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  • ■-’ Miner. Papier fossile, Nom vulgaire

d’une variété d’asbesto dont les filaments sont comme feutrés et soudés ensemble, de manière à former des masses d’un blanc sale, ayant une certaine ressemblance avec de la pâte à papier desséchée. Il Papier de montagne, Un des noms de l’asbeste.

— Encycl. I. Histoire. L’idée de fabriquer avec des fibres végétales une matière propre à recevoir et à fixer l’écriture remonte à une haute antiquité. Les Égyptiens en faisaient usage de temps immémorial, Ils employaient d’ans ce but une sorte de roseau qui croissait autrefois avec abondance dans les marais égyptiens et qu’on appelait papyrus, d’où vient le nom du papier. À l’aide de procédés pratiques qu’ils transmirent aux Romains, mais dont la connaissance n’est pas venue jusqu’à nous, ils transformaient les fibres de cette plante de manière à en faire des surfaces souples, polies, capables de recevoir l’écriture et de se conserver longtemps. Le plus beau papyrus, nommé papyrus hiératique, était réservé aux prêtres, qui s’en servaient pour les écrits religieux ; l’usage leur en était exclusivement réservé, et, de peur qu’on ne vînt à le consacrer à des ouvrages profanes, les lois d’Égypte défendaient de le vendre aux étrangers. Les Hébreux, même après leur séjour en Égypte, ne se Servirent point du papyrus ; ils écrivaient sur des bandes de parchemin longues et étroites, et même un des usages du rit Israélite était de s’envelopper le front et le bras de ces bandelettes, sur lesquelles étaient écrits des versets de la Bible.

L’usage du papyrus passa d’Égypte h Rome. À l’époque* où le luxe et la prodigalité régnèrent dans ce vaste empire, des amateurs, désireux de posséder du papyrus hiératique en dépit des lois égyptiennes, achetèrent en Égypte des livres religieux faits do cette matière et tes ’firent laver avec soin pour en effacer les caractères primitifs et pouvoir s’en servir à leur tour. Ce papier, ainsi lavé, très-estimé à Rome, où il était un objet précieux, se nommait le pupier auguste. On doit facilement s’imaginer ce qu’il en coûtait pour se le procurer et pour lui fuite subir le lavage nécessaire à son second emploi. On frappa le papyrus d’un impôt assez lourd, qui existait encore au vo siècle, puisque Cassiodore remercia Théodoric de l’avoir supprimé, considérant cette suppression comme un des plus grands bienfaits rendus à l’humanité. Toutefois, -si le papyrus hiératique resta toujours à un prix fort élevé, le papyrus de qualité inférieure entra dans le commerce, qui l’exporta dans les contrées du bassin de la Méditerranée. C’est ce qui explique pourquoi, à appuyant sur un passage d’un discours de Déiuosthène contre Dionysodore, un professeur, M. Caillemer, dans un Mémoire sur le papier d’Athènes, a exprimé cette opinion oue la scarpus ou main de papier de vingt feuilles coûtait environ 0 fr. 80 du temps du grand orateur. À une époque plus rapprochée de l’ère vulgaire, les anciens employèrent pour servir à l’écriture, outre le papyrus, un papier fabriqué avec le liber ou pellicule blanche contenue entre l’écorce et le bois de différents arbres, tels que l’érable, le platane, le hêtre, l’orme et surtout le tilleul. La pellicule était enlevée, battue et séchée, Au dernier siècle, il existait encore quelques livres écrits sur ce papier. Les Pères Mabition et Montfaucon nous ont parlé de ce liber, plus épais et plus fragile que le papyrus, sujet à se fendre, à s’écailler et à perdre l’écriture.

Vers le ixe siècle, l’usage du papyrus cessa complètement en Europe. Des procédés de fabrication de papier proprement dit étaient alors employés en Orient, qui les avait empruntés à la Chine et au Japon, où on fabriquait du papier avec des matières diverses, telles que la soie, la paille de riz, le coton, le chanvre et l’écorce de mûrier, depuis un . temps considérable ; mais ces procédés étaient inconnus en, Europe, où l’on se servait, pour les manuscrits et les dessins, de parchemin et de peau de veau préparée, ce qu’on nomme le vélin. D’après les Chinois, un do leurs empereurs inventa, vers 180, le papier coton, dont les procédés de fabrication furent connus des Persans vers 650 et, vers le commencement du Tnit siècle, des Arabes. Ces derniers le firent connaître dans l’empire grec, puis l’introduisirent en Sicile et en Espagne.

