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î’aide de gabions, de fascines, de sucs h terra ou de matériaux quelconques. L’ennemi peut alors sauter ou descendre sur cette partie comblée, et de là au fond du fossé.

PALISSADE, ÉE (pa-li-sa-dé) part, passé du v. l’alissader : Enceinte paussadbb. Demi-lune palissadke. Las castors y construiront en sûreté leur édifice dans des vallons palissades, (Fourier.)

— Horde. Taillé en palissade : Sur les côtés du parterre régnaient des charmilles paUSSadebs. (Th. Gaut.)

PALISSADEMENTs. m. (pa-Ii-sa-de-manrad, palissader). Action ou manière de palissader ; travail de palissado : Le paussadkment d’un fossé. Un palissauement solide.

PALISSADER v. a. ou tr. (pa-li-sa-dérad. palissade). Munir d’une palissade : Palissader un jardin. Pàussadbr une contrescarpe, une demi-lune.

— Hortic. Disposer en palissade, en mur de verdure : Palissader une haie,

PALISSAGE s. m. (pa-li-sa-je — rad. palisser). Arboric. Action de palisser les arbres fruitiers : Le palissage des pêchers ne commence qu’en juillet et dure un mois à Mon' treuil. (Bosc.) Il Palissage à la loque, Manière de palisser qui consiste à fixer directement les branches contre le mur, au moyen de chiffons retenus par des clous. |t Palissage à sec, Celui qu’on fait après la taille d’hiver, avant l’apparition des feuilles., il Palissage en vert, Celui qu’on fait quand les feuilles ont poussé.

— Eacycl. Le palissage a pour objet de fixer contre un mur les rameaux d’un arbre, d’un arbuste ou même d’une plante herbacée, soit parce qu’ils ont besoin d’être soutenus, soit parce qu’on veut les forcer à prendre une direction différente de celle qui leur est naturelle. Il s’applique surtout aux arbres fruitiers, quelquefois aussi à. des espèces ornementales, telles que les chèvrefeuilles, les jasmins, les rosiers, ou à certaines plantes potagères, comme la tomate.

On peut palisser de deux manières : soit directement, avec de petits morceaux d’étoffe qui embrassent les rameaux et se fixent dans le mur au moyen de clous ; soit indirectement, par l’intermédiaire d’un treillage préalablement dressé contre le mur, et aux barreaux duquel on assujettit les rameaux avec des liens de jonc ou d’osier. Le premier mode, dit palissage à la loque, est préférable, parce qu’il permet de placer exactement les rameaux dans la direction qui leur convient le mieux, tandis que dans l’autre on est forcé de se régler, jusqu’à un certain point, sur la direction des barreaux ; mais il faut que-les murs soient composés de matériaux très-petits, liés entre eux avec-du plâtre ou avec du mortier sans sablon. À un autre point de vue, on distingue un palissage d’hiver et un palissage d’été ; le premier est toujours accompagné do la taille, et le second de la suppression d’une partie des bourgeons.

Le palissage doit toujours tendre à augmenter la largeur de l’arbre et k diminuer son épaisseur, à accroître le nombre, la grosseur et la saveur des fruits, et à favoriser leur coloration et leur maturité. Une des règles fondamentales est dé ne laisser que les bronches obliques, et cela de manière qu’elles soient toutes également réparties sur la surface du mur, et que chacune forme un éventail qui rappelle en petit celui de l’ensemble. Mais, comme il est impossible d’exiger et par conséquent inutile de tenter une précision mathématique, il faut en général, même lorsqu’il devient nécessaire de contrarier la nature, le faire le moins possible.

Pour bien diriger un arbre, on doit s’y prendre dès l’hiver mémo qui suit la plantation. Alors, on évasera le plus possible, sans néanmoins faire trop d’efforts, les deux branches opposées les plus rapprochées du mur à la hauteur où l’on veut commencer l’éventail, et on les fixera au mur avec deux ou plusieurs loques ; on supprimera toutes les autres. Les deux branches taillées pousseront dans la même année plusieurs bourgeons placés en dessus et en dessous ; ceux qui sont parallèles au mur seront palissés de nouveau entre les deux sèves, et tous les autres seront à leur tour supprimés. On renouvellera la même opération l’hiver suivant en même temps que la taille, et ainsi de suite tous les ans en été ot en hiver. On doit éviter surtout que les branches ne se croisent, ou que des places ne soient moins garnies que d’autres.

