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gent et en ajoutant de l’ammoniaque à la liqueur aussi longtemps qu’il se produit un précipité. On recueille ce précipité sur un filtre recouvert d’un papier noir destiné à intercepter la lumière, on l’y lave et on le dessèche finalement dans le vide et l’obscurité. Ce sel forme une poudre Manche, amorphe, insoluble dans l’alcool et dans l’éther. Il noircit facilement à la lumière. L’alcool bouillant paraît le décomposer en lui enlevant une partie de l’acide qu’il renferme.

Palmitolale de baryum {Ci6Hin02)SBa". Ce sel se précipite lorsqu’on ajoute une solution concentrée d’acétate de baryum à une solution alcoolique de l’acide. Il est insoluble dans l’eau et dans l’alcool froid, soluble dans l’alcool absolu bouillant, qui le laisse déposer, en se refroidissant, sous la forme d’une masse cristalline grenue d’un blanc d’argent.

Palmitolale de cuivre. Ce sel forme un précipité bleu verdiUre amorphe, qui se dépose lorsqu’on mélange des solutions de palwitolate d’ammonium et de chlorure cuivrique. Il n’a pas été analysé.

— V. DtJIUVÉS Ï>E SUBSTITUTION DE L*AC1DE

pàt.mitouquh. On n’en connaît qu’un, l’acide monobromopalinitolique ; encore ne s’obtient-il pas directement par l’action du brome sur l’acide patmilolique, puisque nous avons vu que le brome, en agissantsurcetacide, donne, non des produits de substitution, mais des produits d’addition.

Acide monobromopatmitolique

C«H"BrO*.

Il se forme par l’action de la potasse sur un acide qui prend naissance lorsqu’on ajoute du brome, à froid, à l’acide bromohypogéique C«l[29BiOS4 et qui répond lui-même à la formule de l’acide tribromopalmitiqUe

CiSH«9Br30S. Ce corps, traité par la potasse alcoolique, perd 2 molécules d’acide bromhydrique et fournit l’acide monobromopalmitolique. C’est une musse brune, solide, soluble dans l’alcool et dans l’éther, plus dense que l’eau et, fnsibleà3l<>. L’acidemouobromopalmitolique n’a pas été obtenu pur. La réaction qui lui donne naissance est la suivante :

C«HK>Br30î 4. 3KHO Acide tiibromopal- Potasse, mitique.

31120 + C16Hî«Bi-OS, K Eau. Monobroroopalmitolate de potassium.

PALMITONE s. f. (pal-mi-to-ne). Chim. Acétone qui est à l’acide palmitique ce que l’acétone ordinaire est à l acide acélique. u Ou l’appelle aussi éthalone.

— Encycl. La palmitone C«11630 = (CO)"jC1, sBH^

est l’acétone palmitique ; c’est-à-dire que ee corps dérive de l’acide palmitique comme l’acétone dérive de l’acide acétique. La palmitonei provient, en effet, d’une double molécule d’acide palmitique par élimination d’anhydride carbonique et d eau :

2(Ci8H»iO, Ofl) = H*0 + CO* -t- CO) £5{£

Acide palmi- Eau.- Anhv- „, ! 7

tique. dride car- Palnuione.

bonique.

On peut la considérer comme résultant de l’union du radical alcoolique C1SH* ! avec le carbonyle, de même que l’acétone ordinaire résulte de l’union de 2 méthyles CH’ avec le carbonyle. Pour la préparer, on distille l’acide palmitique avec un excès considérable de chaux éteinte ou avec un quart de son poids de chaux vive. Le produit doit être purifié par une série de cristallisations dans l’àlcoôl. La palmitone forme de petites lamelles ou écailles d’un blanc de perle ; elle fond à 840 et se solidifie à 80" en une masse excessivement électrique, L’alcool la dissout d’autant mieux, qu’il est plus concentré. La benzine la dissout aussi facilement. «.

La palmitone résiste à l’action- de l’acide azotique et de la potasse en solution aqueuse, liais elle est noircie et détruite par un mélange d’acide sulfurique et d’acide azotique. Elle ne s’unit pas aux bisulfites alcalins.

ÇALMCT.ONIfJTJE ’ adj. (pal-mi-to-ni-ke). Chim. Se dit d’un, acide de composition douteuse, dérivé de l’acide palmitique.

