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ladîum), Chim. Sel produit par îa combinaison de l’oxyde palladique avec une base.

PALLADE (saint), apôtre des Seots, né à, Rome, mort près d’Aberdeen vers 450.11 était diacre de l’Église de Rome, lorsqu’il fut sacré évêque d’Hibernie (Irlande) pur le pape Cé-Iestin (431) et envoyé dans cette contrée pour convertir les Seots au christianisme. Pallade accomplit sa mission au milieu d’obstacles et de dangers de tout genre, puis suivit en Écosse les Seots et forma dans ce pays une Église fort nombreuse. Le calendrier écossais place sa fête au 6 juillet.

PALLADE 0E GALAT1E, évêque d’Hélénopolis. V. Palladius.

PALLADES s. f. pi. (pal-la-de). Antiq. gr. Jeunes Thébaines consacrées à Jupiter, dans un temple de la ville.

PALLADEUX adj. m. (pal-la-deu — rad. palladium), Chim. Se dit du premier oxyde de palladium, et des sels dans lesquels cet oxyde joue Je rôle d’acide : Oxyde pallaobux.

Sets PALLADEUX.

PALLAD1CO-AMMONIQUE adj. m. (pal-ladi-ko-amm-mo-ni-ke). (Jhiin. Se dit d’un sel

double, .composé d’un sel palladique et d’un sel ammonique.

PALLADICO-POTASSIQUE adj. (pal-la-diko-po-ta-si-ke). Chim. Se dit d’une combinaison

d’un sel palladique avec un sel potassique.

PALL&D11DES s. m. pi. (pal-la-di-i-dede palladium, et du gr. eidos, aspect). Miner. Classe.de minéraux a laquelle appartiennent le palladium et ses combinaisons.

PÀLLADINO, prélat et écrivain italien. V. Teramo (Jacques du).

PALLADIO (Biagio Pallai, dit Bioain), en latin l’iilludiua, poëte latin moderne, né à Castel-Vetro vers la fin du xve siècle, mort à Home en 1550. Il se lit remarquer par le zèle qu’il mît à réformer les abus du collège de la Sapience, devint secrétaire des papes Clément Vil et Paul III, évêque de Foliguo (1540-1547), et fut un des principaux membres de l’Académie romaine. On a de lui d’excellentes pièces de vers, dont quelques-unes ont été insérées dans les III. poet. ital. carmina, une édition du Coryciana (Rome, 1524), etc.

PALLADIO (Andréa), architecte italien, l’un des plus grands génies de la Renaissance, né à Vicence en 1518, mort dans la même ville en 1580. Temenza, son biographe le plus complet et le plus estimé, dit qu’il naquit do parents obscurs et qu’il passa sa jeunesse dans des emplois infimes ; il fut obligé de servir de manœuvre aux maçons. Le poëte Trissino, fort riche et grand connaisseur en matière d’architecture, se l’attacha et le lit sortir de cette situation subalterne. Un portrait peint, en 1541, par Bernardino Liecinio représente Palladio, alors âgé de vingt-trois ans, en habit de gentilhomme, portant au doigt un anneau d’or où étincelle un gros diamant, ce qui montre que Trissino avait fait faire en quelques années bien du chemin à son jeune protégé, si toutefois ce que raconte Temenza de son obscure origine est vrai ; de plus, les attributs dont le portrait est accompagné, des instruments de mathématiques, des silhouettes architecturales, montrent que Palladio avait déjà révélé ses rares aptitudes. 11 n’en est pas moins certain qu’il rencontra dans Trissino un de ces protecteurs comme on en voit peu, qui vouent leur vie entière et consacrent toute leur fortune à l’accomplissement de la haute destinée d’un artiste dont ils ont deviné le génie.

Les premières œuvres de Palladio furent les dessins de la villa Cricoli, dont la construction fut immédiatement commencée et

