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et dont la beauté grandiose, la puissante originalité rappellent les plus beaux temps de la Renaissance. Dans la même ville, à l’église Sainte-Pudentienne, on peut admirer un groupe magnifique, non moins célèbre que le Saint Dominique et qui représente Jésus-Christ donnant les clefs à saint Pierre. Notre-Dame-de-Lorette renferme encore de lui plusieurs figures et bas-reliefs remarquables ; mais ces morceaux semblent accuser, par les dégradations du marbre, un date plus ancienne. En revanche, les figures en relief, demi-relief et ronde bosse de la façade du palais Farnèse sont bien de della Porta. Il a encore exécuté d’autres travaux de moindre importance pour les Farnèse, qui lui firent obtenir le titre de chevalier de l’Éperon d’or.

PORTA (Tomaso della), sculpteur italien, frère du précédent, né à Porlizza vers 1544, mort à Rome vers 1602. Élève de Fra Guillelmo della Porta, mais moins original peut-être et surtout moins puissant que Giovanni, il a laissé néanmoins deux ou trois morceaux dont le mérite exceptionnel est universellement reconnu. Ce sont ces deux bronzes admirables, Saint Pierre et Saint Paul, qui couronnent la colonne Antonine et la colonne Trajane. La première moitié du xvio siècle compte peu de statues où la science de la forme et l’instinct de la décoration soient plus développés. On a encore de lui, dans l'église Saint-Ambroise-al-Uorso, un groupe monumental représentant Jésus-Christ descendu de la croix et entouré de plusieurs saints personnages. Ce dernier morceau, quoique plein de grandes qualités si on l’étudié isolément, est inférieur à celui de son frère, en ce qu’il n’en est pour ainsi dire qu’une variante. On ne peut signaler d’une manière authentique aucune autre création de Tomaso. Les documents sérieux s’arrêtent là. Mariette, avec une légèreté qu’on doit lui reprocher, a fait de Tomaso, comme de Giovanni, un marchand d’antiquités et un restaurateur de vieilles statues.

PORTA (Jacopo della), architecte italien, né à Milan, mort à Rome en 1595. Après avoir étudié la sculpture sous Gobbo, il apprit l’architecture et devint l’élève de VignoJe, puis le continuateur de ses travaux. Il acheva ou exécuta à Rome de belles et importantes constructions, l’église du Gesù, commencée par Vignole, la porte de Saint-Jean-de-Latran (1574), la fontaine de la place Colonna(1574), la façade de Saint-Louis-des-Français (1578), de Santa-Maria-de-Monti (1579), le cortiie du palais de. la Supienza (1587), la coupole de Saint-Pierre, avec Fontaua (158Ï-1590), d’après les dessins modifiés de Michel-Ange ; l’église de Saint-Joseph, au Forum ; celles de Saint-Nicolas-in-Carceie, de Saint-Paul-aux-Trois-Fontaines, la fontaine de la place d’Ara-Cculi, le tombeau du cardinal Alessandrino il la Miner va, les palais Niecolini et Gottefredi, etc. Il construisait pour le cardinal Aldobrandini la villa de ce nom à -Frascati,

lorsque, revenant un jour de visiter les travaux, il lui survint un besoin pressant, causé par une grande quantité de melons et de fruits glacés qu’il avait mangés. Longtemps, par respect pour le cardinal avec qui il se trouvait, il n osa demander qu’on arrêtât le carrosse-, mais bientôt il se trouva si mal, qu’on dut le descendre à la porte de Latran, où il expira au bout de quelques instants. Délia Porta joignait à une grande fécondité d’invention une remarquable habileté dans l’art de la construction. Il tient un rang distingué parmi les architectes du second ordre.

PORTA (Costante), un des plus savants compositeurs italiens du xvie siècle, né k Crémone, mort à Loreto en 1601. Attaché il l’ordre des franciscains, il mena une existence obscure et peu bruyante. Ses ouvrages seuls ont révélé son nom. Ou sait qu’il fut élève de Willaert et qu’il exerça les fonctions de maître de chapelle à Padoue, puis à Ravenne et enfin à laSanta-Casa-di-Loreto, où il termina ses jours. Porta était considéré par ses contemporains comme un des plus torts oontre-pointistes de son époque, ce qui est vrai ; mais disons aussi qu’il poussait l’observation rigide desrègles jusqu’à l’absurde, et que ses compositions ont plus de rapport avec l’algèbre qu’avec l’art musical proprement dit. On connaît de lui bon nombre de motets, messes, madrigaux et lamentations, plus un traité de composition portant pour titre Instruction sur le contre-point.