— Encycl. L’acide ’ palmilonique est un corps de composition douteuse que Selrwartz 11 dit obtenir en maintenant pendant longtemps l’acide palmitique en fusion au contact de 1 air. Sohwartz suppose que, dans ces con. ditions, une portion du carbçmft gfc de l !hydrogène de l’acide palmitique se sépare par oxydation, et que l’acide qui reste répond à la formule C811162(J>. Mais cette formule est plus que douteuse, et l’existence : même de l’acide auquel elle prétend s’appliquer est loin d’être sûre.

PALMITOXYLIQUE adj. (pal-mi-io-ksi-like). Chim. Se dit d’un acide organique qui résulte de la réaction de l’acide azotique fumant sur l’acide palmitoHque.

—Eucycl. L’acide palmitoxylique C16H2So* a été découvert par Schroder. Il résulte de l’action de l’acide azotique fumant sur l’acidq palmitolique. (Jette action est fort vive. , Il faut ajouter l’acide azotique avec précaution et, néanmoins, de temps en temps la

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réaction s’arrête et l’on est obligé de l’aider en chauffant légèrement. On continue d’ajouter de l’acide azotique au mélange jusqu’à ce qu’une nouvelle addition de ce corps ne donne plus lieu à aucun dégagement de vapeurs rutilantes. Le produit brut se compose d’une première partie peu soluble dans l’eau et d’une seconde partie qui est entièrement insoluble dans ce liquide. Cette dernière se dissout dans l’alcool et renferme un acide

trè3-soluble dans ce menstrue et une huile

"qui y est peu soluble. Les trois corps ainsi produits sont l’acide palmitoxylique, l’acide subérique et l’aldéhyde subérique. Leur formation s’explique par l’équation suivante : 2CKHS802 -f- 70 Acide palmitoli- Oxyque. gène.

= C1811290*’ -f- C8H1*0* + C8B1403 Acide palmi- Acide subéri- Aldéhyde sutaxyhque. que. lérique.

Pour séparer ces trois composés, on lave d’abord la masse brute è l’eau bouillante jusqu’à ce que ce liquide ne dissolve plus rien. On se débarrasse ainsi de l’acide subérique. Le résidu est repris par l’alcool chaud. Après refroidissement, la liqueur se sépare en deux couches : l’une claire qui surnage, l’autre lourde, foncée et huileuse, qui gagne le fond du vase. On sépare ces deux couches au moyen d’une pipette ou d’un entonnoir. La couche inférieure est formée d’aidéhyde subérique mélangée avec un peu d’acide palmitoxylique. L’évaporation de la couche supérieure fournit l’acide palmitoxylique en ]a-inelles cristallines jaunâtres, qu’on purifie en les faisant cristalliser une seconde fois dans l’alcool après les avoir, au préalable, exprimées à la presse entre plusieurs doubles de papier buvard. Cet acide fond à 87f>. La proportion qui s’en forme est toujours faible.

Le paUnitoxylate d’argent C^H^O^Ag Se forme lorsqu’on mélange une solution alcoolique de l’acide avec l’azotate d’argent, et que l’on ajoute peu à peu de l’ammoniaque très-étendue à la liqueur. On recueille le précipité sur un filtre recouvert et entouré d’un papier noir, on le lave, enfin on le dessèche dans le vide et l’obscurité. C’est un précipité blanc, grenu, que l’on peut porter jusqu’à la température de 150" sans qu’il subisse de décomposition. Il devient élec-trique par le frottement et il noircit h la lumière.

PAI.MOU, bourg du royaume d’Italie, province de l’Abruzze Citérieure, district de Vasto, mandement de Celenza-sul Trigno ; 2,837 hab.

palmon s. m. (pal-mon — rad. palme). Kntom. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des chalcidiens, tribu des chalcidides, comprenant quelques espèces trouvées dans la gomme copal.

FALMOPLANTAIHES s. m. pi. et adj. (palmo-plan-tè-re — du lat. paima, paume de la main ; planta, plante du pied). Marnm. Division des mammifères quadrumanes, comprenant les singes, les sapajous et les makis.

PALMOSA, île de la Turquie d’Asie. V. Pathmos.