Roger, roi de Sicile, dit dans un diplôme écrit en 1145 qu’il avait renouvelé sur du parchemin une en irte écrite sur du papier de coton l’un 1102. Vers la même époque, Irène, femme d’Alexis Ûomnène. parlant de trois exemplaires d’une règle de religieuses, dit que l’un était en papier de coton. L’usage de ce papier, appelé charta cotlonea, concurremment avec celui des papiers appelés charta bnrabycina (papier de soie), charta seriea {papier de Chine), etc., s’étendit rapidement d Espagne en Europe. Les fabriques de papier établies à Xativa (San-Felipp)’ et à Septa (Ceuta) avaient dès 1150 une grande renommée. En même temps que leurs produits, leurs procédés de fabrication se propagèrent en France et en Italie.

Dans les manufactures arabes, on fabriquait le papier avec du coton cru, qu’on réduisait en pâte en le pilant ; on étendait cette pâte végétale dans beaucoup d’eau ; en cet état, on la passait sur des claies on tamis, qui, laissant couler l’eau en excès, ne retenaient

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à leur surface supérieure qu’une légère couche formée de duvet de coton feutré, qui était déposée sur une étoffe de laine séchée et encollée. Comme on ne -connaissait pas encore les moulins à eau, les piles à maillets et autres engins qui triturent parfaitement la pâte, le papier des Arabes avait peu de solidité et se déchirait à la moindre traction. L’emploi du coton, propre à l’Orient, était en Europe trop coûteux, a cause de la rareté de cette matière et de la difficulté des transports j il fallut aviser et chercher une autre matière. On eut alors l’idée de fabriquer du papier de chiffon, c’est-à-dire de chanvre et de lin. On croit que ce nouveau papier était connu dès 1156. Une lettre écrite par l’historien Joinville vers 1315, et adressée au roi Louis X, est sur papier de fin et le filigrane semble indiquer une provenance espagnole ; une pièee du duc de Bourgogne, de 1302, est écrite sur du papier de chiffon. Dès le xtv« siècle, des manufactures s’étaient établies en Italie, notamment à Padoue, à Fabriano et à Colle ; en France, il s’en fonda d’abord à Troyes, à Essonnes et à Chauny ; en Allemagne, la première que l’on connaisse est celle de Nuremberg, fondée en 1390. Dans ces fabriques, on se servit de chiffons de toile, ce qui diminua le prix du papier, que le travail rendait cependant encore assez cher. Ces chiffons, hachés, bouillis dans l’eau et maintenus ensuite dans une sorte de fermentation, étaient amenés à former une pâte propre h être mise en feuilles. Les chiffons de coton furent aussi employés, comme les chiffons de toile, dès qu on fut parvenu à établir des manufactures d’étoffes de cette matière.

Les premiers papiers de chiffon fabriqués en Europe étaient destinés uniquement à l’écriture ; aussi avaient-ils beaucoup de corps et étaient-ils collés pour empêcher l’encre de pénétrer la feuille. Dans les archives de province, on trouve beaucoup de manuscrits sur papier semblable, dont la plupart sont des livres de comptes, avec des lettres ornementées et marqués de filigranes qui en indiquent la provenance et la date. Ces filigranes, ou plutôt les vergeures et dessins provenant des filigranes, étaient produits par les fils de cuivre qui, soudés ensemble, recouvraient le châssis de la forme. Des fils de fer, un peu plus gros que ceux qui servent uux tissus métalliques, étaient contournés et formaient des dessins, souvent très-curieux, qui se gravaient dans la pâte et qu’on aperçoit surtout en regardant le papier pur transparence.

Les premiers ouvrages imprimés furent exécutés sur des papiers collés, ce qui permettait de les recouvrir de peintures et d’ornementations à la main et de les faire passer

plus facilement pour des manuscrits. Ce n’est que vers te xvie siècle, quand l’imprimerie eut pris une certaine extension, que l’on commença à imprimer des livres sur du papier sans colle.

La fabrication du papier prit un grand développement, au xvii* et au xvrne siècle, en Allemagne et en France. Celle-ci exportait déjà en Hollande, dès 1658, pour plus de 2,000,000 de livres tournois de papiers divers. La Hollande, au xvme siècle, se plaça, quant à la qualité des produits, au même rang que la France et fabriqua ces beaux papiers qui augmentent aujourd’hui le prix des éditions de La Haye.

