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avec tant de précision, que l’illusion était souvent complète, et que des étrangers qui n’étaient point prévenus étaient entièrement trompés. Cette heureuse et indispensable su Percherie, jointe aux talents des acteurs et à agrément de plusieurs pièees, firent le succès de ce spectacle, qui était fort couru. D’ailleurs, sa situation au Palais-Royal lui était favorable. »

On voit que, sans s’en douter peut-être, l’administration du théâtre Beaujolais rappelait un usage en honneur chez les anciens et qui consistait à partager la déclamation entre deux acteurs ; les Romains avaient, on le sait, des comédiens fort habiles, dont la pantomime suivait exactement les paroles des chanteurs placés à l’écart de la scène. Les théâtres anciens étaient si grands que l’acteur récitant, obligé de donner à sa voix toute l’étendue dont elle était susceptible pour se faire entendre du public, n’aurait plus conservé assez de force pour joindre à ce premier effort ceux qu’exigent les gestes. Ce procédé, excellent, du reste, chez les Rornuins, ne paraissait pas applicable à notre théâtre. Grimm et Diderot, grands amateurs du bizarre et-de l’original, n’en vantaient’ pas moins un système auquel ils souhaitaient qu’on recourût, prétendant que la perfection du chant et du jeu étaient incompatibles. Grimm, dans sa correspondance, revient constamment sur cette idée. • Le jeu théâtral, dit-il, est une des plus fortes fatigues qu’il y ait... Les efforts nuisent à la longue à la voix et la perfection du chant exige d’autres efforts qui se croisent avec les efforts pénibles du jeu. Il est décidé dans ma tête que, si jamais je deviens grand prince, je ferai faire un essai à l’antique dans mon opéra ; je ferai chanter les airs par des chanteurs sublimes, placés comme instruments dans des trous, sur le bord du théâtre, et dérobés aux spectateurs, tandis que des acteurs pantomimes les exprimeront par des gestes avec tout le feu qu’ils exigent. Il m’est démontré que je parviendrais par ce moyen à avoir un spectacle excellent... » Grimm parlait ainsi en novembre ]772. Que l’on juge de la surprise et de l’enchantement du réformateur iorsqu’en juillet 17S5 il vit son expédient bizarre employé par les Beaujolais.,

On serait tenté de ne pas trop croire à l’illusion que peut offrir un personnage joué par deux acteurs ; pourtant, nous avons v.u plus haut le témoiguage de Dulaure. Quant à Grimm, rien n’égale son enthousiasme ; il assure que l’accord du geste et de la parole était si juste et si parfait, que, même après avoir été prévenu, on doutait qu’il y eût véritablement deux personnes qui se partageassent ainsi le même rôle. Quoi qu’il en soit, cette nouveauté renouvelée des Grecs réussit à merveille aux directeurs, qui étaient à la veille de faire banqueroute. La troupe enfantine exécuta de cette façon le Vieux soldat, opéra-comique de Desmaillot, musique de Froment, l’un des premiers violons de l’Opéra, et Y Amateur de musique, paroles et musique du chef d’orchestre Raimond. Tout Paris accourut à la petite salle de Beaujolais qui fit merveille ; mais les comédiens italiens, dès les premiers jours d’août, s’élevèrent hautement contre ce qu’ils appelaient une atteinte formelle au privilège exclusif de chanter qu’ils avaient obtenu de l’Académie royale de musique. Leurs plaintes furent si vives que nos petits comédiens durent momentanément en revenir aux pantomimes muettes et aux bambochades. Heureusement pour eux, ils avaient de puissants protecteurs. Au bout de trois semaines, la défense qui pesait sur leur répertoire fut levée. Bien mieux, lalîuse d’amour ou l’Epreuve, opéra-comique joué le 25 avril à leur théâtre, fut donné par eux le 28 septembre suivant à Saint-Cioud, devant la cour.

