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par l’ao3ence de huppe et par la structure de la langue et du larynx ; aussi est-ce dans ce groupe que l’on rencontre les espèces les plus remarquables et les plus recherchées pour leur facilité à parler ; on les subdivise en deux groupes, esjacos ou jacquots et les amazones, suivant que le gris ou le vert domine dans leur plumage. On en trouve dans toutes les contrées chaudes du globe. Ce sont des grimpeurs par excellence ; mais ils ont une manière toute particulière de s’élever sur les arbres ou les supports analogues. » Le bec, dit M. Z. Gerbe, est pour eux un organe tout aussi nécessaire que le sont les pieds ; il leur sert même quelquefois de point d’appui lorsqu’ils marchent ; leurs mouvements sont alors si lents, si pénibles, qu’on les voit de temps à autre poser à terre la pointe et même le dos de leur mandibule supérieure. Lorsqu’ils veulent parvenir a une hauteur quelconque, ils saisissent d’abord avec leur bec une partie de la branche sur laquelle ils tendent à s’élever et y posent ensuite les pieds l’un après l’autre ; s’ils tiennent entre leurs mandibules un objet quelconque qu’ils désirent emporter, dans ce cas, au lieu de faire usage, comme à l’ordinaire, de ia pointe du bec pour avoir un premier point d’appui, ils inclinent fortement la tète en avant et s’appuient sur la branche qu’ils veulent atteindre par le dessous de leur mâchoire inférieure. Au contrair. lorsqu’ils veulent descendre, ce qu’ils font toujours la tète en bas, c’est le dos de la mandibule supérieure qu’ils posent sur la branche, comme moyen de soutien. »

A terre, les perroquets marchent avec beaucoup de difficulté, lentement et avec un balancement de corps qui trahit leur embarras ; aussi n’y descendent-ils sans doute que dans des cas exceptionnels et s’ils y sont impérieu ; sèment forcés. Ils ont de la peine à prendre leur essor, et leur vol est aussi court que lent ; ils battent fréquemment les ailes, l’une après l’autre, comme par un mouvement tremblotant ; ce vol ne devient un peu rapide et soutenu que lorsqu’ils sont poursuivis. Il en résulte que ces oiseaux, vivant dans les forêts, s’éloignent peu des lieux qui les ont vus naître ; tout au plus se risquent-ils un peu dans les terres cultivées, dont ils détruisent les produits. Ils se contentent de sauter, plutôt qu’ils ne volent, d’une branche à l’autre, et il est rare qu’ils émigrent à une certaine distance.

Les perroquets sont omnivores ; mais, à l’état sauvage, ils se nourrissent surtout de fruits et préfèrent ceux du bananier, du caféier, du goyavier, du limonier et des palmiers. Ils n attaquent même la pulpe que pour arriver jusqu’à la graine, leur aliment favori ; ils épluchent soigneusement celle-ci, la débarrassent de ses enveloppes, puis en détachent successivement de très-petits fragments, qu’ils avaient après les. avoir préalablement palpés et comme dégustés avec la langue. Dans cette opération, ils se servent de leurs pieds fort adroitement, et même avec une certaine grâce, soit pour se soutenir, soit pour porter la nourriture à leur bec. On dirait, du reste, qu’il y a chez eux un besoin inné d’employer leurs puissantes mandibules pour broyer quelque chose ; on les voit fréquemment les aiguiser contre une tige, un rameau d’arbre, un morceau de bois, et ratisser en quelque sorte le dessous de la mandibule supérieure avec le bout tranchant de l’inférieure. On les voit surtout malheureusement, en liberté, dévasior les arbres, les dépouiller de feuilles et de fruits en pure perte et comme par passe-temps, en un mot détruire beaucoup plus qu’ils ne consomment. Ils commettent souvent des dégâts incalculables dans, les plantations de caféiers. C’est alors surtout que ces oiseaux, habituellement sédentaires, se livrent à d’assez longs voyages et passent successivement d’un endroit à l’autre, attirés par la nourriture. L’eau est leur boisson habituelle ; ils boivent peu à la fois, mais fréquemment, et en levant légèrement la tête dès qu’ils ont lapé une petite gorgée. Ils aiment surtout beaucoup à se rouler dans l’eau et se baignent plusieurs fois par jour, habitude qui s’explique très-bien par la chaleur élevée des pays qu’ils habitent, mais qu’ils conservent instinctivement en captivité et même par de basses températures.