PORTA (Giambattista délia), physicien italien, né à, Naples en 1540, mort en 1515. Il eut à son époque une réputation immense, en partie justifiée par ses travaux. Doué d’une rare et précoce intelligence, que développa un de ses oncles, homme fort instruit, il fit d’étonnants progrès dans les langues anciennes, les lettres, la philosophie, et composa, dès l’âge de dix ans, des discours en latin et en italien. En compagnie de son frère, Gian-Vincenzo, qui partageait son ardeur pour

l’étude, il se passionna bientôt pour les sciences et, pour compléter son instruction, il parcourut l’Italie, la France, l’Espagne, convpulsant les bibliothèques, visitant les savants, notant partout ce qui lui semblait remarquable et curieux. À une extrême curiosité il joignait une vive imagination, beaucoup de hardiesse d’esprit, à l’exemple de Cardan et d’Arnauld de Villeneuve qu’il prit pour maîtres ; un penchant déclaré pour le merveil PORf

leux, ce qui le porta à s’attacher toujours de préférence aux choses bizarres et singulières et à partager la confiance de ses contemporains dans les chimères de l’astrologie judiciaire. A quinze ans, son érudition était telle qu’il avait déjà composé les trois premiers livres de sa Magie naturelle. De retour à Naples, detla Porta prit part à la fondation de l’Académie des Oziosi, puis fonda lui-même l’Académie des Secreti, où l’on n’était reçu qu’a la condition d’avoir fuit quelque découverte scientifique. Le nom de la nouvelle Académie lit croire que ses membres ne s’occupaient que d’arts magiques. Ce qui contribua encore à accréditer cette opinion, c’est que délia Porta fit des prédictions, dont quelques-unes, dit-on, se réalisèrent, et vit affluer chez lui des personnes qui venaient le consulter sur l’avenir. Le pape Paul V, à qui le savant fut dénoncé, lui ordonna de fermer son Académie et de se rendre à Rome pour faire entendre sa justification. Délia Porta partit pour Rome, réussit facilement à se justifier, sans obtenir toutefois la permission de rouvrir son Académié, se vit fêter par tous les savants de cette ville, fut admis a l’Académie des Lincei (1610) et, de retour àNaples, il continua à se livrer à ses études favorites. Vers la fin de sa vie, il revint vers la culture des lettres et composa des pièces de théâtre qui furent représentées avec succès. II avait réuni dans sa maison un riche cabinet de curiosités qui était devenu un objet d’admiration pour les étrangers, et se plaisait à cultiver dans une campagne, près de Naples, des arbres et des plantes exotiques. Contrairement aux savants de son temps, il était d’une humeur facile et ne répondait point aux critiques le plus souvent injurieuses de ses adversaires. Plus qu’aucun des savants de son temps, il répandit le goût des sciences naturelles, auxquelles il rendit d’importants services. Il s’attacha le plus souvent a ramener à des lois générales des phénomènes alors inexpliqués, et quelquefois k les expliquer par des causes naturelles ; il dénonça les manœuvres d’alchimistes charlatans et porta ses investigations sur de nombreux points de physique.