Cependant, la nécessité d’employer deux acteurs pour un même emploi paraissant trop onéreuse aux directeurs, ces derniers profitèrent de ce que les privilèges des grands théâtres devenaient moins redoutables, pour ne plus consacrer qu’un seul artiste a un seul rôle. Cette circonstance, qui était du piquant au spectacle, diminua un peu la vogue des petits comédiens de M. de Beaujolais. Ils se soutinrent toutefois jusqu’à la Révolution, réunissant divers genres, comédies, opéras, pantomimes, ballets, mélodrames, etc. Mais s’ils furent à cette époque débarrassés des entraves qui avaient contribué à leur prospérité, leur théâtre devint un théâtre subalterne, ordinaire, et compta bientôt un grand nombre de rivaux parmi ceux que les franchises nouvelles enfantèrent. Le dernier coup leur fut porté par Mlle Montansier, directrice des spectacles de Versailles, de Rouen, du Havre et de Nantes, qui, trouvant leur salle à sa convenance, réussit à les en évincer. M’e Montansier, qui passait pour être dans les bonnes grâces de Marie-Antoinette, avait encore la direction de tous les théâtres de la , cour et suivait la cour ; elle avait quitté Versailles en même temps que le souverain le S octobre 1789, déclarant, à l’instar de l’Assemblée nationale, qu’elle était inséparable de Sa Majesté. Elle prit aussitôt à loyer la salle Beaujolais, qui avait été achetée, le 24 juin 1787, par DesmaretS, et, après avoir fait aux directeurs un procès, où ils succombèrent injustement, si l’on s’en rapporte à Dulaure, elle l’acheta pour la somme^de 670,000 livres. Ouverte, avec la troupe de la

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nouvelle directrice, le 12 avril 1790, l’ancienne salie Beaujolais prit le nom de théâtre de Mademoiselle-Montansier. Agrandie l’année suivante, elle offrit bientôt un des amusements les plus courus de la capitale. On sait que c’est cette même salle qui, après des vicissitudes diverses, est devenue, en 1830, le théâtre du Palais-Royal. V. ce mot.

Les comédiens du comte de Beaujolais émigrèrent à la salle des Elèves, située boulevard du Temple, dans un local bâti en 1784 pour les élèves de l’Opéra, en face de la rue-Chariot. Mais ils n’y retrouvèrent pas les mêmes succès qu’au "Palais-Royal. Eloignés du quartier de leurs anciens habitués, ayant à subir la concurrence des nombreux spectacles forains qui les entouraient, ils menèrent quelque temps, encore une existence fort précaire. Après avoir fermé plusieurs fois dans le courant de la seule année 1790, ils disparurent complètement vers les premiers jours du mois de janvier 1791. Le directeur, le chef d’orchestre, la plupart des acteurs et des musiciens, fournisseurs et employés passèrent au théâtre de la rue de. Louvois, nouvellement construit. Les petits comédiens de S. A. R. Mgr le comte de Beaujolais, qui ne s’appelaient plus sur l’affiche que les comédiens de Beaujolais, avaient eu environ six années d’existence, mais ils laissaient des regrets et leur souvenir s’est conservé. Au nombre des pièces dont se composait leur répertoire du boulevard du Temple, nous citerons : la Fête de l’arquebuse, comédie ; le Menuisier de Bagdad, opéra-comique ; les Deux babillards ; le Philosophe imaginaire, opéra ; Griffonnet, les Déguisements, le Fat en bonne fortune, le Directeur dans l’embarras, opéras-bouffons ; les Deux jumelles, balletpantomime. Rappelons encore dans ces divers genres : le Tuteur avare, les Jeunes amants, 1 Intendant supposé, la Belle esclave, le Divorce inutile, le Bon père, la Croisée, le Sourd et l’Aveugle, les Accords de Julie ou le Savant dupé, la Suite de Tarare ou Vite d’Ormus. Ils n’eurent guère le temps d’imiter les autres scènes parisiennes et de sacrifier à l’actualité. Nous citerons cependant la Politique à la hatle, pièce qui empruntait aux événements son principal intérêt. Mais ce n’est là qu’une tentative isolée et timide. Le théâtre des Petits-Comédiens du comte de Beaujolais nous offre le seul exemple en France de ta déclamation partagée entre deux acteurs, importation du théâtre des anciens que personne n’a essayé de ressusciter depuis. Grimm avait rêvé pour sa méthode une existence moins éphémère. Qui sait pourtant si un jour ou l’autre quelque impressario bien avisé ne tentera pas de la faire revivre parmi nous ? Pour être peu probable la chose n’est pas impossible. Il y a toutefois de quoi arrêter les plus audacieux amateurs de singularités dramatiques, rien que dans la difficulté très-grande d’établir un ensemble parfait entre les mimes et surtout les chanteurs et l’orchestre, qui ne peuvent se voir ; en outre, il y a un surcroît de dépense inséparable de ces doubles emplois. Or, au prix où sont aujourd’hui les ténors et les prima donna, cette dernière considération n’est pas à dédaigner. Quelques artistes nous ont d’ailleurs prouvé depuis longtemps déjà qu’on peut être à la fois chanteur accompli et acteur parfait, témoin Adolphe Nourrit, Duprez, etc. Mais ce procédé ne serait peut-être pas inutile, appliqué aux chanteurs italiens qui croient encore devoir se dispenser de mimer leurs rôles et ressemblent fort sur la scène, grâce à la roideur de leurs gestes, à des marionnettes que ferait agir un til d’archaî.

