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départ pour Constantinople, où il mourut en 1855, fit ajourner la publication de l’Histoire populaire, qui iie parut que douze ans après sa mort. L’histoire des Leehs et des Piasts, les Mérovingiens et les Carlovingiens Je la Pologne, fait l’objet d’un seul chapitre. L’ouvrage les Premiers siècles de l’histoire de Pologne, du même auteur, complète amplement sous ce rapport l’Histoire populaire. Plusieurs chapitres sont consacrés au récit de la naissance et des progrès de l’empire des czars ; mais, comme le tait remarquer M. Ladislas Miukiewkz dans la préface, « il n’est pas plus possible de faire 1 histoire de Pologne sans s’étendre sur les Russes qu’il ne l’est de faire celle de la France sans y longuement parler de l’Angleterre. Comment s’étonner, d’ailleurs, de Ta place qu’occupe la Russie dans une histoire de Pologne, quand l’ambassadeur de Russie Pozao di Borgo, dans un mémoire adressé, en 1814, à l’empereur Alexandre, disait : « La des■ truction de la Pologne comme nation forme presque toute l’histoire moderne de la Russic »

L’Histoire populaire parle donc longuement du czarat de Moscou, qui peu à peu s’est emparé de la septième partie du globe habité, et montre comment, > dès l’origine, tout marche en Pologne vers la liberté, en Russie vers le despotisme. » Aucun contraste n’est plus frappant que celui des annales de ces deux peuples voisins. « Durant deux siècles, jamais on n’a accusé un Jngellon d’avoir commis un crime, aucune mauvaise action dans un intérêt personnel ou dans un intérêt d’égoïsnie dynastique." Le souverain polonais règne et ne gouverne pas. Un milion de citoyens, électeurs et éiigibles, dirigent les destinées de-la nation, comme aujourd’hui en Belgique et en Italie. Plusieurs de ces rois protégeai les paysans et les bourgeois, soumis alors, comme dans toute l’Europe, à la domination de la noblesse. Du règne des Jagellons on passe à celui des czars de Moscou. Rien de plus épouvantable que le récit du règne d’Ivan le Terrible, faisant périr, par des tortures et des supplices de tout genre, des milliers de ses sujets. L’auteur a eu accès dans les archives de Moscou et y a puisé un grand nombre de faits curieux relatifs au règne de Pierre Ier, auquel il refuse le titre de Grand et qu’il considère comme le mauvais génie de la Russie. Enfin, on assiste h la ruine de l’indépendance polonaise, prépurée par les intrigues de la Russie et que les ett’ot’ts des patriotes polonais ue peuvent conjurer.

Les Slaves, titre sous lequel a paru le cours de M. Mickiewiez au collège de France, ouvrage auquel sont empruntées, comme nous l’avons dit, un grand nombre de pages de l’Histoire populaire, ont été mis à l’index, par la cour de Rome. L’auteur est, en effet, partisan de la tolérance et du progrès au nom " du christianisme ; il aime d’un amour sincère la nation russe, instrument aveugle des souffrances de la Pologne et victime d’un mémo despotisme. «Nous n’avons pas de haine pour la Russie, dit M. Adam Mickiewicz au nom de ses compatriotes dans les Slaves. La Russie a besoin de nous ; la Russie ne pourra jamais secouer son joug sans la-Pologne. La Pologne et la Russie ont besoin de la Bohême, et nous tous nous avons besoin de la France. »

Pologne (la. vieille), recueil historique et poétique, composé de chants et de légendes, de M. J.-U. Niemoewicz, traduit et mis en vers par les plus célèbres poètes français, orné de trente-six dessins et contenant des notices formant un tableau de l’histoire de Pologne depuis 800 jusqu’en 1796, par Chartes Forster (Paris, 1833, 1 vol. in-4» ; 2<* édit., Paris et Leipzig, 1839). De même que les Juifs se consolent de leur long exil et de leurs malheurs en relisant dans la Bible le récit de la gloire et du bonheur de leurs ancêtres sous les David et les Salomon, de même les Polonais, exilés ou accablés de douleur et d’humiliations par des maîtres étrangers, aiment à se reporter par la pensée à l’époque de ia splendeur et de ia prospérité do leur patrie. Tel est le but que s’est proposé Nieincewiez dans ses chants historiques, si populaires en Pologne. Chaque chant raconte le règne d’un Bouverain ou les exploits d’un héros de la Pojogne. La traduction en vers français est due à MM, Emile Deschamps, Théophile Gautier, Jules Lacroix, Frédéric Soulié, de Pongerville, Casimir Delavigne, Ernest Legouvé, Mélanie Valdor, Elisa Mercœur, etc. Alexandre Dumas lui-même a traduit en vers un des chants de Niemoewicz.