La fabrication des papiers solides et à très-bas prix, employés pour couvrir les murs des appartements, est originaire, comme le papier d’écriture, de la Ohine et du Japon, et c’est vers 1550 que les Hollandais et les Espagnols l’introduisirent en Europe. Dès lors, le papier de tenture remplaça peu à peu les tapisseries de haute lice, les tapisseries d’herbes et de joue, plus communes, que l’on fabriquait à Pontoise, et les tentures de cuir gaufré qui, au moyen âge, décoraient les appartements.

Tandis que la papeterie se développait en Allemagne et en France, l’Angleterre fabriquait à peine, en 1588, un gros papier d’emballage et achetait à la France celui dont elle avait besoin pour l’écriture. En 1885, des réfugiés français, chassés par la révocation de l’édit de Nantes, qui fut si fatale à notre industrie, portèrent au delà de la Manche le secret de la fabrication française et des améliorations qu’elle avait reçues. Un siècle plus tard, le célèbre Watman vint en France, où, travaillant dans les manufactures en qualité d’ouvrier, il en apprit les procédés et retourna les appliquer en Angleterre, où il fonda la célèbre papeterie de Maidstone. Dès lors, la fabrication anglaise prit une grande extension et devint pour la France une rivale sérieuse.

Les perfectionnements apportés, non pas dans la qualité, mais dans la fabrication du papier, furent peu sensibles pendant une assez longue période. L’invention des moulins à bras et, bientôt après, des moulins à martinet mus par l’eau, appliqués à la fabrication du papi, er, &n Italie pour la première fois, avait permis de perfectionner les procédés importés par les manufacturiers arabes ; mais les procédés employés jusqu’à la fin du xvure siècle, en donnant, il est vrai, un produit de très-belle qualité, exigeaient un grand nombre d’ouvriers, toutes les opérations s’exécutant à la main, à l’exception du pétrissage de la pâte. L’invention des machines à fabriquer le. papier, qui date de la dernière année du xviiio siècle, devait donner à la papeterie une importance et une extension considéra PAPI

Mes. En 1799, un ouvrier français employé àla papeterie d’Essonnes, Louis Robert, imagina une série d’appareils mécaniques qui devaient permettre de produire du papier sans fin, c’est-à-dire des feuilles d’une longueur indéfinie, sur une largeur déterminée. La machine de Louis Robert étant imparfaite, on renonça a l’employer ; mais, peu après, M. Didot-Saint-Léger, propriétaire de la papeterie d’Essonnes et inventeur de la première machine à fondre les caractères, acheta à Louis Robert son brevet d’invention et se chargea de perfectionner son système, N’ayant pu trouver

en France les fonds et les mécaniciens nécessaires pour réaliser cette entreprise, il alla chercher des ressources en Angleterre (1802), où il fut secondé puissamment par plusieurs fabricants. Après de longues expériences, faites dans une papeterie de Darfort, il parvint en 1803, grâce à un savant ingénieur, Bryan Donkin, à établir dans le cointé d’Hertford, à Frogmore, la première machine à papier qui ait fonctionné. En France, ce fut en 1811, dans lu propriété de Soret, près d’Anet, que fut établie la première machine à papier continu. Lapremière qui ait été construite en France a été faite en 1815, à Paris, par le mécanicien Calla ; elle était dépourvue de cylindres sécheurs. Depuis lors, d’importantes modifications ont été apportées dans la fabrication du papier, notamment le lessivage, le blanchiment au chlore, l’encollage à la cuve. MM. Canson et Montgolfier ont beaucoup contribué aux progrès accomplis depuis l’introduction de la fabrication à la mécanique. Parmi les machines inventées depuis celle de Robert, nous citerons : la machine de Leistenschneider (1813), de forme cylindrique ou

ronde, au lieu d’être une table rectangulaire ; la machine de M. Brocard (1838), laquelle est composée de plusieurs formes circulaires et a pour objet de-produire des papiers d’une grande épaisseur ; les machines à table plane, de M. Burger, pour la fabrication du papier de sûreté, etc.