Comme lorsque l’arbre a été bien conduit dès l’origine, dit Bosc, ce sont toujours des bourgeons de la dernière pousse qu’on fixe contre le mur, ils ont assez de flexibilité pour se prêter jusqu’à un certain point a la volonté de l’opérateur. Dans le cas contraire, on amène les rameaux petit à petit, par des dépalissages et des palissages de quinze en quinze jours, à s’abaisser ou à se relever selon le besoin, ’En général, les jardiniers qui ne craignent pas leur peine, ou qui sont jaloux de faire une bonne besogne, dépaJissent chaque hiver la totalité des branches de leurs arbres, pour les fixer de nouveau. Par ce moyen ils les règlent mieux. = Mais il faut user de beaucoup de précaution quand on opère sur de grosses branches, qui sont exposées à casser ou à périr.

Quand une branche a troh ans de palissage,

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elle a assez pris son pli pour qu’il ne soit plus nécessaire de la fixer ; mais comme elle tend naturellement à se redresser, on adûd’abord lui donner un peu plus d’écartement, afin qu’elle se trouve ensuite dans la direction et à la place convenables. Il arrive quelquefois, quand on palisse sur treillage, que la branche n’est pas assez longue pour être fixée directement à une traverse. On attache alors, un peu au-dessous de son extrémité d’une part, à la traverse de l’autre, un brin d’osier ou de jonc^qu’on appelle alaise ou bride.

Le palissage d’hiver se fait immédiatement après la taille ; alors, si on palisse à la loque, il est nécessaire de retirer chaque hiver toutes les loques inutiles, parce que, se conservant longtemps sans s» pourrir, surtout si elles sont de drap, elles gêneraient le grossissement des branches. C’est moins nécessaire quand on palisse sur treillage, parce que le jonc et l’osier se détruisent plus facilement. Quant au palissage d’été, il doit être fait longtemps après 1 ébourgeonnement, afin de donner aux bourgeons le temps d’acquérir de la force, de ne pas gêner la circulation de la sève, ot de ne pas exposer les fruits à l’ardeur du soleil. Il vaut mieux échelonner les opérations pendant la cours du printemps et de l’été, et fairé des palissages partiels à mesure que le besoin s’en fait sentir.

PALISSANDRE s. m. (pa-li-san-dre), Bot. Arbre de la Guyane, dont le bois est fort recherché en ébénisterie. II Bois du même arbre employé en ébénisterie : Meuble en palissandre, h On dit quelquefois palixandrs.

— Encycl. Le palissandre ou palixandre, appelé aussi bois violet, a une couleur brune ou violacée, qui se fonce encore avec le temps ; néanmoins, quand l’échantillon est bien choisi et coupé dans la sens convenable, il est marbré par le mélange d’un violet foncé presque noir et d’un violet plus clair, Le poli est assez brillant et comme vernissé ; les pores sont très-sensibles sur les surfaces oblongues ou coupées obliquement. Ce bois est imprégné de matière résineuse ; du moins c’est à présumer par l’odeur fort douce qu’il répand quand il est fraîchement employé et qu’on ravive par le frottement ; mais cette odeur se dissipe avec le temps ; elle rappelle du reste celle de la violette. L’aubier est tendre et d’un gris sale, tandis que le bois’parfait est fort dur, pesant et sonore. Ce bois nous arrive, en madriers ou en planches, de la Guyane hollandaise. Mais, soit jalousie de la part des exploitants, soit indifférence de la part des marchands, on ne vend que le bois débité, et on ne connaît même pas l’arbre qui le produit ; aucun voyageur n’a pensé à apporter en Europe l’écorce, les feuilles, les fleurs ou les graines ; les efforts tentés par quelques naturalistes pour s’en procurer ont été vains. On sait néanmoins que cet arbre croît en forêts non loin des sources de la rivière de Surinam. Ce bois est très-estimé pour l’ébénisterie, la marqueterie, la tabletterie et les ouvrages de tour. Les luthiers le recherchent aussi pour faire les archets de violon. L’importance et l’emploi de ce bois ont beaucoup baissé depuis l’introduction de l’acajou. On doit choisir les échantillons qui sont vioiets jusqu’au centre ; ceux qui ont 1© cœur.blanchâtre sont de qualité inférieure.

PÂLISSANT, ANTE adj. (pa-li-san, an-te

— rad. pâlir). Qui pâlit, qui devient pâle : Nous étions là debout, pâlissants, immobiles. (Marmoatel.)

Ses blonds cheveux flottaient sur tes traits pâlissants.