Pologne (le mendiant pour là), poôme allemand de Ludwig Wihl, traduit en français par l’auteur. Cet ouvrage fut compose en 1863 et 1864, alors que la malheureuse nation s’agitait en efforts stériles et que tous les esprits généreux que n’occupaient point les froids calculs de la politique prenaient pour une résurrection les convulsions d’une nouvelle agonie. L’auteur, exilé politique de la Prusse et professeur d’allemand au lycée de Grenoble, ressentait vivement les cruelles émotions que ce spectacle inspirait à l’Europe. À ces inquiétudes se joignaient dans son esprit de vives appréhensions sur l’unité allemande, qu’il voyait se constituer par la politique cauteleuse de M. de Bismarck, au moyeu de la baïonnette prussienne et au profit du despotisme militaire. Ce fut sous l’em POLO

pire de ces deux sentiments qu’il composa son po6me, œuvre vraiment allemande et par la confusion de tous les sujets, et par le mélange de tous les tons, et aussi parfois par l’énergie de certaines inspirations, où Ion retrouve le souffle des poètes patriotes de l’Allemagne, Arndt et Kœrner. Il y a çà et là quelque peu de métaphysique (on n’est pas Allemand pour rien) ; cependant la philosophie ne noie pas trop la poésie. La critique littéraire y tient une plus large place. Toute l’Allemagne contemporaine y est passés en revue, depuis le « professeur sans tête et sans mollets, qui déblatérait contre l’auteur et Cologne, «jusqu’à Auerbaeh, Heller, Mueller et Henri Heine, dont l’auteur fut l’ami ; mais c’est la politique qui remplit les trois quarts du po6me. Parfois le poète s’est montré quelque peu propnète, comme dans le morceau où il conseille à Francfort de se défier du congrès de rois réuni dans ses murs par les soins de la Prusse : • C’est le cheval do Troie, lui dit-il ; il se tient coi ; il est calme comme un dada de Nuremberg ; mais, au lieu de sabots, ce cheval a des griffes de tigre, et, avant que tu t’en sois aperçu, ton sang coulera dans la gueule du monstre. » Trois ans plus tard, les Prussiens réalisaient la prédiction à Francfort même. C’est la Pologne qui arrache au poëte ses plaintes les plus éloquentes. La pièce du Mendiant est belle : « Mon habit est sans décoration ; il est vieux, râpé et déchiré comme mon cœur. Ne regardez pas mes haillons ; regardez les larmes qui tombent de mes yeux. Pitié pour le mendiant I Je ne mendie pas pour moi-même, ni pour ma maison, ni pour mon pays ; je tends vers vous ma main en chantant pour la Pologne. Pour ce peuple saint et héroïque, je demande votre pitié. Ohl que mes prières enflamment vos cœurs ! Pitié pour le niendiantl Si les riches me ferment leur porte, pauvres, laissez-moi entrer ; que je sois le témoin de vos larmes. Pauvres, mendions ensemble, à haute voix, qu’on nous puisse entendre ; que nos prières retentissent au loin. Pitié pour le mendiantI » On lira encore avec plaisir la chanson du Faucheur polonais : « Que celui qui a dans sa poitrine un cœur, un cœur qui bat de l’amour sacré de la patrie, quitte en soldat sa ville et son foyer ; qu’il se voue à la mort des héros. En avant ! au combat ! Que tout devienne une arme entre ses mains ! Que l’enfant, grâce à sa faux, devienne un homme pour défendre le sol de la patrie. En avant ! au combat !... Le père, la mère lui serrent la main ; ils refoulent les larmes dons leurs yeux ; ils donnent ce qu’ils ont de plus cher a la patrie. L’enfant reviendra-1-il ? En avant ! au combat t...

Comme il fauche gaiement le champ ! Les Russes couvrent la terre comme des gerbes moissonnées. O père ! ô mère ! votre fils est un héros 1 vous crie le monde, et ces paroles, il les adresse à la Pologne tout entière, le monde, témoin du combat ! »

Pologne (ordre dis). V. mérite, ordre du Mérite militaire.