« L’invention de la papeterie mécanique, dit M. Gratiot, a changé la face du commerce de la papeterie, de l’imprimerie et de la librairie. Le développement du journalisme en France, et encore plus en Angleterre et aux États-Unis, ne date que de cette époque et n’est devenu possible que par cette invention. Quand ils n’avaient à leur disposition que le papier à la forme, les libraires étaient obligés d’adopter pour leurs éditions, sans pouvoir s’en écarter, les formats introduits par l’usage dans la fabrication. Aujourd’hui, ces formats peuvent varier suivant le goût de l’éditeur, les besoins de la publication ou le caprice du public. La fabrication de formats doubles, triples, quadruples, que l’on imprime à la mécanique sans plus de frais que les formats simples, a réduit le prix des livres, et l’abaissement du prix du papier a complété ce progrès immense, »

— II. Fabrication du papier. Parmi les matières filamenteuses dont les tissus organiques sont propres à la fabrication du papier, on emploie, sauf de rares exceptions, celles du chanvre, du fin et du cotpn sous la forme de chiffons. Les chiffons deichanvre et de lin donnent seuls des produits de qualité supérieure. Les chiffons de coton donnent des papiers sans consistance, et on est obligé, pour leur donner du corps, de les mélanger avec des chiffons de chanvre et de lin. C’est au moyen de ce mélange qu’on obtient des papiers ordinaires. Nous avons indiqué au mot chiffon (v. ce mot) les diverses opérations qu’on fait subir h cette matière avant d’en fabriquer la pâte qui doit servir à faire le papier. Ces opérations consistent dans le triage, le délissfige, le blutage, le coupage, le lessivage, le rinçage des chiffons. Lorsqu’on les a lessivés et rincés, on les met à égoutter dans "une caisse, puis on les porte dans la pile ou grand mortier, pour leur faire subir l’effilochage. Cette dernière opération consiste à les réduire en fibrilles comme de la charpie, en ayant soin, toutefois, de les briser le moins possible. Autrefois, pour obtenirî’effiloshage, on se servait de pilons ou de maillets de bois, ordinairement mis en mouvement par une roue hydraulique, et qui, battant les chiffons humectés, les réduisaient en pâte dans des cuves appelées piles ou bachots. Dans la plupart des fabriques, on remplace actuellement les maillets par des machines appelées piles dcfileuses ou effilocfteuses. Une pile de ce genre, construite en bois ou en pierre, ou, mieux encore, en fonte, se compose d’une caisse longue de 3 mètres, doublée de feuilles de cuivre rouge, de ziuc ou de plomb, et se termine à chaque bout par un demi-cylindre ; elle est séparée en deux parties, dans le sens de la longueur, par un diaphragme vertical, laissant aux extrémités un espace assez large. Sur l’un des cotés et perpendiculairement au diaphragme est adapté l’axe d’un cylindre armé de lames ; au - dessous de ce cylindre est disposée une platine en fonte, remplie de lames boulonnées les unes contre les autres, et formant avec les lames un angle qu’on peut faire varier et qui peut devenir très-petit. Le cylindre, animé -d’un mouvement de Totation extrêmement rapide, force le chiffon à venir passer et repasser entre le cylindre et la platine. On obtient, au moyen de cette trituration, une demi-pâte qu’on appelle défilé. Une pile délileuse en travail contient 1,200 litres d’eau et en moyenne 40 ki PAPI