On lui doit la découverte de la chambre obscure, ainsi qu’un grand nombre d’expériences d’optique très-curieuses. Il a beaucoup écrit sur les miroirs planes’, convexes, ardents, etc., et plusieurs auteurs lui attribuent même la première idée des télescopes. Malheureusement, il partageait les superstitions de ses contemporains sur l’astrologie, la magie, la puissance des esprits, etc., et ses ouvrages fourmillent de puérilités, de bizarreries, de secrets ridicules qui, cependant, ne doivent pas faire oublier les services qu’il a rendus aux sciences physiques. Ses principaux ouvrages sont : Magisnaturalis lib. XX (Naples, 1589, in-fol.), plein d’observations intéressantes sur les miroirs, la lumière, les lunettes, les feux d’artifice, la statique, etc. ; De furtivis litteraram notis (Naples, 1563, in-4"), curieux traité de l’écriture en chiffres, où l’auteur indique jusqu’à !80 procédés différents d’écrituresecrèle, avec les moyens de les multiplier à l’infini ; P’hytognomonica(Naples, 1583, in-fol.), traité des propriétés des plantes et des moyens d’en découvrir les vertus par leur analogie avec les différentes parties du corps des animaux ; De kumana physiognomia lib. IV (Naples, 1586, in-fol., avec 1%.), ouvrage qui a été imprimé un grand nombre de fois et traduit en français par Ruault (1655, in-8o) : dans ce traité, où Lavater a beaucoup puisé, délia Porta a joint aux observations faites par Aristote, Polémon, Adamantius beaucoup de remarques curieuses faîtes par lui ; après avoir constaté l’influence des affections de l’âme sur le corps, il traite des différentes parties du corps, indique les lignes qui décèlent le caractère des individus et s’attache à comparer les physionomies humaines à celles des animaux ; Villa lib. XII (Francfort, 1592, in-4o), ouvrage dans le genre de la Maison rustique et qui contient beaucoup d’observations intéressantes ; De refractione optices (Nulles, 1593, in-4o), sur la réfraction et 1 awuomie de l’œil ; Pneumaticorum lib. III (Naples, 1601, in-4»), sur)es machines hydrauliques ; £>e cœlesti pysiognomonia (Naples, 1601), traité dans lequel, tout eu admettant l’influence des astres, il combat certaines aberrations de l’astrologie judiciaire ; Ars reminiscendi (Naples, 1602, in-4»), sur les moyens d’aider et de fortifier la mémoire ; De distillationibus lib. IX (Rome, 1608, in-4»), traité où l’on trouve l’état exact de la chimie du temps de Porta ; De aeris Iransmuiationibus (Naples, 1609, in-4o), traité de météorologie, ou l’on trouve beaucoup d’idées saines. Enfin, on doit à délia Porta quatorze comédies en prose, deux tragédies, Ulysse et Georges, et une tragi-comédie, Pénélope. Les comédies ont été réunies et publiées à Naples (1726, 4 vol. in-12).

PORTA (Giovanni), compositeur italien, né à Venise vers la fin du xviie siècle, mort à Munich en n4o. Il se fit d’abord connaître comme directeur de la musique du cardinal Ottoboni, puis fut chargé de la direction du cheeur des jeunes filles au. conservatoire de la Pietii, à Venise. Porta se présenta pour concourir, en 1736, lors de la vacance de la maîtrise da la chapelle à Saint-Marc, et échoua h ce concours. Cet échec lui fit

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quitter Venise pour accepter, à Munich, les fonctions qu’il avait vues avec chagrin lui échapper dans sa patrie. En 1757, Porta, de retour à Venise, fut chargé de la maîtrise de la chapelle à Saint-Marc et mourut trois ans après. Ce compositeur a laissé dix-sept opéras, un magnificat et un motet.

PORTA (Bernardo), compositeur italien, né à Rome en 1758, mort à Paris en 1832. Il débuta comme maître de chapelle k Tivoli. Après quelques années d’exercice, il entra, au service du prélat de Salm et composa des opéras qui furent représentés sans succès, quelques oratorios et des pièces de musique instrumentale. En 1788, Porta vint à Paris, et l’accueil cordial que lui fit la direction du Théâtre-Italien l’engagea à composer une nouvelle musique sur le libretto du Diable à quatre. L’ouvrage fut peu goûté. Quatre partitions d’opéra-comique qui succédèrent n’eurent pas un meilleur succès. Enfin, en 1791, Porta voulut essayer si le genre héroïque convenait mieux à sa nature que la muse comique. II fit admettre et représenter à l’Opéra Âgricola Viala ou la Réunion du dix août, les Horaces, son meilleur ouvrage, et enfin le Connétable de CUsson, une platitude sans nom qui lui attira des épigrammes très-acerbes. Porta avait encore, dit-on, écrit douze partitions que le public eut le bonheur d’esquiver. Après son malencontreux Connétable, les scènes lyriques se fermèrent devant lui et Porta est mort complètement obscur et méconnu. Outre ses ouvrages dramatiques, ce compositeur a écrit cinq œuvres de pièces instrumentales.