V. Huoo.

— Par ext. Qui s’affaiblit, en pariant de la lumière : Le jour pâlissant. La lune pâlissante, il Qui devient terne, en iparlant d’une couleur ;

Mais quoi ! dejit la rose pâlissante Perd son éclat, les parfums leur odeur.

DELH.L8.

PALISSE s. f. (pa-li-se — rad. palis). Agric. Nom des haies dans le Poitou.

PALISSE (Jacques de Chabannbs, seigneur de La), célèbre capitaine français. V. La Palice.

PALISSÉ, ÊE (pa-li-sé) part, passé du v. Palisser. Hortic. Disposé en espalier : Pécher PALISSÉ.

— Blas. Se dit de toute pièce composée de pieux pointus par le haut et placés l’un près de l’uutre, en forme de palissade : De Guesitle du Hocher : D’argent, à la fasce palissée d’azur.

PALISSER v. a. ou tr. (pa-li-sé — rad. palis). Arboric. Etaler et fixer, contre un mur ou contre un treillage, les branches des arbres fruitiers en espalier, pour accroître, améliorer et régulariser la production des fruits.

PALISSER, un des plus grands groupes de larchipel Pomotou ou des lies Basses, dans la Polynésie. Découvert par Roggevren en 1722.

PALISSON s. m. (pa-li-son). Techn. Instrument do fer plat, uni, sur lequel le chamoiseur adoucit les peaux. Il Bois refendu qui sert à garnir les entrevous des solives et à barrer les futailles.

PALISSONNÈ, ÉE (pa-li-so-né) part, passé du v. Palissonner : Peau palissonnée.

PALISSONNER v. a. ou tr. (pa-li-so-né PALI

rad. polisson). Techn. Adoucir sur le palisson : Palissonner des peaux.

PALISSOT DEMONTENOY (Charles), littérateur français, né à Nancy en 1730, mort h paris en 18W ; Son père, conseiller du duc de Lorraine, lui fit donner une éducation soignée, et il montra une intelligence si précoce, qu’à onze ans il était déjà maître es arts et qu’à seize ans il recevait le diplôme de bachelier en théologie. Palissot entra dans la congrégation des oratorians, mais il n’y fit qu’une courte apparition, car il’ était ardent, passionné, ambitieux de gloire, et d’une humeur indépendante. Précoce en toutes choses, il sa maria à dix-huit ans et composa une tragédie, qui ne fut point représentée. Un© seconde tragédie, appelée d abord Zarès, puis Ninus II, qu’il écrivit quelque temps après, n’eut que trois représentations. Palissot comprit qu’il n’était point fait pour le genre tragique et, comme il avait l’esprit maiin, incisif et caustique, il se rabattit sur la comédie, mais toutefois sans grand succès d’abord. Sa pièce des Tuteurs (1754) est une composition assez froide et pâle, et le Barbier de Bagdad, représenté peu après, n’est qu’un petit conte oriental agréablement versifié. Désireux d’attirer à tout prix sur lui l’attention publique, Palissot ne vit rien de mieux que de déclarer la guerre aux philosophes et aux encyclopédistes et de s’attaquer aux hommes plus encore qu’aux idées. En 1755, il fit représenter sur le théâtre de Lunéville une comédio, in : titulée le Cercle, dans laquelle il s’attacha à ridiculiser outrageusement J.-J. Rousseau. Le roi Stanislas, ayant assisté à une représentation de la pièce, en fut indigné, écrivit à Rousseau qu’il allait chasser Palissot de son Académie et ne revint de sa détermination que sur les sollicitations mêmes de Jean-Jacques. Une fois entré en lutte avec les promoteurs et les défenseurs des idées qui ont amené la Révolution française, Palissot fit preuve d’une âpretê et d’une violence extrême. Il publia peu après les Petites lettres contre de grands philosophes (1756, in-12), écrit dirigé principalement contre Diderot, puis, par la comédie des Philosophes (1760), il acheva de casser les vitres. Il exaspéra d’autant plus le parti philosophique que cette pièce obtint un