POLOGNE (royaume de), formé en 1815 avec une partie de l’ancienne Pologne. Il se composait des dix gouvernements actuels de la Pologne russe : Kalisz, Kielce, Lomza, Lublin, Piotrkov, Plock, Radom, Siedlce, Souvalki et Varsovie ; 122,266 kilom. carrés ; 6,193,712 hab. Un ukase de,1867 a décrété la fusion du royaume de Pologne avec le reste de l’empire russe. Le czar continue de porter le titre de roi de Pologne et les dix nouveaux gouvernements continuent d’être appelés encore aujourd’hui royaume ou plutôt czarat (tsarstvo) de Pologne. On les désigne quelquefois aussi, dans les actes officiels, sous le nom de provinces vistuliennes (goubernie privislanskie).

POLOGNE (GRANDE, PETITE). V. Pologne.

POLOGRAPHIE S. t. (po-lo-gra-fî — du gr. polos, pôle, ciel ; graplto, je décris). Astron. Description du ciel.

POLONAIS, AISE s. et adj. (po-lo-nè, è-ze). Géogr. Habitant de la Pologne ; qui appartient à la Pologne ou à ses habitants : Un Polonais. Une Polonaisk. Les-mœurs, les coutumes polonaises. Quoique les Polonaisks soient d’admirables femmes, le Polonais est encore plus promptement mis en déroute par une Parisienne. (Bulz.)

— Hist. relig. Frères polonais, Membres d’une secte sociuieune établie en Pologne.

— s. m. Langue de lu famille slave, que l’on parle en Pologne,

— s. f. Chorégr. Danse très-vive, qui vient de Pologne : Après souper, on a dansé des polonaises. (B. de St-P.)

— Mus. Air à trois temps, sur lequel s’exécute la danse appelée polonaise.

— Modes. Espèce de redingote à collet droit, ornée de brandebourgs.

— Encycl. Ethnol. Los Polonais ont au plus haut degré les caractères ethnologiques de la race slave ; car tandis que les Tchèques ou Bohèmes sont entourés et mêlés d’Allemands, et que, chez les Russes, les Finnois et les Tartares ont fourni un puissant contingent à la formation de la nation, les Polonais n’ont eu à subir que des immigrations peu nombreuses ; les immigrants se sont fondus dans la masse de la nation et n’ont laissé que des traces très-faibles de leur présence. Quels sont ces

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immigrants ? D’après les uns, ce seraient les Lnzes ou Lesghes du Caucase ; d’après d’autres, ce seraient des Goths ; toutefois, cette opinion est peu admissible ; les caractères ethnologiques des Polonais ne révèlent aucune trace d’alliage germanique ; enfin, d’après i’opinion la plus généralement admise, ce seraient les Sarmates qui seraient venus jadis s’établir en conquérants au milieu des Slaves de Pologne et auraient ainsi fondé la nation polonaise. Le3 Sarmates étaient un peuple caucasique et, suivant l’opinion de la plupart des savants, le même que les Mèdes de l’Asie ; il en serait de même des anciens Iazyges ou ladzvingues établis jusqu’en 1264 dans la Podlakhie (gouvernement de Siedlce et de Lublin, Pologne russe) et à cette date détruits par "Boîeslas V. De même qu’en Angleterre on peut souvent distinguer les descendants des Bretons de ceux des Anglo-Saxons et de ceux des Normands, de même, et plus encore, en Pologne on distingue les descendants des anciens Polonais, qui ont donné leur nom à la nation, de ceux des anciens Lithuaniens, qui n’étaient pas des Slaves et dont la langue, presque identique au sanscrit, a fait supposer qu’ils descendaient d’une ancienne colonie indoue. Mais ce n’est que dans la Lithuanie, la Samogitie et la Prusse polonaise qu’on trouve encore des types purement lithuaniens, et encore faut-il fiour cela aller dans les campagnes : la popuation des villes est complètement homogène. Enfin, comme nous l’avons déjà dit (v. Pologne), il existe en Pologne un grand nombre d’israélites ; par une loi de 1836, le gouvernement russe a interdit le mariage entre chrétiens et juifs, craignant de voir les juifs, comme en Occident, se mêler au reste de la nation et unir leurs efforts contre la domination russe ; aussi la différence entre tes Polonais slaves et les Polonais israélites est aujourd’hui très-tranchée, malgré la disparition des anciens préjugés qui s’opposaient à la fusion des juifs et des chrétiens.

