l’épopée primitive. On sait que Hegel n’aimait ni la langue française ni le peuple français. On s’en aperçoit, dans sa Poétique, à son air rogue quand il parle de la France et au ton cassant qu’il emploie lorsqu’il daigne citer le nom de Corneille, de Racine ou de Molière.

POÉTIQUEMENT adv. (po-é-ti-ke-nianrad. poétique). D’une manière poétique : S’énoncer poétiquement. Une scène poétiquement agencée.

— Au point de vue de la poésie : Le dieu des chrétiens est poétiquement supérieur au Jupiter antique. (Chateaub.)

POÉTISÉ, ÉE (po-é-ti-zé) part, passé du v. Poétiser. Rendu poétique, mis en vers : Style poétisé. Langage poétisé. La satire de.lioileuu contre les femmes est une suite de banalités poétisées. (Balz.)

POÉTISER v, a. ou tr. (po-é-ti-zé — rad. poêle). Rendre poétique, digne de la poésie : Poétiser un caractère. Le masculin, dans le mot Hyacinthe, poétise l’expression. (Domergue.) On doit soigner, édifier et poétiser sa propre existence, pour faire de soi un instrument actif et puissant au service de ses semblables. (G. Sand.) La femme poétise là création entière. (Mme G. de Gamond.) Le pinceau et le. ciseau rivalisent d’efforts et de zèle pour poétiser des scènes de tuerie. (Toussent !.)

— v. n. ou intr. Fam. Paire des vers : Ait lieu de songer à ses affaires, il ne fait que poétiser. (Acad.) Il y a’autre chose à faire que de poétiser et bayer à la yrisette. (Proudh.)

Maître Clément, le grand forgeur de mètres,

Si doucement n’eût au poétiser.

J.-B. Rousseau.

POËTOO (Guillaume de), poète français, né à Béthune, qui vivait au xvie siècle. Il abandonna la carrière des armes pour s’adonner au commerce, visita presque tbutes les contrées de l’Europe et se tixa à Anvers, où il s’occupa pendant ses loisirs de littérature et de poésie. On a de lui : la Grande liesse en

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plus grand labeur et hymne de la marchandise (1561, 2 vol.), recueil d’odes, de sonnets, de pièces galantes, où l’on trouve aussi un poème Sur la passion de Jésus-Christ et l’éloge en vers des marchands et du commerce.

POÉTREAU s. m. (po-é-tro — rad. poète). Orthogriili !m peu usitée de poëtereau : M. Dorat désespère tous les poètreaux, ses contemporains. (Année littér.)

POÉTRIAU s. m. (po-é-tri-o — rad. poêle). Ancienne orthographe du mot poétkreau.

POÉTRION s. m. (po-é-tri-on — rad. poète). Pain, Poétereau : Je sais pourtant tel poétrion blondin et brelonnant, atteint d’une vanité chronique et si n/ftimide d’un litre-analogue, qu’il s’en affuble en toute occasion. (Phi Musoiii.)

PQE7.L (Joseph), jurisconsulte bavarois, né à Pechtersreuth en 1814. Il fit ses études à l’université de Munich et, après avoir subi avec succès ses examens, à devint priuatdocent à l’université de Wurzbourg. M. Pœzl vit bientôt un grand concours d’élèves se presser à ses cours. Il s’occupa surtout, dès cette époque, de combattre dans ses écrits la théorie d’Abel sur l’interprétation et l’application de la constitution, et ce fut dans ce but qu’il publia un Abrégé du droit constitutionnel bavarois (Wurzbourg, 1847). La violente opposition qu’il avait faite à un régime considéré comme tout-puissant lui valut d’être appelé, en 1847, à. succéder à Moy dans la chaire de droit public bavarois, à l’université de Munich. L année suivante, il fut élu, par deux circonscriptions électorales, membre du parlement de Francfort. A son retour de cette ville en mars 1849, il reprit possession de sa chaire et ne s’occupa plus que de son enseignement et de travaux de jurisprudence jusqu’en 1858, où il devint membre de la seconde Chambre bavaroise. Il eut bientôt acquis la confiance de cette assemblée, et ses rapports sur la question de la liesse électorale et sur la législation industrielle excitèrent un intérêt universel en Allemagne.. Héélu, en 1853, à la Chambre par la ville de Munich, il y devint successivement vice-président, puis président. On a de lui : Manuel du droit constitutionnel bavarois (Munich, 1851 ; 3e édit., 1SC0) ; Manuel du droit administratif bavarois (Munich, 1856 ; 3e édit., 1867) ; Esquisse de leçons sur la police (Munich, 1866). Il a, en outre, publié des commentaires sur plusieurs lois nouvelles de la Bavière, et il dirige, depuis 1853, un journal critique de législation et de jurisprudence qui, intitulé d’abord Ilevue critique, a pris en 1859 le titre de Journal critique trimestriel.

