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de religiosité que les philosophes n’avaient

pu détruire.

Comme on l’a vu, c’est le rationalisme corotemporain que Al. Maret accuse de n’être que le panthéisme ou d’y tendre nécessairement par ses principes. En effet, le rationalisme contemporain repose sur trois bases principales, sur trois principes, deux positifs, un néffalif. Les deux principes positifs sont l’unité et l’identité de la substance, la mutabilité et la variété de la vérité ; le principe négatif est la négation même de toute révélation autre que celle de l’esprit humain. De là M. Maret tire cette conclusion : il devient manifeste que la logique pousse invinciblement le rationalisme contemporain au panihéisme, et

que, pour lui échapper, il faut qu’il renonce a la logique ou à ses principes. « Vous admettez, dit-il à ses adversaires, l’unité et ’ l’identité de la substance, et vous refusez ’ d’être panthéistes ; cela n’est pas possible. Si la substance divine est l’essence du monde, ie monde est infini, te monde est égal à Dieu. Vous affirmez que l’esprit ne possède pas une ■vérité absolue, éternelle, immuable, que la vérité est toujours relative aux temps et aux lieux, qu’elle est mobile et changeante ; mais n’est-ce pas, en d’autres termes, affirmer que l’infini ne se développe ni ne se manifeste que par le fini, que le fini et l’infini sont identiques ? Kiitiu, vous niea la nécessité et 1 existence d’une révélation surnaturelle et positive, distincte de la raison naturelle ; vous voulez réduire l’esprit humain aux seules lumières du sens commun et de l’évidence rationnelle ; en bien 1 vous placez l’intelligence dans une position violente. L’intelligence a besoin de la notion de la vie divine, de la trinité, et la raison laissée à. elle-même ne peut pénétrer dans les mystères de l’essence infinie. Ainsi soustrait à l’influence de ta rêvé’ lation positive, l’esprit humain s’égare dans la route de la vérité, et aujourd’hui arrive au panthéisme. ■

Quels sont les philosophes qui enseignent l’individualité de La raison î Ne sout-ce pas ceux qui posent l’esprit humain comme l’expression unique, la manifestation neee.v-.aire de la vérité ? A leurs yeux, l’esprit humain est le seul médiateur de la vérité, l’esprit humain est le Vei be riu monde. Dieu n’arrive à la conscience de lui-même que par l’esprit humain. Or, comme de fait l’esprit humain est hni, la vérité qu’il manifeste l’est aussi ; de la l’identité du tint avec l’infini, du lini, manifestation unique et nécessaire de l’infini. « Voilà, dit M. Maret, la théorie de la raison individuelle dans toute sa portée ; la voila telle qu’elle est enseignée par la philosophie germanique, qui l’a transmise à nos progressistes, à nos éclectiques. Cette théorie, qu’est-elle, sinon le panthéisme ? Nous n’avons écrit cet Essai que pour la réfuter, » Dans cette souveraine indépendance avec laquelle la vérit■• s’oppose à noua est la preuve de son dégagement de toute subjectivité, de toute personnalité, et là est pour nous la source de toute certitude rationnelle. Ce grand fait est appelé du nom de révélation naturelle et primitive. La voie rationnelle pour arriver à la vérité compile est semée d’éeueils, de difficultés insurmontables u la plupart des hommes et vient d’ailleurs échouer contre d’inévitables obstacles. Celte impuissance humaine est démontrée par une expérience universelle, perpétuelle et constante. Laissé à ses Seules forces, l’huimne ne peut réaliser toutes ses fins, laèm». naturelles. De là la nécessité d’un nouveau secoure, d’une révélation surnaturelle et positive, qui vjenue redresser, compléter et conserver sa raison. À sa nécessité, à ses caractères divins, la raison reconnaît l’intervention divine dans la révélation surnaturelle et se soumet à l’autorité de la foi. Dans cette alliance avec la foi, la raison trouve la guérLon ce ses maladies et le perfectionnement de toutes ses puissances. La

raison, absoli.meut impuissante, a un besoin absolu de lu révélation divine. La Trinité est le seul flambeau qui éclaire l’intelligence humaine. Tene est la conclusion de l’auteur,

PANTHÉISTE s, (pim-té-i-ste — rad. panthéisme). l’artisan du panihéisme : Tous tes Panthéistes sont des mystiques. (Colins.) Tous les pANTHiiiSTiiS d’aujourd’hui sont plus ou moins les disciples Je Hegel. (E. Laboulaye.) Les i’antiikis’I’Ui Mettent a ta place de Lieu une force uuetigte, indéterminée, qui se développe dans tes plieitouiéues du monde. (Maret.)

