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fièvre ne le quitta plus et il ne cessa de pencher de plus en plus vers la tombe. Bientôt même il fallut lui donner un successeur temporaire, et enfin, moins d’un mois après, il expira, le 16 mai 1832.

On rapporte qu’à l’occasion de cet événement Louis-Philippe aurait dit froidement à l’un de ses intimes : « Casimir Périer est mort ; est-ce un bien ? est-ce un mal ? L’avenir nous l’apprendra. »

On croit communément que le célèbre ministre est mort du choléra. Cependant la chose est douteuse. « Les plus célèbres médecins de l’époque, dit M. Rochas, Broussais, Marjolin, Esquirol et cinq ou six autres, furent appelés auprès de lui ; ces savants docteurs, ainsi qu’il arrive si souvent en pareil cas, ne purent s’entendre ; chacun d’eux chercha à faire prévaloir ses théories : l’un prouva que le malade était atteint du choléra, celui-ci d’une affection cérébrale, celui-là d’une gastro-entérite. Par courtoisie les uns pour les autres, ils le traitèrent successivement pour ces trois maladies et pratiquèrent si bien à son égard le jus purgandi et saignandi (historique), qu’il expira entre leurs mains avant qu’ils fussent arrivés à se mettre d’accord entre eux. »

Voir à ce sujet l’Histoire de la maladie de M. Casimir Périer, dans la Gazette médicale de Paris (1832, pp. 223-271).

M. Louis Blanc apprécie de la manière suivante l’homme et son administration :

« Il avait vu dans la société, non pas des hommes à diriger, mais des ennemis à détruire ; car c’était un ministre à grandes haines et à petites vues, vigoureux d’âme et malade. Homme d’affaires et banquier, il voulait la paix ; mais les puissances la voulaient aussi, et avec d’autant plus de fougue qu’elles voyaient le génie des révolutions tout prêt à suivre l’itinéraire des armées. Voilà ce que Casimir Périer ne comprit pas ; sa peur l’empêcha de profiter de la peur d’autrui, et il contraignit la France à subir les conditions du repos européen, alors qu’il lui eût été loisible de les dicter, comme le prouva bien l’aventure impunie d’Ancône, aventure dans laquelle il s’engagea avec une énergie de volonté que ne purent vaincre ni l’opinion de MM. Sebastiani et de Rigny, ni celle du roi lui-même. Malheureusement, l’expédition d’Ancône était une violation brusque et insuffisamment motivée de tous les principes de la politique jusqu’alors suivie. Or, cette politique avait eu pour résultats l’occupation de Varsovie par les Russes, la première entrée des Autrichiens à Bologne, l’anéantissement de notre influence en Belgique, l’abaissement continu de la France, l’atonie du monde. Alors grondèrent au dedans les forces vives que la révolution de 1830 avait éveillées et qui étaient impatientes d’une issue. On aurait pu leur donner satisfaction en prenant l’initiative des vastes réformes que réclamait un état social livré à tous les désordres de la concurrence ; mais Casimir Périer était puissant, il était riche, et la nécessité d’un changement lui échappait. D’ailleurs, eût-il possédé le désintéressement d’un réformateur, il n’en avait ni la science, ni l’audace, ni le génie. Il fut donc condamné à fouler aux pieds des forces qu’il était incapable de discipliner et de conduire. C’est ce qu’il essaya, aux applaudissements de la bourgeoisie, et certes nul n’était plus propre que lui à cette œuvre de haine. Lutter convenait à son tempérament et le dispensait d’avoir des idées. Du reste, sa politique, qui avait eu pour point de départ l’égoïsme, avait fini par devenir sincère en devenant fanatique, et il mit à la défendre une ardeur qui revêtit quelquefois les apparences de l’héroïsme… Il se fit beaucoup haïr et fort peu redouter ; au lieu de gouverner le royaume, il le troubla ; il créa bien plus d’obstacles qu’il ne parvint à en surmonter ; et son énergie, désarmée, ne servit qu’à irriter ses ennemis jusqu’au délire. »