achevée proinptement (vers 1542) ; la physionomie originale, l’élégance exquise, les proportions harmonieuses de cette construction montraient déjà un maître. Mais le jeuné artiste, loin de se croire parvenu au but, songeait qu’il lui restait tout à apprendre et désirait vivement étudier sur place l’art antique. Trissino, qui n’avait d’autre volonté que celle de son ami, parcourut avec lui l’Italie, l’emmena à Rome, où il lit, pour son compte, éditer les neuf premiers livres de son poème IVtalia liberata (1545), en même temps que, pour Palladio, il faisait exécuter à grands fruis des fouilles importantes. Les résultats de leur exploration furent heureux ; de nombreux débris de sculpture et d’architecture, enfouis depuis quinze siècles, furent rendus au jour et, après les avoir étudiés de mille façons, l’artiste eut l’idée de reconstruire en plans, coupes, profils, élévations, façades et détails (ce qu’on a fait souvent depuis et d’après lui) les monuments auxquels ces débris appartenaient. Avec une ardeur infatigable, il recomposa ainsi, morceau par morceau, la Rome des Césars, travail d’où résultèrent ces séries de planches gravées qui sont restées célèbres et qui tirent alors retentir son nom dans toute l’Italie (1547). Vers la même époque, Palladio fut chargé de l’achèvement de 1 hôtel de ville d’Udine, dit le Château, commencé par Uiov. Fontana. I) modifia si profondement les plans de son prédécesseur, qu’il. fallut changer jusqu’à certaines parties des fondations, et produisit un chef-d’eeuvre, apprécié comme tel par les plus grands artistes de L’Italie. Son nom grandissait ; le grand-duo

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de Toscanelui demandâtes dessins du palais de Campo-Marzo, qu’il se proposait de faire bâtir, et Palladio allait en commencer la construction lorsqu’il fut appelé à Vicence, sa patrie, pour restaurer la fameuse Jiagione ou Basilique, ce joyau de l’art gothique dont Jules Romain avait essayé la restauration difficile. L’iihistre collaborateur de Raphaël était mort laissant ce grand travail à peine commencé. Palladio, qui avait rêvé peut-être de rendre à cette merveille sa splendeur première, en reçut la mission avec un enthousiasme qu’il n’a point’ caché. Comme on le pense bien, il ne pouvait docilement obéir ans plans de son prédécesseur, quel que fût leur mérite. Quels projets, d’ailleurs, auraient valu les siens ? N’était-il pas déjà le plus grand architecte de son temps et l’un des plus grands que le monde eût produits ? Ses projets furent accueillis avec la plus grande déférence et complètement substitués à ceux de Jules Romain. On peut suivre dans son livre, Architecture de Palladio, à l’article Basilique, tous les détails de ce travail précieux, qui nous a valu une œuvre à part dans l’œuvre du maître. Pour arriver au résultat obtenu, il dut, par des efforts familiers à certains esprits seulement, s’assimiler en quelque sorte la personnalité des nombreux artistes qui avaient successivement élevé, en trois ou quatre siècles, laUagione. Ce vieux palais était en ruine ; il en fallait reconstituer la physionomie multiple, diverse et pourtant une. Sa restauration eut un tel retentissement que, pour l’admirer, on y allait comme en pèlerinage. Saint-Pierre de Rome était toujours en construction, et presque tous les architectes italiens y avaient été appelés. La notoriété de Palladio le désignait comme l’héritier nécessaire de Bramante et de Michel-Ange. Il fut donc appelé à Rome et soumit à Paul III divers projets qui allaient être exécutés, quand ce pontife mourut (1549). Andréa, à qui cet événement procurait quelques loisirs imprévus, voulut les consacrer à Trissino, qu’il trouva souffrant dans sa villa de la campagne romaine. Quelques jours plus tard, son ami, son bienfaiteur mourait entre ses bras. Son désespoir fut profond et il en chercha la consolation dans un travail acharné et une fièvre de création qui lui fit entreprendre les œuvres les plus diverses avec une sorte do fougue. Il édifia à Vicence le Palais de la Délégation, voisin de ta Basilique, ta Palais Cfiiericado, le Palais Tiene, actuellement transformé en palais de-la Douane, le Palais Porto-Barbaran, et ces agréables maisons de plaisance que l’architecte anglais Inigo Jones a tant de fois imitées dans son pays ; il reprit la construction du palais de Campo-Marzo, à Florence, et en termina la façade, un chefd’œuvre (1556) ; à la fin de cette même année, il acheva les dessins du Viiruve publié par Daniel Barbaro ; l’année suivante, il construisit une délicieuse villa dans leTrévisan, pour le frère du patriarche d’Aquilée, puis un arc de triomphe dorique à l’entrée au château d’Udine ; en 1559, il acheva la construction de Vflétel de ville de Feltre, habilement restauré au commencement de ce siècle, et qui se développe aussi beau maintenant qu’il 1 était il y a trois cents ans. Ce merveilleux portique à deux étages, dorique et ionique, s’élève presque isolé de tous côtés, montrant fièrement ses silhouettes élégantes, ses façades brodées comme de la dentelle, toutes ses splendeurs de profil et d’ornementation. Après ce chef-d’œuvre, Palladio alla près de Venise, sur les bords de la Brenta, jeter un palais féerique, le Palais Foscari, avec sa loggia non moins célèbre que le dôme de Michel-Ange. Sansovino était encore à Venise, mais il touchait à ses quatre-vingts ans. Le vieil architecte vénitien s’était vivement intéressé aux triomphes de Palladio, et, après être allô admirer la loggia Foscari, il vint féliciter l’auteur à la tête des notables de la ville (1560). L’hommage de Sansovino, grand artiste lui-même, prouve que l’Italie tout entière voyait en Palladio le premier de ses architectes. Plusieurs travaux, trop importants sans doute pour la vieillesse de Sansovino, lui furent confiés." Le premier qu’il entreprit fut la monastère des chanoines de Saint-Jean de Latran. Il développa, cette fois, ses idées à la manière antique ; cet immense édifice s’ouvrait par un magnifique Atrium corinthien conduisant à une cour entourée d’arcades, où venaient correspondre les autres parties de l’ensemble, Mais, au moment même où il achevait cette construction splendide, un effroyable incendie la détruisit presque totalement ; par bonheur, ses dessins ont survécu ; on les trouve dans son Architecture, à l’article Basilique. Les moines de Saint-Georges-Majeur lui demandèrent un beau réfectoire avec péristyle, Andréa le leur construisit si beau, que les moines se mirent à démolir d’enthousiasme leur église, dessinée pourtant par Albert Durer, pour en avoir une neuve de Palladio. Le maître construisit alors l’église dont on voit encore la belle façade sur la place Saint-Marc.