— Hist. philos. Panthéistes ou Loge socratique, Société établie en Allemagne d’après les principes du Puitthëisiicou, que John Tolanu, fameux incrédule irlandais et inventeur du mol panthéisme, enseignait à Londres et à Dublin dans les vingt premières années du xvniB siècle. Un n’y respectait pas plus les idées de morale naturelle que les choses révélées.

— Adjectiv. Qui appartient au panthéisme ou&ttx panthéistes : Système panthéiste.Opinions panthéistes. Le fatalisme est ta conséquence logique de toute doctrine anllu opomorpUiuue ou panthéiste. (Colins.) Il Qui est partisan du panthéisme  : Philosophe panthéiste.

PANTHÉISTIQUE adj. (pau-té-i-sti-kef rad. puntitetste). Qui a le caractère du panthéisme, qui appartient au panihéisme : Les religions o î l’Inde rfnfmtienl toutes uueiuée- PA.vniiiisiiyuK. (Lainuieii.) Suas des formes diverses, tous tes systèmes PANTtiEisTKjuKs ont

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admis l’unité et l’identité de la substance. (Maret.)

Pnnthemont (ABBAYE DE NOTRE-DAME ! DE).

En 1671, le couvent des augustines du Verbe incarné et duSaiut-Sa<r< : meut, situé à Paris, rue de Grenelle, au faubourg Saitii-Germum, avait été supprimé, et tous les biens de cette congrégation avaient été donnés à l’Hôpital Général. À la même époque, les religieuses de l’abbaye de Panthemout, instituée en 1217 dans le diocèse de Benuvais, chassées de leur demeure par les inondations de la rivière d’Avallun, obtinrent l’autorisation d’acheter aux administrateurs de l’Hôpital Général l’ancien couvent des Pilles du Verbe incarne, qui prit le nom d’abbaye de Noire-Dame de Panthemoiil (1672). L’église de l’abbaye fut rebâtie en 1749, sur les dessins de Contunt, et achevée par son élève, l’architecte Eranque. Cette église est surmontée d’une coupole élégante, supportée par quatre pendentifs. Le portail sur la rue est orné de deux colonnes ioniques, couronnées d’un fronton circulaire dont l’aspect lourd et pesant s’accorde mal avec la légèreté de l’ordre d’architecture employé pour les colonnes ; la décoration intérieure de l’édifice était riche et de bon goût. Eu 1790, l’abbaye de Panthemont ayant été supprimée, ses bâtiments fuient changés en propriétés particulières el en caserne. De l’église on fit d’abord un magasin de fournitures militaires, puis elle fut céueeaux protestants de la communion de Genève, qui l’occupent encore aujourd’hui.

PANTHÉOLOGIE s. f. (pan-té-o-lo-jî — du prèf. pan, el du gr. theos, dieu ; logos, discours). Histoire de tous les dieux du paganisme.

PANTHÉOLOGIQUE adj. (pan-té-o-lo-ji-ke

— rad. paiitkeologie). Qui a rapport à la panthéologie : Esquisse pantuéolooiqub.

PANTHÉON s. m. (pan-té-on — lat. panthéon ou puntheum ; de pus, tout, et de theos, dieu). Autiq. Temple consacré à tous les dieux.

— Réunion de tous les dieux d’une nation : Agni occupe, dans le panthéon védique, lepremierrung après hidru ; c’est le feu. (A. Maury.)

— Saints, grands hommes, personnages il-lustres considérés comme formant un grand corps : Jean est arrivé, par t’ubnégalion, à la gloire et à une position unique dans te PAN-THÉON religieux de l’humanité. (Renan.)

— Pig. Honneurs rendus par la postérité à des personnages illustres : Sa place est marquée dans le panthéon de l’histoire. (Uompl. de l’Acad.)

— Antiq. Figure panthée, statues réunissant les attributs de plusieurs dieux.