M. de Rémusat a jugé ainsi Casimir Périer :

« En lui, dit-il, luttaient sans cesse une raison froide et une nature passionnée. C’est là ce qui faisait une partie de sa puissance. Toujours fortement ému, il réagissait énergiquement sur les autres, tantôt les soumettant par la force, tantôt les troublant par son émotion. Sa pensée se présentait à son esprit comme une illumination soudaine ; elle s’emparait de lui avec tant de véhémence qu’elle l’emportait pour ainsi dire, et sa parole brève et pressée avait peine à la suivre. Cependant, son idée était si nette et son impression si vive, qu’il était sur-le-champ compris et qu’il étendait autour de lui l’ébranlement qu’il éprouvait. C’est par là surtout qu’à la tribune il influait sur les assemblées, et c’est de lui plus que de tout autre qu’on aurait pu dire que l’éloquence est toute d’action et que la parole est l’homme même… L’esprit de Casimir Périer devait plus à l’expérience qu’à l’étude et puisait dans son activité propre des ressources qu’il exploitait habilement. Il se refusait au travail méthodique et ne pouvait supporter le désœuvrement ; il voulait agir, mais, en agissant, il réfléchissait toujours ; il revenait incessamment sur lui-même, tournait et retournait sa pensée comme pour s’assurer dans sa croyance et consolider sa conviction. Peu curieux des théories, il procédait cependant toujours par quelques idées générales qu’il saisissait d’instinct et auxquelles il rattachait tout. »

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Casimir Périer a publie un certain nombre d’opuscules sur les finances, le budget, les emprunts, etc. Sa famille a fait paraître ses Opinions et discours (1834, 4 vol. in-8o), avec une notice biographique de M. Ch. de Rémusat. On peut encore consulter : Vie privée et politique de Casimir Périer, par E. P. (1832, in-8o) ; cette notice contient les discours prononcés sur la tombe de Périer ; Notice nécrologique sur Casimir Périer, par Nicolas Fleury-Bourget (Lyon, 1832) ; Casimir Périer, par Flipp. Castille, dans les Portraits historiques (1858, in-16) ; enfin l’article Périer dans la Biographie du Dauphiné, par M. Rochas. La ville de Paris éleva par souscription, au Père-Lachaise, un monument funéraire à Casimir Périer. C’est une œuvre superbe, due à l’architecte Ach. Leclerc et au sculpteur Cortot. Des bas-reliefs représentant l’Eloquence, la Justice et la Force en ornent les côtés. La statue en pied de l’homme d’État le domine.

PÉRIER (Camille), homme politique et économiste français, frère des précédents, né à Grenoble en 1781, mort en 1844. Il fut successivement élève de l’École polytechnique et de l’École des mines, auditeur au conseil d’État, intendant de Salzbourg (1809), préfet de la Corrèze (1811-1814), de la Meuse (1819-1822), député de l’arrondissement de Mamers en 1828. Comme ses frères, il fit partie de l’opposition constitutionnelle, fut en 1830 du nombre des 221 et continua à siéger à la Chambre, mais parmi les ministériels conservateurs, jusqu’en 1835, époque où il reçut un siège à la Chambre des pairs. Camille Périer était d’une haute compétence en matière de finance. Il fit dans les deux Chambres des rapports très-remarqués.