En temps ordinaire, les perroquets vivent en troupes nombreuses, qui se retirent la nuit dans les endroits les plus fourrés et les moins accessibles des bois ; ils restent alors perchés par bandes sur un même arbre. D’un naturel criard et remuant, ils ont la voix aigre, forte et élevée ; qu’ils soient eu repos ou en mouvement, ils font entendre un caquetage continuel. C’est surtout au lever de l’aurore qu’ils font entendre tous ensemble des cris aigus et perçants. Même pendant leur sommeil, très-léger d’ailleurs et sans doute accompagné de rêves, ils poussent souvent de petits cris. Dès le matin, ils prennent leur vol en commun pour aller à la pâture, et, vers les neuf à dix heures, ils regagnent le feuillage des arbres touffus pour y passer les heures de la plu3 forte chaleur. On en voit alors qui jouent, en se tenant suspendus aux branches par le bec ou par les pieds. Quelques heures avant le coucher du soleil, ils s’en vont encore paître par bandes.

< Leurs habitudes sent constantes, dit M. Z. Gerbe, et le départ du lieu où ils ont pris du repos s’elfectue toujours de la même manière. Les bandes se reconstituent, prennent leur

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essor et se dirigent vers les cantons où elles ont coutume de passer la journée, Ces oiseaux poussent ordinairement des criailleries en volant, avons-nous dit ; mais les auteurs qui les ont étudiés dans l’état de liberté avancent que lorsqu’ils se portent vers des lieux plantés d’orangers ou ensemencés d’où on cherche à les éloigner, ils le font sans jeter aucun cri et se repaissent en gardant le même silence ; on dirait qu’ils ont la conscience que leur voix pourrait bien les trahir. Défiants et soupçonneux lorsqu’ils sont seuls, on les voit agir avec plus d’abandon et de confiance lorsqu’ils sont réunis. Au reste, la compagnie de leurs semblables étant pour eux un besoin, il n’est pas ordinaire de surprendre des individus seuls et isolés. ■

À l’époque des amours, les bandes se séparent ; les perroquets, en général monogames, vivent alors par couples, qui restent constamment unis ; ils nichent dans les creux des rochers ou dans les trous des vieux arbres, souvent dans ceux qui sont faits par les pics ou d’autres oiseaux et qu’ils agrandissent au besoin, et déposent leurs œufs sur des feuilles sèches ou des détritus de bois vermoulu ; quelques espèces néanmoins construisent un véritable nid, grossièrement fait avec des brindilles, à la bifurcation des grosses branches, souvent près du tronc, mais toujours à une assez grande hauteur. La femelle pond plusieurs fois dans l’année ; chaque ponte est de deux à quatre œufs, ovoïdes, courts, à pôles égaux, d’un blanc uniforme et en général du volume de ceux du pigeon biset. Les petits sont complètement nus et ont la tête très-grosse ; au bout de trois mois environ, ils sont entièrement couverts de plumes et, vers la fin de la première mue, ils abandonnent leurs parents.

Les perroquets passent généralement pour vivre très-longtemps ; mais on n’a rien de précis sur la durée de leur existence, du moins à l’état de nature, les rares observations que l’on possède à cet égard ayant été faites sur des individus tenus en captivité. On, leur fait une chasse continuelle, soit pour se préserver contre leurs déprédations, soit surtout pour en tirer parti, car on sait que ces oiseaux sont fort recherchés et se vendent à un prix plus ou moins élevé. Le moyen le plus simple consiste aies prendre tout jeunes, quand ils sont encore au nid ; on a ainsi beaucoup plus de facilité à les élever étales apprivoiser. Toutefois, on chasse aussi les adultes. Les indigènes brésiliens, qui sont de très-habiles archers, tirent contre les perroquets de longues flèches, au bout desquelles ils ont mis un bourrelet de coton, les étourdissent et les abattent ainsi sans les blesser. Sur les bords de la rivière des Berbices, lo chasseur, caché dans une cabane de feuilles de palmier, les prend à l’aide de lacets emmanchés à de longs bâtons. On a remarqué aussi que, lorsque ces oiseaux ont mangé beaucoup de graines de cotonnier arborescent, ils tombent dans une véritable ivresse et deviennent très-aisés à capturer.