« Le peuple polonais, dit Kromer, a le teint clair, les cheveux blonds ; il est d’une belle stature et d’une taille moyenne ; la bonté et la loyauté se peignent sur la figure des deux sexes. »

« Slaves sans mélange de sang ouralien et mongol, les Polonais, dit Schnitzler, ont fidèlement conservé le type de leur race. Ils sont généralement robustes, replets, d’une taille moyenne et souvent d’une belle stature ; ils ont le teint clair, les cheveux châtains ou blonds, une figure noble et ouverte. »

« Le Polonais, dit M. Spazier, est fantasque, chevaleresque et aventureux, plein de noblesse et de franchise, étranger à la crainte et facile à tromper. Cependant avec ces qualités il devint emporté, colère, ambitieux, jaloux d« ses voisins ; mais il y avait tant d’élévation dans ses sentiments, il était si soigneux de sa dignité, en respectant celle des autres, qu’il en est résulté un fait unique dans l’histoire, savoir, qu’aucune véritable guerre civile, aucun massacre, aucun assassinat dans un but politique ou religieux, n’ont souillé l’histoire de la Pologne jusqu’à l’époque où la conduite de la Russie porta le désespoir dans l’âme des patriotes, en leur faisant craindre de trouver dans leurs propres foyers la trahison dont ils étaient victimes par les intrigues de l’ennemi extérieur ; et pourtant il n’y a eu dans les quarante dernières années que trois journées pendant lesquelles les Polonais aient combattu des Polonais, et chacun de ces trois jours compte à peine trente victimes, pendant que chez les peuples les plus civilisés, dans de telles circonstances, on les compte par milliers. (Histoire de ta révolution de 1830.).

« Comme les Russes, dit encore Schnitaler, les Polonais furent longtemps agrestes dans les mœurs, simples, rudes, ignorants, adonnés à la boisson et à toutes les sensualités. Comme eux, ils se montrèrent en toute occasion attachés k leur pays, à leurs traditions, sociables, hospitaliers, toujours prêts à braver les dangers, légers et glorieux. Comme eux, ils ont une grande souplesse d’esprit-et de corps, autant de facilité pour l’imitation que d’impuissance à créer eux-mêmes, une rare finesse d’intelligence, le talent de la parole et lo don des langues. Leur noblesse a de bonne heure attiré tous les regards. Non moins brave que la noblesse russe, mais plus chevaleresque, elle avait en honneur le culte dos femmes, que les Moscovites reléguaient tristement dans le gynécée ; la prouesse et la courtoisie donnaient au sentiment de la force des dehors aimables. »

M. Slowaczynski répond en ces termes au reproche si souvent adressé aux Polonais d’impuissance à créer eux-mêmes : « Vous voulez qu’un homme nourri par tant de souvenirs, Dercé par tant d’espérances, livré à tant d’illusions pense à l’étude, poursuive un travail avec opiniâtreté, quand son pays est envahi et sa gloire mutilée 1 C’est vouloir l’impossible ! Tant qu’il n’aura pas sa patrie libre et indépendante, il ne sera apte qu’à imiter...Assouvissez sa passion de nationalité, et il chercher» d’autres passions ; vous verrez des prodiges. Walter Scott a dit : « Les Polonais sont les Gascons du Nord ; mais ils « diffèrent des Gascons de la Garonne en ce qu’ils exagèrent eu action, tandis que ceuxci ne sont prodigues que de paroles. •

— Mus, et Chorégr. La polonaise (en ita POLO

lien polacca) vient de Pologne, comme son nom l’indique suffisamment, et était jadis la danse nationale de ce pays. La musique qui servait à exécuter cette danse a pris chez nous le nom de polonaise, et pendant un temps on peut dire qu’on fut véritablement inondé de polonaises de toutes sortes, vocales ou instrumentales.

L’air de la polonaise, mesuré à trois-quatre, était d’un mouvement modéré, et son orif inalité consistait dans un rhythme, non pas oiteux, comme on l’a dit à tort, mais irrégulier et que l’on obtenait en syncopant dans la partie chantante la première note de la mesure avec la dernière de la précédente, tandis que la basse seule marquait le temps fort. ■ Les ritournelles de la polonaise, dit Castil-Blaze, sont du plus grand éclat ; on y emploie ordinairement tous les instruments à vent et les timbales ; c’est un morceau dont l’exécution demande beaucoup de brillant et de légèreté. »

Au commencement de ce siècle, la polonaise jouissait non-seulement en France, mais encore en Allemagne et en Ratio, d’une vogue sans pareille et qui dura pendant plus de vingt ans. Malgré son caractère relativement grave, tempéré du reste par les ornements dont on la chargeait, elle prit en Italie droit de cité dan3 l’opéra-bouffe, où d’ailleurs on en accélérait souvent le mouvement. Les compositeurs l’introduisirent aussi dans l’opéra sérieux, et non - seulement on écrivait des polonaises détachées pour la voix ou pour divers instruments, mais bientôt on ne sut plus terminer un concerto sans la polonaise d’usage.