PALMOTTA <Guinio>, poète dalmate, né à Raguse en 1606, mort en 1657. Tout en exerçant la profession d’avocat dans sa ville natale, il cultiva la poésie et devint un des meilleurs auteurs dramatiques de son pays. Outre quelques poésies latines, on lui doit, en langue serbe : Christiade ou Vie de Jésus-Christ, poème en vingt-quatre chants (Rome, 1670), et les droites suivants : Descente d Enée dans l’enfer (Raguse, 1839) ; Atalante (Raguse, 1839) ; Ao/iitle (Raguse, 1839) ; Œdipe (Raguse, 1839) ; le Jîapt d’Hélène (Raguse, 1839) ; Daniza ; Zaptislaoa ;Paulimir ; ffypsipytetvlc., drames inédits, et quelques poèmes inédits, entre autres : Sur les exploits glorieux des roù slaves de la Balmalie, — Son frère, Georgio Palmotta, a cultivé également là poésie et laissé, en slave, une épopée intitulée Acis et Galaiée et une canzone, Bêro pleurant la mort de Léandre.Un purent des prêcédents, Giacomo-Dionorich Palmotta, mort en 1670, remplit diverses missions diplomatiques et composa une épopée en vingt chants, liaguse restaurée, restée inédite, et une tragédie intitulée Didon.

PÀUWOULB s. f. (pal-mou-le). Âgric. Variété d’orge très-productive, cultivée dans le haut Languedoc, sur les(défrichements.

PAUIQU1ST (Frédéric), mathématicien, suédois qui vivait au xvme siècle. Il devint membre de l’Académie des sciences de Stockholm et publia plusieurs ouvrages, dont les plus importants sont : introduction à Valtjèbret(1741, in-4o) ; Traité de la force et de lu densité des corps (1749) ; les Principes de la mécanique (1756, in-8o), avec planches. On trouve, eu outre, plusieurs mémoires de lui dans le recueil de l’Académie des sciences.

PALMSCliaaD (Elias), antiquaire suédois, né à Stockholm en 1667, mort en 1719. Son père, qui, comme lui, fut secrétaire des archives du royaume, lui légua une collection de documents relatifs a l’histoire de Suède. Elias augmenta considérablement cette collection, qu’il communiqua à tous ceux qui voulaient y faire des recherches, et qui fut achetée après sa mort pour la bibliothèque d’Upsal.

PALMSTEDT (Charles), savant suédois, né

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en 1794. Il s’adonna à l’étude des sciences, devint professeur de technologie et de physique et fut appelé, en 1828, par Charles XIV, à la direction de l’Institut technologique de Gothembourg. Palmstedt a fait en Allemagne, en Angleterre, en France plusieurs voyages pour se mettre au courant du mouvement scientifique et des découvertes modernes, a publié en Allemagne les premiers volumes de la chimie de Berzélius, son ami, et a dirigé pendant un certain temps une fabrique de produits chimiques à Gripsholm. L’Académie des sciences de Stockholm et diverses sociétés étrangères ont admis Palmstedt au nombre de leurs membres. Ce savant a publié «n grand nombre de Mémoires sur des questions de chimie, d’agriculture, etc.

PALMULAIRE s. f. (pal-mu-lè-re — du lat. palmula, dimin. de palma, palme). Zooph. Genre de corps fossiles, rapporté avec douta à la classe des polypiers, et dont l’espèce type a été trouvée dans les terrains tertiaires de la Normandie : La palmolaire est aplatie et lisse en dessous. (Dujardin.)

PAIiMOLE s. f. (pal-mu-le — dimin. de palme). Enioai. Chez les insectes hexapodes, Petite jointure accessoire située entre les ongles des pattes antérieures, et correspondant à la plantule des autres familles.

— Moll. Chez les tarets, Organe double, de forme variable, consistant en une pièce calcaire implantée au milieu d’une partie membraneuse qui s’élargit à son extrémité.

PALMULÉ, ÉE adj. (pal-mu-lé — rad. palmule). Zool. Muni de palmules : Insectes palmuxés.

Palmuçe s. f. (pal-mu-re — dulat.jwfena, paume de la main). Zool. Membrane qui joint tes doigts des animaux palmipèdes.

PALMYRA, ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État de New-York, à 19 kilom. N. de Canandaigua, sur le canal d’Erié et le chemin de fer de Rochester à Syracuse ; 4,230 hab.


PALMYRE s. f. (pal-mi-re — du lat. palma, palme, et du gr. oura, queue). Annél. Genre d’annélides, du groupe des aphrodites, voisin des hermiones, et dont l’espèce type vit sur les côtes de l’île de France.