PÉRIER (Auguste-Casimir-Victor-Laurent), publiciste et homme d’État, né à Paris le 20 août 1811. Il est le fils cadet du célèbre ministre de la monarchie de Juillet, mort en 1832. Pendant que son frère aîné, M. Paul Périer, se livrait aux opérations de banque, il entrait, dès l’âge de vingt ans, dans la carrière diplomatique, comme secrétaire d’ambassade à Londres (octobre 1832). M. Casimir Périer occupa successivement les mêmes fonctions en Belgique (5 mars 1833) et en Russie (25 novembre 1839). Ses qualités personnelles, autant que le souvenir de son père, le firent nommer ensuite, malgré sa jeunesse, chargé d’affaires à Naples et ministre plénipotentiaire au Hanovre. Il abandonna néanmoins la carrière diplomatique pour entrer à la Chambre des députés, où il fut élu en août 1846 par le 1er  arrondissement de la ville de Paris. M. Périer avait constamment appuyé de ses votes la politique de M. Guizot, lorsque la révolution de Février le fit rentrer momentanément dans la vie privée. En 1849, le département de l’Aube, où il s’était retiré et où il possédait des propriétés considérables, l’envoya siéger à l’Assemblée législative. Il y resta ce qu’il était auparavant, attaché aux principes conservateurs, et vota avec la majorité dont la politique inepte et l’aveuglement réactionnaire eurent pour unique résultat de faciliter les projets ambitieux de Louis Bonaparte et de précipiter la France sous le joug d’un despotisme odieux. Dans cette Assemblée, M. Casimir Périer ne joua qu’un rôle secondaire. En 1851, une proposition faite par lui, et tendant à introduire dans le règlement de l’Assemblée que désormais les traités conclus avec les puissances étrangères auraient besoin de la sanction législative, fut écartée après une vive discussion. M. Casimir Périer se montra favorable à la révision de la constitution et, pendant un certain temps, il parut se rallier à la politique présidentielle ; toutefois, il s’en sépara lors de la nomination du ministère qui précéda le coup d’État. Lors de l’attentat du 2 décembre 1851, M. Périer fit partie des députés qui protestèrent vivement contre ce coup de force. Arrêté, puis mis en liberté quelques jours après, il rentra alors dans la vie privée. Pendant quelques années, il employa ses loisirs forcés à de grands travaux agricoles, puis il publia de remarquables écrits sur nos finances et sur la politique. Le spectacle du despotisme impérial eut pour résultat de le convertir définitivement aux idées libérales, dont il avait fait trop bon marché à l’Assemblée législative. En 1861, il résolut de rentrer dans l’arène politique. Cette année, il fut réélu membre du conseil général de l’Aube, dont il avait déjà fait partie de 1841 à 1851. Aux élections générales de 1863 pour le Corps législatif, sa lutte à Grenoble contre M. Royer, frère du premier président Royer, intéressa un moment la France. Il obtint plus de 17,000 voix contre 18,000. Les moyens violents déployés contre lui donnèrent lieu à un procès où l’éloquence de Berryer échoua contre le parti pris d’absoudre les errements de M. de Persigny, qui fut contraint de se retirer, mais dont les œuvres restèrent acquises. « Si le procureur général avait fait son devoir, disait M. Larrabure à la tribune du Corps législatif dans son rapport sur l’élection de l’Isère, le préfet de l’Isère aurait dû trembler pour sa liberté. » La veille de l’élection, en effet, à propos d’un article inoffensif publié par le candidat de l’opposition dans l’Impartial dauphinois sur le système d’exonération militaire en vigueur, le journal fut saisi, des poursuites commencées, M. Casimir Périer mandé au parquet et

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on répandit dans les campagnes le bruit qu’il avait été mis en prison. L’élection faite, les poursuites furent interrompues, puis reprises sur sa demande, aboutirent à un acquittement qui démontrait du reste qu’on n’avait voulu en faire qu’une manœuvre électorale. Aux élections législatives de 1869, M. Casimir Périer échoua dans l’Aube avec 15,192 voix contre 20,871 données à M. Argence, son compétiteur. Deux ans auparavant, il avait été nommé membre libre de l’Académie des sciences morales et politiques.

Au moment de l’invasion allemande, en septembre 1870, il habitait sa terre de Pont-sur-Seine. Quelque temps après, il fut arrêté par les Prussiens, enfermé dans la prison de Troyes, puis envoyé à Reims, où il resta comme otage, à la disposition du gouverneur général prussien, jusqu’après la signature de l’armistice. S’étant porté alors candidat à l’Assemblée nationale, M. Casimir Périer recouvra à ce titre sa liberté et, le 8 février 1871, trois départements, ceux de l’Isère, des Bouches-du-Rhône et de l’Aube, le nommaient député. Il opta pour ce dernier département. À Bordeaux, où se réunit d’abord l’Assemblée, il vota la paix, la déchéance de l’Empire et le transfert de la Chambre à Versailles. Dans cette dernière ville, il prit une part importante aux travaux de l’Assemblée. D’abord membre du centre droit, il fut un des hommes les plus autorisés de l’ancien parti orléaniste, se fit remarquer par son esprit modéré et conciliant et travailla à maintenir l’accord entre l’Assemblée et M. Thiers, dont il adopta la politique. Comme ce dernier, il en arriva bientôt, en considérant l’état de la France et des partis, à acquérir cette conviction que le seul gouvernement possible et durable était la République. Se rappelant les leçons du passé, il comprit que l’Assemblée se discréditerait infailliblement, et avec elle le parti dit conservateur, si elle suivait les errements de l’Assemblée de 1849-1851, et il en arriva à cette conclusion que le seul moyen pour le parti conservateur de conserver son influence dans le pays, c’était de fonder lui-même la République. En même temps que cette évolution s’accomplissait dans ses idées, il se faisait remarquer à la Chambre par sa compétence en matière financière. Il était nommé rapporteur du projet de loi sur l’emprunt de 2 milliards, du budget rectifié de 1871, du projet de loi frappant d’un décime toutes les contributions, se prononçait contre les impôts sur les matières premières proposés par le ministre des finances et présentait un contre-projet dans lequel l’impôt sur le revenu prenait la place du système de M. Pouyer-Quertier. Malgré ces divergences de vues, il fut appelé, le 11 octobre 1871, à remplacer M. Lambrecht comme ministre de l’intérieur.