POFFA (Jean-François), compositeur italien, né à Crémone en 177S, mort en 1835. Il devint premier maître au Conservatoire musical de Naples, où il avait reçu son éducation artistique, puis il retourna dans sa ville natale, où if succéda à Arrighi comme maître de chapelle de la cathédrale. Poffa a laissé des Messes, des Oratorios d’une grande beauté et qui peuvent rivaliser avec les compositions de Paisiello, d’Haydn, etc.

POGE s. m. (po-je) Métrol. Petite monnaie de cuivre bretonne, qui valait une demiobole.

— Ane. eout. Droit d’une demi-obole par millier de harengs ou de sardines, dû à l’évoque de Nantes.

— Ane. mar. Côté de tribord ou côté droit d’un navire.

POGGE (Jean-Frnnçois Poggio-Buacciolini, plus connu en français sous le nom de le), humaniste italien, né àTerrannova, près de Florence, en 1380, mort à Florence le 30 octobre 1459. Élève de Jean de Ravenne et de Manuel Chrysoloras, il prit goût aux études antiques et fut en même temps un des restaurateurs des lettres anciennes et l’un des meilleurs écrivains de son temps. Le Pogge fut secrétaire apostolique sous le pape Boniface IX (1413) et sous les sept pontifes suivants, et accompagna en cette qualité Jean XXIII au concile déConstance (14 u). 11 était dans cette ville, lorsque Jérôme de Prague accourut du fond de la Bohême pour partager le sort de son maître Jean Hus. Une Épître que le Pogge écrivit alors à l’un de ses amis est la meilleure relation que nous ayons de toutes les circonstances de cet inique procès. La franchise avec laquelle il parla de ce procès et des faits qui s’étaient passés devant ses yeux au concile de Constance le fit tomber momentanément en disgrâce. Il se rendit alors en Angleterre, attiré par les promesses de l’évêque de Winchester ; mais il n’y obtint qu’un bénéfice insignifiant et revint à Rome (1426), où il reprit ses fonctions de secrétaire apostolique. Lorsque Eugène IV dut quitter Rome devant une sédition (1434), le Fogge alla rejoindre ce pape à Florence. Pendant son voyage, il tomba entre les mains des soldats du Piccuiino et ne recouvra la liberté qu’en échange d’une forte rançon. Arrivé à Florence, il s’y adonna particulièrement à l’étude du grec et acheta

près de la ville une maison de campagne où il réunit une belle collection d’objets d’art et d’antiquités. Ce fut à cette époque qu’il eut les plus vifs démêlés avec Philelphe. Les deux érudits s’attaquèrent dans des pamphlets remplis d’invectives et d’injures grossières, où abondent les obscénités. Depuis longtemps déjà, le Pogge se livrait à son

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goût pour la satire et exerçait sa verve contre les moines, les prédicateurs et les hauts dignitaires de son temps, qu’il avait connus de très-près. Nonobstant son habit ecclésiastique, le Pogge avait quatorze enfants quand il se maria, âgé de cinquante-cinq ans, avec une jeune et belle fille de Florence, Vaggia de Bondehnonti, dont il eut encore cinq fils et une fille. En 1447, le bouillant et caustique érudit quitta Florence, revint à Rome et reprit auprès du pape Nicolas V ses fonctions de secrétaire apostolique. Ce fut durant une peste qui désola Rome en 1450, sous le même pontificat, que Pogge, retiré il Terranuova, composa en latin ses Facéties, dont une bonne traduction française fut publiée sous le titre de Contes de Pogge Florentin (Amsterdam, 1712, in-12). C’est un recueil de contes et d’anecdotes où, au milieu de quelques obscénités, on remarque une foule de faits eu* rieux et sur les hommes et sur les événemenis de son temps. En 1451, il revint à Rome, qu’il quitta en 1453 pour aller remplir les fonctions de chancelier de la république de Florence. Il joignit peu après à cette charge celle de prieur des arts, qu’il conserva jusqu’à sa mort. Ses dernières années furent remplies par de violentes querelles avec Valla et par la rédaction de son Histoire de Florence.