PETIT-BOURG, hameau de Franco (Seineet-Oise), commune d’Evry-sur-Seine, canton, arrond. et à 5 kilom. N.-O. de Corbeil, 40 kilom. de Paris. Sur les rives de la Seine s’élève un beau château que Louis XIV fit construire pour Mme de Montespan, sa maltresse. Ce château est situé dans une position salubre et entouré de jardins, d’un parc et de vastes dépendances. Il fut successivement la propriété du duc d’Antin, des tantes de Louis XVI, d’un fermier des jeux, M. Perrin, du banquier Aguado, fut acquis, en 1843, par une société fondée sous la présidence du comte Portalis, pour créer une colonie agricole destinée à recevoir de jeunes garçons qui devaient y faire l’apprentissage de l’agriculture ou d’un art industriel. Cet établissement a été depuis transformé en colonie pénitentiaire pour les jeunes détenus.

PETITE-PIERRE (la), en allemand Lûtzelsteiii, ancien bourg de France (Bas-Rhin), cheflieu de canton, arrond. et à 20 kilom. N.-O. de Saverne, dans un défilé des Vosges, au pied de l’Altenbourg, cédé à l’Allemagne en 1871 ; 1,000 hab. Brasseries, fabrication de chandelle et de savon.

Ce bourg, autrefois chef-lieu d’un comté, est remarquable par un fort dont la construction remonte au vme siècle. Le dernier comte de Lutzelstein mourut en 1400, et l’on voit encore dans l’église paroissiale les tombeaux de plusieurs des anciens membres de cette famille.

Au nom de La Petite-Pierre se rattache un souvenir delà dernière guerre(1870-1871), qui fait le plus grand honneur au sergent-major Bcoltz, et qui montre bien que le courage et ie dévouementjà part d’honorables exceptions, avaient trouvé un dernier refuge dans les

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vaillants soldats de notre armée. Les fortifications de cette place étaient protégées par quatre canons de 12 rayés, trois obusiers et un mortier ; deux cents projectiles’étaientrangés près des batteries. Quant aux vivres, ils étaient en quantité plus que suffisante, puisqu’on distribua deux cents caisses de biscuits aux troupes du 5<s corps de l’armée du Rhin, qui, dans leur retraite, vinrent camper sous la place. Malheureusement, la garnison ne se composait que de 33 hommes : 27 soldats du 96e de ligne et 6 artilleurs. Le capitaine Mouton, qui commandait cette faible troupe, demanda du renfort au général de Failly ; mais il n’en obtint rien autre chose que le conseil d’enolouer ses canons. Le se corps ayant continué son mouvement de retraite et le capitaine Mouton, tombé malade, ayant été transporté à l’hôpital de Strasbourg, le sergentmajor Bceltis resta chargé du commandement du fort. Le 9 août (1870), l’ennemi se présenta devant la place et la somma de se rendre ; mais Bœltz, en homme résolu, repoussa la sommation, lit enterrer ses cartouches, noyer ses poudres, enclouer ses canons ; puis, à la tète de la petite garnison, il évacua laplace, parvint à se soustraire à la poursuite de l’ennemi et gagna Phalsbourg sans encombre.

Ce petit événement fit alors sensation en France, et détourna un instant les yeux du triste spectacle des défaillances des généraux de l’Empire, tels que les Frossard et les de Faiily. Dans sa séance du 6 mai 1872, le conseil d’enquête constata que le sergent-major Bœltz, investi acoidentellementdu commandement de la faible garnison de La Petite-Pierre et, par suite, du commandement même de la place, et dépourvu de tout moyen sérieux de résistance, avait fait preuve de décision et d’intelligence en faisant détruire les munitions de la place avant de l’évacuer, et en assurant le salut de la petite troupe qu’il commandait. Cette appréciation flatteuse devait recevoir une plus haute consécration ; quelque temps après, le sergent-major Bœltz, élevé déjà au grade d’ofticier, était de plus invité à dîner par M. Thlers et décoré de sa propre main.

Le fort de La Petite-Pierre a été démoli par les Prussiens en 1873.