Panibêuu d« Rome. Le Panthéon, à Rome, était siiué en dehors de l’enceinte de l’ancienne ville, dans le champ de Mars ; il est aussi désigné sous le nom de Panthéon d’Agrippa, parce que ce fut Vipsanius Agrippa, le gendre d’Octave, qui le fit achever, l’an 726 de Rome (28 av. J.-C), et qui le dédia à tous les dieux. Il subsiste encore, mais à demi ruiné. L’édifice est circulaire et couvert d’un uôme de 431",50 de diamètre, mesure qui est exactement aussi celle delà hauteur ; la forme ronde avait élè adoptée, dit plaisamment Lucien, pour arrêter toute dispute de préséance entre les dieux, uniformément rangés en cercle, et le dôme avait eu outre l’avantage de représenter la voûte céleste. Le gros œuvre est en brique et d’apparence massive, .mais il dut être autrefois revêtu ultérieurement et extérieurement de plaques de inarbre. La façade tournée au nord se compose d’un portique formé de seize colonnes monolithes de granit gris, huit de front et quatre de côté, dont la hauteur est de 1113*,35, y compris la base et le chapiteau, et qui soutiennent un fronton triangulaire, au-dessous duquel se lit l’inscription : u. agrippa, l. p. COS. TiiiiTivw. FECiT. Les sculptures de bronze qui le décoraient ont été arrachées ; un second fronton, en retraite et superposé au premier, est appliqué sur les parois de l’édifice ; il est également vide. La voûte du portique était autrefois revélue de plaques d’airain doré avec ornements d’argent ; ces plaques ont été enlevées ainsi que les lames d’argent qui couvraient le faite Ou temple et que Constantin transporta à Byzauce. Au centre s ouvre l’unique entrée du temple, mais les anciennes portes, qui étaient en bronze, ont été enlevées par le pape Urbain VIU ; de chaque côte sont des niches où furent placées les statues colossales d’Agi ippaetd’Auguste. Par celle entrée, on pénètre dans la rotonde intérieure du temple, qu’éclaire une seule ouverture circulaire de 9 mètres de diamètre, pratiquée dans la voùie, autrefois ornée de ca.ssous et de rosaces eu airain. Septédieules, les uns circulaires, les autres quadrangulaires, construits dans l’épaisseur des murs, étaient destinés à recevoir les statues des dieux. Là furent placées la Minerve chryséléphantine, chef-d’œuvre de Phidias, une magnifique statue de Jupiter Vengeur et la fameuse Vénus à. laquelle on donna, pour pensants d’oreilles, une perle de Cléopâtre sciée en deux ; c’était la pareille de celle que la reine d Égypte avait tait dissoudre dans du vinaigre. Uneoorniche en marbre blauc contourne tout l’unerU’Uf de l’édifice ei repose, au uroit des édicules, sur Ueux colonnes et deux pilasties d’angle, en marbre jaune et d’ordre corinthien.

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Sur la corniche s’élève un attique, autrefois ducoré de cariatides, et qui monte jusqu’à la naissance de la voûte.

« Encore aujourd’hui, tout réparé qu’il est, dit H. Taine, sous ses teintes noirâtres, avec ses fentes, ses mutilations et l’inscription demi-effacée de son architrave, il a l’air d’un estropie et d’un malade. Eu dépit de tout cela, l’entrée est grandiosement pompeuse ; les huit énormes colonnes corinthiennes du portique, les pilastres massifs, imposants, les poutres de l’entablement, les portes de bronze annoncent une magnificence de conquérants et de dominateurs. Notre Panthéon, mis en regard, semble étriqué, et quand au bouid’un quart d’heure on esi parvenu à faire abstraetion des dégradations et des moisissures, quand on a séparé le temple de ses alentours modernes et vieillots, quand on imaginé l’édifice blanc, éclatant, avec la nouveauté de ses marbres, avec le scintillement fauve de ses tuiles de bronze, de ses poutres de bronze, du bas-relief de bronze qui ornait son fronton, te) enfin qu’il était lorsque Agrippa, après l’établissement de la paix universelle, le dédia à tous les dieux, on se figure avec admiration le triomphe d’Auguste qui s’achevait par cette fête, la réconciliation de l’univers soumis, la splendeur de l’empire achevé, et l’on entend la mélopée solennelle des vers où Virgile célèbre la gloire de ce grand jour... Ou entre dans le lemple, sous la haute coupole qui s’évase en tout sens comme un ciel intérieur ; la lumière tombe magnifiquement, d’une grande chute, par l’unique ouverture de la cime. Tout aientour les chapelles des anciens dieux, chacune entre ses colonnes, se rangent en cercle et suivent la muraille ; l’énormité de la rotonde les rapetisse encore ; ils vivent ainsi réunis et amoindris sous 1 hospitalité et la majesté du peuple romain, seule divinité qui subsiste dans l’univers conquis. •