frand succès, bien qu’elle ne soit pas un chef-œuvre, et, à propos de cette comédie, il y eut entre lui et Voltaire une correspondance dans laquelle ce dernier essaya d’amadouer Palissot par des compliments sur son talent littéraire. Aux Philosophes succédèrent les Nouveaux Ménechmes, comédio représentée en 1762, puis parut la Dunciade ou la Guerre des sots, poème en trois ehants (1764), que, sur un mot de Voltaire, il allongea de sept chants (v, Dunciade). Tout en continuant à répondre par des libelles et des épigrammes aux épigrammes et aux libelles lancés contre lui, Palissot ne négligeait point le soin de sa fortune. Il gagna la protection du duc de Choiseul, célébra dans d’assez mauvais vers les maîtresses de Louis XV, obtint la recette générale des tabacs d’Avignon en 1756, fit l’acquisition d’une belle maison à Argenteuil, et se retira dans cette campagne. Par une inconséquence qui n’a rien de surprenant chez

un homme dépourvu de toute conviction réelle, Palissot, cet ennemi acharné des encyclopédistes, adhéra aux principes de la Révolution, se fit donner en 1793 un certificat de civisme par Chaumette et obtint la place d’administrateur de la bibliothèque Mazarino. Il reçut, en outre, le titra de correspondant de l’institut et siégea au conseil des Anciens en 1798-1799. Il devint pontife de la secte religieuse des théophilanthropes, mais abjura au lit de mort cette croyance.

Dans le Neveu de Aameau, Diderot a fait de Palissot un portrait kl’emporte-pièce qui mérite d’être cité : « 11 y a un pacte tacite qu’on nous fera du bien, fait-il dire au neveu de Rameau, et que, tôt ou tard, nous rendrons lemal pour le bien qu’on nous aura fait. Lebrun jette les hauts cris que Palissot, son convive et son ami^ ait fait des couplets contre lui. Palissot a du faire les couplets, et c’est Lebrun qui a tort. Poinsinet jette les hauts cri8 que Palissot ait mis sur son compte les couplets qu’il avait faits contre Lebrun, et c’est Poinsinet

qui a tort. Le petit abbé Rey. jette les

hauts cris de ce que son ami Palissot lui a soufflé sa maitresse, auprès de laquelle il l’a» vait introduit : c’est qu’il ne fallait point introduire un Palissot chez sa maîtresse ou se résoudre à la perdre ; Palissot a fait son devoir et c’est l’abbé Rey qui a tort...

Qu’Helvétius jette les hauts cris que Palissot le traduise sur la scène comme un malhonnête homme, lui à qui il doit encore l’argent qu’il lui prête pour se faire traiter de sa mauvaise santé, se nourrir et se vêtir ; a-t-il dû se promettro un autre procédé de la part d’un homme souillé de toutes sortes d’infamies, qui par passe-temps fait abjurer la religion à son ami ; qui s’empare du oien de ses associés ; qui n’a ni foi, ni loi, ni sentiment ; qui court a la fortune per fas et nefas, qui compte ses jours par ses scélératesses et qui s’est traduit lui-même sur la scène comme un des plus dangereux coquins ? Non. Ce n’est donc pas Palissot, c’est Helvétius qui a tort. » Indépendamment des ouvrages cités plus haut, on a. de Palissot : Mémoires sur la littérature (1771), ouvrage superficiel qui a été trop vanté par M.-J. Chénier ; Histoire des rois de Home (Paris, 1753-1750, iu-12) ; Y Homme dangereux

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(Amsterdam, 1770, in-8°), comédie J les Courtisanes (Paria, 1775, in-8"), comédie. « Ces deux pièces, dit Fèletz, essuyèrent beaucoup de difficulté pour être jouées ; les actrices trouvaient le sujet des Courtisanes trop peu décent... Des intrigues assez compliquées suspendirent longtemps les représentations du Satirique. Palissot joua, il faut en convenir, dans ces intrigues, un rôle peu franc et en même temps maladroit ; il répandit le bruit que cette pièce était d’un de ses ennemis et que c’était lui qu’on avait voulu peindre soua les traits d’un satirique odieux. On prétend même que, pour mieux donner le change, il fit supplier le lieutenant de police par l^bbô de Voisenon de défendre la représentation, et qu’il fut ensuite furieux du succès de cette demande. Cette dernière partie de l’anecdote n’est point avérée, quoique l’abbé de Voisenon n’ait jamais voulu la désavouer ; mais pour qu’il ne la désavouât pas, il n’était pas nécessaire qu’elle fût vraie ; il suffisait qu’elle lui parût plaisante ; ■ Questions importantes sur quelques opinions religieuses (1791, 1793, 1797, in-8°) ; voltaire apprJcié dans tous ses ouvrages (Paris, 1806, in-12 et in-8°). Les Œuvres de Palissot ont eu plusieurs éditions. La meilleure est celle de Paris (1809,6 vol. in-8°). Comma éditeur, cet écrivain a donné les Œuvres choisies de Voltaire (1792-1798, 55 vol. in-8<>), celles de Boileau (1793, in-8") et de P. Corneille (1801 et suiv., 12 vol. in-8°).