Peti< Bourbou (HÔTEL et ANCIENTHÛÂTRE DU).

Le Petit-Bourbon, ancienne et fastueuse résidence de la maison de Bourbon jusqu’au moment de la trahison du connétable (1527), était situé à Paris, près de l’ancien Louvre et sur l’emplacement d’une partie du Louvre actuel ; une de ses façades donnait sur la rue de l’Autriche (ou Autruche), dont une partie subsistait encore sous le premier Empire. La. rue de l’Autriche se prolongeait alors jusqu’au bord de la Seine, et l’hôtel du Petit-Bourbon s’étendait, du côté opposé, jusqu’à, la rue à laquelle il donna son nom et qui formait le prolongement de la rue des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois. Construit a peu

près à la même époque que le Louvre de Philippe-Auguste, le Petit-Bourbon reçut dans la suite des agrandissements notables, surtout sous Charles V. En 1385, le duc de Bourbon acheta, pour construire cet édifice, une maison appartenant aux religieux de la Charité, puis, en 1390, la voirie de l’Ëvêque, et, suivant l’auteur des Antiquités de Paris, dans l’espace d’un siècle, de 1303 a 1104, trois cents petits propriétaires avaient cédé aux princes de Bourbon les emplacements occupés depuis par l’hôtel et ses vastes dépendances. Aussi, au xve siècle, le Petit-Bourbon était-il considéré comme une des plus magnifiques résidences de Paris. Comme on le voit sur le plan de Gomboust, l’hôtel se trouvait entre l’ancien Louvre et la colonnade actuelle ; on le traversait à toute heure et c’est là que Coligny reçut, la veille de ia Saint-Barthélémy, un coup de pistolet.

Le grand corps de logis du Petit-Bourbon était au centre et contenait la grande salle ou galerie, aux proportions imposantes, et dont la couverture, aussi haute que Saiiit-Germainl’Auxerrois, était dorée. La chapelle du Petit-Bourbon, ornée par Louis II, n’était pas moins magnifique que la galerie. À côté de la chapelle se trouvait un riche oratoire, aux murs couverts d’écussons sculptés, où tes rois entendirent la messe longtemps encore après l’exil et la spoliation du connétable. Lorsque ce dernier eut passé aux Espagnols, la démolition du Petit-Bourbon fut ordonnée, ou même commencée ; elle s’arrêta de bonne heure, puisque, dès le règne de Henri III, nous voyons la galerie de cette belle résidence devenir le théâtre favori des bals et divertissements de la cour.

Ici commence, en effet, pour le Petit-Bourbon une nouvelle phase, la plus brillante de son histoire. La salle à laquelle l’ancien hôtel du connétable a laissé son nom fut, en effet, le berceau de notre théâtre : c’est au Petit-Bourbon que naquit notre opéra ; c’est là que Molière atfirma son génie et Corneille y précéda Molière. En 1577 vint jouer sur cette scène la première troupe de comédiens italiens qui parut en Fpance et qu’on appelait les lîelosi. On payait 4 sous d’entrée par personne. Le 15 octobre 1581, on y représenta avec éclat le ballet de Circé, œuvre de Montjo^eulx et de Balthazarini pour la musique, qui a une grande importance historique, quand on considère qu’il parut longtemps avant que l’illustre Monteverde n’eût donné à Mantoue la première représentation de son Or-

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phée (1608), considéré généralement comme la première tentative sérieuse d’opéra.

Le 19 mars 1615, on y joua le Triomphe de Minerve, sujet emprunté comme Circé à la mythologie, avec deux entrées, feux follets, récits et morceaux de musique.