Ce Panthéon, le plus remarquable monument circulaire que nous ait laissé l’antiquité, a subi à diverses époques de nombreuses dévastations. Il était déjà fort dégradé sous Seplime-Sévère, qui en ordonna la restauration ainsi qu’eu témoigne une inscription gravée sur l’architrave. Constantin le dépouilla de ses ornements précieux, et les barbares, du ivc au vie siècle, achevèrent son œuvre. Le pape Boniface IV obtint de l’empereur Phocas qu’il fût donné à l’Église et le consacra au culte sous l’invocation de Sainte-Marie aux Martyrs ; les édioules furent transformés en petites chapelles. L’une d’elles renferme une statue de la Vierge, par Lorenzetto, connue sous le nom de la Aladonna del Sasso et qui fut sculptée d’après le vœu de Raphaël, pour orner son tombeau ; le corps du grand artiste fut enseveli dans le soubassement de la statue, où ses restes ont été découverts en 1833 ; Aunibal Carrache fut inhume aussi dans celle même chapelle et l’inscription funéraire se lit près de l’autel de la madone.

Rome possédait encore un autre Panthéon spécialement dédié à la Minerve Medica ; l’édifice était de forme décagone et chaque pan, à l’intérieur, contenait un ediente uestïnè à recevoir une statue, sauf l’un d’eux, où était pratiquée la porte d’entrée. Ce temple est complètement en ruine ; la voûte s’est effondrée en 182S. On y avait antérieurement découvert diverses statues de divinités : Pomone, Esculape, Adonis, Hercule, Vénus, Minerve Medica, etc., dont la réunion a fait conjecturer que l’édifice était un panthéon ; mais ce n’est là qu’une conjecture. Ou a conjecturé aussi que le tempie de Nimes était un panthéon, deiiiè aux douze grunds dieux et appelé pour cette raison Dodécathéou par quelques auteurs ; il y avait à l’intérieur douze grandes niches, dont six seulement sont restées sur pied.

I.e Panthéon d’Athènes, construit sous Adrien dans la partie méridionale de l’Acropole, était remarquable par ses cent vingt colonnes de marbre précieux ; il n’en reste absolument rien.

Panlbéon de Pari* OU Egliie Sainte-Geneviève. Nous conservons à cet édifice le nom de Panthéon, qui a survécu malgré les revendications du cierge ; le baptême que lui a donné la Constituante lui restera inetl’açablement, quelles que soient les religions qui y installent momentanément leur culte.

L’emplacement où s’élève le Panthéon fut d’abord occupé par une église dédiée par Clovis aux saints Apôtres, et qui prit le nom de Sainte-Geneviève lorsque les reliques de la bergère de Nanterre y eurent été apportées. Celte église fut détruite par les Normands dans une de leurs incursions et remplacée peu de temps après par la célèbre abbaye de Sainte-Geneviève. Le clocher seul de 1 église abbatiale est resté debout et se trouve enclave aujourd’hui dans les bâtiments du lycée Corneille (ci-devant Henri IV). Elle contenait encore les reliques et la fameuse chassa de la sainte ; à la Révolution, les reliques furent dispersées et la châsse portée à la Monnaie. Eu 1754, Louis XV malade fit vœu, s’il guérissait grâce à l’intercession de sainte Geneviève, de lui élever une église nouvelle et somptueuse. L’amant de la Du Barry guérit et, voulant tenir parole, chargea Jacques-Germain Soufflet, son architecte, de tracer un plan. Souffiot, tout imbu des souvenirs de Ruine où il avait, passé plusieurs années de sa vie, imagina de donner à la basilique nouvelie la forme d’une croix grecque. Duvant