En 1561, Palladio revint à Vicence, où ses compatriotes lui demandaient les plans d’un théâtre provisoire que l’on voulait édifier à l’hôtel de ville pour une représentation extraordinaire. Ce théâtre, presque de carton,

construit à la hâte pour un seul jour et qui, par hasard, subsista près de deux ans, est resté un modèle. Palladio n’aimait pas ce genre de construction ; ce ne fut que malgré

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lui qu’il s’en occupa. II y revint cependant une seconde fois, plus sérieusement encore ? s’étant chargé de la construction d’un vrai Théâtre monumental, que Venise voulait faire édifier dans le couvent de la Charité ; Frédéric Zuccaro y peignit douze toiles immenses. Cet édifice, que Tes spécialistes consultent comme un modèle bien plus complet encore que le premier, avait coûté à l’auteur une peine infinie. Les dessins et projets en sont venus seuls jusqu’à nous. Le théâtre de la Charité fut dévoré par les flammes après quelques années ; mais on avait pu en faire plusieurs reproductions gravées, qui l’ont popularisé. Peu après, ses compatriotes, ayant à recevoir magnifiquement un nouvel évêque, demandèrent à Palladio les plans d’une entrée triomphale.

Il faut voir, dans son Architecture, les dessins qu’il envoya à cette occasion, pour se faire une idée de ce qu’un homme de génie peut mettre d’intérêt dans les moindres de ses créations. L’année suivante, Henri III, passant à Venise, y fut reçu splendidement, grâce aux décorations merveilleuses imaginées par Palladio. On peut juger encore de l’aspect de certains endroits de la ville, dans le tableau peint sur nature par Vicentino et qui se voit au musée de Florence. Marsillio detla Croce en a fait aussi une minutieuse description.

En 1565 ou 1566, Brescia ordonna la reconstruction de sa vieille cathédrale, qui n’était qu’une ruine. Les projets présentés par Palladio avaient été, comme toujours, accueillis avec enthousiasme, et les travaux allaient commencer quand la guerre civile survint. En 1567, une crue de la Brenta ayant emporté le pont de Bassano, il offrit à la ville le merveilleux Pont de pierre que 1km voit dans son livre (liv. III, ch. xiv) ; la dépense etfraya la municipalité, qui préféra le pont de bois exécuté en 1570, et que l’on trouve gravé au ehap. ix du même livre. Restauré sans goût à la fin du xviie siècle, ce pont a perdu son caractère primitif. À la même époque, Palladio jeta sur le Cirmone un autre pont de moindre importance, détruit presque aussitôt par un débordement. Pour épuiser le catalogue des ponts que l’on doit à ce grand maître, signalons le Pont du Bacckiglione, près de Vicence, qui fut construit sur les données du pont que Jutes César avait fait jeter sur le Rhône et qu’il a soigneusement décrit dans ses Commentaires. Ce pont, malgré son haut intérêt, ne se pourrait comparer &x’Pont triomphal que Palladio destinait à Venise et qui eut été le Rialto. Ce monument avait occupé déjà Fra Giocondo, Michel-Ange, Vignole, Sansovino, Seamozzi et enfin Antonio Delponte. Les plans de ce dernier furent seuls acceptés en dernier lieu. On ne sait comment expliquer cette préférence, car ils sont bien intérieurs à ceux de Palladio.