PORTA (Carlo), poète italien, né à Milan en 1776, mort dans la même ville en 1821. Lorsqu’il eut achevé ses études, il s’essaya dans la poésie en prenant pour modèle Balestrieri, poète vénitien qui écrivait dans le dialecte de son pays, composa des pièces dans le patois milanais et surpassa bientôt son modèle. Toutefois, de vives attaques et des désagréments que lui attirèrent ses premiers essais le déterminèrent pendant quelque temps à renoncer à suivre la carrière poétique. Mais, au bout de quelques années, poussé par une irrésistible vocation, il reprit îa plume et se mit à composer des satires, pleines de verve et de gaieté, dont il puisait les sujets dans les événements du jour et dans lesquelles il s’attachait à attaquer les classes entières en épargnant les individus, de sorte "que chacun pouvait rire de son voisin sans penser être atteint soi-même. Pendant longtemps, Porta fut à peu près le seul organe de l’opposition contre le gouvernement milanais, et ses poésies lui acquirent’ une extrême popularité. Parmi ses compositions, qui ont été en partie publiées par Grossi (Milan, 1881, 8 vol. in-12), on cite comme deux petits chefs-d’œuvre ; Vision de Prina et Desgrazi de Giovannin Bonee. Porta, si gai dans ses écrits, était d’un caractère sombre et mélancolique. Les prêtres étaient l’objet fréquent de ses sarcasmes ; dans une Lettre à un ami, écrite peu de temps avant sa mort, il lui décrivait ses douleurs et terminait en disant : ■ Je suis parvenu à faire pitié même à un prêtre qui ne vit que d’enterrements. »

PORTA (Baccio della), célèbre peintre italien, surnommé Fra Barioiommeo. V. Bar-

TOLOMMEO.

PORTA-LEONE (Abraham ben David Arie), également appelé Abraham Ropho et en latin Léo Mutinent !», médecin juif, né à Modène en 1542, mort en 1613, Sa famille pratiquait depuis plusieurs générations l’art de guérir. Il apprit l’hébreu et la science rabbinique sous plusieurs maîtres distingués, puis étudia la philosophie et la médecine et prit le diplôme de docteur k Pavie en 1563. Trois ans plus tard, te collège des médecins de Mantoue l’admit au nombre de ses membres et il devint médecin du duc Guillaume de Gonzague. Ses principaux ouvrages sont : Diaïogi très de auro (Venise, 1584, in-4o) ; Seilte agghibborin ou Boucliers des forts (Mantoue, 1612, in-fol.), ouvrage qui a étaûti sa réputation et dans lequel on trouve une étude approfondie des antiquités hébraïques. Quelques parties de ce savant et remarquable ouvrage ont été traduites en latin et insérées dans le Thésaurus d’Ugolino.

PORTABILITÉ s. f. (por-ta-bi-li-té — rad. portable). Caractère, nature de ce qui est portable : La portabilité d’un fardeau. Il Peu usité.

PORTABLE adj. (por-ta-ble — rad. porter). Qui peut être porté ; Ce fardeau nest pas

PORTABLE.

— Jurispr. Rente, redevance portable, ’Rsnt&, redevance qui doit être acquittée par le débiteur dans un lieu désigné, sans que le créancier soit tenu d’aller la réclamer.

PORTAELS (Jean-François), peintre belge, né àVilvorde (Brabant) en 1820. Après avoir suivi les cours de l’Académie de Bruxelles, il vint se perfectionner à Paris sous la direction de Paul Delaroche, puis retourna en Belgique. Ayant obtenu, en 1S43, le" grand prix de Rome, il alla passer quelques années en Italie et, de la, se rendit en Égypte, où il reçut de riches présentsde Méhêmet-Ali, dont il fit le portrait. En 1847, M. Portaels a succédé à Van der Haert comme directeur de l’Académie deGand. C’est un artiste de talent, qui s’est avantageusement fait connaître en

£or ?

France en envoyant un certain nombre de tableaux à nos expositions périodiques. Nous citerons, parmi ses meilleures toiles ; Rébecca, la Sécheresse en Judée, Rut h, Fatma la bohémienne, Convoi funèbre dans le désert de Sues, Caravane en Syrie surprise par le simoun, la Fileuse grecque, Jeune femme des environs de Trieste, Jeune juive de l’Asie Mineure, le Suicide de Judas, Conteur dans les rues du Caire, des portraits, etc. Ces six dernières toiles ont figuré k l’Exposition universelle de 1S55 et ont valu à leur auteur une médaille de ire classe. Ses œuvres ont en général une grâce facile dont il abuse peut-être, dit Théophile Gautier, et beaucoup de ses toiles, bien qu’entachées d’un peu d’afféterie, ont ce charme coquet qui semble appeler la gravure et la lithographie. M, Portaels est, en somme, un des peintres les plus distingués de la Belgique.