Le 18 février 1621, ce fut encore sur la théâtre du Petit-Bourbon que fut représenté le Ballet du roy, dont les aventures d’Apollon forment le fond. En 1645 se place un des plus grands souvenirs de ce théâtre : Mazarin, pour plaire, dit-on, k la reine Anne d’A«utriche, fit venir de Parme le machiniste Torelli avec tout son matériel, appela à Paris une troupe de chanteurs italiens et fit représenter, au mois de décembre, l’opéra intitulé la Festa tealrale ou la Finta Pazsa, de Strozzi. Vers 1655, VAndromède de Pierre Corneille y fut représenté, à l’aide des machines du même Italien Torelli. Moins de trois années plus tard, Molière succéda à Corneille : autorisé, grâce à la protection du prince de Conti et de Monsieur, à donner, à son retour de Rouen avec sa troupe, une représentation devant la cour, le grand comique, après ta tragédie de Nicomède, adressa au roi un discours plein d’esprit et dà-propos ; il terminait en demandant la permission de représenter une des petites pièces qu’il jouait d’habitude en province. De là l’origine de la petite pièce après la grande. Louis XIV fut charme du spectacle ; il permit aussitôt à la troupe de Molière de prendre le nom de troupe de Monsieur et de jouer alternativement avec les comédiens italiens sur le théâtre du Petit-Bourbon. Molière commença ses représentations, le 3 décembre 1658, par YEtourdi, déjà joué en province. Sa troupe se composait alors des denx frères Béjart, de du Parc, du Fresne, de Brie, de Croisac, gafistes à 2 livres par jour, et de MUes Béjart, u Parc, de Brie, Hervé. A Y Étourdi succédèrent : les Précieuses ridicules (18 nov. 1659) et Sganarelle (28 mai 1660). Peu de temps après, la démolition du Petit-Bourbon, rendue indispensable pour démasquer la nouvelle cotonnade du Louvre, obligeait Molière à émigrer au Palais-Royal. Cette démolition du Petit-Bourbon ne fut cependant pas encore définitive et, au dernier siècle, quelques-uns de ses bâtiments demeurés debout servaient aux écuries de la reine et au. Garde-Meuble. Il n’en restait plus vestige un peu avant la Révolution.

Une autre propriété de la maison de Bourbon, désignée, comme l’hôtel qui précède, sous le nom de Petit-Bourbon (et aussi sous celui de Fief de Valois), existait encore à Paris au xvue siècle. Le Fief de Valois, bâti par Oharles de Valois, fils de Philippe le Hardi, avait passé de bonne heure dans la famille de Bourbon et faisait partie, au xvio siècle, des domaines du connétable, sur lequel il fut confisqué en même temps que le précédent ; il était situé faubourg Saint-Jacques, sur une partie du Val-de-Grâce actuel. Louise de Savoie obtint la permission de l’aliéner jusqu’à concurrence de 12,000 livres de rente et en fit don, en 1528, à son médecin, Jean Chapelain. Les héritiers de ce dernier le vendirent aux religieuses du Val-de-Grâce, et le nouvel édifice, connu source dernier nom et patronné par Anne d’Autriche, remplaça ce second Petit-Bourbon.

l’etii-Mucc (rue du), vieille rue du quartier Saint-Paul, à Paris, qui relie le quai des Célestins à la rue Saint-Antoine. L’emplacement en était jadis occupé par une voirie et un champ à plâtre. À son origine, la rue nouvelle ne fut pas comprise dans l’enceinte de Philippe-Auguste ; plus tard lea Célestins, en bâtissant leur couvent tout proche, lui donnèrent leur nom, et la rue s’appela quelque temps rue des Célestins.

Quant au nom de Petit-Musc, que l’usage a définitivement adopté et qui n’a uueun sens, il serait, selon l’opinion la plus accréditée, la corruption de Pute y musse, mots qui signifient, dans l’ancien langage : la pute (la fille do joie) s’y musse, s’y cache, parce qu’elle était le repaire des femmes de mauvaise vie. Selon d’autres, le mot Petit-Musc serait tout simplement une corruption du mot latin petimus, nous demandons, nous pétitionnons, mot qui commençait généralement les suppliques au moyen âge, et la rue qui nous occupe aurait été le quartier général des écrivains du temps, chargés d’écrire ces suppliques ou toutes autres missives. On aurait désigné la rue sous la dénomination de rue des Petnnus qui, par corruption, serait devenue la rue du Petit-Musc actuelle. La rue du Petit-Musc est aujourd’hui une rue paisible comme la rue de la Cerisaie, sa voisine, et ne rappelle en rien ni l’une ni l’autre des étyinologios que nous venons d’exhumer.

Potii»-Ciiunip» (quartier bt rub). La rue et le quartier de Paris que l’usage désigne sous cette dénomination tirent leur nom des défrichements successifs qui peu à peu agrandirent le vieux Paris. Le quartier des Petits-Champs peut se circonscrire entre la rue Neuve-des-Petits-Champs et la rue Saint-Honoré actuelle. C’est entre ces deux rues que s’élevait la célèbre et historique butte Saint-Roch ou des Moulins, couverte, au xvue siècle, de jardins et de cultures. En 1667, quatre bourgeois de Paris achetèrent de l’abbé de Saint-Victor ce terrain^et y ouvrirent des rues dont la plupart existent encore. Dix ans plus tard, tout le quartier était

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