À ce moment de sa carrière, il y eut comme un apaisement dans la fièvre de création incessante du grand artiste ; pendant cinq ou six ans, il ne s’occupa que de travaux de faible importance. C’est alors que s’élevèrent, sur les dessins qu’il avait composés au temps de ses premières études, ces villas Godint, Culdagno, Pisani, etc., petites résidences d’un goût parfait, qu’on appela bientôt les délices palladiennes. Mais, comme le remarque justement Temenza. les historiens lui en attribuent une foule qui ne sont pas de lui. Celles qui lui appartiennent véritablement sont en dessins ou en projets dans son Architecture. Pendant qu’il s’occupait de ces petites constructions, il soignait aussi les premières publications de ce grand ouvrage qui suffi rait seul à la gloire d’un artiste, Costa Venise, en 1571, que parurent les deux premiers livres, bientôt suivis da deux autres (1572, 2 vol. in-fol. et 250 pi.). Cet ensemble considérable comprend les cinq ordres d’architecture, tous les genres de construction connus, au point de vue des maisons particulières, des palais, des temples, des places publiques, des chemins et des ponts. Une dernière partie, qui n’a été ni achevée ni publiée, devait parler des théâtres, amphithéâtres, thermes, aqueducs et fortifications. Les dessins préparés par ce complément appartiennent, diton, presque tous à lord Burlington. V. architecture (traité de 1’).

Palladio, sur la fin d’une carrière si glorieuse, vivait heureux dans un petit palais qu’il s’était bâti à Vicence. Il avait une famille nombreuse et des enfants qu’il idolâtrait ; deux fils, entre autres, qui eussent soutenu l’honneur du nom paternel si la mort ne les eût arrêtés au seuil. La tristesse du grand artiste semblait l’avoir à jamais éloigné du travail, quand le hasard le força de reprendre le compas et le crayon. On était en 1576 ; la peste ravageait Venise ; les habitants, terrifiés, firent vœu de construire un temple magnifique et le supplièrent de s’en charger sur-le-champ. Palladio s’émut du désespoir de tant de mères pleurant leurs enfants et, dans son génie vigoureux encore, il trouva l’une de ses plus belles créations : c’est la Chiesa del Bedentore, dans le quartier de laGiudecca. Ce temple corinthien s’élève, élégant et sévère à la fois, sur un soubassement de 16 degrés. Ornements de façade, décorations intérieures, tout est austère et grave dans monument qui devait rappeler la douleur, la mort et les terreurs religieuses. Cependant il n’est point monotone d’aspect ; Palladio a su rompre heureusement son unité placide. Presque imraé»

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diafement, un grand incendie détruisit une partie du palais ducal de Venise et dévora une foule de chefs-d’œuvre de Titien, de Bellini, de Pordenone, etc. Palladio, consulté sur le meilleur moyen de réparer une perte si grande, conseilla la démolition de ce qui restait et la reconstruction complète de l’édifice sur un plan nouveau qu’il donna. Mais ce parti extrême ne fut pas adopté, et le palais lut simplement remis dans son état primitif. C’était la seconde fois qu’on ne s’inclinait point devant son avis et Palladio en fut péniblement impressionné. Ses compatriotes la dédommagèrent amplement en lui demandant un théâtre aussi beau qu’il le pourrait concevoir dans l’entière liberté de son génie, sans le moindre souci de la question d argent, la municipalité ne voulant reculer devant aucun sacrifice. Dans ces conditions, le maître exécuta l’édifice splendide qui couronna sa carrière, la fameux Théâtre Olympique de Vicence, si souvent gravé. Dix-huit mois plus tard, Palladio s’éteignait paisiblement dans sa ville natale.