Tarchi a écrit une très-jolie polonaise ; « On dit que j’ai de grands défauts, • dans son opéra intitulé le Trente et quarante, don’t Ségur jeune avait fait les paroles ; celte de Trento : Sento che son vicino, obtint un énorme succès ; Paër en composa aussi de charmantes. Dans le genre instrumental, on doit à Chopin un grand nombre d’adorables polonaises pour le piano, et Baillot, Lai’ont, Habeneck, Mayseder en ont écrit beaucoup pour le violon.

POLONCEAU (Antoine-Remi), ingénieur français, né à Reims en 1778, mort à Roche (Doubs) en 1817. Admis à l’École polytechnique en 1797, il entra en 1799 dans le corps des ponts et chaussées, fut chargé, peu après, de faire des études relatives à Couverture de routes entre la France et l’Italie et devînt « ingénieur ordinaire de l’e classe en 1806. Vers cette époque, Polonceau reçut la mission de faire transporter au sommet du mont Saint-Bernard les énormes btocs -de marbre destinés k ériger un monument k la mémoire du général Desaix et parvint, par des moyens ingénieux, k surmonter les obstacles de cette difficile et périlleuse ascension. Après avoir fait exécuter des travaux do navigation dans le Pas-de-Calais, il alla, sur l’ordre de Napoléon, diriger les travaux de la route de Grenoble en Italie par le mont Geaèvre, devint peu après ingénieur en chef du département du Mont-Blanc et termina la route du mont Cenis. Sous la Restauration, il remplit les fonctions d’ingénieur en chef du département de Seine-et-Oise, devînt, en 1830, inspecteur divisionnaire, membre du conseil général des ponts et chaussées, et prit sa retraite en 1840. On doit à ce savant ingénieur l’introduction en France du procédé d’empierrement de Mac-Adam, qu’il perfectionna par l’emploi d’un rouleau de compression, un système de ponts à bascule simplifié, l’emploi du béton substitué aux pilotis dans les constructions hydrauliques, un système de ponts en fonte d après lequel il construisit le beau pont du Carrousel à Paris (1834). Polonceau fut en outre un des créateurs de l’institut agricole de Grignon et conçut l’idée de la première école normale primaire supérieure, qui fut établie à Versailles en 1831. Nous citerons, parmi ses écrits : Notices sur les chèvres asiatiques à duaet de cachemire (1824) ; Recherches et travaux sur les constructions hydrauliques et l’emploi du béton en remplacement du pilotis (1829) ; Mémoire sur l’amélioration des roules et chaussées en caitloulis à ta MacAdam (1834) ; Mémoire sur le nouveau système de ponts en fonte suivi dans ta construction du pont du Carrousel (1839) ; De l’aménagement des eaux en agriculture ou Traité pratique des irrigations, du limonage et de l’établissement des étangs et réservoirs (1S46, in-12) ; Notes sur te débordement des fleuves, des rivières (1847, in-8°), etc.

POLONCEAU (Jean-Bartbélemy-Camille), ingénieur français, fils du précèdent, né à Chambéry en 1813, mort à Viry-Chàtillon, près de Paris, en 1S59. Élève de l’École centrale, il en sortit hors ligne en 1833 et fut aussitôt attaché par Auguste Perdonnet à la construction du chemin de fer de Versailles, riva gauche. Par la suite, il fit un voyage en Angleterre, pour visiter les usines dans lesquelles se fabrique le matériel des chemins de fer, puis il fut successivement directeur de l’exploitation du chemin de fer de Versailles, directeur des chemins d’Alsace et, après 1848, directeur du service de la traction du chemin de fer d’Orléans. Polonceau devint en outr^président de la Société des ingénieurs civils, membre du jury de l’Exposition universelle de 1855 et officier de la Légion d’honneur. Cet ingénieur a rendu de grands services en perfectionnant les locomotives, le matériel roulant, et en