PÀMSSY (Bernard), célèbre artiste émailleur, écrivain et philosophe français, né vers 1199 suivant d’Aubigné, vers 1510 seulement suivant la généralité des biographes, à La Capellc-Biron, bourg de l’Agenais (Lot-et-Garonne), mort à Paris, à la Bastille, en 1590. On ne sait trop ce que fut sou père, qui, sans aucun doute, appartenait k la classe ouvrière. Lamartine, qui a fait de Bernard Palissy l’objet d’une de ses plus belles monographies, pense qu’il fut Ôlevô dans une tuilerie, où l’on fabriquait des tuiles ordinaires, des briques et des jarres, vases d’un usage commun encore aujourd’hui dans tout le Midi, pour contenir l’eau, le vin ou l’huile. «Eu maniant sa terre grossière, dit le poste, et en contemplant sa brique durcie, rougie, transformée au feu du fourneau, il pensait aux formes, aux reliefs, aux anses, aux ornements, aux figures des vases qui se moulaient déjà dans sa pensée ; à la pâte et à l’émail dont il colorerait un jour ses chefs-d’œuvre de poterie. ■ Cette poétique hypothèse n’est pas justifiée. Dans son Art de terre, Palissy raconte au contraire qu’à ses débuts, lors de ses premiers essais de cuisson des poteries, il n’avait « nulle connoissance des terres argileuses, et qu’il estoit comme un homme qui tate en ténèbres. » Il ontra en apprentissage dans une verrerie d’Agen, où il apprit la peinture sur verre et l’art d’assembler les vitraux peints. La connaissance du dessin, surtout du dessin linéaire, lui était indispensable pour devenir habile dans cette industrie de la pourtraiture, comme on disait encore au xw> siècle ; le jeune ouvrier se vit amené par ses études à apprendre l’art do dresser des plans figuratifs et l’arpentage. Il eut ainsi deux métiers, doux ressources. Quelle que fût la situation de sa famille, l’organisation des maîtrises et des jurandes, qui avaient un bon côté dans l’appui qu’elles donnaient aux apprentis intelligents, explique la demi-éducation libérale qu’il reçut et dont il sut tirer un parti avantageux.

Lorsqu’il se crut assez habile dans la pratique de l’art qu’il avait étudié, il partit, sui- ! vant l’usage alors généralement établi purmi les ouvriers des diverses professions, pour faire son tour de France et même son tour d’Allemagne. Il allait de ville en ville, subsistant de son double travail de peintre sur verre et d’arpenteur.«Il voyagea, dit Faujas de Saint-Fond, dans tout le royaume, depuis les Pyrénées jusqu’à la mer de Flandre et des Pays-Bas, et depuis la Bretagne jusqu’au Rhin. Il parcourut en détail, à ce qu’il semble, toutes les provinces de la France, et, en outre, la basse Allemagne, les Ardennes, le pays de Luxembourg, le duché de Clèves et le Brisgau. Il habita principalement le Guistrais, le JBourdelais et 1 Agenoia, son pays natal. Il dit lui-même qu’il passa quelques années à Tarbes, capitale du Bigorre, et qu’il séjourna successivement dans plusieurs autres lieux de la France. Toutes les contrées qu’il parcourut fournirent matière à ses observations. Les monuments de l’antiquité de notre globe et les divers objets de 1 histoire naturelle attiraient principalement son attention. Rien de co qui peut être matière à sérieuse étude n’échappait à ses regards. Aussi, en lisant ses ouvrages, est-on surpris de l’étendue et delà variété de ses connaissances. •

Palissy, après cette longue suite d’explorations, revint en France, où il se maria, et, vers 1535, il se fixa à Saintes. Obligé, pour soutenir son ménage et ses enfants, de se livrer à un travail incessant, il n’eut durant quelques années d’autre ressource que sea travaux de peinture sur verre et d arpentage. Au mois de mai 1543, François Ict ayant établi un impôt sur le sel chargea le maréchal de Montmorency d’aller, à la tête d’un détachement de troupes, percevoir le nouveau droit en Saïntonge. Le premier soin du maréchal fut, en arrivant dans cette province, d’asseoir l’impôt sur des bases aussi équitables que possible. U ordonna d’arpenter les lles-et les marais salants et d’eu dresser