Palladio résume au plus haut degré toutes les énergies et toutes les délicatesses du style de la Renaissance. Le génie grec ne lui était

Pas étranger ; mais son antique à lui n’est pas antique du Parthénon, c’est l’antique de Palladio. Sa’puissance de conception était telle que l’imitation même ne put entamer sa personnalité. Ses palais et ses cathédrales, magnifiques ornements des villes qui ont été assez heureuses pour posséder ce grand artiste, sont l’objet des études constantes des maîtres, et les collections gravées de ses des* sins, que possèdent toutes les grandes galeries de l’Europe, ont leur place à côté des œuvres de Raphaël, de Michel-Ange, da Léonard de Vinci. Le siècle qui suivit sa ’ mort vit son Architecture traduite dans toutes les langues et épuiser quarante éditions.

« L’excellence du goût de Palladio, dit Quatremère de Quincy, ce qui a donné à son école une plus grande autorité, tient à ce qu’il a plus soigné ses plans qu’on ne l’avait lait ordinairement avant lui ; qu’il les a rendus plus accommodés aux besoins des temps modernes et aux facultés des fortunes moyennes ; qu’il a su faire du grand sans de grandes dimensions, de la richesse sans beaucoup de dépense ; qu’il a eu le secret d’approprier les ordres aux façades des palais avec un goût particulier, d’employer toutes les variétés de matériaux comme moyetis de décoration des bâtiments. Enfin on peut dire qu’aucun de ses prédécesseurs, dans l’imitation de l’antique, n’avait aussi heureusement rencontré ce juste milieu de correction sans pédanterie, de sévérité sans rudesse, de liberté sans licence, qui a, si l’on peut s’exprimer ainsi, popularisé l’architecture grecque. Nous ne doutons pas que le charme et la multiplicité de ses modèles n’aient beaucoup contribué à rendre le système de cette architecture et son style propres à tous les pays, applicables à tous les usages, à tous les genres de matériaux, dans toutes les sortes de bâtiments, en petit comme en grand, et selon tous les de ? grés de fortune de ceux qui bâtissent. Le style de Palladio offre une sorte de moyen terme- entre cette sévérité rigoriste de système dont abusent, dans t’imuatioa de l’antique, certains esprits exclusif* ou bornés, et l’anarchie licencieuse de ceux qui rejettent tout système ou toute règle. Il y a (dans le dessin des édifices de Palladio, une raison toujours claire, une marche simple, un accord satisfaisant entre ce que commande le besoin et ce que le plaisir demande. Sa manière présente à tous les pays une imitation facile. Aussi est-il vrai de dire que Palladio est le maître le plus universellement suivi dans toute l’Europe, et est devenu en quelque sorte le chef de l’école des modernes. »

Le grand architecte vicentin a été l’objet de nombreuses études, parmi lesquelles nous citerons l’ouvrage de Th. Temenza : Vila di Andréa Palladio (Venise, 1762, in-8»), et celui de A. Meyrini : Memorie iulorno la vita e le opère di A. Palladio (Padoue, 1846, in-4"). Canova a fait de Palladio un admirable buste que Rome a placé dans son Panthéon, entre ceux de Raphaël et de Poussin. PALLADIQUE adj. (pnl-la-di-ke — rad. palladium). Uhim. Se dit de l’un des oxydes de palladium, et des sels dans lesquels cet oxyde joue le rôle d’acide : Oxyde PALLADI-QUE. Sels PALLADIQUES.

PALLADIUM s. m. (pal-la-di-omm — mot lat. dérivé de Pullas, nom grec de Minerve). Antiq. Statue en bois de Pallas, qui, tombée du ciel, disait-on, était le gage de la conservation de la ville de Troie : Uttjsse et Dioméds enlevèrent le palladium de ta citadelle de Troie, oûilétaitgardé. Il Objet sacré quelconque, à la garde duquel était attachée la conservation d’une ville ou d’un État : Le bouclier de Numa était le palladium de la république romaine. U A Athènes, Lieu où l’on jugeait les meurtres fortuits et involontaires.

— Par anal. Sauvegarde, moyen de conservation et de protection : La loi civile est le palladium de la propriété. (Montesq.) C’est la liberté de la presse qui est le palladium de toutes les libertés. (Mirab.) La charte constitutionnelle est le palladium du trône et de la patrie. (M>ae de Staël.)

— Hist. Société du palladium, Institution fondée à Douai, et dont on attribue à Fénelon les statuts et les rites.