En prenant possession de son portefeuille, M. Casimir Périer adressa aux préfets une circulaire à la fois ferme et libérale, qui fut très-remarquée. Il s’occupa ensuite de réorganiser le ministère de l’intérieur, de façon à amener, par de nombreuses suppressions dans le personnel de l’administration centrale, une notable économie, à assurer par la concentration des services une rapidité plus grande dans l’expédition des affaires, et à imposer aux chefs dirigeants une responsabilité plus réelle (18 novembre). Bien qu’il eût recommandé à ses agents « de préférer toujours dans l’application de la loi l’interprétation la plus large, la plus libérale, la plus généreuse, » il se montra à diverses reprises sévère envers la presse et frappa notamment de suspension les journaux bonapartistes l’Avenir libéral et le Pays. Toutefois, pour atténuer la rigueur de la loi concernant la publication de fausses nouvelles, il décida, le 27 décembre, que l’administration se bornerait, lorsqu’il y avait eu erreur ou imprudence, à demander au journal une rectification rétablissant la vérité des faits. Dans une circulaire à l’occasion des élections du 7 janvier 1872, il recommanda aux préfets d’éviter toute ingérence rappelant le souvenir des candidatures officielles, mais en même temps de blâmer hautement les abstentions. « Un peuple, dit-il, compromet ses destinées et perd le droit de se plaindre s’il déserte le scrutin, si, désintéressé de la chose publique, il croit trouver dans une inerte abdication de tout effort les biens qu’il n’a le droit d’acquérir qu’à force d’énergie et de patriotisme. » Partisan du retour de l’Assemblée à Paris, il donna sa démission de ministre à la suite du vote de la Chambre (2 fév. 1872) qui se prononça contre ce retour, et il fut remplacé le 6 février par M. Victor Lefranc.

Complètement rallié alors à la fondation de la République, telle que l’entendait M. Thiers, il se fit inscrire, en quittant le ministère, parmi les membres du centre gauche. Le 9 mars, il flétrit avec indignation, du haut de la tribune, le système de virements dont M. Pouyer-Quertier, ministre des finances, venait de faire presque l’apologie devant la cour d’assises, dans l’affaire de M. Janvier de La Motte. Au mois de juin suivant, il se prononça pour l’impôt sur les revenus mobiliers, puis présenta un amendement à l’impôt sur le chiffre des affaires (6 juillet) et demanda une retenue de 2 pour 100 sur les traitements et pensions payés par l’État. Le 15 septembre, à l’occasion d’une visite que lui fit à Pont-sur-Seine le comte de Paris, il écrivit aux journaux une lettre pour

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expliquer comment il avait été conduit « à se prononcer nettement et sans arrière-pensée pour la forme républicaine, la seule destinée aujourd’hui à préserver la France d’une crise anarchique. » Il soutint vigoureusement M. Thiers lorsque l’Assemblée tenta de le renverser le 29 novembre 1872, et, le lendemain, répondant à une insinuation de M. Batbie, il lui adressa ces mots : « Je me permettrai de vous dire que, parmi ceux avec qui j’ai voté hier, il y a des conservateurs de plus vieille date et d’opinions moins variables que vous. »