logr. de chiffon. La réunion de plusieurs.piles forme une batterie, et l’ouvrier chargé de là direction d’une batterie est appelé gouverneur. Le défilage au cylindre, qui a remplacé le pourrissage, semble devoir être remplacé par une nouvelle machine importée par M. Alexandre Montgolfier, en 1859, et d’origine américaine. Cette machine, nommée pitlp-engine, triture le chiffon au moyen de trois meules verticales, dontdeuxfixes et une mobile, tournant avec une rapidité de 200 tours par minute. La beauté du défilé dépend de la limpidité de l’eau, de la matière employée, du temps que l’on consacre au lavage et à la trituration, et qui varie d’une heure et demie à quatre heures, enfin de l’habileté de l’ouvrier qui préside au travail. Lorsque le chiffon est défilé, on le sépare de l’eau dans laquelle il nage, soit par régouttage, en le plaçant dans nés caisses garnies de châssis de toiles métalliques ou doublées de zinc percé de trous, soit, ce qui est préférable, au moyen d’une presse, ’ qui, en vingt minutes, réduit une pilèe en une sorte de pain compacte peu exposé à se salir. Après l’opération du pressage, on procède à celle du blanchiment. Dans cette opération, qui doit être exécutée avec précaution, on emploie soit le chlore gazeux, qu’on fait agir sur le défilé bien égoutté dans de grandes chambres, où le chilien est étalé sur des tablettes en bois ou en maçonnerie, soit le système des bains, c’est-à-dire en faisant agir sur le dénié le chlorure de chaux assez étendu d’eau à basse température. On ajoute une fai1 ble quantité d’acide étendu, qui facilite le dégagement d’acide hypochloreux. Dans les papeteries allemandes, pour dépouiller la pâte des dernières traces de chlore, on a adopté l’usage d’un antichlore, oui n’est autre chose que du sulfite de soude ; il se produit du chlo rure de sodium et du sulfate désoude. En France, on a renoncé au sulfite de soude, et, pour débarrasser les chiffons do l’excès de chlore, on se borne à des lavages répétés. L’effet du chlore libre sur le défilé est plus énergique que celui des chlorures ; mais ceuxci agissent plus intimement sur les filaments élémentaires et en compromettent inoins la solidité. Après le blanchiment, on soumet te défilé à une nouvelle trituration, appelée affinage ou raffinage, qui a lieu an moven d’une piie appelée raffineuse, et qui ne diffère de la pile délileuse que parce qu elle a cinquante-quatre lames au lieu de trente-huit. Pendant le raffinage, qui dure de deux à quatre heures, on doit fréquemment spatuler la pâte. Il importe au plus haut point que le raffinage soit bien fait ; sinon on a un papier mou, sans ténacité et pelueheux. Cette opération terminée, le défilé se trouve réduit en une pâte blanche, homogène, susceptible d’être étendue en couches minces et uniformes et qui porte le nom de raffiné.* c’est la pâte a l’état parfait.

Nous venons de dire par quels procédés on parvient à obtenir par des chiffons une pâte parfaite. Il nous reste à indiquer comment avec cette pâte on obtient du papier.

De nos jours, le papier se fabrique de deux façons différentes, soit à la main ou à la forme, soit à la mécanique. La première, qui est l’ancien système, s’emploie encore aujourd’hui pour fabriquer un petit nombre de papiers spéciaux, tels que les papiers timbrés, les imitations de papier de Hollande, certains papiers à dessin et à lavis, etc., do qualité généralement supérieure. La fabrication mécanique a remplacé, pour- le reste, la fabrication à la main et fournit a. la consommation l’immense variété do papiers employés à l’écriture, à l’impression, a l’emballage et à un grand nombre d’autres usages.

Voici quelles sont, d’une façon sommaire, les principales opérations pratiquées dans ces deux sortes de fabrications, où l’on se sert’ aujourd’hui d’une pâte préparée exactement de la même façon.

La fabrication du papier à la main se fait actuellement par les mêmes procédés qu’autrefois. Ce qui seul a changé, c’est la façon dont on préparait la pâle. Ainsi, les chiffons choisis et coupés en petits fragments, puis humectés d’eau, étaient placés dans une sorte de cuve, nommée le pourrissoir. Le pourrissage détruisait au bout d’un certain temps les matières étrangères aux fibres végétales qui portent le nom de ligneux et qui, seules, servent à former le pupier. Quand l’espèce de fermentation qui débarrasse la substance ligneuse des chiffons des corps étrangers était terminée, ce qui exigeait de dix à vingt jours suivant le lieu, la température et l’état des chiffons, il fallait réduire en pâte la pulpe fétide qui résultait de cette décomposition. On la plaçait, à cet effet, dans des piles à maillets, cuves remplies d’eau et munies chacune de trois, quatre ou cinq maillets pileurs, mus par un arbre horizontal garni de cames qui soulèvent tour à tour chacun de ces maillets et les laissent retomber de telle façon que ces chutes continuelles, poussant constamment la matière dans le même sens, détruisent complètement les tissus et donnent de i’homogéniété à la pâte. Depuis l’introduction des piles a cylindre, connues en Hollande au siècle dernier et qui permettent de réduire les chiffons en pâte sans préparation préalable, on a abandonné l’usage du pourrissoir et des piles à maillets.

Lorsqu’on veut ouvrer la pâte, on lui donna la dernière façon en la remettant dans un mortier u^srni d’une plaque ou platine de eut-