En remplissant ses fonctions de secrétaire de plusieurs papes, puis de chancelier de la république florentine, le Pogge eut mainte occasion de fouiller les dépôts publies. Lors du concile de Constance, il avait visité les couvents voisins, entre autres celui de Saint-Gall, et il rapporta en Italie maint manuscrit précieux. Plus tard, dans un second voyage, le Pogge passa à Cologne, puis dans différentes villes de France ; enfin jusq&.’en Italie, au Mont-Cassin, où il fut également heureux. Lorsqu’il ne pouvait emporter les munuscrits eux-mêmes, il les copiait. C’est à. lui qu’on doit la connaissance d Ammîen Marcellin, des Aratea, d’Asconius, de Calpurnius Siculus, des traités de Cicéron De htjibns et De finibus, de sept discours du même auteur, de Columelle, Celse, Firmicus, Frontin (De aquseductibus), d’une partie do Lucrèce, de Nonius, de Pétrône, de Plaute, de Tcrtullien, de Valerius Flaccus, enfin de tout ce que nous possédons de Quintilien. Dans ses écrits italiens, il montre un talent admirable comme conteur ; il dépassa Boccace dans le genre obscène et se fit même accuser d’impiété. Il savait raconter avec enjouement et tournait fort bien la plaisanterie ; trop bien même, car son humeur

satirique et médisante lui fit maint ennemi. Il composa en latin une Histoire de Florence, pendant les années 1358-1455 (Venise, 1715, in-4o), histoire à laquelle on reproche d’être peu hdèlo. Comme c’est l’histoire de son époque, il y a mêlé bien des traits personnels ou passionnés, qui ont pu blesser ses adversaires. Tout cela avait fait un tort immense à son mérite, d’ailleurs très-réel. Ami de la littérature et des arts, il avait recueilli non-seulement des manuscrits, mais encore des monuments, et il a été l’un des premiers a décrire les ruines de Rome. Ses essais de traduction du grec n’ont pas une grande valeur ; il avait interprété, entre autres, les cinq premiers livres de Xénophon et lu la Cyropédie. Mais de tout ce qu’il a écrit, ce sont ses Lettres qui offrent aujourd’hui le principal intérêt : on y trouve une foule de faits curieux et ■ignorés, une peinture vive et animée de cettémémorable époque de la Renaissance où, l’imprimerie n’étant pas encore inventée, les savants et les artistes italiens s’appliquaient à mettre en sûreté tous les débris de l’antiquité qui avaient échappé à une destruction complète. « Quoique écrits avec facilité et parfois avec élégance, ses ouvrages et ses lettres sont pleins do termes impropres, de soléeismes, d’italianismes, et ne sont pas exempts de barbarismes, » dit M. Nisard. Outre son Histoire de Florence, nous citerons de lui : De hypocrisia, pamphlet violent contre le clergé (Lyon, 1679, in-4<>) ; Facetix (1450, in-4o), recueil d’historiettes plaisantes et licencieuses auquel nous avons consacré un article spécial (v. facéties) ; Historia disceptation convioialis, dialogue satirique contre les médecins et les hommes de justice ; De varietate fortuns (Florence, 1492), dialogua intéressant, où l’on trouve une curieuse description des monuments de Rome, etc. Ses

Œuvres ont été publiées à Strasbourg (1510, in-fol.) et souvent rééditées. — Son fils, Jacques Poggio Bracciolini, né en 1441, mort en 1478, devint secrétaire du cardinal Riario et fut pendu à Florence pour avoir pris part à la conspiration des Pazzi. Outre des traductions en italien de plusieurs ouvrages anciens, on a de lui : un commentaire sur le Triomphe de la Gloire de Pétrarque ; une Vie de Philippe Scolario, etc. — Un frère du précédent, Jean-François Poggio, né en 1443, mort en 1522, fut chanoine de Florence et secrétaire de Léon X. On a de lui un Traité du pouvoir du pape et de celui du concile.

POGGENDORF (Jean :Chrétien), physicien allemand, né à Hambourg en 1796. Fils d’un négociant qui perdit toute sa fortune dans ■ les désastres de 1813 et de 1814, il était destiné lui-même à la carrière commerciale ; mais il préféra suivre sou goût pour les sciences naturelles, étudia la pharmacie, la chimie et la physique et alla, en 1820, grossir le nombre des étudiants de 1 université de Leip-