La crainte de paraître déserter les rangs des conservateurs poussa M. Périer à demander au centre gauche de s’abstenir de toute communication avec l’extrême gauche. La majorité du groupe résista. Le 8 janvier 1873, à l’occasion de la nomination d’un président du centre gauche, il rompit avec cette réunion, dont il se sépara avec 47 membres, MM. Waddington, Cézanne, Féray, Target, etc., et il constitua avec eux un nouveau groupe, dit groupe des conservateurs de la République libérale, qui se rapprocha du centre droit en attendant qu’un certain nombre de ses membres vînt s’y fondre complètement. Malgré cette scission, qui fut de la part de M. Périer une faute grave, il ne continua pas moins à protester de son intention de rester fidèle à la République, et lorsque M. Thiers se décida à proposer à la Chambre de constituer définitivement le gouvernement républicain, il donna dans le cabinet formé le 19 mai 1873 le portefeuille de l’intérieur à M. Périer. Le 24 mai, M. Thiers était renversé du pouvoir par un vote de la coalition monarchique, et M. Périer, qui prononça à cette occasion un remarquable discours, dut donner sa démission avec ses collègues. Ces deux hommes d’État tombaient par suite de la défection de quinze membres, qui, presque tous, appartenaient à la réunion formée par M. Périer lui-même.

Après la nomination du maréchal de Mac-Mahon comme président de la république, sous le gouvernement de combat inauguré par M. de Broglie, M. Périer s’abstint en diverses circonstances importantes, notamment lors du vote de confiance au gouvernement du 24 mai, lors de la loi Ernoul et du projet de loi sur l’érection d’une église du Sacré-Cœur à Montmartre. Au mois d’août suivant, il ne fut point réélu président du conseil général de l’Aube, à la tête duquel il était depuis le mois d’octobre 1871. Lorsque la réconciliation des deux branches de la famille des Bourbons mit le comble aux espérances des royalistes et qu’on vit, non sans stupéfaction, en pleine France du XIXe siècle, s’affirmer les insolentes et niaises théories de la monarchie de droit divin, M. Périer crut devoir déclarer encore une fois que « la République conservatrice ouverte à tous, libérale, pouvait seule réparer nos désastres. » Après la déroute de la fusion, lorsque les monarchistes éperdus résolurent d’établir le septennat au profit du maréchal de Mac-Mahon, M. Périer proposa de lier la prorogation des pouvoirs du président aux lois constitutionnelles. Cette proposition, acceptée par la commission des quinze (11 novembre), fut repoussée par l’Assemblée. Au mois de mai 1874, il donna sa démission de membre du conseil général de l’Aube et contribua peu après à la chute du néfaste cabinet de Broglie. Redevenu membre du centre gauche, il fut chargé, au mois de juin suivant, de rédiger, de concert avec MM. Léon Say et Robert de Massy, une proposition ayant pour objet de mettre l’Assemblée en demeure d’organiser la République. Le 16 juin, il déposa cette proposition, prononça à cette occasion un remarquable discours et, malgré le ministère, la majorité se prononça pour l’urgence. Mais lorsque l’Assemblée fut appelée, le 23 juillet, à voter sur la proposition même, donnant une nouvelle preuve de son impuissance à rien constituer, elle repoussa l’unique moyen qui lui restait de sortir du provisoire.

En avril 1873, M. Périer s’est pourvu près du ministre de la justice pour ajouter le nom de Casimir à son nom patronymique, et depuis lors il se fait appeler Casimir Périer. Il est, depuis 1846, grand officier de la Légion d’honneur.

Outre une notice intéressante sur Charlotte Corday, accompagnée de documents inédits, publiée dans la Revue des Deux-Mondes, on a de lui : Traité avec l’Angleterre (1860, in-8o) ; les Finances de l’Empire (1861, in-8o) ; le Budget de 1863 (1862, in-8o) ; la Réforme financière (1862, in-8o) ; les Finances et la politique (1863, in-8o) ; les Sociétés coopératives (1864, in-8o) ; l’Article 75 de la constitution de l’an VIII sous le régime de la constitution de 1852 (1864, in-8o), etc.

PÉRIER (Arthur), acteur français, né à Lyon en 1786, mort à Tours en 1863. De bonne heure, il se sentit attiré vers le théâtre ; mais, compris dans les levées que faisait l’Empire, il dut prendre le fusil et fut soldat de 1806 à 1808. Libéré à cette date, il débuta dans sa ville natale, puis donna des représentations à Bordeaux, Strasbourg et Nantes. Il venait de quitter la-troupe que Mlle Raucourt dirigeait en Italie, lorsqu’il entra à la Comédie-Française et y débuta dans le Cid. La façon dont il se tira de ce début lui valut d’être engagé à l’Odéon, où il obtint un vif succès. De ce théâtre, il passa avec un bril-