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une des extrémités de cette croix grecque, il appliqua un frunton domina ut un péristyle soutenu de.vingt-deux colonnes corinthiennes, et à la rencontre des quatre bras ne la croix, a-., centre, il jeta un dôme pareil à celui de Saint-Pierre de Rome. Celte construction, que M. Victor Hugo, dans un jour de bonne humeur, a appelée un gâteau de Savoie gigantesque, ne manquait pas de grandeur, et il faut surtout s étonner que l’idée ait pu en germer au temps des Vénus do Boucher et des Fêtes galantes de Watteau. Ses plans furent adoptés et, après bénédiction préalable du terrain par l’abbé de Sainte-Geneviève, Louis XV posa, le 6 septembre 1764, la première pierre de la nouvelle église. Les travaux étaient fort avancés et on posait déjà les assises du dôme tout en pierre de taille, élevé sur trente-six colonnes corinthiennes, disposées eircuWirement, lorsque l’archite.te s’aperçut avec effroi d*uD tassement subit et de gerçures dangereuses dans celte masse énorme de pierres. Désespéré, doutant de lui, harcelé des railleries de la critique, Souffiot mourut en 1780, sans avoir vu son œuvre terminée. Rondelet, qui lui succéda, substitua aux pilastres el aux colonnes isolées qui soutenaient l’édifice de lourds massifs de maçonneried’un aspect peu gracieux, maisqui du nioiussontd’une solidité h toute épreuve. Ce fut bientôt l’argent qui manqua : interrompus, puis repris, les travaux marchèrent jusqu’en 17S9 avec une lenteur désespérante. liugrand événement leur donna un nouvel essor : Mirabeau vint & mourir. Ce fut un deuil public. L’Assemblée constituante voulut donner au grand orateur un tombeau digne de lui et en même temps créer un monument où l’on réunirait les tombes de tous les grands citoyens ayant bien mérité de la patrie : la France voulait avoir son Westminster. Le monument était tout bâti, car Souffiot, se préoccupant peu de la sainte en l’honneur de laquelle on élevait une église, se trouvait avoir eonsiruit un édifice approprié par avance, et sans qu’il, en eût conscience lui-même, au rôle de panthéon. « Dans un transport civique, dit M. E. Quinet, l’Assemblée constituante baptisa de ce nom le monument, qui parut pour la première fois recevoir une âme et un sens. Tout s’expliqua sitôt que l’église devint un temple de Renommée. Voilà pourquoi cette vaste enceinte nue ressemblait à un forum : c’est la place où se réunira le peuple pour rendre son jugement sur les morts. Voilà pourquoi cette cotonnade portait si haut ses splendeurs ; pourquoi la coupole se dressait comme une couronne sur la tête de Paris. Il s’agit ici de l’apothéose, non d’une bergère, mais de la France, de la patrie, sous la figure des grands hoiumesqui vont surgir au souffle d’un inonde nouveau. Ce que l’on avait blâmé comme un luxe superflu pour la prophètesse de Nanterre ne devenait-il pas récessaire pour glorifier les hommes de gloire ? Y avait-il des colonnes assez hautes, des chapiteaux assez fiers, des guirlandes assez riches pour célébrer ceux a qui la patrie terrestre devait des honneurs terrestres ? Les défauts que l’on avait trouvés dans f église devenaient autant de beautés dans le Panthéon. • L’Assemblée « rendit le décret suivant :

« Art. l«r. Le nouvel édifice de Sainte-Geneviève sera destiné à recevoir les cendres des grands hommes de 1 époque de la liberté française.

Art. 2. Le Corps législatif décidera seul à qui cet honneur sera décerné.

Art. 3. Honoré Riquetti Mirabeau est jugé digue de recevoir uet honneur.

« Art. 4. La législature ne pourra à l’avenir décerner cet honneur à un de ses membres venant k décéder ; il ne pourra être déféré que par la magistrature suivante. (Article sage et que la suite a trop justifié !)

»’Art. 5. Les exceptions qui pourront avoir lieu pour quelques grands hommes morts avant la Révolution ne pourront être faites que par le Corps législatif.

« Art. 6. Le directoire du département de la Seine sera chargé de mettre promptement l’édifice de Sainte-Genevièvéen état de remplir sa nouvelle destination, et fera graver au-dessus du fronton ces mots : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante. •

Art. ". En attendant que la nouvelle église de Sainte-Geneviève soit achevée, la corps de Riquetti Mirabeau sera déposé à côté des cendres de Hescartes, dans le caveau de l’ancienne église. »

Le mot de Panthéon n’était pas encore prononcé. C’est que la France n’avait pas encore divorcé avec l’Église, et le clergé catholique fut convié aux funérailles de Mirabeau. Elles eurent lieu le t avril 1791, au milieu d’un concours immense ; l’office des morts fut célébré à Saint-Eustache, et le jésuite Cerutti prononça l’oraison funèbre. L’office se termina vers dix heures par une imprudente décharge de inousqueterie qui fit éclater vitraux et corniches, il était minuit quand le corps de Mirabeau fut déposé provisoirement dans le caveau du cloître abbatial, entra ceux de Descartes et de Souffiot. L’achèvement de l’édifice fut hâté pour qu’il fût prêt à recevoir de nouveaux hôtes ; il ne reçut toutefois la dernière main que bien plus tard, sous le règne de Louis-Philippe.

Les restes de Voltaire furent transportés au l’autheou peu de temps après ceux de Mirabeau et avec une pompe aussi magnifique. Le 30 mai 1791, Gossin, député de Bar-le-