— Encycl. Les palmyres ont pour caractères un corps oblong, déprimé ; une tête aplatie ; une bouche sans barbillons ni papilles et munie de dents cartilagineuses ; cinq tentacules dont le médian est un peu plus long que la paire mitoyenne ; des pieds complexes formés de deux rames. Ces animaux ont quelque analogie avec les hermiones, mais ils sont plus courts ; ils n’ont que vingt segments.


PALMYRE, grande ville ruinée de la Turquie d’Asie, ancienne province de Syrie, au milieu du désert, entre Damas et l’Euphrate, par 33° 75’ de latit. N. et 36° 40’ de longit. E. Longtemps cette grande ville, dont on disait vaguement que les débris existaient encore, à 240 kilom. N.-O. de Damas, au pied d’une petite chaîne de montagnes, a passé pour légendaire ; ce n’est qu’au XVIIIe siècle que ses ruines ont été explorées par Dawkins et Halifax, qui en ont relevé la topographie et décrit les principaux restes. On acquit alors la certitude que cette fabuleuse Palmyre n’était autre que la Tadmor de l’Ancien Testament, dont les livres juifs faisaient remonter la fondation à Salomon. Le nom de Palmyra n’est que la traduction grecque de Tadmor, qui en hébreu veut dire Ville des palmiers, et les tribus arabes campées sur ses ruines l’appellent encore Tatmor ou Tumar, termes qui ont le même sens que l’expression hébraïque. Elle fut vraisemblablement appelée Ville des palmiers parce que Salomon, ou tout autre, la bâtit au milieu d’une de ces oasis verdoyantes dont le désert est parsemé. Elle acquit vite une importance considérable ; située à moitié chemin entre la Mésopotamie et la Syrie, au milieu d’un désert torride, elle était destinée, par sa position sur la route des caravanes, à devenir un grand entrepôt de commerce. La ville hébraïque n’a presque pas laissé de traces ; elle devait cependant être grande et populeuse ; mais les rois d’Assyrie, en s’en emparant, en firent un monceau de décombres. Elle se releva et atteignit son plus haut point de prospérité dans les premiers siècles de l’ère moderne.

L’histoire ne donne que de bien faibles renseignements sur Palmyre, sur le choix de sa situation extraordinaire, sur ses sources de richesses. Comment de si magnifiques monuments, dont les ruines ont encore tant de grandeur, furent-ils construits au milieu des sables ? On en est réduit à des conjectures. Selon les livres juifs, Salomon fit bâtir Tadmor dans le désert, après avoir fait la conquête du pays d’Hamath-Zoba ; et la ville fut entièrement détruite par Nabuchodonosor, lorsqu’il marcha sur Jérusalem. L’histoire romaine ne fait mention pour la première fois de Palmyre que lorsque Marc-Antoine voulut s’en rendre maître, espérant y trouver de quoi payer ses troupes. Mais les Palmyriens, instruits de ses projets, abandonnèrent la ville, sans doute mal fortifiée alors, et se transportèrent avec leurs familles et leurs richesses au delà de l’Euphrate, dont ils défendirent si bien le passage que l’armée d’Antoine fut obligée de s’en retourner. Palmyre était alors un État libre et l’entrepôt d’un commerce considérable ; les caravanes de la Perse et des Indes s’y arrêtaient, et de là les marchandises étaient transportées dans les ports de la Méditerranée, d’où elles se répandaient par tout l’Occident ; les marchandises occidentales pénétraient en Orient par le même chemin. Une inscription en langue grecque, datant d’un siècle environ après l’ère chrétienne et relevée sur les débris d’une colonne, montre qu’au moment de l’érection de ce monument, Palmyre était une ville libre, gouvernée par un sénat, et que le pouvoir exécutif y était exercé par un chef ou prince. Au IIe siècle de l’ère moderne, sous Adrien (130), Palmyre fit sa soumission à Rome, accepta le titre de colonie et prit le nom d’Adrianopolis. « Ce fut pour elle, dit M. Louis de Ségur, un acte de bonne politique. Située à l’extrémité de l’empire romain, elle pouvait, à la faveur de son éloignement et de ses déserts, ne lui être que nominalement soumise ; en même temps, la puissante protection de l’empire la défendait contre les Parthes et les Perses, ses dangereux voisins ; aussi voyons-nous Palmyre être une alliée fidèle de Rome dans les guerres contre ces peuples. Adrien la décora d’édifices magnifiques, mais elle conserva ses lois, ses institutions ; les conquérants du monde ne purent y laisser leur empreinte ordinaire : parcourez les ruines, vous n’y trouverez pas trace de théâtre ou de cirque. Or, les Romains, en asservissant les nations lointaines, apportaient, en échange de la liberté, leurs jeux, leurs spectacles, leurs combats de gladiateurs. C’est le propre de tout despotisme de rechercher l’amitié de la populace. En même temps qu’ils maintenaient les vaincus sous leur domination par les armes, ils les corrompaient par les plaisirs. Rien de semblable à Palmyre. »