Voici encore, d’après le Père Labat, un procédé employé par les Caraïbes pour s emparer des perroquets. « Je ne parle pas, dit-il, des petits qu’ils prennent au nid, mais des grands. Ils observent sur le soir les arbres où il s’en perche le plus grand nombre, et, quand la nuit est venue, ils portent aux environs de l’arbre des charbons allumés, sur lesquels ils mettent de la gomme avec du piment vert. Cela fait une fumée épaisse qui étourdit de telle sorte ces pauvres animaux, qu’ils tombent à terre comme s’ils étaient ivres ou à demi morts ; ils les prennent alors, leur lient les pieds et les ailes, et les font revenir en leur jetant de l’eau sur la tête. Quand les arbres sont trop hauts pour que la fumée y puisse arriver et faire l’effet qu’ils prétendent, ils accommodent des conis (enveloppe du fruit du calebassier) au bout de grands roseaux ou de grandes perches, ils y mettent du feu, de la gomme et du piment, ils les approchent le plus qu’ils peuvent des oiseaux et les enivrent encore plus facilement. »

Les perroquets pris adultes sont en général farouches et méchants ; toutefois, les naturels parviennent en peu de temps à les adoucir. Le moyen employé de préférence pour cela consiste à leur souffler do petites bouffées ou camouflets de tabac, qui ont pour effet de les étourdir, de les enivrer et de les engourdir ; pendant qu’ils sont dans cet état, on les manie sans danger, et, quand la période de stupeur est passée, ils sont déjà moins violents. En réitérant cette opération suivant le besoin, on finit par les rendre tout à fait traitables. L’immersion dans l’eau très-froide, qu’ils redoutent beaucoup, ou même une aspersion énergique, aide encore puissamment à les dompter.

Au reste, tous les moyens qui peuvent leur inspirer de la crainte réussissent également. Si on leur parle haut, si on les empoigne résolument avec une main préalablement recouverte d’un gant de peau très-épaisse, en les menaçant ou en les frappant sur le bec avec une baguette qu’on tient de l’autre main, on arrive à les maîtriser. Pour achever de les apprivoiser, on passe des châtiments aux recompenses, aux caresses, aux friandises ; on les gratte sur la tête, ce qui leur plaît beaucoup ; ils finissent ainsi par devenir tout à fait dociles pour les personnes qui les traitent bien, tout en se faisant craindre. On emploie les mêmes procédés, et sur Ï»ERR

tout l’eau froide, pour les perroquets apprivoisés depuis longtemps, mais qui sont sujets a des retours de mauvaise humeur. Au reste, es oiseaux sont souvent très-capricieux ; familiers pour certaines personnes, ils ont, au contraire, pour d’autres une antipathie invincible. Quelques observations, peu nombreuses à la vérité, semblent établir que les perroquets mâles, méchants pour les hommes, sont très-doux pour les femmes, et que c’est exactement l’inverse pour les femelles.

Les perroquets tenus en domesticité semblent avoir un besoin immodéré de se servir de leur bec ; ils le satisfont sur les meubles et les objets qui sont à leur portée. Si on les met à la chaîne ou en cage, ils s’attaquent aux barreaux et quelquefois à eux-mêmes ; il n’est pas rare de les voir s’arracher des plumes pour les rompre et les briser. Le moyen le plus simple de les en empêcher consiste a leur abandonner quelques morceaux de bois assez tendres sur lesquels ils puissent s’exercer. Quelques personnes ont soin de leur accommoder le bec deux ou trois fois par an ; mais il faut pour cela une certaine habileté et une grande habitude. D’autres, pour empêcher ces oiseaux de s’envoler, leur arrachent les pennes des ailes ; c’est une pratique des plus vicieuses et qu’on ne saurait trop blâmer ; les plumes ainsi violemment supprimées repoussent mal, très-lentement ou même pas du tout ; il en résulte pour l’oiseau un malaise continuel qui se traduit par un air triste et taciturne ; d’ailleurs, s’il leur arrive de tomber en voulant s’élancer, leurs ailes mutilées ne peuvent amortir leur chute et ils sont exposés à se blesser. Il suffirait, pour atteindre le résultat voulu, sans s’exposer aux mêmes inconvénients, d’ebarber à chaque mue, avec des ciseaux, les cinq ou six premières pennes.dans leur côté interne et aux trois quarts seulement de leur longueur.