PORTAGE s. m. (por-ta-je — rad. porter). Action de porter, de transporter : Le portage des marchandises, des denrées. Supporter les frais de portage. Parmi les bœufs, plusieurs servent à l’homme pour le trait et pour te portage. (Cuv.) En outre, il faut compter le portage et la vente au marché des fruits, légu~ mes, beurre, lait, fromages. (Cormen.)

— Ane. jurispr. Droit que l’on payait aux portes des villes pour l’entrée des marchandises.

— Navig. fluv. Action de porter par terro un canot au delà d’un obstacle qui interrompt la navigation sur un cours d’eau, il Obstacle qui interrompt la navigation sur un cours d’eau et oblige à porter les canots par terce : Les portagKS du Saint-Laurent,

— Mar. Point où une vergue s’appuie sur les haubans et galhaubans. ti Point où une pièce quelconque porte sur une autre, est touchée et soutenue par elle, tl Droit de portage, Droit qu’ont les hommes d’équipage d’embarquer un certain poids d’effets ou de marchandises, il Loe. vieillie.

PORTAIL s. m. (por-iall ; Il mil. —du lat. porta, porte). Façade d’une église, où se trouve la porte principale : Des portails gothiques. Le portail de Saint-Pierre de Rome. Le portail de la cathédrale de Rouen. On. admire sans voir : esl-il beaucoup de gens qui aient remarqué que le portail de Notre-Dame est irrégulier ? (Boiste.) // ne manque au portail de Saiut-Gervais qu’une église, une place et des admirateurs. (Volt.)

— Encycl. Archit, On désigne sous le nom do portail une élévation servant de façade ou d’entrée principale à un grand édifice ; un frontispice d’architecture, quels que soient d’ailleurs le caractère distinetif de son style et la forme des détails et des ornements qui l’accompagnent ; une avant-porte, c’est-à-dire un èbrasemeut- mémigé extérieurement en avant des portes principales des édifices pour’ former un abri. Le portait dépend des portes elles-mêmes ; c’est là ce qui le distingue du porche, qui avance hors d’oeuvre. Bien que dans les cathédrales de Paris, de Bourges, d’Amiens, de Reims, de Rouen, de Sens et de Senlis les portes soient abritée.^par des vous-sures profondes surmontées même de gables monumentaux, cette partie de l’édifice, qui, malgré un développement excessif, satisfait aux conditions ci-dessus indiquées, est un portail, et non un porche. La porte proprement dite est l’ouverture pratiquée dans lo mur, avec les vantaux qui la ferment, et, dans la plupart des cas, on comprend sous cette même désignation le cadre qui l’entoure, la décoration du linteau qui en forme la partie supérieure et les détails d’ornementation qui y tiennent directement, écussons, chiffres, fronton, etc. Le portail, lui, est l’encadrement da la porte, la voussure qui s’avance au devant d’elle, soit en encorbellement, soit soutenue par des pieds-droits ou des colonnes engagées. Cette partie de l’édifice prit de telles proportions dans l’architecture du moyen âge, que souvent le mot portail est devenu presque synonyme de façade. Cest qu’en effet ce qui n’était d’abord qu’un fronton dans les ordres anciens s’est considérablement développé dans l’architecture gothique, par suite de l’introduction de l’ogive et du mode complètement nouveau d’ornementation. Aussi comprend-on en général sous le nom de portail toute la partie inférieure de 1» façade des monuments gothiques, et plus particulièrement quand il s’agit des églises construites depuis le xm* jusqu’au xvte siècle. C’est ainsi qu’on applique ce nom à l’emmarchement qui s’avance devant la façade de Saint’Germain-l’Auxerrois, alors que c’est bien an réalité un porche, et non un portail.

Le portail, forme architeotonique absolument neuve et originale, dont l’antiquité n’offre même pas les éléments, semble être une création du Xne siècle^ Avaut cette époque, on n’en rencontre point d’exemple, et encore n’est-ce guère qu’à la fin de ce siècle et au commencement du xm» que cette forme fut généralement adoptée dans la construction des édifices religieux. La création fut en quelque sorte parfaite, du premier coup, et les inventeurs montrèrent dans l’entente de la construction, l’appareillage, le choix des proportions, des formes décoratives et des motifs ornementaux une science et un goût, une habileté et une vigueur qui les ont fait prendre pour modèles par leurs successeurs. C’est k ce point que, dans les reconstructions