Sous le règne de Gallien (260-268), un des princes de Palmyre, Odénat, s’acquit une gloire immortelle en repoussant l’invasion de Sapor ; il fit de Palmyre la reine de l’Orient, et la fameuse Zénobie, qui lui succéda, rêva de reconquérir une partie de la souveraineté du monde. Elle avait déjà conquis l’Égypte lorsque Rome s’effraya de ses progrès ; battue à Emèse, Zénobie vint se réfugier dans Palmyre, qui fut emportée d’assaut par Aurélien et livrée au pillage (272). La reine, faite prisonnière, figura au triomphe du vainqueur : elle était si chargée de perles qu’elle pouvait à peine marcher ; les grands de sa cour, captifs comme elle, la soulageaient du poids de ses chaînes d’or. Elle finit ses jours à Tibur, non loin de la villa d’Horace ; son conseiller Longin avait été mis à mort dans Palmyre. La grande cité fut d’abord respectée par les Romains, qui se contentèrent d’y mettre une garnison ; mais, dès que l’armée se fut éloignée, les Palmyriens se révoltèrent ; toute la garnison fut massacrée. « Cette révolte, dit l’auteur cité plus haut, apprit à Aurélîen que la destruction d’une telle forteresse, l’extermination ou l’asservissement de ses fiers habitants étaient nécessaires à la domination impériale en Syrie ; car, située si loin de Rome, si près de la Perse, elle eût offert à tout rebelle, dans un temps où chaque général d’armée aspirait à l’empire, un refuge sûr et facile. Sa liberté perdue, ses richesses pillées, son ancienne population décimée, son commerce et sa grandeur ne se relevèrent plus. C’est en vain que Dioclétien rebâtit les murs de Palmyre ; la suite de son histoire est celle d’une longue agonie. Après la conquête arabe, elle resta une ville forte, destinée à protéger la route commerciale entre Bagdad et Damas et à tenir en repos les tribus nomades. En 1519, les Turcs la prirent ; depuis ce temps, le mauvais gouvernement de ce peuple a laissé l’antique cité dépérir jusqu’au point où elle est aujourd’hui. Les Bédouins ont pris l’empire du désert, et sur les ruines de tant de splendeurs, on ne trouve plus qu’un pauvre village et quelques centaines d’âmes qui disputent aux nomades des dattes et des troupeaux, leur unique subsistance. C’est tout ce qui reste de la population d’une ville qui dut contenir, au temps de Zénobie, plus de 100,000 habitants. Les pauvres fellahs qui leur ont succédé vivent dans l’enceinte du temple du Soleil, sous des huttes de boue. Pénétrez dans cette enceinte : des hommes déguenillés, avertis de votre présence par l’aboiement des chiens, sortent d’affreux réduits et accourent en demandant l’aumône. Çà et là une légère fumée monte sous les colonnes et noircit quelques sculptures ; elle s’élève d’un amas d’herbes sèches, dans la cendre desquelles une mère de famille fait cuire un pain grossier. Celle-ci se détourne et tend la main d’un air suppliant. Tout le luxe de bas-reliefs, de portes, de colonnades ruinées, seul héritage que les Palmyriens modernes aient reçu de leurs prédécesseurs, fait vivement ressortir cette scène de misère et de désolation. »

Les ruines de Palmyre ont excité dans le monde savant, dès qu’elles ont été connues, la plus grande admiration ; elles sont loin cependant d’avoir le caractère des monuments helléniques ou même dés monuments romains de la bonne époque ; elles surprennent par le nombre prodigieux et les dimensions colossales des monuments dont on retrouve les restes, et plus encore par leur situation au milieu des sables ; mais la valeur artistique de ces débris n’est pas très-considérable ; ce ne sont que des œuvres de décadence. « Le nom de Palmyre, dit Volney, avait laissé un beau souvenir dans l’histoire ; mais ce n’était qu’un