Bien que les perroquets soient omnivores, comme nous l’avons vu, le choix des aliments à donner à ceux qu’on élève n’est pas indifférent. Ils aiment beaucoup les graines, et surtout celle de chènevis, qui est pour eux un régal ; ils mangent aussi avec plaisir le millet, la graine de laitue, les cerises et même les noix, les amandes douces et les noisettes, dont ils savent fort bien ouvrir ou casser la coque avec leur bec. La graine de carthame, malgré ses propriétés purgatives, ne leur déplaît pas. On peut leur donner du pain sec ou trempé dans du vin, de la soupe, des pommes, des poires, des châtaignes, du fromage, en un mot tous Jes mets ou aliments qui servent à notre usage. On sait toutefois que le persil et les amandes amères sont pour eux des poisons violents.

On doit s’abstenir surtout de leur donner de la viande crue ou cuite, ou même le plus petit os à ronger ; ce n’est pas qu’ils n’en soient très-friands, car ils aiment aussi les ligaments, les tendons et toutes les parties un peu résistantes ; mais le goût qu’ils prennent aux substances animales devient* pour eux un besoin impérieux ; pour le satisfaire, ils s’arrachent des plumes dont ils sucent la base ; ils finissent ainsi par se déplumer entièrement partout où leur bec peut atteindre, ne laissant que les pennes des ailes et de la queue, implantées si profondément que leur extraction serait pour eux très-douloureuse". On doit leur donner de l’eau pure en abondance et la renouveler souvent ; on peut même de temps en temps leur- faire prendre un peu de vin ; ils deviennent alors plus gais et plus babillards.

Les perroquets sont sujets à plusieurs maladies, qui ont surtout pour cause leur séjour forcé dans des cages étroites et le défaut do mouvement auquel ils sont ainsi condamnés. Ils contractent souvent la goutte et le mal caduc ; le traitement consiste à les tenir chaudement, à leur bassiner les pattes avec du vin chaud et à leur faire boire du sirop de grenade. Us sont quelquefois atteints de maladies de peau et de démangeaisons ; on les voit alors se gratter sans cesse, souvent jusqu’au sang, et s’arracher les plumes, même celles qui repoussent en petit nombre ; ils restent alors couverts d’un simple duvet et deviennent hideux ; on y remédie en les baignant et en les mouillant avec une décoction d’absinthe ou de coloquinte ; le perroquet ayant l’habitude de palper avec sa langue tout ce que. touche son bec, l’amertume de ces substances l’empêche de s’arracher les plumes. La gorge de ces oiseaux est souvent affectée d’aphthes et d’ulcères, qui leur font perdre en tout ou en partie la faculté de parler. Ils meurent quelquefois par suite de la mue, qui, sous nos climats, s’exerce pour eux dans des conditions très-défavorables au développement des nouvelles plumes. Pour

toutes les maladies auxquelles les perroquets sont sujets, on ne saurait trop recommander une bonne hygiène, une grande propreté, une nourriture convenable, un air pur et tempéré, enfin toute la liberté qu’il sera possible de leur accorder.

Comme nous l’avons dit, les perroquets passent pour vivre très-longtemps. On a vu à Florence un de ces oiseaux qui avait plus de cent dix uns ; apporté en 1633, il était mort en 1743, et durant tout ce temps il était resté en la possession de la même famille pendant plusieurs générations. Un autre, que Vieillot a vu à La Bastide, près de Bordeaux, était âgé de quatre-vingts ans ; mais il présentait

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tous les signes de la décrépitude et n’était couvert que d’un duvet assez peu épais. Mais les exemples de grande longévité sont rares, et on admet que la vie moyenne de ces oiseaux, en captivité, ne dépasse guère uno quarantaine d’années ; il n’est pas étonnant que les circonstances défavorables dans lesquelles ils se trouvent abrègent la durée normale de leur existence.

Les perroquets se sont assez souvent et depuis longtemps reproduits en Europe. Le plus ancien exemple remonte a l’année 1740. Bulfon cite des perroquets cendrés qui avaient produit cinq ou six années de suite, à Marmande" en Agénois. On en a obtenu en 1773, à Villeneuve-lez-Avignon. Pour obtenir de bons résultats, on met un couple de ces oiseaux dans un tonneau défoncé par un bout et dont le fond est garni d’une couche de sciure de bois ; on les prive de lumière et on a soin de leur donner une nourriture échauffante. Dans ces conditions, ils pondent, couvent soigneusement et nourrissent leurs petits, pour lesquels ils montrent toujours beaucoup d’affection.

Les perroquets occupent une place distinguée parmi les oiseaux d’agrément, sinon par l’élégance de leurs formes, du moins par la beauté de leur plumage, bien que sous ce rapport ils soient inférieurs aux aras, aux kakatoès ou aux loris. Malgré leur prix assez élevé, ils sont très-répandus en Europe, et on les voit souvent dans nos maisons. Ce qui les fait surtout rechercher, c’est leur instinct d’imitation très-développé et les résultats vraiment étonnants qu’on en obtient par une bonne éducation. On les voit se coucher sur le dos à un signal de leur maître, ne se relever qu’à son commandement, faire l’exercice avec un petit bâton, se livrer à des danses ou à d’autres manœuvres plus ou moins amusantes. Rien de remarquable surtout comme la facilité, on pourrait souvent dire la perfection, avec laquelle ils imitent les différents bruits qu’ils entendent : le miaulement du chat, l’aboiement du chien, la voix du merle ou d’autres oiseaux, les enfants qui pleurent, le battement du tambour, les éclats de rire, le claquement de ia langue contre le palais, etc.

■ Le plus grand mérite des perroquets, dit V. de Bomare, est d’avoir au-dessus d’aucun autre oiseau la faculté de mieux imiter la voix humaine, d’en rendre les inflexions, d’articuler et.de parler plus nettement, de retenir un plus grand nombre de mots et de les accompagner même de gestes imitatifs qu’on

leur a appris et qui sont d’accord avec le sens des paroles. ■ Mais il faut convenir que, si les mots prononcés par lesperroquets arrivent quelquefois à propos et semblent dénoter une certaine intelligence, cela n’a lieu que rarement et d’une manière exceptionnelle. Presque toujours ils parlent ab hoc et ab liac et répondent au hasard, machinalement en quelque sorte, aux questions qu’on leur adresse. Ce sont de purs imitateurs, à instinct développé, mais très-pauvrement doués sous le rapport de l’intelligence et qui n’ont aucune idée des relations entre les mots et les choses. »

■.Pour apprendre à parler aux perroquets, dit F. Prévost, il faut avoir beaucoup de patience et de régularité dans les leçons, qui se donneront plus proritablement le soir. On commence par leur donner à manger de la soupe au vin, puis on leur répète plusieurs fois la parole que l’on veut leur enseigner. On aura soin de couvrir la cage avec un morceau d’étoffe et de tenir la lumière cachée. On pourra également leur laisser la lumière ; mais il faudra, dans ce cas, mettre devant eux un miroir quand on leur parlera, afin de leur faire croire que c’est un perroquet qui leur parle. La voix des femmes et surtout des enfants les charme tout particulièrement, et en leur présence ils bavardent jusqu’à ce qu’ils aient achevé tout leur répertoire. Les paroles rompues, les cris, les jurons sont ce qu’ils retiennent le mieux. »

En général, le perroquet montre beaucoup de bonne volonté et même de désir d’apprendre ; il est attentif, répèle à plusieurs reprises et fait des efforts. Il cherche à prendre le dessus de toutes les voix qui frappent son oreille, en faisant éclater la sienne. Souvent on est étonné de lui entendre répéter des mots ou des sons qu’on n’avait pas pris la peine de lui apprendre, et qu’on ne le soupçonnait pas même devoir écoutés. Il semble se faire des tâches et retenir sa leçon de chaque jour ; il en est occupé jusque dans le sommeil et jase encore en rêvant. C’est surtout dans ses premières années qu’il montre cette faculté, qu’il a le plus de mémoire et qu’on le trouve le plus intelligent et le plus docile. Cette mémoire est quelquefois étonnante ; comme dans ce perroquet dont parle Rodiginus, qu’un cardinal acheta 100 écus d’or, parce qu’il récitait correctement le Symbole des apôtres. M. de La Borde affirme eu avoir vu un qui servait d’aumônier sur un vaisseau, récitait la prière aux matelots et disait ensuite le rosaire.

Tout le monde se rappelle l’histoire du perroquet qui inspira à Gresset le pofime do Vert- Vert. Ce perroquet, adoré des jeunes sœurs, qui récitait les litanies de la Vierge et chantait des cantiques, et qui, de retour de voyage, porta le trouble dans le couvent eu se mettant à réciter les refrains plus ou moins